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Le visiteur perspicace s'est peut-être aperçu que les photos ont été – oh, très légèrement – revues et corrigées, avec le plus grand tact, malgré des moyens pour le moins "rustiques" (aucune "intelligence artificielle" ici).
Mais au fait, c'est quoi, le "Jardin Rosa Mir" ? C'est spécial : cailloux coquillages et succulentes, quelques fleurs aux beaux jours. Une vraie curiosité. Un genre de Facteur Cheval et de "Palais Idéal" en miniature.
Un peu comme la "Maison Picassiette", à Chartres, intégralement et spectaculairement "habillée" (extérieur et intérieur, meubles et machine à coudre compris) de morceaux d'assiettes cassées par un autre authentique givré qui s'appelait Raymond Isidore (1900-1964).
Ça c'est – légèrement bricolée – la rivière Yzeron, qui tente à son tour de venir au secours des pauvres Danaïdes, qu'un sort injuste a condamnées pour des raisons futiles à remplir un Tonneau auquel un malintentionné avait ôté le fond : on n'est pas plus sournois.
La rivière Yzeron vient des monts du Lyonnais : elle traverse ou longe les communes de Montromant, Yzeron, Vaugneray, Brindas et Grézieu-la-Varenne dans les monts du Lyonnais, puis Craponne, Francheville, Sainte-Foy les Lyon, La Mulatière et Oullins, où elle jette ses eaux pas toujours très claires et parfois impétueuses (je les ai vues noyer le parking de Carrefour-Francheville, sans parler du vallon des Hermières) dans notre Rhône.
Ici, l'intérêt est que l'Yzeron, juste au-dessous du pont de Francheville, joue les Niagara, mais façon lilliputien (deux mètres quand même). La photo fut prise de la frêle passerelle qui enjambe (enjambait ?) le cours d'eau à cet endroit.
Allez, une petite pause avant demain dans l'étalage de symétries.
Un peu de massage des pieds pour calmer bébé.
Tout un art (mais ça ne marche pas à tous les coups). Notez la progression.
Série de photos prises le 4 août 2015 au cours de la quarante-septième minute de la dix-septième heure. Ce sont mes mains qui ont posé pour l'occasion.
MODESTE PROPOSITION POUR RÉFORMER LE TEMPS QUI PASSE.
« Horloge ! dieu sinistre, effrayant, impassible, Dont le doigt nous menace et nous dit : « Souviens-toi ! Les vibrantes Douleurs dans ton coeur plein d’effroi Se planteront bientôt comme dans une cible,
Le plaisir vaporeux fuira vers l’horizon Ainsi qu’une sylphide au fond de la coulisse ; Chaque instant te dévore un morceau du délice A chaque homme accordé pour toute sa saison.
Trois mille six cents fois par heure, la Seconde Chuchote : Souviens-toi ! – Rapide, avec sa voix D’insecte, Maintenant dit : Je suis Autrefois, Et j’ai pompé ta vie avec ma trompe immonde !
Remember ! Souviens-toi, prodigue ! Esto memor ! (Mon gosier de métal parle toutes les langues.) Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues Qu’il ne faut pas lâcher sans en extraire l’or !
Souviens-toi que le Temps est un joueur avide Qui gagne sans tricher, à tout coup ! c’est la loi. Le jour décroît ; la nuit augmente, souviens-toi ! Le gouffre a toujours soif ; la clepsydre se vide.
Tantôt sonnera l’heure où le divin Hasard, Où l’auguste Vertu, ton épouse encor vierge, Où le repentir même (oh ! la dernière auberge !), Où tout te dira : Meurs, vieux lâche ! il est trop tard ! »
Charles Baudelaire, Les fleurs du mal.
***
Avec en prime une très vieille chanson.
J'ai bien peur cependant que la présente "modeste proposition" n'ait guère de chances d'aboutir un jour prochain, et ce pour des raisons diverses et variées, à commencer par de probables désaccords des plus hautes autorités en la matière, mais aussi en raison d'obstacles intempestifs, comme le tourbillon des planètes ou les caprices des changements d'heures estivaux et hivernaux.
« Ses purs ongles très haut dédiant leur onyx, L'Angoisse, ce minuit, soutient, lampadophore Maint rêve vespéral brûlé par le Phénix, Que ne recueille pas de cinéraire amphore
Sur les crédence, au salon vide : nul Ptyx Aboli bibelot d'inanité sonore (Car le Maître est allé puiser des pleurs au Styx Avec ce seul objet dont le Néant s'honore).
Mais, proche la croisée au nord vacante, un or Agonise selon peut-être le décor Des licornes ruant du feu contre une nixe,
Elle, défunte nue en le miroir, encor Que, dans l'oubli fermé par le cadre se fixe, De scintillations sitôt le septuor. »
... Stéphane MALLARMÉ (certains affirment être en mesure de décrypter l'énigme. On n'est pas obligé de les croire).
« Vase olivâtre et vain d'où l'âme est envolée, Crâne, tu tournes un bon regard indulgent Vers nous, et souris de ta bouche crénelée, Mais tu regrettes ton corps, tes cheveux d'argent,
Tes lèvres qui s'ouvraient à la parole ailée. Et l'orbite creuse où mon regard va plongeant Bâille à l'ombre et soupire et s'ennuie esseulée, Très nette, vide box d'un cheval voyageant.
Tu n'es plus qu'argile et mort. Tes blanches molaires, Sur les tons mats de l'os brillent de flammes claires, Tels les cuivres fourbis par un larbin soigneux.
Et presse-papier lourd sur le haut d'une armoire Serrant de l'occiput les feuillets du grimoire, Contre le vent rôdeur tu rechignes, hargneux. »
Je suis très surpris que les Américains n'aient pas encore accusé Donald Trump d'être un "traître à la patrie". Ses dernières décisions font tout, en effet, pour favoriser des pays présentés comme des ennemis des USA : laisser le champ libre à la Russie et à l'Iran en Syrie et en Irak (au prétexte hallucinatoire que Daech est désormais vaincu : "We won !!!"), laisser le champ libre à la Chine en laissant tomber les accords de libre échange transpacifiques, et autres fantaisies géopolitiques.
Trump voudrait affaiblir le pays dont il est le président, il ne s'y prendrait pas autrement.
Trump est un traître à son pays.»
***
C'était déjà vrai il y a un peu plus de six ans. Aujourd'hui, ça se voit comme le nez au milieu de la figure. On sait maintenant pourquoi et à quel point Poutine attendait avec impatience l'élection américaine pour enfin triompher de ses ennemis en général et de l'Europe en particulier.
Ce qui se voit aujourd'hui, c'est que Donald Trump n'était en réalité qu'une "cellule dormante", un agent double au service d'une puissance étrangère, une tête de pont du régime autoritaire qui règne à Moscou. Un homme qui mange dans la main de son maître moscovite, et pour le compte duquel il mène des actions de sabotage en territoire "ennemi". Ce faisant, Donald Trump se comporte précisément en ennemi de l'Amérique. Maga ? Make America great again ? Quelle sinistre farce !!!
Avec Donald Trump, c'est Vladimir Poutine qui règne à Washington. Plus fort que le coup des bippeurs trafiqués par Israël pour décapiter le Hezbollah.
En revanche, quel superbe coup dans la partie d'échecs, monsieur Poutine ! Vous défendiez avec les Noirs, et voilà que tous les pions et pièces du jeu des Blancs laissent tomber les masques et les déguisements, et deviennent en un instant pions et pièces noires. Désormais maître du Grand Jeu, vous venez de gagner : en un instant, vous occupez la totalité de l'échiquier !
Quant à l'Europe, elle n'a qu'à bien se tenir ! Les présidents de l'Amérique et de la Russie lui adressent de concert ce message non crypté :
Ce qui est en train de se passer depuis l'élection de Trump dans le domaine des relations internationales en général et pour ce qui est de la place de l'Europe dans le monde en particulier apporte la preuve éclatante d'une vérité qui a trop longtemps tardé à se faire jour :
L'EUROPE N'EXISTE PAS.
En dehors d'être une entité géographique et un continent ; en dehors d'être une collection d'Etats, de populations, de langues et de cultures nationales disparates ; en dehors de s'être endormie, depuis la glorieuse "victoire" de 1945, dans un confortable rapport de vassalité par rapport aux Etats-Unis d'Amérique ; en dehors d'être à l'origine de la civilisation mondiale telle qu'elle existe aujourd'hui, l'Europe apparaît désormais dans toute sa nudité, dans toute sa vérité,dans toute sa vulnérabilité.
L'Europe apparaît désormais pour ce qu'elle est en réalité : un vulgaire espace mercantile, un ventre mou ouvert à tous les vents, une proie tout à fait alléchante pour tous les appétits des ogres contemporains. Les Etats-Unis de Donald Trump ont jeté bas le masque.
L'Europe de la défense ? Soyons sérieux : il faudrait pour cela un minimum de cohésion politique, ce qui est loin d'être acquis. Cette Europe-là fait la sieste et ne semble pas pressée d'en sortir.
Cet encart publicitaire pour La Gueule ouverte (belle revue d'écologie militante fondée par l'impeccable Pierre Fournier, trop tôt disparu) a paru dans le n°252 de Charlie Hebdo (11 septembre 1975). Je suppose (peut-être à tort) que le dessin est signé Nicoulaud, et que l'esprit en est inspiré par la rubrique "animaliste", tenue alors par une nommée "Paule" (aujourd'hui c'est, je crois, une certaine Luce Lapin).
J'imagine que La Gueule Ouverte tenait absolument à marquer l'ouverture de la chasse et alerter les populations sur l'extermination massive de la communauté des léporidés, désignée comme bouc émissaire.
Je ne suis pas un mordu indéfectible de la chasse, mais je suis d'une famille où la chasse tenait beaucoup de place. Il m'est arrivé de partir à la chasse dans les petits matins, d'en retirer quelque plaisir et d'en revenir content. Je n'en ai jamais fait une raison de vivre, mais je n'oublie pas non plus que le droit de chasser demeure l'une des premières conquêtes du Tiers-Etat en 1789. J'ajoute que je déplore l'extension démesurée de l'élevage d'espèces que les sociétés de chasse lâchent dans la nature quelque temps avant l'ouverture.
Je fus et reste un lecteur assidu de Charlie Hebdo (celui de 1970-1982). Je connais le refrain que la revue entonnait régulièrement : « Chasseurs gros cons, chasseurs tristes cons ! ». Mais je trouve l'image ci-dessus immonde et indigne, qui assimile l'ouverture de la chasse, événement annuel traditionnel, à la catastrophe qui s'est abattue sur la communauté juive entre 1933 et 1945.
Cela montre qu'il y a un demi-siècle, un grand confusionnisme régnait déjà dans les milieux qui se présentent aujourd'hui comme les défenseurs de toutes les espèces vivantes, à commencer par les végétales et, pour ce qui est des animales, celles qui ne maîtrisent pas le langage articulé des hominidés bipèdes.
Je pense ici aux fanatiques des causes écologique, environnementale et "animaliste", aux "khmers verts", aux anti-chasse, aux anti-corrida, aux intégristes de l'alimentation "saine", amateurs de viandes sans viande et autres joyeusetés culinaires ultra-transformées. Je pense à quelques illuminés qui vont peindre sur des vitrines de crèmeries « Lait = Mort » (slogan pour le moins contre-intuitif, vu dans le quartier Saint-Georges ).
Prétendre réduire, voire abolir les différences entre règne animal et espèce humaine, voilà juste une marotte un peu sotte d'enfants trop gâtés de la civilisation.
Oui, les animaux sont capables de performances insoupçonnées. Oui les animaux sont dotés d'une sensibilité propre. Oui, les animaux sont capables d'attachements forts. Oui, certains animaux ont des capacités étonnantes qui peuvent sembler cousines de traits humains. Tout cela est vrai.
Mais tout est-il permis au nom d'une prétendue "cause animale" ? A-t-on le droit de comparer les chasseurs à des nazis ? L'ouverture de la chasse à celle des camps d'Auschwitz, Treblinka ou Maidanek ? La mort de lapins de garenne à l'extermination des juifs ?
Faut arrêter de déconner de temps en temps.
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Je précise que c'est, pour l'instant, le seul exemple qui me fasse vraiment honte dans la grande révision que j'ai entamée de la revue que je porte encore au pinacle de mon cœur.
Pendant qu'Ubu-Roi-Trump chamboule tous les grands équilibres, se couche devant Poutine (traitant de dictateur le président de l'Ukraine, on se demande), à qui il vend l'Occident pour une bouchée de pain, laisse le champ libre aux Chinois sur les terres arabes, que se passe-t-il en France ?
Quelques pouilleux qui persistent à se prétendre de gauche (on se demande sur quelles bases) cherchent des poux à un vieux routier de la politique française qui vient de réussir à faire voter quelques budgets, en lui envoyant dans la figure une boule puante qu'ils sont allés chercher dans les poubelles de l'enseignement catholique.
Bétharram, quoique (ou parce que ?) catholique, est peut-être un endroit sordide où des violences diverses, physiques ou sexuelles ont été commises. Mais franchement, quel rapport avec la situation présente ?
Pendant que des hommes naviguent à vue pour faire en sorte que le navire France évite le naufrage, quelques individus louches ou aveugles sortent à point nommé une affaire par laquelle ils espèrent empêcher le pilote de manœuvrer efficacement pour franchir la barrière d'écueils.
Bayrou n'est peut-être pas un perdreau de l'année, il traîne peut-être quelques casseroles, il ne se prend peut-être pas pour une crotte, il n'a peut-être pas fait tout ce qu'il aurait fallu faire pour empêcher Bétharram de nuire. Oui, tout cela est possible.
Mais quand je compare la petite merdouille dans laquelle pataugent les représentants du peuple français et l'énormité du cataclysme que nous préparent les prochains rapports de forces dans le monde, j'ai envie d'engueuler ces minuscules députés de bac à sable :
« Mais enfin, grandissez ! Soyez un peu sérieux ! Occupez-vous enfin de la France ! »
Il ne fait plus très beau au-dessus des populations blanches d'Afrique du Sud, si l'on en croit ce titre du journal Le Monde daté 6 février 2025.
La rage de monsieur Musk est motivée par le projet du gouvernement sud-africain d'en finir avec la spoliation des terres opérée autrefois par les colons Afrikaners.
A comparer avec le titre historié de cette page tirée d'un Charlie Hebdo daté du 1 juillet 1976 et signé du maître ès-lettrines Willem.
Il faut se souvenir que Frederik de Klerk n'a libéré Nelson Mandela qu'en 1990, après 27 ans passés par ce dernier dans une prison, et que l'Afrique du Sud a élu ce héros noir ("Madiba") en 1994. Or la première phrase de Willem est la suivante : « En Afrique du Sud, la fin du règne des blancs n'est qu'une question de temps », et qu'il met celle-ci dans la bouche d'un blanc vaincu : « T'es fier de toi ? 21 millions de noirs contre 4 millions de blancs !? ».
En dehors du fait qu'on savait déjà vers quel bord politique extrême penche le cœur d'Elon Musk, c'est Willem qui avait raison.
Et si la première phrase de Willem annonçait la fin de quelque chose de plus vaste ?
Moi qui suis un homme ordinaire, je veux dire un mec normal, je pense évidemment ce que je veux des "luttes" féministes, surtout des plus spectaculaires, péremptoires, outrancières ou exaltées qui ont marqué les années qui viennent de passer. Les guerrières des "gender studies" chères à Judith Butler, ce n'est pas ma tasse de thé, quoi que puissent en répandre sur les ondes les complaisants des médias généralistes (mais quand même imprégnés de la bigoterie congénitale en vigueur dans l'entre-soi du bocal parisianiste).
Je suis de ceux qui voient dans certains « stéréotypes de genre » un fond de vérité intangible : la nature fabrique soit des hommes, soit des femmes (les exceptions sont juste des aberrations, ce qu'on appelait autrefois des "monstres" et autres "bêtes" de cirque), ensuite — et cela depuis l'aube de l'humanité —, chaque homme et chaque femme se débrouille et s'en sort comme il peut avec ça.
Je ne suis pas une mauviette, je peux même dire que j'ai fait partie des costauds. Il n'en reste pas moins que, dans mes rapports avec les femmes, je n'ai jamais fait partie des rangs d'abrutis de comptoir qui font étalage devant les potes de leurs moyens musculaires de séduction du sexe dit faible, et de la puissance du "corps caverneux" logé entre leurs jambes, de ses dimensions et de sa capacité de procurer à sa partenaire de jeu (volontaire ou non) toutes sortes de sensations mémorables.
J'ai quelques souvenirs qui surnagent à ce sujet. Entre autres quelques bidasses du 5ème GALAT, sorte d'exemplaires archétypaux de Néandertal, dont un dessinait à la craie sur un mur de la caserne le signe des Vénus du Paléolithique avant de commettre, les poings en avant, les gestes de la copulation (il était braconnier de père en fils et savait dresser son chien à chasser sans aboyer).
Mais à l'inverse un vieux chétif pitoyable qui, quand je bossais à la STUR, avouait plus humblement à ses potes au bistrot : « Ah ben chez moi, y a plus de dentifrice, y a plus que le tube ». Il n'avait déjà plus beaucoup de dents en disant ça. C'était un modeste au milieu des durs, des vrais, des tatoués.
Ces souvenirs datent de l'époque du défunt "service militaire", où il m'a été donné de côtoyer quelques individus d'élite (dont un Corse natif de Tavera, un Azuréen amateur de John McLaughlin et de J.R.R. Tolkien, et quelques autres potes, dont un roulait dans une chouette Alfa Giulietta), mais aussi des rafales de primitifs de haut vol et au front bas : ah, ce moment dans un bistrot de Nancy (le temps des "classes"), où une femme fouillait en rigolant et avec énergie dans le pantalon d'un mec qui se laissait faire en sirotant sa bière.
Souvenirs aussi du temps des "jobs" plus ou moins éphémères, dont un de camionneur, où j'ai croisé, sur le quai d'embarquement, la route de deux Momo (le Gaulois et l'amoureux des lessives à la main), d'un gars qui rangeait le matin ses sept kils de rouge dans son placard pour la journée, de quelques paresseux qui ne faisaient pas long feu et d'un sournois amateur de petits garçons.
Il se trouve qu'au gré de mes souvenirs, m'est revenu un drôle de refrain : « Vendez-moi ou a ou a ou a ha une île déserte ! ». J'ai tapé les mots sur mon clavier, et je suis aussitôt tombé sur cette chanson de la Québécoise Lucid Beausonge, qui date de 1981. Et je me suis dit : voilà la beauté qui se met au service d'une femme.
Ce qui est curieux, c'est que j'avais mémorisé le refrain à la perfection, en particulier les vagues exprimées par le "ou a ou a ou a ha", mais que je n'avais jamais vraiment écouté les paroles des couplets, à commencer par le "message". A noter que la chanson ne se met à aucun moment selon moi au service de quelque cause que ce soit : c'est une femme qui s'adresse à moi.
Cela s'appelle : Lettre à un rêveur qui s'ignore.
Magnifique.
***
Lettre à un rêveur qui s’ignore Qui jongle avec les "faudrait" et les "y a qu’à" Retourne coucher dans son décor Quand le réel reprend ses droits Vendez-moi une île déserte {x2}
Il pensait tout haut dans sa tête Que la petite avait de quoi Qu’il pourrait profiter peut-être De la fille qui vient d’en bas Vendez-moi une île déserte {x2}
Quand le vieux, lui, la regarde Avec ses yeux de vieux cochon Sexe rongé de phallocrate Qui voit en chaque femme le ballon Vendez-moi une île déserte {x2}
Ne parlons pas d’elles qui se terrent Encore moins d’elles qui, de surcroît, En vertu d’une morale précaire Leur laissent volontiers tous les droits Vendez-moi une île déserte {x2}
Silence digne des catacombes Silence digne des morts vivants Quand la violence se tient dans l’ombre Quand la violence tient bien son rang Vendez-moi une île déserte {x2}
Je vais mais je suis somnambule Et j’ai presqu’oublié le nom De ces violeurs dont la minuscule Se tient dans l’ fond d’ leur pantalon Vendez-moi une île déserte {x2}
***
Ce qui me saute d'abord aux oreilles, c'est la beauté intrinsèque de la chanson, la justesse presque mélancolique de la voix de Lucid Beausonge, la force intelligente de l'arrangement musical (ah, cette basse tenace !). Ce qui me frappe aussi à la réflexion, c'est le choix d'une douceur tout à fait intentionnelle de la démarche, qui parvient presque à couvrir le vacarme de la violence masculine qu'au final elle dénonce sans détour.
En 1975, Gérald Ford, vice-président de Richard Nixon, devient président des Etats-Unis au moment de la démission de celui-ci pour cause de Watergate et d'"impeachment". Voici comment le Charlie Hebdo de l'époque (n°329 du 3 avril 1975) et le dessin de Reiser saluent l'événement (Zavatta le clown ne s'était pas encore tiré une balle, si je me souviens bien).
J'ai très légèrement simplifié le propos du clown pour le décontextualiser et lui donner une portée un peu plus ample.
Et puis voici comment des militants démocrates viennent de saluer l'élection de Donald Trump (photo de Dave Decker/Sipa parue dans le journal Le Progrès du 21 janvier 2025).
« Vous élisez un clown - Attendez-vous à un cirque ! »
Je ne suis pas sûr que le monde s'apprête à rire. J'ai bien entendu le nouveau président prêter serment et répéter consciencieusement les mots que lui soufflait le maître de cérémonie. J'ai bien écouté les trente et quelques minutes de son discours d'investiture. Sur le moment, il m'a bien fait rire tant j'y ai perçu le flot pâteux et la bouillie de promesses mirifiques et/ou ridicules (âge d'or, planète Mars, forez-forez-forez et autres fantasmes) apparemment gobées par la foule. A la réflexion, le sentiment qui me prend est plutôt terrifiant.
Reste à espérer que l'humanité n'est pas promise au pire et que ce président et la cohorte de ses allumés du cigare n'ajouteront pas une dose létale au chaos qui tend à étendre son règne. Reste à espérer que les acteurs de la sinistre farce qui se joue aux Etats-Unis (et ailleurs) finiront comme le triste clown de la chanson d'Edith Piaf.
« Je crois qu’on a oublié de nous dire merci. Ce n’est pas grave, ça viendra avec le temps ».
« L’ingratitude, je suis bien placé pour le savoir, c’est une maladie non transmissible à l’homme ».
Deux phrases extraites texto (site du journal Le Monde) du discours tenu par Emmanuel Macron devant le parterre des ambassadeurs de France réunis pour le rituel des vœux présidentiels.
Inutile je pense de préciser de quelle manière éperdue de reconnaissance les dirigeants du Burkina Faso, du Mali, du Niger, mais aussi du Sénégal et du Tchad ont apprécié la remontrance. J'imagine qu'un certain nombre de diplomates ont pouffé intérieurement d'un rire affligé en déplorant cette faute que nul débutant au quai d'Orsay ne commettrait.
J'ajoute en passant que si François Hollande a donné l'ordre à l'armée française d'agir contre les rebelles au Mali, c'était à la demande du régime alors en place. La décision d'arrêter la colonne armée qui attaquait la capitale Bamako avait été prise pour parer en désespoir de cause aux conséquences indirectes de l'intervention intempestive des Rafale que Sarkozy avait envoyés auparavant pour contrer l'offensive de l'armée de Khadafi contre les rebelles de Bengazi (oui, je sais, c'est compliqué).
L'intervention avait abouti à la mort du dictateur, mais aussi et surtout à la dissémination dans toute la région sahélienne des énormes monceaux d'armes et de munitions que Khadafi avait accumulés. Félicitations à Sarkozy pour son art consommé de foutre la merde partout où il passe.
Revenons à notre mouton du jour. Emmanuel Macron ne se console pas de quelques "menus" échecs, que ce soit au plan national ou international. Lui qui se voulait le « maître des horloges », lui qui prétendait tenir dans ses seules petites mains le destin des Français et de quelques autres peuples, il est bien obligé aujourd'hui de déchanter, et lamentablement. Il vient de faire un voyage éclair au Liban pour "apporter-tout-le-soutien-de-la-France" à l'effort que fait enfin ce pays pour sortir de vingt-cinq ans de merdier hezbollique et confessionnel. Incorrigible.
Et il voit, impuissant, se fendiller les murailles des derniers lambeaux de ce qui s'est appelé en des temps anciens "L'Empire Français" : ah, qu'il semble loin, le joli temps des coloniaux, de l'A.E.F., de l'A.O.F., des Français « des îles », de notre Algérie et de notre Vietnam (où mon propre grand-oncle Léon Paliard, plus tard chanoine, a fondé le Séminaire de Saint-Sulpice de Hanoï autour de 1930) !!!
J'ajoute sur ce point les événements qui se sont produits et continuent à se produire à plus ou moins bas bruit en Nouvelle Calédonie et dans les Antilles "françaises" : ça branle dans le manche, monsieur le Président !!!
S'agissant de l'Afrique, il se trouve que, compulsant des numéros de Charlie Hebdo vieux d'un demi-siècle, je suis tombé sur cette vignette du dessinateur Willem, où se trouve caricaturée avec maestria l'arrogance des anciens colonialistes à l'égard des anciens colonisés (n°246 du jeudi 31 juillet 1975). Certes, le contexte et les problématiques actuels sont tout à fait différents, mais on peut compter sur Macron pour conserver intact le sentiment de supériorité qui prévalait à l'époque (c'est bien sûr le mot "ingrats" qui m'a titillé). A se demander où Macron va parfois puiser son inspiration, non ?
On constate en même temps que la réponse des Africains est tout aussi nette aujourd'hui qu'autrefois. Sauf que Macron n'est pas si grand que ça, si vous voyez ce que je veux dire.