mardi, 18 avril 2023
MACRON A CAUSÉ DANS LE POSTE
SUR L'ANALYSE, TOUT LE MONDE EST D'ACCORD.
1
LE PRÉSIDENT N'A PLUS RIEN A DIRE AUX FRANÇAIS.
A sa décharge, de bons esprits (genre docteur Kilikil) soutiendront peut-être qu'il est prisonnier du personnage qu'il s'est lui-même forgé, comme on le voit ci-dessous.
2
DE LEUR CÔTÉ, A FORCE D'AVOIR PENDANT UN TEMPS CRU EN LA VÉRITÉ DES BONIMENTS PROFÉRÉS PAR LE PRÉSIDENT, LES FRANÇAIS NE VEULENT PLUS RIEN ENTENDRE, ET QUAND IL SE PRÉPARE A OUVRIR LA BOUCHE, ILS FERMENT LES ÉCOUTILLES.
Et cela malgré les exhortations les plus pressantes venues des rangs serrés de la gent journalistique spécialisée en politique.
3
LE PRÉSIDENT S'ÉCHAPPE AU-DESSUS DE LA MÊLÉE : L'UNIVERS DANS LEQUEL IL RÊVE DE SE MOUVOIR EST TELLEMENT PLUS ÉLEVÉ QUE TOUTES LES BASSES CONTINGENCES AUXQUELLES LES GENS TROP ORDINAIRES SEMBLENT SI FORT ATTACHÉS !!!!
Cependant, je ne dirai pas — comme Baudelaire a pu en émettre l'hypothèse à propos d'un autre genre de drôle d'oiseau — que « ses ailes de géant l'empêchent de marcher » : il n'est pas un albatros (et voir plus bas).
***
MORALITÉ : LE DIAGNOSTIC TOUCHANT LE PSYCHISME - ET PAR CONSÉQUENT - LA RELATION D'EMMANUEL MACRON AVEC LA RÉALITÉ ORDINAIRE DES GENS ORDINAIRES EST IMPITOYABLE.
Ayons une pensée un peu compatissante pour cet homme qui doit se sentir bien seul, une fois retombées ses bouffées de mégalomanie.
09:00 Publié dans BANDE DESSINEE, HUMOUR | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : humour, bande dessinée, franquin, spirou et fantasio, qrn sur bretzelburg, docteur kilikil, uderzo, goscinny, astérix gladiateur, assurancetourix, hergé, les aventures de tintin et milou, l'oreille cassée, perroquetrodrigo tortilla tu m'as tué, emmanuel macron, élection présidentielle, politique, france, société, dialogue social, poésie, baudelaire, les fleurs du mal, élévation
mardi, 10 août 2021
LA FONTAINE, LA MONTAGNE ET LA SOURIS
LA MONTAGNE QUI ACCOUCHE
Une montagne en mal d'enfant
Jetait une clameur si haute,
Que chacun au bruit accourant
Crut qu'elle accoucherait, sans faute,
D'une Cité plus grosse que Paris :
Elle accoucha d'une souris.
Quand je songe à cette Fable
Dont le récit est menteur
Et le sens est véritable,
Je me figure un Auteur
Qui dit : Je chanterai la guerre
Que firent les Titans au maître du tonnerre.
C'est promettre beaucoup : mais qu'en sort-il souvent ?
Du vent.
***
Non non, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit : je ne pense pas à Emmanuel M., plus doué pour le verbe que pour sa transformation en réalité concrète. Nooooon ! Qu'avez-vous failli penser ?
19:25 Publié dans LITTERATURE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, littérature française, la fontaine, fables de la fontaine, fable la montagne qui accouche, humour, emmanuel macron
lundi, 09 août 2021
... POUR TROUVER DU NOUVEAU
Ô Mort, vieux capitaine, il est temps ! levons l'ancre !
Ce pays nous ennuie, ô Mort ! Appareillons !
Si le ciel et la mer sont noirs comme de l'encre,
Nos cœurs que tu connais sont remplis de rayons !
Verse-nous ton poison pour qu'il nous réconforte !
Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau,
Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu'importe ?
Au fond de l'Inconnu pour trouver du nouveau !
***
Sujet de dissertation littéraire et philosophique : "Vous direz, en vous appuyant sur vos connaissances de la poésie de Charles Baudelaire, comment vous comprenez ces derniers vers du dernier poème des Fleurs du Mal. Vous vous demanderez en particulier ce qu'il faut penser de la quête frénétique d'innovation à laquelle le monde moderne se livre depuis un siècle et demi. Vous avez quatre heures."
***
Copie de l'élève André Franquin.
09:26 Publié dans HUMOUR | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bande dessinée, andré franquin, gaston lagaffe, prunelle, humour, philosophie, poésie, charles baudelaire, les fleurs du mal
jeudi, 11 février 2021
LES POÈTES DE MA VIE (13)
MAURICE FOMBEURE
*
TROUVER L’ÂGE DE MON VILLAGE
Autour des sentiers blancs, le sommeil de la mer,
Autour des tamaris le sommeil et l’amour,
Risque en alexandrins ces rixes, ces paresses,
Le sommeil de la mort sur la plage des jours.
Au coucher du soleil, mon village écarlate,
La mairie à la chaux puis le curé dodu,
Un jardin fou criblé d’oiseaux, de mille-pattes
Et l’église écoutant ses orgues suspendues.
Le bruit clair des lavoirs et le bruit sourd des sources.
Sur la place, un tilleul aveugle et répandu
Un chariot que la lune attelle à la grande Ourse
Et saint Eloi, patron des forgerons perdus.
Mon lit où la mort prend la forme du sommeil,
Disperse les songes assoupis sous mon toit,
Où je dors toujours seul et toujours avec toi
Car tu es sur ma vie comme une étoile blanche.
Au fond des prunelliers mon village éternel
Au bord de ta forêt, déchiré par l’orée
Au bas d’un doux ciel clos cravaché d’hirondelles,
Je t’aime mon village éternel, éternel,
Tes fumées tremblent dans mon cœur,
Tes volets s’ouvrent dans mes yeux ;
Je t’aime mon village innocent et joyeux
Où la vie fait un doux bruit d’ailes.
*
MAURICE FOMBEURE
A DOS D’OISEAU.
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vendredi, 29 janvier 2021
LES POÈTES DE MA VIE (12)
GEORGES PERROS
On naît avec les hommes. On meurt
inconsolé parmi les dieux.
René Char
*
La préface est à l’intérieur.
*
UNE VIE ORDINAIRE
On m’a bien dit que j’étais né
mais de si drôle de façon
je me méfie des gens qui m’aiment
sans trop pouvoir faire autrement
bref j’attends confirmation
de cet événement suspect
rien ne m’ayant encor donné
l’enviable sensation
d’être tout à fait là sur terre
plutôt que dépendant d’un ciel
qui change souvent de chemise
bien plus que moi.
N’importe allons
Je suis pour le discours humain
Je suis pour la moitié de pain
Le désespoir c’est de se taire
Et si mon langage vous pèse
quoique si léger si fuyant
rien de plus facile à votre aise
que de jeter ce livre au vent.
De cet étonné d’être là
il avait sept mois et demi
(Ah ce mois et demi me manque
Je suis l’homme d’un courant d’air
qui aurait trouvé sa fenêtre
un peu trop vite se lâchant
dans la nature sans avoir
pris nécessaire rendez-vous
Ne cherchez donc pas trop ailleurs
ce qui mutile ma parole
elle est dans le vent et ne tire
qu’un pauvre diable par la queue)
qui se noyait dans la cuvette
il pesait moins de trois kilos
il était condamné à mort
au reste l’est-il pas toujours
comme mort son frère jumeau
avant même d’avoir vécu
(mais c’est plutôt sœur que j’aurais
aimé sentir en même temps
que moi vivant sur cette terre
et j’en aurais été jaloux
supportant mal qu’elle préfère
me faire cadeau d’un beau-frère)
il m’étonne encor d’éprouver
le taciturne goût de vivre
Je l’entends qui se parle en moi
comme dans un habit trop grand
se débattent la chair et l’os
d’un qui aurait poussé trop vite.
*
GEORGES PERROS
Une vie ordinaire.
(C'est le tout début de ce délectable "roman poème".)
09:00 Publié dans POESIE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, georges perros, perros une vie ordinaire
jeudi, 28 janvier 2021
LES POÈTES DE MA VIE (11)
GUILLAUME APOLLINAIRE
*
FÊTE
A André Rouveyre.
Feu d’artifice en acier
Qu’il est charmant cet éclairage
Artifice d’artificier
Mêler quelque grâce au courage
Deux fusants
Rose éclatement
Comme deux seins que l’on dégrafe
Tendent leurs bouts insolemment
IL SUT AIMER
quelle épitaphe
Un poète dans la forêt
Regarde avec indifférence
Son revolver au cran d’arrêt
Des roses mourir d’espérance
Il songe aux roses de Saadi
Et soudain sa tête se penche
Car une rose lui redit
La molle courbe d’nue hanche
L’air est plein d’un terrible alcool
Filtré des étoiles mi-closes
Les obus caressent le mol
Parfum nocturne où tu reposes
Mortification des roses
*
GUILLAUME APOLLINAIRE
Calligrammes.
09:00 Publié dans POESIE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, guillaume apollinaire, calligrammes, guerre 14-18
mercredi, 27 janvier 2021
LES POÈTES DE MA VIE (10)
TRISTAN TZARA
*
Homme approximatif comme moi comme toi lecteur et comme les autres
Amas de chairs bruyantes et d’échos de conscience
Complet dans le seul morceau de volonté ton nom
Transportable et assimilable poli par les dociles inflexions des femmes
Divers incompris te mouvant dans les à-peu-près du destin
Avec un cœur comme valise et une valse en guise de tête
Buée sur la froide glace tu t’empêches toi-même de te voir
Grand et insignifiant parmi les bijoux de verglas du paysage
Cependant les hommes chantent en rond sous les ponts
Du froid la bouche bleue contractée plus loin que le rien
Homme approximatif ou magnifique ou misérable
Dans le brouillard des chastes âges
Habitation à bon marché les yeux ambassadeurs de feu
Que chacun interroge et soigne dans la fourrure de caresses de ses idées
Yeux qui rajeunissent les violences des dieux souples
Bondissant aux déclenchements des ressorts dentaires du rire
Homme approximatif comme moi comme toi lecteur
Tu tiens entre tes mains comme pour jeter une boule
Chiffre lumineux ta tête pleine de poésie
*
TRISTAN TZARA
L’Homme approximatif.
09:05 Publié dans POESIE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, tristan tzara, l'homme approximatif
mardi, 26 janvier 2021
LES POÈTES DE MA VIE (9)
JOË BOUSQUET
MON FRÈRE L’OMBRE
*
Avec ses souliers de pierre
Qu’il tenait à chaque main
Le portier du cimetière
A fait danser le chemin
Avec ses sabots de cendre
Sur les lèvres d’un amant
Le sonneur est venu prendre
Ce qu’il disait en dormant
L’absence aux souliers de feuilles
Donne son cœur pour toujours
Au seul galant qui la veuille
Le vent qui change les jours
La vieille aux souliers de paille
Hisse un fagot sur ses reins
Et dans une ombre à sa taille
Porte la lune à la main
La nuit tous les pas se mêlent
Ce qui nous mène est perdu
L’air est bleu de tourterelles
Le ciel le vent se sont tus
Et pareil à la colombe
Qui meurt sans toucher le sol
Entre l’absence et la tombe
L’oubli referme son vol
Mais il survit du murmure
Où tout se berce en mourant
L’amour des choses qui dure
Au cœur d’un mort qui m’attend
*
JOË BOUSQUET
La Connaissance du soir.
09:00 Publié dans POESIE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, joë bousquet, la connaissance du soir
lundi, 25 janvier 2021
LES POÈTES DE MA VIE (8)
ARMAND ROBIN
*
LA NUIT
J’ai rejeté le Temps bien loin de mes épaules,
Vos songes, mes humains, sont mon plus vrai manteau ;
Mes genoux, faits d’espace et de collines molles,
Semblables au destin cheminent sans un mot.
Je passe, brune et lente, en la brume des fleuves,
Je n’y laisse flotter que mon indifférence
Mais les eaux, malgré moi, le dos courbé, s’abreuvent
Comme des bœufs, tous noirs, à ma fraîcheur immense.
Les talus, quand j’y dors, semblent guéris des ronces ;
Les arbres que je prends, je ne sens rien pour eux,
En eux je n’ai jamais tenu que mon silence
Et voilà qu’on m’apprend que je les rends heureux !
Hélas ! ne pas savoir pourquoi je suis si douce !
Me direz-vous comment je puis tant vous aimer ?
Mes propres pas me sont plus muets que la mousse !
Par moi sauvés de tout, vous m’avez tous blessée.
*
ARMAND ROBIN
Ma Vie sans moi.
09:00 Publié dans POESIE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, armand robin, ma vie sans moi
jeudi, 21 janvier 2021
LES POÈTES DE MA VIE (7)
YVES MARTIN
Comment je vis ? Question trottinante
Comme un léger reproche.
Depuis mon opération, il ne m’était pas apparu.
Les roses, les œillets secs se sont enfuis
Sous la petite table de rotin.
Le pantalond de velours voyage peu.
Il fait froid.
Les merles s’approchent de ma fenêtre,
- tirer les marrons du feu –
Le vent ne compte plus ses larmes.
Sur la glace envie d’écrire
« Assassin » pour entendre derrière moi
Grommeler l’incorrigible inconnu.
Demain le désordre sera encore moins chaleureux.
Je tape ma porte. La haine de ma voisine
M’est indispensable. Dans l’escalier, comme chaque matin
Un cartable. Je l’ouvre. Je caresse un cahier, une plume,
Un marron. Puis je le transporte jusqu’à l’entrée de l’immeuble
Où dans quelques minutes viendra le reprendre
Une jeune fille que je ne connais pas
Dont je devine seulement que les cheveux
Sont aussi longs, dorés
Que le vermouth des océans.
YVES MARTIN
De la Rue elle crie.
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mercredi, 20 janvier 2021
LES POÈTES DE MA VIE (6)
CHRISTIAN DOTREMONT
A PAUL ÉLUARD
à Paul Éluard
le jeune homme qui est un vieil enfant
au visage incendié de timidité
a dans son cœur incendié dans sa tête incendiée de tempêtes
de quoi attacher toutes les frontières
de quoi jouer au bête puzzle du monde
le jeune homme incendié au cœur
de livres de cœur et de mois d’Octobre
a de quoi « acheter de mourir de faim »
de quoi ne pas avoir les papiers nécessaires
le vieil enfant muet a seulement un ticket de désobéissance
aux lois d’infamille aux lois de désobéissance à tous ses désirs
son chemin a la largeur du monde et manger lui est aventure
il supporte toute souffrance pourvu qu’elle soit imprévue
il n’a pas besoin qu’on lui montre…
il a dit les mêmes paroles celui dont les mains sont ouvertes comme les livres
comme ses livres chez un jeune homme à la seule voix d’encre
qui jamais ne traversera la vie aux passages cloutés
09:34 Publié dans POESIE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, christian dotremont, paul éluard
jeudi, 14 janvier 2021
LES POÈTES DE MA VIE (5)
PAUL CELAN
***
RETOUR
Chute de neige, de plus en plus dense,
Couleur colombe, comme hier,
Chute de neige, comme si tu dormais toujours.
Du blanc à perte de vue :
Dessus, à l’infini,
La trace de traîneau du perdu.
Dessous, à l’abri,
Se hausse
Ce qui fait si mal aux yeux,
De colline en colline,
Invisible.
Sur chacune,
Rapatrié dans son aujourd’hui,
Un Je échappé dans le mutisme :
De bois, un pieu.
Là-bas : un sentiment
Qu’entraîne ici le vent de glace.
Il arrime l’étoffe couleur
Colombe, neige, son drapeau.
PAUL CELAN
Grille de parole
(traduction Martine Broda)
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mercredi, 06 janvier 2021
LES POÈTES DE MA VIE (4)
EUGÈNE SAVITZKAYA
***
La montagne a bougé, la montagne est en morceaux. La maison, cassée. Sous terre sont les merisiers et leurs brindilles, le mélèze, le feuillage dispersé, le mouton, le mammouth musclé, la bonne mouture de froment, les ordures, les os, les machines sans roues, les quartiers de meule, les faisceaux de paille mouillée, les rayons de miel, le minerai si vif et le manganèse, il n'y a plus de musc, plus de chair molle, rien que de la matière morcelée et du morfil en quantité.
EUGÈNE SAVITZKAYA
Quatorze cataclysmes.
09:00 Publié dans POESIE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, eugène savitzkaya, quatorze cataclysmes
mardi, 05 janvier 2021
LES POÈTES DE MA VIE (3)
GHÉRASIM LUCA
***
Son corps léger
est-il la fin du monde ?
c’est une erreur
c’est un délice glissant
entre mes lèvres
près de la glace
mais l’autre pensait :
ce n’est qu’une colombe qui respire
quoi qu’il en soit
là où je suis
il se passe quelque chose
dans une position délimitée par l’orage
***
Près de la glace c’est une erreur
là où je suis ce n’est qu’une colombe
mais l’autre pensait :
il se passe quelque chose
dans une position délimitée
glissant entre mes lèvres
est-ce la fin du monde ?
c’est un délice quoi qu’il en soit
son corps léger respire par l’orage
***
Dans une position délimitée
près de la glace qui respire
son corps léger glissant entre mes lèvres
est-ce la fin du monde ?
mais l’autre pensait : c’est un délice
il se passe quelque chose quoi qu’il en soit
par l’orage ce n’est qu’une colombe
là où je suis c’est une erreur
***
Est-ce la fin du monde qui respire ?
son corps léger ? mais l’autre pensait :
là où je suis près de la glace
c’est un délice dans une position délimitée
quoi qu’il en soit c’est une erreur
il se passe quelque chose par l’orage
ce n’est qu’une colombe
glissant entre mes lèvres
***
Ce n’est qu’une colombe
dans une position délimitée
là où je suis par l’orage
mais l’autre pensait :
qui respire près de la glace
est-ce la fin du monde ?
quoi qu’il en soit c’est un délice
il se passe quelque chose
c’est une erreur
glissant entre mes lèvres
son corps léger
GHÉRASIM LUCA
Paralipomènes, "Son corps léger".
09:00 Publié dans POESIE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, ghérasim luca, paralipomènes
samedi, 02 janvier 2021
LES POÈTES DE MA VIE (2)
PHILIPPE JACCOTTET
***
La nuit est une grande cité endormie
où le vent souffle... Il est venu de loin jusqu'à
l'asile de ce lit. C'est la minuit de juin.
Tu dors, on m'a mené sur ces bords infinis,
Le vent secoue le noisetier. Vient cet appel
qui se rapproche et se retire, on jurerait
une lueur fuyant à travers bois, ou bien
les ombres qui tournoient, dit-on, dans les enfers.
(Cet appel dans la nuit d'été, combien de choses
j'en pourrais dire, et de tes yeux...) Mais ce n'est que
l'oiseau nommé l'effraie, qui nous appelle au fond
de ces bois de banlieue. Et déjà notre odeur
est celle de la pourriture au petit jour,
déjà sous notre peau si chaude perce l'os,
tandis que sombrent les étoiles au coin des rues.
PHILIPPE JACCOTTET
L'Effraie.
09:00 Publié dans POESIE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, philippe jaccottet, l'effraie
mardi, 29 décembre 2020
LES POÈTES DE MA VIE (1)
YVES BONNEFOY
***
LIEU DU COMBAT
I
Voici défait le chevalier de deuil.
Comme il gardait une source, voici
Que je m'éveille et c'est par la grâce des arbres
Et dans le bruit des eaux, songe qui se poursuit.
Il se tait. Son visage est celui que je cherche
Sur toutes sources et falaises, frère mort.
Visage d'une nuit vaincue, et qui se penche
Sur l'aube de l'épaule déchirée.
Il se tait. Que peut dire au terme du combat
Celui qui fut vaincu par probante parole ?
Il tourne vers le sol sa face démunie,
Mourir est son seul cri, de vrai apaisement.
II
Mais pleure-t-il sur une source plus
Profonde et fleurit-il, dahlia des morts
Sur le parvis des eaux terreuses de novembre
Qui poussent jusqu'à nous le bruit du monde mort ?
Il me semble, penché sur l'aube difficile
De ce jour qui m'est dû et que j'ai reconquis,
Que j'entends sangloter l'éternelle présence
De mon démon secret jamais enseveli.
O tu reparaîtras, rivage de ma force !
Mais que ce soit malgré ce jour qui me conduit.
Ombres, vous n'êtes plus. Si l'ombre doit renaître
Ce sera dans la nuit et par la nuit.
YVES BONNEFOY
Du Mouvement et de l'immobilité de Douve.
09:54 Publié dans POESIE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, yves bonnefoy, du mouvement et de l'immobilité de douve
lundi, 15 juin 2020
BRICOLAGE
« Où, teignant tout à coup les bleuités, délires
Et rhythmes lents sous les rutilements du jour,
Plus fortes que l'alcool, plus vastes que nos lyres,
Fermentent les rousseurs amères de l'amour.»
A.R.
09:00 Publié dans PAS PHOTOGRAPHE MAIS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photographie, poésie, arthur rimbaud, le bateau ivre
dimanche, 07 juin 2020
POÈME
Il pleut du soir en fumée ronde
Sur la vallée où boivent les ombres.
Un cheval fourbu écoute les oiseaux.
Il goûte aux choses sonores
Qui parlent dans des langues.
Une peau qui ne sait rien d'elle-même
S'entoure de mots creux
En éteignant la lumière,
par précaution.
Mais on est là,
On sait.
09:00 Publié dans POESIE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie
lundi, 11 mai 2020
DÉCONFINEMENT
Après les confins ?
*
Mon troupeau d’oublis
S’était endormi au pied de mes échos.
Le corps luisant de mes étoiles filantes
Leur avait tracé des haies de cœurs écorchés.
J’entends bientôt monter
La sonate universelle,
La symphonie des solitudes,
Le concert, l'improviste et les ciselures.
09:00 Publié dans POESIE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie
jeudi, 07 mai 2020
POÈME
Et maintenant ?
*
Un seul demain suffira pour commencer.
On fera comme si on savait.
Les tâches, le poids et les mesures
Contiendront le temps, les pas et les saisons.
Une seule saison pour prolonger
L’été de la durée des songes.
Un seul été pour capturer
Les sons déshabillés de l’inconnu,
Qui ne se régénère que de souffrir.
09:00 Publié dans POESIE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie
mardi, 31 mars 2020
POÈME DU CONFINEMENT
CŒUR PARADIS
Cœur paradis, fais de ta transe un animal,
friand de rut et sauvage en son sommeil.
*
Cœur paradis, fais de ton éveil un clandestin,
fleur fiévreuse ou grand chien maraudeur.
*
Cœur paradis, deviens la porte de l’hiver,
fermée de tôle ou traversée de ses blessures.
*
Cœur paradis, fais de ton poids l’armature :
invisible, méthodique et transhumante.
*
Cœur paradis, dans l’être qui remplit et qui vide,
redeviens ce partage où nous aimions caracoler.
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dimanche, 29 mars 2020
POÈME DU CONFINEMENT
Demain est tout à fait creux.
La vie promène son désastre
sur toutes les routes.
J'attends la fin du bruit
et le retour du bruit.
09:00 Publié dans POESIE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie
vendredi, 31 janvier 2020
2020 : OUI, DES POÈMES, ENCORE....
... si la vie veut bien !
***
(Le lieu attend qu’on s’en aille
Pour se remettre à chuchoter.
Je suis de trop, se dit le désespoir.
Presque rien en notre possession,
Répond la voix du noble corps.
Reste le reste.)
***
Avec janvier prend fin le temps des vœux de Nouvel An.
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jeudi, 30 janvier 2020
2020 : QUELQUES POÈMES, ENCORE ?
Je te cherche et tu ne fuis pas.
J’ai la terre et le temps présent.
Je suis galet qui sent la vase tiède.
Je suis cadran de montre au milieu de l’esprit.
Et dans la trace de ton cœur je me perds.
Il me reste les poissons-chats,
L’opacité de l’eau, le confluent maladroit,
Les meubles de l’oubli.
T'ai-je trouvée, ma seule ?
09:00 Publié dans POESIE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie
samedi, 14 décembre 2019
UN DRÔLE DE SQUELETTE
Pour mon calendrier de l'Avent.
A quoi peut avoir ressemblé la vie concrète de l'être ainsi conformé ? Quelles autres souffrances que celles de son corps a-t-il été contraint de subir en société ? Ce squelette donne selon moi une image "haute définition" de la torture que "la vie" est capable d'infliger à quelques "privilégiés".
***
Eau verte, eau close,
eau débattue, opacité des lônes,
eau végétale, eau des bords.
Eau poisseuse comme une colle,
masque hermétique,
eau mauvaise, eau sans réfléchir.
Eau sans se retenir.
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