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dimanche, 27 juillet 2025

DES ÉLITES PUTSCHISTES

Tout se passe comme si Rachida Dati préparait, presque sans se cacher, un putsch contre la magistrature française, contre le système judiciaire, contre la séparation des pouvoirs et, finalement, contre l'état de droit dans son ensemble. Remarquez, elle ne fait qu'emboîter le pas à quelques illustres prédécesseurs, qui lui ont montré que c'était possible et comment il fallait faire. La recette ? Elle est simple : je nie tout en bloc, avec un aplomb sans faille, et je m'y tiens mordicus.

Le premier à lui avoir montré la voie est peut-être Nicolas Sarkozy, ancien président à talonnettes et auteur d'un certain nombre de méfaits commis dans l'exercice de son mandat : refonte complète de la « carte judiciaire » (tiens, la ministre était une certaine Dati Rachida) ; suppression brutale de la "police de proximité" ; instauration de la fameuse « R.G.P.D. » (non-renouvellement d'un poste sur deux après départ en retraite de fonctionnaires) ; démolition organisée de deux services de police ("Renseignements Généraux" et "Défense et Sécurité du Territoire" et refonte dans un gloubi-boulga dont la gent policière a eu du mal à se remettre) ; et j'en oublie sans doute.

On se rappelle la posture d'innocent outragé que Sarkozy a systématiquement adoptée lorsque quelques juges effrontés ont osé s'attaquer à quelques affaires louches qui se seraient produites sous son autorité. Ses avocats ont tiré tellement fort sur toutes les ficelles de procédure qu'il a fallu plus de dix ans pour que des juges finalement tenaces obtiennent au bout du compte une condamnation définitive. A ce rythme, on se dit que Sarko aura quitté l'EHPAD pour un monde meilleur quand les juges pourront enfin clore une bonne fois le dossier de toutes les affaires où l'on retrouve obstinément le nom de Nicolas Sarkozy. 

Mais cet homme à l'innocence chargée comme une mule a fait des émules. Plusieurs augustes personnalités moralement exemplaires de notre pays ont bien appris la leçon. Je pense par exemple à François Fillon, ancien candidat à l'élection présidentielle débouté pour avoir profité de largesses (Ladreyt de Lacharrière, ça vous dit quelque chose ?) par l'entremise d'une épouse travailleuse tellement clandestine que tout le monde ignorait qu'elle qu'elle n'était pas une simple femme au foyer. Passons sur le cas de monsieur Cahuzac (vous savez : « Les-yeux-dans-les-yeux »).

Madame Marine Le Pen a, de son côté, superbement et tapageusement quitté le tribunal qui venait de la condamner à l'inéligibilité pour avoir tapé dans la caisse du parlement européen et rémunéré des affidés au bénéfice de son parti avec plusieurs pauvres million d'euros détournés. Tous les vertueux qui entourent notre dame, presque aussi pure que la "Dame des Armoises", — vous savez, cette ribambelle de fausses Jeanne d'Arc qui ont sévi après la consomption de la seule authentique à Rouen en 1431, — ont glapi au "scandale d'Etat" et "grave atteinte aux libertés", à commencer par la liberté de se présenter à la présidentielle. 

La dernière en date des histoires de velléités de putsch qui animent certains membres de nos élites politiques, est aussi spectaculaire. Car Rachida Dati a sorti tout récemment l'artillerie lourde dans la ferme intention de contester (en français : piétiner) la légitimité de l'ordre judiciaire à contrôler la légalité des actions menées par les personnels politiques. Elle ne fait qu'imiter un certain nombre de ses semblables qui pensent que l'état de droit n'est pas fait pour eux, et qu'ils mériteraient amplement d'être récompensés par une impunité intégrale. 

En s'en prenant à la légitimité même des juges, Rachida Dati attaque directement l'état de droit. Et c'est précisément ça qui est grave, et d'autant plus grave que les atteintes à l'état de droit sont désormais une tendance qui gagne des pays jusque-là très sourcilleux quant à la préservation de la séparation des pouvoirs et au maintien de l'équilibre de ces pouvoirs. 

Le rêve de tous les gens avides de pouvoir ou exerçant le pouvoir ? Donner la priorité à l'exécutif sur le législatif et sur le judiciaire. Pas la peine de citer à nouveau les pays d'Europe qui ont des penchants vers une autorité enfin débarrassée des impedimenta imposés par le fonctionnement démocratique de la société.

Quant aux autres pays du monde, il suffit de lire la presse pour se dire que les espaces vraiment démocratiques ressemblent de plus en plus à des îlots menacés par une autre sorte de submersion que celle due au réchauffement climatique. 

Rachida Dati n'a même pas besoin d'avouer sur qui elle prend exemple dans ses actions et ses attitudes. N'a-t-elle pas dit à un(e) journaliste sur un plateau télé : « Ils ne sont pas nombreux, ceux qui m'ont fait plier ». Ah bon ? Parce que ça lui arrive de plier ? Messieurs les juges, c'est bon à savoir !

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