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samedi, 01 février 2025

CE QUE JE PENSE DES VIRILISTES ...

... ET AUTRES MÂLES DOMINANTS.

Moi qui suis un homme ordinaire, je veux dire un mec normal, je pense évidemment ce que je veux des "luttes" féministes, surtout des plus spectaculaires, péremptoires, outrancières ou exaltées qui ont marqué les années qui viennent de passer. Les guerrières des "gender studies" chères à Judith Butler, ce n'est pas ma tasse de thé, quoi que puissent en répandre sur les ondes les complaisants des médias généralistes (mais quand même imprégnés de la bigoterie congénitale en vigueur dans l'entre-soi du bocal parisianiste).

Je suis de ceux qui voient dans certains « stéréotypes de genre » un fond de vérité intangible : la nature fabrique soit des hommes, soit des femmes (les exceptions sont juste des aberrations, ce qu'on appelait autrefois des "monstres" et autres "bêtes" de cirque), ensuite — et cela depuis l'aube de l'humanité —, chaque homme et chaque femme se débrouille et s'en sort comme il peut avec ça.  

Je ne suis pas une mauviette, je peux même dire que j'ai fait partie des costauds. Il n'en reste pas moins que, dans mes rapports avec les femmes, je n'ai jamais fait partie des rangs d'abrutis de comptoir qui font étalage devant les potes de leurs moyens musculaires de séduction du sexe dit faible, et de la puissance du "corps caverneux" logé entre leurs jambes, de ses dimensions et de sa capacité de procurer à sa partenaire de jeu (volontaire ou non) toutes sortes de sensations mémorables. 

J'ai quelques souvenirs qui surnagent à ce sujet. Entre autres quelques bidasses du 5ème GALAT, sorte d'exemplaires archétypaux de Néandertal, dont un dessinait à la craie sur un mur de la caserne le signe des Vénus du Paléolithique avant de commettre, les poings en avant, les gestes de la copulation (il était braconnier de père en fils et savait dresser son chien à chasser sans aboyer).

Mais à l'inverse un vieux chétif pitoyable qui, quand je bossais à la STUR, avouait plus humblement à ses potes au bistrot : « Ah ben chez moi, y a plus de dentifrice, y a plus que le tube ». Il n'avait déjà plus beaucoup de dents en disant ça. C'était un modeste au milieu des durs, des vrais, des tatoués.

Ces souvenirs datent de l'époque du défunt "service militaire", où il m'a été donné de côtoyer quelques individus d'élite (dont un Corse natif de Tavera, un Azuréen amateur de John McLaughlin et de J.R.R. Tolkien, et quelques autres potes, dont un roulait dans une chouette Alfa Giulietta), mais aussi des rafales de primitifs de haut vol et au front bas : ah, ce moment dans un bistrot de Nancy (le temps des "classes"), où une femme fouillait en rigolant et avec énergie dans le pantalon d'un mec qui se laissait faire en sirotant sa bière.

Souvenirs aussi du temps des "jobs" plus ou moins éphémères, dont un de camionneur, où j'ai croisé, sur le quai d'embarquement, la route de deux Momo (le Gaulois et l'amoureux des lessives à la main), d'un gars qui rangeait le matin ses sept kils de rouge dans son placard pour la journée, de quelques paresseux qui ne faisaient pas long feu et d'un sournois amateur de petits garçons. 

Il se trouve qu'au gré de mes souvenirs, m'est revenu un drôle de refrain : « Vendez-moi ou a ou a ou a ha une île déserte ! ». J'ai tapé les mots sur mon clavier, et je suis aussitôt tombé sur cette chanson de la Québécoise Lucid Beausonge, qui date de 1981. Et je me suis dit : voilà la beauté qui se met au service d'une femme. 

Ce qui est curieux, c'est que j'avais mémorisé le refrain à la perfection, en particulier les vagues exprimées par le "ou a ou a ou a ha", mais que je n'avais jamais vraiment écouté les paroles des couplets, à commencer par le "message". A noter que la chanson ne se met à aucun moment selon moi au service de quelque cause que ce soit : c'est une femme qui s'adresse à moi.

Cela s'appelle : Lettre à un rêveur qui s'ignore.

Magnifique.


***

Lettre à un rêveur qui s’ignore
Qui jongle avec les "faudrait" et les "y a qu’à"
Retourne coucher dans son décor
Quand le réel reprend ses droits
Vendez-moi une île déserte {x2}

Il pensait tout haut dans sa tête
Que la petite avait de quoi
Qu’il pourrait profiter peut-être
De la fille qui vient d’en bas
Vendez-moi une île déserte {x2}

Quand le vieux, lui, la regarde
Avec ses yeux de vieux cochon
Sexe rongé de phallocrate
Qui voit en chaque femme le ballon
Vendez-moi une île déserte {x2}

Ne parlons pas d’elles qui se terrent
Encore moins d’elles qui, de surcroît,
En vertu d’une morale précaire
Leur laissent volontiers tous les droits
Vendez-moi une île déserte {x2}

Silence digne des catacombes
Silence digne des morts vivants
Quand la violence se tient dans l’ombre
Quand la violence tient bien son rang
Vendez-moi une île déserte {x2}

Je vais mais je suis somnambule
Et j’ai presqu’oublié le nom
De ces violeurs dont la minuscule
Se tient dans l’ fond d’ leur pantalon
Vendez-moi une île déserte {x2}

***

Ce qui me saute d'abord aux oreilles, c'est la beauté intrinsèque de la chanson, la justesse presque mélancolique de la voix de Lucid Beausonge, la force intelligente  de l'arrangement musical (ah, cette basse tenace !). Ce qui me frappe aussi à la réflexion, c'est le choix d'une douceur tout à fait intentionnelle de la démarche, qui parvient presque à couvrir le vacarme de la violence masculine qu'au final elle dénonce sans détour. 

jeudi, 23 janvier 2025

PHOTOGRAPHIE

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mercredi, 22 janvier 2025

BIENVENUE CHEZ LES CLOWNS

En 1975, Gérald Ford, vice-président de Richard Nixon, devient président des Etats-Unis au moment de la démission de celui-ci pour cause de Watergate et d'"impeachment". Voici comment le Charlie Hebdo de l'époque (n°329 du 3 avril 1975) et le dessin de Reiser saluent l'événement (Zavatta le clown ne s'était pas encore tiré une balle, si je me souviens bien).

ZAVATTA 1975 04 03 C.H. N°229 2 .jpg

 J'ai très légèrement simplifié le propos du clown pour le décontextualiser et lui donner une portée un peu plus ample.

Et puis voici comment des militants démocrates viennent de saluer l'élection de Donald Trump (photo de Dave Decker/Sipa parue dans le journal Le Progrès du 21 janvier 2025).

2025 01 21 USA TRUMP CLOWN.jpg

« Vous élisez un clown - Attendez-vous à un cirque ! »

Je ne suis pas sûr que le monde s'apprête à rire. J'ai bien entendu le nouveau président prêter serment et répéter consciencieusement les mots que lui soufflait le maître de cérémonie. J'ai bien écouté les trente et quelques minutes de son discours d'investiture. Sur le moment, il m'a bien fait rire tant j'y ai perçu le flot pâteux et la bouillie de promesses mirifiques et/ou ridicules (âge d'or, planète Mars, forez-forez-forez et autres fantasmes) apparemment gobées par la foule. A la réflexion, le sentiment qui me prend est plutôt terrifiant.  

Reste à espérer que l'humanité n'est pas promise au pire et que ce président et la cohorte de ses allumés du cigare n'ajouteront pas une dose létale au chaos qui tend à étendre son règne. Reste à espérer que les acteurs de la sinistre farce qui se joue aux Etats-Unis (et ailleurs) finiront comme le triste clown de la chanson d'Edith Piaf.

dimanche, 19 janvier 2025

MACRON ET L'AFRIQUE

« Je crois qu’on a oublié de nous dire merci. Ce n’est pas grave, ça viendra avec le temps ».

« L’ingratitude, je suis bien placé pour le savoir, c’est une maladie non transmissible à l’homme ».

Deux phrases extraites texto (site du journal Le Monde) du discours tenu par Emmanuel Macron devant le parterre des ambassadeurs de France réunis pour le rituel des vœux présidentiels.

Inutile je pense de préciser de quelle manière éperdue de reconnaissance les dirigeants du Burkina Faso, du Mali, du Niger, mais aussi du Sénégal et du Tchad ont apprécié la remontrance. J'imagine qu'un certain nombre de diplomates ont pouffé intérieurement d'un rire affligé en déplorant cette faute que nul débutant au quai d'Orsay ne commettrait.

J'ajoute en passant que si François Hollande a donné l'ordre à l'armée française d'agir contre les rebelles au Mali, c'était à la demande du régime alors en place. La décision d'arrêter la colonne armée qui attaquait la capitale Bamako avait été prise pour parer en désespoir de cause aux conséquences indirectes de l'intervention intempestive des Rafale que Sarkozy avait envoyés auparavant pour contrer l'offensive de l'armée de Khadafi contre les rebelles de Bengazi (oui, je sais, c'est compliqué).

L'intervention avait abouti à la mort du dictateur, mais aussi et surtout à la dissémination dans toute la région sahélienne des énormes monceaux d'armes et de munitions que Khadafi avait accumulés. Félicitations à Sarkozy pour son art consommé de foutre la merde partout où il passe.

Revenons à notre mouton du jour. Emmanuel Macron ne se console pas de quelques "menus" échecs, que ce soit au plan national ou international. Lui qui se voulait le « maître des horloges », lui qui prétendait tenir dans ses seules petites mains le destin des Français et de quelques autres peuples, il est bien obligé aujourd'hui de déchanter, et lamentablement. Il vient de faire un voyage éclair au Liban pour "apporter-tout-le-soutien-de-la-France" à l'effort que fait enfin ce pays pour sortir de vingt-cinq ans de merdier hezbollique et confessionnel. Incorrigible.

Et il voit, impuissant, se fendiller les murailles des derniers lambeaux de ce qui s'est appelé en des temps anciens "L'Empire Français" : ah, qu'il semble loin, le joli temps des coloniaux, de l'A.E.F., de l'A.O.F., des Français « des îles », de notre Algérie et de notre Vietnam (où mon propre grand-oncle Léon Paliard, plus tard chanoine, a fondé le Séminaire de Saint-Sulpice de Hanoï autour de 1930) !!!

J'ajoute sur ce point les événements qui se sont produits et continuent à se produire à plus ou moins bas bruit en Nouvelle Calédonie et dans les Antilles "françaises" : ça branle dans le manche, monsieur le Président !!!

S'agissant de l'Afrique, il se trouve que, compulsant des numéros de Charlie Hebdo vieux d'un demi-siècle, je suis tombé sur cette vignette du dessinateur Willem, où se trouve caricaturée avec maestria l'arrogance des anciens colonialistes à l'égard des anciens colonisés (n°246 du jeudi 31 juillet 1975). Certes, le contexte et les problématiques actuels sont tout à fait différents, mais on peut compter sur Macron pour conserver intact le sentiment de supériorité qui prévalait à l'époque (c'est bien sûr le mot "ingrats" qui m'a titillé). A se demander où Macron va parfois puiser son inspiration, non ?

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On constate en même temps que la réponse des Africains est tout aussi nette aujourd'hui qu'autrefois. Sauf que Macron n'est pas si grand que ça, si vous voyez ce que je veux dire.

samedi, 18 janvier 2025

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PIED D'UNE ESPÈCE « CHAMPENOISE »

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vendredi, 17 janvier 2025

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PIED LORRAIN

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jeudi, 16 janvier 2025

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PIED ALSACIEN

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mercredi, 15 janvier 2025

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PIED ROUMAIN

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mercredi, 08 janvier 2025

C'EST PAS TOUJOURS ...

... LES MEILLEURS QUI S'EN VONT.

Non, je n'ai pas pleuré.

Il y a des nouvelles qui réjouissent le cœur de l'homme. 

J'en demande pardon, par avance, à Brassens, mais contrairement à ce que dit sa chanson, les morts ne sont pas tous des braves types. Eh oui, Tonton Georges, il n'est pas toujours joli, le temps passé, une fois qu'ils ont cassé leur pipe. Et on ne pardonne pas forcément à tous ceux qui nous ont offensés. J'ajouterai même, dans certains cas bien particuliers : « Enfin, c'est pas trop tôt ! ».

*

CLAUDE ALLÈGRE

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Photo parue dans le journal Le Monde du 7 janvier 2025.

*

C'est ce type qui est arrivé, par la grâce de Jospin, au ministère de l'Education Nationale en déclarant : « Je vais dégraisser le mammouth ». Il traitait les professeurs avec beaucoup de hauteur, et les traitait de feignants. Il fait partie de la bande des démolisseurs du système éducatif français. L'arrogance y fut une caractéristique de l'individu.

Il s'est ensuite déconsidéré en tant que scientifique en se livrant d'abord à une expérience de physique bidon (boule de pétanque et balle de ping-pong, voir Le Canard de l'époque). Mais aussi et surtout, il a pris la tête du mouvement climatosceptique en France, s'en prenant de front aux conclusions unanimes de milliers de scientifiques du monde entier réunis sous l'appellation de Groupe International d'Etude du Climat (G.I.E.C.).

***

JEAN-MARIE LE PEN

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Dessin de l'immortel Cabu, piqué dans L'Année Canard, qui vient de sortir et qui comporte un beau cahier "spécial Cabu" (j'ai agrandi le texte de la bulle).

*

Jean-Marie Le Pen, d'abord groupuscule fascisant, puis mis en selle par les calculs machiavéliques de Mitterrand (1984 ?), entretenu et embelli dans la nuisance par la course à l'audience de quelques animateurs de télévision (c'était un "bon client") et par les veuleries et les combines politiciennes de quelques ambitieux avides de pouvoir et draguant pour cela les bas-fonds des motivations humaines.

*

Quoi qu'il en soit, bon débarras !!! Comme pour la mauvaise herbe, la vie, souvent trop injuste, les a récompensés en étirant déraisonnablement leur durée d'existence. J'espère vivement que cette injustice ne deviendra pas une règle (je pense à plusieurs responsables politiques un peu partout sur la planète, suivez mon regard).

mardi, 07 janvier 2025

CABU ET WOLINSKI

HOMMAGE A DEUX IRREMPLAÇABLES.

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Piqué dans l'affectueux "cahier" consacré à l'immense Cabu par Le Canard enchaîné dans son "Année Canard".

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Wolinski dans Charlie Hebdo du 28 octobre 1974.

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Wolinski, dans Charlie Hebdo du 12 août 1976, quand il n'était pas interdit de se moquer des "minorités" (vous savez, celle qui se sont débrouillées pour fermer le bec de la majorité en inventant diverses "phobies" modernes punies par la loi).

Et puis quelques trombines, piquées au hasard, par le champion du monde de la discipline.

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L'ancien P.D.G. du P.C.F., ancien S.T.O. chez Messerschmitt, ancien bateleur communiste sur les plateaux de télé.

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Tonton Marcel, le père de la maison Dassault, et fabricant d'avions  (Mirage et Rafale entre autres).

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Guy Lux, de la télé (Interville et autres joyeusetés) et Mireille Mathieu (la nouvelle Piaf, comme certains disaient à l'époque), à l'époque du "Manifeste des 343 salopes", celles qui réclamaient la légalisation de l'avortement et déclaraient qu'elles-mêmes avaient enfreint la loi qui en faisait un crime.

charlie hebdo, cabu,wolinski

Une photo du général De Gaulle, un an après la célèbre couverture du dernier numéro d'Hara Kiri Hebdo, vous savez, celui de l'incroyable « Bal tragique à Colombey : un mort », qui motiva l'interdiction  et entraîna la création de Charlie, le seul, le vrai, l'unique. 

Cabu et Wolinski (et quelques autres, dont Cavanna, probablement manipulé) ont continué à œuvrer dans le clone de Charlie quand Philippe Val a réussi (1992) par des combines variées à résurrectionner l'hebdo mort en 1982. J'essaierai de clarifier, ne fût-ce que pour moi-même, les raisons pour lesquelles j'affirme que l'âme qui faisait respirer l'équipe de Hara Kiri mensuel, puis hebdo, Charlie mensuel, puis hebdo, était la grande absente. 

L'époque avait changé. Le Temps est une machine aveugle et sourde.

jeudi, 26 décembre 2024

LE TRIOMPHE DE MACRON

On peut dire ce qu'on voudra, mais Macron atteint des sommets indépassables, en tant que "maître des horloges", "Jupiter" ou "traverseur-de-rue-pour-trouver-du-boulot". Mais des sommets qui ressembleraient plus à la Fosse des Mariannes qu'à l'Aconcagua. Car on dira encore ce qu'on veut, mais les images de Mayotte après le passage du cyclone "Chido" donnent selon moi une idée assez juste et conforme à celle que laissera Macron de la France quand il quittera le pouvoir en 2026. Oh pardon : 2027, j'ai pas fait exprès, mais c'est peut-être prémonitoire, allez savoir. Bon, je sais, j'exagère d'exagérer, mais l'idée est de cet ordre-là.

Je suis peut-être un peu sévère, mais quand j'émets l'idée  que Macron a spectaculairement foiré le plus gros morceau de tout ce qu'il a entrepris depuis 2017 (et même un peu avant, dans quelques ministères), je ne suis sans doute pas si éloigné que ça de la réalité. Oui, tout ça est vrai : Macron aura été un très mauvais président, inapte aux actions bénéfiques et authentiquement constructives, expert dans toutes les matières concernant l'oralité, la causerie, les palabres qui lui ont donné l'occasion de briller de toute son excellence (à sa propre satisfaction narcissique).

Mais on est obligé de lui reconnaître une immense réussite, une éclatante, évidente, aveuglante réussite. C'est celle-ci : il aura vaillamment, opiniâtrement poursuivi la tâche à laquelle se sont attelés les présidents de la France depuis le premier et fondateur traité européen, qui marque l'entrée et la dilution du pays dans le gloubiboulga de la supranationalité, au mépris de ce qui faisait la force et l'identité de la France, et au profit de principes qui sont juste sa négation. Plus les décennies passent, plus cette évidence devient aveuglante. 

Bon, il est vrai que ce modèle n'était pas sans diverses faiblesses, mais l'Europe, réduite au pauvre marché d'échanges économiques et guidée par l'exclusif principe obsessionnel de la « concurrence libre et non faussée » entre ses Etats membres, a fait passer sous son rouleau compresseur toutes les belles conquêtes sociales obtenues par les citoyens français qui formaient le "monde du travail".

La propulsion de Sarkozy à la tête du pays (et même un peu avant, en tant que ministre de l'Intérieur) avait accéléré et mis plus en évidence ce processus de dépersonnalisation de la France (forcing pour faire adopter le Traité après le référendum de 2005), suivi en cela par le ventre mou nommé Hollande, puis par le fringant discoureur qu'était et est resté Emmanuel Macron.

D'accord en cela avec les puissances économiques, les établissements bancaires, les hommes d'affaires et les grandes entreprises industrielles, celui-ci a continué à "détricoter" (ça veut juste dire démolir) toutes les fortes institutions inventées par le C.N.R. (le vrai, pas le grotesque clone de bas étage qu'il a ensuite élucubré et improvisé) en vue de la Libération de la France et mises en place une fois le pays revenu aux commandes de son destin.

Vous savez, ce "système-de-santé", ce "système-éducatif", cette S-N-C-F, ces P-T-T, et le reste, tout ça que "le-monde-entier-nous-enviait" (tu parles !). Eh bien tout ça, c'était ringard, il fallait tout balancer, faisant fi du puissant adage :

« Le service public, c'est le patrimoine de ceux qui n'ont pas de patrimoine ».

Là était le seul salut : il fallait mondialiser la France et les "Gaulois réfractaires" ! La "start-up nation", que diable ! A la poubelle, le "modèle social français" ! "Je veux en finir une fois pour toutes avec le système de protection sociale à la française" (propos recueillis en substance en 2015, deux ans avant sa première élection présidentielle, de la bouche de Macron par Marc Endeveld dans  L'Ambigu Monsieur Macron) !

Bon, il faut quand même dire que l'état minable d'une classe politique française à la ramasse a bien aidé le sémillant financier dans sa conquête du pouvoir. Voyons les choses en face : il n'y a plus en France, depuis quelques dizaines d'années, de véritables hommes ou femmes politiques.

Il n'y a plus qu'un ramassis de hauts fonctionnaires et de "premiers-de-la-classe", souvent très doués pour la simple gestion de l'existant, pour l'organisation, pour la connaissance des dossiers, popur la rationalisation, mais totalement dépourvus de vision proprement politique de la France, et surtout dépourvus de la volonté de se mettre au service de quelque chose situé au-dessus d'eux, une notion qui relègue l'idée de carrière personnelle dans les bas-fonds des préoccupations mercantiles et vulgaires, et qui s'appelle LA FRANCE. 

Il suffit pour aboutir à cette conclusion d'observer l'infinie bassesse des personnes (hormis quelques rares individus jalousés, détestés et soigneusement écartés par les autres) qui gravitent aujourd'hui autour des postes à pourvoir, je veux dire des postes de pouvoir. Je constate simplement que la lente (mettons les derniers trente ans écoulés) déliquescence de la qualité des personnels qui aspirent à s'installer aux manettes de notre pays arrive depuis l'avènement de Macron à son point d'achèvement.

A cela s'ajoute bien sûr l'extrême pusillanimité de presque tous les responsables depuis qu'il s'agit de contribuer à la construction européenne, dans laquelle les Français se sont illustrés par leur manque d'appétence pour Bruxelles ou Strasbourg, et par une incroyable inconstance dans ces charges assumées à contrecœur. Ce fut une course de lenteur, où chacun considérait que figurer sur la liste lors des élections européennes relevait d'une punition imméritée. Résultat : concession après concession, la France est entrée à reculons dans une Europe sans autre consistance que purement marchande.

Les signatures apposées au bas de tous les accords conclus par la Commission par ses responsables (y compris le mandat pour négocier le Mercosur) ont lié les pieds et les poings de nos hommes politiques, rendus impuissants par les engagements passés, et les ont rendus tellement impuissants qu'ils s'avèrent aujourd'hui complètement incapables d'exercer une action sur le réel à même d'améliorer concrètement le sort des Français. 

J'en suis même à me demander si l'on n'a pas d'ores et déjà assisté à la victoire de l'économie sur la politique. Je veux dire que tout ce qui ressemble à de la gauche (dont Jean-Luc Mélenchon incarne la caricature) a perdu la partie. Je veux dire que les puissances économiques ont vaincu leur ennemi de classe : le peuple. 

Au fond, personne ne devrait être surpris que notre pays soit dans un tel état d'égarement : c'est juste l'issue d'un processus logique. Il ne reste plus qu'à s'accrocher au pinceau qui peint notre futur aux couleurs de l'arc-en-ciel, comme le dit ce haut fonctionnaire bruxellois cafté par le camarade Gotlib.

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mercredi, 25 décembre 2024

BIENTÔT NOËL BIENTÔT 2025

TU VEUX DES VŒUX ? 

TIENS, VOILÁ DES BONS VŒUX !
(sur l'air de "Tiens, voilà du boudin")

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APRÈS, CHACUN SE DÉBROUILLE ET FERA COMME IL PEUT.

COMME D'HABITUDE, QUOI.

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mardi, 24 décembre 2024

BIENTÔT NOËL BIENTÔT 2025

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(à suivre)

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lundi, 23 décembre 2024

BIENTÔT NOËL BIENTÔT 2025

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(à suivre)

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dimanche, 22 décembre 2024

BIENTÔT NOËL BIENTÔT 2025

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Ben oui quoi ! Pourquoi pas ?

Mais pour compenser, j'ajoute un dessin de Willem, paru dans Charlie Hebdo le 4 novembre 1974 (mais sans la légende, qui risquerait de paraître désobligeante).

humour,noël,jour de l'an,saint sylvestre

(à suivre)

MACRON A MAYOTTE

Enfin un président qui se penche avec une infinie bienveillance sur les misères des misérables ! Aux habitants de Mayotte dévastée par le cyclone Chido, Emmanuel Macron a promis de reconstruire les bidonvilles. Je suggère à notre baudruche présidentielle de les reconstruire Á L'IDENTIQUE :

« Vous aurez les plus beaux bidonvilles de tout l'Océan indien !!! Rien à envier à Notre-Dame de Paris !!! Le monde entier enviera vos superbes bidonvilles et sera impatient de vous rendre visite  !!! Cinq étoiles dans Trip Advisor !!! On organisera une cérémonie internationale en très grandes pompes pour leur inauguration !!! Un grandiose bout de France bidonvillesque !!! ». 

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Journal Le Progrès, 20 décembre 2024.

***

Décryptage de l'enfumage.

Encore une promesse !!! Il ne peut pas s'empêcher. C'est plus fort que lui. C'est comme une colique. 

Qui ce Jupiter né à Lilliput croit-il encore abuser ? Il est vraiment bouché à ce point-là ?

Ben oui : à lire la série passionnante, pleine d'anecdotes et de détails croustillants de Raphaëlle Bacqué, Ariane Chemin et Ivanne Trippenbach sur les coulisses de l'empire macronique (je n'ai pas dit "macaronique") dans le journal Le Monde ces derniers et prochain jours (quatre épisodes), Emmanuel Macron est résolument indécrottable.

Son héritage ? Oh, pas grand-chose : il aura juste continué et contribué à enfoncer la France plus loin dans la crotte. 

A cette occasion, je me rappelle les paroles du général De Villiers, naguère chef d'Etat-Major de l'armée française limogé sur un coup de menton du président ("C'est moi le chef, toi tu obéis") : « Qu'est-ce que c'est, un chef ? Un type qui commande et qui donne des ordres. Mais il faut savoir s'y prendre. Quand le chef sort de la tranchée au moment de l'attaque, il faut au moins qu'il soit sûr que tous ses subordonnés le suivent ! Et que ceux-ci aient développé une grande confiance dans la personne et dans le projet » (propos reconstitués en substance).

Le chef, c'est celui (éventuellement doté d'un charisme personnel) qui sait créer la dynamique collective. Le chef, c'est celui qui s'efforce de faire adhérer tous ceux qu'il a sous ses ordres à l'idée qu'il porte, au projet qu'il a longuement mûri, à l'avenir commun qu'il envisage. Et qui a du savoir-faire pour y parvenir.

A cet égard, Macron n'est chef de rien du tout. Il détient dans sa seule tête toute la vérité du monde. Il ne se préoccupe pas de la répandre ou de la faire partager. Il veut juste l'imposer comme un oukase.

Désolé, monsieur Macron, mais à cet égard, vous êtes tragiquement incompétent. Pour espérer devenir un peu efficace, il faudrait que vous acceptiez l'hypothèse que d'autres que vous ont du talent, et pourquoi pas du génie. Talent et génie dont vous êtes le seul à rester convaincu d'être l'unique détenteur, et dont vous êtes, plus que tout autre, dépourvu.

***

Note : j'apprends que la population de Mayotte s'élève à 320.000 personnes. J'imagine que le chiffre est donné "à vue de nez", étant donné que le nombre des Comoriens (et autres ?) clandestins n'est établi que par estimation. Sachant cela, je consulte mon Petit Robert des Noms Propres, édition de 1995, qui indique une population de 85.000 individus.

Alors me vient une question : comment est-il possible qu'une population soit capable de quadrupler en trente ans ? C'est là que je ressens l'énorme absurdité de la "départementalisation", intervenue après un référendum posant la question de l'indépendance, sur l'ensemble de l'archipel des Comores. Comment se fait-il que ce caillou sec (la seule eau disponible est celle qui tombe du ciel, semble-t-il) soit devenu le point de ralliement où se concentrent autant d'humains dans des conditions moyennement humaines ? 

Je pose juste la question.

samedi, 21 décembre 2024

BIENTÔT NOËL BIENTÔT 2025

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(à suivre)

vendredi, 20 décembre 2024

BIENTÔT NOËL BIENTÔT 2025

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Dessin (j'ai juste greffé une sorte de postiche) du peintre André Masson pour la revue Acéphale (1936).

(à suivre)

mercredi, 18 décembre 2024

LE GRAND DUDUCHE ET LES FILLES

L'ÉLAN

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LA COURTE-ÉCHELLE

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LA MAIN AU PANIER

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LE BABY-FOOT AU MIROIR

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dimanche, 15 décembre 2024

DANS LE RÉTROVISEUR

CÔTÉ COUR

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Je ne peux pas revoir ce mur presque blanc frappé par le soleil d'été sans le lierre surabondant qui l'a si longtemps et entièrement dissimulé.

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CÔTÉ JARDIN

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Et ci-dessous, une photo prise du sommet du sapin du premier plan : le lierre recouvrait aussi complètement le mur sous la terrasse à l'époque (1963).

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dimanche, 08 décembre 2024

DIVERS NAUFRAGES

OU PLUTÔT :

DIVERS SIGNES ANNONCIATEURS DU NAUFRAGE.

Les nouvelles de France se suivent et — hélas ! — se ressemblent. Il arrive même que certains déclineurs pleins d'ardeurs effondrantes fassent un bout de chemin avec notre "cher et vieux pays". Plus fort encore, je ne sais pas s'il faut s'en réjouir et se consoler, mais il semblerait que notre monde (occidental ?) tout entier soit pris de vertige et, sans trop se rebiffer, perde pied.

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2024 11 30 LA POSTE LES FACTEURS .jpg

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« Non Jeff, t'es pas tout seul
arrête de sangloter
Arrête de te répandre
Arrête de répéter
Qu't'es bon à t'foutre à l'eau
Que t'es bon à te pendre »

Bon, on ne sera peut-être pas les seuls.

On se sent rassurés, hein ?

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Tous ces titres sont tirés d'organes de presse (journal Le Progrès, journal Le Monde) remontant tout au plus au dernier tiers du mois de novembre.

vendredi, 06 décembre 2024

LE NAUFRAGE POLITIQUE FRANÇAIS

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Oui, c'est certain, le Français a de bonnes raisons d'être furieux. Le voilà « éparpillé façon puzzle ». Voilà où l'a mené la division de son opinion en trois blocs irréconciliables, façon Osiris. Et pas moyen d'espérer une Isis pour se réunifier en un être entier. 

Et en plus de s'être brouillé avec lui-même, le Français se voit conduit par un indécrottable pilote qui a tout appris dans un manuel théorique de batellerie fluviale, qui ne comprend rien aux règles de la navigation en haute mer, qui ne connaît rien aux manœuvres des voiles, qui ne sait pas ce qu'est un gouvernail concret, qui se prend pour l'absolu de la boussole, et qui est totalement infoutu de se faire obéir des marins qu'il a sous ses ordres.

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 Le Canard enchaîné, 4 décembre 2024.

La preuve : ils viennent de se mutiner, avec la ferme intention de le virer par-dessus bord. Mais il y a deux camps : ils se soumettent en effet à deux subrécargues irrémédiables gravement azimutés et forts en gueule, et en plus frontalement opposés : un olibrius à vocation incendiaire – alias La Méluche alias Méchancon – veut aller à bâbord toute et une olibriusse aux dents acérées, incompétente mais capable de tout, – la Le Pen – à tribord toute, sans se préoccuper du sens du vent, voire de l'état déplorable du bâtiment qui les porte. 

Voilà pourquoi le Français reste "Baba" (nom du noir qu'Uderzo a piqué à l'Hubinon de la série Barbe-Rouge pour son bateau pirate dans Astérix) : non, vraiment « pas de chance d'êt'e tombés su' eux de nouveau ». Il n'y a plus pe'sonne à la ba''e, pat'on !!! Il n'y a même plus de pat'on !!!

Alors tous de''iè'e Baba !!! En 'oute ve's d'aut'es nauf'ages (comme avait dit, à un détail p'ès, Ségolène 'oyal ap'ès sa défaite de 2007) !!! Un peu d'ent'ain, que diable !!! Je suis sû' qu'en vous y mettant avec plus de cœu', vous êtes capables de fai'e enco'e plus spectaculai'e !!! Allez F'ance !!! 

lundi, 02 décembre 2024

GLACIER LONG (OISANS)

J'ai très beaucoup tardé à lire Ailefroide, de Jean-Marc Rochette (Casterman, 2018). Je n'aimais pas l'idée de me replonger dans l'époque où je pratiquais l'alpinisme. Et puis quand elle a voulu offrir une telle bande dessinée à une amie pour son anniversaire, elle a commencé par rapporter l'objet à la maison. Il faut dire que la copine avait bel et bien, dans des temps pas encore touchés par le vieillissement des artères et de la carcasse, hanté divers sommets et refuges de l'Oisans, et que ces aventures avaient marqué son existence en profondeur.

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Alors j'ai ouvert le volume. Et là, une grande baffe dans la figure ! Rendez-vous compte, tout y était : les Bans, la Pilatte, Temple-Ecrins, La Bérarde, le Coup de Sabre, bien sûr l'Ailefroide, et tout le reste, la neige, la glace, le rocher. Et même le Glacier Long ! Tous ces endroits, j'y ai traîné mes guêtres pendant des années, l'été. L'hiver, c'était le ski de piste à Serre-Chevalier (déjà chic, mais pas bondé à l'époque dont je parle). Cet air-là, je l'ai respiré à fond, j'ai goûté de cette neige et tâté de ce rocher, longuement, goulûment — violemment.

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 Le Glacier Long, au naturel (photo DR).

L'art de Rochette, immortel dessinateur — scénario incroyable de Jacques Lob — de cette œuvre fondatrice que fut Le Transperceneige (revue A suivre 1982-83, puis Casterman, 1984), — c'est de rendre vivant ce morceau de vie, à commencer par la première personne du singulier dans laquelle il a inscrit tout le récit, de la première accroche jusqu'au virage BD, après ce rocher pris en pleine poire (j'ai évidemment pensé aux "gueules cassées" de la Grande Guerre et au Lambeau de Philippe Lançon, mais pour Rochette le fait remonte à bien avant le 7 janvier 2015).

Cette autobiographie, qui raconte une trajectoire personnelle somme toute pas trop compliquée (du moins pour ce que le récit donne à en connaître), je la trouve impeccable, sans doute parce j'y suis entré comme dans du beurre et que je m'y suis senti intimement impliqué (la grimpe en montagne et la bande dessinée, quoique Rochette se montre un alpiniste bien plus chevronné que moi et un créateur de dessins, disons un artiste, quoi — tout ce que je ne suis pas).

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Jean-Marc Rochette, Ailefroide, P.49.

Je ne résume évidemment pas le livre. J'en viens au Glacier Long. C'est une paroi généralement de glace ou de neige dure, inclinée de 45° environ sur toute sa hauteur (à peu près 700 mètres). C'est souvent considéré par les cadors comme une simple mise en jambes sur glace. Vraiment à notre portée. Il y avait plusieurs cordées, nous derniers, Rémy et moi. J'étais en tête, tout allait bien, les broches rentraient sans trop rechigner (j'aurais dû me méfier), les longueurs s'enchaînaient, on approchait de l'arête sommitale.

Et puis voilà que, sur une plaque de glace plus dure, les pointes d'un de mes crampons ripent, refusent de pénétrer. Je me suis laissé surprendre. Une vraie de vraie connerie.  Je tiens en équilibre précaire sur une seule des pointes, et aussi sur le bout de la lame de mon piolet (un Simond), sur lequel je me mets à peser de tout mon poids pour l'enfoncer davantage si possible.

L'autre pied est "en l'air". Ma dernière broche est déjà plusieurs mètres au-dessous. Je vois Rémy, vingt-cinq mètres plus bas, le visage levé vers moi, anxieux, interrogatif. Je vois les six cents mètres de "gaz". Si je lâche, c'est fini, je le sais : dans la glace un peu "bulleuse", la broche ne tiendra pas. Il faut que je tienne, que je souffle, que je ne me crispe pas.

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Jean-Marc Rochette, Ailefroide, P.211. Gros plan sur la bête.

Et puis voilà, ma jambe gauche trouve le bon angle, et plante enfin le crampon sur toutes ses pointes, bien dans l'axe, d'un coup bien franc. Je me sens un peu mieux. Tout mon être se détend alors et reprend le commandement. J'ai tout oublié des gestes que nous avons faits entre ça et l'arête. Rémy et moi, nous nous y arrêtons un moment avant de descendre. Nous nous regardons sans parler.

C'est exactement ce moment que j'ai revécu intensément dans l'ouvrage de Jean-Marc Rochette. Mais lui, c'était un vrai accident, et très grave : « Cet accident m'a poursuivi toute ma vie » (p.229).

Nous, nous avons échappé au pire. Mais je ne suis quand même pas sûr que ce soit un bon souvenir.

dimanche, 01 décembre 2024

DU LOURD QUI ENVOIE DU BOIS !!!

Ça n'a l'air de rien au début, mais attention !!! Dégagez le dance floor !


C'est vrai ça : « Dis-moi, chéri(e), pourquoi tu es parti(e) si longtemps ! »

Belle ambiance.

samedi, 30 novembre 2024

DES AMIS FORMIDABLES

Le nom de Shane MacGowan ne figure pas parmi les plus connus des célébrités et des grands bonshommes, et pourtant ... On mesure parfois l'étendue et la profondeur d'une personnalité au mouvement de sympathie et même d'amour que suscite le moment où celle-ci disparaît.

Je me rappelle par exemple l'étonnement qui m'avait gagné lors des obsèques de Charles Paliard, apparemment petit curé à Saint-Priest (banlieue de Lyon) : la cathédrale Saint-Jean était bourrée à craquer de l'innombrable foule de gens simples (mais aussi de bonne société lyonnaise) dans la vie desquels le prêtre avait compté en parole, action et présence.

Et à voir les rangs serrés qui remplissaient l'église irlandaise pour rendre hommage à Shane MacGowan au moment de l'enterrer, je me suis dit que le chanteur devait avoir eu bien de l'importance. Quelqu'un qui portait pourtant la destruction sur son visage et dans sa voix (ah ces dents plantées à la diable dans cette bouche de poète !). 

Lui, c'était la voix des Pogues. Il avait soixante-cinq ans. Une vilaine encéphalite a eu raison de lui. Une gueule pas possible. Il faut l'entendre chanter "Dirty old town" et voir l'état dans lequel ce véritable manifeste musical où il évoque une "vieille ville sale" met le public rassemblé dans les lieux. Un public venu pour écouter ça précisément, qui est une sorte de signature et de sommet. Et pour chanter en chœur. Et pour se remuer.


             

 

Mais ce type incroyable qui avait l'air de tituber même quand il était à jeun, il faut assister à la cérémonie que la foule de ceux qui l'aimaient ont organisée quand on a annoncé sa mort (il y aura un an après-demain 2 décembre). Bon, tout ça se déroule dans un cadre catholique après tout très irlandais, mais il faut faire avec.

Il faut surtout écouter l'extraordinaire hommage que quelques membres des Pogues (qui ont vieilli entre la vidéo ci-dessus et la suivante, on en reconnaît deux ou trois) ont tenu à rendre à leur compagnon en clôture de ladite cérémonie : une ambiance pareille dans une église catholique ? C'est juste la joie d'être là pour leur ami. Et pour cette seule et unique raison. Et c'est jouissif.


Des gueules d'enterrement comme celles-là ? Ah ben j'en redemande !

"Et j'veux qu'on rie et j'veux qu'on danse,
j'veux qu'on s'amuse comme des fous,
Et j'veux qu'on rie et j'veux qu'on danse,
Quand c'est qu'on m'mettra dans l'trou ?"

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Je conseille également le beau moment offert par le grand Nick Cave, qui tenait à honorer le mort de sa présence.