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samedi, 27 janvier 2024

L'INTELLO ET LE PAYSAN (FABLE)

J'adore l'intello, quand il a étalé en couche mince le beurre de son savoir immense sur les tranches de pain grillé de mon petit-déjeuner.

Avant de le couvrir de sa bonne couche de miel de ronce — le plus apte à clore la bouche de l'intello le plus prolixe —, je n'ai pas pu, en la circonstance présente, l'empêcher de proférer une des superbes âneries par lesquelles l'intello élève ses fumées au-dessus de la pataugeoire de l'humanité ordinaire, quand il se voit sollicité par un journaliste ignorant ou paresseux qui se retranche derrière le mur de son autorité.

Mon intello d'aujourd'hui se nomme EDOUARD LYNCH, il est historien, il enseigne à l'université Lyon II. On trouve dans le journal Le Progrès (26 janvier 2024) le titre de son intervention à propos des manifs de paysans que j'ai évoquées hier ici même.

On sait que l'attente fiévreuse du journaliste qui n'ose pas, ou qui ne travaille pas ou qui ne sait rien, c'est de permettre à l'historien, ainsi honoré par sa caméra, son micro ou le nombre de signe à disposition dans sa page, d'établir, à partir du fait ou de l'événement qu'il est chargé de "couvrir", une SÉRIE. C'est-à-dire de faire entrer le fait ou l'événement dans une série où le fait et l'événement deviennent comparables entre eux, dans une typologie spécifique et sur une échelle d'importance et de gravité.

Ah, la série !!! Je ne parle pas de ces rafales cinématographiques et feuilletonesques chargées d'hypnotiser les foules prosternées devant leur petit écran, mais de cette baguette magique qui permet dans toutes les occasions de ramener l'inconnu au connu, voire au ressassé. La fonction de l'intello de service est d'ordre psychologique, même si l'impact de ses paroles recèle souvent une dimension collective : il faut, avant tout autre impératif, RASSURER le lecteur (l'auditeur, le téléspectateur).

Je ne peux m'empêcher de penser que, dans le bouquet des intellos de service, Edouard Lynch se distingue par l'éminente fragrance qui émane de la fleur qu'il offre à la réflexion. Jugez plutôt.

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Laissons de côté la légère odeur de mépris social qui se dégage de l'expression "la manifestation paysanne". Car je ne sais pas vous, mais moi, je flashe sur "répertoire contestataire". "Répertoire", il fallait y penser. Trouvaille magnifique ! Toute contestation se trouve ici réduite à un répertoire des possibles, à un catalogue de recettes dûment enregistrées dans les archives ou exhumées des oubliettes de l'histoire, d'où sont bannis tout éventuel incongru, toute absolue nouveauté, tout inconnu dérangeant.

Je vois tout à fait les contestataires de tout bord acheter en masse le catalogue dressé par l'universitaire et se mettre autour d'une table pour picorer dans la liste établie par le savant celui ou ceux des modes d'action qu'ils vont élire et mettre en œuvre. En kit à votre disposition dans nos magasins, l'authentique panoplie du contestataire !!! La contestation à la portée de toutes les causes !!! Tu parles d'un outil !!!

C'est dire que le type, à force de phosphorer tout seul dans son bureau et dans les bibliothèques, il a établi la liste exhaustive de tous les moyens mis à disposition de tous les contestataires de l'histoire humaine. Sa conclusion à lui, c'est d'affirmer benoîtement que tout a déjà été vécu dans tel ou tel secteur, telle ou telle époque de l'humanité.

Je tire de tout ça une petite conclusion de ma façon : l'usage médiatique des intellos de service en général et des historiens en particulier par des journalistes à qui le rédac'chef demande de faire d'urgence du remplissage des colonnes, c'est de domestiquer l'actualité. De rendre le présent inoffensif. Et cela à la seule lumière du passé. On se dit qu'il ne viendrait pas à l'esprit de ces savants savants de mesurer et de peser la dose de nouveauté contenue dans l'événement qui se déroule sous leurs yeux.

Leur souci, c'est de débarrasser l'événement de tout ce qu'il pourrait comporter de menaçant pour l'équilibre du monde et de l'esprit, pour l'impeccabilité du mode de vie, pour la validité de la vision du monde. Son slogan : "Nil novi sub sole" ["Rien de nouveau sous le soleil"] (L'Ecclésiaste). Rappelez-vous les gilets jaunes : il s'est bien trouvé des savants pour dire : "Le Moyen-Âge avait ses jacqueries, la modernité a ses gilets jaunes".

Dans les tribus que nous appelions primitives, c'était le rôle dévolu aux palabres, aux sorciers et autres hommes-médecine. 

En adaptant ce rôle à la civilisation qu'il a fabriquée, l'homme moderne a inventé l'

INTELLO PANSEMENT UNIVERSEL.

Cet intello-là passe sa vie à colmater les fissures dont le réel ne cesse d'ébrécher les certitudes de l'humanité. Pour vous en convaincre, pensez seulement aux sarabandes échevelées auxquelles se livrent depuis déjà quelque temps journalistes et spécialistes autour de la notion d'intelligence artificielle, une invention dangereuse pour certains, mais pour d'autres une nouveauté prometteuse à laquelle il est indispensable de familiariser le "vulgum pecus" qui, pense-t-on, n'y verra ensuite que du feu.

samedi, 20 janvier 2024

YA PAS QUE MOI QUI LE DIS

RETRANSMISSION D'UNE CONFÉRENCE DE PRESSE DE MONSIEUR LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE.

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UNE FOIS POUR TOUTES :

« MACRON, TU CAUSES, TU CAUSES, C'EST TOUT CE QUE TU SAIS FAIRE !!! »

On se souvient du « plan massif d'investissement pour l'hôpital public ». Après plusieurs annonces semblables dans divers domaines, voilà que le phraseur en chef récidive lors de sa conférence de presse. Ne vient-il pas de promettre « un grand plan contre l'infertilité masculine et féminine ». Manifestement, c'est plus fort que lui, à la limite du compulsif : il ne se lasse pas d'annoncer, et d'annoncer, et d'annoncer. Je ne comprends pas qu'il se refuse aussi obstinément à comprendre qu'il parle trop. Rien de tel pour arriver enfin à ce que plus personne ne l'écoute, et même ne prenne au sérieux tout ce qu'il déclare.

***

Dessin de Herrmann dans Le Monde daté 19 janvier 2023.

dimanche, 19 novembre 2023

L'ANTIQUITÉ DE VIALATTE ...

... DATE DE LA PLUS HAUTE ANTIQUITÉ.

Certains amateurs des Chroniques de La Montagne (je pense, allez savoir pourquoi, à Philippe Meyer) font de la formule une sorte de signature, voire un timbre-poste qui sert d'immatriculation au style d'Alexandre Vialatte. En fait, il y a loin de la coupe au lèvres. En révisant les treize volumes de ma collection Julliard, voici ce que j'ai trouvé. Eh bien je peux vous dire que, tout bien compté, ça ne fait pas lourd, quoique je ne prétende aucunement avoir fait le tour de la question, et sans doute loin de là. Comme quoi, la formule inaugurée comme "post-it" par Vialatte fut en son temps une authentique trouvaille de style. Je dirais presque une clé : celle qui ouvre la porte de l'entrée en matière.

***

L'habitation date de la plus haute Antiquité.

Le Bonheur date de la plus haute Antiquité.

Le premier de l'an date de la plus haute Antiquité.

L'homme date des temps les plus anciens.

La femme remonte à la plus haute Antiquité.

La femme remonte, comme je l'ai déjà dit, à la plus haute Antiquité.

La majesté date de la plus haute Antiquité.

L'industrie date de la plus haute antiquité [sic] (Caïn avait déjà une pioche).

L'homme et la femme datent de la plus haute Antiquité.

Les pharmaciens datent de la plus haute antiquité [sic].

Les fleurs remontent à la plus haute antiquité.

La parole date de la plus haute Antiquité.

Note : D'autres formules, germées sous la plume d'Alexandre Vialatte, sont devenues des sortes de classiques. Je pense à : « le progrès fait rage », « résumons-nous » et autres bijoux.  Mais Vialatte est aussi l'auteur de nombreuses Enumérations (je mets la majuscule). Ces énumérations commencent de façon parfaitement logique puis, de fil en aiguille, l'auteur y mêle avec jubilation le bric et le broc, le zig et le zag, le tic et le toc, le mic et le mac, le plick et le plock, le ram et le dam, bref : à l'arrivée, il y a le grand Tout, ce lieu improbable où se trouve résumé l'univers dans son imperturbable unité et sa  complexité définitivement buissonnière.

Re-note : le mot "antiquité" est en général orné d'une majuscule à l'entrée. Mais pas toujours. J'ai scrupuleusement respecté l'orthographe du texte fourni par les soins de Ferny Besson, chère au cœur d'Alexandre Vialatte, aux éditions Julliard.

vendredi, 17 novembre 2023

UNE BELLE BROCHETTE

BRAVO L'ARTISTE !!!

Il signe KIRO,
il dessine dans Le Canard enchaîné,

c'est formidable.
Le génial Cabu, virtuose du trait, faisait autre chose.

Mâtin, quel trombinoscope !!! aurait dit RENÉ GOSCINNY, directeur du défunt et regretté Pilote, qui s'y connaissait en talents de graphistes, puisque c'est lui qui avait recruté les grands et irremplaçables JEAN MULATIER (qui a fait le n°1 de la revue Mormoil qui en eut 7, comme tous les éphémères de l'époque : Tousse-Bourin, Surprise, Le Canard sauvage, Le Cri qui tue, etc.) et PATRICE RICORD, créateurs de la série des « Grandes Gueules», dont beaucoup de fabuleuses et inoubliables.
JEAN-CLAUDE MORCHOISNE leur a bientôt emboîté le pas. Grands hommes sortis de notre Grande Ecole Française du Dessin-Charge. L'Ecole du Grand Art. Dans l'ordre : Mulatier, Ricord, Morchoisne. Admirez le travail !

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Et longue vie à KIRO, digne porteur du flambeau !

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Comme j'ai prévu un peu trop radin pour l'identification, les amateurs reconnaîtront, de gauche à droite et de haut en bas : Bernard "Tumcherchesmec ?" Laporte, Gérard "MiamMiam" Larcher, Jean-Luc "Jevousdismerde !" Mélenchon, Christophe "Tenfaispasjassure" Castaner, Gérald "Fidiantresabrezlacanaille" Darmanin, Olivier "Ravidlacrèche" Dussopt, Xi "SaSuffisance" Jin Ping, Ilham "Cestmoilmeilleur" Aliyev (Azerbaïdjan) et Ramzan "Salafisteüberalles" Kadyrov (Tchétchénie).

***

Oui, Cabu faisait autre chose. Lui, c'était le trait, magique, magnifique, rapide, souverain. C'était le croquis sur le vif, l'instantané, le geste.

KIRO et les grands portraitistes que j'évoque aujourd'hui, c'est davantage gravure, burin, taille-douce, eau-forte, et jusqu'à la peinture. Allez, on se fait plaisir avec son Monsieur Xi.

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mardi, 31 octobre 2023

ON L'APERÇOIT, LE MONDE D'APRÈS ...

... ÇA A L'AIR BIEN PARTI.

***

UN 

Pour bien commencer.

1 2023 09 03-04 CLIMAT GRANDS DISCOURS.jpg

Le Monde daté 3-4 septembre 2023. Ça, c'est ce que constate Esther Duflo, prix d'économie décerné par la banque de Suède, avec un faux nez bien rouge de Prix Nobel (je pouffe, mais je respecte évidemment la personne Duflo, qui tient en général des propos sensés). Les discours sont bien sûr ceux que tiennent les responsables politiques de la planète. Je compte pour pas grand-chose les déclarations de grandes et bonnes intentions des grands industriels qui affirment être conscients du dérèglement climatique, et dont les résolutions bien arrêtées sont juste de se badigeonner la surface d'annonces vertueuses pour mieux couvrir la réalité inchangée et délétère de leur action. 

En attendant qu'on lime les dents à toutes ces poules aux œufs d'or, gardons, mes bien chers frères, nos oreilles ouvertes à tous les vents, y compris les plus nauséabonds (car « par là je sens pas grand-chose », aurait pu dire le Sâr Rabindranath Duval, alias Pierre Dac)

Moralité : c'est pas gagné.

*

DEUX

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Le Monde, 18 octobre 2023. Pour la Commission Européenne et l'ensemble des "Traités" qu'elle s'acharne à appliquer, à faire appliquer — et au besoin à imposer, quoique très mollement dans certains cas —, c'est le dernier arrivé qui aura gagné. Dans l'ambiance de concurrence féroce que se livrent les grands Etats, les grandes firmes et les grandes ambitions, y a pas de raison que l'Europe fasse le sacrifice de sa compétitivité et de sa richesse. D'où l'effort pour battre les records de lenteur.

En attendant qu'on en sache plus sur le projet profond, cohérent, magique et salvateur nourri dans le secret des bureaux bruxellois par des crânes d'œuf sortis des usines à formater les cerveaux, on restera suspendu dans le même brouillard que celui dans lequel baigne depuis sa conception cette grande Idée : l'Europe. 

Moralité : c'est pas gagné.

*

TROIS

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Le Monde du 6 juillet 2023. La Chine domine paraît-il l'industrie du panneau photovoltaïque, mais aucun pays dans le monde, sauf peut-être l'Inde, ne construit autant qu'elle de centrales thermiques à charbon. On me dit que c'est pour alimenter sa volonté de croissance (de puissance) économique et industrielle. Après tout, c'est possible, non ? La Chine a sans doute des besoins tyranniques ? Ce qui est sûr, c'est que ce pays démesuré n'en a pas fini avec les énergies fossiles.

Moralité : c'est pas gagné.

*

QUATRE

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Le Monde du 15 septembre 2023. Ah, le gros moteur ! Ah, le point de vue surélevé ! Ah, l'espace de rangement pour partir en vacances ! Ah, la belle consommation de carburant ! On aura le plus grand mal à s'en passer ! Ça risque de faire mal !

En attendant la voiture qui marche sans carburant, voire sans moteur, c'est-à-dire la voiture sobre, modeste, incolore, inodore et sans saveur (c'était la définition scolaire de l'eau dans les autrefois), c'est-à-dire la voiture virtuelle, les gaz d'échappement et les particules fines s'en donneront à cœur joie. 

Moralité : c'est pas gagné.

*

CINQ

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Le Monde, 29 septembre 2023. Ah ben les Chinois ont besoin des énergies fossiles ? Et vous voudriez que nous, la vieille Albion (oui, ça se passe en U.K.), nous laissions perdre de telles ressources qui sont là à nous tendre la main depuis nos propres fonds marins [propres, mais pas pour longtemps, n.d.l.r.] ? Ça va pas, la tête ?

En attendant que les Anglais soient touchés par la grâce de la transition écologique, ils vont continuer à bouffer de la planète.

Moralité : c'est pas gagné.

*

SIX

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Le Monde du 13 octobre 2023. Vive la fracturation hydraulique !!! Soyons fous !

En attendant que les ingénieurs ingénieux de l'industrie automobile aient inventé le moteur à eau, ou mieux : le moteur qui marche sans dépense d'énergie, les géants de la prospection et de la production d'énergies fossiles n'on pas fini de saloper les paysages de rêve et de tapisser le fond de nos poumons de suies du plus heureux effet décoratif.

Moralité : c'est pas gagné.

*

SEPT

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Le Monde 2-3 juillet 2023. Ben oui, nous revenons sans le crier trop fort sur les quelques engagements mineurs que nous avions pris à la COP 21 au sujet de la sobriété, des gaz à effet de serre et autres fariboles d'écologistes. Faut nous comprendre, aussi, nous autres producteurs d'or noir : suite aux deux ou trois derniers exercices, dont les "résultats nets" (alias les profits) ont dépassé toutes les espérances, nos actionnaires nous ont fait de telles déclarations d'amour que nous ne nous sommes pas senti le cœur de les décevoir dans leurs attentes. C'est humain, non ?

En attendant que les fonds d'investissements (fond spéculatifs, fonds vautours, etc.) renoncent aux rendements ahurissants de 12 voire 15 %, les bons peuples devront se contenter de leur indulgence naturelle envers ces grands enfants un peu gourmands.

Moralité : c'est pas gagné.

*

HUIT

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Le Monde du 25 octobre 2023. Bon, alors ça, c'est de la haute stratégie de long terme, de la haute finance et de la haute vision de visionnaire voyant. C'est dit : on ne se laissera pas distancer par les requins chinois du pétrole dans la course à la puissance industrielle et à la toute-puissance financière !

En attendant que les dirigeants politiques du monde entier reprennent le pouvoir que les puissants de la sphère économique se sont approprié à leurs dépens, l'humanité conservera son statut roturier face à cette élite aristocratique, dont le sang qui coule dans ses nobles veines a la belle couleur noire du pétrole.

Moralité : bref, c'est pas gagné du tout. 

***

On a compris, va : il y a des tas de gens qui n'en veulent pas, de la sauvegarde de l'humanité, et qui se soucient comme d'une guigne de l'effet de serre, de la biodiversité et de l'avenir du vivant et de l'humanité. Ce qui compte pour eux, c'est l'argent, c'est le pouvoir, et c'est la liberté qui va avec : le plus riche est le plus libre. Ce qu'il  faut savoir reconnaître, c'est que ce sont des gens terriblement puissants, mais dont malheureusement l'argument principal a des airs imparables : c'est l'ensemble de leurs activités qui a fabriqué notre mode de vie, et qui le gouverne plus que jamais. 

Et nous, en bout de chaîne, ne voyons pas comment faire pour éviter le pire, parce que nous n'avons aucune envie d'envisager une autre manière de vivre que celle qui est la nôtre. Nous avons bien compris le sort qui nous attend si nous poursuivons dans la même direction, mais nous sommes dans l'incapacité de concevoir une manière autre, c'est-à-dire un avenir allant en se rétrécissant sur le plan matériel.

Cette autre manière de vivre, nous la considérons comme une régression insupportable, comme un gigantesque retour en arrière, où l'humanité serait obligée de se débarrasser des machines, des moteurs et de leurs carburants qui lui apportent l'aisance, le confort et la facilité au quotidien, et de remplacer ces machines par l'immémorial travail manuel, l'épuisant, maudit, dégradant, asservissant travail manuel

Franchement, qui parmi nous serait prêt à se passer de toutes ces machines qui nous sont devenues aussi nécessaires, pensons-nous, que l'air que nous respirons ? Quelques héroïques individus, peut-être. Mais nous, l'immense masse des gens ordinaires au rang desquels je me compte ? Même pour nous, les petits milliards d'individus perdus dans la masse, la voracité en énergie est inextinguible. 

***

Note : je fais remarquer que les titres d'articles retenus pour ce petit florilège ne datent pas de Mathusalem. Je veux dire que ce tir un peu groupé (il n'y a sûrement pas tout) indique probablement une tendance lourde et actuelle. L'économie capitaliste n'est pas l'adversaire de l'écologie : elle est l'ennemi à abattre. Les capitalistes ont parfaitement compris ça. Les quelques titres mentionnés le laissent de plus en plus entendre. Qu'on se le dise : ils ne se laisseront pas faire sans réagir, quitte à user de toute la violence dont ils sont capables. On peut lire à ce sujet mes billets des 14 et 15 juin 2019.

dimanche, 01 octobre 2023

« IL FAUT ! » POUSSEZ PAS !!!

Y EN AURA POUR TOUT LE MONDE !!!

Bon, alors, qu'est-ce c'est, qu'il faut ?

On va vous dire ça.

***

AGIR

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CONTINUER (1)

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CONTINUER (2)

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ENGAGER

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ENTRER

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IMPLIQUER

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METTRE (1)

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METTRE (2)

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PRODUIRE

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PROTÉGER

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RÉDUIRE

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RÉMUNÉRER

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TRANSFORMER

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ET Y EN A POUR TOUS LES GOÛTS !!! 

Si tout ça finit par produire une impression de salmigondis indigeste, je n'y suis (presque) pour rien. Je ne comprends pas que des gens supposés sérieux tiennent mordicus à cette expression. Peut-être croient-ils ainsi participer au Grand Débat Démocratique ? A la Grande Conversation ? Pour ma part, j'ai le sentiment que "il faut" fait partie des bagages obligés quand on appartient au camp des "solutionnistes". Car on ne m'ôtera pas de l'idée qu'affirmer qu'"il faut transformer le système agricole" (ci-dessus) a quelque chose de profondément risible. J'ai juste envie de demander à la personne qui profère cette ânerie si pleine de bonnes intentions : « Dis, patate, COMMENT ON FAIT ? »

***

Note : Tous ces titres ont été piqués dans le journal Le Monde et le journal Le Progrès entre le 9 avril 2022 et le 19 septembre 2023. Je n'ai rien changé aux textes. Rappellerai-je que l'expression fatidique "il faut" signifie que celui qui la prononce éprouve un manque, une absence à propos du sujet dont il parle ?

vendredi, 15 septembre 2023

DES PERLES COMME ...

... S'IL EN PLEUVAIT.

Oui, je sais, j'écoute un peu trop la radio, mais que voulez-vous, c'est comme ça, et ça fait si longtemps. Dans le brouillard qui s'épaissit et s'approfondit parfois à l'excès, il arrive à mon oreille d'être piquée par l'aiguillon des trouvailles — involontaires en général — de tous ces gens autorisés à causer dans le poste. Autant de bonbons que je laisse au lecteur le soin d'apprécier.

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Entendu sur France Musique hier soir. Benjamin François (ou Arnaud Merlin ?) présente le programme du concert de 20 heures, qui commence par une œuvre de Pouët-Pouët Boulez : « Le Sacre du printemps n'a pas perdu une ride depuis sa création ».

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Sur France Culture, le 6 septembre 2023 à 12 h. 11 environ. On parle d'un film quelconque : « Une actrice qui a eu un accident de voiture et qui a disparu de la circulation ».

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Toujours France Q, le 27 avril 2023 vers 12 h.40 : « Doubler la facture par deux ».

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France Q, 9 septembre vers 7 heures 17, dans la bouche de Quentin Laffay (on est samedi) : « Le Tombereau de Couperin, de Maurice Ravel ». Répété tel quel dans la "désannonce".

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France Culture encore, le 14 août dernier vers 7 heures 03. On parle de migrants et de passeurs, qui se donnent rendez-vous le long de La Canche, fleuve côtier du Pas-de-Calais, par souci de discrétion : « Ils remontent le fleuve jusqu'à la Manche ».

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Philippe Manière, "consultant" en je ne sais quoi (entreprise "Vae Solis" = "Malheur à l'homme seul"), sur France Culture , le 30 janvier 2023 à 8 h. 08 : « Je ne suis ni pour ni contre, bien au contraire ».

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A propos de Carlos Ghosn, le 20 novembre 2018 à 7 h. 02, dans la bouche du journaliste Hakim Kasmi : « Même le Medef se pourfendra d'une lettre ».

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Le 10 octobre 2018, sur France Culture vers 8 heures 20 : « Ces nouveaux députés La République en Marche n'ont pas la rouardise des députés du vieux monde ».

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A SUIVRE .......

dimanche, 03 septembre 2023

LES SOCIALISTES SUR LA BONNE VOIE ?

On sait que ce qui fut un jour le Parti Socialiste, parti jadis hégémonique et régnant, n'a plus d'existence que virtuelle, résiduelle et larvaire, pour avoir un jour décidé, sous la houlette de crânes d'œuf issus de grandes écoles, habillés de costumes trois pièces et d'attachés cases, de déserter le terrain des luttes sociales pour celui des conquêtes sociétales (j'espère que vous voyez la différence), jugées électoralement plus rentables.

Cet abandon en rase campagne de la défense et promotion des travailleurs, les dits travailleurs l'ont fait payer au centuple au déserteur, se jetant de plus en plus, faute de mieux, dans les bras des illusions frontnationalistes et protofascistes proposées par la famille Le Pen et la constellation de ses satellites.

Du coup, les pelés et tondus qui se baladent encore avec, collée au front, l'étiquette « Socialiste », se retrouvent tout moroses, perdus au milieu de nulle part, sur un morceau d'iceberg qui fond à vue d'œil sous les coups conjugués du réchauffement climatique et de la glaciation de la société civile. Ces pauvres errants sont partis, tels Perceval et Galaad, en quête d'un nouveau Graal, d'une Bible revigorée, je veux dire de slogans publicitaires plus racoleurs. 

Il se trouve que s'il leur restait un tant soit peu de jugeote, ils trouveraient dans la presse la solution à tous leurs maux. J'en veux pour preuve un article tout récent.

Un titre (presque) trouvé dans le journal Le Progrès du 2 septembre 2023 (voir aussi le même organe au 30 juin dernier).

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Si Olivier Faure et ses camarades sont intéressés, je peux leur indiquer de très bons coins à morilles. Pour la girolle, le pied de mouton ou la trompette de la mort, je peux aussi les recommander auprès de quelques connaisseurs.

Alors, les socialos, qu'est-ce qu'on dit à ces bénévoles qui viennent gratuitement à votre secours ?

samedi, 02 septembre 2023

UN SCOOP SENSATIONNEL DU « MONDE »

Ci-dessous la (presque) Une du journal Le Monde daté 1er septembre 2023.

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Nos reporters se tiennent à l'affût pour informer les lecteurs sur les suites de l'événement, qui ne peuvent manquer de passionner la population. Vous pouvez, quoi qu'il arrive, faire confiance au journal Le Monde. pour maintenir très haut et fièrement l'étendard d'un fact-checking intransigeant.

jeudi, 31 août 2023

C'EST (PRESQUE) ÉCRIT SUR LE JOURNAL

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Ça serait-y pas des fois Pauline Julien, la Québécoise, qui chantait la chanson « C'est marqué su'l'journal ! » ?


dimanche, 21 mai 2023

POUR UNE COÏNCIDENCE ....... !!!

Ci-dessous un titre d'article tiré du journal Le Progrès (pages 2 et 3, 19 mai 2023), puis un autre tiré du journal Le Monde (en "une", 20 mai 2023). Drôles d'endroits pour une rencontre, non ?

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On dirait que ces deux-là s'entendent comme larrons en foire. Mais attention, les cocos : en saturant les espaces médiatiques, vous prenez le risque de soûler les Français. Accessoirement, on serait presque tenté d'ajouter une syllabe "-id-" après la première de "...prés-ence" pour débusquer peut-être des arrière-pensées. Mais bon, on ne va pas se mettre à chercher des poux sur les pouilleux (mais non, voyons ! Pas ceux que vous croyez ! Je veux évidemment parler des journalistes qui ont trouvé ces titres !).

samedi, 20 mai 2023

ÇA COMMENCE A BIEN FAIRE

Voici le texte intégral d'un petit article de Jean-Luc Porquet, journaliste au Canard enchaîné et (entre autres) fervent lecteur de Jacques Ellul, immortel pourfendeur du Système technicien et dénonciateur du Bluff technologique.

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Article impeccable de Jean-Luc Porquet paru dans Le Canard enchaîné du mercredi 17 mai 2023. On note particulièrement le nombre d'occurrences du mot 

LIMITES,

et autres expressions équivalentes. Je retiens en particulier cette phrase : « Notre système économique ne se maintient que par la destruction sans frein de la nature ». Le journaliste pose ainsi le doigt directement dans la plaie qui fait que le corps du monde actuel suppure d'infectes sanies nauséabondes et répand autour de lui toutes sortes de poisons — violents ou pernicieux.

Occasion pour moi de renouveler une fois de plus, sans me faire d'illusions, du fond de mon terrier et dans le désert sourd où les lanceurs d'alerte se succèdent à un rythme soutenu avec le succès que l'on sait, un appel à la rédaction d'une

DÉCLARATION UNIVERSELLE DES LIMITES HUMAINES.

Car je persiste à voir dans l'inépuisable, perpétuelle et souvent hargneuse revendication d'ouverture de nouveaux droits (pour les Etats, pour les individus, pour la collection des minorités aboyantes, pour les entreprises et les entrepreneurs, etc.) un décalque exact de la façon vorace, violente et suicidaire dont fonctionne et se nourrit le système économique actuel. Dans la doctrine de ce "libéralisme" (sic !), tout ce qui vient de l'Etat ou d'ailleurs pour restreindre l'initiative, freiner l'innovation, contrôler ou réglementer la libre expression des désirs et des pratiques s'apparente à la volonté diabolique d'une figure du Mal absolu.

***

Dans Le Premier homme, p.66, Albert Camus fait dire à son personnage de Cormery, qui réagit vivement face à Levesque à la façon ignoble dont les insurgés algériens traitent les cadavres de leurs ennemis : « "Peut-être. Mais ils ont tort. Un homme ne fait pas ça." (...) "Non, un homme ça s'empêche. Voilà ce qu'est un homme, ou sinon..." ». Cormery ne finit pas sa phrase.

Grande leçon à destination de tous nos soi-disant progressistes — qui se proclament à l'avant-garde du Progrès quand ils ont assené leur péremptoire : « Pas de limites à l'extension de nos droits ». 

vendredi, 19 mai 2023

UNE BELLE DIVISION DU TRAVAIL

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Le Canard enchaîné, 17 mai 2023, titre d'un dessin de Lefred-Thouron (voir hier).

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Journal Le Monde, 18-19 mai 2023, titre d'article en page 10.

***

On voit bien le sens de tout ça : à l'une le sale boulot, à l'autre les tâches nobles et utiles. Accessoirement, on se dit aussi que l'impératif de renouer ne se présente qu'après qu'il y a eu rupture. Ça interroge. 

lundi, 08 mai 2023

3 - PRESSER LE CITRON ...

... JUSQU'AU DERNIER JUS.

FLORILÈGE ET PÊLE-MÊLE.

Le Monde, Le Progrès, Le Canard enchaîné.

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Le Progrès, 16 mars 2023.

Là, ça se passe à Lyon, dans la presqu'île, Ainay, Bellecour, Carré d'Or, etc.

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Le Progrès, 22 mars 2023.

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Le Monde, 22 mars 2023.

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Le Canard enchaîné, 29 mars 2023.

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Le Progrès, 30 mars 2023.

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Fin de la présente série, mais pas de la rubrique, appelée à s'enrichir, à croître et à multiplier, au rythme des profits financiers et de la mainmise des actionnaires sur l'existence des populations — avec les encouragements et la complicité enthousiaste des pouvoirs.

dimanche, 07 mai 2023

2 - TONDRE LE MOUTON ...

... JUSQU'A LA DERNIÈRE LAINE.

FLORILÈGE ET PÊLE-MÊLE.

Le Monde, Le Progrès, Le Canard enchaîné.

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Le Monde, 14 février 2023. 

Et bon voyage de Saint-Valentin à tous les amoureux !!!

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Le Monde, 18 février 2023.

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Le Monde, 22 février 2023.

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Le Monde, 25 février 2023.

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Le Monde, 10 mars 2023.

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Le Canard enchaîné, 3 mai 2023.

samedi, 06 mai 2023

1 - PLUMER LA VOLAILLE ...

... JUSQU'A LA DERNIÈRE PLUME.

FLORILÈGE ET PÊLE-MÊLE.

Le Monde, Le Progrès, Le Canard enchaîné.

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Le Monde, 23 novembre 2022.

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Le Canard enchaîné, 4 janvier 2023.

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Le Monde, 27 janvier 2023.

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Le Monde, 9 février 2023.

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Le Progrès, 5 avril 2023.

COCORICO !!!!

samedi, 08 avril 2023

LES FARCEURS DU CONSCONS....

..... OU : LES "CAVALIERS LÉGISLATIFS".

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Dessin de Diego Aranega paru dans Le Canard enchaîné du 5 avril 2023, en illustration de l'article d'Hervé Liffran "Macron se montre très cavalier avec le Conseil Constitutionnel".

Dans Le Canard enchaîné cette semaine, un article tout à fait intéressant et révélateur de la comédie que nous jouent les gouvernants, les députés-et-sénateurs actuels, ainsi que les différents acteurs qui s'agitent autour de la question, à propos des recours adressés au Conseil Constitutionnel (que j'abrège en ConsCons, ne pas confondre avec Couscous, quoique) par "l'Opposition" (je pouffe) au sujet de la loi "retraites".

D'un côté du ring, le ConsCons, très à l'aise dans son rôle de juge impartial chargé d'entériner ou de jeter à la corbeille les lois adoptées au Parlement. De l'autre, le gouvernement, très sûr de lui et confiant dans l'impartialité de ces juges impartiaux. Et d'autant plus sûr de lui que les petits malins qu'il compte dans ses rangs ont persuadé Macron et Borne de laisser passer ce qu'en langage parlementaire on nomme cavalièrement des "cavaliers législatifs".

Qu'est-ce que s'passe-t-il ? C'est quoi, ces bestioles bizarres ? Eh bien ce sont des "gâteries" (terme employé par Hervé Liffran, auteur de l'article) uniquement destinées à permettre au ConsCons de plastronner sur le devant de la scène dans son costume chamarré de "Gardien de la Constitution" (je m'esclaffe), en lui offrant sur un plateau quelques gibiers de basse-cour que ses carabines constitutionnelles n'auront aucun mal à dézinguer, sans dommages collatéraux pour personne.

Les "cavaliers législatifs" sont, nous dit Hervé Liffran, "des dispositions qui n'ont aucun rapport avec le sujet traité dans le texte en cause et sont destinées à finir dans les poubelles des gardiens de la Constitution". Cela revient à un petit jeu de "je-te-tiens-tu-me-tiens-par-la-barbichette", que tous les acteurs de la farce ont à cœur de jouer avec le plus grand sérieux du monde. Liffran cite l'exemple de "l'index senior" (me demandez pas, allez voir) et du "contrat de travail senior". Censurer ces deux intrus à cheval revient, selon Liffran, à « tirer l'oreille au gouvernement. Sur le thème : va pour cette fois, mais ne recommencez plus, chenapans ! ».

En d'autres temps, on aurait appelé toute cette comédie du passage "obligé" par le filtre "objectif" et "impartial" des "sages" de la rue de Montpensier : "FAIRE L'ÂNE POUR AVOIR DU SON". Aujourd'hui, tout le monde (syndicats compris, car comment remettre en question la légitimité du ConsCons ?) fait semblant d'attendre dans une fièvre ardente le verdict de ces sages en mie de pain. 

Bilan, moralité et conclusion : la réalité du rôle et de la fonction du ConsCons commence à être connue au-delà des frontières des professions juridiques. Attention, Fabius ! Attention Juppé ! Les masques tombent, è finita la commedia !

Note : Je n'en ai peut-être pas fini avec le ConsCons et ses éminents guignols.

jeudi, 06 avril 2023

BONJOUR ! C'EST NON !

BONJOUR ! C'EST NON !

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Dessin de Lefred-Thouron paru dans Le Canard enchaîné du 5 avril 2023.

BONJOUR ! C'EST NON !

Voilà, en un jus concentré et percutant, un excellent résumé synthétique et compendieux de la méthode appliquée par le clan bornéo-darmaniaco-dussopto-matraquo-macroniste dès qu'il s'est agi dans leur bouche de "NÉGOCIER", de "DISCUTER" et de "SE CONCERTER" avec les travailleurs de France représentés par quelques-unes de leurs principales figures syndicales.

BONJOUR ! C'EST NON !

Voilà comment ce gouvernement — qui s'écorche la bouche avec sa rengaine de "VOLONTÉ DE DIALOGUE" et qui ne cesse de boni-mentir avec une effarante effronterie à longueur de discours — envisage de se "METTRE À L'ÉCOUTE DES FRANÇAIS".

BONJOUR ! C'EST NON !

Voilà un dessin à montrer à tous les "braves" citoyens qui se précipitent pour être tirés au sort lorsqu'est annoncé un "GRAND DÉBAT CITOYEN", que ce soit sur le climat (je pouffe) ou, dernièrement, sur la fin de vie (là, ce n'est pas que je me gausse, mais la manœuvre de diversion est tellement évidente !).

BONJOUR ! C'EST NON !

Voilà donc l'affiche que les dirigeants et militants syndicaux devraient s'imprimer dans le crâne : il ne sert à rien d'essayer de montrer sa "bonne volonté" en acceptant de répondre aux "invitations" sous les ors des palais de la République, fussent-elles premier-ministérielles, voire présidentielles, puisque c'est pour se voir opposer d'inflexibles refus de toute remise en question.

Les décisions sont prises, circulez !!!

 

vendredi, 20 janvier 2023

LA PLANÈTE DES TRÈS TRÈS TRÈS TRÈS ...

... TRÈS TRÈS

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Excellent dessin (et surtout excellent texte) de Lama (Lara ?) à la une du Canard enchaîné du 18 janvier 2023.

Pendant que les pelés, galeux et autres tondus protestent en usant leurs semelles et leurs cordes vocales contre la réforme des retraites, et que le gouvernement affirme unanimement et crânement qu'il ne va pas changer de bases pour si peu (tout en mentant effrontément sur sa capacité d'écoute et de négociation), le vrai gouvernement du monde continue, imperturbable, sur sa lancée.

Belle analyse et belle synthèse, d'une impeccable pertinence.

jeudi, 15 septembre 2022

CEUX QUI ONT LA SOLUTION

Je sais pas vous, mais il y a quelque chose, dans le paysage de notre monde mal barré, qui me fait toujours autant rire, braire et m'apitoyer, dans la façon dont "certains" (en français : des intellos) évoquent les problèmes, les situations et même les événements. A les écouter, ces braves gens, il suffirait de prendre au sérieux leurs propos et appliquer les recettes qu'ils mettent sur la table, pour que les problèmes se résolvent et que les situations s'éclaircissent. A cet effet, ils disposent d'un « Sésame, ouvre-toi ! » dans l'immémoriale expression IL FAUT.

Je me souviens que le journal Le Monde a publié dans ses pages, dans les années 1970, toute une série de dessins d'un nommé Konk, une série intitulée "Faukon, Yaka et Pitucé" (pas besoin de traduire), où il se moquait de ces gouvernants de comptoirs qui détiennent, après quelques apéros, les clés de la bonne gouvernance du pays. La collaboration n'a pas duré trop longtemps, car assez vite on a vu Konk aller mouvoir ses nageoires dans les eaux sales voisines du Front National de Jean-Marie Le Pen, voire dans diverses cellules et officines un peu plus "musclées". Au Monde, on a dit : "Pas de ça, Lisette". On le comprend.

Reste que je demeure abasourdi quand, dans les pages du même Monde, il m'arrive encore de tomber sur des titres contenant la formule sacramentelle autant que passe-partout : il faut. Ces titres, on les trouve en général dans les pages "Débats" du journal. Alors bien sûr ce sont des collectifs, des trios, des tandems ou des individus qui profèrent l'expression fatidique et qui n'engagent nullement la responsabilité du quotidien.

Tous les titres qui figurent dans la petite rafale ci-dessous sont tirés de numéros récents, témoignant de l'étonnante santé d'une formule dont je subodore qu'elle ne doit sa survie qu'à l'indéracinable dose d'espoir qui, chez les humains, signifie l'impossibilité absolue (ou presque) de renoncer à envisager le futur en fermant la porte au nez des lendemains qui chantent. « Il faut subir ce qu'on ne peut empêcher », dit quelque part Jorge Luis Borgès. C'est exactement là que l'homme commence à rêver. C'est là qu'on franchit la frontière de l'imagination. La formule "il faut", c'est empêcher la porte des possibles de se refermer. 

A cet égard, j'aime particulièrement les articles de fond produits par des journalistes sérieux et si possible chevronnés, et construits comme des dissertations normales ou comme des notes de synthèse, vous savez : 1 - constat ; 2 - causes ; 3 - perspectives. La troisième partie doit faire la preuve que la situation n'est pas désespérée. Ensuite, le rédacteur est invité à faire preuve d'ingéniosité pour éviter le grossier "il faut". Car la langue française abonde en ressources diverses et en moyens astucieux de tourner autour du "il faut". 

En général, j'admire de tels articles aussi longtemps qu'ils décrivent le problème dans tous ses aspects et qu'ils entreprennent d'expliquer l'origine de ce problème : la virtuosité du journaliste peut se donner libre cours. Et puis vient la troisième partie, et patatras ! le cousu de fil blanc apparaît en pleine lumière. L'auteur de l'article y va de ses solutions, de ses propositions, de ses hypothèses, des mesures et des décisions à prendre. Mais il aura beau mettre en œuvre tout son talent pour costumer et grimer le "il faut" sous toutes sortes de fards et de fonds de teint, il butera immanquablement sur le mur du "comment on fait ?". Autrement dit : comment on passe du virtuel au concret ?

La petite suite que je présente ci-dessous n'est qu'un modeste échantillon (été 2022) des manifestations du pouvoir du "il faut" dans les cerveaux de ceux dont le métier est de penser.  

 

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Ouais, t'as bien raison, mais tu peux nous dire comment on fait, monsieur le savant ?

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Le Système ? Ouais, l'idée est bonne. Reste plus qu'à nous dire

COMMENT ON FAIT,

crâne de piaf !!!

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Ouais, tout le monde va se mettre autour de la table, comme un gros tas de chouettes copains ! On va dire ça à l'Egypte, au Soudan et à l'Ethiopie pour le partage des eaux du Nil. On dira ça à la Turquie, à la Syrie et à l'Irak pour le partage des eaux du Tigre et de l'Euphrate. On dira ça ...

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Ah, l'implication des citoyens, un beau cheval de retour ! Allez, on vous fera de splendides "Conventions Citoyennes" ! Monsieur Macron aura plein la bouche de beaux discours ! On appellera ça "concertation", et au bout du compte, personne ne sera satisfait.

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Celui-ci, je le trouve particulièrement réjouissant : il me fait penser à une "évaluation à l'entrée en seconde" dont j'ai eu à connaître jadis. Parmi les 32 items des "objectifs" (on ne jurait alors que par la "pédagogie par objectifs"), le premier stipulait cette commination impérieuse et porteuse de tout le programme élaboré par la cohorte des crânes d'œuf qui préside depuis cinquante ans aux destinées de l'Education Nationale, pour le plus grand malheur de celle-ci et de la France : « MAÎTRISER L'ORTHOGRAPHE ». Il aurait fallu demander sa recette au crâne d'œuf. Dans le cas présent, je m'interroge : l'auteur peut-il me citer une période où l'humanité fut gardienne de la planète ("redevenir") ?

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IL FAUT 2022 09 07 IL FAUT AGIR.jpg

Traduction : attendez-vous à des restrictions !

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Günther Anders est un philosophe. Il est l'auteur, entre autres, d'un ouvrage qui m'a profondément marqué : L'Obsolescence de l'homme, dans lequel il propose le concept de "honte prométhéenne" qui, à mon avis, résume et condense tout le problème des relations entre l'homme et la technique. "Prométhée", c'est l'audace, l'énergie, la créativité, l'inventivité phénoménales dont est capable l'humanité. "Honte", parce que l'homme se rend compte qu'il a donné naissance à des forces sur lesquelles il n'a plus aucune prise (exemple de la bombe atomique). Des forces incommensurables à sa petitesse : les Lilliputiens ont fabriqué Gulliver. Ils ont créé un "Golem".

Dans son bouquin, il évoque la figure d'Ernst Bloch, autre figure de la philosophie germanique, auteur, entre autres, de Le Principe espérance., mais c'est pour lui faire un reproche : « Il n'a pas eu le courage de cesser d'espérer, ne serait-ce qu'un moment ». Si Günther Anders avait été haut fonctionnaire obligé de rédiger une note de synthèse pour un ministre, nul doute qu'il aurait soigné les parties 1 - constat et 2 - analyse des causes, et qu'il aurait arrêté là son texte.

Pour lui, toutes les solutions partielles sont des illusions, voire des impostures. Pour lui, tous les "il faut" qui tentent d'aménager tel ou tel aspect du problème, et non de s'attaquer à la racine de celui-ci, sont autant de mensonges. Pour lui, c'est tout l'édifice de notre civilisation fondée sur la confiance aveugle en les bienfaits de la technique qui est une erreur à la base. Günther Anders reste un des seuls (le seul ?) à ne pas nous beurrer la tartine et à refuser de toujours "finir sur une note d'espoir".

CESSER D'ESPÉRER. Autrement dit : arrêter de rêver tout éveillé. Autrement dit : du tragique en philosophie. C'est ça que ça veut dire, "regarder la réalité en face".

dimanche, 31 juillet 2022

LA GUEULE DE L'EMPLOI

Le Canard enchaîné est le dernier bastion où le dessin de presse ait encore vraiment droit de cité. Certes, tout le monde n'est pas Cabu, tout le monde n'a pas le coup de crayon de Cabu, mais faute de grives ...

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ADELINA

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DIEGO ARANEGA

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AUREL

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BOUZARD

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CHAPPATTE

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DUTREIX

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DUTREIX

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LAMA

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LEFEVRE

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LEFRED-THOURON

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LINDINGRE

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Ça pourrait tout aussi bien être Darmanin.

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MOUGEY

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POTUS

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SOPH'

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URBS

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Dans le tas, je dois bien dire qu'il y a des dessins que je trouve franchement mauvais.

mercredi, 27 juillet 2022

ÉLISABETH BORNE DANS LE CANARD

Le seul refuge du dessin de presse en France s'appelle Le Canard enchaîné. Je ne parlerai pas du regretté Charlie Hebdo. Nul ne saura jamais comment Cabu, le Grand, l'Unique aurait traité le visage d'Élisabeth Borne. Tout ce que je peux faire, c'est d'additionner les portraits tirés pour le Canard par les dessinateurs qui fournissent le Palmipède, alias "Hebdomadaire Satirique paraissant le mercredi". A tort ou à raison, l'addition de ces dessins dégage tout l'esprit de ce qu'est, de ce que doit être le dessin de presse, du plus fouillé au plus elliptique et stylisé. 

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ADELINA

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DIEGO ARANEGA

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AUREL

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BOUZARD

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CHAPPATTE

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DELAMBRE

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DUTREIX
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KERLEROUX

(Le vieux de la vieille.)

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LINDINGRE

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MOUGEY

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POTUS

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SOPH'

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URBS

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dimanche, 15 mai 2022

UNE VIEILLE CONNAISSANCE ...

... LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE.

Un ami m'a insidieusement prêté ce livre : il sait que je suis un peu sensible à tout ce qui touche à la question. Quand il m'a mis le bouquin entre les mains, un petit sourire malicieux s'est dessiné sur son visage. Je me suis demandé pourquoi.

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Quand je l'ai ouvert, j'ai compris. Ce livre est paru en 1990 ! Ça fait donc trente-deux ans. Et on y trouve déjà à peu près tout ce qu'on sait aujourd'hui sur le sujet (j'exagère bien sûr, mais tous les faits et données accumulés ensuite n'ont fait que confirmer l'état des lieux en aggravant le constat). Bon, il y a des éléments qui ont changé (le trou dans la couche d'ozone, par exemple, n'est plus un problème). Et puis c'est un livre de journaliste, je veux dire qu'il a les inconvénients de ses avantages : l'auteur se sent obligé d'évoquer tous les aspects de la question, au risque de paraître superficiel ou mal argumenté. C'est un survol, si l'on veut, mais qui fait le tour de la question en un peu plus de deux cents pages. 

Et puis les spécialistes du climat n'étaient pas encore organisés comme ils le sont aujourd'hui, les bataillons du futur G.I.E.C. avaient à peine commencé à éplucher les centaines, puis les milliers, puis les dizaines de milliers d'articles scientifiques parus dans des revues « à comité de lecture » et consacrés à tel ou tel aspect plus ou moins large, ou plus ou moins "pointu" du sujet. Le livre ne peut être qualifié de prémonitoire, puisque l'auteur s'appuie sur des faits déjà dûment constatés et répertoriés. Je retiens qu'en 1990, ON SAVAIT DÉJÀ TOUT !!! Ci-dessous, le texte proposé en "quatrième de couv.".

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C'est curieux comme résonne à mes oreilles le mot "urgence", trente-deux ans après la parution : « Si nous nous dérobons à l'urgence d'un effort rapide et concerté .... ». Hé hé hé !!! Ma parole ! J'ai déjà entendu ça quelque part. Et je me dis : trente-deux ans !!! Et rien n'a bougé ou presque. Ah si, pourtant : le réchauffement climatique est devenu un passage obligé parmi les rubriques des bulletins d'information. Mais concrètement ?

Conclusion et moralité ? Je doute encore plus qu'avant de l'utilité du savoir. A quoi bon, en effet, accumuler des données sur des phénomènes irréfutables et menaçants, si personne n'est là pour faire passer dans les faits les conclusions des observateurs ? On reproche aux gens au pouvoir de ne rien faire. On leur fait même des procès. Il y a même des tribunaux qui condamnent des Etats à cause de la mauvaise volonté qu'ils mettent à réagir. On invente une Greta Thunberg, vous savez, cette surdouée de l'écologie justicière qui apostrophe les puissants de ce monde : « How do you dare ? » ("comment osez-vous ?"). On organise à grand spectacle des "marches des jeunes", des "marches pour le climat", des "marches pour le futur", soi-disant pour mettre les gens au pouvoir au pied du mur. Et rien ne se passe, ou alors si peu que rien. A première vue, cette inaction est extraordinaire. Mais je crois qu'elle s'explique parfaitement.

Ben oui. En démocratie, les gens au pouvoir, on les appelle des élus (ailleurs, l'environnement est le dernier des soucis des régimes autoritaires ou dictatoriaux, regardez comment Poutine considère l'écologie en Ukraine). Et pour être élus, les vieux de la vieille savent que les grands sujets dont il faut parler sont le pouvoir d'achat, le coût de la vie, le logement, les problèmes alimentaires, ce qu'on appelle aujourd'hui les « mobilités » (la voiture, les transports, les échanges transnationaux, etc.) et puis, "last but not least", l'emploi, c'est-à-dire le travail, le revenu, le salaire, les charges, les impôts, l'industrie, l'activité économique, la prospérité, le progrès sans limites et les lendemains meilleurs. La candidate à la présidentielle Marine Le Pen ne s'est pas trompée en tapant sur le clou "pouvoir d'achat".

Pourquoi croyez-vous que Yannick Jadot, le tout fiérot chef des écolos, a obtenu moins de 5% des voix à la présidentielle ? Parce que, si les électeurs ne font qu'une confiance très limitée à Emmanuel Macron pour mettre en œuvre une politique capable de résoudre leurs problèmes, ils savent parfaitement que si la France était gouvernée par des écologistes, ce serait pour eux une véritable catastrophe sur tous les points énumérés ci-dessus. Et je ne parle même pas de la dimension franco-française du débat, rapportée à ce que représente, en termes d'influence, la France dans le monde.

Elle est là, la vérité : la population veut bien accepter de corriger (à la marge) quelques excès qu'elle peut commettre dans sa façon de consommer ; faire des "petits gestes" qui ne servent pas à grand-chose au plan global ; déposer les diverses sortes de déchets dans les poubelles adéquates ; être privée de quelques places de parking pour laisser place à un "verger urbain" (j'ai sous les yeux un charmant pommier tout jeune, et quelques poiriers, cassissiers prometteurs, etc. : ça prend la place de six bagnoles) ; venir déposer ses épluchures dans la caisse à compost gérée par une association du quartier, et autre menues activités sans trop de conséquences ; se déplacer davantage à vélo en ville ; s'abonner à l'A.M.A.P. qui vient tous les mercredis poser ses tréteaux et ses étals pour distribuer ses "paniers" de produits en circuit court. 

Mais ce qu'elle veut en priorité absolue, la population, c'est du boulot qui lui rapporte de quoi vivre au-delà du 15 du mois ; c'est de quoi manger pas cher et nourrir la famille ; c'est de quoi se loger décemment et sans trop de tensions avec le proprio ; c'est de quoi, si possible, partir en vacances pour changer d'air de temps en temps. Voilà déjà tout un programme. Appelons ça la nécessité. Le dur du concret si vous voulez. Voilà les attentes auxquelles ont à faire face les élus, futurs élus et autres hautes éminences responsables du destin d'autrui ou qui aspirent à le devenir.

Bien sûr que la même population, celle qui lit, écoute ou regarde les nouvelles, n'est ni aveugle, ni sourde et que, hormis quelques endurcis de la comprenette, quelques complotistes gothiques et quelques antivax égarés, elle sait désormais que l'atmosphère se réchauffe du fait des activités humaines. Elle sait qu'il faudrait faire quelque chose. Mais allez lui dire qu'elle a tort de vouloir vivre correctement, avec des ressources suffisantes pour ne dépendre de personne, et surtout pas des banques alimentaires ! Vous voyez déjà la réaction !

On a beaucoup entendu, au moment des "gilets jaunes", la litanie : « Fin du mois et fin du monde, c'est kif-kif ! Ecologistes et gilets jaunes, fraternisons ! » Ben non, justement, ce n'est pas du tout la même chose. C'est même l'opposé. Il y a une contradiction flagrante, irréductible entre le projet de bâtir un monde enfin sobre, enfin écologiquement soutenable, enfin débarrassé de toutes les nuisances procurées par la modernité, la technique et la production à-tout-va (ça, c'est les écolos), et puis, en face, la nécessité, par exemple, pour des parents de gagner assez pour bien nourrir les enfants et leur offrir un cadre où ils puissent s'épanouir durablement (ça, c'est les gens ordinaires).

Aucun tribun, aucun meneur d'hommes, aucun chef de parti ne peut espérer rassembler des masses de gens derrière lui s'il balance à la gueule des foules un discours sur la sixième grande extinction, le réchauffement climatique ou la préservation des espèces menacées, car il devra ajouter que ces tableaux apocalyptiques seront forcément accompagnés de terribles restrictions sur la satisfaction des besoins, sur l'assouvissement d'énormément de désirs et sur d'innombrables espoirs d'améliorations et d'agréments promis par le Progrès et la Technique.

Tout laisse à penser que l'homme d'Etat doté d'une assez vaste envergure pour surmonter l'incompatibilité des termes de la contradiction n'est pas près de naître.

Alors, cela étant dit, suis-je pessimiste davantage que réaliste quand je pronostique que la situation de l'humanité ressemble à une nasse aussi vaste et profonde que l'univers ?

Voilà ce que je dis, moi.

Note : Dans toutes les forces qui font de la résistance à la lutte contre le réchauffement climatique, je n'ai pas cité la forteresse dans laquelle sont retranchés les grands acteurs de l'économie mondiale, les chimistes empoisonneurs, les productivistes déforesteurs, les extractivistes fossiles et autres engeances arc-boutées sur la course aux profits infinis. Il va de soi que tous ces gens (on peut à bon droit les appeler "le Système") figurent au premier rang des militants anti-écologistes. Ceux-là, ils n'agissent pas par nécessité, mais par choix. 

dimanche, 24 avril 2022

CHAUSSETTES ORPHELINES

J'AI VOULU M'AMUSER UN PEU.

J'ai trouvé ces deux titres d'articles dans le journal Le Progrès du 23 avril 2022 (pages 13 et 15). 

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Quel méli-mélo, dis, quel méli-mélo, dis, la vie avec toi !

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A partir de ces deux titres, en rapprochant "Marche" et "Marre", j'en ai bidouillé un troisième, en petit amateur que je suis. 

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Des deux articles, le second parle effectivement de chaussettes "orphelines", ce mystère abyssal et quasi-métaphysique qui dépeuple régulièrement et de façon presque toujours impaire les panières à linge sale, les machines à laver et les réserves à chaussettes propres (soit dit entre parenthèses, voilà du vrai journalisme d'information, coco !). Le premier évoque diverses marches de revendications identitaires ou autres qui ont eu lieu hier après-midi dans divers endroits de Lyon : une liste étrange que si c'était des produits chimiques, on serait curieux de voir la réaction que ça ferait dans un tube à essais. J'ignorais que les "anti-pass" existassent encore. Quant aux lesbiennes, je persiste à me demander d'où leur vient cette manie d'exhiber leur particularisme sexuel.

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Je profite des manifestations de ces diverses "fiertés" (ne pas oublier le pluriel, pour être sûr de n'oublier personne — il faut dire "être inclusif") pour dire quelques mots du style de la "gouvernance" dont Grégory Doucet et sa clique de fanatiques déguisés en vert ont déjà bien commencé à donner le spectacle. 

Ce maire, que pas mal de monde doit déjà se repentir d'avoir élu, a "froissé", c'est le terme du Progrès, la communauté arménienne en participant de façon bizarre à la commémoration du début du génocide arménien en 1915. Il avait déjà fait le coup aux autres chrétiens ("arménien" est un terme ethnique : les Arméniens sont aussi des chrétiens) en boudant le "Vœu des Echevins" en décembre dernier. Ceci pour dire l'intimité du rapport qui relie ce maire extraterrestre à la population bien terrienne de Lyon et alentours, attachée à des traditions locales désuètes, vieillottes et probablement rétrogrades. Lyon n'a décidément pas de chance avec ses maires.

La plus belle et visible trouvaille de ce maire bourré de convictions fortes et d'idéologie, et entré en lutte contre la population de sa ville dès le soir de son élection, ce sont quand même les superbes urinoirs publics — les uns pour hommes, les autres pour femmes — qu'il a commencé à installer dans les endroits les plus remarquables de notre belle cité. Au début, je ne voulais pas y croire. Et puis ...

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En plein milieu de la place Louis Pradel, sans doute pour meubler l'espace vide et gêner les évolutions des skaters, entre l'Opéra, l'Hôtel de Ville et quelques autres bâtiments aussi négligeables, qui n'attendaient que ces pissotières pour être mis en valeur. A noter que le caca est interdit (on aperçoit une icône sur la porte réservée aux dames) et que le pipi est (paraît-il) régulièrement récolté. Pour quelle destination hautement spirituelle ? En tout cas, un exhibitionnisme qui emporte déjà tous les suffrages.

Espérons, en ce deuxième tour d'élection présidentielle, que personne ne prendra ces édicules pour des bureaux de vote : les bulletins seraient sans doute considérés comme nuls. 

Je ne suis sans doute pas le seul à me faire une autre idée de l'écologie.

Voilà ce que je dis, moi.

dimanche, 13 mars 2022

LE "MONDE" ET L'ETAT DE LA GAUCHE

POUR CHANGER LE MONDE, LA GAUCHE DOIT CHANGER DE MONDE.

Le Monde est un journal sérieux. C'est même (c'était ?), paraît-il, LE journal de référence. Nicolas Truong est journaliste au journal Le Monde. C'est donc un journaliste sérieux : c'est lui qu'on envoie au front. Il a publié dans le numéro daté samedi 5 mars une magnifique double page, orné sur la deuxième d'un joli, symbolique et attendrissant dessin de belle surface, et d'une facture excessivement féminine, signé Christelle Enault. 

Nul doute que Nicolas Truong est un bon journaliste, et un journaliste consciencieux. Il se contente ici, modestement, de rendre compte d'un certain nombre de lectures qu'il vient de faire : des ouvrages récents consacrés à des analyses des raisons de la déconfiture de plus en plus flagrante de tout ce qui s'est longtemps appelé la GAUCHE. Il s'efforce de coudre ensemble les propos divers, chatoyants et bigarrés des nombreux experts qui interviennent pour signer le constat de décès et le procès verbal d'autopsie expliquant les causes de la mort, elles-mêmes pleines de bigarrures. On ne s'étonnera donc pas que le tableau d'ensemble que la lecture de cet article procure, ressemble au costume d'un Arlequin gesticulant plutôt qu'à un tailleur Chanel porté par une femme élégante lors d'une soirée chic.

Le journaliste commence par un curieux panorama des tendances qui tiraillent les gens qui se sentent "de gauche" : on se demande d'abord ce que peut bien être un "communisme institutionnel". L' "écologisme" donne lieu à un joli gloubi-boulga, où se mélangent "récit émancipateur" et "réchauffement climatique", et où l'écologie "peine à intégrer les révolutions de la pensée du vivant" : prenez ça dans la figure ! Truong tient à faire une place au "trotskisme", cette amibe qui se prend pour un être vivant chaque fois que se profile une présidentielle. Il achève ce tour de table sur l'improbable mouvance insurrectionnelle : je me demande s'il pense à Julien Coupat (L'Insurrection qui vient) ou aux troupes très mobiles qui viennent aux manifs pour casser du flic et des vitrines et donner au gouvernement un prétexte pour casser du manifestant.

Vient ensuite le plat de résistance : les noms d'auteurs défilent, accompagnés du titre de leur ouvrage ou de leur titre professionnel, voire universitaire. Nicolas Truong sème ses petits cailloux blancs : ici un stéréotype qui ne saurait renier ses origines vasouillardes et benoîtement orientées — "avènement d'une société du commentaire où s'est engouffrée la mouvance néoréactionnaire". Ça y est, l'étiquette est collée, pas besoin d'argumenter ou de nommer l'ennemi, on peut y aller dans l'esbroufe confortable. Sans compter que le vocable "mouvance" se prête à merveille à toutes sortes de lectures désobligeantes.

Là une formule étrange : "Olivier Ferrand, fondateur du laboratoire d'idées progressistes" : qui nous dit ce qu'est ce "progressisme"-là ? S'agit-il des idées qui réclament une plus juste redistribution des richesses produites ? Ou bien de celles qui brandissent la défense de toutes sortes de minorités qui "luttent contre les normes excluantes" d'une majorité et d'une société intolérantes ? On ne saura pas.

Ailleurs une expression discutable : par exemple, "une classe politique largement désintellectualisée", sans doute pour suggérer que, vu la médiocrité de nos politiciens, tous plus premiers-de-la-classe les uns que les autres, il n'existe plus d'hommes d'État en mesure de « se faire une certaine idée de la France », raison pour laquelle ils délèguent le souci de penser à des "think tanks" qui ont pour mission de trouver les éléments de langage capable de donner au mariage de la carpe et du lapin tout le lustre qu'il mérite. 

Mais parlons des auteurs et de leurs idées. Le politiste Rémi Lefebvre pense que "la gauche est un monde défait". Le constat est imparable. Tout va bien, jusqu'à ce que Laurent Jeanpierre assigne à la gauche le devoir de "se détacher de ses atavismes et de ses identités partisanes arrimés au XX° siècle". Mais pourquoi faut-il qu'un illuminé ramène sa fraise et sa sociologie avec des "atavismes" et des "identités partisanes" ? Du coup, on n'y comprend plus rien. Bon, je vois là, plus ou moins, une sommation faite à la gauche de se "moderniser", c'est-à-dire de se convertir à la version sociétale du "progrès", et d'abandonner les classes laborieuses à leur sort. C'est admettre que le capitalisme a triomphé.

Je passe sur quelques oiselleries de Mme Marion Fontaine, qui décochera plus loin ce trait amusant : "Nous assistons à l'effritement du Parti socialiste français, qui a sans doute rempli sa mission historique". Je ne sais pas pourquoi je trouve cette phrase hilarante. Peut-être le Parti socialiste est-il félicité d'avoir, en se couvrant d'opprobre (mariage homosexuel, loi El Khomri, ...), anéanti la crédibilité de tout ce qui ressemble à une force de gauche ?

J'ai bien envie de passer aussi sur le fameux rapport de "Terra Nova" de 2011, vous savez, ce "think tank", dirigé par le médiocrate pusillanime Thierry Pech, et qui préconise de ne plus centrer la doctrine de la gauche sur la classe ouvrière, au motif que "la nouvelle gauche a le visage de la France de demain : plus jeune, plus féminin, plus divers, plus diplômé". Un gros coup de badigeon sur les vieilleries ouvrières et de "modernisation" : quelle marge de manœuvre le capital laisse-t-il aux tenants des anciens idéaux qui ont fait la Révolution ? Pas grand-chose : la "bienveillance", le "care", l'inclusion des exclus, quelques autres babioles. Des "valeurs de gauche", quoi, histoire de ne pas avoir tout perdu. Le capital peut dormir tranquille.

Personnellement, je comprends que la classe ouvrière, et plus généralement les classes populaires, aient laissé tomber les partis de gauche, tous coupables de trahison, pour se tourner vers des gens (les Le Pen et leurs variantes) qui prenaient en compte, au moins dans leurs discours, leurs préoccupations, y compris ce satané conservatisme social si mal vu par la "nouvelle gauche".

On n'y peut rien : le bas peuple tient à des structures éprouvées et à des traditions sûres, et se méfie à cet égard de toutes les formes d'innovation. Certains peuvent bien juger cela arriéré ou insupportable, et la propagande véhiculée ne s'en prive pas, au nom du "progressisme", n'en doutons pas, reste que les "vrais gens" sont comme ça et pas autrement. S'en prendre avec hauteur ou hostilité aux réticences à la frénésie d'innovation sociétale, c'est mépriser les gens simples, les "gens de peu".

Peut-être est-ce après tout une simple histoire d'offre et de demande : quand les partis communiste, socialiste, radical de gauche et tutti quanti se sont vu préférer les épouvantails d'extrême droite par leur clientèle traditionnelle, ils ont modifié leur offre, pour ne pas finir trop vite exsangues, en direction d'une clientèle "rénovée". C'est humain : tout le monde, y compris une structure, veut "persévérer dans son être". Remarquez que ça n'a pas empêché les deux grands partis de gauche d'être obligés d'abandonner leur vaisseau de croisière (Colonel Fabien, Solférino) pour se réfugier sur une coquille de noix au fur et à mesure de leurs avanies électorales.

Qu'entendent Marion Fontaine et son acolyte le sociologue Cyril Lemieux par "effondrement du monde ouvrier et de ses institutions paternalistes" ? "Paternaliste", ça sent déjà son mépris du "moderne" pour l'"archaïque", mais ne faudrait-il pas parler, plutôt que d'effondrement, de la désertification industrielle de la France, quand les coalitions d'actionnaires ont obtenu des grands conseils d'administration l'embellissement des dividendes par la vente des forces productives à la Chine ? Voir sur ce sujet la B.D. de Benoît Collombat et Damien Cuvillier Le Choix du chômage.

Une petite mention à Nicolas Mathieu, écrivain et "transfuge de classe", à ce qu'on nous dit, qui parle d'une "gauche hypokhâgne" à égalité avec une "gauche bac pro" : on sent qu'ici le ver est déjà dans le fruit. Une petite mention également aux écrivains libertaires Jean-Pierre Garnier et Louis Janover, qui parlent un peu gentiment des "renoncements" du Parti Socialiste, et à Rémi Lefebvre qui évoque plus justement cette "deuxième droite" qui a, sous François Hollande, "abîmé la gauche" et "très durablement discrédité le PS". Pauvre Anne Hidalgo, envoyée au casse-pipe par ses propres frères d'armes !

Bruno Karsenti est philosophe et il n'aime pas trop le peuple, expliquant que "la gauche est à la fois minée par la puissance du libéralisme et la prégnance du conservatisme". Foutu conservatisme : encore un de ces "science-humanistes" bavards, qui voudrait bien inculquer aux gens ordinaires un peu de sens de la modernité, formater les hommes d'après l'image qu'il s'en fait et les débarrasser de leurs haïssables préjugés et "stéréotypes" (de classe, de race, de sexe, de norme, etc.).

Preuve que plus personne ou presque ne sait où il en est, "La gauche démocratique et modérée ne s'est pas volatilisée, elle vote Macron". Encore un de ces foutus politistes qui disent tout et le contraire de tout, sans le dire, mais tout en le disant. Car enfin, si une gauche vote Macron, est-ce une gauche ? Non ! Heureusement Bruno Karsenti rétorque : "Emmanuel Macron n'est pas social-démocrate, il incarne le sommet de son dévoiement". 

Nicolas Truong aborde ensuite le cas de la "gauche écologique et sociale". C'est pour mentionner aussitôt le feu de paille de l'espoir que certains avaient mis dans le virus et dans un hypothétique "monde d'après", où les peuples, les penseurs, les industriels et les gouvernants auraient réfléchi et admis qu'on faisait fausse route. Il n'en a rien été, comme on le constate tous les jours : "Ce qui n'a pas évité un retour à la normale", "normale" étant écrit sans guillemets par le journaliste lui-même. 

Citons au passage la grosse niaiserie du renommé et néanmoins sociologue Bruno Latour, qui ose affirmer que "l'écologie, c'est la nouvelle lutte des classes". Laissons-le à ses lubies, quoi qu'il dise de sensé sur le productivisme et l'extractivisme qui gangrènent la planète et les bipèdes qui en foulent le sol. Comment fait-on, comme le suggère le philosophe Pierre Charbonnier pour : "se réapproprier un progressisme social détaché des illusions de la croissance" ? Qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire, qu'il faudrait "une politisation des sciences sociales" ? La tâche n'est-elle pas pour l'essentiel accomplie ? Et que signifie : "Il convient de mêler socialisme et écologie, ces deux courants apparentés, mais dont la ligne est encore "mal tracée"" ? J'ignorais que socialisme et écologie fussent des "courants", et encore plus : qu'ils fussent apparentés (voir ce qui est dit plus haut de l'extractivisme comme matrice du socialisme : il faudrait savoir).

Bon, j'arrête là. Il resterait bien quelques menues considérations des uns et des autres à mentionner, mais je crois suffisants les éléments de preuve accumulés. Preuve de quoi ? Oh, pas grand-chose : juste le terrible champ de bataille de thèses, d'hypothèses et de foutaises qu'est devenu le problème de la gauche, depuis que la réalité de la protection des classes les moins favorisées a été laissée aux soins des forces du marché. Juste l'innommable bouillie déversée par des intellos de tout acabit sur une situation d'ensemble que plus personne ne comprend et ne maîtrise.

L'article de Nicolas Truong est finalement assez honnête, en ce qu'il reflète assez bien, malgré quelques bizarreries, la couleur et la substance de la panade économique, politique, sociale, intellectuelle et morale dans laquelle le temps présent nous fait patauger, tous tant que nous sommes, gens ordinaires.

Mais il y a une autre tendance qui ressort en relief de ce tableau chaotique : l'émergence à "gauche"  (on se demande ce qui les rattache à la gauche) de nouvelles forces : les jeunes, les femmes, les minorités, les diplômés, et des "divers", c'est-à-dire une pléiade de groupes d'une splendide hétérogénéité, dans lesquelles j'ai du mal à voir autre chose que divers segments d'une clientèle exigeante à l'égard des entrepreneurs politiques et des produits qu'ils proposent sur le marché.

Voilà ce que je dis, moi.

Note : « Or il semblerait ne plus y avoir de "monde d'après", même à Saint-Germain-des-Prés, pourrait-on avancer avec Léo Ferré ». Mais que je sache, "il n'y a plus d'après à Saint-Germain-des-Prés", cher M. Truong, est une chanson de Guy Béart, paroles et musique.