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mardi, 24 avril 2012

CAMPAGNE DEUXIEME TOUR

Oyez, oyez, braves gens, le président-candidat (en même temps que candidat-président, c'est subtil, faut suivre) va donc organiser une GRANDE MANIFESTATION le premier mai, jour de la fête du Travail (avec majuscule). Il espère réunir des foules considérables pour célébrer, tenez-vous bien, à la une, à la deux, à la trois : LE VRAI TRAVAIL.

 

Alors, je vois qu'il faut lui rafraîchir la mémoire. Rappelez-vous : « Je ne vous mentirai pas, je ne vous trahirai pas », qu'il disait ; rappelez-vous : « Travailler plus pour gagner plus ».

 

 

Je lui propose donc de relire un classique de la grande littérature française.

 

 

MARTINE TRAVAILLE PLUS.jpg

Dans son cas à lui, c'est aussi bien que La Princesse de Clèves, non ? Et au moins, c'est à sa portée.

 

 

Voilà ce que je lui dis, moi. 

 

DU MONTAIGNE ? COMBIEN DE TRANCHES ?

Je préviens tout de suite, MONTAIGNE, ça va venir, mais pas tout de suite. Patience et longueur de temps, comme on dit.

 

 

Bon, je ne vais pas la ramener et faire le fier, car il n’y a pas de quoi, mais un jour, j’ai hardiment décidé de me colleter avec les Essais de MONTAIGNE. Je ne dirai pas que c’est un Everest. Je dirai plutôt que c’est une île, voire un archipel situé à quelque distance du continent, et que pour faire la traversée, il faut accepter de se mettre à l’eau et de faire le voyage. Et il se trouve qu’un jour, j’ai décidé de m’embarquer pour de bon.

 

 

Ce n’est pas un Everest, parce que pour l’Everest, les choses sérieuses commencent à 6000 mètres. Bien trop haut pour MONTAIGNE, qui n’aime guère quitter le plancher des vaches, si ce n’est pour monter à cheval. Ne parlons pas d’archipel. Je comparerais plutôt les Essais avec la carcasse du bœuf de boucherie : il y a les morceaux nobles : filet, aloyau, rumsteack, …, et les morceaux ignobles (désolé, c’est le contraire de noble ; bon, disons : « moins nobles » pour les amateurs d’euphémisme) : plat de côte, paleron, jarret …

 

 

 

BOEUF MORCEAUX.jpg

 

Chez MONTAIGNE, on va dire qu’il y en a pour tous les goûts, qu’il y a à boire et à manger,  qu’il y a les pleins et les déliés,  les hauts et les bas, les jours avec et les jours sans. Il y a les essais tout petits, et puis il y a les essentiels. Et puis il y a l’éléphantesque chapitre 12 du Livre II, faussement intitulé « Apologie de Raimond Sebond » (174 pages à lui tout seul, en Pléiade).

 

 

En fait, c’est une très longue visite de ce qui, sur terre, tend à prouver que tout est relatif, à commencer par l’homme, comparé aux animaux, dont les performances, réelles ou fantasmées, y sont longuement vantées. Cette variété est d’autant plus délicate à saisir que mon essentiel à moi ne sera pas forcément celui de mon voisin. Il y a les petites choses, et puis il y a les grandes.

 

 

Et puis je vais vous dire autre chose : il y a les bondieuseries de passages obligés, les extraits « lagardémichardisés », « les cannibales », « de l’institution des enfants », « des coches ». La « tête plutôt bien faite que bien pleine » (je signale d’ailleurs que la phrase continue par « et qu’on y requît tous les deux », contrairement à ce que le lycéen moyen a d’habitude enregistré). Ça, c’est, en quelque sorte, le MONTAIGNE congelé, et réchauffé au four à micro-ondes.

 

 

« Des coches », parlons-en. Monsieur GENDROT (des manuels GENDROT et EUSTACHE) m’avait collé l’explication de texte. Je n’y avais strictement rien compris. Mais rien entravé, que dalle, que pouic. Et pour cause : le chapitre en question parle de tout sauf des « coches », mais ça, je l’ai su bien après. Les ai-je maudits, ces « coches » ! Pourtant, j’avais l’impression d’être normal, je vous jure.

 

 

Et puis ne nous voilons pas la face : il y a la langue, la grammaire, l’orthographe. Oh, MONTAIGNE ne s’affolait pas du tout, pour l’orthographe. Il ne s’embêtait pas, quand il voulait écrire « à cette heure », ça donnait « asteure », voire « asture ». Même VOLTAIRE, 200 ans après, écrivait le même mot différemment à quelques pages de distance. Reste que la langue du 16ème siècle, si on ne peut pas dire que c’est de l’ancien français (« Ha, Galaad, este vo ce ? – Sire ce sui je » ou « Au departir, andui son mornes », ça, c'est du 12ème siècle), ça reste ardu.

 

 

D’autant qu’il y a aussi les phrases. Important, les phrases. Contournées, ondulantes, sinusoïdales. Et il faut bien reconnaître que ça réclame un entraînement, une habitude. Quand on en manque, il se peut qu’arrivé au bout d’une, il faille revenir au début. La raison en est horriblement simple : c’est que nos phrases à nous, de nos jours d’aujourd’hui, sont désespérément simples, d’une platitude effrayante, d’une petitesse abyssale. Nos phrases privilégient le segment de droite, et le plus court possible, voire le point.

 

 

L’onomatopée, l’apocope font régner leur terreur : il faut élaguer, raccourcir, on vous dit. Pas de longueur : 140 signes au maximum. Pourquoi croyez-vous que les jeunes ne lisent plus les romans de BALZAC ? Des longueurs, on vous dit. Dès qu’on ajoute à la proposition principale une subordonnée relative, ça commence à s’agiter nerveusement dans les rangs. Quand on entre dans les complétives et les circonstancielles, on ne peut plus compter sur personne. Alors je ne vous dis pas la panique d’horreur d’affolement quand une participiale pointe une oreille. Et je n’ai même pas abordé le subjonctif imparfait.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

A suivre.

 

 

dimanche, 22 avril 2012

PRESIDENTIELLE, C'EST JOUR DE FÊTE

« Le jour de la présidentielle,

Je reste dans mon violoncelle.

Une élection qui marche au pas,

Cela ne me regarde pas. »

 

D’après TONTON GEORGES

 

 

 

Quand je vois passer une ELECTION PRESIDENTIELLE, qu’est-ce que je fais ? Je l’ignore superbement.

 

JE M’ABSTIENS

 

Vous ne voudriez quand même pas que je vote pour ça ?

 

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 Ou même pour ça ? 

 

 

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Alors vous, vous voteriez pour ça ?

 

 

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Non, ne me dites pas que vous voteriez pour PASQUAL PINON, pas vous, pas ça, quand même ?

 

 

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Je n'ose pas imaginer que quelqu'un pourrait apporter son suffrage à cette bête-là ?

 

 

 

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Entre deux étrons, il faut choisir le moindre, comme disait presque l’ennuyeux PAUL VALERY.

 

 

 

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Et quelque virulentes que soient les vociférations des 

 

 

 

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ou des  

 

 

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sachez-le, je m'abstiens ! Hyène je suis, hyène je reste, et je ricane. 

 

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Voilà ce que je dis, moi.

 

 

Mais quand je vois passer le procès de

 

Monsieur ANDERS BEHRING BREIVIK,

 

qu’est-ce que je fais ?

 

 

 

BREIVIK.jpg

 

 

 

J’applaudis la Norvège, qui a le courage de donner à un fasciste, peut-être même un nazi, et au surplus un grand criminel, le droit de s’exprimer publiquement. Ce n’est pas en France qu’on verrait ça.

 

Je dis : « Bravo la Norvège. Ça au moins, c’est de la liberté d’expression ».

 

 

Pour moi, c'est ça, la démocratie. C'est même de la démocratie de grande classe. En France, pays des « droits de l'homme », qu'ils disent, heureusement, on a adopté le couvercle hermétique du POLITIQUEMENT CORRECT. Et les bonnes âmes s'étonnent des presque 20 % de Madame LE PEN. On n'est pas au bout des surprises.

 

 

Voilà aussi ce que je dis, moi.

 

 

 

jeudi, 19 avril 2012

N'AYEZ PAS PEUR ! (fin)

Résumé : il était question d’un certain NICOLAS SARKOZY, qui passe sa vie à faire semblant de s’occuper de tout.

 

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TU ME CHERCHES, TOI  ? 

 

Ce qu’il réussira peut-être, au point qu’on peut se demander si ce n’est pas là sa seule véritable stratégie, sa seule « pensée profonde » (sic !), c’est l’entreprise à laquelle il se consacre depuis cinq ans avec sérieux, application et persévérance, inspiré par ses amis milliardaires, je veux dire le parachèvement de la destruction de l’Etat, tout en proclamant : « N'AYEZ PAS PEUR ! ».

 

 

La destruction de l'Etat, comme tu y vas, blogueur effréné ! Je réponds que c’est ma conviction, mais que je ne suis pas tout seul, et qu'il y a même des gens très bien qui le disent, et qui écrivent des livres pour le dire. Lisez pour vous en convaincre L’Etat blessé, de JEAN-NOËL JEANNENEY (Flammarion, « Café Voltaire », 138 pages, 12 €). L’auteur a peur que SARKOZY soit réélu, car dans ce cas, l’Etat, tel « un arbre dont sont rongées les racines », pourrait « s’affaisse[r] dans un craquement affreux ».

 

 

De toute façon, ce ne sont plus les dirigeants français qui gouvernent la France. Les deux autorités qui la gouvernent en réalité, c’est d’une part les intérêts économiques et financiers (les « marchés », les agences de notation, la City, les « investisseurs », l'autre nom des fonds de spéculation financière, etc.), et d’autre part, la Commission Européenne, qui ne comporte, comme par hasard, aucun élu, et qui, au surplus, est la passoire (le porte-voix, si vous préférez) des groupes d’intérêts économiques et financiers.

 

 

Tiens, au sujet des intentions les plus certaines de SARKOZY, prenez l’affaire Areva. Eh bien il semblerait que tous les micmacs sarkozystes autour d’ANNE LAUVERGEON et d’HENRI PROGLIO aient précisément à voir avec la privatisation de l’Etat. Quels sont au juste les liens exacts, entre NICOLAS SARKOZY et HENRI PROGLIO ? Quelles sont leurs véritables intentions ?

 

 

 

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LES COPAINS ? OU LES COQUINS ? 

 

Mais tout simplement, en ligne de mire, ils ont la privatisation de toute la filière nucléaire française et sa transformation en juteux bénéfices. Il y a un certain intérêt à écouter ce que dit ANNE LAUVERGEON. Vous voulez que je vous dise ? Sa façon de s’exprimer rend le même son de vérité (inaudible ?) que celle de NICOLAS DUPONT-AIGNAN. A priori.

 

 

PROGLIO et SARKOZY, c’est clair, sont favorables au démantèlement de tout ce qui s’appelle l’Etat et de tout ce qui dépend de lui. Cela passe par le détournement à des fins privées de la puissance étatique, seule instance porteuse de justice et capable de redistribution.

 

 

Le démantèlement de ce qui reste de l'Etat français (pas d'Etat sans souveraineté nationale, or celle-ci appartient au passé), c’est le seul fil conducteur véritable que je vois dans l’activité vibrionnante, incohérente et anarchique du petit mec qui gouverne depuis cinq ans.

 

 

Les Français, en 2007, ont élu à la tête de l’Etat un type qui veut la mort de l’Etat, et dont la seule pensée profonde, la seule stratégie à long terme se rapproche de ce que souhaitent les « libertariens » aux Etats-Unis, qui disent : « L’Etat n’est pas la solution, c’est le problème ».

 

 

Quand SARKOZY dit, avec son imperturbable aplomb : « N’ayez pas peur », je pense à cette réplique du bourreau nazi qu’on voit dans Marathon man (avec DUSTIN HOFFMAN), qui s’apprête, avec tout le matériel adéquat, à s’en prendre aux dents du héros attaché à un fauteuil de dentiste : « N’ayez pas peur. C’est sans danger ». « C’est sans danger », vraiment ?

 

 

 

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L'ETAT FRANÇAIS ? OU LE PEUPLE FRANÇAIS ? LES DEUX, MON GÉNÉRAL !

 

Voilà ce que je dis, moi.


 

mercredi, 18 avril 2012

N'AYEZ PAS PEUR !

Allez, aujourd'hui, je reviens à l'actualité.

 

 

J’en ai soupé depuis le début, de l’élection présidentielle, depuis qu’elle a commencé, non, depuis qu’elle a été annoncée, non, depuis que son profil impérieux s’est imprimé au loin sur l’horizon de la « République Française ». Le vainqueur sera-t-il Monsieur MENTEUR EN CHEF  (NICOLAS SARKOZY) ? Sera-t-il Monsieur CHAMPION DES BLUFFEURS (FRANÇOIS HOLLANDE) ?

 

 

En tout cas, les professionnels du brassage de vent que sont les entrepreneurs de sondages nous le promettent : n’ayez pas peur, ce sera « bluffeur » ou « menteur ». Le premier tour est plié, on vous dit. Moi, je vous le dis, si je votais, ce que je n’ai pas l’intention de faire, j’apporterais ma voix à un des candidats que les sondeurs créditent actuellement d’environ 1 % des voix. C’est vous dire si ce serait un « vote utile ».

 

 

Vous aimeriez que je vous dise, hein, bande de curieux. N’ayez pas peur, je vais vous le dire : si je votais, ce serait pour le seul qui ne bluffe pas, même si l’on peut trouver qu’il rêve un peu : NICOLAS DUPONT-AIGNAN.

 

 

C’est le seul à ne pas baratiner (avec POUTOU ?). C’est le seul (avec MELENCHON ? Avec LE PEN ?) à mettre à son programme l’abrogation de la loi de 1973, qui oblige l’Etat français à emprunter au prix fort aux banques privées, aux dépens des contribuables, et qui lui interdit d’emprunter à 0 % à la Banque de France. C’est le seul à voir où il reste encore quelques traces de ce qu’on appela autrefois l’aujourd’hui défunte « souveraineté nationale ».

 

 

Ceux qui n’en parlent pas, de deux choses l’une : soit ils ignorent totalement ce point, soit ils ne veulent surtout pas toucher au système (rappelez-vous SARKOZY annonçant une grande offensive contre les paradis fiscaux, dont les paradis en question se gondolent encore). En tout cas, quand j’ouvre les écoutilles sur la présente « campagne », ça me les pollue vilainement, les écoutilles, car j’entends du blabla, et encore du blabla.

 

 

C’est à qui bonira les plus belles craques de camelot. Pour les gens surpris par « bonira », je rappelle qu’OSS 117, le vrai, celui de JEAN BRUCE, s’appelle, de son « vrai » nom, Hubert Bonisseur de la Bath. Or le « bonisseur » (même racine que boniment), c’est le gars, en général jovial et sympathique, qui est fait (parce qu’il dégoise à merveille) pour vous vendre, sur les marchés, le produit vaisselle miracle, le coupe-légumes miracle, la serpillière miracle. Je propose de traduire la vraie fonction du personnage par la vieille expression : « Vous me la baillez belle ».

 

 

Autrement dit : « Mon œil ! ». Et cette campagne, c’est la foire aux bonisseurs de la bath. Quoi, ça a toujours été ? Bien sûr ! Mais ce qui change, aujourd'hui, c'est le côté abyssal du décalage entre les mots et la réalité. Ils ont beau se dire "modernes", les candidats usent (médias à l'appui) de ficelles archaïques. De ficelles usées jusqu'à la la corde, si l'on me pardonne l'expression.

 

 

Dans ce flot de blablateries et de trouducuteries, il arrive cependant que les quatre pattes fatiguées de mon œil morne dressent un moment l’oreille, au détour d’une phrase. C’est ainsi que s’est dessiné, sur le champ de labour de ma pauvre face ravinée par les pluies de promesses démagogiques, épuisée du spectacle donné par les deux clowns « principaux » qui s’efforcent, à grands coups de cabinets de communication, de faire rire le public enfantin, infantile et puéril réuni autour d’eux, au choix, sur le parking de la Concorde ou sur le parking de Vincennes, le dernier des rares sourires crispés qu’est arrivée jusque-là à me tirer cette « campagne » (pour ceux qui ont du mal avec cette phrase, "sourires" est sujet du verbe "s'est dessiné").

 

 

Ce fut une phrase prononcée par NICOLAS SARKOZY, dimanche 15 avril. C’est d’ailleurs ce qui me fait dire que si le comble du culot et du mensonge cynique portait un nom, ce serait celui de l’actuel président, dont le patrimoine personnel a augmenté, durant son quinquennat, de 600.000 euros (et le pouce). Tudieu, c'était donc ça, le « Travailler plus pour gagner plus » ! C'était donc ça, bugne que j'étais !

 

 

Il y eut, rappelez-vous, JEAN JAURÈS, GUY MÔQUET, LEON BLUM et quelques autres. Et là, qu’est-ce qu’il ose sortir ? La première parole qu’ait prononcée JEAN-PAUL II après son élection, place Saint-Pierre : « Non abbiate paoura ! ». « N’ayez pas peur ». Et SARKOZY l’a dit, il a osé le dire, il n’a pas eu honte, puisqu’il n’a tellement honte de rien qu’on peut dire que c’est un « SANS VERGOGNE ». Il a dit : « N’AYEZ PAS PEUR ». Sauf que là, il le dit avant l’élection. Ça laisse un espoir ?

 

 

 

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EH, LES MAMIES, IL NE VOUS FAIT PAS PEUR, CE TYPE ? 

 

C’est une démarche assez désespérée, je trouve. Oui, je sais, le but, c’est de donner successivement à toutes les catégories de la population l’impression qu’on s’adresse à chacune en particulier. Mais à force de piocher, de prendre du fourrage sur toute l’étendue de la mangeoire électorale, de l’extrême-droite à l’extrême-gauche en passant par la religion, vous ne croyez pas qu’à la longue, les électeurs de droite, de gauche, de devant et de derrière vont avoir du « shimmy » dans la vision (capitaine Haddock, Les Bijoux de la Castafiore, p. 50, je tiens à être précis dans le choix et la source de mes références) ?

 

 

Du trouble dans le bulletin de vote ? Du pêle-mêle dans la réception du message ? A force de vouloir représenter à lui tout seul l’intégralité de l’offre électorale, tout ce qu’il réussit à faire, NICOLAS SARKOZY, c’est de transformer la campagne en hypermarché. Pas sûr que la demande suive, parce qu’à la longue, ça finit par gaver. N’ayez pas peur. NICOLAS SARKOZY, quoi qu’il arrive, continuera à FAIRE SEMBLANT de s’occuper de tout.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

A finir demain.

 

 

vendredi, 13 avril 2012

L'HUMANITAIRE, SIGNE DE POURRITURE

J’ai déjà, dans des notes pas trop vieilles, abordé le problème des associations humanitaires, dont certaines se font appeler Organisation Non Gouvernementales (O.N.G.), pour en dire un mal que je me suis efforcé de nourrir d’arguments divers. Mais parmi les arguments possibles, il en est un que j’avais oublié, ou plutôt dont je n’avais pas compris qu’il pouvait et devait constituer mon argument en dernier ressort.

 

 

Réfléchissons : créer une association, c’est facile, c’est pas cher et – au moins dans la plupart des cas – ça ne rapporte rien. Mais, en tout état de cause, cela relève de l’initiative PRIVÉE. Et quand je me suis penché  sur cette caractéristique, j’en ai été impressionné. C’est bête, je sais, mais je suis très long à la comprenette. Car en fin de compte, une association, c’est une entreprise privée. Sans but lucratif, en principe. UNE ASSOCIATION EST UNE ENTREPRISE PRIVÉE. Et c’est pas de ma faute, je vous assure.

 

 

L’initiative privée. Franchement, je n’ai rien contre, en soi. Mais je ne peux m’empêcher de m’interroger. Oui : comment se fait-ce ? Qu’est-ce qui fait que l’initiative individuelle et non rémunérée ait à ce point explosé ? Ait pris tant de place, au point d’occuper, en certaines occasions, les rues et places publiques, les plateaux de télévision, les sorties de supermarchés ?

 

 

Comment se fait-il qu’on ait vu sans sourciller se mettre en place et se pérenniser, croître et embellir les « Restos du cœur », les « Banques alimentaires », « Emmaüs » ? Cela fourmille d’actions généreuses, dans toutes les directions où va le vent. Et tout ça pour quoi ? Pour que triomphe le principe de l’ENTREPRISE PRIVÉE. La « charité » a vaincu la « justice ». Car les gens comme BILL GATES distribuent LEUR argent à LEUR gré. La « charité » est arbitraire. Si PIERRE BERGÉ a lancé et s’occupe du « sidaction », c’est qu’il en a décidé ainsi, et que personne ne saurait le convaincre de faire autre chose.

 

 

L’humanitaire, c’est ça. Et je ne peux m’empêcher de trouver du tragique dans cette situation. Car cela signifie qu’il n’y a plus grand-chose de BIEN à attendre de la puissance PUBLIQUE. Le mouvement actuel, qui voit la prolifération des initiatives généreuses engagées par les « associations » considérées comme des entreprises privées sans but lucratif, montre que ce qu’on a appelé l’ETAT est en train de mourir sous nos yeux.

 

 

L’incroyable pullulement des associations à visée caritative et/ou humanitaire signifie que le monde est en train de procéder à la plus grande PRIVATISATION qui ait jamais eu lieu. Le triomphe de l’humanitaire et du caritatif signe la disparition de ce qui s’est appelé « Etat », « puissance publique », « bien commun ». Et atteste de la PRIVATISATION du monde.

 

 

Quand LIONEL JOSPIN gouvernait la France, entre 1997 et 2002, on a assez dit qu’il avait privatisé davantage à lui tout seul, lui, l’homme « de gauche », qu’ALAIN JUPPÉ et EDOUARD BALLADUR réunis. DOMINIQUE DE VILLEPIN a bradé les autoroutes françaises à des entreprises privées.

 

 

L’Education Nationale est en train, inexorablement, de se dissoudre en tant que principal vecteur et promoteur de l’action publique, et l’on voit fleurir les entreprises privées d’enseignement. L’hôpital public, à qui l’on demande de fonctionner selon une logique d’entreprise, est en train de voir croître et embellir, en face de lui, les hôpitaux privés. Les compagnies de sécurité privées deviennent un élément indispensable de nos décors urbains et marchands.

 

 

Des Etats (Madagascar et d’autres) vendent (c’est ce que veut dire un bail de location à 99 ans) leurs terres agricoles à la Chine, l’Inde ou la Corée. Des économistes en sont venus à calculer le montant des services rendus par la Nature (forêts primaires, océans, bientôt peut-être l’air qu’on respire).

 

 

La logique de cet immense mouvement historique de PRIVATISATION du monde est claire : ce qui appartient à une personne privée rapporte plus qu’un bien collectif (voir, dans l’histoire britannique, l’affaire des « enclosures »). Et cette privatisation de TOUT au profit de quelques-uns, la floraison des entreprises humanitaires et caritatives n’en sont qu’un des signes multiples, mais un signe indubitable.

 

 

Parmi les candidats à la présidentielle, seul NICOLAS DUPONT-AIGNAN parle de ça, à travers sa proposition d’abroger la loi de 1973. Mine de rien, cette vieille loi est un des premiers signes de la PRIVATISATION qui gouverne le monde de plus en plus impitoyablement.

 

 

Que dit-elle, cette vieille loi ? Entre autres choses, elle interdit à l’Etat français d’emprunter de l’argent à la Banque de France, et l’oblige à emprunter aux banques privées. L’argument, à l’époque, était une rationalisation de la politique budgétaire de l’Etat.

 

 

Que dit-il, NICOLAS DUPONT-AIGNAN, en proposant d’abroger cette loi ? Que l’Etat français pourrait emprunter de l’argent à 0 %. Au lieu d’engraisser honteusement des banques sur le dos des contribuables. Et de courir à leur secours quand elles se sont elles-mêmes mises dans la panade à force de folie spéculative, et toujours aux dépens des contribuables. Mine de rien, il met le doigt sur l’origine du mal qui nous menace tous : la PRIVATISATION de tout. La confiscation de tout ce qui était collectif.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

jeudi, 12 avril 2012

HARO SUR L'HUMANITAIRE !

La France est un pays merveilleux, c’est entendu, le monde entier nous l’envie. Les Français sont des gens merveilleux, c’est entendu, le monde entier nous les envie. Même que beaucoup d’étrangers voudraient devenir des Français, ou à tout le moins travailler sur le territoire des Français. A défaut d’en trouver, ils voudraient bien avoir un toit au-dessus de leur tête, en France.

 

 

Mais rendez-vous compte : il n’y a même pas besoin de ne pas être Français pour ne pas avoir de travail et pour ne pas avoir de logement. Ceux qui sont dans ce cas s’appellent selon les cas des « chômeurs » ou des « sans-domicile-fixe ». On est prié de n’appeler « sans-papiers » que les étrangers entrés irrégulièrement.

 

 

A ces diverses catégories de l’humanité s’ajoute la cohorte de ceux qui vivent dans des taudis, des immeubles pourris et insalubres. Appelons-les des « mal-logés », ou « sans-logement-décent ». En ajoutant tout ça, ça finit par faire beaucoup, vous ne trouvez pas ?

 

 

Heureusement, nous sommes en France, pays renommé pour le « bon-cœur » de ses habitants, « bon-cœur ». Il suffit donc de faire appel au bon cœur des Français pour trouver aide et réconfort. Je traduis : pour trouver de l’argent. Etonnant comme l’argent à lui seul est capable de procurer aide et réconfort. Alors on ne se prive pas d’en demander. Ce genre  de demande est devenu une habitude, presque une coutume, bref : un réflexe.

 

 

Je signale en passant un détail assez piquant : personne n’aurait l’idée d’appeler de telles demandes des « quêtes ». La quête, c’était bon pour le curé, le dimanche à l’église. C’est dépassé. Désormais, cous l’avez sûrement noté, il est plus décent de parler de « collectes ». Après tout, on parle bien de « collecte des impôts ». C’est peut-être pour rassurer la population, toujours si à cheval sur le bon usage des « deniers publics ».

 

 

Le motif des « collectes » est toujours noble, on l’appelle une « cause ». Organiser une « collecte », quelle que soit la « cause », sanctifie celle-ci automatiquement. Les promoteurs s’intronisent pacifiquement « défenseurs de cause ». Et des « causes », il y en a pour tous les goûts, des vertes et des pas mûres, mais aussi des opulentes, des arrivées à maturité, resplendissantes d’insolente santé, la « cause » fût-elle celle des maladies les plus graves. 

 

 

Dans ce tableau de la générosité humaine, nous allions oublier celui sans lequel rien ne serait possible, la cheville ouvrière, le héros modeste, l’obscur et indispensable sans-grade des modernes batailles humanitaires, j’ai nommé : LE BÉNÉVOLE. L’espèce tend à proliférer depuis quelques décennies. Certains la considèrent comme invasive.

 

 

Le bénévole, au sens propre, c’est « l’homme de bonne volonté ». Paix sur la terre à lui et à ses semblables. Longue vie au bénévole. Qu’il soit béni jusqu’à la septième génération. Lui au moins, il donne. Il donne de son temps. Il donne de son énergie. En un mot, il donne de lui-même. Sans rien attendre en retour. C’est beau, c’est grand, c’est généreux, comme disait le Général DE GAULLE, quoique dans un contexte tant soit peu différent.

 

 

Il est à noter que le bénévole n’évolue jamais en solitaire dans son milieu ambiant, mais que son instinct le pousse au contraire à s’agglutiner en bandes, au sein d’un groupe de congénères. Les ethnologues ont appelé ces agglutinats des « associations ». Ils ne sont, à ce jour, pas arrivés à établir le principe qui préside à leur naissance, mais penchent pour une forme de « génération spontanée ».

 

 

Car des associations, il y en a pour tous les goûts et toutes les couleurs. La race se caractérise par un polymorphisme exacerbé, au point qu’on peut affirmer qu’il n’en existe pas deux pareilles. Certains en estiment le nombre, en France, à 1.000.000.000 ; d’autres n’hésitent pas à franchir le cap du double. L’internet n’est pas une science exacte.

 

 

Ce qui est certain, c’est que la race est en perpétuelle évolution et a subi diverses mutations, somme toute relativement récentes. Le développement le plus notable des dernières décennies est l’explosion des associations « sans frontières », qui se donnent pour mission d’exporter en « kits mains libres », qui des médecins, qui des reporters, qui des avocats, qui des sportifs, qui des pharmaciens. Il existe même des « clowns sans frontières ». Vous pouvez vérifier.

 

 

Si l’on ajoute au bénévole ses deux excroissances, l’ « association » comme main droite et le « sans frontières » comme main gauche, on voit émerger le grand mutant de l’évolution récente : L’HUMANITAIRE. Et là, je cesse de persifler, je reprends mon sérieux, car on a passé en revue, à peu de choses près, l’ensemble des données du problème.

 

 

Voilà ce que je dis, moi. 

 

 

A finir demain.  

 

 

samedi, 07 avril 2012

ISLAM ET TOTALITARISME

Résumé : le père CHARLES PALIARD parle d'islamisation rampante, et on est en 1987.

 

 

2 ) – Le deuxième signe est tout récent. C’est de mon ami R. que je le tiens. Partant pour se rendre sur son lieu de travail, il monte dans le bus, et s’assied à une place libre. Son attention est d’abord attirée par l’odeur épouvantable qui émane de l’homme qui lui fait face. Il n'a pas dû prendre de douche ni changer de vêtements depuis trois semaines. Mais l’olfactif laisse bientôt place à l’auditif, car l’homme marmonne entre ses dents, sans s’arrêter.

 

 

L’homme a une barbe très dense, très fournie. Il est vêtu d’une longue robe. Autant dire qu’il est en uniforme. Et ce qu’il dit a de quoi inquiéter le plus équanime des philosophes : « Si j’avais un flingue, je t’éclaterais la tête ». Le discours ne s’adresse pas précisément à R., l’homme parle, en quelque sorte « à la cantonade », et les passagers ne sont pas tranquilles, c’est le moins qu’on puisse dire.

 

 

Il évoque des « voyages ». Dans l’ensemble, selon mon ami, les propos sont extrêmement décousus, passant sans prévenir d’un sujet à l’autre, mais en même temps extrêmement cohérents, se tenant fermement à une ligne directrice.

 

 

Ces deux qualificatifs accolés m’ont fait penser à un ouvrage très célèbre, mais très peu lu, qui possède ces mêmes caractéristiques de style : à la fois « décousu » et « cohérent » : un certain Mein Kampf, d’un certain ADOLF HITLER.

 

 

3 ) – Le troisième signe est donné régulièrement, dans les journaux qui parlent de la situation des pays ayant connu la « révolution », en Tunisie par exemple. Tiens, dernièrement, voilà quelques propos lus dans Le Monde. Je précise qu’ils sont tenus dans les milieux salafistes, mais pas par la tendance des « quiétistes », pas drôles du tout, mais qui ne feront de mal à personne, mais par la tendance « djihadiste » qui, elle, regroupe les gens qui sont entrés en guerre contre la civilisation européenne et occidentale.

 

 

Le cheikh tunisien s’appelle AL KHATIB IDRISSI. Il déclare : « Toute personne qui fait obstacle à la charia n’est pas musulmane ». Bon, disons que c’est, dans son cahier des charges, le minimum syndical. Mais il ajoute : « Il ne faut pas diviser la société musulmane ». Et là, il faut lire entre les lignes. Il s’efforce de faire croire qu’il existe une « oumma » (communauté des croyants), et que cette communauté est unie. C’est bien entendu une fumisterie, à voir le nombre de schismes que l’Islam a connus.

 

 

Quant au « il ne faut pas », il peut apparaître comme une menace proférée à l’encontre de ceux qui prendraient la responsabilité d’être des « diviseurs ». Le sous-entendu me paraît clair : rangez-vous derrière MA bannière. Comme les centristes français, qui appellent au « rassemblement », à condition que ce soit derrière leur personne.

 

 

Et puis, après les chefs, il faut toujours regarder les troufions qui forment les troupes. Madame LE PEN est en elle-même « inoffensive », entre autres qualificatifs qu’on peut lui appliquer. Il en va tout autrement des fronts bas qui constituent la base de ses troupes et qui grenouillent dans son entourage. En Tunisie, c’est la même chose. Ainsi, quand on interroge WAEL R. sur ce qu’il est prêt à faire, il répond : « Nous ne souhaitons pas en arriver là, mais nous sommes prêts à mourir et à tuer ». C’est tout simple, c’est très net. Cela veut dire : « Je suis prêt au sacrifice ». Sous-entendu "de moi", mais aussi "de tous ceux qui ne sont pas d'accord".

 

 

4 ) – Le quatrième signe, il est donné par des témoins obscurs, fondus dans la « société civile », qui racontent, ici, que des religieuses, en France, ont été obligées de partir de leur établissement, chassées par des pressions constantes et quotidiennes ; là, qu’on interdit à un enfant de serrer la main d’un autre au motif qu’il est chrétien. Pauvres exemples infinitésimaux. Mais il y en a combien des comme ça ?

 

 

Et je ne parle pas de la banalisation, dans le paysage de nos rues, des femmes qui circulent impunément voilées. Le problème de l’Islam (surtout l’Islam militant), c’est qu’il doit s’afficher. C’est peut-être ça qui le rend inassimilable, après tout ?

 

 

5) – Le dernier signe qui me semble confirmer la thèse de l’offensive islamiste sur le territoire français est donné par l’écrivain BOUALEM SANSAL, dont je commentais il y a peu Le Village de l’Allemand. L’auteur, qui est algérien, je le rappelle, voit les islamistes partis à la conquête du monde. Il assimile le discours islamiste au discours nazi.

 

 

Et quand, en réunion publique, il s’adresse à un public français, il prévient les gens : vous ne vous rendez pas compte, dit-il, de ce qui est en train de se passer dans vos banlieues. Les dirigeants français font semblant de ne pas voir ce qui arrive, et gardent la tête dans le sable.

 

 

Le minuscule coup de balai qui vient d’avoir lieu, dans la foulée de l’affaire MOHAMED MEHRA, ressemble à un message pré-électoral : il faut se dire qu’ils sont plus de trois, les imams qui prêchent la haine dans les mosquées.

 

 

La stratégie fait penser à celle de MAO TSE TOUNG, avant qu’il prenne le pouvoir en Chine, en 1949 : il avait étendu son emprise, progressivement, sur les campagnes. Résultat, au bout d’un certain temps, les villes sont « tombées comme des fruits mûrs ». Remplacez « campagnes » par « banlieues », et attendez. Oh, ce n’est pas pour demain. Mais songez que cette stratégie est à long terme. Disons même que c’est la stratégie de l’éternité.

 

 

Les cinq points énumérés ci-dessus présentent malheureusement, en même temps qu'une importance en soi dérisoire, un caractère précis : la convergence. Vous avez remarqué ? Ils vont tous dans le même sens. Les responsables français, je pense, sont correctement informés. Ils savent.

 

 

Mais ils pètent tellement de trouille à l’idée de mettre le feu aux banlieues qu’ils font tout leur possible pour laisser le couvercle sur la cocotte. Oui, « il ne faut pas faire des amalgames », « il ne faut pas stigmatiser ». Mais qu’est-ce qui les empêche d’appeler un chat un chat ? Et d’agir en conséquence ? 

 

 

Voilà ce que je dis, moi.


 

vendredi, 06 avril 2012

MUSULMAN ET TOTALITAIRE ?

Avant de commencer, je veux dire qu’on n’a pas assez noté, à mon avis, que, parmi les quatre victimes militaires que Mohamed Merah a flinguées pour de bon, trois portent des noms arabes : Abel Chennouf, Mohamed Legouad, Imad Ibn Ziaten. Le quatrième – est-il encore vivant, au fait ? – porte un nom latin, Loïc Liber, et la peau noire de sa naissance guadeloupéenne. Il est donc pour le moins étonnant qu’on n’ait plus parlé que de crimes « antisémites ». Cela ressemble à une confiscation du deuil.

Je signale que l’armée française compte, aux dernières nouvelles, environ huit mille recrues « issues de l’immigration » et musulmanes, une « intégration » sans tambour ni trompettes, un recrutement bien plus discret, mais combien plus efficace que les légions d’Al Qaeda (vous connaissez le refrain de Pierre Perret, qui ne parlait pas des camps d’entraînement du Waziristan : « Les jolies colonies de vacances (…) tous les ans, je voudrais que ça recommence, youkaïdi aïdi al qaïda »).

Pourquoi je voulais le faire remarquer particulièrement ? Tout simplement, parce que ce type qui a tué des enfants juifs, soi-disant  pour venger les enfants palestiniens tués par les Israéliens, il a commencé par tuer des types aussi musulmans que lui. Des Français, peut-être, qui servent dans l’armée française, peut-être, mais qui sont d’origine arabe, et de religion musulmane. Si quelqu’un peut m’expliquer ce sac de nœuds, il est le bienvenu. 

Maintenant, venons-en au sujet du jour. Y a-t-il une « offensive islamiste » en France ? La réponse est « oui ». Je me réfère à ce qui se passe en Tunisie, en Egypte, en Syrie, en Lybie, et maintenant au Mali, où l’offensive islamiste est patente, avérée, officielle. Il n’y a pas de raison pour que l’Europe, en particulier la France, où vivent beaucoup de musulmans, reste en dehors de ce mouvement de fond.

Mais il n’y a pas que ça. Il y a aussi un certain nombre de signes.

1 ) – Le premier me vient d’un prêtre catholique qui s’appelait CHARLES PALIARD. Moi qui suis athée, je dis tout de suite, à son sujet, que je n’ai jamais vu personne d’aussi peu doctrinaire, d’aussi peu dogmatique. D’aussi peu crispé sur une idéologie. Et pour tout dire, d’aussi ouvert. Certaines mauvaises langues diraient « d’aussi œcuménique ».

Curé dans la paroisse de Saint Priest, il est mort en 1992. Ses propos datent donc de bien avant, mettons vingt-cinq ans, et s’ils étaient dépourvus de crainte ou de haine, ils étaient très nets : il parlait de l’islamisation rampante à l’œuvre dans cette ville de la banlieue lyonnaise, où la population d’origine arabe est nombreuse.

Il ne semble pas que le processus à l’œuvre, qu’il constatait il y a vingt-cinq ans se soit interrompu. Bien au contraire, l’Islam, en France, a pris de la place, de plus en plus de place. Le mouvement s’est amplifié, a crû et embelli, est devenu tellement visible qu’il a fini par poser un vrai problème (voile, prières en public, etc…), au point d’envahir le devant de la scène.

Quand on regarde ainsi le phénomène sur la longue durée, il est raisonnable de s’interroger, et même de s’inquiéter. Et de se dire, rationnellement et posément, que la France, non seulement n’est pas à l’abri d’une « offensive islamiste », mais qu’elle constitue pour celle-ci un terrain de jeu privilégié, sans doute à cause, d’une part, du nombre d’adeptes, d’autre part, de la place qu’y tient la laïcité, dont les musulmans – et même pas les plus radicaux – ne veulent à aucun prix.

Voilà ce que je dis, moi.

 

A suivre.

jeudi, 05 avril 2012

BOUALEM SANSAL CONTRE L'ISLAMISME

Là commence l’errance du frère aîné, qui veut refaire tout le père-iple du père, parce qu’il veut comprendre. Comprendre qui c’était, comment il a fait pour devenir ce qu’il fut, rouage dans une machine à exterminer pour commencer, pour finir « cheikh » respecté dans un minuscule bled algérien, où il est finalement massacré.

 

 

Le livre n’est pas seulement raté parce qu’il est « à thèse », mais aussi à cause de la forme de « journal » que l’auteur a choisie : le frère aîné, doué et brillant, rédige le journal de sa quête à la recherche du père dans une langue très maîtrisée ; mais le cadet, qui a failli virer voyou, en tenant lui-même son journal, ne peut espérer fournir au lecteur des outils d’analyse un peu sophistiqués, sous peine que le récit perde totalement en crédibilité : son niveau d’instruction l’interdit. Il en reste à l’instinct, aux réflexes primaires.

 

 

Ce qui manque donc au livre, pour devenir satisfaisant, c’est un point de vue englobant, plus élevé, capable d’entrer dans la question avec un peu de subtilité et d’intelligence. C’est tout à fait regrettable, car du coup, le récit reste à l’état de rudiment.

 

 

L’aîné, qui découvre la Shoah, a mené un recherche jusqu’au bout, pour « comprendre », comme dit le commissaire du quartier, Com’Dad, une recherche qui l’a conduit au suicide par asphyxie aux gaz d’échappement dans son propre garage. Il doit, comme il dit, « payer sans faute », pour son salaud de père.

 

 

Il faut bien dire que l’exposé de la découverte du nazisme du père par le fils a quelque chose de terriblement scolaire. L’auteur nous inflige ce que tout le monde sait sur des pages et des pages, et ne craint pas de donner l’impression d’un cruel ressassement.

 

 

Là où le récit acquiert de la force, à peu près au centre du livre, c’est quand Rachel explique la logique des nazis « de l’intérieur », comme un processus industriel rationnellement mis en place et en œuvre. L’examen froidement méthodique des capacités respiratoires d’un bébé et d’un adulte pour calculer les quantités de gaz « zyklon b » et le temps qu’ils mettront à mourir dans la chambre à gaz a quelque chose d’hallucinant, et pour tout dire, de très « culotté ».

 

 

Mais la thèse de BOUALEM SANSAL est découpée à la hache : que ce soit en Algérie ou dans les banlieues françaises, les islamistes djihadistes préparent pour l’humanité un système comparable à celui que les nazis ont fait subir au peuple juif, aux tziganes et à toutes sortes de « dégénérés » et d’ « Untermenschen ».

 

 

L’équation « islamistes = nazis » est aussi carrée que ça. Ce que confirme BOUALEM SANSAL lui-même, interviewé sur Youtube ou Dailymotion. On en pense ce qu’on veut évidemment. Par exemple, en Tunisie, RACHED GHANNOUCHI, le chef du parti islamiste Ennahda, a annoncé qu’il renonçait à inscrire la charia dans la constitution. En Egypte, ce n’est pas gagné, loin de là.

 

 

En tout cas, ce qui est clair, ce qui est sûr, c’est que, dans de nombreux pays musulmans, et à un moindre degré dans certaines banlieues françaises, des individus fanatiques, des groupes de musulmans extrémistes s’efforcent de grignoter du terrain jour après jour sur le territoire de la République. Et je n’ai qu’à moitié confiance, pour ce qui concerne la France, dans un gouvernement quel qu’il soit pour faire face au problème.

 

 

S’il y a un problème, ni MITTERRAND, ni CHIRAC, ni JOSPIN, ni SARKOZY ne l’ont résolu. Et ça fait trente ans que ça dure. Ça a commencé quand l’Etat français a démissionné de ses responsabilités en abandonnant la gestion « sociétale » (religion, activités culturelles ou sportives, etc.) des populations musulmanes aux « associations ». C’est-à-dire aux musulmans eux-mêmes. Les gouvernants auraient voulu entretenir un bouillon de culture anti-français, ils ne s’y seraient pas pris autrement. Appelons ça de la lâcheté, et puis n’en parlons plus.

 

 

Et Monsieur NICOLAS SARKOZY a la mirobolante idée de fusionner les Renseignements Généraux et la DST pour faire la DCRI (donnée à son pote SQUARCINI) en même temps que des économies, deux services qui n’avaient ni la même finalité, ni le même mode de fonctionnement, ni la même « culture ».

 

 

Cela donne la catastrophe policière du groupe dit « de Tarnac », et cela donne la catastrophe policière et humaine de MOHAMED MEHRA, à Toulouse et Montauban. Encore bravo. Au fait, pourquoi le tireur d’élite a-t-il reçu l’ordre (on ne fait pas ça sans en avoir reçu l’ordre exprès) de viser la tête ? Est-ce que ça ne serait pas pour l’empêcher de parler ?

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

mercredi, 04 avril 2012

UN ALGERIEN JUGE LES ISLAMISTES

Je viens de lire Le Village de l’Allemand, de BOUALEM SANSAL. Pourquoi, me dira-t-on ? Eh bien l’occasion s’est présentée lors d’un précédent article au sujet de l’Islam. On trouve sur Internet un certain nombre de vidéos. J’ai visionné à tout hasard une interview de l’auteur, à propos de cet ouvrage, paru en 2008.  

 

 

Le journaliste lui demandait s’il n’exagérait pas en faisant dans son livre un parallèle strict entre les islamistes algérien des GIA et les nazis des camps de la mort. L’auteur répond par la négative : il voit dans le projet des musulmans les plus radicaux (les « djihadistes ») se profiler une vision totalitaire de la société.

 

 

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J’ai voulu en avoir le cœur net, en lisant le bouquin. Intuitivement, j’ai tendance à lui donner raison (voir le prêche plein de bonnes intentions totalement inopérantes (« nous devons nous maintenir vigilants ») d’ABDELWAHAB MEDDEB dans Libération du 2 avril, où il prononce lui-même le mot de « totalitaire », sans être forcé).

 

 

Ceci n’est pas exactement une note de lecture, et pour une raison simple : sur le plan romanesque, le livre est assez raté, alors que, par son sujet, il pose une question grave.

 

 

Comme bien souvent, quand un romancier se lance dans un livre « à thèse », le résultat est littérairement décevant, quand il n’est pas carrément nul. L’art fait toujours (ou presque) mauvais ménage avec la démonstration. Et aussi avec le militantisme. Car Le Village de l’Allemand (2008, disponible en Folio) est un roman « engagé ».

 

 

L’auteur s’insurge en effet, très fortement, contre l’infiltration de « guerriers » de l’Islam dans les banlieues françaises, depuis un certain (?) nombre d’années. On ne peut pas lui donner complètement tort. MARINE LE PEN a évidemment tort de souffler sur les braises des antagonismes, mais il y a de la vérité quand elle parle de « fascisme vert ».

 

 

Oui, il y a des « fascistes verts » en France. Que leur nombre (très faible) fasse « courir un risque à la République », c’est un fantasme d’une autre paire de manches, dont je me garderai de franchir le pas (comme dirait le Maire de Champignac). Mais on ne peut nier qu’il y a en France, aujourd’hui, des fanatiques.

 

 

Leur objectif est d’étendre leur emprise à visée totalitaire sur des parties de la population, disons pour aller vite, « d’origine maghrébine ». Ils se considèrent comme des soldats en guerre contre la civilisation européenne. J’en reparlerai prochainement.   

 

 

Alors le bouquin de BOUALEM SANSAL, maintenant. Rachel et Malrich sont deux frères, nés de mère algérienne et de père allemand. Aïcha Majdali, du village d’Aïn Deb, a épousé Hans Schiller. Rachel est la contraction de Rachid et d’Helmut ; Malrich, celle de Malek et Ulrich. La vraisemblance de tout ça est relative, mais enfin bon.

 

 

Le père pourrait s’appeler le père-iple, tant sa trajectoire est compliquée, avant de débarquer dans ce tout petit patelin. Il fut officier SS, en poste dans différents camps de la mort. A la Libération, il suit une filière compliquée d’exfiltration des anciens nazis, qui passe par la Turquie, l’Egypte, et qui l’amène en Algérie, où il rendra quelques « services », avant d’être remercié et de prendre une retraite bien méritée, sous le nom de Hassan Hans, dit Si Mourad. Bon, pourquoi pas, après tout ?

 

 

L’action du bouquin se passe pendant la sale guerre que se livrent le gouvernement algérien et les islamistes du GIA (60.000 à 150.000  morts selon les sources). C’est dans cet affrontement que le couple arabo-allemand est massacré, dans une tuerie collective nocturne. Rachel fait le voyage, et tombe sur les papiers laissés par son père.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

J’ai essayé de faire court, mais ça finit demain.

 

samedi, 24 mars 2012

L'ISLAM DE FRANCE : UN MYTHE ?

Résumé : l'espace public, en France, est envahi par des controverses autour de l'islam. Pour le citoyen ordinaire (et athée) que je suis, l'air est contaminé par des débats de nature insupportablement religieuse.

 

 

J’entends déjà les chiens de garde, souvent de gauche, hurler à l’islamophobie. Fausse route, selon moi, les amis ! Il n’y a pas d’islamophobie en France, qu’on se le dise. Et ce n’est pas les profanations de tombes musulmanes (mais surtout juives, soit dit en passant) qui me feront changer d’avis.

 

 

Ou alors, pour être équitable, et puisque le joli terme de phobie a tant de succès de nos jours, si certains disent qu’islamophobes nous sommes, il faut qu’ils reconnaissent la part de christianophobie, voire de francophobie (siffler la Marseillaise lors d’un match de football France-Algérie), et même de sémitophobie, qui anime ces islamophiles et un certain nombre de musulmans. C'est une vraie question : les musulmans de France sont-ils antisémites ou non ? Combien y a-t-il de francophobes ?

 

 

C’est une histoire de réciprocité. Au moment où les Européens sont mis en demeure de construire des mosquées, j’attends qu’on me dise combien d’églises catholiques, combien de temples protestants, combien de synagogues ont été construits en terre d’Islam depuis cinquante ans. Il me semble que dans les pays à majorité musulmane, tout ce qui est chrétien a tendance à être pourchassé (même racine latine que persécuté). Le nombre de chrétiens qui en ont été chassés me laisse augurer le pire. De quel côté est l’intolérance, nom de dieu ?

 

 

Si les européennes qui vont visiter l’Arabie saoudite sont obligées de se couvrir, qu’attendent les Européens pour exiger que les femmes arabes qui débarquent en Europe enlèvent leur voile, montrent leurs cheveux ou portent un chapeau ? Qu’attendent les Européens pour exiger l’application de la très simple règle de la RÉCIPROCITÉ ? Je ne vois aucune raison pour la refuser.

 

 

Les musulmans, dans cette circonstance, adoptent – et je trouve ça révélateur d’un « mode d’être » – la même stratégie que les homosexuels et les féministes : d’une part la revendication de droits, souvent agressive, et d’autre part les hurlements d’orfraie face à des « phobies » supposées, le plus souvent purement imaginaires, mais bien commodes quand on est devant les tribunaux, pour prendre la posture de la victime.

 

 

Car c’est un autre point commun, que PHILIPPE MURAY nommait très justement « l’envie du pénal », qui pousse tous ces gens à demander que justice leur soit publiquement et officiellement rendue par l’autorité judiciaire. Une justice où les dédommagements pécuniaires sont rarement refusés. 

 

 

J’aimerais cependant que tous ces gens qui crient qu’ils souffrent collectivement de l’injustice qui leur est faite, aient quelque chose de positif à proposer. C’est vrai ça, ils demandent, réclament, revendiquent, se répandent sur les ondes en considérations fielleuses, en proclamations atrabilaires, en protestations négatives. Vous n’avez pas remarqué l’uniformité de ce ton agressif et mécontent ? Ceux qui exigent du respect de la part d'autrui devraient s'attendre à ce qu'autrui exige, là aussi, la RÉCIPROCITÉ.

 

 

J’aimerais demander à tous ces individus (ne parlons pas du caractère le plus souvent collectif et « identitaire » (nous les …) des revendications) qui s’estiment lésés de quelque manière dans la façon dont les autres les considèrent dans la société, s’ils ont si envie que ça de vivre avec ces autres. Ils réclament beaucoup de ces autres, mais eux, qu’ont-ils à leur offrir ? Quel est leur projet de vie en commun avec eux ? Que souhaitent-ils leur apporter dans l’existence collective ? En quoi de concret consiste leur projet de vie en société, s’ils en ont un ?

 

 

J’aimerais à l’occasion entendre sortir de leur bouche des propos enfin POSITIFS. Il faut dire que c’est lassant, à la longue, d’entendre seriner, de « débat » d’idées en « débat » de société, les aigreurs d’estomac de ces soi-disant « mal-aimés ».

 

 

Dans la circonstance présente, où je retiens quand même que c’est un homme qui s'appelle MOHAMED qui a commis les crimes, il ne s’agit évidemment pas de « stigmatiser » tous les basanés musulmans de France. Les responsables de tout bord savent trop le risque qu’ils prendraient à allumer une mèche qui ferait exploser quatre millions de personnes, où quelques allumés du bulbe jouent le rôle d'étincelle à retardement.

 

 

Il est important de ne pas étendre à tous les musulmans de France l’horreur qu’inspirent les crimes de MOHAMED MEHRA. Comme disent avec componction, la mine grave, les « responsables » politique, « il ne faut pas faire d’amalgame ». Quelques dizaines, sans doute pas beaucoup plus, la veulent, la guerre. Mais éviter de mettre tous les musulmans de France dans le même sac, ça ne suffit pas. Il faut de l'explicite, du concret, du positif.

 

 

MUSULMANS, vous voulez vivre en paix avec tout le monde ? MONTREZ-LE. Plutôt que de sauter comme des cabris en « mettant en garde contre les amalgames », allez-y, dénoncez MOHAMED MEHRA, proclamez qu’il contrevient au Coran, qu’il n’est pas musulman, je ne sais pas, mais dites, affirmez clairement que celui-ci n’est pas des vôtres, que vous ne faites pas partie de cette engeance. Dénoncez les extrémistes, salafistes ou djihadistes qui appellent à la guerre de civilisation.

 

 

Vous adhérez au mode de vie à l’européenne ? MONTREZ-LE. Désolidarisez-vous publiquement, collectivement et en masse de tout de qui en est la négation. Tiens, et si vous organisiez, pour tous les musulmans de France, une grande manifestation nationale à Paris, de Bastille à République, ou de République à Nation, pour affirmer que l’Islam est une religion de paix. Et pendant qu’on y est, que les Arabes de France ne sont pas des sémitophobes. Tiens, chiche !

 

 

Dites-le, que vous aimez la France et les Français. Et pour faire bonne mesure, dites-le, que vous aimez les juifs. Tiens, chiche ! Sacré défi, non ?

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

jeudi, 22 mars 2012

QUE SERAIT LE MAL SANS L'HUMANITAIRE ?

Allez, j’ai bien envie de choquer, de heurter de nouveau quelques âmes sensibles et de bonne foi, mais tant pis. Voilà, il faut que je le dise : si le bénévolat et l’aide humanitaire pullulent aujourd’hui comme de la vermine, ça veut dire que le pire est en train d’accroître son emprise sur l’humanité.

 

 

L’humanitaire, le généreux, l’altruiste et le bénévole, enfin tout ce qu’on regroupe souvent sous le terme générique « les associatifs », sont nés il y a moins d’un demi-siècle (je ne parle pas des « grands anciens », genre Croix-Rouge), et depuis un demi-siècle, ça s’est mis à proliférer, au point, aujourd’hui, d’occuper le devant de la scène.

 

 

La Syrie donne un assez bon exemple de la place exacte qu’occupe  l’humanitaire dans la réalité, tout à fait différente de la surface médiatique que les acteurs de la propagande humanitaire s’efforcent de lui donner.

 

 

On voit ici les grands principes venir s’échouer comme une vaguelette mourante sur la falaise de la réalité économique, politique et géopolitique, qui n’a jamais été mue par les sentiments, au grand dam de nos modernes croisés des droits de l’homme.

 

 

La gesticulation humanitaire est évidemment destinée aux caméras de télévision, autrement dit, à « l’opinion publique ». Ce n’est ni plus ni moins que de la propagande. On me dira que c’est pour la bonne cause. Ça reste à voir.

 

 

MICHEL COLUCCI, dit COLUCHE, affirmait que les « Restos du cœur » auraient gagné la partie le jour où ils disparaîtraient. Et il avait bien raison : cela aurait voulu dire que le problème à l’origine des « Restos du cœur » a tout simplement, lui aussi, disparu.

 

 

Or que voyons-nous, d’année en année ? La demande d’aide à la simple survie explose. Pas seulement pour le « droit au logement », pas seulement pour le « droit au travail ». Mais pour le droit de manger à sa faim. Non seulement le problème n’a pas disparu, mais il s’est aggravé, et il ne cesse de s’aggraver, comme poussé par une force maléfique irrésistible.  

 

 

On ne compte plus les quêtes pour la « banque alimentaire », les « sans abri » et autres associations à but caritatif. Dites, ça ne vous impressionne pas, que le caritatif explose comme jamais, que la bienfaisance mobilise en masses toujours plus compactes,  que le tsunami de la bonté referme sa mâchoire en acier humanitaire sur le malheur des gens ? Moi, je me permets de trouver ça louche.

 

 

Et j’ai fini par me poser une question incongrue, voire scandaleuse : « Est-ce que par hasard ce n’est pas à cause des « restos du cœur » que la situation devient pire de jour en jour ? ». Ou plutôt, est-ce que ce n'est pas parce qu'ils existent, et que certains malintentionnés savent qu'ils existent, que ça s'aggrave ? On pourrait appeler ça les « effets pervers de la bonne volonté ». 

 

 

La vraie question ?  « Il y a des margoulins prêts à tout, pour qui COLUCHE et ses semblables fonctionnent comme des PERMIS DE NUIRE, car ils voient qu'il y aura toujours, quels que soient leurs forfaits, « les gens de bonne volonté », « la société civile », « les associations » pour réparer les dégâts qu’entraînent leurs activités trop salopes pour être avouées ».

 

 

Est-ce que ce n’est pas à cause de l’existence d’un tissu associatif de plus en plus serré et préoccupé de la « solidarité » que des gangsters sont en train de se dire : « Tranquille, Mimile, on peut y aller à fond les manettes, ils n’ont encore rien vu ». COLUCHE, mais avant lui KOUCHNER & BRAUMAN (et avant eux HENRI DUNANT) ont inventé la petite cuillère du bon cœur à vider la marée montante de la haine et du mépris.

 

 

Car disons-le, l’humanitaire et le bénévole sont profondément bêtes par nature. Intrinsèquement bornés. Viscéralement obtus. Bon, quelqu’un a dit : « Heureux les pauvres d’esprit, car le royaume des cieux est à eux ». Ne soyons donc pas moins miséricordieux que la miséricorde.

 

 

Non, je n’insulte personne, je dis les choses comme elles sont. L’humanitaire et le bénévole sont exactement comme le cycliste dans l’ascension du Tourmalet : ils ont le nez dans le bitume juste devant la roue, et rien d’autre. Le paysage, connais pas. Le bitume, on appellera ça le « terrain ».

 

 

On appellera le paysage « compréhension de la situation », comme une carte, qui sert à comprendre un territoire. L’humanitaire, lui, a le nez dans le bitume, le terrain, il est celui qui se trouve ou se rend « sur-le-terrain ». Il sert à ça : ne pas comprendre. Il sert tout au plus à taper à l'émotion. L'humanitaire, c'est le tripal et le lacrymal.

 

 

A cet égard, l’humanitaire et le bénévole ne sont rien d’autre que les alibis du système en place. Ils sont les avatars modernes des Dames Patronnesses qui, autrefois, avaient « leurs pauvres », qu’elles visitaient et dont elles s’efforçaient, gentiment apitoyées, de « soulager le sort misérable ». Et qui permettaient au système de se conforter, aux inégalités criantes entre richissimes et misérables de perdurer.

 

 

Je manque peut-être d’esprit de tolérance, mais je n’ai pas l’intransigeance absolue et terrible de LEON BLOY. S’il arrivait à des humanitaires la même chose qu’aux aristocratiques dames patronnesses mortes dans l’incendie du Bazar de la Charité (130 morts), le 4 mai 1897, je n’irais certes pas jusqu’à écrire, comme le « mendiant ingrat » dans son Journal :

 

 

« J’espère, mon cher André, ne pas vous scandaliser en vous disant qu’à la lecture des premières nouvelles de cet événement épouvantable, j’ai eu la sensation nette et délicieuse d’un poids immense dont on aurait délivré mon cœur. Le petit nombre des victimes, il est vrai, limitait ma joie » (lettre du 9 mai).

 

 

 

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Il fallait oser. Mais c'est vrai que la charité, le caritatif et tout ce qui y ressemble, ne sont qu'un sinistre bazar.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

A suivre.


 

vendredi, 16 mars 2012

BESOIN D'EPOUVANTAILS

Résumé : nous avons assisté au défilé de mode de dictateurs de générations différentes, plus ou moins à la page pour ce qui est du sang sur les mains, et surtout à leur désignation très smart, par le soin de puissances occidentales avides de convaincre le monde, y compris à coups de bombes, qu’elles constituent le seul « camp du Bien® » présentable et disponible sur le marché, pourvu qu'on y mette le prix. Pour le camp du Bien®, rien de tel qu'un bon Diable pour exister.  

 

 

Qu’on se le dise, le « Bien® » est une marque déposée à l’INPI et appartient au monopole qui a lancé le produit sur le marché mondial. Il ne saurait être partagé. Il est huniversel (avec « h » aspiré). Dans le temps, comme disait FERNAND RAYNAUD : « Ça eût payé ! Mais ça paie plus ».

 

 

Ouvrons la parenthèse et illustrons notre propos.

 

 

Regarde comment ça s’est passé, pour KHADDAFFI. La France a la chance ingrate de posséder un archange exterminateur en la personne de Saint BERNARD-HENRI LEVY (ingrate, parce qu’elle refuse de reconnaître la dette de gloire et de prestige qu’elle a contractée envers lui). Ce n’est pas à lui seul qu’on doit la chute du colonel libyen, mais sans lui, rien n’eût été possible. Enfin, c’est ce qu’il dit.  

 

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SAINT BHL EN TRAIN DE SIGNER

LA CREME DE LA TARTE QU'IL VIENT DE

PRENDRE SUR LA FIGURE

 

Et regarde, maintenant que la Libye est débarrassée de son tyran, à qui toutes les puissances du continent et d’ailleurs devaient une part de leur fortune, comme tout va mieux : la liberté la plus grande règne, et l’on en a fini avec le carcan policier et militaire ; l’égalité la plus totale s’est imposée dans tous les rapports sociaux, en particulier entre les hommes et les femmes ; la fraternité la plus merveilleuse est de mise dans les relations entre les individus, qui n’en sont pas encore, cependant, à se laisser déposséder de leur kalachnikov, qu’ils gardent sous l’oreiller la nuit, au cas où.

 

 

A part ça, on peut claironner à la face du monde que le Mal a disparu de la surface du territoire libyen. De la surface seulement, car en dessous de la surface, il y a, ne l’oublions pas, de fantastiques réserves de Bien, dont l’unité de mesure est le baril (159 litres environ).

 

 

Ce n’est pas encore le paradis, mais pas loin. Oh, pour ceux qui chipotent, c’est vrai que les tribus de Cyrénaïque ont décrété que la province était autonome du pouvoir central. C’est vrai qu’une ville du sud, occupée par des partisans de l’ancien dictateur (on se demande vraiment où les journalistes vont chercher tout ça), a fait mine de se rebeller, mais le pouvoir central va résoudre l’incident dans les plus brefs délais.

 

 

A part ça, on vous jure, tout baigne. Le monde est débarrassé d’une sale engeance, et ceux qui ne sont pas morts sont heureux. C’est NICOLAS SARKOZY qui vous le dit, lui qui a joué son coup de poker susurré par son archange exterminateur Saint BERNARD-HENRI LEVY.

 

 

Les mauvaises langues diront que les compères, après avoir mis le pays à feu à sang, le laissent dans l’anarchie et dans la charia (c’est du moins ce qu’a décrété un des chefs au lendemain de la mort de KHADDAFFI).

 

 

Et accessoirement que, grâce à l’intervention occidentale, tout le Sahara est désormais inondé d’armes de tout calibre, y compris des « orgues de Staline » et des missiles de plus longue portée. C’est Al Qaïda qui se frotte les mains. Et regardez les Touaregs en Mauritanie. Le camp du Bien sait ce qu’il fait, on vous dit. Le camp du Bien ne peut pas se tromper.

 

 

Moralité ? Il n’y en a pas. Il a l’air malin, le camp du Bien, maintenant que l’ennemi personnifié dans le Grand Diable KHADDAFFI est effacé des tablettes. Qui peut dire aujourd’hui quelles sont les forces qui foutent la pétaudière en Libye ? Pas moi. L’Occident a cependant bonne conscience.

 

 

Fermons pudiquement la parenthèse.

 

 

Ah non, quand même, pas tout à fait, car un autre Grand Diable est né entre-temps, en Syrie, c’est dingue, ils se reproduisent comme la vermine. Mais que fait NICOLAS SARKOZY ? Que fait BERNARD-HENRI LEVY ? Alors, messieurs, on tire un coup, et après plus rien, rideau, on remballe ?

 

 

Bobonne elle-même, dans son lit conjugal, qu’elle s’appelle ARIELLE DOMBASLE ou CARLA BRUNI, a droit à son deuxième service, non ? Et pourquoi pas à son troisième ? Ou alors, ces messieurs laissent leurs épouses se palucher pour se finir ? « Nuits de Chine, nuits câlines, ... ». 

 

 

Dis-nous, CARLA, alors, c’était pour la frime, ce qu’il disait, NICOLAS : « Les Français sont contents d’avoir un président qui en a et qui s’en sert » ? C'est vrai qu'on a toujours l'impression qu'il plastronne, le petit, qu'il se vante. S'il tient aussi bien ses promesses conjugales qu'électorales, j'espère que ces dames trouvent ailleurs de quoi combler leurs attentes.

 

 

Bon, c'est pas tout ça, messieurs, mais vous avez un BACHAR EL ASSAD sur le feu. Et plus vite que ça.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

A suivre.

 

 

dimanche, 26 février 2012

PÊLE-MÊLE D'UN CARNET DE LECTURE (6)

JEUX POUR ACTEURS ET NON ACTEURS, Augusto Boal.

 

Je ne suis pas homme de théâtre, ça commence à se savoir, je me fais une raison. Mais enfin, il m’est arrivé de mettre le nez dans la question. Je retiens de ce bouquin deux anecdotes. Ou : « Comment se mettre dans la peau du personnage ? ». L’auteur est un metteur en scène brésilien.

 

 

Une jeune actrice n’y arrive pas, mais alors pas du tout. Elle est censée avoir passé une nuit à jouir sexuellement avec son amant, elle est dans le plaisir absolu et absolument assouvi. Le metteur en scène lui demande ce qui ne va pas. Elle est embarrassée, puis finit par avouer qu’elle est encore vierge. L’auteur lui suggère alors de se souvenir de quelque chose qui lui a donné un immense bonheur. Elle joue la scène à la perfection. L’auteur lui demande comment elle y est arrivée : « Je me suis souvenue du moment où, sur la plage d’Itapuan, j’ai mangé trois glaces à la suite, sous un cocotier ».

 

 

Un acteur  fait pleurer tout le monde en jouant un personnage qui est sur le point de se tirer une balle dans la tête. Il explique qu’il se souvient de son enfance, vécue dans une banlieue excessivement pauvre. Chaque fois qu’il prenait une douche, celle-ci était tellement froide, voire glacée, qu’il fixait avec une horrible angoisse la pomme de douche.

 

 

KAPUTT, Curzio Malaparte.

 

Un livre sur la guerre. L’auteur est correspondant pour un journal italien, quelque part entre Pologne et Finlande. Il côtoie les Allemands de près.  Un ton de tristesse noble, de compassion pour l’humanité. L’auteur montre, par sa façon de décrire les Allemands, pourquoi ils ne pouvaient que perdre la guerre.

 

 

Histoire du Général qui pêche le saumon dans une rivière, mais tombe sur un poisson qui ne se laisse pas faire, et qui dicte même sa loi. Sur les deux rives, son escorte militaire. Lui, au milieu de la rivière, est irrésistiblement entraîné par la force de l’animal. Et le combat dure, dure. Au bout du compte, il ordonne à son aide de camp d’abattre le saumon à coups de pistolet : « Hermann, erschiess ihn ! ». Belle image de l’Allemand en guerre, bientôt défait.

 

 

De même, la scène du banquet auquel participent des dignitaires nazis (dont HIMMLER, je crois bien) qui finissent, complètement ivres, par sombrer dans le ridicule en se conduisant ni plus ni moins que comme des porcs.

 

 

LA PEAU, Curzio Malaparte.

 

Souvent baroque et excessif, mais le sens certain de la création littéraire (la littérature est plus forte que la réalité). Est littérature ce que je dis et fais être littérature. Par rapport à Kaputt, le livre est plus centré sur quelques scènes magistrales, particulièrement travaillées.

 

A Naples, la grande dame qui, dans son palais, se déshabille pour parer de ses vêtements une jeune fille morte. La scène de la « sirène » dans un aquarium, lors d’un repas plus ou moins protocolaire, avec une Américaine puritaine étriquée.

 

 

Et puis la scène de la peau du Juif, qui donnes son titre au livre : sur une route d’Ukraine, où des juifs en pagaille ont été mis en crois, un juif a été écrasé par un char. Les habitants du village viennent, la nuit, décoller la peau de l’homme, et retournent au village en la portant, toute sèche, au bout d’une fourche, comme un drapeau (drap-peau).

 

 

Sur le champ de bataille de Monte Cassino, repas des officiers : cet homme qui montre, dans son assiette, les os d’une main qu’il vient de manger. Ce sont des os de poulet. Mais, en les disposant de manière très particulière, il fait croire aux autres que c’est la main d’un zouave qui vient d’être arrachée par un éclat d’obus, et que la déflagration a projetée dans la marmite ou mijotait le repas, et qu’il a consciencieusement dépiautée et dégustée.

 

 

LA CHANSON DES GUEUX, Naguib Mahfouz.

 

Une narration « à l’arabe », peu soucieuse de cartésianisme. Une recherche de symbole assez simple : 10 chapitres, 10 générations d’une lignée familiale. Un fondateur, bâtard sublime, qui disparaît mystérieusement, inaugurant la légende. L’hésitation entre le bien (vertu, pauvreté, droiture) et le mal (pouvoir, argent, concupiscence). Lutte où le mal triomphe souvent. Versatilité de l’opinion, vénalité des uns, cruauté des autres. La vie livrée au vent et aux humeurs. La main de la fatalité. Le cycle de la vie et de la mort. L’auteur réussit à faire d’un petit quartier d’une ville le centre d’un microcosme entier de la société humaine. Livre qui surprend, déroute et surprend nos habitudes de lecture.

 

 

LA MORT ME VIENT DE CES YEUX-LÁ, Rexhep Qossia (Redjep Tchossia). 1974

 

Livre déroutant et fort, structuré en 13 « contes » (chapitres). L’auteur a cherché à placer son récit à la lisière de l’individu et de la collectivité. Le Kossovo apparaît en tant qu’entité, et entité niée. La narration met en scène des individus, mais jamais ils ne sont qu’individus, et portent toujours avec eux l’idée de nation.

 

 

LES TAMBOURS DE LA PLUIE, Ismaïl Kadaré.

 

Admirable, l’art avec lequel Kadaré, en parlant du 15ème siècle, et de la tentative de conquête de l’Albanie par les Ottomans, évoque de façon nette le 20ème siècle. Peut-être les communistes. Il évoque en effet la lutte de l’Ouest contre l’Est : Skanderberg détruit les caravanes d’approvisionnement de Venise ; en face, le but est de pervertir l’identité nationale. Cette armée turque qui se fait littéralement « manger » par la ville ! Jeu entre l’intérieur et l’extérieur (défense et attaque). 

 

 

Je ne comprends pas que l'on n'aime pas la littérature.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

vendredi, 24 février 2012

SAINT FIACRE HOLLANDE

LA VERITABLE ENFANCE DE NOS SAINTS POLITIQUES

 

 

INTRODUCTION

 

 

En cette période d’élections prochaines, il est bon de revenir sur la véritable carrière de quelques candidats qui briguent quelque poste exposé mais avantageux, et se présentent pour cela, courageusement, devant le tribunal du suffrage universel. Notons que, sans s’être donné le mot, tous ces candidats gardent sur une partie méconnue de leur carrière un silence de tous les instants.

 

 

Disons même qu’ils se gardent bien de s’en vanter. Allons-y carrément : de même que des héros célèbres (Tristan, Hercule, Gargantua, …) ont vécu ce qu’on appelle des « enfances », la plupart de nos saints politiciens, avant de tenir le haut du pavé médiatique, ont eu, eh oui, une sainte enfance.

 

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L'ENFANCE D'UN CHEF (nouvelle d'un certain J.-P. S.) 

 

Mais à la différence de ces saints héros (preuve qu’ils n’en sont sûrement pas), ils semblent l’avoir reniée, comme s’ils la considéraient comme une existence antérieure, sur laquelle la plus extrême prudence de parole doit être observée. A croire que cette existence première les couvrirait de honte si son déroulement effectif venait à être connu.

 

 

S’ils savaient, pourtant, toute la sympathie, toute l’empathie, toute la compassion, et disons-le toute la pitié qu’ils pourraient s’attirer de la part des foules, si celles-ci étaient mises au courant de la toute première partie édifiante de leur éminente carrière, ils ne tarderaient pas à commanditer de célèbres agences de communication publicitaire pour établir à leur juste valeur les « galops d’essai » qui préfigurent à jamais, à n’en pas douter, l’excellence future de leur parcours.

 

 

 

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SAINT FIACRE AVEC SA PELLE ET SON LIVRE

(à Saint Germain d'Auxerre)

 

Ayant déjà évoqué ces « galops », quoique trop allusivement, brièvement et fragmentairement, nous nous sentons le devoir de revenir, en les approfondissant, sur des trajectoires exceptionnelles, marquantes pour le genre humain tout entier, et pour tout dire, définitives. Des trajectoires aujourd’hui couronnées de la sainte appellation catholique de SAINT, même si les impétrants (mot désormais à la mode) se désistent de l’orgueil d’en réclamer le titre (toute fausse modestie mise à part, je trouve que cette phrase est assez bien tournée).

 

 

AUJOURD'HUI : SAINTE ENFANCE DE FRANÇOIS HOLLANDE

 

 

 

Nous commencerons la revue de ces célébrités trop modestes, par un coup d’œil jeté du côté du petit FRANÇOIS HOLLANDE, devenu sur le tard le désormais irremplaçable SAINT FIACRE HOLLANDE, que certains calomniateurs ont (heureusement en vain) tenté de faire passer pour un « fromage de Hollande ».

 

 

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L'AIR (FROID) DE LA CALOMNIE 

 

Le petit HOLLANDE naquit sans doute au début du 7ème siècle, quelque part en Irlande. Il est mort en Seine-et-Marne, en un lieu qui lui était prédestiné, puisqu’il s’agit de la commune bien connue de Saint-Fiacre-en-Brie. Cet événement funeste serait intervenu autour de 670 de notre ère (on sait qu’on ne peut être promu au grade de « SAINT » patenté avant l’ère qu’on appelle « chrétienne »).

 

 

Grâce à Saint Faron, lui-même fils d’une biche, d’où, évidemment, vient l’expression « faon Faron », dont la célébrité a atteint la Côte d’Azur puisqu’on a donné son nom à une montagne qui domine la ville de Toulon, SAINT FIACRE HOLLANDE fut autorisé à devenir ermite en forêt de Brie.

 

 

On ne sait comment grandit sa renommée. Toujours est-il qu’il reçut des visiteurs qu’il récompensait, en quelque sorte, en priant sur eux, et en distribuant consolations et bons conseils (je n’invente rien). Il lui arrivait de les guérir.

 

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NON , LE SUPPLICE DU PAL, C'EST PLUS GRAVE

 

Il les guérissait principalement des hémorroïdes, l’usage étant que le pèlerin qui souffrait précisément de ce « mal de SAINT FIACRE HOLLANDE » (parfois appelé « fic », on se demande pourquoi) s’asseyait sur la pierre où le saint s’était lui-même assis. On ne sait pas vraiment à quel épisode de sa vie se rattache cette tradition. Les archives ne disent pas tout. Mais en tout cas elles disent : « Loué soit Dieu, SAINT FIACRE HOLLANDE guérit les hémorroïdes. Après l’annus horribilis, l’anus hollandibilis ».

 

 

Il nourrissait en cas de besoin les pèlerins des légumes de son jardin, souvent des haricots. Ces jours-là étaient jours de fête. C’est vraisemblablement la raison pour laquelle les jardiniers ont, le 30 août 1237, élu pour leur saint patron SAINT FIACRE HOLLANDE en personne. A l’unanimité. Toute parenté avec quelque hémorroïde que ce soit serait purement fortuite.

 

 

Principalement, il savait sur quel ton il fallait parler aux gens : toujours suave, toujours caressant, presque tendre, il atteignait ses auditeurs au fond de leur cœur, imperméable aux propos de quelques vilains jaloux qui ne se privaient pas de le brocarder de diverses expressions qui se seraient voulues blessantes.

 

 

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LE VERT BAVEUR

 

 

Heureusement, FIACRE HOLLANDE (qui n’était pas encore décrété saint), était au-dessus de cette bave crapaudesque, et allait son chemin vaillamment. Si certains lui auraient vu les manches de lustrine et le « rond de cuir » dont Courteline et Maupassant ont fait le symbole de la bureaucratie fin-de-siècle, il se voyait quant à lui sur la plus haute marche du podium électoral.

 

 

 

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Malheureusement, un journal d’opposition déterra une malheureuse affaire où un de ses ancêtres, QUINTIANUS HOLLANDUS, avec lequel il offre d'ailleurs une ressemblance de visage tout à fait spectaculaire, avait fait torturer celle qui devint plus tard SAINTE RITA ROYAL. Cette affaire lui coûta le poste de premier consul en 1798. Ce qui n’empêcha pas Anne d’Autruche, bien connue pour avaler n’importe quoi, d'avoir recours à ses miracles pour accoucher (enfin !) de LOUIS XIV.

 

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LE CENTURION (ADJUDANT) QUINTIANUS HOLLANDUS

 

C’est d’ailleurs de cette curieuse circonstance que s’autorisa un certain Monsieur SAUVAGE qui, en 1640, investit dans une compagnie de taxis (ça ne s’appelait pas ainsi, mais c’est pour donner l’idée), qu’il baptisa « voitures de Saint-Fiacre », tout ça parce qu’elles étaient attachées à l’hôtel de Saint-Fiacre. Les sceptiques, s’ils prennent la précaution de vérifier l’information, en seront pour leurs frais. Bien fait ! « Heureux celui qui croit sans avoir vu ». Ce n’est pas moi qui le dis.

 

 

Un auteur, savoureux autant que méconnu, ajoute même, sur un ton qui fait penser à ALEXANDRE VIALATTE, que « les fiacres étaient tirés par un vieux cheval désabusé, que conduisait un cocher haut-perché, armé d’un fouet, surmonté d’un gibus ».

 

 

Il va de soi que la plupart des données figurant dans cette note ont été puisées aux meilleures sources, même s'il est possible que se soient glissées, ici ou là, quelques approximations susceptibles de gauchir la stricte vérité.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

 

 

 

jeudi, 23 février 2012

DE L'ELECTEUR SPONGIEUX (suite et fin)

LE FLÉAU DU DROIT DE VOTE, ÉPISODE 6

 

 

Proverbe tibétain : « En période électorale, l'anus du candidat se pare de ses plus beaux atours ».

 

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DES ELECTEURS SPONGIEUX 

 

Résumé : seul un effort massif dans l’éducation est à même de faire naître une véritable société démocratique et de rendre les individus imperméables à la propagande.

 

 

Au lieu de la noble aspiration de CONDORCET, qu’est-ce que nous voyons ? Du côté de l’instruction, nous ne voyons hélas pas grand-chose, parce qu’il n’en reste pas grand-chose. Sans nous appesantir sur le débaptême de l’ « instruction » en « éducation », sur lequel il y aurait pourtant à dire, contentons-nous d’observer un savant et constant démantèlement de l’institution chargée de transmettre aux jeunes tous les savoirs nécessaires. [Voix off : « mission accomplie ».]

 

 

Constatons l’opiniâtreté de certaines forces qui, sous couvert d’égalité, ont arasé, appauvri et uniformisé le niveau des matières contenues dans les crânes. Ecoutez, ça fait floc-floc. Pour détruire un système éducatif, commencez par le réformer à tout bout de champ. En gros, je vous conseille de conduire une réforme par an pendant cinquante ans : à la fin, vous êtes sûr que plus personne ne sait qui fait quoi, ni qui doit faire quoi. [Voix off : « mission accomplie »].

 

 

Reléguez les enseignements techniques au fond de la cour à côté des WC, puisque vous avez prévu la future division internationale du travail, que vous supputez les travaux sales en Chine, et que vous pensez attirer tous les emplois à « haute valeur ajoutée » – ah zut, ça délocalise à tout va ! Vite, clamez qu’il faut « réindustrialiser » ! Ah zut, on a déjà eu le temps de perdre les savoir-faire (aciéries, industrie textile, ...) ! Mondieu, mondieu, que de malchances successives ! [Voix off : « mission accomplie ».]

 

 

Mettez l’accent non plus sur les contenus et les disciplines d’enseignement, mais sur les méthodes pédagogiques de ces salauds d’enseignants crispés sur leurs privilèges exorbitants et engourdis dans leurs routines crasseuses et paresseuses. Simultanément, faites comprendre aux élèves qu’ils ont eux aussi, après tout, des droits, et qu’il serait bon qu’ils le fissent sentir aux enseignants trop imbus de leurs personnes. [Voix off : « mission accomplie ».]

 

 

Vous aurez partie gagnée quand le cours commencera par une longue invocation au silence des élèves et se poursuivra par une harangue destinée à convaincre les dits élèves que ce qui sera dit pourra ne pas leur être complètement inutile. Certains esprits mal tournés pourraient penser que c’est le chaos ? [Voix off : « mission accomplie ».]

 

 

[Mine de rien, sous le masque habile de l’avocat du diable, l’auteur de ces lignes, pourtant en général d’un naturel épais, rustique et grossier, parfois même vulgaire, synthétise fort subtilement trois des nombreux problèmes qui ont commencé à envahir les enceintes scolaires – enceintes dont on ne sait trop de quelle catastrophe future elles accouchent – et à ébranler les fondations d’un système éducatif « que le monde entier nous envie ». Note de l’éditeur.]

 

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CE QUI SORT DE L'ANUS DU CANDIDAT

(merda d'artista, piero manzoni, 1961)

 

Conclusion : avec un système éducatif dans un état toujours plus flageolant, branlicotant et vacillant depuis une quarantaine d’années, si même il n’est pas déjà à l’état de ruine prémonitoire ou imminente, comment croire encore au talent de la mentalité française collective ?

 

 

 

Avec la télévision comme outil perfectionné de propagande à formater les esprits et machine à réduire les têtes, comment croire à la qualité de jugement collectif d’une population soumise à ce bombardement ? En quel honneur spécial, le Français échapperait-il à l'état spongieux qui caractérise tous les électorats démocratiques ?

 

 

Comment le « corps électoral » serait-il, dans ces conditions, autre chose qu’un niais, un gobe-mouche béat ? Comment le « corps électoral » pourrait-il ne pas être frappé de la crédulité médusée de la grenouille happée par la couleuvre ? Comment le « corps électoral » pourrait-il échapper à cet état spongieux qui fait tout avaler ?  Sinon, SARKOZY aurait-il été élu ? Remarquez que, si ç’avait été SEGOLENE, je n’aurais eu que le nom propre à modifier.

 

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GOBE-MOUCHE BEAT SANS COLLIER

(EN BEATITUDE)

 

A ceux qui m’accuseraient de partialité, je réponds en citant l’avis porté par EMMANUEL TODD sur les classes politiques occidentales en général : même s’il n’est pas une autorité infaillible, son point de vue reste intéressant. Il considère que, globalement, les personnels politiques du monde occidental sont d’une MÉDIOCRITÉ affligeante. Je pose donc la question : si les hommes politiques sont médiocres, cela ne vient-il pas du fait que les populations sont elles-mêmes médiocres ?

 

 

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L’un des facteurs de cette médiocrité foncière des « élites » censées être à même de gouverner serait donc la médiocrité des gouvernés eux-mêmes. Un autre facteur pourrait être l’extrême verrouillage du système politique, avec ses aiguillages, ses tiroirs, ses cases déjà toutes étiquetées, avec son fonctionnement désormais institutionnalisé, ses rouages trop bien huilés, en « carrières » dûment répertoriées.

 

 

Pourtant, malgré l’état de délabrement de ce « corps électoral », selon la stricte légalité, ce sont les membres de cette population progressivement décervelée qu’on persiste à appeler, contre tout bon sens, des citoyens. Et ce sont eux, gavés d’images publicitaires vantant des produits politiques, qui vont accomplir leur « devoir électoral ».

 

 

Comment voulez-vous, dans ces conditions, que le meilleur soit élu (au cas où ce « meilleur » existerait, ce qui n’est nullement avéré, voyez le sort réservé à EVA JOLY, celle qui n’a visiblement pas été coulée dans le moule, et quelque discutable que soit la personne) ?

 

 

Ce sont eux qui, en 2007, ont élu NICOLAS SARKOZY, sur la foi d’images et de discours méticuleusement manufacturés, ciselés, chantournés, limés, rabotés dans des ateliers de communication publicitaire de haute performance. Le quinquennat leur a ouvert les yeux. Mais en 2012, même « déçus du sarkozysme », auront-ils compris comment ça marche ?

 

 

Soumis au pilonnage en règle des médias qui vont nous faire bouffer de la présidentielle jusqu’à l'écoeurement, jusqu'à l’occlusion intestinale, leur esprit, réfugié au fond de la tranchée, saura-t-il résister au bombardement, aux nouveaux discours, aux nouvelles images qui vantent à longueur d’ « informations » le FRANÇOIS HOLLANDE nouveau et le NICOLAS SARKOZY, jeune perdreau qui vient de naître, bref, les « nouvelles » marchandises « politiques » ?

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

 

 

lundi, 20 février 2012

"VOUS NE NOUS REPRESENTEZ PAS !" (suite et fin)

Résumé : les institutions légales de la République ont ceci de pratique pour le pouvoir qu’elles ont pour effet de museler le peuple auquel on demande de s’exprimer à travers des élections.

 

 

Juste une comparaison : au départ, un syndicat ouvrier, c'est fait pour organiser la lutte contre les exploiteurs qui abusent d'abuser. Qu'est-ce devenu, aujourd'hui, sinon un auxiliaire des puissants pour empêcher les révoltes ouvrières de se répandre en torrents furieux et surtout incontrôlés ? Le syndicat doit donc veiller à préserver son statut d'encadrement (disons de répression préventive) des jacqueries ouvrières.

 

 

Comme les syndicats, l'Assemblée Nationale est devenue une machine à faire taire le peuple. Les élections législatives sont devenues l'expression du consentement à la servitude. Alors moi, si je vis comme tout un chacun dans ce monde de servitude, j’espère qu’on ne me demandera pas, en plus, d’y consentir. Voilà pourquoi je prêche l’abstention.

 

 

Quant à voter pour des idées, pour un parti qui défend des idées, pour un idéal, je demande à ceux qui font cette aimable suggestion d’arrêter de se payer ma fiole. Il y a des limites au foutage de gueule.

 

 

Faire élire des députés, c’est enlever la parole au peuple. L’existence de l’Assemblée Nationale, c’est le mutisme assuré de quarante-quatre millions de personnes moins 577. La meilleure preuve en est donnée ces jours-ci en Grèce, où les députés votent des mesures contre leur propre peuple révolté contre leurs représentants, aussi facilement que BACHAR AL ASSAD envoie ses chars contre le sien.

 

 

Ecoutez ces gens bien intentionnés qui vous répliquent, quand vous râlez : « Mais vous avez les élections, pour vous exprimer ! ». Et ça vous ferme le clapet illico. Si nous avons les élections, c’est pour nous empêcher de nous exprimer.

 

 

Conclusion de la conclusion de la conclusion (se reporter à hier) : le député officinal n’a plus rien à voir avec le peuple. Il ne représente que lui-même, augmenté de quelques forces et de quelques intérêts qui ont besoin de lui (parti d’appartenance politique, entrepreneurs divers organisés en lobby, etc.). Pour le peuple qui est resté les deux pieds enfoncés dans la glèbe des villes, l’Assemblée Nationale est devenue une entité abstraite, une réalité virtuelle, une planète étrangère, qui a ses intérêts propres, autonomes.

 

 

« Alors que proposez-vous ? » J'entends crier cette pensée muette. Je réponds crânement : « Rien ». Pourquoi voudriez-vous que moi, qui ne suis rien ou presque, je sois en mesure de proposer quoi que ce soit ? Non, je n'ai rien à proposer. Je regarde, j'écoute, et la seule chose que j'aie envie de dire, c'est que rien, dans la façon dont les choses se présentent, ne m'encourage à participer, à m'intéresser personnellement à cette duperie. A m’en rendre complice.

 

 

Bartleby, ce personnage extraordinaire de HERMAN MELVILLE, avait résolu la question : « I would prefer not to ! ». Moi non plus, j'aimerais mieux pas. Mais lui aussi était un peu asocial, ça compense.

 

 

L'Assemblée Nationale a ses intérêts propres, autonomes. Elle est à elle-même sa propre machine. A ce titre, moi qui suis resté les deux pieds dans la riche glèbe argileuse des crottes de chien gisant sur les trottoirs de ma ville, je dénie formellement à l'un quelconque des 577 crânes de piaf qui y siègent le droit de prétendre qu'il représente MA voix. J'interdis à quiconque n'est pas moi de s'autoriser à s'exprimer en MON nom. Quoi, le système est organisé comme ça et pas comme ci ? Je dis : et alors ? So what ? Na, und ?

 

 

A la rigueur, on accepterait : « Benedictus qui venit un nomine Domini », mais ça ne marchera pas deux fois. Je récuse un système qui autorise un quidam à parler avec autorité AU NOM DE. Quoi, c'est une impasse ? Et alors ? So what ? Na, und ?

 

 

Venons-en à présent à la deuxième anomalie. Elle est d’ordre sociologique. Qui se fait élire ? En général, ce sont des gens qui sont nés du bon côté de la société. L’exception que constitue à lui tout seul MAXIME GREMETZ (ouvrier, mais depuis le temps qu’il est député, je demande à regarder l’état de ses mains et de ses ongles), c’est l’arbre qui cache le fond du puits, c’est le petit doigt qui cache la forêt.

 

 

Tenez-vous bien, la Chambre élue en 2002 comptait 81,45 % de cadres supérieurs, professions libérales et « professions intermédiaires », catégories comptant pour 23,3 % dans la société. Moins d’un quart de la population accapare (il n’y a pas d’autre mot) plus des quatre cinquièmes des sièges de députés. Ce scandale me fait penser aux Etats-Unis, où les 20 % les plus riches captent 55 % des richesses du pays. Les alluvions se déposent forcément sur les fonds vaseux qu'elles connaissent le mieux.

 

 

L’Assemblée Nationale française est donc constituée de bourgeois et de petits-bourgeois. J’ai tendance à penser que les 577 moineaux qui font plus que picorer au Palais Bourbon, chargés de légiférer « au nom du peuple français » (vaste blague), représentent en tout et pour tout 577 particuliers, augmentés de leurs affidés et de leurs débiteurs. Je l'affirme : je ne suis pas représenté !

 

 

Ce qui se passe en France, c'est que les gens sont plus ou moins formatés pour voter d'un côté plutôt que d'un autre, pour un parti, c'est-à-dire une espèce de monstre informe dont on ne sait finalement pas grand-chose. Rien que pour essayer, allez voir comment ça marche, un parti.

 

 

A peine avez-vous passé la porte que vous voilà happé, vous voilà devenu un petit moteur d'appoint, pris dans un système hiérarchique inébranlable. Un parti est une machine. Et le député n'est qu'un rouage de la machine. Quand il siège à l'Assemblée, il a déjà perdu un peu de sa propre existence individuelle. La Chambre des députés est elle-même une sorte d'alambic, une machine à évaporer la réalité. Le député est un arbre coupé de ses racines. Le député, dans le fond, est un arbre en pot.

 

 

 

Car à quoi il sert, le député, en principe ? Il a un mandat pour exprimer les idées des gens gens qui l'ont élu. Et qu'est-ce qu'il fait ? Il marche au pas, comme à l'armée, au même pas que tout le parti. Les électeurs, ils n'ont eu pour lui qu'une existence momentanée. Une fois élu, fini. L'électeur, avec ses attentes et ses espoirs, est un feu de paille.

 

 

Entre le feu de paille et l'arbre en pot, que reste-t-il de l'idée démocratique ?

 

 

Ajoutons pour faire bon poids que, comme je le disais, tous les « élus du peuple » sont des « bons élèves », des « premiers de la classe ». Quand j’étais au lycée, j’en ai connu, on les appelait des « polars », ça voulait dire « polarisés », à l’époque. Les temps changent. Je sais bien qu’aux Etats Généraux convoqués par LOUIS XVI en 1789, sur les 578 députés du Tiers Etat, 200 environ étaient des avocats.

 

 

Mais eux, ils avaient l’excuse de tous les événements qui ont suivi. Ils ont justifié la confiance que le peuple avait placée en eux. Certains ont fini raccourcis. Qui oserait aujourd’hui proclamer tout haut que le député officinal, garanti sans O. G. M., porte la voix du peuple dans les plus hautes instances instituées de la République ?

 

 

Les « premiers de la classe », depuis qu'il y a des délégués de classe, sont fort rarement choisis par leurs camarades pour assister aux conseils. Ils sont trop bien vus des profs et des autorités. Vous comprenez pourquoi c'est une anomalie scandaleuse qu'ils constituent le gros des troupes de députés ? On a réussi ce prodige de faire de la compétence (supposée) le critère essentiel de la sélection des représentants du peuple.

 

 

Les « premiers de la classe », il faut les comprendre, ils ont eu à subir les crachats des cancres, un juste sentiment de revanche sociale les meut. L’Assemblée Nationale est le lieu de la revanche des « premiers de la classe » sur les avanies que les cancres leur ont fait subir, des cancres dont ils vont, à chaque élection, tout en les méprisant chaleureusement, caresser le poil dans le bon sens, car ils sollicitent aujourd’hui, veules et pitoyables, leurs suffrages.

 

 

Dans ces conditions, je crois être encore plus fondé à déclarer, tranquillement, mais fermement à ces messieurs-dames (pensons aux 107 femmes) couverts par la légalité des ors de la République, retranchés dans leur souverain DÉPUTOIR légal : non, VOUS NE NOUS REPRESENTEZ PAS.

 

 

Même quand, tout sourire, vous venez nous serrer la main sur le marché de la Croix-Rousse, et faire la bise aux dames et aux petits gones, je vais vous dire une bonne chose : vous êtes trop loin !!! Socialement, humainement, intellectuellement, vous êtes trop loin !!!

 

 

VOUS NE NOUS REPRÉSENTEZ PAS !

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

dimanche, 19 février 2012

"VOUS NE NOUS REPRESENTEZ PAS !"

Disons-le d’emblée, j’éprouve une assez solide détestation pour Indignez-vous, ce factum pondu – pissé, vomi ou pété – par un certain STEPHANE HESSEL, grand notable tiré à quatre épingles, invité des plateaux de télévision qui, bien à l’abri dans son costume trois-pièces très smart et du haut des magnifiques rides courageuses que la sagesse de l’Histoire a déposées sur son beau visage parcheminé et buriné par les ans, donne tout bonnement au petit peuple l’ordre de l’insurrection.

 

 

Mais, pour sa défense, il se trouve que ceux qu’on a appelés (et qui se sont eux-mêmes appelés) « los indignados », ont crié, devant le députoir de Madrid, aux députés espagnols qui votaient des mesures de rigueur pour complaire aux « marchés » et aux « agences de notation », ils ont crié une phrase : « Vous ne nous représentez pas ! ». Cette expression n'est pas tombée dans l'œil d'un paralytique, je vous assure.

 

 

Car cette phrase, ce n’est pas la crier qu’il aurait fallu, c’est l’enfoncer dans le gosier des « élus du peuple » avec le genre de gaveuse électrique à vis sans fin qu’on utilise pour les oies destinées au foie gras. Cette phrase, ce n’est pas STEPHANE HESSEL qui l’a inventée. Ce n’est pas STEPHANE HESSEL qui l’a criée.

 

 

Certes, je n’ai rien par principe contre les « élus du peuple », les dignes « représentants », vous pensez bien, moi si neutre, si terne et si laborieux par nature. Mais je m’interroge : qu’est-ce que ça veut dire, qu’il faut un « représentant », un « élu », un « député » ? Ça veut dire, tout simplement, qu’il n’est pas possible d’asseoir quarante-quatre millions d’individus dans un même hémicycle.

 

 

C’est de cette éprouvette-là que sort le « député officinal », garanti sans O. G. M., dont l’espèce « en plein champ » est exténuée, mais dont la culture sous serre permet de prolonger artificiellement et indéfiniment l’existence disgracieuse, coûteuse, anémique et ripolinée.

 

 

C’est vrai, si tout le monde parle en même temps, il n’y a plus personne pour écouter. Trop de voix qui se chevauchent, ça fait une rumeur ample et profonde, comme un million de trains de millions de wagons qui passeraient sur un million de  voies ferrées à proximité : ce n’est plus une voix qui prononce des paroles, c’est un vacarme assourdissant qui les absorbe et qui les couvre toutes.

 

 

On est donc obligé de sélectionner. Etant obligé de sélectionner, on donne la parole à une voix particulière, qui sera chargée d’exprimer ce qu’auraient pu ou voulu dire les 76.256 voix qu’elle représente (j’ai juste divisé les électeurs par les députés, ça fait une moyenne). C’est la première anomalie.

 

 

Pour les sélectionner, on leur fait passer un concours. Enfin, il faudrait dire 577 concours. On y reçoit 577 pierrots, en général des bons élèves. Et même des premiers de la classe. Rien que ce détail devrait faire dresser l’oreille et heurter le bon sens. Vous trouvez ça normal, vous, qu’il n’y ait que des premiers de la classe à la Chambre des députés ? Moi pas. C’est la deuxième anomalie.

 

 

D’abord la première de ces anomalies. Comment voulez-vous qu’il fasse, le pauvre bougre ? C’est quasiment l’envoyer au casse-pipe. Il faut bien comprendre la chose : il a collecté 76.256 bouts de papier avec des idées, des revendications, des doléances, des suggestions, des conneries, des blagues pas drôles, des blagues salaces, bref, tout ce qui peut sortir de 76.256 cerveaux plus ou moins en bonne santé.

 

 

Déjà et d’une, aucun ordinateur, même surpuissant, n’est en mesure de faire la synthèse, même en quatre pages écrites serré. Alors vous pensez bien qu’un député … ! Il pourrait se contenter de faire la liste, mais là, on en a jusqu’à la nuit des temps. Autre possibilité, il pratique la « lecture rapide », dite aussi « lecture par balayage » ou « lecture de repérage », et il sélectionne ce qui lui semble, à lui, intéressant.

 

 

Réfléchissez : on lui donne un stock de voix et qu’est-ce qu’il fait ? Il commence par lui faire subir un brutal amaigrissement, dans une sélection arbitraire, opérée sur le mode subjectif. Et si on s’interroge sur le nombre de petits papiers qu’il a sélectionnés, ça devient de la folie furieuse. Qu’est-ce qui l’empêche de ne prendre que ceux fournis par les copains, la famille, les obligés, les solliciteurs ? Qu’est-ce qui l’empêche de ne puiser que dans ses propres données personnelles ?

 

 

Conclusion, qu’est-ce qu’il représente, le représentant, le député officinal, garanti sans O. G. M. ? L’élection lui donne, certes, le droit de parler au nom de 76.256 personnes, mais en réalité, c’est la parole de qui, qui arrive à l’Assemblée Nationale ? C’est celle et seulement celle du député lui-même, amplifiée du petit cercle qui l’entoure, le protège et mange au même râtelier.

 

 

Conclusion de la conclusion : les 76.255 (76.256 - 1) personnes qui n’iront pas à l’Assemblée Nationale n’ont plus qu’à fermer leur gueule. Elles ont effectivement – et l’expression est d’une vérité et d’une cruauté incroyables –, donné leur voix.

 

 

Or les enfants le disent bien : « Donner c’est donner, reprendre c’est voler ». Si je donne ma voix, ça veut dire que je ne l’ai plus. Voter, c’est-à-dire déléguer quelqu’un en son lieu et place, c’est perdre sa voix. Et c’est vrai que l’électeur, entre deux élections, n’a qu’une possibilité : la fermer, la boucler, en un mot s’écraser. Les élections législatives rendent le peuple APHONE. Je commence depuis quelque temps à me dire que c'est précisément fait pour ça.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

A suivre et à finir demain.


 

samedi, 18 février 2012

ENVOYEZ UN DEPUTE AU DEPUTOIR

Considérations oiseuses sur la vie politique moderne.

 

 

C’est beau, une chambre des députés, vous ne trouvez pas, avec ses sièges en hémicycle, les uns à gauche, les autres à droite pour respecter les clivages sacrés hérités de l’histoire, avec son velours rouge, ses appariteurs, ses rituels républicains, ses discours et débats, ses duels au couteau, au pistolet, au canon de 75,  ses rigoles en pente prévues pour l’écoulement du sang jusqu’au trou d’évacuation donnant sur un gros bidon qui devait être régulièrement renouvelé ? L’inconvénient de ce système était la fréquence anormale des élections et la consommation excessive de citoyens éligibles.

 

 

Certains vieux parlementaires ayant échappé par miracle aux épouvantables étripades de cette époque héroïque racontent qu’un boucher parisien avait passé un contrat avec l’institution pour collecter le sang après les séances particulièrement houleuses, et qu’il en fabriquait un renommé « boudin de député » absolument délectable, que les meilleures « fines gueules » de la capitale se disputaient, le sang de député étant particulièrement riche du fait d'un protocole très étudié de nourrissage.

 

 

Passons sur ces temps hélas révolus. Je serais quant à moi assez curieux de goûter. Comme quoi il ne faudrait pas laisser perdre certaines traditions. Je ne m’interdis pas de revenir à l’occasion sur telle ou telle recette permettant d’accommoder au mieux le « boudin de député ». Bref, venons-en au sujet du jour.

 

 

Quel architecte sera assez audacieux pour dessiner des plans pour qu’un bâtiment accueille quarante-quatre millions de représentants du peuple ? Car quarante-quatre millions d’électeurs ayant le droit de vote, cela fait, si je compte bien, quarante-quatre millions de citoyens éligibles. Vous vous rendez compte ?

 

 

 

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FRANÇOIS SCHUITEN, ARCHITECTE PARLEMENTAIRE ? 

 

Qu’on se le dise, élire un député constitue à n’en pas douter une censure imposée au peuple. Elire qui que ce soit est un stratagème imaginé pour faire taire la population. Pour l’empêcher de dire ce qu’elle a sur le cœur. Désigner le mandataire ne sert qu’à museler le mandateur. Je m’étonne que ce point de vue ne soit pas plus répandu de nos jours.

 

 

C’est vrai que, s’il a fallu un territoire de plus de 500.000 km² pour loger tout le monde, on se rend vite compte qu’on ne va pas pouvoir construire un monument contenant quarante-quatre millions de sièges. Même en compressant chaque citoyen éligible sous forme de brique empilable. Pourquoi un tel monument ? Pour les débats parlementaires, voyons !

 

 

Imaginez ça : un bureau de vote aussi grand qu’un parlement. Encore plus fort : un parlement aussi grand que la nation. Un seul endroit pour décider de qui et de quoi. Un vaisseau spatial de mille kilomètres de côté, comme dans Le Monde des Ā, d’ALFRED ELTON (A. E.) VAN VOGT, ce roman de science-fiction qui s’efforce de modifier les échelles dans l’esprit des lecteurs, sans rien modifier d’autre dans les histoires.

 

 

C’est vrai qu’un romancier, s’il veut vendre quelques exemplaires, a intérêt à ne modifier qu’un ou deux paramètres des codes narratifs, pas plus. Sinon, ça devient de la littérature expérimentale, et on tombe vite dans des Finnegan’s wake, voire des Tombeaux pour cinq cent mille soldats. Et l’on ne peut plus remonter du fond du trou. Passons.

 

 

Le territoire entier comme parlement, on a pu voir ça, éventuellement, sur des confettis politiques du genre de Genève au temps de Calvin, ou sous l’arbre à palabres des villages de la brousse africaine aux temps anciens. En France, 65.000.000 d’habitants, 44.000.000 d’électeurs potentiels (soyons poli, il faut dire « inscrits »), vous imaginez ça ? Impossible. Rigoureusement inenvisageable.

 

 

Et un pays de 300.000.000 d’électeurs ? Dans la célèbre fourmilière géante du Japon (ce n’est pas un gag, c’est une vraie fourmilière avec de vraies fourmis), qui détient ce record d’habitants au m², heureusement, les fourmis n’ont pas le droit de vote, sans ça, c’est l’anarchie. De toute façon, je l’ai dit il y a quelques jours ici même, plus on est nombreux, moins l’individu existe. Quand le nombre des individus tend vers l’infini, l’importance de chacun tend vers zéro.

 

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Mais chez les fourmis, il n’y a pas d’individus, ou plutôt, ils sont interchangeables. Chez la fourmi, pas d’état d’âme, pas de conflit œdipien, pas de jalousie amoureuse, pas de duels fratricides, on se demande même si c’est bien humain, une fourmi. Rien qu’une fonction sociale. Pas une personne, juste une fonction. Au moins, tout le monde est utile, les seuls chômeurs, ce sont les morts.

 

 

La société capitaliste a remédié à cette carence manifeste : elle a inventé l’individu inutile, autrement dit la personne démunie de toute fonction. La société humaine capitaliste est peut-être la seule à avoir inventé l’individu qui ne sert à rien. Elle a longtemps dépensé beaucoup d’énergie à pourchasser à coups de lois, voire à persécuter à coups de police ces gens superflus qu’elle avait elle-même créés.

 

 

Comme on ne peut toujours pas les faire disparaître, malgré tous les perfectionnements techniques à disposition et l'évolution favorable des mentalités – pourtant ce n’est pas l’envie qui en manque à certains, mais il paraît que ça ne se pratique pas encore beaucoup, du moins officiellement et en public –, on  les annihile, on les anesthésie, on les achète avec des R. M. I., des R. S. A., des Restos du Cœur et des Banques alimentaires. Comme ça au moins, on est sûr qu’ils ont honte et qu’ils se tiennent tranquilles.

 

 

Comme le chante sobrement FÉLIX LECLERC, « l’infaillible façon de tuer un homme, c’est de le payer pour être chômeur, et puis c’est gai dans une ville, ça fait des morts qui marchent ». Et surtout, on leur fait croire qu’ils gardent envers et contre tout leur « dignité » en leur laissant le droit de vote, il ne faut pas exagérer : bouche inutile, certes, mais s’agissant d’élections, chaque voix compte. Même celle des « morts ».

 

 

Les seuls qui sont interdits de vote, chez nous, ce sont les S. D. F. Ben oui, quoi, tu reçois une carte d’électeur seulement si tu habites. Si la police peut te retrouver à une vraie adresse, répertoriée. A la mairie, sur la liste, tu ne peux pas te faire enregistrer comme habitant sous le pont Lafayette. C’est trop précaire, comme adresse. C’est sujet à divers aléas.

 

 

D’abord et d’une, où est-ce qu’elle est, la clé ? Et la porte ? Tu ne peux même pas fermer les fenêtres pour arrêter les courants d’air. On a donc bien raison de faire comme s’ils n’existaient pas, les S. D. F. Je vais vous dire : électoralement, les S. D. F., c’est du vent. C’est vrai qu’il y a onze députés représentant les Français de l’étranger, mais qui aurait l’idée de donner des députés aux S. D. F. ? Ils n’en ont pas besoin, ils se suffisent à eux-mêmes, en quelque sorte.

 

 

Conclusion, seuls les citoyens en état de marche sont habilités à députer. Divagations à suivre. Ça s’appellera peut-être « des électeurs qui députent », « députer » étant un verbe (si si !) du premier groupe, dont je propose la définition suivante : « envoyer au députoir ».

 

 

Puisqu’on parle d’urnes, jetez donc un œil sur la « Gazette de Solko n° 18 », et pendant que vous y êtes, sur « les Dupondt sont en campagne ».

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

vendredi, 17 février 2012

LE DEPUTE, RAPPORT QUALITE / PRIX

Qu'est-ce qu'un DEPUTÉ, dans le fond, quand on pose la question sous l'angle du rapport qualité / prix ?

 

 

Dans le commerce, dans notre merveilleuse société de consommation, pour toute marchandise vendue, on est en mesure de calculer le « rapport qualité / prix ». A cet égard, n’importe quel objet vraiment durable, et vendu à prix modique, peut être considérée comme d’un bon rapport qualité / prix. De ce point de vue, le coût d’un député peut être jugé exorbitant.

 

 

Le rapport qualité / prix du député ne se mesure pas tout à fait comme celui d’un produit de lavage, parce que la date limite de vente est fixée une fois pour toutes à cinq ans. Mais renouvelables. Indéfiniment renouvelables, pour être précis. Certains députés sont des rentiers.

 

 

Observons le député commun, le député officinal, pour ainsi dire, certifié sans O. G. M. Qu’est-ce qu’il rapporte, au consommateur qui l’a acheté (« élu » est le terme habituel) ? Il rapporte des lois. Du moins il est supposé le faire. Voyons cela.

 

 

Vous avez désormais pris l’habitude de voir le Président, NICOLAS SARKOZY, sauter sur chaque fait divers dramatique pour rassurer l’opinion publique alarmée par « la montée de l’insécurité ».  Vite fait sur le gaz, vite écrite sur un coin de table, il fait rapidement pondre par quelques volailles une loi « ad hoc » (ou « loi de circonstance »), la fait inscrire et voter selon la procédure « d’urgence » (une seule lecture) au Parlement.

 

 

La télévision est contente, elle a eu sa dose de spectacle, de discours martiaux du Président et de ses sbires gouvernementaux, genre « je ne tolérerai plus », et le soufflé n’a pas eu le temps de retomber que – abracadabra ! – la loi est votée et l’opinion publique rassurée. « Trop fort ! », s’exclame-t-on unanimement dans la salle commune de la maison de retraite, lieu habituel, on le sait, de déchaînement soudain de la violence aveugle.

 

 

Or ce qu’il faut savoir, c’est que, quand une loi est votée, elle reste lettre morte si son adoption n’est pas suivie de la signature de divers décrets d’application et arrêtés. Vous vous souvenez de l’élu présidentiel de 2007 ? Faut-il vraiment redire son nom ici ?

 

 

Eh bien c’est tout simple, pour l’année 2007-2008, 24,6 % des textes réglementaires sont entrés en application. Pour les lois déclarées en « urgence », le taux d’application tombe à 10 %. Résultat ? Les lois n’entrent pas en vigueur (source : Sénat). Et je ne crois pas que le rendement, les années suivantes, se soit beaucoup amélioré.

 

 

Certains députés se sont émus de la chose, disant qu’on leur faisait faire un travail de singe, à voter dans la précipitation des textes de loi mal rédigés et qui n’ont guère de chances d’entrer en vigueur faute des décrets d’application subséquents.

 

 

Conclusion, quant à la « qualité », le député officinal se situe très bas sur l’échelle. Des esprits malintentionnés pourraient même aller jusqu’à interpeller le député officinal et lui demander : « A quoi sers-tu ? ». Je ne pense pas me tromper beaucoup en supposant qu’il protesterait énergiquement.

 

 

On le comprend, on ne quitterait pas sans de vifs regrets une table où le menu offre invariablement fromage ET dessert. Le repas est si plantureux qu’il sert, forcément et par définition, à quelque chose.

 

 

Il faudrait ajouter, pour être honnête, que la Constitution de la 5ème République ne place pas le député, mais le Président au premier plan. Le gouvernement apporte des « projets de loi », les députés apportent des « propositions de loi ». Mais combien de « propositions » sont en fait des « projets », induits par les amicales pressions du Président ou susurrés à tel ou tel par le gouvernement ?

 

 

De toute façon, quand on voit la discipline quasi-militaire que fait régner le pouvoir dans la majorité parlementaire, en usant tour à tour du charme (« si tu es gentil, je peux te faire avoir un poste intéressant à la Cour des Comptes ») et de la menace (« si tu n’es pas gentil, tu sais que j’ai la haute main sur la commission de validation des candidatures aux prochaines législatives, réfléchis bien »), on a tendance à voir dans le député un « obscur », un « sans-grade », simple masse de manœuvre mise en place grâce à une pure et simple légalité.

 

 

Au surplus, une petite moitié des lois votées sont seulement des transpositions de directives européennes dans le droit français. J’ai envie de dire : n’en jetez plus. D’ici qu’on ne voie dans le député français qu’une potiche, un simple décor de théâtre, il n’y a pas loin. L’efficacité du député tend vers zéro. Nous allons voir maintenant que son coût, s’il ne tend pas vers l’infini, en prend le chemin.

 

 

Oui, après la « qualité », examinons le « prix » : l’indemnité d’un parlementaire en France est de 7100 €, cumulable avec une indemnité reçue à titre local dans la limite de 8272 € et une queue de cerise. GERARD COLLOMB, qui est sénateur et maire de la ville de Lyon, perçoit donc cette somme. Il est également Président de la COmmunauté URbaine de LYon, mais ses services refusent de communiquer sur le sujet.

 

 

Le site Politiquemania indique cependant le chiffre de 5.512 €. Je vous laisse faire le calcul. Je ne me trompais pas trop en parlant de fromage ET dessert, mais là, s’il les touche effectivement, c’est carrément la « ronde des desserts ».

 

 

On comprend que monsieur GERARD COLLOMB soit un farouche partisan du cumul des mandats. On n’est pas obligé de croire monsieur GERARD FACON (http://lafitte-vigordane-le-citoyen-vigile.over-blog.com/article-voyage-chez-les-forcats-de-la-republique-96735508.html), qui évalue sur son blog les sommes reçues chaque mois par GERARD COLLOMB à 19.385 €. Sûrement un jaloux. Un élu, un notable de la « surface » de COLLOMB peut-il s’affranchir de la règle du plafonnement ? Je pose juste la question.

 

 

Loin de moi l’intention de jeter l’anathème sur la fonction d’élu du peuple, mais, une fois rassemblées les quelques données ci-dessus, je finirais presque par trouver que le député est décidément hors de prix.

 

 

Et je me pose la question : « Est-ce que, au prix qu’elle la paie et vu la faible qualité des résultats obtenus, la France a les moyens de rester une démocratie ? ». Oui, la France ne vit-elle pas au-dessus de ses moyens en entretenant des institutions coûteuses et surtout lourdes et  inefficaces ? Sans parler de la « crise » …

 

 

Je me rassure en me disant que, de toute façon, l’idée démocratique elle-même est dans un tel état que, un peu plus, un peu moins …

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

 

 

 

 

jeudi, 16 février 2012

PÊLE-MÊLE D'UN CARNET DE LECTURE (4)

L'Oiseau bariolé, JERZY KOSINSKI 

 

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Je préviens tous ceux qui n'ont pas lu ce livre : attention, c'est du brutal. Ça se passe en Europe centrale, pendant la deuxième guerre mondiale. Le narrateur est un adolescent que les violences et les atrocités dont il a été témoin ont privé de l'usage de la parole.  

 

 

Le titre est expliqué je ne sais plus où : dans une troupe d'oiseaux identiques, capturez un individu que vous allez peindre de toutes sortes de couleurs, relâchez-le et observez. Il rejoint ses congénères, mais comme ceux-ci ne le reconnaissent pas, ils le chassent. Lui, il ne comprend pas, il insiste, il revient. Cette fois, ce sont des coups de bec. Je ne sais plus s'il finit par être tué, en tout cas, le message est clair.

 

 

J'ai lu peu de livres aussi violents. A désespérer de l'humanité, et pourtant pas complètement, car chacun est capable de trouver en lui-même la force indestructible de faire face aux pires situations. Optimisme paradoxal, peut-être, mais optimisme final, après être souvent passé par l'impression de revenir à des états humains proches de l'animalité. Prodigieux. Voici quelques pilules pour se faire une minuscule idée de la chose.

 

 

 

« En l’écoutant parler, je pensais au lièvre que Makar avait un jour pris au collet. C’était un grand et bel animal. On sentait en lui un besoin de liberté, un profond désir de gambader, de bondir, de filer dans la campagne. Enfermé dans sa cage, il devenait enragé, grattait le sol de ses pattes, se cognait la tête contre le grillage.  

 

Au bout de quelque temps, Makar, furieux, lui jeta dessus une lourde bâche. Le lièvre se débattit d’abord comme un diable, mais finit par se rendre. Il s’apprivoisa peu à peu, jusqu’à venir manger dans ma main. Un soir qu’il était ivre, Makar oublia de refermer la porte de son clapier. Le lièvre bondit dehors et partit vers la prairie. Je crus qu’il allait plonger dans les hautes herbes et disparaître à jamais. Mais il semblait savourer sa liberté et demeurait assis, les oreilles dressées.  

 

Des champs et des bois lointains lui parvenaient des bruits qu’il était seul à entendre et à comprendre, des effluves et des parfums qu’il pouvait seul apprécier. Puis tout à coup, il changea d’attitude. Ses oreilles retombèrent, il se tassa sur lui-même. Il fit un bond, ses moustaches frémirent, mais il ne s’enfuit pas. Je sifflai de toutes mes forces dans l’espoir de l’éveiller au sentiment de sa liberté.  

 

Mais il se contenta de tourner en rond puis, comme soudain vieilli et diminué, il retourna en rampant vers son clapier. Il passa devant les lapins étonnés et sauta dans sa cage. Je n’avais plus qu’à refermer la porte. En vérité, il portait sa cage en lui-même ; elle lui entravait le cœur et l’esprit, elle paralysait ses muscles. La liberté, qui le distinguait jadis des lapins amorphes et résignés, l’avait déserté, comme le parfum s’envole à l’automne du trèfle desséché. »

 

 

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Et que pensez-vous de ce passage ?

 

« Par les beaux jours d’été, le Silencieux et moi, nous marchions le long de la voie, sur les traverses brûlantes de soleil, évitant les cailloux qui meurtrissaient nos pieds nus. Parfois, quand les garçons et les filles du quartier jouaient du côté de la voie, nous leur offrions un spectacle. Quelques minutes avant l’arrivée du train, je me laissais tomber entre les rails face contre terre, les bras au-dessus de la tête, en m’aplatissant sur le sol le plus possible.

 

Le Silencieux, à grands gestes, assemblait le public. Lorsque le train approchait, je sentais le grondement des roues sur les rails et les traverses, si fortement qu’il me faisait moi-même trembler. Quand la locomotive arrivait sur moi, je m’aplatissais davantage encore et m’efforçais de ne plus penser. Elle m’enveloppait de son haleine brûlante, elle roulait furieusement sur mes reins. Puis les wagons se succédaient au-dessus de ma tête, au rythme fracassant de leur ferraille et, en attendant la fin du convoi, je repensais à l’époque où nous jouions au même jeu, avec les jeunes paysans des villages que j’habitais.

 

 

Une fois, juste en passant au-dessus du garçon couché entre les rails, le mécanicien avait lâché une giclée de braises brûlantes. Après le passage du train, nous avions retourné le corps du garçon, calciné comme une pomme de terre oubliée dans le four. Certains affirmaient que le chauffeur avait vu leur camarade par la portière de la locomotive et lâché les braises à dessein. Je me souvenais aussi qu’un manchon d’attelage qui traînait un peu trop bas derrière le dernier wagon avait un jour heurté la tête d’un camarade couché sur la voie. Son crâne avait éclaté comme une cosse de pavot.

 

         « Mais malgré ces sinistres souvenirs, je trouvais prodigieusement grisant de rester ainsi couché entre les rails, tandis que le train défilait sur ma tête. Entre l’arrivée de la locomotive et le passage du dernier wagon, je voyais glisser une image de ma vie plus pure qu’une rivière de lait filtrée à travers un linge. Rien ne comptait plus que le seul fait d’être vivant. J’oubliais tout, l’orphelinat, le Silencieux, Gavrila, et ma condition de muet.

 

J’éprouvais tout au fond de cette expérience insensée une joie nouvelle et sans mélange : survivre. Quand le train était passé, je me relevais, les mains tremblantes et les jambes faibles. J’éprouvais une satisfaction plus grande que celle qu’avait pu me procurer une vengeance particulièrement violente sur un de mes ennemis. J’essayais de préserver en moi ce sentiment pour l’avenir. Dans un moment d’angoisse ou de peine, je pourrais en avoir besoin. En comparaison de la terreur qui s’emparait de moi quand le train m’arrivait dessus, toute autre frayeur m’apparaissait bénigne. »

 

 

 Allez, un dernier petit pour la route.

 

« Nous nous levions très tôt. Sous mon regard indulgent, le vieil homme s’agenouillait pour prier. A son âge, et bien qu’élevé à la ville, il se comportait comme un simple paysan : il ne pouvait accepter l’idée qu’il était seul au monde et ne devait attendre l’aide de personne. Or, chacun de nous est seul, et mieux vaut savoir tout de suite que les Gavrila, Mitka et autres amis ne font que traverser notre vie. Peu importe qu’on soit muet – puisque, de toute façon, les hommes ne se comprennent pas. Ils se heurtent ou se plaisent, s’embrassent ou se piétinent, mais chacun ne pense qu’à soi. Nos émotions, nos souvenirs et nos sens nous isolent des autres aussi sûrement que le rideau des roseaux sépare un fleuve de sa berge. Pareils aux cimes neigeuses des montagnes, trop hautes pour passer inaperçues, trop basses pour atteindre le ciel, nous nous regardons les uns les autres, par-delà d’infranchissables vallées. »

 

 

RICK, un copain américain, disait fumer des choses illicites pour un seul motif : « To enlarge my consciousness », prétendait-il. Moi, je ne voulais pas le contrarier, même si, bon, bref, bof. Personnellement, j'ai plutôt tendance à attribuer cette vertu à la littérature en général, et à quelques livres en particulier.  

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

mercredi, 15 février 2012

PÊLE-MÊLE D'UN CARNET DE LECTURE (3)

La Harpe et l’ombre, ALEJO CARPENTIER (1979) 

 

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Une variation intéressante, mais aussi un peu fastidieuse, autour de Christophe Colomb et d’un procès en béatification au 19ème siècle. L'explorateur (un soudard, disons-le) sera-t-il élevé au rang de saint ? Une masse de documents recensée, mise en valeur de tel ou tel côté, une masse de littérature, un cosmopolitisme incroyable. L’Amérique latine digère l’art littéraire du monde entier, et révèle une soif dévorante.

 

 

Mais aussi (BORGES, MARQUEZ, VARGAS LLOSA, quelques autres) une terre qui a tellement peu de passé authentique, fait d’une histoire tellement accidentelle et liée aux circonstances, qu’on sent une envie de se hisser à une dimension planétaire, en ramifiant à l’infini les fils conducteurs qui mènent à d’autres cultures.

 

 

C’est ici un peu un devoir de bon élève. Du style, mais porté par l’arrière-pensée que l’auteur veut faire sentir à propos de son héros, grandiose et dérisoire. La mort du héros ? Non, blessé seulement. Pourquoi l’occident fut-il vulnérable aux images de héros ? A quelle sorte de héros appartiennent les saints ?

 

 

Pays natal, ANDRÉ DHÔTEL (1966)

 

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Comprend-on jamais quoi que ce soit à sa vie ? On vit, on souffre, et ça ne s’explique jamais. Plutôt qu’on vit, il faudrait dire : on est vécu. On n’a jamais assez de distance par rapport à soi. Comment d’ailleurs y parvenir ? A la maîtrise sur sa vie, surtout ? Ce n’est jamais que dans un après-coup que l’on comprend ce qu’on a fait. Alors ne faut-il pas commencer par faire ? Et se laisser advenir, et laisser ce qui doit advenir ?

 

 

Angélique et Félix se seront laissés vivre par la vie, sans jamais rien y comprendre ni maîtriser. Mais ils ne seront en fin de compte jamais sortis du Pays Natal. C’est lui qui les aura gardés, malgré leurs rêves d’ailleurs et d’autre chose. Jamais de racines coupées, mais un arbre de doute qui pousse malgré le pessimisme. Prose agaçante de simplicité voulue. Bouvard et Pécuchet.

 

 

Le Retournement, VLADIMIR VOLKOFF (1979)

 

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Horloge romancière. Espionnage et littérature. Par là-dessus : Dieu. Les Communistes. Les Américains. Les Français. Leur guéguerre. Qui manipule qui ? Où est la vérité. Il n’y a pas de vérité : il n’y a que l’action. Mais à son tour, l’action est soumise au doute radical. Que ce livre est bien ficelé ! Un vrai travail de professionnel de la construction.

 

 

L’auteur n’est pas un amateur, et prend le temps et les pages pour entrer en profondeur dans les choses et dans les gens. Loin d’être un livre anticommuniste, c’est un livre contre les idéologies. Des clichés, surtout les portraits : l’Américain rustaud, le Russe froid et calculateur. Les Français, amateurs invétérés, face aux gens vraiment sérieux, mais qui se creusent une place à coups d’astuce. Qu’importe, c’est bien fait.

 

 

« Pour réussir dans un conflit aigu, il faut l’aborder avec une attitude psychosomatique particulière, un équilibre parfait et délibérément précaire entre l’appétit de la victoire et l’indifférence à la défaite, quelque chose de l’agir sans agir de la Bhagavad Gitâ, le paradoxe de la prise et du détachement. »

 

 

Le Lac, KAWABATA YASUNARI (1955, 1978 en français)

 

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RECEVOIR LE NOBEL N'EMPÊCHE PAS LE SUICIDE 

Gimpei Momoï, prisonnier de l’image d’un lac maternel (p. 178), poursuit toute sa vie des images, par rapport auxquelles son attitude fascinée oscille entre la fuite et le meurtre. Mais le meurtre n’est jamais réalisé, et la fuite ne fait jamais disparaître les images. L’étouffement conduit en fin de compte à la dérision : la rencontre avec une inconnue bizarre, en bottes de caoutchouc, imbibée d’alcool, et qui a une fille.

 

 

Gimpei côtoie ce monde où les personnages ne savent pas que chacun d’eux le connaît, cloisonnant leurs impressions, chacun pour soi. Miyako : le sac. Arita : les discours. Hisako : le lycée. Machié : dernière poursuite. Tous prisonniers, et Gimpei de ses images, sensible jusqu’à pleurer d’émotion, et traité par deux personnes de « vieux cinglé », redouté par les autres, qui le trouvent dangereux, sans qu’il le soit jamais. Gimpei est enfermé dans le fantasme.

 

 

Tous les étages de sa vie superposés. Mère, Yogoï, Hisako, Machié : la même image en fin de compte. Image de Gimpei grimpant à la colline, et visualisant, sous le couvercle de la croûte terrestre et, marchant en miroir par rapport à lui, un bébé : celui qu’il a fait, ou celui qu’il a été ? L’évocation du meurtre fait penser à l’Igor Popov du Retournement, lui aussi prisonnier sans le savoir d’images du passé, jusqu’à la révélation.

 

 

Littérature, tous ces mondes.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

lundi, 13 février 2012

LOI DU NOMBRE ET DEMOCRATIE

Je pose aujourd’hui une question puissante, attention les yeux, ça va décoiffer : qu’est-ce que la démocratie ? Je vous préviens, on n’est pas à Sciences-Po. Je pars du ras des pâquerettes, et j’y resterai peut-être, allez savoir. La démocratie ? Jusque-là, rien à dire, ça reste assez simple : l’expression de la « volonté générale ». A partir de là, vous allez voir, la volonté « générale », elle n’arrête pas de vous serrer le kiki et la ceinture.

 

 

Parce que là où ça se complique, c’est quand on demande : c’est quoi, la « volonté générale » ? Naïvement, je réponds, déjà embarrassé : c’est la volonté de tous, du peuple, de tout le peuple, je veux dire  de chacun des membres du peuple, que sais-je ? C’est le « peuple souverain », bien connu de sa concierge.

 

 

Oui, mais comment vous allez savoir ce que c’est, la volonté de chacun ? La réponse est tout bonnement impossible. En 1789, la France comptait 27.600.000 habitants, « en comptant les femmes et les petits enfants » (FRANÇOIS RABELAIS). Comment veux-tu faire ? Le NOMBRE est en soi un obstacle à la démocratie. Je ne parle pas ici de délégation et de représentation, notez bien, juste du NOMBRE.

 

 

Parenthèse sur « La démocratie culinaire » (inspiré par Les Petits plats dans les grands, « La méthode illustrée par l’exemple », HENRI-PIERRE D’ACREMANT, Firmin-Didot éd., 1884, beau frontispice en couleur, plusieurs chromolithographies hors-texte, nombreuses gravures in-texte, jamais réédité).

 

 

Suppose que c’est toi qui es dans la cuisine. Mettons qu’autour de la table, ils ne sont pas trop nombreux, disons vingt. Le problème, c’est que chacun est venu avec son menu à lui. Vingt menus complètement différents : vingt entrées, vingt plats, vingt desserts. Comment tu fais, toi, devant ton piano et tes gamelles ? Le problème de la démocratie, il n’est pas ailleurs, il est là.

 

 

Alors on simplifie. Tiens, regarde les repas que tu fais entre collègues, en fin d’année ou à l’occasion d’un départ ou d’une retraite, comment ça se passe. Ça dépend du restaurant, mais ça m’étonnerait qu’on aille au-delà de trois propositions de menus. Ça fait trois entrées, trois plats, trois desserts. Ce n’est pas beaucoup, mais les gens considèrent que ce n’est déjà pas mal. Chacun, donc, avant même d’être à table, a déjà intériorisé l’idée qu’il va falloir qu’il restreigne ses désirs. Fermeture de la parenthèse.

 

 

La démocratie, c’est exactement ça : comme on est trop nombreux, la cuisine ne peut plus suivre. On est obligé de réduire le choix. La démocratie, c’est d’abord une restriction de chacun à des dimensions plus modestes que son individu individuel. Le serrage de ceinture, il commence là : plus on est nombreux, moins chacun a de surface démocratique individuelle.

 

 

Plus on est nombreux, moins on compte, et moins on existe. C’est mathématique et inversement proportionnel : ta part de vie dans le nombre décroît quand le nombre croît. Comme au loto : plus il y a de combinaisons possibles, plus les chances de gagner diminuent.

 

 

D’un point de vue démocratique, un Chinois, en comptant un milliard d’inscrits (en supposant que …), existe à peu près vingt-cinq fois moins qu’un Français (quarante millions). Moralité : plus tu es nombreux, plus la démocratie t’écrase, toi, individu ! Qu’est-ce que c’est, finalement, un individu ?

 

 

Oui, nous sommes trop nombreux pour que chacun de nous ait une véritable existence politique. Et c'est d'autant plus vrai depuis que la montée en puissance de l'Europe aux dépens des nations a rendu encore plus évanescent le pouvoir de chaque individu sur la marche des choses.

 

 

Alors la démocratie ? Tiens, comment ils ont fait, en 1789 ? Ils ont fait comme pour la pyramide : plus tu montes, plus c’est étroit, et moins il reste de place pour toi. Appelons ça la réduction de l’individu (façon réducteurs de tête). Au départ, soyons franc, tu as l’impression que tout est possible. La base s’exprime. Tout le monde frétille de la queue (ou du croupion, c’est selon). A l’arrivée, même pas un atome de croupion.

 

 

Il arrive la même chose aux molécules en homéopathie, vous savez, les CH (« centésimale hahnemannienne »), la mémoire de l’eau (les tribulations « scientifiques » de JACQUES BENVENISTE) et tout le tremblement : au départ, une molécule en pleine possession de ses moyens, bien vaillante et prête à l’emploi.

 

 

A l’arrivée, qu’est-ce qui reste, sinon rien ? Car 9 CH, c’est un centième répété neuf fois, je vous laisse calculer tous les 0 que ça fait après la virgule, pour ce qui reste d’actif dans le tube à essais. Mais je ne voudrais pas déclencher une polémique.

 

 

Pour un phénomène analogue d’évanouissement de la réalité dans sa quintessence abstraite et virtuelle, on pourra préférer la page 441 de l’intégrale de la Rubrique-à-Brac de GOTLIB, où l’escargot disparaît carrément par le fond de sa coquille, et où le cher professeur Burp se lamente : « Escargot mon ami, qu’as-tu fait de ta vie ? ».

 

 

 

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N'AYANT PAS TROUVE L'ESCARGOT,  JE VOUS PRESENTE

LE PROFESSEUR BURP EN COMPAGNIE DE L'HYENE

(si si, c'est comme ça qu'on dit et qu'on écrit)

 

La loi du nombre, appelons ça le point extrême de la dilution. Je vais vous donner un exemple. J’ai vu construire une « pyramide » en 2003 dans l’Education Nationale : tous les « partenaires » de la « communauté éducative » se réunissent en différentes commissions, dont chacune rédige un document résumant les idées émises. Cela fait une dizaine de commissions dans chacun des 11375 établissements (public + privé) du second degré. Je vous laisse calculer le nombre de documents.

 

 

Puis ces synthèses sont rassemblées par le chef, qui les envoie au rectorat. Les fonctionnaires rectoraux rédigent une synthèse académique et l’envoient à Paris. Là, des fonctionnaires ministériels élaborent, à destination du ministre, un document qui synthétise l’ensemble.

 

 

La « Commission THELOT », ça s’appelait. « Quelle école pour demain ? », ça demandait. Résultat, la bouche du ministre de l’époque a laissé tomber face aux caméras une bouse de vache, et tout est retombé dans le silence. Comme dit la sagesse populaire, c’est la montagne qui accouche d’une bouse de vache. Ce qu’on pourrait appeler une synthèse de synthèse de synthèse de synthèse de synthèse de synthèse de synthèse … « Mammouth mon ami, qu’as-tu fait de ta vie ? », se lamente le professeur CLAUDE ALL… euh, non, le professeur Burp.

 

 

Et, bonne pomme, je n’ai même pas tenu compte du fait que les conclusions étaient déjà toutes prêtes et connues du ministre avant l’élaboration de la montagne pondeuse de bouses de vache par ministre interposé. J’ai fait comme si tout ça n’était pas un simple cinéma à grand spectacle pour dire au bon peuple spectateur qu’on a les dossiers bien en main. Au moins, personne ne pourra dire que le système n’est pas démocratique. Les personnels ont été consultés, on leur a demandé leur avis, c’est sûr. Qu’on s’asseye dessus ensuite, tout le monde s’en fiche.

 

 

Dans la loi du nombre, elle est là, la mort démocratique. L’individu infinitésimal, molécule vivante diluée des millions de fois dans le tube à essais électoral, qu’il dise quelque chose ou qu’il ne dise rien, cela revient au même. Pesé grain de sable après grain de sable sur les balances de précision de la machine statistique, l’individu infinitésimal n’existe plus. On aura beau me seriner que l’individu est la pierre angulaire de l’édifice démocratique, je persisterai à me gausser.

 

 

« Tu te rends compte, si tout le monde faisait comme toi ? » Oui, je me rends compte. Et alors ? Beaucoup de gens font d’ores et déjà comme moi. Ils s’abstiennent de voter. Ils ont peut-être pris conscience de la fiction que leur existence politique constitue, va savoir. Le char d'assaut médiatique a beau leur rouler sur les neurones avec ses obus chargés de devoirs civiques, ils ont cessé d'y croire, à cette histoire : « Chaque voix compte, la tienne est aussi importante que toutes les autres, tu ne vas pas nous faire ça ».

 

 

Et puis il faut aussi comprendre une chose : quelle existence politique ont eue, après 2007, les 17.000.000 d'électeurs qui ont voté SEGOLENE ? Rien, que dalle ! Qu'est-ce que c'est, aussi, ce système où une quasi-moitié du corps électoral est écrasée purement et simplement ? Qu'est-ce que c'est, la loi de la majorité ? Un moyen de faire taire la minorité. « Vous n'avez qu'à être majoritaires », entend-on. Mais j'y reviendrai, sur le scandale majoritaire.

 

 

Qu’est-ce qui leur manque, à ceux qui votent avec leurs pieds aux élections ? Il leur manque l’impression toute simple d'exister politiquement, de peser, d’être pour quelque chose dans la marche des choses, de voir leur volonté (pas leur opinion) prise en compte dans les décisions. Ce n’est pas avec des « débats participatifs » à la SEGOLENE, avec des « comités de quartier » qu’on arrivera à leur donner cette impression. C’est en leur donnant un pouvoir de décision, un vrai. Comment ? Ah, je l’ai dit au début : on n’est pas à Sciences-Po. Vous n'avez qu'à demander aux experts. Ils savent tout.   

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

APRES-PROPOS : l'actualité nous montre une curieuse parenté qui s'installe entre deux pays pourtant à des années-lumières l'un de l'autre. Pendant que la « communauté internationale » élève la voix contre le meurtre collectif d'Etat commis par le régime syrien contre son propre peuple et fait quelques efforts pour l'empêcher, la « communauté européenne » abat la griffe de son autorité sur le pouvoir grec pour obliger celui-ci à réduire son propre peuple à la misère. C'est la logique droit-de-l'hommiste contre la logique financière. Devinez qui va gagner. Les deux, mon général. JANUS BIFRONS aura encore frappé.

 

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LA GUERRE OU LA GUERRE ?

PILE JE GAGNE, FACE TU PERDS

 

 

 

samedi, 11 février 2012

PÊLE-MÊLE D'UN CARNET DE LECTURE (2)

Famille, PA KIN (1933). 

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Un poète habité par une théorie sociale, qui cherche à démontrer, mais reste inspiré. Les douleurs semblent souvent très verbales, comme les joies. « Mais l’air continuait à vibrer d’échos plaintifs. Tout le jardin sanglotait à voix basse. » Trop de volonté de montrer des trajectoires, en particulier celle d’Eveil de l’Intelligence. Mais je lui suppose une tendresse pour l’amour contrarié et finalement malheureux de Prunier des Frimas et Eveil du Nouveau. Nostalgie ? La Tribu et les Conventions. Grand réalisme dans la peinture de la sincérité des sentiments comme liens familiaux. Le Devoir sacré. Les Fêtes. La Chine, même pré-communiste, c'est toujours plus complexe que ce qu'on croit.

 

 

La presqu’île, JULIEN GRACQ (1970)

 

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Comment étirer le temps par la magie d’une écriture à la mesure de son ambition, mais obsédée par le végétal, l’élémentaire, qui se révèle comme la seule réalité, tout le reste des constructions humaines, l’amour en particulier, étant voué à la dérision, à l’absence, à l’indifférence ? Un homme obsédé par le pouvoir du songe, le songe épuisant la réalité, bien plus que la vie même. La Route : la route comme coupure d’avec le réel, la route comme fil du rasoir. La Presqu’île : une route tellement proche du songe et de l’homme qu’elle rend la vie inutile. Le Roi Cophetua : Lieu troublant d’une absence, absence de l’hôte, absence de l’autre, qui rend possible une coïncidence. La servante maîtresse, version nouvelle. Peuplé d’indifférence. 

 

Mémed le mince, YACHAR KEMAL (1955)  

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La société rurale, féodale. Un rendu du verbe chez les hommes. Mélange incroyable de soumission fataliste et de passion. Tout ce qui est de l’ordre du discours, vraiment très spécial. Tout ce qui apparaît des relations entre les gens. Tout cela sur une grille de conventions verbales et gestuelles très dépaysante. Valeur exotique de ce récit, dans un pays encore analphabète où la parole est d’or, où les paroles sont les personnes. On est dans une région minuscule, alors que la lecture du livre donne l'impression de parcourir des espaces immenses, à la façon d'un explorateur parti à l'aventure.  Récit symbolique : Mémed fait lever un nouvel ordre de justice, mais doit perdre sa femme Hatché et son fils pour rester lui-même. Moralité : rien n’est définitif.  

 

Dormir au soleil, ADOLFO BIOY CASARES (1973)

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Etude de l’écart entre les faits et un langage individuel. La réussite de l’auteur est d’arriver à faire sentir au lecteur la distance entre, d’une part, le monde intérieur d’un homme, la construction mentale de ce monde, l’organisation et l’agencement de ses éléments et, d’autre part, la description minutieuse d’une réalité objective, évidente à la lecture, et cela, sans jamais sortir du récit à la première personne. Ou : comment un homme parvient à se masquer la réalité. Le pouvoir féminin y est dépeint par quelqu’un qui en a sûrement souffert ou qui en a été un témoin proche. Lapsus d’Adriana Maria, qui dit « arbre gynécologique » pour « généalogique ». Une maison sans femmes (Aldini). La psychiatrie. Une intrigue qui tient debout, et qui plus est, passionnante variation sur le thème de la métempsychose.

 

 

Littérature, merci.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.