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mardi, 10 janvier 2017

LA GAUCHE COSMÉTIQUE 2

2/3 – Le progrès sociétal.

Alors en quoi au juste consiste-t-il, ce « progrès sociétal » ? Une fois admise par les autoproclamés « ennemis de la finance » la primauté de l’argent comme valeur, une fois qu’on s’est délesté de la lourde et fastidieuse tâche de travailler à améliorer les conditions de la vie réelle des hommes, qu’est-ce qui reste à changer, qui puisse passer pour un « progrès » ? Eh bien puisqu’on a renoncé à changer les choses, peut-être pourrait-on proposer aux gens de changer les signes des choses, qu’est-ce que vous en dites, les gars ?

Moins risqué, plus facile à manier, ça aura l’avantage de faire un beau rideau de fumée qui masquera toutes les régressions et dégradations que ceux d’en face ont bien l’intention de faire subir à la réalité. Entre parenthèses, la conversion de la petite gauche à l'univers des signes plutôt qu'à celui des choses concrètes lui a permis de tourner carrément le dos à cette réalité dégradée et dégradante, lorsque l'économie financiarisée a trouvé plus juteux de vendre l'industrie française à la Chine et à quelques autres pour accroître les profits en faisant passer les salaires des travailleurs de la colonne "investissements" à la colonne "coûts".

C'était quoi le raisonnement de la gauche-croupion ?  En substance : on va délaisser l’action sur les choses. Place au discours sur les choses. Par exemple les « conquêtes sociales », on commencera par les renommer « avantages acquis » et, après maturation, on dira « privilèges ». Nous allons devenir une gauche de langage, une gauche de symboles, une gauche de l’abstraction républicaine. La grande euphémisation à laquelle nous allons procéder permettra de présenter les nécessaires mesures prises pour adapter l'économie à la compétition mondiale sous un jour plus souriant : un « licenciement collectif » deviendra un « plan social ». Si ça ne suffit pas, on ira jusqu'au « plan de restructuration ». La pilule amère paraîtra douce. Et d'autant plus douce qu'elle apparaîtra nécessaire.

Une gauche ainsi débarrassée du réel, et ne s’occupant plus de lui mais exclusivement de ses représentations. Une gauche enfin débarrassée de la classe ouvrière, comme le recommandait la fondation Terra Nova affiliée au Parti Socialiste. C’est ainsi que huit millions de pauvres dans la France d’aujourd’hui ne constituent plus un scandale dans sa doctrine, mais une « dure réalité ».

Si la gauche n’avait pas opéré ce retournement, elle aurait d'ailleurs très vite cessé de gouverner. On a vu Mitterrand se convertir, peu après 1981 (1983). On appelle ça le « tournant de la rigueur » (vous savez, TINA : « There Is No Alternative »). Il faut dire que la droite, quasiment putschiste dès le 11 mai 81 (« Maman, il m’a volé le pouvoir ! », pleurait Giscard qui, en quittant l’Elysée, l’avait vidé pour se venger de tout ce qui aurait pu être utile à son successeur : bravo pour le "sens de l'Etat" !), après un pilonnage en règle à l’artillerie lourde contre la légitimité républicaine de l'élection de Mitterrand, – la droite a eu la peau du programme, qui était en fait une liste un peu naïve d’idéaux et de cadeaux, limite clientélisme (c'est qu'il y avait les promesses des « 110 propositions »), plaqués sur une réalité pathologiquement rétive à la redistribution des richesses. La « revanche » du peuple a tourné court.

Cette gauche « de gouvernement » (c’est-à-dire « consciente des réalités économiques ») a dès lors pu claironner qu’elle « s’engageait dans la voie des réformes ». Oh attention, pas n’importe lesquelles : le clan ultralibéral a fait en sorte qu’elles aillent pour beaucoup dans le sens de l’ultralibéralisation de l’économie. Par exemple, Jospin a participé activement au dépouillement de l’Etat, en privatisant davantage en cinq ans que Balladur et Villepin réunis (quoique le coup des autoroutes soit dû à ce dernier, vous savez, ce coup qui a instauré le racket officiel sur les automobilistes). La « loi Travail », qui a permis à Hollande et Valls d’exprimer tout leur mépris pour la fonction parlementaire, étant la dernière en date des preuves de bonne volonté des « socialistes » à l’égard du capital.

En échange, la « gauche » symbolique a eu les mains (presque) libres pour agir à sa guise dans le bazar des symboles, c’est-à-dire pour mener à bien son programme de réformes sociétales, celles qui répondaient à des revendications issues de segments de la société qui se plaignaient d’être « injustement méprisés, marginalisés, stigmatisés ». Pour cela, elle a commencé par reléguer dans un grenier soigneusement verrouillé (dont elle s'est dépêchée de perdre la clé) tout le travail sur l'amélioration des conditions de vie concrètes du plus grand nombre, et s'est mise à brandir un imparable et tout-puissant « sésame ouvre-toi ! » en la personne morale nommée « Egalité », qu’elle a mise à toutes les sauces, et envoyée au feu pour faire taire les voix venues d’autres segments, ceux où l’on n’était pas d’accord. On est passé de la lutte dans la réalité à la lutte "morale". 

La gauche esthétique et symbolique a été assez habile et manipulatrice pour ériger l’ « Egalité » en idéologie, en évidence tellement indiscutable qu’elle n’est discutée par personne, sauf des négateurs et mauvais coucheurs, forcément de mauvaise foi, mais qu’il sera heureusement facile de renvoyer dans les ténèbres, en leur taillant le costume infamant du « réactionnaire », du « rétrograde », du « facho », du « macho », du « raciste » suivant le contexte (autres étiquettes disponibles : se renseigner en magasin).

Abandonnant la lutte pour une plus juste redistribution des richesses, désertant le champ de bataille de la lutte pour de meilleures conditions de la vie matérielle, fuyant à toutes jambes la problématique de la lutte contre les inégalités économiques, la gauche cosmétique a fait la prouesse de mettre le mot "égalité" au pluriel, et assuré la promotion d' « égalités » particulières, en compartimentant la société et en laissant plusieurs « Minorités » (avec majuscule de majesté) venir sur le devant de la scène et se présenter en « victimes » méritant « réparation ».

Avec pour effet secondaire de dresser les Français les uns contre les autres, comme on a pu le voir à plusieurs reprises au cours du quinquennat qui s'achève (l' « ABCD de l'égalité» de madame Vallaud-Belkacem, « mariage des homosexuels » de madame Taubira, « parité obligatoire homme-femme » aux élections, qui a joué aux femmes le bon tour de les obliger à se porter candidates). Ces « égalités particulières » qui escamotaient miraculeusement la lutte contre les inégalités sont donc à la base de mesures opérant des choix de société forcément « progressistes et émancipateurs ».

Cette gauche moralisatrice, cette gauche artificielle, cette gauche aux mains coupées, cette gauche bavarde, discoureuse, bla-blateuse, réduite aux paroles verbales, et dont les seules actions consistent à chambouler l'ordre symbolique, cette gauche est juste une infamie.

Sauf que ce n'est pas une gauche.

Voilà ce que je dis, moi.

jeudi, 17 mai 2012

LA SECTE POLITIQUE

Pourquoi CHARLES PASQUA n’a-t-il été embêté que pour de la broutille, de la babiole, de l'amusette, du brimborion et pour tout dire, du rien ? Parce qu’il a été assez habile pour créer autour de lui une impressionnante chaîne de « solidarité ». On peut dire, dans le cas de PASQUA : plus solidaire, tu meurs. Pourquoi a-t-il fallu attendre que se produise un fait divers au Sofitel de New York pour qu’on en apprenne un peu sur la pathologie de DOMINIQUE STRAUSS-KAHN ?

 

 

Pour avoir échappé, pour l’essentiel, aux foudres de la justice, il est probable que PASQUA dispose quelque part d’un fabuleux trésor de guerre constitué de petites fiches, de petits ou de grands papiers, peut-être des photos, avec des dates, des noms, des signatures, bref : des « traces ». Pure supposition, me dira-t-on. Certes, je ne fournis pas de preuve, et n’émets que des hypothèses, mais autorisées, me semble-t-il, par ce qu’on appelle une déduction, un raisonnement logique. En effet, on se demande pourquoi la justice passe sur CHARLES PASQUA comme la pluie sur les plumes d'un canard.

 

 

 

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Une telle « solidarité » repose sur les traces laissées par les acteurs. Elle repose sur un faisceau inextricable de crédits et de dettes qui assure la cohérence et la solidité du réseau. Pourquoi croyez-vous que JACQUES CHIRAC (celui que les pancartes appelaient « l’escroc » entre les deux tours de la présidentielle de 2002, face au « facho ») a pu compter sur l’indéfectible « loyauté » d’ALAIN JUPPÉ ? Miser sur BALLADUR en 1995 a failli coûter cher à la carrière de SARKOZY, et il faut bien dire qu’il a su y faire pour revenir dans la partie (sans doute beaucoup de gens ont misé sur lui parce qu'ils en avaient aussi soupé de pépé CHIRAC).

 

 

La « solidarité », la « loyauté » manifestées dans le milieu dont nous parlons – une sorte de « famille » –, et fondées sur l’existence de « traces » et de croisements de « services rendus », c’est tout ce qui forme la base d’une règle absolue, qu’on trouve à l’œuvre dans le peloton du Tour de France et parmi ceux qui s’appellent eux-mêmes les « hommes d’honneur », à Palerme, en Sicile. C’est l’omerta.

 

 

Pour entrer dans ce cercle fermé, il faut d’une part être adoubé (présenté par un déjà membre, comme chez les francs-maçons), et d’autre part prêter serment d’allégeance (qui implique que ce qui se passe et se dit au-dedans ne doit en aucun cas être divulgué au-dehors).

 

 

Cette « solidarité » tissée de dettes et de crédits produit plusieurs effets : la « discipline » de parti (« un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne », disait CHEVENEMENT), la « langue de bois » (dite à présent « éléments de langage ») et, pour finir, l’omerta, ou loi du silence. Et plus on s’approche du sommet de la pyramide, plus est implacable cet impératif de « solidarité » (de quoi sont morts BOULIN, GROSSOUVRE, BEREGOVOY ? Je ne parle pas du moyen létal, mais de la cause profonde : quelle règle avaient-ils enfreinte ?).

 

 

Ainsi se dessinent les « carrières » dans les deux « familles » qui se partagent le gâteau politique français. Au sortir de l’ENA ou de HEC, on « déguille », façon « dessus-dessous », je ne sais pas si ça se pratique encore, vous savez, pour faire l’équipe de foot, les deux « chefs » sont face à face, ils avancent, et celui qui pose son pied sur celui de l’autre a l’avantage décisif de choisir son second, et ainsi de suite. Une manière comme une autre de choisir son camp.

 

 

Car des deux côtés, il ne s'agit que de faire carrière. C’est juste pour entrer dans l'entreprise « droite », ou dans l'entreprise «  gauche », avec l'intention d'arriver le plus haut possible. Il s’agit, évidemment, pour tout le monde, de « faire carrière ». Accessoirement, de se répartir les postes. Pour ça, rien ne vaut un bon fichier bien tenu et une bonne liste de « services rendus » (la colonne "débit" face à la colonne "crédit").

 

 

Voilà le tableau. Compte tenu du fait que j’exagère sûrement, il faudrait tempérer. Mais voilà à peu près comment sont sélectionnées les élites politiques. Il s’agit d’introduire un doigt dans quelque chose qui ressemble à une belle mécanique. Quand c’est fait, on a fait le plus dur. Le milieu que produit l'ensemble des processus (cooptation, etc.) est remarquablement homogène, mais aussi hermétique. Ce sont à peu près les caractéristiques d'une secte. 

 

 

Demandez-vous maintenant pourquoi, par exemple et au hasard, Monsieur GERARD COLLOMB peut cumuler trois fonctions dirigeantes (s’il ne cumule pas les trois salaires). Pas touche au cumul des mandats (cas de 85 % des parlementaires français, contre 20 % en Allemagne). Pour une raison simple, en dehors de la désolante baisse des revenus qui s’ensuivrait : imaginez qu’on ouvre toutes grandes les portes des responsabilités. Vous voyez la foule des nouvelles têtes ? Des gens dont on ne sait rien ? Le cumul des mandats est une clé de l'homogénéité indispensable du système.

 

 

Et comment cette homogénéité résisterait-elle à l'afflux de nouvelles têtes ? Des gens – horreur ! – sur lesquels on ne pourrait rien. Vous vous rendez compte le nombre de parts à découper dans le gâteau ? De plus en plus maigres. Sans compter que ça risquerait de devenir démocratique, rendez-vous compte. 

 

 

Entre parenthèses, je ne sais pas si la réforme des collectivités territoriales s’avèrera positive ou négative, mais réfléchissez à ce qu’elle divisera le nombre d’élus par presque deux (3493 au lieu de 5657) : autant de gras en plus à se faire pour les heureux élus. Pour savoir s’il n’y aura plus ainsi le gaspillage qu'entraîne le mille-feuille administratif, attendons de voir.

 

 

Le logique, en effet, est : moins on est nombreux à table, plus chacun peut s’empiffrer. L’intérêt de chacun est de bien veiller à ce qu’aucun convive indésirable ne vienne jouer les pique-assiette. Rien de tel pour cela que la surveillance mutuelle (colonne "débit" et colonne "crédit"). Rien de plus efficace pour que tout continue comme avant. C’est à ça qu’il sert, le bipartisme UMPS : maintenir le couvercle en place. On pourra toujours encourager la participation des citoyens à des « comités de quartier », pour décider des jours de collecte du papier ou du réaménagement d’une place. Tant que l’essentiel est préservé.

 

 

C'est contre cette anomalie, ce vice de forme et de fond, cette consanguinité des élites politiques que s'élèvent les voix qui partent au Front National.  Contre l’accaparement des leviers du pouvoir par deux appareils partisans, deux machines à conserver les commandes bien en main, deux entreprises qui s’entendent comme larrons en foire pour mettre le pays en coupe réglée. Là, j'exagère. Disons : pour contrôler.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

vendredi, 13 avril 2012

L'HUMANITAIRE, SIGNE DE POURRITURE

J’ai déjà, dans des notes pas trop vieilles, abordé le problème des associations humanitaires, dont certaines se font appeler Organisation Non Gouvernementales (O.N.G.), pour en dire un mal que je me suis efforcé de nourrir d’arguments divers. Mais parmi les arguments possibles, il en est un que j’avais oublié, ou plutôt dont je n’avais pas compris qu’il pouvait et devait constituer mon argument en dernier ressort.

 

 

Réfléchissons : créer une association, c’est facile, c’est pas cher et – au moins dans la plupart des cas – ça ne rapporte rien. Mais, en tout état de cause, cela relève de l’initiative PRIVÉE. Et quand je me suis penché  sur cette caractéristique, j’en ai été impressionné. C’est bête, je sais, mais je suis très long à la comprenette. Car en fin de compte, une association, c’est une entreprise privée. Sans but lucratif, en principe. UNE ASSOCIATION EST UNE ENTREPRISE PRIVÉE. Et c’est pas de ma faute, je vous assure.

 

 

L’initiative privée. Franchement, je n’ai rien contre, en soi. Mais je ne peux m’empêcher de m’interroger. Oui : comment se fait-ce ? Qu’est-ce qui fait que l’initiative individuelle et non rémunérée ait à ce point explosé ? Ait pris tant de place, au point d’occuper, en certaines occasions, les rues et places publiques, les plateaux de télévision, les sorties de supermarchés ?

 

 

Comment se fait-il qu’on ait vu sans sourciller se mettre en place et se pérenniser, croître et embellir les « Restos du cœur », les « Banques alimentaires », « Emmaüs » ? Cela fourmille d’actions généreuses, dans toutes les directions où va le vent. Et tout ça pour quoi ? Pour que triomphe le principe de l’ENTREPRISE PRIVÉE. La « charité » a vaincu la « justice ». Car les gens comme BILL GATES distribuent LEUR argent à LEUR gré. La « charité » est arbitraire. Si PIERRE BERGÉ a lancé et s’occupe du « sidaction », c’est qu’il en a décidé ainsi, et que personne ne saurait le convaincre de faire autre chose.

 

 

L’humanitaire, c’est ça. Et je ne peux m’empêcher de trouver du tragique dans cette situation. Car cela signifie qu’il n’y a plus grand-chose de BIEN à attendre de la puissance PUBLIQUE. Le mouvement actuel, qui voit la prolifération des initiatives généreuses engagées par les « associations » considérées comme des entreprises privées sans but lucratif, montre que ce qu’on a appelé l’ETAT est en train de mourir sous nos yeux.

 

 

L’incroyable pullulement des associations à visée caritative et/ou humanitaire signifie que le monde est en train de procéder à la plus grande PRIVATISATION qui ait jamais eu lieu. Le triomphe de l’humanitaire et du caritatif signe la disparition de ce qui s’est appelé « Etat », « puissance publique », « bien commun ». Et atteste de la PRIVATISATION du monde.

 

 

Quand LIONEL JOSPIN gouvernait la France, entre 1997 et 2002, on a assez dit qu’il avait privatisé davantage à lui tout seul, lui, l’homme « de gauche », qu’ALAIN JUPPÉ et EDOUARD BALLADUR réunis. DOMINIQUE DE VILLEPIN a bradé les autoroutes françaises à des entreprises privées.

 

 

L’Education Nationale est en train, inexorablement, de se dissoudre en tant que principal vecteur et promoteur de l’action publique, et l’on voit fleurir les entreprises privées d’enseignement. L’hôpital public, à qui l’on demande de fonctionner selon une logique d’entreprise, est en train de voir croître et embellir, en face de lui, les hôpitaux privés. Les compagnies de sécurité privées deviennent un élément indispensable de nos décors urbains et marchands.

 

 

Des Etats (Madagascar et d’autres) vendent (c’est ce que veut dire un bail de location à 99 ans) leurs terres agricoles à la Chine, l’Inde ou la Corée. Des économistes en sont venus à calculer le montant des services rendus par la Nature (forêts primaires, océans, bientôt peut-être l’air qu’on respire).

 

 

La logique de cet immense mouvement historique de PRIVATISATION du monde est claire : ce qui appartient à une personne privée rapporte plus qu’un bien collectif (voir, dans l’histoire britannique, l’affaire des « enclosures »). Et cette privatisation de TOUT au profit de quelques-uns, la floraison des entreprises humanitaires et caritatives n’en sont qu’un des signes multiples, mais un signe indubitable.

 

 

Parmi les candidats à la présidentielle, seul NICOLAS DUPONT-AIGNAN parle de ça, à travers sa proposition d’abroger la loi de 1973. Mine de rien, cette vieille loi est un des premiers signes de la PRIVATISATION qui gouverne le monde de plus en plus impitoyablement.

 

 

Que dit-elle, cette vieille loi ? Entre autres choses, elle interdit à l’Etat français d’emprunter de l’argent à la Banque de France, et l’oblige à emprunter aux banques privées. L’argument, à l’époque, était une rationalisation de la politique budgétaire de l’Etat.

 

 

Que dit-il, NICOLAS DUPONT-AIGNAN, en proposant d’abroger cette loi ? Que l’Etat français pourrait emprunter de l’argent à 0 %. Au lieu d’engraisser honteusement des banques sur le dos des contribuables. Et de courir à leur secours quand elles se sont elles-mêmes mises dans la panade à force de folie spéculative, et toujours aux dépens des contribuables. Mine de rien, il met le doigt sur l’origine du mal qui nous menace tous : la PRIVATISATION de tout. La confiscation de tout ce qui était collectif.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

vendredi, 24 juin 2011

PROFESSION MENTEUR (2)

L’expression « langue de bois » avait sans doute trop servi : est-elle devenue obsolète pour autant ? La langue de bois, on sait, c'est la leçon que le politicard vient réciter plus ou moins bien, et débiter avec un air de conviction plus ou moins vraisemblable devant micros et caméras. En général, c'est très bien rodé. La langue de bois, c'est le mensonge-à-tout-faire, le mensonge-prêt-à-l'emploi, la leçon permanente de mensonge.

 

 

 La différence, c’est qu’elle ne dépend pas des circonstances,  forcément variables : tout politicien est conditionné, il l'a apprise par coeur, longuement, et il est prêt à la dégainer dès que se présente un micro ou une caméra. Il faut reconnaître d’ailleurs que certains sont passés maîtres dans l’art de la manier. Quand tu as pris ta carte du parti, que tu as vaillamment gravi les échelons pour arriver à une position « en vue » (au fait, comment elle a fait RACHIDA DATI ?), il convient que tu prennes conscience de tes devoirs, et surtout des restrictions qui vont avec.

 

 

C’est le vieux principe énoncé par HENRI LABORIT dans Eloge de la fuite : la hauteur de la position que tu conquiers t’est accordée en échange de l’adhésion à la structure qui te la confère, et de la force de légitimation que tu lui donnes. En clair : plus tu donnes de légitimité au parti (en démontrant tes aptitudes et compétences), plus le parti te le rendra en reconnaissance sociale. Et plus tu seras puissant (par exemple chef de « courant » au Parti Socialiste). Et plus ta bouche devra être close sur tout ce qui est à « ne pas dire ».

 

 

C’est pourquoi il faut cesser de voter. Je suis désormais un abstentionniste militant. J’ai personnellement cessé de voter après 2005 : vous vous rappelez ? Ce pavé que certains essayaient de vendre sous le nom de « traité constitutionnel » pour l’Europe. Je regrette même d’avoir cru que ça servirait à quelque chose, de voter « non ». Naïf, je me baladais même avec, épinglé à mon revers, le petit rectangle de plastique rouge frappé d’un très joli « non » au-dessous du sigle d’ATTAC. J’ai donc voté. Je m'en veux. Je n’avais pas encore compris. Enfin, je voulais encore y croire.

 

 

Car, quand NICOLAS SARKOZY a été élu, j’ai vu que j’avais eu tort. On n'a surtout pas demandé aux Français de revoter : le traité a été adopté entre gens « responsables », qui ont encore le culot de s’appeler les « représentants du peuple ». Les Hollandais ont revoté, et dans le « bon » sens, cette fois. Les Irlandais ont aussi revoté, me semble-t-il. Et tous ceux qui avaient dit « merde » à cette Europe-là l’ont eu dans le cul. Excusez-moi, je me laisse aller. En Italie aussi, les députés viennent de voter la confiance à BERLUSCONI, au mépris des deux condamnations populaires dont il vient d’être l’objet dans les urnes.

 

 

Le sinistre individu N. S. dont je viens de parler a fait campagne, en 2007, sur le thème « Je ne vous mentirai pas ; je ne vous trahirai pas ». Quand il a prononcé la première phrase, il avait déjà enfreint sa promesse. On a vu, là encore. Tant qu’il restera un bout de mur debout de ce qui s’appela naguère « la France », ce monsieur continuera infatigablement à conduire son TRACTOPELLE, qu’il ose appeler « REFORME », pour tout abattre et araser. Il ne restera rien de ce que quelques nostalgiques appellent « service public » (santé, éducation, justice, etc.). Et il ose, en plus, prétendre que ce n’est pas une trahison.

 

 

Quand je regarde vers la gauche, qu’est-ce que je vois ? Le dernier en date qui fut aux « responsabilités », comme on dit, était LIONEL JOSPIN. Ce triste sire, en cinq ans de « responsabilités », a davantage privatisé que ses prédécesseurs ALAIN JUPPÉ et EDOUARD BALLADUR réunis ! Si ce n’est pas trahir, cela ! Mais il a suivi l’exemple de FRANÇOIS MITTERRAND. Ce n’est pas une excuse pour autant.

 

 

Je ne parle pas de mademoiselle LE PEN, que je refuse d'appeler par son prénom, produit incompétent d’un marketing politique échevelé. Je ne parle pas du parti des marionnettes écologistes, qui va sans doute donner à l’invraisemblable NICOLAS HULOT le titre de « candidat vert » (comme mensonge, difficile de faire mieux). Je ne parle pas de JEAN-LUC MELANCHON, qui est enfin parvenu à ratiboiser ce qui restait du moignon du Parti Communiste. Je ne parle pas des divers trotzko-trotzkistes dont on voit encore de loin en loin éclater les bulles de gaz intestinaux à la surface du marigot médiatique.

 

 

Tous ces petits poissons bavards (un comble !) savent bien qu’ils ne seront jamais aux « responsabilités ». La raison pour laquelle ils bataillent, ce sont les « postes » qu’ils pourraient décrocher après avoir négocié avec les puissants la cession de leurs « parts de marché », je veux dire leur « score » aux élections. Ils ne sont certainement pas en train de combattre pour la réalisation de leurs idéaux. Chacun est dans sa cuisine à réchauffer son plat principal, les entrées et desserts étant sujets aux « variations saisonnières ». Et puis à essayer de caser sa marchandise sur le marché.

 

 A suivre. Il y a encore quelques comptes à régler.