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vendredi, 15 septembre 2023

DES PERLES COMME ...

... S'IL EN PLEUVAIT.

Oui, je sais, j'écoute un peu trop la radio, mais que voulez-vous, c'est comme ça, et ça fait si longtemps. Dans le brouillard qui s'épaissit et s'approfondit parfois à l'excès, il arrive à mon oreille d'être piquée par l'aiguillon des trouvailles — involontaires en général — de tous ces gens autorisés à causer dans le poste. Autant de bonbons que je laisse au lecteur le soin d'apprécier.

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Entendu sur France Musique hier soir. Benjamin François (ou Arnaud Merlin ?) présente le programme du concert de 20 heures, qui commence par une œuvre de Pouët-Pouët Boulez : « Le Sacre du printemps n'a pas perdu une ride depuis sa création ».

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Sur France Culture, le 6 septembre 2023 à 12 h. 11 environ. On parle d'un film quelconque : « Une actrice qui a eu un accident de voiture et qui a disparu de la circulation ».

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Toujours France Q, le 27 avril 2023 vers 12 h.40 : « Doubler la facture par deux ».

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France Q, 9 septembre vers 7 heures 17, dans la bouche de Quentin Laffay (on est samedi) : « Le Tombereau de Couperin, de Maurice Ravel ». Répété tel quel dans la "désannonce".

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France Culture encore, le 14 août dernier vers 7 heures 03. On parle de migrants et de passeurs, qui se donnent rendez-vous le long de La Canche, fleuve côtier du Pas-de-Calais, par souci de discrétion : « Ils remontent le fleuve jusqu'à la Manche ».

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Philippe Manière, "consultant" en je ne sais quoi (entreprise "Vae Solis" = "Malheur à l'homme seul"), sur France Culture , le 30 janvier 2023 à 8 h. 08 : « Je ne suis ni pour ni contre, bien au contraire ».

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A propos de Carlos Ghosn, le 20 novembre 2018 à 7 h. 02, dans la bouche du journaliste Hakim Kasmi : « Même le Medef se pourfendra d'une lettre ».

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Le 10 octobre 2018, sur France Culture vers 8 heures 20 : « Ces nouveaux députés La République en Marche n'ont pas la rouardise des députés du vieux monde ».

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A SUIVRE .......

dimanche, 03 septembre 2023

LES SOCIALISTES SUR LA BONNE VOIE ?

On sait que ce qui fut un jour le Parti Socialiste, parti jadis hégémonique et régnant, n'a plus d'existence que virtuelle, résiduelle et larvaire, pour avoir un jour décidé, sous la houlette de crânes d'œuf issus de grandes écoles, habillés de costumes trois pièces et d'attachés cases, de déserter le terrain des luttes sociales pour celui des conquêtes sociétales (j'espère que vous voyez la différence), jugées électoralement plus rentables.

Cet abandon en rase campagne de la défense et promotion des travailleurs, les dits travailleurs l'ont fait payer au centuple au déserteur, se jetant de plus en plus, faute de mieux, dans les bras des illusions frontnationalistes et protofascistes proposées par la famille Le Pen et la constellation de ses satellites.

Du coup, les pelés et tondus qui se baladent encore avec, collée au front, l'étiquette « Socialiste », se retrouvent tout moroses, perdus au milieu de nulle part, sur un morceau d'iceberg qui fond à vue d'œil sous les coups conjugués du réchauffement climatique et de la glaciation de la société civile. Ces pauvres errants sont partis, tels Perceval et Galaad, en quête d'un nouveau Graal, d'une Bible revigorée, je veux dire de slogans publicitaires plus racoleurs. 

Il se trouve que s'il leur restait un tant soit peu de jugeote, ils trouveraient dans la presse la solution à tous leurs maux. J'en veux pour preuve un article tout récent.

Un titre (presque) trouvé dans le journal Le Progrès du 2 septembre 2023 (voir aussi le même organe au 30 juin dernier).

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Si Olivier Faure et ses camarades sont intéressés, je peux leur indiquer de très bons coins à morilles. Pour la girolle, le pied de mouton ou la trompette de la mort, je peux aussi les recommander auprès de quelques connaisseurs.

Alors, les socialos, qu'est-ce qu'on dit à ces bénévoles qui viennent gratuitement à votre secours ?

samedi, 02 septembre 2023

UN SCOOP SENSATIONNEL DU « MONDE »

Ci-dessous la (presque) Une du journal Le Monde daté 1er septembre 2023.

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Nos reporters se tiennent à l'affût pour informer les lecteurs sur les suites de l'événement, qui ne peuvent manquer de passionner la population. Vous pouvez, quoi qu'il arrive, faire confiance au journal Le Monde. pour maintenir très haut et fièrement l'étendard d'un fact-checking intransigeant.

jeudi, 31 août 2023

C'EST (PRESQUE) ÉCRIT SUR LE JOURNAL

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Ça serait-y pas des fois Pauline Julien, la Québécoise, qui chantait la chanson « C'est marqué su'l'journal ! » ?


dimanche, 21 mai 2023

POUR UNE COÏNCIDENCE ....... !!!

Ci-dessous un titre d'article tiré du journal Le Progrès (pages 2 et 3, 19 mai 2023), puis un autre tiré du journal Le Monde (en "une", 20 mai 2023). Drôles d'endroits pour une rencontre, non ?

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On dirait que ces deux-là s'entendent comme larrons en foire. Mais attention, les cocos : en saturant les espaces médiatiques, vous prenez le risque de soûler les Français. Accessoirement, on serait presque tenté d'ajouter une syllabe "-id-" après la première de "...prés-ence" pour débusquer peut-être des arrière-pensées. Mais bon, on ne va pas se mettre à chercher des poux sur les pouilleux (mais non, voyons ! Pas ceux que vous croyez ! Je veux évidemment parler des journalistes qui ont trouvé ces titres !).

samedi, 20 mai 2023

ÇA COMMENCE A BIEN FAIRE

Voici le texte intégral d'un petit article de Jean-Luc Porquet, journaliste au Canard enchaîné et (entre autres) fervent lecteur de Jacques Ellul, immortel pourfendeur du Système technicien et dénonciateur du Bluff technologique.

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Article impeccable de Jean-Luc Porquet paru dans Le Canard enchaîné du mercredi 17 mai 2023. On note particulièrement le nombre d'occurrences du mot 

LIMITES,

et autres expressions équivalentes. Je retiens en particulier cette phrase : « Notre système économique ne se maintient que par la destruction sans frein de la nature ». Le journaliste pose ainsi le doigt directement dans la plaie qui fait que le corps du monde actuel suppure d'infectes sanies nauséabondes et répand autour de lui toutes sortes de poisons — violents ou pernicieux.

Occasion pour moi de renouveler une fois de plus, sans me faire d'illusions, du fond de mon terrier et dans le désert sourd où les lanceurs d'alerte se succèdent à un rythme soutenu avec le succès que l'on sait, un appel à la rédaction d'une

DÉCLARATION UNIVERSELLE DES LIMITES HUMAINES.

Car je persiste à voir dans l'inépuisable, perpétuelle et souvent hargneuse revendication d'ouverture de nouveaux droits (pour les Etats, pour les individus, pour la collection des minorités aboyantes, pour les entreprises et les entrepreneurs, etc.) un décalque exact de la façon vorace, violente et suicidaire dont fonctionne et se nourrit le système économique actuel. Dans la doctrine de ce "libéralisme" (sic !), tout ce qui vient de l'Etat ou d'ailleurs pour restreindre l'initiative, freiner l'innovation, contrôler ou réglementer la libre expression des désirs et des pratiques s'apparente à la volonté diabolique d'une figure du Mal absolu.

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Dans Le Premier homme, p.66, Albert Camus fait dire à son personnage de Cormery, qui réagit vivement face à Levesque à la façon ignoble dont les insurgés algériens traitent les cadavres de leurs ennemis : « "Peut-être. Mais ils ont tort. Un homme ne fait pas ça." (...) "Non, un homme ça s'empêche. Voilà ce qu'est un homme, ou sinon..." ». Cormery ne finit pas sa phrase.

Grande leçon à destination de tous nos soi-disant progressistes — qui se proclament à l'avant-garde du Progrès quand ils ont assené leur péremptoire : « Pas de limites à l'extension de nos droits ». 

vendredi, 19 mai 2023

UNE BELLE DIVISION DU TRAVAIL

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Le Canard enchaîné, 17 mai 2023, titre d'un dessin de Lefred-Thouron (voir hier).

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Journal Le Monde, 18-19 mai 2023, titre d'article en page 10.

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On voit bien le sens de tout ça : à l'une le sale boulot, à l'autre les tâches nobles et utiles. Accessoirement, on se dit aussi que l'impératif de renouer ne se présente qu'après qu'il y a eu rupture. Ça interroge. 

lundi, 08 mai 2023

3 - PRESSER LE CITRON ...

... JUSQU'AU DERNIER JUS.

FLORILÈGE ET PÊLE-MÊLE.

Le Monde, Le Progrès, Le Canard enchaîné.

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Le Progrès, 16 mars 2023.

Là, ça se passe à Lyon, dans la presqu'île, Ainay, Bellecour, Carré d'Or, etc.

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Le Progrès, 22 mars 2023.

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Le Monde, 22 mars 2023.

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Le Canard enchaîné, 29 mars 2023.

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Le Progrès, 30 mars 2023.

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Fin de la présente série, mais pas de la rubrique, appelée à s'enrichir, à croître et à multiplier, au rythme des profits financiers et de la mainmise des actionnaires sur l'existence des populations — avec les encouragements et la complicité enthousiaste des pouvoirs.

dimanche, 07 mai 2023

2 - TONDRE LE MOUTON ...

... JUSQU'A LA DERNIÈRE LAINE.

FLORILÈGE ET PÊLE-MÊLE.

Le Monde, Le Progrès, Le Canard enchaîné.

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Le Monde, 14 février 2023. 

Et bon voyage de Saint-Valentin à tous les amoureux !!!

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Le Monde, 18 février 2023.

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Le Monde, 22 février 2023.

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Le Monde, 25 février 2023.

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Le Monde, 10 mars 2023.

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Le Canard enchaîné, 3 mai 2023.

samedi, 06 mai 2023

1 - PLUMER LA VOLAILLE ...

... JUSQU'A LA DERNIÈRE PLUME.

FLORILÈGE ET PÊLE-MÊLE.

Le Monde, Le Progrès, Le Canard enchaîné.

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Le Monde, 23 novembre 2022.

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Le Canard enchaîné, 4 janvier 2023.

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Le Monde, 27 janvier 2023.

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Le Monde, 9 février 2023.

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Le Progrès, 5 avril 2023.

COCORICO !!!!

samedi, 08 avril 2023

LES FARCEURS DU CONSCONS....

..... OU : LES "CAVALIERS LÉGISLATIFS".

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Dessin de Diego Aranega paru dans Le Canard enchaîné du 5 avril 2023, en illustration de l'article d'Hervé Liffran "Macron se montre très cavalier avec le Conseil Constitutionnel".

Dans Le Canard enchaîné cette semaine, un article tout à fait intéressant et révélateur de la comédie que nous jouent les gouvernants, les députés-et-sénateurs actuels, ainsi que les différents acteurs qui s'agitent autour de la question, à propos des recours adressés au Conseil Constitutionnel (que j'abrège en ConsCons, ne pas confondre avec Couscous, quoique) par "l'Opposition" (je pouffe) au sujet de la loi "retraites".

D'un côté du ring, le ConsCons, très à l'aise dans son rôle de juge impartial chargé d'entériner ou de jeter à la corbeille les lois adoptées au Parlement. De l'autre, le gouvernement, très sûr de lui et confiant dans l'impartialité de ces juges impartiaux. Et d'autant plus sûr de lui que les petits malins qu'il compte dans ses rangs ont persuadé Macron et Borne de laisser passer ce qu'en langage parlementaire on nomme cavalièrement des "cavaliers législatifs".

Qu'est-ce que s'passe-t-il ? C'est quoi, ces bestioles bizarres ? Eh bien ce sont des "gâteries" (terme employé par Hervé Liffran, auteur de l'article) uniquement destinées à permettre au ConsCons de plastronner sur le devant de la scène dans son costume chamarré de "Gardien de la Constitution" (je m'esclaffe), en lui offrant sur un plateau quelques gibiers de basse-cour que ses carabines constitutionnelles n'auront aucun mal à dézinguer, sans dommages collatéraux pour personne.

Les "cavaliers législatifs" sont, nous dit Hervé Liffran, "des dispositions qui n'ont aucun rapport avec le sujet traité dans le texte en cause et sont destinées à finir dans les poubelles des gardiens de la Constitution". Cela revient à un petit jeu de "je-te-tiens-tu-me-tiens-par-la-barbichette", que tous les acteurs de la farce ont à cœur de jouer avec le plus grand sérieux du monde. Liffran cite l'exemple de "l'index senior" (me demandez pas, allez voir) et du "contrat de travail senior". Censurer ces deux intrus à cheval revient, selon Liffran, à « tirer l'oreille au gouvernement. Sur le thème : va pour cette fois, mais ne recommencez plus, chenapans ! ».

En d'autres temps, on aurait appelé toute cette comédie du passage "obligé" par le filtre "objectif" et "impartial" des "sages" de la rue de Montpensier : "FAIRE L'ÂNE POUR AVOIR DU SON". Aujourd'hui, tout le monde (syndicats compris, car comment remettre en question la légitimité du ConsCons ?) fait semblant d'attendre dans une fièvre ardente le verdict de ces sages en mie de pain. 

Bilan, moralité et conclusion : la réalité du rôle et de la fonction du ConsCons commence à être connue au-delà des frontières des professions juridiques. Attention, Fabius ! Attention Juppé ! Les masques tombent, è finita la commedia !

Note : Je n'en ai peut-être pas fini avec le ConsCons et ses éminents guignols.

jeudi, 06 avril 2023

BONJOUR ! C'EST NON !

BONJOUR ! C'EST NON !

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Dessin de Lefred-Thouron paru dans Le Canard enchaîné du 5 avril 2023.

BONJOUR ! C'EST NON !

Voilà, en un jus concentré et percutant, un excellent résumé synthétique et compendieux de la méthode appliquée par le clan bornéo-darmaniaco-dussopto-matraquo-macroniste dès qu'il s'est agi dans leur bouche de "NÉGOCIER", de "DISCUTER" et de "SE CONCERTER" avec les travailleurs de France représentés par quelques-unes de leurs principales figures syndicales.

BONJOUR ! C'EST NON !

Voilà comment ce gouvernement — qui s'écorche la bouche avec sa rengaine de "VOLONTÉ DE DIALOGUE" et qui ne cesse de boni-mentir avec une effarante effronterie à longueur de discours — envisage de se "METTRE À L'ÉCOUTE DES FRANÇAIS".

BONJOUR ! C'EST NON !

Voilà un dessin à montrer à tous les "braves" citoyens qui se précipitent pour être tirés au sort lorsqu'est annoncé un "GRAND DÉBAT CITOYEN", que ce soit sur le climat (je pouffe) ou, dernièrement, sur la fin de vie (là, ce n'est pas que je me gausse, mais la manœuvre de diversion est tellement évidente !).

BONJOUR ! C'EST NON !

Voilà donc l'affiche que les dirigeants et militants syndicaux devraient s'imprimer dans le crâne : il ne sert à rien d'essayer de montrer sa "bonne volonté" en acceptant de répondre aux "invitations" sous les ors des palais de la République, fussent-elles premier-ministérielles, voire présidentielles, puisque c'est pour se voir opposer d'inflexibles refus de toute remise en question.

Les décisions sont prises, circulez !!!

 

vendredi, 20 janvier 2023

LA PLANÈTE DES TRÈS TRÈS TRÈS TRÈS ...

... TRÈS TRÈS

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Excellent dessin (et surtout excellent texte) de Lama (Lara ?) à la une du Canard enchaîné du 18 janvier 2023.

Pendant que les pelés, galeux et autres tondus protestent en usant leurs semelles et leurs cordes vocales contre la réforme des retraites, et que le gouvernement affirme unanimement et crânement qu'il ne va pas changer de bases pour si peu (tout en mentant effrontément sur sa capacité d'écoute et de négociation), le vrai gouvernement du monde continue, imperturbable, sur sa lancée.

Belle analyse et belle synthèse, d'une impeccable pertinence.

jeudi, 15 septembre 2022

CEUX QUI ONT LA SOLUTION

Je sais pas vous, mais il y a quelque chose, dans le paysage de notre monde mal barré, qui me fait toujours autant rire, braire et m'apitoyer, dans la façon dont "certains" (en français : des intellos) évoquent les problèmes, les situations et même les événements. A les écouter, ces braves gens, il suffirait de prendre au sérieux leurs propos et appliquer les recettes qu'ils mettent sur la table, pour que les problèmes se résolvent et que les situations s'éclaircissent. A cet effet, ils disposent d'un « Sésame, ouvre-toi ! » dans l'immémoriale expression IL FAUT.

Je me souviens que le journal Le Monde a publié dans ses pages, dans les années 1970, toute une série de dessins d'un nommé Konk, une série intitulée "Faukon, Yaka et Pitucé" (pas besoin de traduire), où il se moquait de ces gouvernants de comptoirs qui détiennent, après quelques apéros, les clés de la bonne gouvernance du pays. La collaboration n'a pas duré trop longtemps, car assez vite on a vu Konk aller mouvoir ses nageoires dans les eaux sales voisines du Front National de Jean-Marie Le Pen, voire dans diverses cellules et officines un peu plus "musclées". Au Monde, on a dit : "Pas de ça, Lisette". On le comprend.

Reste que je demeure abasourdi quand, dans les pages du même Monde, il m'arrive encore de tomber sur des titres contenant la formule sacramentelle autant que passe-partout : il faut. Ces titres, on les trouve en général dans les pages "Débats" du journal. Alors bien sûr ce sont des collectifs, des trios, des tandems ou des individus qui profèrent l'expression fatidique et qui n'engagent nullement la responsabilité du quotidien.

Tous les titres qui figurent dans la petite rafale ci-dessous sont tirés de numéros récents, témoignant de l'étonnante santé d'une formule dont je subodore qu'elle ne doit sa survie qu'à l'indéracinable dose d'espoir qui, chez les humains, signifie l'impossibilité absolue (ou presque) de renoncer à envisager le futur en fermant la porte au nez des lendemains qui chantent. « Il faut subir ce qu'on ne peut empêcher », dit quelque part Jorge Luis Borgès. C'est exactement là que l'homme commence à rêver. C'est là qu'on franchit la frontière de l'imagination. La formule "il faut", c'est empêcher la porte des possibles de se refermer. 

A cet égard, j'aime particulièrement les articles de fond produits par des journalistes sérieux et si possible chevronnés, et construits comme des dissertations normales ou comme des notes de synthèse, vous savez : 1 - constat ; 2 - causes ; 3 - perspectives. La troisième partie doit faire la preuve que la situation n'est pas désespérée. Ensuite, le rédacteur est invité à faire preuve d'ingéniosité pour éviter le grossier "il faut". Car la langue française abonde en ressources diverses et en moyens astucieux de tourner autour du "il faut". 

En général, j'admire de tels articles aussi longtemps qu'ils décrivent le problème dans tous ses aspects et qu'ils entreprennent d'expliquer l'origine de ce problème : la virtuosité du journaliste peut se donner libre cours. Et puis vient la troisième partie, et patatras ! le cousu de fil blanc apparaît en pleine lumière. L'auteur de l'article y va de ses solutions, de ses propositions, de ses hypothèses, des mesures et des décisions à prendre. Mais il aura beau mettre en œuvre tout son talent pour costumer et grimer le "il faut" sous toutes sortes de fards et de fonds de teint, il butera immanquablement sur le mur du "comment on fait ?". Autrement dit : comment on passe du virtuel au concret ?

La petite suite que je présente ci-dessous n'est qu'un modeste échantillon (été 2022) des manifestations du pouvoir du "il faut" dans les cerveaux de ceux dont le métier est de penser.  

 

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Ouais, t'as bien raison, mais tu peux nous dire comment on fait, monsieur le savant ?

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IL FAUT 2022 08 14-16 2 ANTICIPER RAREFACTION.jpg

Le Système ? Ouais, l'idée est bonne. Reste plus qu'à nous dire

COMMENT ON FAIT,

crâne de piaf !!!

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Ouais, tout le monde va se mettre autour de la table, comme un gros tas de chouettes copains ! On va dire ça à l'Egypte, au Soudan et à l'Ethiopie pour le partage des eaux du Nil. On dira ça à la Turquie, à la Syrie et à l'Irak pour le partage des eaux du Tigre et de l'Euphrate. On dira ça ...

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Ah, l'implication des citoyens, un beau cheval de retour ! Allez, on vous fera de splendides "Conventions Citoyennes" ! Monsieur Macron aura plein la bouche de beaux discours ! On appellera ça "concertation", et au bout du compte, personne ne sera satisfait.

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Celui-ci, je le trouve particulièrement réjouissant : il me fait penser à une "évaluation à l'entrée en seconde" dont j'ai eu à connaître jadis. Parmi les 32 items des "objectifs" (on ne jurait alors que par la "pédagogie par objectifs"), le premier stipulait cette commination impérieuse et porteuse de tout le programme élaboré par la cohorte des crânes d'œuf qui préside depuis cinquante ans aux destinées de l'Education Nationale, pour le plus grand malheur de celle-ci et de la France : « MAÎTRISER L'ORTHOGRAPHE ». Il aurait fallu demander sa recette au crâne d'œuf. Dans le cas présent, je m'interroge : l'auteur peut-il me citer une période où l'humanité fut gardienne de la planète ("redevenir") ?

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IL FAUT 2022 09 07 IL FAUT AGIR.jpg

Traduction : attendez-vous à des restrictions !

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Günther Anders est un philosophe. Il est l'auteur, entre autres, d'un ouvrage qui m'a profondément marqué : L'Obsolescence de l'homme, dans lequel il propose le concept de "honte prométhéenne" qui, à mon avis, résume et condense tout le problème des relations entre l'homme et la technique. "Prométhée", c'est l'audace, l'énergie, la créativité, l'inventivité phénoménales dont est capable l'humanité. "Honte", parce que l'homme se rend compte qu'il a donné naissance à des forces sur lesquelles il n'a plus aucune prise (exemple de la bombe atomique). Des forces incommensurables à sa petitesse : les Lilliputiens ont fabriqué Gulliver. Ils ont créé un "Golem".

Dans son bouquin, il évoque la figure d'Ernst Bloch, autre figure de la philosophie germanique, auteur, entre autres, de Le Principe espérance., mais c'est pour lui faire un reproche : « Il n'a pas eu le courage de cesser d'espérer, ne serait-ce qu'un moment ». Si Günther Anders avait été haut fonctionnaire obligé de rédiger une note de synthèse pour un ministre, nul doute qu'il aurait soigné les parties 1 - constat et 2 - analyse des causes, et qu'il aurait arrêté là son texte.

Pour lui, toutes les solutions partielles sont des illusions, voire des impostures. Pour lui, tous les "il faut" qui tentent d'aménager tel ou tel aspect du problème, et non de s'attaquer à la racine de celui-ci, sont autant de mensonges. Pour lui, c'est tout l'édifice de notre civilisation fondée sur la confiance aveugle en les bienfaits de la technique qui est une erreur à la base. Günther Anders reste un des seuls (le seul ?) à ne pas nous beurrer la tartine et à refuser de toujours "finir sur une note d'espoir".

CESSER D'ESPÉRER. Autrement dit : arrêter de rêver tout éveillé. Autrement dit : du tragique en philosophie. C'est ça que ça veut dire, "regarder la réalité en face".

dimanche, 31 juillet 2022

LA GUEULE DE L'EMPLOI

Le Canard enchaîné est le dernier bastion où le dessin de presse ait encore vraiment droit de cité. Certes, tout le monde n'est pas Cabu, tout le monde n'a pas le coup de crayon de Cabu, mais faute de grives ...

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ADELINA

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DIEGO ARANEGA

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AUREL

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BOUZARD

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CHAPPATTE

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DUTREIX

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DUTREIX

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LAMA

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LEFEVRE

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LEFRED-THOURON

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LINDINGRE

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Ça pourrait tout aussi bien être Darmanin.

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MOUGEY

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POTUS

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SOPH'

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URBS

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Dans le tas, je dois bien dire qu'il y a des dessins que je trouve franchement mauvais.

mercredi, 27 juillet 2022

ÉLISABETH BORNE DANS LE CANARD

Le seul refuge du dessin de presse en France s'appelle Le Canard enchaîné. Je ne parlerai pas du regretté Charlie Hebdo. Nul ne saura jamais comment Cabu, le Grand, l'Unique aurait traité le visage d'Élisabeth Borne. Tout ce que je peux faire, c'est d'additionner les portraits tirés pour le Canard par les dessinateurs qui fournissent le Palmipède, alias "Hebdomadaire Satirique paraissant le mercredi". A tort ou à raison, l'addition de ces dessins dégage tout l'esprit de ce qu'est, de ce que doit être le dessin de presse, du plus fouillé au plus elliptique et stylisé. 

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ADELINA

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DIEGO ARANEGA

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AUREL

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BOUZARD

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CHAPPATTE

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DELAMBRE

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DUTREIX
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KERLEROUX

(Le vieux de la vieille.)

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LINDINGRE

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MOUGEY

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POTUS

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dimanche, 15 mai 2022

UNE VIEILLE CONNAISSANCE ...

... LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE.

Un ami m'a insidieusement prêté ce livre : il sait que je suis un peu sensible à tout ce qui touche à la question. Quand il m'a mis le bouquin entre les mains, un petit sourire malicieux s'est dessiné sur son visage. Je me suis demandé pourquoi.

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Quand je l'ai ouvert, j'ai compris. Ce livre est paru en 1990 ! Ça fait donc trente-deux ans. Et on y trouve déjà à peu près tout ce qu'on sait aujourd'hui sur le sujet (j'exagère bien sûr, mais tous les faits et données accumulés ensuite n'ont fait que confirmer l'état des lieux en aggravant le constat). Bon, il y a des éléments qui ont changé (le trou dans la couche d'ozone, par exemple, n'est plus un problème). Et puis c'est un livre de journaliste, je veux dire qu'il a les inconvénients de ses avantages : l'auteur se sent obligé d'évoquer tous les aspects de la question, au risque de paraître superficiel ou mal argumenté. C'est un survol, si l'on veut, mais qui fait le tour de la question en un peu plus de deux cents pages. 

Et puis les spécialistes du climat n'étaient pas encore organisés comme ils le sont aujourd'hui, les bataillons du futur G.I.E.C. avaient à peine commencé à éplucher les centaines, puis les milliers, puis les dizaines de milliers d'articles scientifiques parus dans des revues « à comité de lecture » et consacrés à tel ou tel aspect plus ou moins large, ou plus ou moins "pointu" du sujet. Le livre ne peut être qualifié de prémonitoire, puisque l'auteur s'appuie sur des faits déjà dûment constatés et répertoriés. Je retiens qu'en 1990, ON SAVAIT DÉJÀ TOUT !!! Ci-dessous, le texte proposé en "quatrième de couv.".

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C'est curieux comme résonne à mes oreilles le mot "urgence", trente-deux ans après la parution : « Si nous nous dérobons à l'urgence d'un effort rapide et concerté .... ». Hé hé hé !!! Ma parole ! J'ai déjà entendu ça quelque part. Et je me dis : trente-deux ans !!! Et rien n'a bougé ou presque. Ah si, pourtant : le réchauffement climatique est devenu un passage obligé parmi les rubriques des bulletins d'information. Mais concrètement ?

Conclusion et moralité ? Je doute encore plus qu'avant de l'utilité du savoir. A quoi bon, en effet, accumuler des données sur des phénomènes irréfutables et menaçants, si personne n'est là pour faire passer dans les faits les conclusions des observateurs ? On reproche aux gens au pouvoir de ne rien faire. On leur fait même des procès. Il y a même des tribunaux qui condamnent des Etats à cause de la mauvaise volonté qu'ils mettent à réagir. On invente une Greta Thunberg, vous savez, cette surdouée de l'écologie justicière qui apostrophe les puissants de ce monde : « How do you dare ? » ("comment osez-vous ?"). On organise à grand spectacle des "marches des jeunes", des "marches pour le climat", des "marches pour le futur", soi-disant pour mettre les gens au pouvoir au pied du mur. Et rien ne se passe, ou alors si peu que rien. A première vue, cette inaction est extraordinaire. Mais je crois qu'elle s'explique parfaitement.

Ben oui. En démocratie, les gens au pouvoir, on les appelle des élus (ailleurs, l'environnement est le dernier des soucis des régimes autoritaires ou dictatoriaux, regardez comment Poutine considère l'écologie en Ukraine). Et pour être élus, les vieux de la vieille savent que les grands sujets dont il faut parler sont le pouvoir d'achat, le coût de la vie, le logement, les problèmes alimentaires, ce qu'on appelle aujourd'hui les « mobilités » (la voiture, les transports, les échanges transnationaux, etc.) et puis, "last but not least", l'emploi, c'est-à-dire le travail, le revenu, le salaire, les charges, les impôts, l'industrie, l'activité économique, la prospérité, le progrès sans limites et les lendemains meilleurs. La candidate à la présidentielle Marine Le Pen ne s'est pas trompée en tapant sur le clou "pouvoir d'achat".

Pourquoi croyez-vous que Yannick Jadot, le tout fiérot chef des écolos, a obtenu moins de 5% des voix à la présidentielle ? Parce que, si les électeurs ne font qu'une confiance très limitée à Emmanuel Macron pour mettre en œuvre une politique capable de résoudre leurs problèmes, ils savent parfaitement que si la France était gouvernée par des écologistes, ce serait pour eux une véritable catastrophe sur tous les points énumérés ci-dessus. Et je ne parle même pas de la dimension franco-française du débat, rapportée à ce que représente, en termes d'influence, la France dans le monde.

Elle est là, la vérité : la population veut bien accepter de corriger (à la marge) quelques excès qu'elle peut commettre dans sa façon de consommer ; faire des "petits gestes" qui ne servent pas à grand-chose au plan global ; déposer les diverses sortes de déchets dans les poubelles adéquates ; être privée de quelques places de parking pour laisser place à un "verger urbain" (j'ai sous les yeux un charmant pommier tout jeune, et quelques poiriers, cassissiers prometteurs, etc. : ça prend la place de six bagnoles) ; venir déposer ses épluchures dans la caisse à compost gérée par une association du quartier, et autre menues activités sans trop de conséquences ; se déplacer davantage à vélo en ville ; s'abonner à l'A.M.A.P. qui vient tous les mercredis poser ses tréteaux et ses étals pour distribuer ses "paniers" de produits en circuit court. 

Mais ce qu'elle veut en priorité absolue, la population, c'est du boulot qui lui rapporte de quoi vivre au-delà du 15 du mois ; c'est de quoi manger pas cher et nourrir la famille ; c'est de quoi se loger décemment et sans trop de tensions avec le proprio ; c'est de quoi, si possible, partir en vacances pour changer d'air de temps en temps. Voilà déjà tout un programme. Appelons ça la nécessité. Le dur du concret si vous voulez. Voilà les attentes auxquelles ont à faire face les élus, futurs élus et autres hautes éminences responsables du destin d'autrui ou qui aspirent à le devenir.

Bien sûr que la même population, celle qui lit, écoute ou regarde les nouvelles, n'est ni aveugle, ni sourde et que, hormis quelques endurcis de la comprenette, quelques complotistes gothiques et quelques antivax égarés, elle sait désormais que l'atmosphère se réchauffe du fait des activités humaines. Elle sait qu'il faudrait faire quelque chose. Mais allez lui dire qu'elle a tort de vouloir vivre correctement, avec des ressources suffisantes pour ne dépendre de personne, et surtout pas des banques alimentaires ! Vous voyez déjà la réaction !

On a beaucoup entendu, au moment des "gilets jaunes", la litanie : « Fin du mois et fin du monde, c'est kif-kif ! Ecologistes et gilets jaunes, fraternisons ! » Ben non, justement, ce n'est pas du tout la même chose. C'est même l'opposé. Il y a une contradiction flagrante, irréductible entre le projet de bâtir un monde enfin sobre, enfin écologiquement soutenable, enfin débarrassé de toutes les nuisances procurées par la modernité, la technique et la production à-tout-va (ça, c'est les écolos), et puis, en face, la nécessité, par exemple, pour des parents de gagner assez pour bien nourrir les enfants et leur offrir un cadre où ils puissent s'épanouir durablement (ça, c'est les gens ordinaires).

Aucun tribun, aucun meneur d'hommes, aucun chef de parti ne peut espérer rassembler des masses de gens derrière lui s'il balance à la gueule des foules un discours sur la sixième grande extinction, le réchauffement climatique ou la préservation des espèces menacées, car il devra ajouter que ces tableaux apocalyptiques seront forcément accompagnés de terribles restrictions sur la satisfaction des besoins, sur l'assouvissement d'énormément de désirs et sur d'innombrables espoirs d'améliorations et d'agréments promis par le Progrès et la Technique.

Tout laisse à penser que l'homme d'Etat doté d'une assez vaste envergure pour surmonter l'incompatibilité des termes de la contradiction n'est pas près de naître.

Alors, cela étant dit, suis-je pessimiste davantage que réaliste quand je pronostique que la situation de l'humanité ressemble à une nasse aussi vaste et profonde que l'univers ?

Voilà ce que je dis, moi.

Note : Dans toutes les forces qui font de la résistance à la lutte contre le réchauffement climatique, je n'ai pas cité la forteresse dans laquelle sont retranchés les grands acteurs de l'économie mondiale, les chimistes empoisonneurs, les productivistes déforesteurs, les extractivistes fossiles et autres engeances arc-boutées sur la course aux profits infinis. Il va de soi que tous ces gens (on peut à bon droit les appeler "le Système") figurent au premier rang des militants anti-écologistes. Ceux-là, ils n'agissent pas par nécessité, mais par choix. 

dimanche, 24 avril 2022

CHAUSSETTES ORPHELINES

J'AI VOULU M'AMUSER UN PEU.

J'ai trouvé ces deux titres d'articles dans le journal Le Progrès du 23 avril 2022 (pages 13 et 15). 

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Quel méli-mélo, dis, quel méli-mélo, dis, la vie avec toi !

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A partir de ces deux titres, en rapprochant "Marche" et "Marre", j'en ai bidouillé un troisième, en petit amateur que je suis. 

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Des deux articles, le second parle effectivement de chaussettes "orphelines", ce mystère abyssal et quasi-métaphysique qui dépeuple régulièrement et de façon presque toujours impaire les panières à linge sale, les machines à laver et les réserves à chaussettes propres (soit dit entre parenthèses, voilà du vrai journalisme d'information, coco !). Le premier évoque diverses marches de revendications identitaires ou autres qui ont eu lieu hier après-midi dans divers endroits de Lyon : une liste étrange que si c'était des produits chimiques, on serait curieux de voir la réaction que ça ferait dans un tube à essais. J'ignorais que les "anti-pass" existassent encore. Quant aux lesbiennes, je persiste à me demander d'où leur vient cette manie d'exhiber leur particularisme sexuel.

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Je profite des manifestations de ces diverses "fiertés" (ne pas oublier le pluriel, pour être sûr de n'oublier personne — il faut dire "être inclusif") pour dire quelques mots du style de la "gouvernance" dont Grégory Doucet et sa clique de fanatiques déguisés en vert ont déjà bien commencé à donner le spectacle. 

Ce maire, que pas mal de monde doit déjà se repentir d'avoir élu, a "froissé", c'est le terme du Progrès, la communauté arménienne en participant de façon bizarre à la commémoration du début du génocide arménien en 1915. Il avait déjà fait le coup aux autres chrétiens ("arménien" est un terme ethnique : les Arméniens sont aussi des chrétiens) en boudant le "Vœu des Echevins" en décembre dernier. Ceci pour dire l'intimité du rapport qui relie ce maire extraterrestre à la population bien terrienne de Lyon et alentours, attachée à des traditions locales désuètes, vieillottes et probablement rétrogrades. Lyon n'a décidément pas de chance avec ses maires.

La plus belle et visible trouvaille de ce maire bourré de convictions fortes et d'idéologie, et entré en lutte contre la population de sa ville dès le soir de son élection, ce sont quand même les superbes urinoirs publics — les uns pour hommes, les autres pour femmes — qu'il a commencé à installer dans les endroits les plus remarquables de notre belle cité. Au début, je ne voulais pas y croire. Et puis ...

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En plein milieu de la place Louis Pradel, sans doute pour meubler l'espace vide et gêner les évolutions des skaters, entre l'Opéra, l'Hôtel de Ville et quelques autres bâtiments aussi négligeables, qui n'attendaient que ces pissotières pour être mis en valeur. A noter que le caca est interdit (on aperçoit une icône sur la porte réservée aux dames) et que le pipi est (paraît-il) régulièrement récolté. Pour quelle destination hautement spirituelle ? En tout cas, un exhibitionnisme qui emporte déjà tous les suffrages.

Espérons, en ce deuxième tour d'élection présidentielle, que personne ne prendra ces édicules pour des bureaux de vote : les bulletins seraient sans doute considérés comme nuls. 

Je ne suis sans doute pas le seul à me faire une autre idée de l'écologie.

Voilà ce que je dis, moi.

dimanche, 13 mars 2022

LE "MONDE" ET L'ETAT DE LA GAUCHE

POUR CHANGER LE MONDE, LA GAUCHE DOIT CHANGER DE MONDE.

Le Monde est un journal sérieux. C'est même (c'était ?), paraît-il, LE journal de référence. Nicolas Truong est journaliste au journal Le Monde. C'est donc un journaliste sérieux : c'est lui qu'on envoie au front. Il a publié dans le numéro daté samedi 5 mars une magnifique double page, orné sur la deuxième d'un joli, symbolique et attendrissant dessin de belle surface, et d'une facture excessivement féminine, signé Christelle Enault. 

Nul doute que Nicolas Truong est un bon journaliste, et un journaliste consciencieux. Il se contente ici, modestement, de rendre compte d'un certain nombre de lectures qu'il vient de faire : des ouvrages récents consacrés à des analyses des raisons de la déconfiture de plus en plus flagrante de tout ce qui s'est longtemps appelé la GAUCHE. Il s'efforce de coudre ensemble les propos divers, chatoyants et bigarrés des nombreux experts qui interviennent pour signer le constat de décès et le procès verbal d'autopsie expliquant les causes de la mort, elles-mêmes pleines de bigarrures. On ne s'étonnera donc pas que le tableau d'ensemble que la lecture de cet article procure, ressemble au costume d'un Arlequin gesticulant plutôt qu'à un tailleur Chanel porté par une femme élégante lors d'une soirée chic.

Le journaliste commence par un curieux panorama des tendances qui tiraillent les gens qui se sentent "de gauche" : on se demande d'abord ce que peut bien être un "communisme institutionnel". L' "écologisme" donne lieu à un joli gloubi-boulga, où se mélangent "récit émancipateur" et "réchauffement climatique", et où l'écologie "peine à intégrer les révolutions de la pensée du vivant" : prenez ça dans la figure ! Truong tient à faire une place au "trotskisme", cette amibe qui se prend pour un être vivant chaque fois que se profile une présidentielle. Il achève ce tour de table sur l'improbable mouvance insurrectionnelle : je me demande s'il pense à Julien Coupat (L'Insurrection qui vient) ou aux troupes très mobiles qui viennent aux manifs pour casser du flic et des vitrines et donner au gouvernement un prétexte pour casser du manifestant.

Vient ensuite le plat de résistance : les noms d'auteurs défilent, accompagnés du titre de leur ouvrage ou de leur titre professionnel, voire universitaire. Nicolas Truong sème ses petits cailloux blancs : ici un stéréotype qui ne saurait renier ses origines vasouillardes et benoîtement orientées — "avènement d'une société du commentaire où s'est engouffrée la mouvance néoréactionnaire". Ça y est, l'étiquette est collée, pas besoin d'argumenter ou de nommer l'ennemi, on peut y aller dans l'esbroufe confortable. Sans compter que le vocable "mouvance" se prête à merveille à toutes sortes de lectures désobligeantes.

Là une formule étrange : "Olivier Ferrand, fondateur du laboratoire d'idées progressistes" : qui nous dit ce qu'est ce "progressisme"-là ? S'agit-il des idées qui réclament une plus juste redistribution des richesses produites ? Ou bien de celles qui brandissent la défense de toutes sortes de minorités qui "luttent contre les normes excluantes" d'une majorité et d'une société intolérantes ? On ne saura pas.

Ailleurs une expression discutable : par exemple, "une classe politique largement désintellectualisée", sans doute pour suggérer que, vu la médiocrité de nos politiciens, tous plus premiers-de-la-classe les uns que les autres, il n'existe plus d'hommes d'État en mesure de « se faire une certaine idée de la France », raison pour laquelle ils délèguent le souci de penser à des "think tanks" qui ont pour mission de trouver les éléments de langage capable de donner au mariage de la carpe et du lapin tout le lustre qu'il mérite. 

Mais parlons des auteurs et de leurs idées. Le politiste Rémi Lefebvre pense que "la gauche est un monde défait". Le constat est imparable. Tout va bien, jusqu'à ce que Laurent Jeanpierre assigne à la gauche le devoir de "se détacher de ses atavismes et de ses identités partisanes arrimés au XX° siècle". Mais pourquoi faut-il qu'un illuminé ramène sa fraise et sa sociologie avec des "atavismes" et des "identités partisanes" ? Du coup, on n'y comprend plus rien. Bon, je vois là, plus ou moins, une sommation faite à la gauche de se "moderniser", c'est-à-dire de se convertir à la version sociétale du "progrès", et d'abandonner les classes laborieuses à leur sort. C'est admettre que le capitalisme a triomphé.

Je passe sur quelques oiselleries de Mme Marion Fontaine, qui décochera plus loin ce trait amusant : "Nous assistons à l'effritement du Parti socialiste français, qui a sans doute rempli sa mission historique". Je ne sais pas pourquoi je trouve cette phrase hilarante. Peut-être le Parti socialiste est-il félicité d'avoir, en se couvrant d'opprobre (mariage homosexuel, loi El Khomri, ...), anéanti la crédibilité de tout ce qui ressemble à une force de gauche ?

J'ai bien envie de passer aussi sur le fameux rapport de "Terra Nova" de 2011, vous savez, ce "think tank", dirigé par le médiocrate pusillanime Thierry Pech, et qui préconise de ne plus centrer la doctrine de la gauche sur la classe ouvrière, au motif que "la nouvelle gauche a le visage de la France de demain : plus jeune, plus féminin, plus divers, plus diplômé". Un gros coup de badigeon sur les vieilleries ouvrières et de "modernisation" : quelle marge de manœuvre le capital laisse-t-il aux tenants des anciens idéaux qui ont fait la Révolution ? Pas grand-chose : la "bienveillance", le "care", l'inclusion des exclus, quelques autres babioles. Des "valeurs de gauche", quoi, histoire de ne pas avoir tout perdu. Le capital peut dormir tranquille.

Personnellement, je comprends que la classe ouvrière, et plus généralement les classes populaires, aient laissé tomber les partis de gauche, tous coupables de trahison, pour se tourner vers des gens (les Le Pen et leurs variantes) qui prenaient en compte, au moins dans leurs discours, leurs préoccupations, y compris ce satané conservatisme social si mal vu par la "nouvelle gauche".

On n'y peut rien : le bas peuple tient à des structures éprouvées et à des traditions sûres, et se méfie à cet égard de toutes les formes d'innovation. Certains peuvent bien juger cela arriéré ou insupportable, et la propagande véhiculée ne s'en prive pas, au nom du "progressisme", n'en doutons pas, reste que les "vrais gens" sont comme ça et pas autrement. S'en prendre avec hauteur ou hostilité aux réticences à la frénésie d'innovation sociétale, c'est mépriser les gens simples, les "gens de peu".

Peut-être est-ce après tout une simple histoire d'offre et de demande : quand les partis communiste, socialiste, radical de gauche et tutti quanti se sont vu préférer les épouvantails d'extrême droite par leur clientèle traditionnelle, ils ont modifié leur offre, pour ne pas finir trop vite exsangues, en direction d'une clientèle "rénovée". C'est humain : tout le monde, y compris une structure, veut "persévérer dans son être". Remarquez que ça n'a pas empêché les deux grands partis de gauche d'être obligés d'abandonner leur vaisseau de croisière (Colonel Fabien, Solférino) pour se réfugier sur une coquille de noix au fur et à mesure de leurs avanies électorales.

Qu'entendent Marion Fontaine et son acolyte le sociologue Cyril Lemieux par "effondrement du monde ouvrier et de ses institutions paternalistes" ? "Paternaliste", ça sent déjà son mépris du "moderne" pour l'"archaïque", mais ne faudrait-il pas parler, plutôt que d'effondrement, de la désertification industrielle de la France, quand les coalitions d'actionnaires ont obtenu des grands conseils d'administration l'embellissement des dividendes par la vente des forces productives à la Chine ? Voir sur ce sujet la B.D. de Benoît Collombat et Damien Cuvillier Le Choix du chômage.

Une petite mention à Nicolas Mathieu, écrivain et "transfuge de classe", à ce qu'on nous dit, qui parle d'une "gauche hypokhâgne" à égalité avec une "gauche bac pro" : on sent qu'ici le ver est déjà dans le fruit. Une petite mention également aux écrivains libertaires Jean-Pierre Garnier et Louis Janover, qui parlent un peu gentiment des "renoncements" du Parti Socialiste, et à Rémi Lefebvre qui évoque plus justement cette "deuxième droite" qui a, sous François Hollande, "abîmé la gauche" et "très durablement discrédité le PS". Pauvre Anne Hidalgo, envoyée au casse-pipe par ses propres frères d'armes !

Bruno Karsenti est philosophe et il n'aime pas trop le peuple, expliquant que "la gauche est à la fois minée par la puissance du libéralisme et la prégnance du conservatisme". Foutu conservatisme : encore un de ces "science-humanistes" bavards, qui voudrait bien inculquer aux gens ordinaires un peu de sens de la modernité, formater les hommes d'après l'image qu'il s'en fait et les débarrasser de leurs haïssables préjugés et "stéréotypes" (de classe, de race, de sexe, de norme, etc.).

Preuve que plus personne ou presque ne sait où il en est, "La gauche démocratique et modérée ne s'est pas volatilisée, elle vote Macron". Encore un de ces foutus politistes qui disent tout et le contraire de tout, sans le dire, mais tout en le disant. Car enfin, si une gauche vote Macron, est-ce une gauche ? Non ! Heureusement Bruno Karsenti rétorque : "Emmanuel Macron n'est pas social-démocrate, il incarne le sommet de son dévoiement". 

Nicolas Truong aborde ensuite le cas de la "gauche écologique et sociale". C'est pour mentionner aussitôt le feu de paille de l'espoir que certains avaient mis dans le virus et dans un hypothétique "monde d'après", où les peuples, les penseurs, les industriels et les gouvernants auraient réfléchi et admis qu'on faisait fausse route. Il n'en a rien été, comme on le constate tous les jours : "Ce qui n'a pas évité un retour à la normale", "normale" étant écrit sans guillemets par le journaliste lui-même. 

Citons au passage la grosse niaiserie du renommé et néanmoins sociologue Bruno Latour, qui ose affirmer que "l'écologie, c'est la nouvelle lutte des classes". Laissons-le à ses lubies, quoi qu'il dise de sensé sur le productivisme et l'extractivisme qui gangrènent la planète et les bipèdes qui en foulent le sol. Comment fait-on, comme le suggère le philosophe Pierre Charbonnier pour : "se réapproprier un progressisme social détaché des illusions de la croissance" ? Qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire, qu'il faudrait "une politisation des sciences sociales" ? La tâche n'est-elle pas pour l'essentiel accomplie ? Et que signifie : "Il convient de mêler socialisme et écologie, ces deux courants apparentés, mais dont la ligne est encore "mal tracée"" ? J'ignorais que socialisme et écologie fussent des "courants", et encore plus : qu'ils fussent apparentés (voir ce qui est dit plus haut de l'extractivisme comme matrice du socialisme : il faudrait savoir).

Bon, j'arrête là. Il resterait bien quelques menues considérations des uns et des autres à mentionner, mais je crois suffisants les éléments de preuve accumulés. Preuve de quoi ? Oh, pas grand-chose : juste le terrible champ de bataille de thèses, d'hypothèses et de foutaises qu'est devenu le problème de la gauche, depuis que la réalité de la protection des classes les moins favorisées a été laissée aux soins des forces du marché. Juste l'innommable bouillie déversée par des intellos de tout acabit sur une situation d'ensemble que plus personne ne comprend et ne maîtrise.

L'article de Nicolas Truong est finalement assez honnête, en ce qu'il reflète assez bien, malgré quelques bizarreries, la couleur et la substance de la panade économique, politique, sociale, intellectuelle et morale dans laquelle le temps présent nous fait patauger, tous tant que nous sommes, gens ordinaires.

Mais il y a une autre tendance qui ressort en relief de ce tableau chaotique : l'émergence à "gauche"  (on se demande ce qui les rattache à la gauche) de nouvelles forces : les jeunes, les femmes, les minorités, les diplômés, et des "divers", c'est-à-dire une pléiade de groupes d'une splendide hétérogénéité, dans lesquelles j'ai du mal à voir autre chose que divers segments d'une clientèle exigeante à l'égard des entrepreneurs politiques et des produits qu'ils proposent sur le marché.

Voilà ce que je dis, moi.

Note : « Or il semblerait ne plus y avoir de "monde d'après", même à Saint-Germain-des-Prés, pourrait-on avancer avec Léo Ferré ». Mais que je sache, "il n'y a plus d'après à Saint-Germain-des-Prés", cher M. Truong, est une chanson de Guy Béart, paroles et musique.

vendredi, 04 mars 2022

LE CHOIX DU CHÔMAGE (suite)

Juin 2018. Collombat et Cuvillier, les auteurs de Le Choix du chômage (Futuropolis, 2021), soumettent deux photos au regard de l'économiste James Galbraith. La première le laisse de marbre, comme on le voit ci-dessous.

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Car tous les gens bien informés la connaissent par cœur, cette photo : Franklin Roosevelt appose sa signature au bas de la loi dite "Glass-Steagall Act", du nom de ses deux rédacteurs. On est en 1933. Le président américain, après la crise de 1929 et avec le "New Deal", a entrepris de mettre au pas les puissances de l'argent qui ont provoqué la catastrophe. 

Il finit par imposer pour cela la séparation des "banques d'affaires" (investissement, financement des entreprises et de l'économie) et des banques de dépôt (l'argent de monsieur Tout-le-monde), histoire de diminuer les risques. Comme le dit Alain Supiot dans une autre "vignette" : « Roosevelt a un discours d'une incroyable fermeté vis-à-vis des pouvoirs financiers qui sont devenus une féodalité et se sont arrogé le droit de diriger les peuples ». 

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Mais James Galbraith éclate de rire en jetant un œil sur la deuxième photo.

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On y voit en effet, soixante-six ans après (1999), le président Clinton abroger la dite loi "Glass-Steagall Act". Soit dit en passant, Cuvillier sait dessiner.

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Ce que je comprends de la petite séquence, c'est que, sous la pression du lobby des banquiers, le pouvoir politique américain renonce à la prééminence du politique sur l'économique. C'est le début d'une période qui dure encore, où la puissance de l'Etat n'est plus considérée comme la force directrice qui organise et dirige toute l'économie, mais tout au plus comme une force organisatrice, régulatrice qui se met au service du marché et de ses acteurs, et leur facilite la tâche en éliminant les obstacles qui nuit au bon "fonctionnement" de la "machine".

Les chefs d'Etat, même (et surtout ?) les puissants, se sont progressivement mis à la remorque et au service des banquiers et des grands acteurs de l'économie et de la finance. Déjà Pompidou, pourtant agrégé de Lettres classiques, était passé par la banque Rotschild (banque d'affaires) avant d'arriver aux responsabilités politiques.

Mais de Pompidou à Macron, c'est toute une "classe politique", y compris à gauche, qui s'est imprégnée de la "nécessité" de favoriser les forces du marché. Regardez par exemple ce qu'écrivait en 1986 un jeune énarque (promotion Voltaire), une certain François Hollande qui se disait "socialiste" !!! 

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« La politique économique est désormais l'art d'accommoder les restes. » Tout est déjà là. Et ça se passe en 1986 !!! Les candidats à la présidentielle et les futurs candidats aux législatives qui suivront feraient bien de réviser ce genre de documentation.

L'action politique est réduite à la portion congrue. Le personnel politique est devenu du personnel de bureau. Les hommes chargés de la décision politique ne sont plus que des gestionnaires. Oui, on a bien compris que les promesses, les déclarations solennelles, les discours emphatiques des hommes politiques qui regardent les Français dans les yeux ne sont, définitivement, que des paroles verbales.

Voilà ce que je dis, moi.

Note : voici ce que j'écrivais ici le 1er décembre 2014 : « ... il y aurait aussi beaucoup à dire de la disparition des idées politiques en France, qui a transformé les responsables en simples gestionnaires, comptables, bureaucrates ». Qui a le souvenir de ce que ça peut bien être, une "idée politique" ? La seule chose que j'aurais envie de dire à tous les candidats à un mandat présidentiel ou parlementaire, c'est : « Un peu de courage, mesdames et messieurs : reprenez le pouvoir que vous avez lâchement abandonné entre les mains des grands entrepreneurs, des grands financiers et des grands actionnaires ! ».

mercredi, 17 novembre 2021

ENTENDU SUR LES ONDES

Les merveilles de la radio :

« "HISTORIQUE", LE MOT N'EST PAS TROP FAIBLE ! »

Jolie formule entendue (je ne dis pas sur quelle chaîne) le 24 octobre 2021 à 19 h. 14, et applicable en réalité à bien des situations ayant suscité le surgissement de cet adjectif qualificatif dont les journalistes (souvent sportifs, je reconnais) usent et abusent pour se donner de l'importance. En l'occurrence, il s'agissait de la victoire motocycliste du jeune Quartararo.

lundi, 20 septembre 2021

LES RAVAGES DU FÉMINISME

Une enquête apparemment sérieuse fait apparaître que 80% des filles arrivant en classe de Terminale, au moment de choisir une orientation, souhaite aller vers des filières en rapport avec la littérature ou le soin, et que seule une infime minorité opte pour des formations en rapport avec le numérique, l'informatique, les mathématiques. Voilà les faits. Je n'en sais guère plus sur les conditions dans lesquelles l'enquête a été réalisée : prenons-la telle qu'elle nous est présentée par un journaliste lambda sur une chaîne de radio nationale.

Ce qui m'intéresse ici, c'est le cadre, disons "notionnel" dans lequel le journaliste insère l'information, qui en dit long sur la nouvelle terreur intellectuelle que font régner les cercles les plus staliniens, voire KGBistes de la "mouvance" féministe, elle-même assez complexe aujourd'hui pour qu'une femme normale et de bonne volonté — je veux dire pas trop fanatique ou doctrinaire — ait envie de jeter toutes ses boussoles à la poubelle. 

Car vous savez à quoi il ressemble, le "cadre notionnel" qui sert de baignoire, de bain de vapeur et de bouilloire au cerveau du journaliste ? Voici en gros et en substance ce qu'il dit au sujet de la statistique énoncée plus haut : « On reste stupéfait devant le poids des stéréotypes de genre qui amène une très forte majorité de filles à préférer se lancer dans des carrières qu'une tradition héritée du patriarcat a toujours destinées aux femmes. On est frappé par le fait qu'elles ne sont qu'une petite minorité à envisager pour elles-mêmes une profession technique ou scientifique, autrefois réservée exclusivement aux hommes. »

Le journaliste en question, dont je n'ai pas retenu le nom, est tellement imprégné de l'idéologie qui sert de grille de lecture et de lunettes à l'immense majorité des individus invités, par profession ou non, à causer dans le poste, qu'il ne se dit à aucun moment qu'autour de 17-18 ans, une fille est assez grande pour savoir ce qui lui plaît davantage et ce qui lui plaît moins.

La preuve qu'elle est assez grande, c'est qu'elle a bientôt le droit de voter et qu'elle a eu le temps de se former quelques idées sur le monde qui l'entoure et sur la société. C'en est au point qu'on lui demande de former des vœux pour dire officiellement comment elle envisage son propre avenir, avec personne (en principe) pour lui tenir la main ou l'obliger à se plier à d'éventuelles comminations parentales.

Allez lui dire, ensuite, qu'elle a tout faux et qu'elle se laisse influencer par les persistants "stéréotypes de genre". Allez lui dire qu'avec ses préférences, elle se met dans son tort. Allez lui dire que malgré son droit de vote, sa majorité pénale et sa liberté sexuelle, elle n'a pas encore la maturité intellectuelle suffisante pour se rendre compte qu'elle est victime du lourd passé d'une civilisation qui lui assignait en tant que femme un rôle social prédéterminé.

Allez surtout lui dire qu'en faisant un choix qui la range ipso facto parmi les victimes d'un système honni, elle perpétue le statut de victimes de toutes les femmes de l'histoire. Allez enfin lui dire qu'en décidant de s'engager dans une voie cataloguée "typiquement féminine", elle fait fi de sa Liberté individuelle ! Qu'elle devrait se mettre davantage "à l'écoute de ses désirs" !

« Pas libre, moi !?!? Ça va pas la tête ??? », qu'elle réplique, la jeune fille.

Je me souviens d'une petite fille qui devait avoir entre deux et trois ans. C'était un 25 décembre, et ça se passait sous le sapin de Noël. Toute la famille réunie, le chahut, les cadeaux bariolés, l'excitation. Je veux juste dire que je regrette de n'avoir pas immortalisé en image l'instant exact, éclatant et magnifique, où Nina, ayant déchiré le papier, a vu apparaître, sous le rhodoïd transparent, la poupée.

Oui, je regrette de n'avoir pas fixé l'extraordinaire expression de joie soudaine et explosive que tout son être a alors manifestée. Tous ses désirs étaient soudain comblés. Qu'on me pardonne, mais la seule pensée qui m'a traversé l'esprit a été : « Toi, tu es vraiment une fille ! ». Fulgurant ! Je ne me rappelle pas avoir jamais vu, dans des circonstances identiques, une adéquation aussi flagrante entre les attentes d'un enfant et l'objet qu'il recevait en cadeau.

Quant au journaliste et à tous ses coreligionnaires, tous ces gens qui sont incapables de voir dans un "stéréotype" autre chose qu'une manifestation du Mal, je ne vois qu'un seul mot pour qualifier leur attitude :

la BÊTISE.

Une bêtise crasse, et une bêtise méchante par-dessus le marché, qui les rend aveugles sur la part de vérité profonde que peut receler un authentique stéréotype. On ne m'ôtera pas de l'idée, en effet, que le "stéréotype" dont il est question ici est une pure et simple fabrication sortie des ateliers conceptuels mis en place par les cercles les plus fermés et sectaires du féminisme, qui reçoivent pour l'occasion le renfort des sections d'assaut regroupant les militants les plus vindicatifs d'autres minorités (les femmes n'en sont pas une, mais les féministes, toutes tendances confondues).

Qualifier de stéréotypes les simples réalités "homme" et "femme", je veux dire le sexe masculin et le sexe féminin, pour remplacer ces constats bêtement naturels par des fictions culturelles pimpantes, toutes neuves, toutes fraîches écloses des dernières avancées de la psycho-sociologie, c'est juste un énorme coup de bluff. Un coup de force si vous voulez.

On ne naît pas stéréotype, on le devient (presque une citation). Et on le devient après une lente et laborieuse maturation dans le ventre de l'Histoire. Ce qu'on appelle aujourd'hui, pour les condamner, "stéréotypes de genre", ce sont uniquement de telles observations de faits naturels. Il y a usurpation de vocabulaire. 

Car de tels "stéréotypes", durablement et solidement établis, n'ôtent pas un milligramme ni un millimètre à la sacro-sainte Liberté individuelle : ce n'est ni d'hier ni d'avant-hier que l'humain a fait ce qu'il a voulu du corps dans lequel la nature l'avait fait naître, et s'est livré à toutes les fantaisies qui lui passaient par le désir. 

C'est pour ça qu'il me semble singulièrement bête de présenter comme une aberration ou un archaïsme le choix libre et conscient de filières professionnelles par la génération actuelle des filles.

Allez les filles ! Ne vous laissez pas impressionner ! Ne vous laissez pas dicter vos choix ! 

Voilà ce que je dis, moi.

jeudi, 16 septembre 2021

QU'EST-CE QU'UN HISTORIEN MÉDIATIQUE ?

La définition que je préfère de l'historien moyen — je veux parler du commun des historiens invités par le commun des journalistes à donner leur avis dans le poste, en gros, c'est la quintessence de l'historien : l'historien médiatique —, c'est : un monsieur ou une dame qui vient, avec l'autorité du "sujet supposé savoir" (en français : le savant de service), au secours du journaliste culturellement démuni (en français : l'ignorant de service), pour vous dire que la situation dans laquelle nous sommes dans le présent, eh bien savez-vous, elle remonte à la plus haute antiquité (au passage, merci Vialatte).

Pour dire, en gros, qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil (« Nil novi sub sole », disait un ahuri d'il y a bien des siècles), que l'expérience que les vivants d'aujourd'hui font de leur existence et de la forme de la société dans laquelle ils se meuvent a déjà été faite par tous les humains qui les ont précédés.

Sous-entendu : vous croyez que ce que vous vivez est unique, mais détrompez-vous : votre vie n'est pas différente de celle de vos ancêtres. Sous-entendu du sous-entendu : rien n'a changé. La faculté d'un tel historien d'établir dans ses commentaires des "séries" dans les événements du passé pour donner un sens à celui qui nous bouscule ou nous terrasse dans le présent a quelque chose a mes yeux d'inhumain.

Car du coup l'auditeur, écrasé par cette vérité assenée au marteau-pilon, convaincu de ne pouvoir rien apporter de nouveau et de personnel à l'histoire des humains telle qu'ils se la racontent, et donc de n'y être d'aucune utilité, se demande : « Cela vaut-il le coup de vivre ce que je vis, si cela a déjà été vécu par d'autres dans le passé ? » Vous ne trouvez pas ça écœurant ? Décourageant ?

Ce que je trouve pour ma part tout à fait RÉPUGNANT dans cette façon de nous expliquer le présent, c'est précisément qu'on ne nous parle jamais de ce qu'il y a d'irréductiblement unique, neuf, original et inconnu dans les faits, les événements, les situations et les processus dans lesquels nous sommes plongés, et qui se présentent à notre compréhension à l'instant même où nous vivons.

Le répugnant ici, c'est la prétention d'un "spécialiste" de priver les vivants de leur faculté d'inventer quoi que ce soit des conditions de leur propre existence. L'historien médiatique qui tient un tel raisonnement disqualifie par avance l'action qu'ils pourraient envisager de mener. C'est à cet égard peut-être qu'on peu parler d'idéologie universitaire.

Le journaliste culturellement démuni et l'historien médiatique (en français : l'ignorant et le savant) s'entendent comme cul et chemise pour rattacher coûte que coûte l'inconnu au connu. Pour éliminer tout ce qui pourrait, à travers une radicale affirmation de nouveauté, infuser dans les esprits ce qui ressemblerait à de l'angoisse. L'historien médiatique et le journaliste s'entendent comme larrons en foire pour RASSURER.

N'a-t-on pas entendu de dignes historiens (médiatiques), au moment où de drôles de Français se sont mis à occuper les ronds-points en se travestissant en ouvriers des Travaux Publics en grève (gilet jaune réfléchissant), aller chercher sur leurs rayons poussiéreux ce qu'ils avaient appris autrefois des "jacqueries" du moyen-âge pour expliquer ce mouvement radicalement neuf ?

Ce faisant, je me plais à penser qu'ils ont contribué à RASSURER les gens au pouvoir en général et Emmanuel Macron en particulier : ah, ce n'est que le feu de paille d'un mécontentement momentané ! J'envoie les bâtons de la République redresser les échines de cette racaille. Encore une goutte de ce délicieux Château Haut-Brion 1973, cher ami ? Très volontiers, cher ami. 

Oui, par rapport à ce genre d'histoire et aux gognandises que dégoisent les historiens médiatiques, j'en reste à ce que Paul Valéry écrivait de l'histoire en tant que discipline : 

« L’Histoire justifie ce que l’on veut. Elle n’enseigne rigoureusement rien, car elle contient tout et donne des exemples de tout. »

Note : qui ne s'est pas fait suer, quand il était en Terminale, à se presser le citron pour produire quelques gouttes de jus de crâne pour répondre (on est en classe de philo) à la question : "Y a-t-il des leçons de l'histoire ?" ? Vous avez quatre heures pour recopier (en "ronde" !!!) cinq cents fois le propos de Paul Valéry.

dimanche, 07 mars 2021

GUILLAUME ERNER ...

... OU L'ART DE TORPILLER UN INVITÉ.

Normalement, j'aime bien les émissions des Matins de France Culture où officie, en temps ordinaire, le nommé Guillaume Erner, expert en sociologie et descendant en droite ligne universitaire d'Emile Durkheim et Max Weber réunis. Les questions qu'il pose aux personnes invitées pour le savoir particulier qu'elles détiennent dans un domaine particulier sont pertinentes, et en général il leur laisse le temps de développer les réponses à ses questions avant de passer à la suivante.

C'est la raison pour laquelle je me demande pourquoi, vendredi 5 mars, il a invité le sociologue Jean-Pierre Le Goff. Je ne suis certes pas sociologue, mais j'ai lu il y a quelque temps, du nommé Le Goff, un bouquin qui m'a assez intéressé pour me laisser un souvenir positif. Cela s'appelait La France d'hier, et j'avais dans un billet mis l'ouvrage en parallèle avec un bouquin de Régis Debray : Civilisation (comment nous sommes devenus américains).

Pour faire vite, je dirai que si Debray décrivait assez justement comment les Français se sont, au cours du XXème siècle, débarrassés de TOUT ce qui faisait précédemment leur identité nationale pour adopter les objets, les produits, les manières d'être et de penser américains, Le Goff racontait par le menu TOUT ce qui composait précisément la vie quotidienne (la "culture") des Français avant que le soft power venu d'outre-Atlantique ne balaie tout ça et ne le renvoie au plus secret des vieilleries ringardes et des vestiges d'une époque définitivement révolue.

Le propos de Le Goff m'avait semblé intéressant, pertinent et justifié quant au fond. C'est pourquoi je m'interroge : pourquoi Guillaume Erner a-t-il invité Jean-Pierre Le Goff ? Il n'a en effet pas cessé, surtout dans la deuxième partie de l'émission, de lui couper la parole et de l'empêcher de développer son point de vue. Pour tout dire, ce comportement d'un « journaliste » m'a rappelé celui de Laurent Joffrin dans des émissions Répliques d'Alain Finkielkraut, où le patron de la rédaction du Nouvel Obs pilonnait l'adversaire à tout moment de ses phrases pour rendre ses propos strictement inintelligibles.

Honte à vous, monsieur Guillaume Erner !

Ce comportement, cette stratégie minable, qui prive l'auditeur de France Culture du minimum de cohérence nécessaire à la réception de la pensée ("bonne" ou "mauvaise" !) de l'invité, est tout simplement

INDIGNE D'UN JOURNALISTE !

samedi, 23 janvier 2021

"LE MONDE" SE DÉBALLONNE

Je serais à la place de Jérôme Fenoglio, je rentrerais sous terre pour me cacher. Le journal Le Monde, qu'il dirige, à présenté ses excuses à tous ceux qui pourraient se sentir blessés par le dessin de Xavier Gorce paru auparavant. Des excuses ! J'aurais tellement honte que je refuserais l'invitation de France Inter à venir expliquer l'attitude de mon journal. Mais non ! Le pire, dans l'affaire de Xavier Gorce — ce remarquable dessinateur de presse qui y plaçait ses "Indégivrables", des sortes de pingouins se contentant de quelques traits pour délivrer des points de vue très souvent marrants sur le monde tel qu'il cloche —, c'est que Jérôme Fenoglio assume.

Droit dans ses bottes, il explique aux micros que les collègues s'empressent de lui tendre (pensez : le directeur du Monde en personne ! Les micros sont déférents avec les gens de pouvoir) : "Un journal est en droit de refuser de publier des propos ou un dessin qui ne sont pas conformes à son orientation" (je cite en substance et dans les grandes lignes). 

Le pire, c'est que Le Monde l'a publié, le dessin qui fait polémique ! Et ce dessin, je ne suis pas le seul à le trouver excellent : le tiédasse Plantu lui-même, qui s'apprête à prendre sa retraite de la "une" du Monde, l'a déclaré sur France Culture. 

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Et vous savez pourquoi je le trouve excellent, ce dessin ? D'abord parce qu'il jette une lumière inattendue, donc marrante – que certains jugeront incongrue – sur une question qui agite toute la médiasphère jusqu'au tohu-bohu (c'est à Freud qu'on doit l'expression "tohu-bohu de l'inceste", ce n'est peut-être pas dans son célèbre livre Totem et tohu-bohu) ; ensuite parce j'ai immédiatement pensé à un autre dessin formidable, mais qui traitait simplement, il y a fort longtemps, d'un paradoxe temporel tout à fait science-fictionesque : un type remonte le temps, rencontre une femme qui se trouve être sa mère-mais-il-ne-le-sait-pas, l'épouse, et je vous passe les déductions embrouillées et jubilatoires que Gotlib en tirait (à moins que ce ne soit Goscinny : je ne me rappelle plus si c'était dans les Dingodossiers ou la Rubrique-à-brac).

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Honte à vous, monsieur Fenoglio ! Honte au journal Le Monde ! Quelle infamie ! Quelle déchéance pour le soi-disant "journal-de-référence" ! Bon, les optimistes se diront que Le Monde n'a pas emboîté le pas au New York Times, qui est allé jusqu'à bannir de toutes ses pages toute intervention dessinée quelle qu'elle soit. Mais là on est dans les folles dérives de la pudibonde, puritaine, hypocrite Amérique.

J'en conclus que l'Amérique n'a pas fini d'exporter – et jusque dans des pays si fiers d'habitude pour prendre la défense de la liberté d'expression, et quelques journalistes d'exception l'ont payé de leur vie !!! – son exécrable "politiquement correct", où ce sont toutes les minorités qui dictent leur loi à la majorité et qui, au moindre chatouillis ressenti à la surface de leur "sensibilité", se débrouillent pour faire taire ceux qu'ils considèrent comme des agresseurs ! Dans le cas du dessin de Xavier Gorce, on peut voir qu'un journal comme Le Monde a une pétoche épouvantable. Tout ce qui risquerait de sonner à la porte du journal en se présentant sous les traits d'une victime d'inceste ou d'un individu "transgenre" est comme le diable en personne. 

C'était donc ça, le "monde d'après" qu'on nous promettait ? Monsieur Fenoglio, je n'ai qu'une grosse chose à vous dire : "Merde" !!!