samedi, 01 février 2025
CE QUE JE PENSE DES VIRILISTES ...
... ET AUTRES MÂLES DOMINANTS.
Moi qui suis un homme ordinaire, je veux dire un mec normal, je pense évidemment ce que je veux des "luttes" féministes, surtout des plus péremptoires, outrancières ou exaltées qui ont marqué les années qui viennent de passer. Les guerrières des "gender studies" chères à Judith Butler, ce n'est pas ma tasse de thé, quoi que puissent en répandre sur les ondes les complaisants des médias généralistes (mais quand même imprégnés de parisgoterie congénitale).
Je suis de ceux qui voient dans certains « stéréotypes de genre » un fond de vérité intangible : la nature fabrique soit des hommes, soit des femmes (les exceptions sont juste des aberrations, ce qu'on appelait autrefois des "monstres" et autres "bêtes" de cirque), ensuite — et cela depuis l'aube de l'humanité —, chaque homme et chaque femme se débrouille et s'en sort comme il peut avec ça.
Je ne suis pas une mauviette, je peux même dire que j'ai fait partie des costauds. Il n'en reste pas moins que, dans mes rapports avec les femmes, je n'ai jamais fait partie des rangs d'abrutis de comptoir qui font étalage devant les potes de leurs moyens musculaires de séduction du sexe dit faible, et de la puissance du "corps caverneux" logé entre leurs jambes, de ses dimensions et de sa capacité de procurer à sa partenaire de jeu (volontaire ou non) toutes sortes de sensations mémorables.
J'ai quelques souvenirs qui surnagent à ce sujet. Entre autres quelques bidasses du 5ème GALAT, sorte d'exemplaires archétypaux de Néandertal, dont un dessinait à la craie sur un mur de la caserne le signe des Vénus du Paléolithique avant de commettre, les poings en avant, les gestes de la copulation (il était braconnier de père en fils et savait dresser son chien à chasser sans aboyer).
Mais à l'inverse un vieux chétif pitoyable qui, quand je bossais à la STUR, avouait plus humblement à ses potes au bistrot : « Ah ben chez moi, y a plus de dentifrice, y a plus que le tube ». Il n'avait déjà plus beaucoup de dents en disant ça. C'était un modeste au milieu des durs, des vrais, des tatoués.
Ces souvenirs datent de l'époque du défunt "service militaire", où il m'a été donné de côtoyer quelques individus d'élite (dont un Corse natif de Tavera, un Azuréen amateur de John McLaughlin et de J.R.R. Tolkien, et quelques autres potes, dont un roulait dans une chouette Alfa Giulietta), mais aussi des rafales de primitifs de haut vol et au front bas : ah, ce moment dans un bistrot de Nancy (le temps des "classes"), où une femme fouillait en rigolant et avec énergie dans le pantalon d'un mec qui sirotait sa bière.
Souvenirs aussi du temps des "jobs" plus ou moins éphémères, dont un de camionneur, où j'ai croisé, sur le quai d'embarquement, la route de deux Momo (le Gaulois et l'amoureux des lessives à la main), d'un gars qui rangeait le matin ses sept kils de rouge dans son placard pour la journée, de quelques paresseux qui ne faisaient pas long feu et d'un sournois amateur de petits garçons.
Il se trouve qu'au gré de mes souvenirs, m'est revenu un drôle de refrain : « Vendez-moi ou a ou a ou a ha une île déserte ! ». J'ai tapé les mots sur mon clavier, et je suis aussitôt tombé sur cette chanson de la Québécoise Lucid Beausonge, qui date de 1981. Et je me suis dit : voilà la beauté qui se met au service d'une femme.
Ce qui est curieux, c'est que j'avais mémorisé le refrain à la perfection, en particulier les vagues exprimées par le "ou a ou a ou a ha", mais que je n'avais jamais vraiment écouté les paroles des couplets, à commencer par le "message". A noter que la chanson ne se met à aucun moment selon moi au service de quelque cause que ce soit : c'est une femme qui s'adresse à moi.
Cela s'appelle : Lettre à un rêveur qui s'ignore.
Magnifique.
***
Lettre à un rêveur qui s’ignore
Qui jongle avec les "faudrait" et les "y a qu’à"
Retourne coucher dans son décor
Quand le réel reprend ses droits
Vendez-moi une île déserte {x2}
Il pensait tout haut dans sa tête
Que la petite avait de quoi
Qu’il pourrait profiter peut-être
De la fille qui vient d’en bas
Vendez-moi une île déserte {x2}
Quand le vieux, lui, la regarde
Avec ses yeux de vieux cochon
Sexe rongé de phallocrate
Qui voit en chaque femme le ballon
Vendez-moi une île déserte {x2}
Ne parlons pas d’elles qui se terrent
Encore moins d’elles qui, de surcroît,
En vertu d’une morale précaire
Leur laissent volontiers tous les droits
Vendez-moi une île déserte {x2}
Silence digne des catacombes
Silence digne des morts vivants
Quand la violence se tient dans l’ombre
Quand la violence tient bien son rang
Vendez-moi une île déserte {x2}
Je vais mais je suis somnambule
Et j’ai presqu’oublié le nom
De ces violeurs dont la minuscule
Se tient dans l’ fond d’ leur pantalon
Vendez-moi une île déserte {x2}
***
Ce qui me saute d'abord aux oreilles, c'est la beauté intrinsèque de la chanson, la justesse presque mélancolique de la voix de Lucid Beausonge, la force intelligente de l'arrangement musical (ah, cette basse tenace !). Ce qui me frappe aussi à la réflexion, c'es le choix d'une douceur tout à fait intentionnelle de la démarche, qui parvient presque à couvrir le vacarme de la violence masculine qu'au final elle dénonce sans détour.
09:00 Publié dans MUSIQUE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, chanson, lucid beausonge, masculinisme, virilisme, lettre à un rêveur qui s'ignore, québécois, féminisme