mercredi, 31 décembre 2025
POUR FRANCIS MARMANDE
Bravo et merci au journal Le Monde pour l'exemplaire et magnifique notice nécrologique publiée en date du 30 décembre 2025, dans le numéro même dont la une est barbouillée de l'immense photo d'une vague célébrité controversée (je sens que je ne vais pas me faire que des amis) qui vient aussi de passer l'arme à gauche.
FRANCIS MARMANDE, c'était tellement quelqu'un dans divers domaines qu'il a fallu qu'ils se mettent à huit pour boucler l'hommage rendu par Le Monde à son collaborateur. Je ne suis pas la femme (restée anonyme) qui lui a envoyé, des quatre coins de la planète, une carte postale chaque fois qu'elle lisait une chronique de lui dans le quotidien. Je fais juste partie des innombrables lecteurs qui lisaient avec délice sa prose toutes les fois que l'occasion s'en est présentée. Il m'est même arrivé de lui écrire un mot, auquel je dois dire qu'il avait répondu avec précision (c'était à propos de la préface qu'il regrettait d'avoir donnée aux auteurs d'une biographie dessinée de Thelonious Monk).
Car il écrivait sur le jazz. En fait, je devrais dire, comme indiqué dans l'article, qu'il préférait "les musiciens" de jazz "à la musique". Je traduis à ma façon : il préférait les personnes aux concepts. C'était inappréciable. Et puis son style d'écriture : léger, enlevé, incisif, méticuleux dans le détail de l'attitude. Bref, il savait ce qu'écrire veut dire. Bon, c'est vrai, il était un peu fait pour ça, agrégé de Lettres Modernes, sorti de Normale Sup Saint-Cloud et professeur de littérature à l'université. Mais ils ne sont pas tous comme ça.
Mais aussi, et finalement pas trop surprenant, étant natif de Bayonne, amateur averti de rugby (très fort, dit l'article, dans les troisièmes mi-temps) et de courses de taureaux. Hélas la rubrique tauromachique a été supprimée des pages du "journal de référence" au moment de la montée des controverses et de la passion de certaines parties de l'opinion publique pour le sort fait aux animaux dans notre société. Je ne m'étends pas sur ce qu'il convient de penser de ces contempteurs.
Pas aficionado au sens strict, j'ai assisté en tout et pour tout à une seule et unique corrida, en compagnie de mon ami Jean, lors de la Féria, à Nîmes, en 1971 (un sacré bail !). C'est une corrida, mais alors un sommet du genre. Pensez, après deux tâcherons qui avaient mal expédié leur besogne, est entré le grand El Cordobès qui, après avoir été à deux doigts de se faire estropier, avait exécuté un tour complet de l'arène en faisant danser (je ne vois pas d'autre mot) le taureau, pour l'amener juste en dessous de la tribune V.I.P. avant l'irréprochable mise à mort. Inutile de dire que les arènes de Nîmes hurlaient tout debout. Inoubliable !!!
Merci donc à Francis Marmande d'avoir ainsi régalé les lecteurs du Monde de toutes les ressources d'un esprit étincelant, multiple et prolifique. Et un énorme Merci à Michel Guerrin, Laurent Carpentier, Stéphane Davet, Bruno Lesprit, Véronique Mortaigne, Brigitte Salino, Josyane Savigneau et Sylvain Siclier d'avoir offert à la mémoire de l'écrivain-musicien-professeur ... etc. cette espèce de monument d'adieu tellement chaleureux.
12:33 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : francis marmande, journal le monde, nécrologie, jazz, thelonious monk, corrida, aficionado, el cordobès, féria de nîmes, michel guerrin, laurent carpentier, stéphane davet, bruno lesprit, véronique mortaigne, brigitte salino, josyane savigneau, sylvain siclier
lundi, 11 décembre 2023
CE FOU-LÁ ME PARLE
JACQUES VALLET 1939-2023 ... UN MEC UN PEU BARRÉ
Le journal Le Monde a fait mention de la disparition de Jacques Vallet dans une « Nécro » parue le 25 novembre dernier. Vu le tumulte médiatique autour de quelques guerres, cruautés et autres abominations, sa mort est passée à ce point inaperçue qu'on peut sans trop d'exagération la dire escamotée.

Je lui trouve une petite ressemblance avec le dessinateur Jacques Tardi (vous savez : Rumeurs sur le Rouergue, Adèle Blanc-Sec, la Commune de Paris, Léo Malet, Jean-Patrick Manchette, Daniel Pennac, le Stalag IIB, Géo-Charles Véran, avec par-dessus tout ça, la Grande Guerre, celle de 1914-1918, la première Shoah du XXème siècle).
Oh, Jacques Vallet n'est pas un grand héros. Il n'aurait garde d'y prétendre. Pour parler franchement, je ne connais pas grand-chose du parcours de vie de monsieur Jacques Vallet. J'ai découvert son nom en 1977 (et je ne l'ai pas oublié), dans l'« ours » d'une revue définitivement "inclassable" et complètement dérangée, une revue formidable et marginale et, pour tout dire, une revue trop improbable pour être restée au fronton des catalogues. Cette revue eut pour titre LE FOU PARLE.
Ci-dessous les couvertures des neuf premiers numéros.

Jacques Vallet n'avait pas peur d'écrire des poèmes.

Métamorphose de Beaubourg 1977-1982 (peut-être un travail de Gustave Affeulpin).

J'ai conservé précieusement des quinze numéros que j'ai achetés entre 1977 et 1984. Le Fou parle, c'était une revue sans doctrine, sans unité et même sans cohérence. Ce qui la rend irremplaçable, évidemment.
09:00 Publié dans LITTERATURE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, jacques vallet, revue le fou parle, journal le monde, nécrologie, centre beaubourg, poésie, jacques tardi

