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vendredi, 17 juillet 2020

EN HAINE DES HOMMES

A quoi joue Emmanuel Macron ? A quels calculs tortueux s'est-il livré en laissant son nouveau premier ministre faire d'Eric Dupond-Moretti et Gérald Darmanin des ministres dotés de portefeuilles honorifiques (à moins qu'il les lui ait imposés) ? Lui seul le sait, et après tout peu importe : ce n'est pas cette question qui m'intéresse ici. C'est la réaction de certaines "associations" qui me fait réagir. 

Ce que je sais de l'avocat célèbre et redouté (surnommé "acquittator") me fait penser, à tort ou à raison, à un autre monstre sacré, mais cette fois du monde théâtral et cinématographique : Gérard Depardieu. Ce n'est pas si faux, puisque le nouveau ministre s'est donné en spectacle sur les planches ("A la Barre", au théâtre de la Madeleine à Paris).

Quoi qu'il en soit, je me contenterai de dire, devant l'incontestable et remarquable talent de la personne, comme devant notre Gégé national  : « Chapeau bas ». En revanche, le petit Darmanin, avec sa gueule de premier de la classe content de soi et toujours très propre sur lui, suscite en moi une antipathie aussi spontanée que vaine. Soyons net : ses joues appellent la gifle. Mais passons.

Ce qui importe, c'est que la nomination de ces deux figures (je veux ignorer le Pitre Bachelot) a fait des vagues dans les escadrilles féministes (du "collectif Nous-Toutes" à "Osez le féminisme" en passant par Tamanrasset), qui n'ont pas tardé à couvrir les canaux médiatiques d'un tapis de bombes verbales. Si j'ai bien compris, ces hallebardières venimeuses reprochent au premier des propos "sexistes", et au second une suspicion de viol. 

Le sexisme, comme le racisme, est assez universellement partagé. Je voudrais bien savoir qui, parmi les noirs qui hurlent à la discrimination (affaire Adama Traoré), n'est pas au moins un peu raciste : je pense en particulier à ceux qui essaient de donner corps au concept fumeux de "privilège blanc". En matière de sexisme, qui n'a jamais – homme ou femme – prononcé au cours d'une conversation (salon, terrasse ou comptoir) l'expression "les femmes" (les gonzesses, quand on est entre hommes) ou "les hommes" (les mecs) ?

Ce genre de généralisation est en soi une signature de la tendance spontanée à résumer la différence des sexes à partir de la somme des expériences individuelles que chacun a de la chose. Je dirai qu'Eric Dupond-Moretti est à cet égard "comme tout le monde", et que les gens qui s'érigent en flics de l'expression d'autrui sont plus à redouter que lui.

Si l'on pousse au bout la logique de ces insatiables "justiciers" auto-proclamés, on débouchera dans une société dont le journaliste ahuri mais puissant Laurent Joffrin rêvait un jour tout haut sur une antenne : où les hommes auront cessé de désirer les femmes !

Qu'une femme puisse considérer comme "harcèlement" ou "agression" les hommages sonores ou même verbaux qu'un homme lui fait en tout bien tout honneur lorsqu'elle passe dans la rue, ça me dépasse : voilà une incompréhensible énormité qui montre à quel point de régression notre société en est arrivée, servilement influencée par l'Amérique protestante (une apparence de vertu inflexible, mais seulement en façade). 

Mais là où les féministes dépassent les bornes de l'acceptable, c'est quand elles appellent à lâcher les chiens sur Gérald Darmanin, en pensant probablement à Artémis, qui avait fait dévorer Actéon par ses propres chiens après l'avoir transformé en cerf (il avait eu le tort de la contempler dans le plus simple appareil).

On aura compris que je ne porte pas le monsieur dans mon cœur, mais ce déchaînement de meute à la curée à l'encontre de quelqu'un dont le procès n'a pas eu lieu (entre dépôt de plainte, non-lieu et classement sans suite, si je ne me trompe) m'apparaît comme une manifestation du fanatisme sectaire le plus odieux. Je vois là deux rangées de furies criant "à mort", entre lesquelles on a condamné (sans jugement) l'accusé à passer pour se faire déchiqueter : la version française du "lynchage".

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Je ne commente pas.

Photo Hans Lucas via AFP.

Je vois là la pure expression de la haine de quelques femmes pour le genre masculin tout entier.

Voilà ce que je dis, moi. 

mardi, 15 novembre 2016

DÉSOLÉ : ENCORE L’ISLAM 2/3

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Lettre grande ouverte à ceux qui gardent les yeux grands fermés (eyes wide shut).

2 – Des « phobies » comme s’il en pleuvait.

« Islamophobie », quel mot formidable ! Et que d'opportunités argumentatives il offre  à tous les militants musulmans qui ont besoin de réduire leurs adversaires au silence ! Et si possible de les traduire en justice ! On ne compte plus, en effet, les officines (ce que les journalistes rassemblent, d'un bel effort synthétique, dans la nébuleuse « les associations ») qui se sont constituées pour dénoncer inlassablement la moindre virgule, le moindre guillemet sur lesquels elles pourraient coller l’étiquette, infamante et terriblement efficace, d’une quelconque « phobie ».

Et je ne parle pas des vieilles « phobies » classiques, des « phobies » médicalement éprouvées, des « phobies » qui ont pignon sur rue, mais de la floraison de variantes de cette pathologie "mentale" hors de la sphère psychiatrique. J’ai par exemple appris récemment l'invention d'une nouvelle « phobie », avec la création d’une « brigade anti-négrophobie » en banlieue parisienne. "Brigade" dit assez bien le caractère militaire ou policier (au choix) de l'opération d'enfumage. Je rappelle en passant que "phobos" (φόβος), en grec ancien, ne veut pas dire "haine", mais "crainte".

Il n’y a pas de doute : il pleut des « phobies ». La « phobie » se porte à merveille. Et les immondes que les « associations » mettent au pilori avec au cou la pancarte portant le vocable accusateur (il s’invente tous les jours des composés de « phobie ») sont invités à aller soigner leur pathologie grave dans l’hôpital le plus proche. On a compris que l’hôpital en question s’appelle le Tribunal Correctionnel. C'est en filigrane la menace formulée à l'encontre de Gilles Kepel lors de la réunion avec l'équipe du Bondy-blog (voir hier). 

Christine Boutin (voir hier) vient d’en faire les frais, condamnée en appel pour avoir qualifié l’homosexualité d’ « abomination », et s’être ainsi rendue coupable d’ « homophobie » (officiellement, ça s’appelle « incitation à la haine en raison de l’orientation sexuelle »). De quel incroyable Code pénal la France s’est-elle peu à peu dotée, depuis, me semble-t-il, qu’un ministre (Gayssot ?) a été saisi de la lubie d’y inscrire le délit de « négationnisme ».

Et au départ, on doit cette rafale de pénalisations au délire d'un seul bonhomme (Faurisson : "les chambres à gaz n'ont pas existé"), dont l'élucubration s'est vue instrumentalisée par un boutiquier (Le Pen : "un détail de l'histoire"), à la demande expresse des « associations » juives, et à la joie d'une foule d'autres « associations », censées représenter des « minorités », qui piaffaient d'impatience en attendant de s'engouffrer dans la voie pénale pour légaliser l'interdiction de parole.

La porte s’ouvrait alors toute grande pour faire inscrire dans le Code les délits d’opinion, les délits de pensée, les délits de parole. Dans une démocratie pur jus, exemplaire et qui sert paraît-il de modèle à tant d'autres, on n'a pas le droit de dire le fond de sa pensée, tout au moins quand le goût de ce fond fait tousser ou tordre le nez les gendarmes de l'esprit. Tout cela sous la surveillance vigilante des caméras policières des « associations », légalement habilitées à « se porter parties civiles » (pour tirer quelques marrons du feu dans lequel elles ont jeté ces opinions, ces pensées, ces paroles qui les défrisent).

Sans être d’accord sur l'hyperbole lancée par Boutin, on peut s’étonner que la plainte d’un « collectif LGBT », vous savez, ce panier à provisions plein  de « minorités opprimées », ait pu être jugée recevable. Attention, en France, il n’est pas conseillé d’être minoritophobique ! On pourrait aussi s’étonner que quatre lettres (L, G, B, T) aient à bas bruit érigé ce qui était catalogué « déviances » en autant de « normes ».

De la déviance à la norme, le pas est étonnamment aisé à franchir. Dans notre bienheureuse modernité, les « déviants » se sont faits législateurs. George Orwell n'avait sans doute pas prévu que sa novlangue trouverait une telle application. On pourrait appeler cela "inversion de la charge de la preuve".

Les anciens délinquants, ont été nommés policiers. On dit aussi « brigades anti-phobiques » (voir plus haut). Tremblez, « stéréotypes , préjugés, réacs ». Encore bravo ! Il fallait le faire ! Remarquez que le bagnard Vidocq a bien fini directeur de la police ! Les victimes se sont retournées en bourreaux. A cœur vaillant rien d’impossible. Magie du vocabulaire, capable d’engendrer, en même temps qu'il en est l'expression, le vaste désordre du supermarché intellectuel et moral qu'est devenue notre société.

Les composés de « phobie » sont donc devenus des armes entre les mains de toutes sortes de groupes, groupuscules, clans et tribus qui s’autoproclament représentatifs de « minorités injustement persécutées » (je voudrais bien savoir combien d’adhérents à jour de cotisation compte, par exemple, le CRAN (conseil « représentatif » des associations noires de France), ce sigle si commodément pompé sur le CRIF des juifs, qui a au moins, à défaut d'une plus grande légitimité, le mérite de l'antériorité). Représentatif mon œil !!! L'abus de langage est admis comme monnaie courante.

Sous la férule des caméras policières des « associations », l’ordre verbal doit régner. Et le mot "phobie" doit être imprimé au fer rouge sur l'épaule de tous les islamophobes, arachnophobes, homophobes, agoraphobes, gynophobes, herpétophobes, hydrophobes, anglophobes, prêtrophobes, photophobes, francophobes, éreutophobes, ornithophobes (j'arrête là, quoique je pourrais ...) : à n'en pas douter, les galères des royautés modernes ont des rameurs jusqu'à la fin des temps. "A regonfle", comme on disait à Lyon.

Charmante société de la haine des autres, fondée sur une charte consistant en une liste d'interdits draconiens, fabriquée au nom de l'altruisme moral (tolérance). Quand on a compris que les appels solennels, les hymnes médiatiques à la fraternité, à la solidarité, au respect des différences, les incantations à l'altruisme érigé en impératif administratif ou en Vérité révélée, produisent la haine, on se prend à rêver de revenir à des choses à portée d'une humanité rationnelle et raisonnable, genre "Contrat social".

La novlangue a changé de camp : c'est la gauche du révisionnisme moral à toute berzingue qui tient la queue d'la poêle (« Merd' v'là l'hiver et ses dur'tés, / V'là l'moment de pus s'mett'à poil. / V'là qu'ceuss' qui tiennent la queue d'la poêle / Dans l'midi vont s'carapater», on aura reconnu, je pense, le début du plus connu des poèmes de Jehan Rictus). 

Ah ça ira, ça ira, ça ira, / Les boni-"menteurs" à la lanterne !

Voilà ce que je dis, moi.

vendredi, 21 juin 2013

BERNARD TAPIE LE CROCROCRO !

 

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BAUERNMÄDCHEN (JEUNES PAYSANNES), PAR AUGUST SANDER

 

***

Tout le monde connaît par cœur cette chanson enfantine, ou tout au moins le refrain :

 

« Ah les crocrocro, les crocrocro, les crocodiles,

Sur les bords du Nil ils sont partis, n’en parlons plus ! » (bis).

 

Je propose de réécrire les paroles pour les faire coller à l’actualité récente. Cela pourrait donner quelque chose comme :

 

« Ah les socialo, les socialo, les socialistes,

Dans la pourriture ils sont tombés, n’en parlons plus ! » (bis).

 

Mais comme, dans la boutique en face, il n’y en a pas un pour racheter l’autre non plus, je propose la version suivante :

 

« Ah les sarkoko, les sarkoko, les sarkozystes,

Dans la corruption ils sont tombés, n’en parlons plus ! » (bis).

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MANCHETTE DU CANARD ENCHAÎNÉ DU 19 JUIN

C’est vrai ça, ils se tiennent par la barbichette. Ecoutez le monologue intérieur de François Hollande, j’y étais, j’aime vivre dangereusement : « Ah tu m’as fait virer Cahuzac ! Eh bien ça ne va pas se passer comme ça ! Tu vas voir comment je vais te l’essorer, ton Tapie ! C’est bien le diable si, entre la Bettencourt et le Tapie, je peux pas le flinguer une bonne fois, le Sarkozy ! Au moins, ça déblaiera le terrain pour 2017 ! Le Fillon ou le Copé, j’en croque un à tous les petits déjeuners, alors ! Et si quelques seconds couteaux prennent des balles perdues, elles ne seront pas perdues pour tout le monde ». Tel que, texto, juré, craché ! J’y étais, dans la matière G. à François H. Et je peux en témoigner : elle est vraiment très grise. Dire que ça a fait HEC et l'ENA ! Plus Sciences-Po pour faire bon poids. C'est bien la peine.

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LE CANARD ENCHAÎNÉ DU 19 JUIN 2013, 6 ANS APRES LE 7 MAI 2007

(ça reste un peu déchiffrable; ça commence par :"Le petit est élu. Je suis sauvé dans Adidas, maintenant le pognon va couler", paroles de BT prononcées le 7 mai 2007 - tiens tiens !?)

Je ne vais pas me donner la peine de commenter Tapie, pour la raison qu’il fait partie de cette catégorie dont je raffole : les preneurs de balles perdues. On dit bien qu’il y a des coups de pied au fondement du derche du croupion de l'arrière-train qui se perdent ! Le cul des salopards finis est un cul comme les autres. Il défèque sa merde tous les jours, comme tout le monde. Mais la merde, cette fois et pour le coup, est vraiment trop grosse. Et elle pue.

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UNE ASSEZ BONNE SYNTHÈSE DE LA QUESTION, PAR CABU

Qu’est-ce qu’ils attendent, les petits Marseillais shootés à la kalachnikov, plutôt que de gaspiller des balles ou du bon combustible fossile plein de CO² pour des lampistes de banlieue, tout ça parce qu’ils se sont trompés dans leurs additions et leurs soustractions au moment du partage du butin ? Ils ne pourraient pas apprendre à « rectifier le tir » (le verbe étant à comprendre comme dans : « Le vieux Nanar, il s'est fait rectifier ») ? Pour une fois, le vulgum pecus (alias la « foule des anonymes ») aurait l’impression qu’il y a parfois un semblant de justice ou de providence en ce bas monde. Pour un peu, sait-on jamais, le vulgum pecus se remettrait à croire en Dieu. Mais ce n'est pas gagné d'avance.

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De l’affaire Tapie-Sarkozy, je retiendrai surtout l’énormité de la ficelle qui a abouti à l’énormité de cette filouterie, mais j’y ajouterai l’énormité des calembredaines balancées à la télé par Tapie en personne, sur l’air de : « s’il y a du louche, j’annule tout » (ce qu’il serait bien en peine de faire, même s’il était sincère), alors que j’aurais bien aimé l’entendre dire : « s’il y a du louche, je rends l’argent », mais pas fou, le Nanar.

 

Il ne rendra pas l’argent, ou alors il faudra lui mettre la corde au cou ou le pistolet sur la tempe, avec quelque chose d'ogival et blindé entre les deux yeux (je trouve que le 11,43 conviendrait assez bien : c'est le calibre préféré du "milieu"). Oui je sais, avoir la tempe entre les deux yeux, c'est plutôt rare. Mais Tapie a montré de quelles prouesses il était capable : j'essaie de hisser mon imagination à la hauteur de l'enflure.

 

C’est bien connu, les plus grosses fadaises passent comme des lettres à la poste quand elles sont prononcées avec le monstre de culot dont est capable l’ancien tricheur (OM-VA), l’ancien condamné, l’ancien détenu. Posséder à ce point l’art de la démesure dans le mensonge a quelque chose de stupéfiant. Autre point proprement stupéfiant : comment se fait-il que tant de gens encore aujourd'hui lui veulent du bien, à Tapie ? Qui comprend ça me l'explique, merci d'avance.

 

Je me dis aussi que si le « journaliste » qui interroge BT avait un peu potassé son dossier, Tapie serait depuis longtemps dans les oubliettes. Mais quels journalistes ont aujourd’hui les bras, les couilles et le culot d’affronter des chefs de gangs adoubés au sommet de l’Etat ? Ils tremblent pour leurs abattis ou quoi ? Ah oui, c'est vrai, il faut encore croûter demain... Soit.

 

Car mine de rien, ça jette une lumière intéressante sur la profondeur pornographique du machiavélisme latrinier d’un François Mitterrand, sans lequel ce grossier menteur de Nanar (initiales BT ; au passage BT est le nom d’un célèbre et délétère maïs OGM, parce que les plantes aussi sont capables de mentir, y a pas de raison) serait encore en train de vendre des cacahuètes, des lacets et des salades sur les marchés.

 

Après tout, Mitterrand a réussi à mettre sur orbite deux sacrées  perdrix dans le ciel politique français : en plus de Bernard Tapie, il ne faut pas oublier en effet un certain Jean-Marie Le Pen. Dommage que la chasse de ces gibiers soit interdite. Nous serions nombreux sans doute à avoir envie de tenir le fusil du père de Marcel dans La Gloire de mon père. Cela ne vous dirait pas, vous, un beau doublé de ces bartavelles-là ? On pourrait même les manger, après avoir retiré les dents en or. Cela renouvellerait de façon intéressante l'idée du banquet républicain. Comme dans Astérix et les Normands, on trinquerait avec les crânes. Voilà une idée qu'elle est bonne !

 

Finalement, « Sur les bords du Nil ils sont partis », c'est une vieille rengaine. Et « n'en parlons plus », un rêve qui n'est pas près de se réaliser. Nous sommes pris entre un passé trop lointain et un avenir trop improbable : les temps sont durs.

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

lundi, 15 octobre 2012

SAINT AUGUSTIN ET L'IDENTITE NATIONALE

Pensée du jour : « Je me suis souvent repenti d'avoir parlé, rarement de m'être tu ».

 

SAINT ARSÈNE, anachorète (mort le 19 juillet 412)

 

 

Cette histoire d’identité nationale me fait penser à un passage de SAINT AUGUSTIN, qu’on trouve au Livre onzième des Confessions : « Qu’est-ce que le temps ? ». Il est bon, ici, de se référer à l’ancre de miséricorde (quel beau nom !) que représente ce texte. « Ce mot, quand nous le prononçons, nous en avons à coup sûr l’intelligence, et de même quand nous l’entendons prononcer par d’autres. Eh bien le temps, c’est quoi donc ? N’y a-t-il personne à me poser la question, je sais. Que, sur une question, je veuille l’expliquer, je ne sais plus ». L’identité nationale, c'est pareil : tant que personne ne vous demande rien, tout va très bien, madame la marquise. Posez la question ? Tout d’un coup, c’est la guerre.

 

 

 

Vous sortez votre carte, un point c'est tout. Et qu'est-ce qu'il en reste, de votre personne, sur le rectangle plastifié sévèrement concocté par la préfecture (franchement, ma photo, j'ai l'impression de sortir de l'identité judiciaire ; c'est d'ailleurs ce mot de "judiciaire" qui me pose un problème sur la définition de l'individu) ?

 

 

 

En quelque sorte, on pourrait dire que plus on creuse la question, moins on a des chances d'avoir la réponse. Allusion à une variante d'un adage célèbre, qui permet de comprendre l'intitulé de ma note d'hier : « L'identité nationale, c'est comme la confiture, moins on en a, plus on l'étale ». Oui, je sais, ça vaut ce que ça vaut.  

 

 

Il y a quelque chose de proprement génial dans la façon de SAINT AUGUSTIN de formuler la question. Comme dit MAX-POL FOUCHET dans un joli texte (je cite de mémoire) : « Saisir un papillon entre les doigts, c’est le détruire ». Il faut accepter que le papillon vive en dehors de nous pour qu'il reste un papillon. Pour qu’il ne finisse pas épinglé dans une boîte ou écrasé entre les pages d’un livre. Autrement dit : laisser la question sans réponse, pour laisser l'identité intacte.

 

 

Comme si la leçon, c'était ne pas poser la question "qui va là ?". Tu veux saisir le vivant, en croyant que tu en jouiras mieux, et tu finis comme un médecin légiste pratiquant une autopsie : il te reste un cadavre. Tiens, quel est le dingue qui a récupéré le cerveau d'EINSTEIN, qu'il a conservé dans le formol ? Ah oui, le docteur HARVEY. Il est bien avancé, le con ! Ah, on y a trouvé ensuite un grand nombre d' « astrocytes » et une proportion élevée de « cellules gliales » ? La « scissure de Sylvius » a une drôle d'inclinaison ?  Et alors ? Ça vous explique le génie de l'homme ?

 

 

C’est sûr que si je me contente d’exister, je n’ai aucun mal, jusqu’à ce que mort s’ensuive. Tant que je vis comme un pétoncle (et pourtant, sait-on ?). Mais dès que j’essaie de m’efforcer de m’élever sur l’échelle des vivants, forcément, ça se complique. L’identité nationale, c’est pareil.

 

 

Regardez juste un individu, quand il se met à se demander : « Qui suis-je ? D’où viens-je ? Où vais-je ? Où courge ? Dans quelle étagère ? », et les abîmes de réflexion du verre d’eau trouble dans lequel il se noie. PIERRE DAC avait coutume de répondre : « En ce qui me concerne personnellement, je suis moi, je viens de chez moi, et j’y retourne ». Il y a des philosophies plus complexes, n’en doutons pas. Les rayons des bibliothèques savantes sont encombrés des kilomètres de réponses que beaucoup de cerveaux fumants (fumeux ?) y ont déposées.

 

 

Remarquez, il en est de même pour la nation : plus on cherche, moins on trouve. Moi je vais vous dire, comme je suis un peu simplet, j’ai besoin, soit qu’on m’explique longtemps, soit que je m’y mette, en me disant qu’on n’est jamais si bien servi que par soi-même. Commençons donc, si vous le voulez bien, par moi.

 

 

Enfin moi, je veux dire quelqu’un, n’importe qui, disons un individu. Regardons simplement (!) la carte d’identité : tu as ton nom, et puis tu as ton prénom. Avec ça, tu comprends tout, je te jure. Par ton nom de famille, tu te rattaches au groupe de tous ceux qui portent le même. Par ton prénom, tu te distingues. Et tu peux regarder tous les détails qu’il y avait autrefois sur la carte d’identité : date de naissance, lieu de naissance, signe particulier, etc…

 

 

Date de naissance ? Tu te rattaches (tu t’inscris dans une lignée) et tu te distingues (tu es le seul à être né ce jour-là). Lieu de naissance ? Tu te rattaches (ce qu’on appelle les racines ?) et tu te distingues (Lyon a un proverbe : « Tout le monde peuvent pas être de Lyon : il en faut ben d'un peu partout »). Signe particulier ? Tu te distingues (ou pas : « Signe particulier : néant »).

 

 

Je viens d'entendre STEPHANE ROZÈS (le ravi de la crèche qui croquait dans le fromage des sondages, et qui s'est promu penseur politique, ça fait aussi loufoque que FRANÇOIS HOLLANDE en président) tenir un raisonnement analogue au sujet de l'Europe : « Qu'est-ce qui rassemble les Européens ? Qu'est-ce qui les distingue du reste du monde ? ». Bravo coco !

 

 

Pour faire bref, l’identité personnelle, c’est un ensemble complexe de données, d’ « items » (c’est comme ça qu’il faut dire, c’est de l’anglais), les uns qui te rattachent, les autres qui te distinguent. L’appartenance et la différenciation. Mon esprit simpliste ne sort pas de là.

 

 

Un individu, c’est exactement ça : un ensemble d’éléments d’appartenance et de différenciation. Un tissu avec la continuité des fils de chaîne traversés par la succession des fils de trame. Tu le prends fil par fil : plus de tissu. Ne parlons pas des ciseaux. Dit autrement, l'individu est composé d'une infinité de traits verticaux et de traits horizontaux qui se croisent. Appartenance et différenciation.  Il est tissé de l'ensemble (radicalement indémêlable) de tout ce qu'il hérite, de tout ce qu'il fait, de tous ceux qu'il croise, etc.

 

 

On ne fait jamais la somme : on n’est pas dans l’arithmétique. Un individu, ça ne se calcule pas. La somme et l’arithmétique, c’est juste bon pour un système BERTILLON, le système anthropométrique, dont la seule finalité, à bien y réfléchir, est de nature POLICIÈRE : on ne peut pas se permettre de ne pas retrouver un coupable, s’il est passé entre les mains d’un commissariat musclé.

 

 

C'est la police qui accumule les traces de tous les individus qui lui tombent entre les pattes. Le prélèvement ADN actuel, qui accompagne toute garde à vue (800.000 par an, on croit rêver), n’est qu’un corollaire de cette logique de flicage de toute la population. Je note que l’individu (« libre et égal en droits » à tous les autres) n'est pas défini de la même manière par la Constitution ou par le Code de Procédure Pénale. C’est une curiosité. Mais après tout, je ne suis pas juriste.

 

 

L’individu n’est donc pas la somme des informations que la police a réunies sur lui. C’est une bonne chose. Pensez, si tel était le cas, il n’y aurait aucun besoin des tribunaux, il n’y aurait pas d’individualisation des peines, il n’y aurait que des ordinateurs. C’est un peu ce en quoi NICOLAS SARKOZY a tenté de transformer l’institution judiciaire (avec le système des « peines planchers » pour les récidivistes, système qui décervelle le juge et en fait un robot).

 

 

Aussi longtemps que rendre la justice consistera à organiser la rencontre, en partie imprévisible, entre, d’une part, les trois acteurs de l’institution (juge, procureur, avocat) et d'autre part un individu, j’aurai foi en l’espèce humaine. L’individu, que ceci soit dit une fois pour toutes, dépasse la somme des données qui le caractérisent. Cette phrase résume, en quelque sorte et sans me vanter, toute la philosophie humaniste.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.


 

dimanche, 29 avril 2012

LA POLICE QUI FAIT PEUR

Moi qui suis un honnête citoyen, je vous le jure, monsieur le commissaire, la police française me fait peur. Regardez ça, ils se mettent à manifester contre les juges. Et pourquoi, je vous le demande ? Parce qu’un juge s’est permis d’accuser l’un des leurs d’homicide volontaire. De meurtre, quoi. Et pourquoi, je vous le demande ? Parce que l’homme qu’il voulait arrêter ne voulait pas se laisser arrêter.

 

 

En un mot comme en cent, il s’enfuyait. Bon, il a fini par l’arrêter. Pas parce qu’il courait plus vite. Une balle dans le dos, c’est beaucoup plus efficace, parce que c’est beaucoup plus rapide (467 mètres / secondes pour une balle blindée de marque SJ, calibre 357 magnum, vous pouvez vérifier ; mais le policier était peut-être doté du Beretta 92 en calibre 9 mm parabellum, je ne sais pas). Vous auriez fait la même chose à sa place, non ?

 

 

La police française, le monde entier nous l’envie. Madame MICHÈLE ALLIOT-MARIE proposait même son aide à BEN ALI pour le faire bénéficier de son savoir-faire hors-norme dans les troubles de l’ordre public. Mais gare à ceux qui feraient mine de s’en prendre à elle. C’est ça, monsieur le commissaire, qui me fait peur.

 

 

Les juges de Bobigny l’ont appris à leurs dépens : ils n’ont pas compris que tuer dans le dos un suspect qui s’enfuit est un acte de légitime défense, les benêts. Blague à part, fini de rire, j’arrête de plaisanter. Car il y a de quoi se poser quelques questions sur le fonctionnement actuel de la police française. Il y a de quoi se demander s’il n’y règne pas une sorte de « culture de l’impunité ».

 

 

Y a-t-il des policiers français qui sont républicains ? Bien sûr que oui. Du moins pour ce que je peux en savoir, de loin et de l’extérieur. Mais prise collectivement, en tant que corps d’Etat bénéficiaire d’une formation spécifique, ayant appris à obéir au supérieur et recevant ordres et consignes de sa hiérarchie, la police française est-elle encore républicaine ? Je n’en suis pas sûr.

 

 

Le « délit de faciès » existe-t-il ? Oui. Les contrôles d’identité privilégient les peaux noires et basanées, et ça commence à se savoir, quelles que soient les dénégations des responsables policiers ou politiques, et celles des petits soldats de la base. Il est de notoriété publique que le vote « Front National » a des bases solides au sein de la police. Supposons un commissaire qui a besoin de « faire du chiffre », comme il en a reçu la consigne de Monsieur NICOLAS SARKOZY, dès qu’il a été sinistre de l’Intérieur.

 

 

Il lui suffit de faire interpeller par ses hommes quatre ou cinq types en « dreadlocks » portant un béret vert, orange et rouge : ce serait bien le diable si l’on ne tombait pas sur deux ou trois grammes de « shit », et voilà le « taux d’élucidation » qui grimpe en flèche (exemple puisé dans la réalité, c’est ce qu’on appelle la « politique du chiffre »). C’est tout bon pour la prime. Bon, on dira aussi que le type en dreadlocks avec son béret n’a qu’à ne pas porter l’uniforme du fumeur de joints, et qu’en quelque sorte il l’a bien cherché. Que c’est bien fait pour lui.

 

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LES DREADLOCKS DE BIG BOB MARLEY

(PAR OPPOSITION A LITTLE BOB STORY)

 

La police abuse-t-elle de la garde à vue ? Oui : quand on met en garde à vue, en un an (2010), 800.000 personnes, il est évident qu’il y a de l’abus. Les témoignages de cette femme de 80 ans, de ce médecin et de quantité d’autres individus le montrent. La Cour Européenne des droits de l’homme s’en est elle-même alarmée.

 

 

Le tutoiement systématique des « suspects » par les policiers est-il normal ? Non. Qu’est-ce qu’il perdrait, le prestige des policiers, s’ils pratiquaient une courtoisie minimale, un respect des personnes ? Si c’est aussi systématique, c’est bien qu’ils obéissent, qu’ils reçoivent l’ordre de tutoyer. Est-ce pour humilier d’entrée ? Un conditionnement ?

 

 

La « fouille à nu » (avec inspection de l’anus) systématique des « suspects » est-elle normale ? Non, et non seulement ça : elle est illégale (Maître KLUGMAN, avocat). Selon le même avocat, le menottage en garde à vue, largement banalisé, est lui aussi illégal (l’article 803 du Code de Procédure Pénale le restreint aux cas de danger pour autrui ou pour soi-même et aux risques de fuite).

 

 

 

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Et le délit d’ « outrage et rébellion » ? Parlons-en. Maître ANTHONY BEM, avocat, relève qu’en 2007, l’Observatoire national de la délinquance a compté 31.731 faits d’outrage à agents dépositaires de l’autorité ont été relevés. En 1996, il y en avait 17.700. Cela fait une augmentation de 79 % en une décennie. Le message envoyé aux « justiciables » est parfaitement clair. Je traduis en français courant : « Circulez ! Y a rien à voir ! ». Ou encore : « Viens pas m’embêter, ou je te mets dedans ! ».

 

 

Le délit d’ « outrage et rébellion » est en soi une trouvaille géniale, principalement parce que la libre appréciation en est laissée aux « agents dépositaires de l’autorité », et que, à cause de ça, la lutte est inégale, parce que les agents en question sont assermentés. Devant un juge, ça fait obligatoirement la différence.

 

 

Je n’appelle pas à la sédition, on aura compris j’espère. Je me demande seulement, modestement, si ne circule pas dans les rangs de la police nationale, inspirée par l’attitude de toute la structure hiérarchique, une sorte de culture de l’impunité et de la supériorité, qui élève une sorte de mur entre la population et les forces de l’ordre, comme si la population était a priori à considérer comme un ensemble de suspects en puissance.

 

 

Qu’est-ce qui, en dehors d'une « culture » interne, empêche les policiers d’avoir envie de se considérer eux-mêmes comme des membres, certes un peu à part, mais des membres à part entière, de cette population ? Qu’est-ce qui en fait des adversaires ? Qu'est-ce qu'on leur raconte, pendant leur formation, sur la population normale ? Qu'est-ce qui fait que la perception qu'on a de la police soit à ce point empreinte de brutalité ? Qu'est-ce qui fait d'elle une troupe de cow-boys dans je ne sais quel Far West ? Reçoivent-ils un enseignement de chevaliers blancs ? De justiciers ? De redresseurs de torts ?

 

 

 

Les deux candidats au fauteuil présidentiel rivalisent de salamalecs devant l'attitude putschiste des policiers manifestants. SARKOZY joue carrément les carpettes. HOLLANDE s'incline modérément, mais enfin il s'incline. Elle est belle, la République.

 

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VOUS TROUVEZ ÇA NORMAL ? 

 

Il est proprement ahurissant que des policiers manifestent, en uniforme et dans leurs véhicules professionnels, gyrophares allumés, sur les Champs Elysées, pour protester contre la décision d’un juge qui, sur la base d’une autopsie et d’un témoignage, dit que l’un d’entre eux a sans doute commis un « homicide volontaire » en logeant un balle dans le dos d’un homme qui fuyait.

 

 

Je signale d'ailleurs que le procureur de Bobigny a déclaré qu'il ne fera pas appel de la décision du juge d'instruction. Pour être respecté, il convient d’être respectable. Et de ne pas se croire tout permis.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

 

 

 

 

vendredi, 13 avril 2012

L'HUMANITAIRE, SIGNE DE POURRITURE

J’ai déjà, dans des notes pas trop vieilles, abordé le problème des associations humanitaires, dont certaines se font appeler Organisation Non Gouvernementales (O.N.G.), pour en dire un mal que je me suis efforcé de nourrir d’arguments divers. Mais parmi les arguments possibles, il en est un que j’avais oublié, ou plutôt dont je n’avais pas compris qu’il pouvait et devait constituer mon argument en dernier ressort.

 

 

Réfléchissons : créer une association, c’est facile, c’est pas cher et – au moins dans la plupart des cas – ça ne rapporte rien. Mais, en tout état de cause, cela relève de l’initiative PRIVÉE. Et quand je me suis penché  sur cette caractéristique, j’en ai été impressionné. C’est bête, je sais, mais je suis très long à la comprenette. Car en fin de compte, une association, c’est une entreprise privée. Sans but lucratif, en principe. UNE ASSOCIATION EST UNE ENTREPRISE PRIVÉE. Et c’est pas de ma faute, je vous assure.

 

 

L’initiative privée. Franchement, je n’ai rien contre, en soi. Mais je ne peux m’empêcher de m’interroger. Oui : comment se fait-ce ? Qu’est-ce qui fait que l’initiative individuelle et non rémunérée ait à ce point explosé ? Ait pris tant de place, au point d’occuper, en certaines occasions, les rues et places publiques, les plateaux de télévision, les sorties de supermarchés ?

 

 

Comment se fait-il qu’on ait vu sans sourciller se mettre en place et se pérenniser, croître et embellir les « Restos du cœur », les « Banques alimentaires », « Emmaüs » ? Cela fourmille d’actions généreuses, dans toutes les directions où va le vent. Et tout ça pour quoi ? Pour que triomphe le principe de l’ENTREPRISE PRIVÉE. La « charité » a vaincu la « justice ». Car les gens comme BILL GATES distribuent LEUR argent à LEUR gré. La « charité » est arbitraire. Si PIERRE BERGÉ a lancé et s’occupe du « sidaction », c’est qu’il en a décidé ainsi, et que personne ne saurait le convaincre de faire autre chose.

 

 

L’humanitaire, c’est ça. Et je ne peux m’empêcher de trouver du tragique dans cette situation. Car cela signifie qu’il n’y a plus grand-chose de BIEN à attendre de la puissance PUBLIQUE. Le mouvement actuel, qui voit la prolifération des initiatives généreuses engagées par les « associations » considérées comme des entreprises privées sans but lucratif, montre que ce qu’on a appelé l’ETAT est en train de mourir sous nos yeux.

 

 

L’incroyable pullulement des associations à visée caritative et/ou humanitaire signifie que le monde est en train de procéder à la plus grande PRIVATISATION qui ait jamais eu lieu. Le triomphe de l’humanitaire et du caritatif signe la disparition de ce qui s’est appelé « Etat », « puissance publique », « bien commun ». Et atteste de la PRIVATISATION du monde.

 

 

Quand LIONEL JOSPIN gouvernait la France, entre 1997 et 2002, on a assez dit qu’il avait privatisé davantage à lui tout seul, lui, l’homme « de gauche », qu’ALAIN JUPPÉ et EDOUARD BALLADUR réunis. DOMINIQUE DE VILLEPIN a bradé les autoroutes françaises à des entreprises privées.

 

 

L’Education Nationale est en train, inexorablement, de se dissoudre en tant que principal vecteur et promoteur de l’action publique, et l’on voit fleurir les entreprises privées d’enseignement. L’hôpital public, à qui l’on demande de fonctionner selon une logique d’entreprise, est en train de voir croître et embellir, en face de lui, les hôpitaux privés. Les compagnies de sécurité privées deviennent un élément indispensable de nos décors urbains et marchands.

 

 

Des Etats (Madagascar et d’autres) vendent (c’est ce que veut dire un bail de location à 99 ans) leurs terres agricoles à la Chine, l’Inde ou la Corée. Des économistes en sont venus à calculer le montant des services rendus par la Nature (forêts primaires, océans, bientôt peut-être l’air qu’on respire).

 

 

La logique de cet immense mouvement historique de PRIVATISATION du monde est claire : ce qui appartient à une personne privée rapporte plus qu’un bien collectif (voir, dans l’histoire britannique, l’affaire des « enclosures »). Et cette privatisation de TOUT au profit de quelques-uns, la floraison des entreprises humanitaires et caritatives n’en sont qu’un des signes multiples, mais un signe indubitable.

 

 

Parmi les candidats à la présidentielle, seul NICOLAS DUPONT-AIGNAN parle de ça, à travers sa proposition d’abroger la loi de 1973. Mine de rien, cette vieille loi est un des premiers signes de la PRIVATISATION qui gouverne le monde de plus en plus impitoyablement.

 

 

Que dit-elle, cette vieille loi ? Entre autres choses, elle interdit à l’Etat français d’emprunter de l’argent à la Banque de France, et l’oblige à emprunter aux banques privées. L’argument, à l’époque, était une rationalisation de la politique budgétaire de l’Etat.

 

 

Que dit-il, NICOLAS DUPONT-AIGNAN, en proposant d’abroger cette loi ? Que l’Etat français pourrait emprunter de l’argent à 0 %. Au lieu d’engraisser honteusement des banques sur le dos des contribuables. Et de courir à leur secours quand elles se sont elles-mêmes mises dans la panade à force de folie spéculative, et toujours aux dépens des contribuables. Mine de rien, il met le doigt sur l’origine du mal qui nous menace tous : la PRIVATISATION de tout. La confiscation de tout ce qui était collectif.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

mercredi, 06 juillet 2011

VICTIME : UN METIER D'AVENIR !

SUITE ET FIN

 

Maintenant la notion de victime. Le grand René Girard en a beaucoup parlé. Il en a même fait le centre (ou le point de départ) de sa théorie. Il a commencé dans Mensonge romantique et vérité romanesque, continué dans La Violence et le sacré. Après, je l’ai abandonné. A partir de Des Choses cachées depuis la fondation du monde. Je dirai pourquoi.

 

Pour faire clair et court, dans tous les groupes humains, chacun ne désire qu’un objet déjà désigné comme désirable par un autre. C’est la notion de « désir mimétique ». Dès lors, s’ensuit une rivalité mimétique du désir. Cette rivalité se répand de proche en proche, par  « contagion », jusqu’à entraîner une « violence mimétique », qui augmente jusqu’à produire la « crise sacrificielle » : le groupe éprouve la nécessité de purger cette violence pour ne pas s’y autodétruire. C’est là qu’intervient la « victime émissaire », qui était de toute façon désignée pour ce moment. Par exemple un « bouc émissaire » chez les juifs de l’antiquité. On procède alors au rite du sacrifice, dans les formes, et la paix est alors restaurée, jusqu’à la prochaine fois.

 

Vous savez l’essentiel. J’avoue avoir été impressionné par ce livre, lu en 1977. Mais il m’a aussi « gonflé ». Girard est lui-même tellement impressionné par sa construction qu’elle devient la clé totale, qui ouvre toues les portes du mystère humain. Le dernier livre de lui (voir ci-dessus) que j’ai lu est une apologie du christianisme : il y soutient que la crucifixion de Jésus Christ est le premier sacrifice qui a échoué à restaurer la paix dans le groupe, les sacrificateurs se rendant compte que la « victime émissaire » n’était pas « émissaire », justement, mais innocente. Dès ce moment, l’humanité entre dans une ère nouvelle, promise au « salut ». Girard était mûr pour devenir professeur dans une université américaine. C’est évidemment ce qu’il a fait. Mais de tout ça, je retiens principalement que la victime, pour René Girard, a un statut d'une grande noblesse et dignité, et remplit une véritable fonction.

 

Car tout ça fait très intello. Redescendons un peu, et même beaucoup, à la hauteur des minuscules Sarkozy et Dati, qui n’ont aucune idée de ce qui précède, puisque l’œil fixé sur la seule prochaine échéance électorale. C’est net, pour brosser comme il faut le chien électoral, il est bon d’instrumentaliser la victime. C’est un « créneau porteur », comme on dit dans le marketing.

 

Parce que, quelque part, si personne ne se conçoit a priori comme un bourreau, tout le monde, quelque part, se sent un peu victime. « Quelque part au niveau du vrai cul. – Tu l’as dit bouffi ! » Cela crée une solidarité dans le malheur quotidien. Avec  Madame Michu, la voisine, ça fait un vrai sujet de conversation. Bon, c’est vrai que ce n’est pas le salon de Madame du Deffand. Mais la tendance est là : « C’est pas une vie la vie qu’on vit. – A qui le dites-vous, ma pauv’dame ! ».

 

Il y a, dans toute foule, une forme de solidarité spontanée avec la victime. Elle est prompte à crier « à mort ». Elle s’identifie facilement à la victime. A entendre les propos de taverne (ou « brèves de comptoir »), elle endosserait volontiers l’uniforme du bourreau.

 

C’est d’ailleurs pour ça que, dans les grands débats de société, il est souvent très pratique d’endosser l’uniforme de la victime. Pour jouer sur ce réflexe de solidarité spontanée. Présenter comme une grave injustice l’interdiction faite aux homosexuels de se marier en tant qu’homosexuels, cela permet de se poser en victime, et c’est très pratique.

 

Présenter l’Etat d’Israël comme victime de racisme et d’antisémitisme quand on le critique politiquement, c’est très pratique (voir, il n’y a pas si longtemps, le cas d’Edgar Morin). Présenter toute plaisanterie sur les femmes, les homosexuels ou les handicapés comme une atteinte  insupportable aux droits de ces personnes, elles-mêmes présentées comme des victimes (sexisme, homophobie et tout ça), c’est aussi très pratique.

 

Et pourquoi est-ce très pratique de se poser en victime, demandera-t-on ? La raison est très simple à comprendre : parce que ça autorise la victime à demander réparation. Ben oui, aujourd’hui, si vous racontez en public une blague, même mauvaise, sur les femmes, les juifs, les Arabes, vous allez voir tous les rapaces et les hyènes de toutes les « associations de victimes » se jeter sur vous pour se partager votre cadavre. C’est une image.

 

Ces associations se nomment LICRA, FIDH, Osez le féminisme, Les chiennes de garde, la fédération « LGBT », etc. Et elles se jettent sur vous par tribunal interposé. Elles portent plainte. Parce qu’on a fait les lois que toutes ces « victimes » réclamaient depuis longtemps, et qui leur permettent de se porter partie civile. Le moindre pet de travers ne doit pas rester impuni. Le glaive de la justice doit frapper.

 

On demande (on obtient) réparation du préjudice subi. Ici, ce sera une affiche de publicité « portant atteinte à la dignité des femmes ». Là, ce sera un propos montrant une intolérable intolérance à l’encontre des juifs, des Arabes, des homosexuels (rayer la mention inutile en fonction du cas rencontré). Tout cela doit être assimilé à de la délinquance. Le coupable doit payer.

 

L’irremplaçable Philippe Muray dénonce très souvent ce qu’il appelle « l’envie de pénal ». J’appellerais cela une tendance à la « pénalophilie ». Des juristes très sérieux s’inquiètent même de la dérive que cette omniprésence des « victimes » potentielles fait planer à court terme sur ce que les journalistes et politiciens appellent vilainement « le » vivre ensemble. Cela s’appelle « judiciarisation » de la vie en société. Bon, en France, les avocats ne sont pas encore, comme c’est le cas aux Etats-Unis, à faire du porte-à-porte pour s’enquérir des « préjudices » dont vous avez été « victime ». Mais la tendance est là. 

 

Allez ! Foin de pessimisme ! En route vers le « meilleur des mondes ».

mardi, 05 juillet 2011

VICTIME : UN METIER D'AVENIR !

« Le premier des droits de l’homme, c’est le droit des victimes ». Voilà : c’est carrément du lourd. On prend le boulet en pleine gueule ! Et apparemment, ELLE était à jeun quand elle a proféré l’énormité ci-dessus. ELLE était « à jeun » et « en fonctions » qui plus est. Qu’on se le dise, « Liberté », « Egalité », « Fraternité », c’est de la foutaise. Soyons modernes, que diable ! Désormais c’est : « Priorité aux victimes ! ». Mais on peut être « à jeun », « en fonctions » et complètement frapadingue en même temps.

 

 

ELLE ? Si vous suivez ce blog, reportez-vous à ma note du 3 mai dernier   intitulée SAINTE RACHIDA SCHOLASTIQUE. Oui, c’est bien elle, RACHIDA DATI en personne. Celle de quelques lapsus mémorables. Et quand elle a prononcé la phrase citée ci-dessus, elle était « sinistre de la justice », elle-même sinistrée par ses soins. Vous me direz qu’en prenant ostensiblement parti pour les victimes, elle n’a fait que suivre la voie tracée par NICOLAS SARKOZY lorsqu’il était « sinistre de l’Intérieur ».

 

 

Bon, victime, je n’aime vraiment pas, mais alors pas du tout. Je sais par exemple et par expérience ce qu’on ressent quand la maison est cambriolée, vidée de tout un tas de choses qui, à force de constituer le décor quotidien, sans même parler de leur valeur, finissent par constituer une partie des personnes qui habitent là, et pour qui c’est aussi violent qu’une amputation. Pour les autres façons d’être victime, je ne peux qu’imaginer.

 

 

La loi française fait d’ailleurs une place à la victime. Cette place s’appelle « partie civile ». Et la partie civile peut être représentée au procès, quand il a lieu, bien sûr, c’est-à-dire quand l’auteur présumé des faits a été retrouvé et qu’il comparaît. Et si les faits ne peuvent évidemment pas être effacés sur l’ardoise, la victime, tout en restant victime, peut demander réparation du tort causé.

 

 

Mais alors, puisque la loi définit le statut de la victime et prévoit le dédommagement, la question qui me vient est : « Pourquoi NICOLAS SARKOZY fait-il du bruit autour du mot ? ». La réponse est trop facile : parce que, pour être élu, il faut attirer le plus grand nombre, et que le plus grand nombre ne sait pas trop ce qu’il y a déjà dans la loi. Cela porte un nom vieux comme la démocratie : démagogie. Il s’agit de flatter. Donc de caresser dans le bon sens le pelage du bon chien qui va bientôt voter.

 

 

Alors, pourquoi RACHIDA DATI, maintenant ? Disons que, à part le fait qu’elle a des talonnettes A LA FOIS aux chaussures et à la mâchoire supérieure, rien ne la différencie du patron. C’est « copie conforme ».

 

 

Réponse au prochain numéro.