dimanche, 08 septembre 2024
MACRON DANS SON LABO
LE PRÉSIDENT FAIT UNE EXPÉRIENCE.
Étape 1 : Dissoudre toute la base de députés dans l'acide sulfurique de la clarification.
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Étape 2 : Observer attentivement la réaction qui se produit. En noter minutieusement les caractéristiques. Puis laisser reposer le nouvel amalgame plus de cinquante jours.
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Étape 3 : En tirer les conclusions qui s'imposent .
J'AI GAGNÉ !!! VICTOIRE !!! VIVE MOI !!!
(Photo d'archives.)
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Etape 4 et finale : Il faut répandre la bonne parole.
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Eurêka ! Le Français a compris ! Macron, c'est Gaston Lagaffe ! Il fait tout péter, et puis il attend tranquillement la suite : "démerdez-vous maintenant", dit-il. Peut-être même s'apprête-t-il à s'en laver les mains.
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dimanche, 14 juillet 2024
EN PLEINE POSSESSION ...
... DE RIEN DU TOUT.
Des aventuriers intrépides ont osé s'immerger dans la pensée présidentielle. A leurs risques et périls. Voici le résultat de leurs investigations : la vérité. L'expérience corrobore l'impression que la grande majorité des Français partageaient.
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« Je contrôle plus rien ».
Diego Aranega, dans Le Canard enchaîné du 19 juin 2024.
***
« Je n'ai rien compris ».
Herrmann, en une du journal Le Monde, le 10 juillet 2024.
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mercredi, 10 juillet 2024
UNE IDÉE FUNESTE
... ET CARRÉMENT IDIOTE.
L'idée m'a juste traversé l'esprit, peut-être induite par la personnalité décidément invasive de Jean-Luc Mélenchon, cet olibrius qui, sans prendre l'avis de personne, sans aucune concertation avec ses alliés du Nouveau Front Populaire, a commis un véritable putsch de la parole, dimanche soir après le deuxième tour.
Ce sinistre individu qui se prend pour une nouvelle incarnation de la "gauche de rupture", a pris tout le monde de vitesse en tenant un discours copieux devant, paraît-il, des militants de La France Insoumise.
Je note d'ailleurs que des journalistes devaient être à l'affût, car la prise de parole a été diffusée à l'instant même où elle se produisait, et en entier ou pas loin. Il n'empêche que, ce faisant, ce politicien louche et tant soit peu caractériel, a imposé une préemption de L.F.I sur la gauche issue des urnes. C'est évidemment inacceptable.
L'idée en question est en fait un souvenir : c'était en 1974, lorsque des allumés néofascistes (Alain Robert et François Brigneau), ont fondé un parti dissident du Front National de Jean-Marie L.P. : le P.F.N., ou Parti des Forces Nouvelles, qui a quelque temps défrayé la chronique, puis est tombé dans l'oubli.
L'idée idiote et fausse qui s'est présentée à moi est la suivante : pourquoi ne pas rapprocher le N.F.P. du P.F.N. ? La gauche en tout cas n'a pas anticipé un tel rapprochement. C'est logique. Rien à voir. Mais quand même, le sigle du Nouveau Front Populaire ressemble furieusement à celui du Parti des Forces Nouvelles, non ? Alors je me suis livré au petit jeu suivant, si absurde que soit la démarche, en partant du logo officiel du parti facho. Jugez plutôt.
Un peu troublant quand même, non ? Alors mettons que je n'ai rien dit. Idiot à la base, cela reste idiot à l'arrivée.
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dimanche, 07 juillet 2024
DERRIERE LE MASQUE BONHOMME
Le Canard enchaîné, dans son numéro du 3 juillet 2024 (et dans pas mal de précédents), s'efforce de faire tomber les masques d'honorabilité et d'angélisme derrière lesquels les vitrines médiatiques du Rassemblement National sont parvenues à dissimuler quelques réalités qui persistent, malgré tous les ripolinages, à coller aux basques de ce parti. Par association d'idées, je pense à ce dessin de Hermann pour la série "Jérémiah". Et ça ne rassure pas.
Aurel le montre ci-dessus, mais que l'on regarde du côté de la police (et de son syndicat Alliance), de la police des polices (I.G.P.N.), des magistrats, de la haute fonction publique, le constat est le même : le terrain est labouré, préparé, ensemencé, amendé, tout prêt à produire les effets que le pire visage de la France en attend.
Et je parie que le dessin signé "Soph'" (Le Canard, 3 juillet) préfigure de façon assez juste ce qui risque de se produire si le R.N. ... : combien sont-ils, derrière le paravent, à attendre de moins en moins patiemment le moment de "rediaboliser" ?
Ce que confirme à sa façon, le 5 juillet 2024, ce titre du journal Le Monde. On serait cependant en droit de reprocher sa pusillanimité à l'auteur de cette formulation chantournée à l'excès : pourquoi ne pas dénoncer clairement le mensonge des apparences faussement anodines dont Marine Le Pen a réussi à affubler une formation qui respire par essence un air vicié ? Le Monde a la mauvaise habitude de prendre des pincettes quand il s'agit de nommer le mal.
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samedi, 06 juillet 2024
ÉLECTION : JE CONNAIS LE VAINQUEUR
Résultat de notre sondage "sortie des urnes" exclusif.
Vignette tirée de L'Élection, B.D. d'actualité désopilante sortie de l'imagination fertile et facétieuse de Godard. Retenez bien le nom de cet élu qu'on peut dire générique : Y a de l'abus, et serrons-lui la main, tout en souhaitant Bonne chance à la France et aux Français.
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lundi, 01 juillet 2024
ENTRE ICI, LE PEN ET COMPAGNIE ...
... AVEC TON CORTÈGE D'OMBRES !
Voilà ce qui fait peur : la haine, convenablement ripolinée en façade !
Dessin d'Aurel, Le Canard enchaîné, 26 juin 2024.
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jeudi, 27 juin 2024
MACRON N'A RIEN COMPRIS
UN PRÉSIDENT "IN VITRO".
Emmanuel Macron est, selon la plupart des gens qui le connaissent, un homme d'une grande intelligence. Je suis enclin à reconnaître la haute altitude de cette intelligence. Je reconnais aussi ne plus subir ces hontes épouvantables que j'éprouvais chaque fois que François Hollande et Nicolas Sarkozy, ses prédécesseurs, prenaient la parole en public pour répondre à des questions de journalistes ou tenir des discours officiels. Emmanuel Macron détient les secrets d'une éloquence plus que convenable.
Alors comment se fait-il que, chaque fois que j'entends aujourd'hui sa voix dans le poste, je coupe aussitôt le son ? Que s'est-il passé ?
Dessin de Dutreix, Le Canard enchaîné, 26 juin 2024.
Selon moi, la réponse tient dans un seul mot : la faillite ! D'après ce que je peux percevoir de l'actualité et de l'actuelle situation politique, économique et sociale de la France, nous avons assisté, dans les temps récents, à la faillite de l'intelligence d'Emmanuel Macron. Tout le monde voit avec effroi et stupéfaction le président en exercice acheminer de plus en plus vite ce qui reste de ses mandats vers une issue de plus en plus sombre.
Pour commencer, je note que, non content de ne pas se taire, comme l'en conjurent même ses plus proches amis, il ne cesse plus, à chaque instant, de parler. Enfin, je dis parler, alors que je devrais dire baragouiner, jaspiner, bonimenter, phraser, dégoiser, rabâcher, improviser, haranguer, bref, tout le toutim. C'est une vraie colique. Une débâcle d'entrailles, hélas accompagnée de terribles flatulences, façon Michel Piccoli dans La Grande Bouffe (vous vous rappelez la scène chatoyante, sur le perron de la villa).
Partout, dans tous les médias, à tous les micros, dans toutes les oreilles vulnérables qu'il lui arrive de rencontrer. C'est une maladie dont il souffre depuis longtemps, mais de chronique, elle est devenue aiguë.
Alors voilà, M. Macron n'a rien compris. Voyons d'abord la Nouvelle-Calédonie : voilà-t-il pas qu'il fait emprisonner en France métropolitaine des Kanaks, coupables d'avoir fomenté des troubles qui vont coûter très cher à la population du Caillou.
La réaction n'a pas tardé : les violences (qui ne s'étaient jamais vraiment arrêtées) ont repris de plus belle. Ah mais c'est qu'il écoute les gens, notre Macron national, et même mieux : il les entend, le plus souvent de loin, car il y a toujours beaucoup de casques, d'uniformes et de lacrymogènes entre lui et les foules déchaînées. Moralité : il n'y a pire sourd que Monsieur Macron. Quelle clairvoyance, monsieur le Président !!! Redoutable sourd, doublé d'un infernal aveugle. A moins qu'on voie en lui le simple touriste de l'excellent proverbe africain : « Le touriste est celui qui ne voit que ce qu'il sait ».
Une autre preuve qu'il n'a rien compris, je l'ai entendue sortir de sa propre bouche il y a quelques jours : « J'ai bien entendu le message que les Français m'ont adressé le 9 juin : ils auraient voulu que nous allions beaucoup plus vite et plus fort dans les réformes ! ». Je cite en substance, c'est globalement approchant, mais je garantit l'authenticité de "plus vite et plus fort".
Franchement, je finis par me demander de quelle planète cet infirme de la comprenette a débarqué chez nous. Franchement, je me demande quelle langue il parle, mais aussi quelle langue exotique il comprend. Visiblement, il passe dans la réalité — celle dans laquelle nous autres les gens ordinaires pataugeons en temps ordinaires — à la façon dont Pierce Brosnan en James Bond traverse une muraille de flammes : même pas décoiffé, le gars !!! Pas un hématome !!! Pas un froissement dans le costard trois-pièces !!! Le corps, l'esprit et les vêtements de Macron restent indemnes et intouchés après les pires confrontations avec la vraie réalité. C'est à se demander s'il peut vieillir.
Je me souviens d'avoir lu il y a quelques années un excellent livre que François Ruffin avait adressé à son ancien condisciple de lycée, devenu depuis Président de la République. Le titre en était particulièrement bien trouvé : Ce Pays que tu ne connais pas (Les Arènes, 2019, j'avais rendu compte ici de ce bouquin), et le sous-titre ne manquait pas de pertinence à l'époque tout en montrant une certaine empathie à son égard : "Bienvenue en France, Monsieur Macron".
Ce que je me rappelle du propos, c'est, entre autres, que la connaissance qu'Emmanuel Macron a des diverses populations qui vivent en France est essentiellement une connaissance par ouï-dire, une connaissance indirecte, une connaissance exclusivement médiée par des dossiers, des chiffres et des concepts. Comme s'il évitait comme la peste de confronter à qui et à quoi que ce soit de concret par l'expérience personnelle la masse de ce qu'il a ingurgité, appris et cru comprendre.
En 2017, les Français ne savaient pas qu'ils avaient élu, en quelque sorte, un « président in vitro ». C'est d'ailleurs à cause de cette incapacité congénitale à s'incarner en « président in vivo » qu'un nombre toujours croissant d'électeurs et même de responsables politiques le supplie de fermer sa gueule.
Il ne sait pas, le pauvre homme, que les pratiques de laboratoire, de recherche et d'éprouvettes, ont toujours, dans les bonnes pratiques scientifiques, besoin de subir contrôles divers et vérifications multiples en grandeur nature avant d'être validées. Il aurait peut-être l'impression de se salir les mains ? Il préfère peut-être respirer l'air abstrait des idées supérieures (vous savez, celles qui n'aiment ni la boue, ni le vent, ni les intempéries).
Le problème de Macron, c'est que les gens auxquels il croit s'adresser ne sont pas des abstractions, mais des êtres de chair et d'os, qui existent, s'efforcent de persévérer dans leur être, savent ce que c'est que de prendre des coups et qui, quand la moutarde leur monte au nez, sont capables de manifester leur désaccord, leur réprobation ou leur colère : dans la rue, sur les ronds-points ou dans les urnes. Avec les européennes, ils ont voulu donner un coup de poing à Macron (jab ou uppercut, je n'ai pas de préférence).
Le malheur veut qu'en l'occurrence et en même temps que le président, ma propre gueule ait pris une partie de ce coup. Mais ça ne se passera pas comme ça, Monsieur Macron : vous êtes un maillon de la chaîne de responsabilités. Vous avez une dette envers la France.
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mercredi, 26 juin 2024
TESTAMENT D'EMMANUEL MACRON ...
... POUR TEMPS TROUBLÉS.
« Le Français, fier de son agriculture et de son industrie, lance d’une main sûre un regard plein de confiance vers un avenir qui l’attend de pied ferme. Car il sait qu’agriculture, commerce et tourisme sont les deux mamelles qui sèment le pain dont il abreuve ses enfants. Si tout le monde mettait un peu d’eau dans son vin, on éviterait de jeter de l’huile sur le feu. Dès lors, le Français penché sur son labeur, lèvera un œil avide afin de boire à pleins poumons le réconfort du symbole que je suis fier de lui donner. Et chaque fois que la griffe de l’angoisse prend à la gorge le cœur de notre cher et vieux pays, je lèverai un œil qui tombera à pieds joints sur ce ramassis de vauriens, dont l’activité mystérieuse et séditieuse est une épée de Damoclès qui ronge mon cœur d’homme providentiel. »
Pour copie (presque) conforme : F. C.
Note : J'ai essayé de restituer au plus près les pensées profondes de notre admirable président, en me fondant sur des sondages exclusifs réalisés par mes soins, après immersion jusque dans les profondeurs des circonvolutions cérébrales, cérébelleuses, cérébro-spinales et inquiétantes de Monsieur Emmanuel Macron. Merci tout de même à Franquin, au maire de Champignac et à Greg (qui en a écrit les prodigieux discours) pour l'apport décisif dont ma petite entreprise leur est infiniment redevable.
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dimanche, 23 juin 2024
ILS ME FONT VRAIMENT PEUR
Journal Le Monde daté 21 juin 2024. Bon, c'est vrai, le sous-titre de ce titre explique que la dame embaucherait volontiers — et pourquoi pas, je vous prie ? — des gens de gauche. Est-ce bien crédible ? Ou alors Mélenchon est sur les rangs ?
Journal Le Monde daté 20 juin 2024. Alors là, je ne comprends pas. Comment ? Un parti dont le chef a parlé des chambres à gaz comme d'un "point de détail de l'histoire" !!! Un chef qui a osé ajouter au nom de Michel Durafour le mot "-crématoire" !!! Un parti qui compte encore dans ses rangs nombre de gens que ces paroles ne choquent en aucune manière !!! Comment le chasseur de nazis a-t-il pu se fourvoyer à ce point ? Faut-il qu'il haïsse Mélenchon ou Glucksmann pour se jeter dans de tels bras !!!
Journal Le Monde, 20 juin 2024. Un effort d'analyse qui explique peut-être en effet, au moins en partie, le déport massif de voix sur la liste R.N. aux européennes. "Ecologie punitive" ? Il faut voir en action l'équipe de Grégory Doucet, le maire écolo de Lyon, qui exécute sans état d'âme une batterie de décisions brutales, pour comprendre tout ce que les écolos font payer aux gens ordinaires qui, en dehors des "petits gestes" devenus rituels ou pas loin, n'en peuvent mais.
Journal Le Monde, 19 juin 2024. Autre cause, effet identique ? Même à Lyon, plusieurs bureaux de poste ont été fermés. Alors il faut imaginer les "territoires" (c'est comme ça qu'il faut dire, paraît-il), parfois isolés, abandonnées de toutes les manifestations de présence de l'Etat (droite et gauche confondues). Les gens devraient pourtant réfléchir : par exemple, Bardella a bien fait comprendre que les services publics audiovisuels seraient promptement privatisés en cas de victoire. Y a pas de raison que les autres services publics ne suivent pas le même chemin.
Journal Le Progrès, 15 juin 2024. Point de vue ma foi intéressant de M. Luc Rouban, sociologue de son état. Cela compte sûrement, mais difficile de dire dans quelle mesure.
Journal Le Monde, 14 juin 2024. A ce sujet, je veux bien croire que l'écologie, entre les mains de Bardella-Le Pen, ça ne fera pas un pli : direction les oubliettes.
Le Canard enchaîné, 12 juin 2024. Comme l'indique le sous-titre de l'article, tous les Hauts Fonctionnaires de l'administration française ne sont pas des Jean Moulin, et loin de là. Il y aura sans doute pas mal de Maurice Papon, tous serviteurs dociles de l'Etat légal.
Journal Le Progrès, 11 juin 2024. Il n'y a pas de raison que notre belle ville soit épargnée par la vague, n'est-ce pas. C'est une photo de l'horloge de Tassin qui illustre l'article du Progrès, mais la commune (que je connais assez bien) est loin d'être la seule dans cette misère.
***
Dernier arrivage (de ralliements, bien sûr).
Journal Le Monde, 22 juin 2024.
Journal Le Monde, 22 juin 2024.
Quand tous les rats s'y mettent pour quitter un navire que nul homme d'Etat n'est en mesure de piloter désormais. Et Diogène a beau en chercher un digne de ce nom, il désespère de tomber un jour sur un oiseau de cette espèce en voie d'extinction.
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vendredi, 14 juin 2024
LA FRANCE QUI TOMBE
Pour introduire le présent billet, j'ai piqué dans le journal Le Figaro du 13 mai dernier le titre de l'éditorial de Vincent Trémolet de Villers.
Inutile j'espère de préciser que l'objet de l'édito n'a rien à voir avec le propos que je m'apprête à tenir ici, puisqu'il parle de « situation économique et sociale proche de l'autodestruction ». Je reconnais cependant que mon idée a peut-être quelque chose à voir avec une autodestruction.
Car depuis dimanche 9 juin et les 32 % de la liste Jordan Bardella-Marine Le Pen aux élections européennes, je me sens très mal dans ma peau de Français. Comment ça ? Il se trouve un tiers des suffrages exprimés en faveur du clan Le Pen ?
Certes, c'est Jordan Bardella qui figure en tête de liste pour siéger à Strasbourg et Bruxelles. Mais pour moi, Bardella n'est qu'un comparse, un homme de paille, une marionnette, un faux nez, un paravent, un masque. Complaisant et opportuniste, sans conviction ni corps de doctrine, sans contenu ni consistance, voilà en tout cas un drôle de personnage.
Remarqué au Parlement européen pour son absentéisme, pour la rareté de ses interventions et pour son inscription à une seule commission : celle dite "des pétitions", généralement rebaptisée "commission des planqués" par les autres députés européens. Son rôle exclusif et sa fonction dans les rangs du R.N. ? Représentant de commerce. Camelot si vous préférez ("bonnisseur de la bath", comme disait Jean Bruce pour OSS 117). Je veux dire que sa tâche est de faire du porte-à-porte (et pourquoi pas "portail-à-portail" ?) sur les réseaux sociaux et de conquérir de nouvelles clientèles par son pouvoir de séduction.
Un tiers des électeurs, donc. Je me dis : « Ce n'est pas possible ! » Et pourtant si ! Et j'en ai entendu, de ces électeurs, avec leurs "Mais on ne les a jamais essayés, alors pourquoi pas ?" Et je me dis que c'est ce genre d'eau usée qui sert de conscience politique à la majorité relative de mes semblables. Faut-il que la France soit tombée bien bas pour aller jusqu'à fouiller au fond de ses poubelles pour ramener au jour de vieilles idées vaguement effrayantes.
Bien sûr, Marine a, dit-on, "dédiabolisé" le Front National, cet épouvantail et croquemitaine façonné par son père Jean-Marie, qui a longtemps joué le rôle du diable et rassemblé autour de sa personne tout ce que la droite radicale comptait de baroudeurs et autres aventuriers. Le premier tour de la présidentielle de 2002 montre que ce diable-là ne faisait déjà plus si peur que cela.
Le problème, avec le R.N., c'est sans doute moins Marine, qui après tout ne fait que dorer la pilule, comme les autres, c'est-à-dire mentir comme les autres, que les divers animaux carnassiers qui gravitent autour d'elle.
Et l'article de Charlotte Cieslinski (Canard enchaîné du 12 juin dernier) montre — si elle dit vrai — qu'avec le haut terreau administratif, Marine semble arriver en pays conquis. Et ne parlons pas des eaux troubles de la police, où frétillent quelques autres poissons inquiétants.
Alors, pourquoi ce triomphe annoncé ? Sans être spécialiste de quoi que ce soit, je voudrais mettre en avant trois facteurs.
1) L'immense médiocrité du personnel politique français. Je n'apprends rien à personne.
2) Les marges de manœuvre de plus en plus étroites laissées aux individus formant la classe politique par l'édification besogneuse et tatillonne de l'Europe communautaire.
3) L'impuissance de cette classe politique à imposer quelque régulation ou partage des richesses que ce soit à des puissances économiques et financières de plus en plus voraces.
Ce n'est pas "pour du beurre", mais bel et bien pour de vrai, le lent, constant, irrésistible grignotage de tous les bienfaits hérités des années fastes, des Trente glorieuses, des luttes syndicales, des conquêtes sociales, grignotage qu'on peut observer depuis trente ou quarante ans, et dont l'effet visible est d'augmenter sans cesse le nombre des pauvres. Il ne faut pas oublier que : « Qui sème la misère récolte la colère ». Tout le succès du parti de Marine découle de cette misère, de cette colère et de cette vérité primordiales.
Ceux qui déclarent qu'il faut tout faire pour empêcher le Rassemblement National d'accéder au pouvoir mentent, font semblant et mettent le doigt dans l'œil de leurs électeurs. Ceux qui proclament qu'il faut avant tout lutter contre la réémergence de la "bête immonde" savent qu'ils trompent leur monde. On ne lutte pas contre le Rassemblement National.
On ne lutte pas contre des idées : on fait ce qu'il faut pour que leurs conditions d'émergence ne soient jamais réunies. Je veux dire : quand on est un homme politique responsable, on agit pour procurer aux populations des conditions de vie correctes, une prospérité relative, un certain bonheur d'exister, de travailler, de prospérer dans un Etat de droit où règne la justice. Un homme d'Etat responsable se débrouille pour que les gens soient satisfaits de leur sort. Il travaille pour que soit effective une certaine redistribution des richesses.
Tout cela pour dire que la montée du Front National du père, puis du Rassemblement voulu par la fille dépend d'une logique implacable, et même d'une mécanique bien huilée. Marine, c'est l'enfant biologique de cette triple faillite.
P.S. : Du coup, j'irai peut-être voter cette fois.
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dimanche, 26 juin 2022
CONSEIL DES MINISTRES
Ils sont venus, ils sont tous là, vous les reconnaissez sur la photo, on les voit souvent à la télé : Elisabeth-Blitrude Chantegrillon, première ministre, Eric-Athanase Faramond, ministre de la justice, Emmanuel-Anatole Farigoule, président de la République, et puis les autres, tous les autres. La France est gouvernée, c'est incontestable.
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mercredi, 22 juin 2022
MACRON DANS UNE IMPASSE ? ...
... UNE IMPASSE EN CUL-DE-SAC SANS ISSUE DONT IL NE PEUT SORTIR ?
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lundi, 20 juin 2022
MÉLENCHON EN PLEINE FORME
Mélenchon voit l'avenir en éléphant rose.
N'empêche que le père Mélenchon qui, en formant la N.U.P.E.S., avait dans l'idée d'exercer sur les 131 députés élus sous la nouvelle bannière une hégémonie sans partage via La France Insoumise, il l'a "in the baba" : sollicitées pour ne former qu'un groupe parlementaire étiqueté NUPES, les autres composantes ont répondu "Niet" avec une belle unanimité.
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samedi, 18 juin 2022
LÉGISLATIVES : QUESTIONS
1 - C'est une information qui n'a pas fait les "unes" des journaux : comment se fait-il qu'à l'issue du premier tour, seuls cinq pelés se sont retrouvés dûment élus ? C'est sûr que le 12,5 % des inscrits comme condition pour être admis au second tour des législatives rend bien difficile une élection au premier tour, comme on l'a vu avec Marine Le Pen, dont les 55 % des suffrages exprimés au premier tour n'ont pas suffi.
Je ne connais pas suffisamment les subtilités des raisonnements de ceux qui ont imposé cette règle exigeante, et je n'ai pas trop analysé ses effets proprement démocratiques, mais cinq élus à l'issue du premier tour, je trouve ça pour le moins étrange. Est-ce que ce sont les mêmes qui freinent des quatre fers pour empêcher de comptabiliser les bulletins blancs parmi les mêmes suffrages exprimés ?
2 - Combien, parmi les nombreux textes de lois votés entre 2017 et 2022, ont été rédigés par des députés de la précédente Chambre ? Et combien par le gouvernement ? Il faut savoir que les premiers s'appellent des "propositions de loi", alors que les seconds sont des "projets de loi". Rien que par les appellations, on a une idée de qui, des gouvernants ou des représentants du peuple, a la priorité par principe.
Ce qui est au moins bizarre, pour ne pas dire scandaleux, c'est que le rôle des députés n'est pas seulement, ni même principalement, de voter les lois, mais de les concevoir et surtout de les RÉDIGER, bon sang de bois ! Qu'est-ce que c'est, ce Palais-Bourbon devenu une simple chambre d'enregistrement des volontés gouvernementales ? Qu'est-ce que ça veut dire aujourd'hui : « NOUS SOMMES ICI PAR LA VOLONTÉ DU PEUPLE » ? C'est juste devenu une phrase ampoulée, grandiloquente, dérisoire.
Pourquoi voudriez-vous que les électeurs français se mobilisent pour élire des godillots dociles, une simple masse de manœuvre au service des décideurs politiques, au premier rang desquels le président lui-même ? Franchement, à quoi ça sert, un député, si ce n'est pas lui qui la fait, la loi ?
Pourquoi croyez-vous que Macron attend des Français qu'ils lui envoient une majorité absolue ? Réponse : pour que les députés soient à la botte ! Bien qu'officiellement le président n'ait pas le droit d'entrer dans le Palais-Bourbon, est-ce qu'on peut encore décemment appeler ce système un "régime parlementaire" ? Puisque, en réalité, tout est fait pour que soit exécutée la volonté de l'élu principal ?
3 - Questions subsidiaires : quels problèmes insurmontables posait le septennat ? Quelle était l'intention des gens qui ont instauré le quinquennat ? Et de ceux qui ont calqué le mandat parlementaire sur le mandat présidentiel ? Et de ceux qui ont "inversé le calendrier" pour élire la Chambre dans la foulée du Président ? Les méfaits de la cohabitation étaient-ils tels que les gouvernants avaient les mains complètement liées ?
Conclusion : J'ai bien peur que le député n'ait aujourd'hui d'autre utilité que celle d'apposer la signature de la soi-disant "volonté du peuple" au bas du parchemin portant la volonté présidentielle. Le député français n'est, par définition, dans un tel système, qu'une caution officielle, un homme de paille, un prête-nom, une marionnette, un fantoche. Et ce ne sont pas les rodomontades de Jean-Luc Mélenchon qui m'en feront démordre.
Ajouté le lundi 20 juin 2022 :
Oui, bon, j'avoue, j'ai tout faux. Macron se retrouve Gros-Jean comme devant, avec une Chambre "ingouvernable" (quelques journalistes). Et ça, ça me réjouit. Ben dis donc, il va être obligé de négocier, de marchander et de faire de la politique. J'avais pas vu non plus Marine Le Pen en train de doubler par la droite, même qu'elle a pas eu besoin de la proportionnelle !!! Maintenant, je vois arriver un gros point d'interrogation. C'est encore une question, mais alors mastoc, la question !!! Que va-t-il arriver ? Mon dieu quel suspense !!!
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mardi, 20 juin 2017
DÉTAIL
Mon art abstrait.
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La rénovation du système politique français n'est pas encore pour demain : les 308 députés de La République en marche ont été élus par 16,55 % des inscrits (chiffre trouvé sur le site du ministère de l'intérieur). Franchement, de qui sont-ils les représentants ? Pas de moi, c'est sûr.
vendredi, 09 juin 2017
PREMIÈRE SALOPERIE DE MACRON
Visiblement, les Français n'aiment plus le drapeau tricolore. Ils ont oublié le premier mot de leur devise nationale. Qui oserait aujourd'hui entonner « Liberté, liberté chérie, combats avec tes défenseurs. Sous nos drapeaux, que la victoire accoure à tes mâles accents ! Que tes ennemis expirants voient ton triomphe et notre gloire ! » ? Les Français ont honte de leur hymne national.
Quel Henri Béraud oserait écrire, dans notre régime démocratique ce qu'il écrivait dans un journal en 1942, sous le nez des troupes d'occupation : « Français, tiens-toi droit ! » ? Non, le Français, aujourd'hui, baisse les yeux devant le terroriste. Le Français a besoin d'être "protégé", "rassuré", "consolé", suite à tous les crimes commis sur notre sol par des bandits qui voudraient bien que nous-mêmes marchions sur "nos valeurs". Les bandits sont en train de gagner. Ce que veut le Français, ce n'est plus la liberté, c'est la sécurité. Le Français est un animal craintif aux abois. Il crie "au secours" en direction du président.
Et le président, magnanime, prête une oreille favorable à ce cri de désespoir. Lui qui voulait il y a peu, "sortir de l'état d'urgence", va, au contraire, faire entrer l'état d'urgence dans le droit commun, en faisant une loi sécuritaire, une de plus, qui déshabille l'autorité judiciaire pour habiller les autorités administratives. La France est en train de dire adieu à l'état de droit. La France s'engage la fleur au fusil dans la voie du régime d'exception permanent. Pour un homme qui peut à bon droit se dire "d'Etat" (il est légitime, puisque élu), voilà un drôle de chef. La question que je me pose : combien de semblables saloperies vont suivre ? En la circonstance présente, j'éprouve, qu'on me pardonne, une grande honte. J'aimerais bien ne pas être le seul.
La liberté, ce n'est pas moi qui en parle :
« Le loup déjà se forge une félicité
Qui le fait pleurer de tendresse.
Chemin faisant, il vit le col du chien pelé.
"Qu'est-ce là ? lui dit-il - Rien. - Quoi, rien ? - Peu de chose.
- Mais encor ? - Le collier dont je suis attaché
De ce que vous voyez est peut-être la cause. -
Attaché ! dit le loup : vous ne courez donc pas
Où vous voulez ? - Pas toujours ; mais qu'importe ? -
Il importe si bien, que de tous vos repas
Je ne veux en aucune sorte,
Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor."
Cela dit, maître loup s'enfuit, et court encor ».
Le Français, trop plein de son confort, trop conscient de ce qu'il a à perdre, n'est plus un loup, s'il l'a jamais été. Il est gavé de démocratie. Qui prendrait, aujourd'hui, le parti du loup ?
mercredi, 17 mai 2017
UN ESPOIR ?
Il est un peu tôt pour se prononcer sur ce que peut donner la présidence Macron, et je me laisse peut-être bercer dans l'écume des apparences, mais enfin, je crois percevoir à la surface de l'actualité comme le friselis d'une brise pas trop malodorante. Ce n'est pas encore de l'optimisme, mais. J'ai envie, à tort ou à raison, de me dire que quelque chose est peut-être en train, je ne dis pas de changer : au moins de bouger un peu. Et je l'avoue, j'ai eu tort de traiter le jeune énarque de "baudruche". Certes, les vieilles forces qui ont congelé la vie politique française depuis bientôt quarante ans n'ont pas dit leur dernier mot. Les fossiles de "droite" et de "gauche" n'ont aucune envie d'être collés au musée de paléontologie : ils se cramponnent de toutes leurs griffes au terrain. Est-ce que le frisson qui semble remuer le rideau de fer sera suffisant pour que le sang politique de la France recommence à circuler dans ses artères ? Ce serait déjà énorme. Il faut attendre le deuxième tour des législatives : combien de vieux crocodiles se retrouveront au Palais Bourbon ? On verra.
De toute façon, même si le système politique français reprend vie sous l'indéniable impulsion donnée par le petit Macron, restera son programme économique, et là, nous ne sommes pas au bout de nos peines. Et je ne parle pas du réformisme sociétal ("progressiste", évidemment) qui anime le nouveau président.
En attendant les éventuels jours meilleurs, merci de ne pas me réveiller.
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mercredi, 10 mai 2017
L’HÉRITIER ?
EMMANUEL HOLLANDE OU FRANÇOIS MACRON ?
Photo de une du Progrès du 9 mai 2017.
Je ne sais pas si je délire ou non, mais je trouve cette photo tout à fait extraordinaire, à cause de la drôle de réflexion qu'elle m'inspire. Elle me donne l'impression qu'un masque tombe : celui de la brouille irrémédiable. On y voit en effet l'ancien et le nouveau se regardant et se souriant, en train d'éprouver un contentement qui m'a semblé authentique. Ce regard et ce sourire m'ont sauté aux yeux à cause de cet air de complète satisfaction mutuelle que j'y ai vu (à tort ou à raison). Si j'avais à imaginer une légende à cette photo (AFP), ce serait un dialogue du genre : « Tu vois, papa, j'y suis arrivé. Je l'ai fait ! - Bravo, fiston, ça a marché. Je savais que je pouvais compter sur toi ! ». Ils sont visiblement satisfaits l'un de l'autre, et pas seulement parce qu'ils commémorent la capitulation allemande en 1945.
Si je n'ai pas les pieds à côté de mes pompes, cela signifie que le capitaine de pédalo, se sentant définitivement (et à raison) grillé, à décidé de faire ce qu'il considère comme un "beau geste", et de transmettre la fonction à un héritier jugé à même de la faire fructifier et prospérer. Mais surtout, si tel était vraiment le cas, cela voudrait dire que les deux compères ont joué devant toute la France un chef d'œuvre de scénario de dissimulation. Alors, comédie, la "trahison" du poulain du président bombardé ministre ? Comédie, l'émotion du président annonçant en décembre qu'il ne se présenterait pas à l'élection ? Si ce n'est pas pure hallucination, alors là, je dis : bien joué ! Et chapeau, les artistes ! Et merci au photographe de l'AFP.
Merci de me dire si je me trompe.
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samedi, 09 mai 2015
L'HOMME EST APPROXIMATIF
Est-ce ainsi que Pierre Reverdy envisageait ses "Flaques de verre" ?
A moins que ce ne soit qu'un grain de café presque transparent.
(Murakami Ryu a écrit l'allumé halluciné Bleu presque transparent.)
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Je n’ai jamais pu me dépêtrer de L’Homme approximatif. Cette œuvre de Tristan Tzara (qui a bien connu Pierre Reverdy), qui n'a pas arrêté de me courir après depuis des millénaires, m’a convaincu que, quand on est poète, on ne saurait se résumer au croupion d'un quelconque Mouvement Dada, ou au squelette d'une vulgaire Révolution Surréaliste. Et qu'il y a de la chair, et de la bonne, sur les os de cette volaille : c'est du corpulent.
Que l’homme ne sait jamais ce dont il est porteur quand il fait. Qu’il n’est jamais ce qu’il croit être. Qu'il est une flèche lancée par l'arc d'il ne saura jamais qui. Que la trajectoire humaine n'est jamais une ligne droite. Que ce qu’il est dépasse (je n’ose pas dire "transcende") de loin l’image qu'il s'est faite de ce qu'il doit être. Quand le poète est en état de produire cet effet, il dégage un puissant souffle de vérité. Ici, il me dépasse.
L’Homme approximatif me colle à la peau. Tenez ce petit fragment :
« frileux avenir – lent à venir
un écumant sursaut m’a mis sur ta trace de regard là-haut où tout n’est que pierre et nappe de temps voisin des crêtes argileuses où les jamais s’enflent sous robe d’allusion
je chante l’incalculable aumône d’amertume
qu’un ciel de pierre nous jette – nourriture de honte et de râle –
en nous rit l’abîme
que nulle mesure n’entame
que nulle voix ne s’aventure à éclairer
insaisissable se tend son réseau de risque et d’orgueil
là où l’on n’en peut plus
où se perd le règne du silence plat pulsation de la nuit ainsi se rangent les jours au nombre des désinvoltures et les sommeils qui vivent aux crochets du jour sous leur joug
jour après jour se rongent la queue et dansent autour et là-haut là-haut tout n’est que pierre et danse autour »
Rien que le titre du livre est un chef d’œuvre.
Voilà ce que je dis, moi.
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Babioles :
Elections législatives en Grande-Bretagne.
Une fois de plus, prosternons-nous devant l'infaillibilité Royale et Scientifique de leurs Majestés et de leurs Excellences les Sondages d'Opinion.
09:00 Publié dans LITTERATURE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photographie, poésie, littérature, tristan tzara, dada, surréalisme, dadaïsme, pierre reverdy, flaques de verre, la révolution surréaliste, andré breton, grande bretagne, david cameron, tory, labour, ed milliband, nick clegg, sondages d'opinion, élections législatives
vendredi, 22 juin 2012
DIVERSITE MON CUL !
Résumé : « De l’esclavage des nègres » (MONTESQUIEU, De l’Esprit des lois, 1748). Les blancs, nous sommes d’accord, ont fait le commerce des noirs (« triangulaire »). Et l'esclavage des noirs, qui ont été transportés dans des conditions inhumaines d'Afrique en Amérique, ce fut totalement intolérable. Et je dis bien "ce fut", car on en parle, heureusement, au passé. FRANÇOIS BOURGEON en a magistralement parlé dans trois volumes (Le Comptoir de Juda, L’Heure du serpent, Le Bois d’ébène) de sa formidable série Les Passagers du vent. Les noirs ont donc RAISON de dénoncer l’esclavage dont ils ont été les victimes. Mais ils ont TORT de faire des blancs les seuls coupables. Et surtout des COUPABLES RETROSPECTIFS.
Les premiers esclaves NOIRS ont été réduits en esclavage par des NOIRS. C’est l’époque de l’antiquité, la « règle » veut que, dans une guerre, le vaincu devienne l’esclave de son vainqueur qui, au surplus, se sert largement dans la réserve des femmes du dit vaincu. On en sait quelque chose à travers l’histoire des Grecs et des Romains.
Les deuxièmes esclaves NOIRS ont été faits par les ARABES. Rendez-vous compte que l’esclavage a été officiellement aboli dans la péninsule arabique en 1923. « Officiellement », car de temps en temps, on entend parler d’une petite domestique philippine qui s’est échappée (ou qui est morte) parce qu’elle ne supportait plus sa situation (travail, viol, brutalités, …). Mais chacun sait, n'est-ce pas, que l'Arabie Saoudite est un pays éminemment progressiste.
La traite transsaharienne et la traite maritime (à partir de la côte EST de l’Afrique) fut très importante, et elle a duré bien plus longtemps que la traite transatlantique (côte OUEST), celle qui a fait les troisièmes esclaves noirs de l’histoire. Je rappelle accessoirement que si des noirs ont été vendus à des blancs comme esclaves, c’est parce que d’autres noirs les leur vendaient. Qu'on se le dise, des NOIRS ont, depuis les origines, toujours vendu des NOIRS. On pourrait presque dire que pour certains, c'était un métier. Et lucratif.
LE NAVIRE NEGRIER DESSINE PAR FRANÇOIS BOURGEON
Il faut que ce soit dit :
LES NOIRS ONT TOUJOURS VENDU DES NOIRS.
Tout ça pour dire quoi ? Pour dire tout simplement qu’il faut arrêter, avec les histoires de culpabilisation, de repentance, et tout ça. Il faut que YANNICK NOAH arrête de nous bassiner avec "Mama africa". Qu'on arrête de nous bassiner avec ce slogan politique à géométrie variable, "les Africains". "Les Africains", cela n'existe définitivement pas. Il n'y a pas de "nation africaine". La fraternité de la couleur de peau, c'est une énorme fumisterie.
Revenons aux esclaves. Pour que les Blancs se sentent coupables de quelque chose, il faudrait que les Arabes et les Noirs eux-mêmes se frappent la poitrine en même temps, en disant qu’ils regrettent, qu’ils s’excusent, qu’ils demandent pardon à genoux pour tout le mal qu’ils ont fait aux noirs. La scène ne manquerait certes pas d’un certain piquant.
Il faut savoir que des instances internationales évaluent à 26 MILLIONS, le nombre actuel d'esclaves dans le monde, dont pas mal sont africains, vivent en Afrique, et sont les esclaves de citoyens africains. Qu'on me dise combien il y a d'esclaves chez les blancs. Et si vous ne pouvez pas me renseigner, alors, dites-moi qui est RACISTE, tiens, si vous l'osez.
Je digresse, je me laisse emporter, je dessine des « arabesques » (dixit CHATEAUBRIAND). Alors maintenant, la DIVERSITÉ. C’était ça, le sujet, en fait. Mais ce qui précède permet de situer une partie du problème, puisqu’il y a, paraît-il, problème.
Comment ? On essaie de nous convaincre que la composition des plateaux de télévision, de la Chambre des Députés, du Sénat, des conseils d’administration des grandes entreprises ne reflètent pas la composition de la population actuelle de la France ? Minute, papillon ! Et puis quoi encore ? Bon, ne parlons pas de la télé et des entreprises. Restons-en aux « élus du peuple ».
Combien sont « issus de la diversité » ? « Dix, sur 577, c’est un scandale ! », glapissent aussitôt les militants du CRAN (Conseil Représentatif des Associations Noires de France), LOUIS-GEORGES TIN en tête. Ben oui, c’est lui le président. Combien sont issus « issus du sexe féminin » ? « Cent cinquante-cinq, sur 577, c’est un scandale ! », glapissent les féministes.
ON SE FAIT SON CARRÉ DE PATATE COMME ON PEUT, LÁ OÙ ON PEUT
Moi je demande à tous les glapisseurs de scandales combien ils étaient, avant. Après tout, 10 députés à la peau noire ou avec des noms maghrébins, disons-nous que c’est mieux que zéro ou presque, comme c’était le cas. Pour les femmes, il faut savoir que, de 1978 à 1997 (il y a donc quinze ans), le nombre d’élues est passé de 20 à 63. Je ne vois pas en quoi celui de 155 constituerait pour la France une honte quelconque. C'est un progrès, d'un point de vue arithmétique, s'entend. La suite ? Eh bien on verra, c'est tout.
Je m’en tiens à ce que je considère comme une vérité : si la « diversité » est un FAIT, elle ne saurait en aucune manière être promue et érigée en DROIT. Le métissage (la « créolisation », si l’on veut) est le RESULTAT auquel aboutit, sans que personne l’ait voulu, le mouvement de l’histoire, et rien d’autre. Il y a, selon moi, de l’idéologie chez ceux qui en font un BUT. Il ne faut pas transformer ce qui n’est qu’une CONSEQUENCE, liée à l’écoulement du temps, en OBJECTIF à atteindre. Une CONSEQUENCE venue du simple flux de l'histoire ne saurait être par magie érigée en FINALITÉ. En PROGRAMME.
En France, le métissage viendra forcément, et dans un temps sans doute pas très éloigné. Il n’y a qu’à entendre les noms de bien des nouveaux journalistes qui interviennent sur les chaînes de radio publique (HAKIM KASMI, TEWFIK HAKEM) pour constater que l’affaire est en route, et sans qu’on ajoute aux lois existantes des lois imposant des quotas, quoi qu’en disent Monsieur LOUIS-GEORGES TIN et ses amis du CRAN. Il est déjà assez désolant qu’on y ait eu recours pour les femmes.
Que la diversité, comme conséquence d’une évolution dans la durée, devienne la diversité, comme pur SLOGAN politique (et même pas politique, mais ethnique), ce n’est pas bon signe. C’est une manie importée des USA, que des groupes spécifiques (des « minorités », des « communautés », mots également très à la mode) tentent de faire valoir pour leur propre compte. J’ai envie de dire à tous ces gens qu’ils me font penser à des enfants impatients et capricieux, pour qui seul existe le « TOUT, TOUT DE SUITE ».
Je leur dis : laissez faire l’histoire et le temps, ils travaillent pour vous. Si ce n'est pas vous qui récolterez les marrons du feu, ce seront vos enfants. Faites comme les islamistes : travaillez dans la perspective du millénaire à venir, et pourquoi pas, de l'éternité. Cela prouverait au moins une petite chose : que vous ne voulez pas, par-dessus tout - comme on pourrait légitimement vous en soupçonner -, exercer le pouvoir.
En attendant, prenez le temps de prendre votre place, d'avoir de l'ambition, d’arriver à des postes, de gravir les échelons, de prendre du galon, avec le désir et les moyens de cette ambition, et dans le fond, de mériter une reconnaissance sociale.
J'ai tendance à me contenter d'un vulgaire premier degré. C'est ainsi qu'à mes yeux, la diversité est un FAIT, jamais un DROIT. Le métissage est la CONSEQUENCE d'un processus, jamais un BUT. Qu'on arrête donc de glapir, à propos de la « DIVERSITÉ », à l'injustice, et de brandir des DOCTRINES bourrées d'arrière-pensées qui sentent l'envie de la REVANCHE et du POUVOIR (voyez le détail des trajectoires de HARLEM DESIR (touche pas à mon pote) et de MALEK BOUTIH, logiquement atterris au coeur du Parti « Socialiste », jugés, comme on dit dans le football, excellents "milieux récupérateurs" de voix) !
Voilà ce que je dis, moi.
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mardi, 15 mai 2012
VOTE FRONT NATIONAL ? FAITES-LE TAIRE !
Ceux qui viendraient lire ce billet parce qu’ils pensent trouver l’expression d’une horreur absolue à l’égard des thèses du Front National doivent être prévenus : ils seront déçus. Ceux qui espéreraient au contraire y trouver un éloge des mêmes thèses en seront pour leurs frais. Mon propos est ailleurs.
Si Marine Le Pen a des convictions et des « théories », ce que je peux en connaître me fait dire que tout ça manque de sérieux. En revanche, la muselière que le système politique, paraît-il républicain, accroche au museau de ces chiens d’électeurs du Front National me semble une grave anomalie.
Je veux ici m’étonner contre cette anomalie incompréhensible, s’agissant de ce qu’il faut appeler, faute de mieux, la démocratie. Ma question est la suivante : « Qu’est-ce que la représentativité ? ». Le principe par lequel le représentant représente. C’est bête, va-t-on me dire. Oui et non. Est-ce que les électeurs du Front National sont représentés politiquement ? Non. Ce n’est pas normal.
On est d’accord, Marine Le Pen, c’est salissant, c’est vilain, c’est sûr que ça ne se fait pas, une immondice pareille. Pierre Marcelle, le beau démocrate de Libération, proposait même très récemment de l'interdire. Charlie Hebdo, roi de la bonne conscience et de la bien-pensance « de gauche », se contente, au milieu d'une page, de dessiner une grosse merde légendée Marine Le Pen. Bel exemple de lucidité, sans doute « de gauche ».
Mais bon, c’est comme ça, et n'en déplaise à tous ces démocrates de bazar : Marine Le Pen, ça fait 17,9 % au premier tour de la présidentielle. Je signale doucement que trois semaines après le premier tour, silence radio, c’est comme si Marine Le Pen n’avait jamais existé. « Je vous assure, mon cousin, vous avez dit "bizarre, bizarre". – Moi, j’ai dit "bizarre" ? Comme c'est bizarre ! ».
Vomir le Front National, c’est devenu aujourd’hui le PGCD (plus grand commun dénominateur) de ceux qui forment le cordon sanitaire contre la « peste brune » appelé « front républicain ». Jean-Luc Mélenchon participe à l’enfumage : admirez le héros de caméra que je suis, qui ose aller défier Marine Le Pen dans son fief (le mot « fief », prononcé par un journaliste, a un délicieux parfum de moyen âge).
La fable, comme a raison de le susurrer Martine Aubry, est évidemment destinée à occuper les petits enfants dans le bac à sable des médias (qui détestent le « populisme » d’où qu’il vienne, comme on sait, mais qui raffolent de son effet extraordinaire sur l’Audimat, et donc sur les tarifs imposés aux publicités).
L’hypothèse des « démocrates », c’est que les gens qui ont voté pour Marine Le Pen ne sont que des dégénérés. En tout cas, ce qui est sûr, c’est qu’ils ne sauraient être considérés comme des vrais et bons Français. Et c’est vrai qu’à l’arrivée, on peut se demander. Le consensus. Zéro député Front National. On a tiré la chasse d’eau. Six millions de gens, d’abord traités en « citoyens » (avant l’élection), disparaissent dans la trappe. Escamotée, la « démocratie ».
Réfléchissons un peu : comment les commentateurs expliquent-ils les 17,9 % de Marine Le Pen au premier tour ? Primo – Par l’angoisse sociale de gens précarisés. Secundo – Par la peur de la mondialisation et le besoin de repli sur soi. Tertio – Par le sentiment du déclassement identitaire face à des populations venues d’ailleurs, avec des mœurs inassimilables (autrement dit, la xénophobie, il paraît).
Ce n’est peut-être pas faux. Mais il n’y a pas que ça. Pourquoi, en 2007, Nicolas Sarkozy a-t-il réussi à « siphonner » les voix des électeurs de Jean-Marie Le Pen ? Parce qu’en utilisant ses thèmes dans ses discours, il a, en quelque sorte, promis de les traiter dans la réalité s’il était élu. Quoi d’étonnant à ce que ces électeurs se soient sentis trahis par le petit homme, cinq ans après ? Et le lui fassent payer ? Ça marche une fois, pas deux.
Si les gens qui veulent se faire élire se contentent d’être des hypermarchés, sur les rayons desquels ils promettent à toutes les catégories de la population qu’elles trouveront l’intégralité des variétés de yaourts, et qu’à l’arrivée, au lieu de la diversité des produits, on se retrouve dans un magasin soviétique, avec seulement des yaourts aux morceaux de mûres (« c’est comme ça et pas autrement », variante du célèbre « there is no alternative » de Margaret Thatcher), c’est forcé qu’ils le désertent, l’hypermarché.
Les électeurs du Front National qui ont voté Sarko en 2007ont bien vu qu’il n’était qu’un de ces « camelots bavards qui vous débitent leurs bobards » (Yves Montand, Les Grands boulevards). Et ils n’ont aucune envie des morceaux de mûres. La vie politique française, c’est exactement ça.
On croit être dans « la vie Auchan ». En réalité, on est devant la vitrine de ce magasin de chaussures pour femmes contemplée avec stupéfaction au centre de Bucarest à l’été 1990, juste après la fin de Ceaucescu et du « communisme » : à des dizaines d’exemplaires, rangés comme un bataillon de Coréens du Nord à la parade (ou comme les croix militaires du cimetière de Douaumont), un seul et unique modèle à haut talon, recouvert d’une sorte de papier à motifs roses. Une sorte d’uniforme, quoi.
Voilà ce que je dis, moi.
A suivre.
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lundi, 20 février 2012
"VOUS NE NOUS REPRESENTEZ PAS !" (suite et fin)
Résumé : les institutions légales de la République ont ceci de pratique pour le pouvoir qu’elles ont pour effet de museler le peuple auquel on demande de s’exprimer à travers des élections.
Juste une comparaison : au départ, un syndicat ouvrier, c'est fait pour organiser la lutte contre les exploiteurs qui abusent d'abuser. Qu'est-ce devenu, aujourd'hui, sinon un auxiliaire des puissants pour empêcher les révoltes ouvrières de se répandre en torrents furieux et surtout incontrôlés ? Le syndicat doit donc veiller à préserver son statut d'encadrement (disons de répression préventive) des jacqueries ouvrières.
Comme les syndicats, l'Assemblée Nationale est devenue une machine à faire taire le peuple. Les élections législatives sont devenues l'expression du consentement à la servitude. Alors moi, si je vis comme tout un chacun dans ce monde de servitude, j’espère qu’on ne me demandera pas, en plus, d’y consentir. Voilà pourquoi je prêche l’abstention.
Quant à voter pour des idées, pour un parti qui défend des idées, pour un idéal, je demande à ceux qui font cette aimable suggestion d’arrêter de se payer ma fiole. Il y a des limites au foutage de gueule.
Faire élire des députés, c’est enlever la parole au peuple. L’existence de l’Assemblée Nationale, c’est le mutisme assuré de quarante-quatre millions de personnes moins 577. La meilleure preuve en est donnée ces jours-ci en Grèce, où les députés votent des mesures contre leur propre peuple révolté contre leurs représentants, aussi facilement que BACHAR AL ASSAD envoie ses chars contre le sien.
Ecoutez ces gens bien intentionnés qui vous répliquent, quand vous râlez : « Mais vous avez les élections, pour vous exprimer ! ». Et ça vous ferme le clapet illico. Si nous avons les élections, c’est pour nous empêcher de nous exprimer.
Conclusion de la conclusion de la conclusion (se reporter à hier) : le député officinal n’a plus rien à voir avec le peuple. Il ne représente que lui-même, augmenté de quelques forces et de quelques intérêts qui ont besoin de lui (parti d’appartenance politique, entrepreneurs divers organisés en lobby, etc.). Pour le peuple qui est resté les deux pieds enfoncés dans la glèbe des villes, l’Assemblée Nationale est devenue une entité abstraite, une réalité virtuelle, une planète étrangère, qui a ses intérêts propres, autonomes.
« Alors que proposez-vous ? » J'entends crier cette pensée muette. Je réponds crânement : « Rien ». Pourquoi voudriez-vous que moi, qui ne suis rien ou presque, je sois en mesure de proposer quoi que ce soit ? Non, je n'ai rien à proposer. Je regarde, j'écoute, et la seule chose que j'aie envie de dire, c'est que rien, dans la façon dont les choses se présentent, ne m'encourage à participer, à m'intéresser personnellement à cette duperie. A m’en rendre complice.
Bartleby, ce personnage extraordinaire de HERMAN MELVILLE, avait résolu la question : « I would prefer not to ! ». Moi non plus, j'aimerais mieux pas. Mais lui aussi était un peu asocial, ça compense.
L'Assemblée Nationale a ses intérêts propres, autonomes. Elle est à elle-même sa propre machine. A ce titre, moi qui suis resté les deux pieds dans la riche glèbe argileuse des crottes de chien gisant sur les trottoirs de ma ville, je dénie formellement à l'un quelconque des 577 crânes de piaf qui y siègent le droit de prétendre qu'il représente MA voix. J'interdis à quiconque n'est pas moi de s'autoriser à s'exprimer en MON nom. Quoi, le système est organisé comme ça et pas comme ci ? Je dis : et alors ? So what ? Na, und ?
A la rigueur, on accepterait : « Benedictus qui venit un nomine Domini », mais ça ne marchera pas deux fois. Je récuse un système qui autorise un quidam à parler avec autorité AU NOM DE. Quoi, c'est une impasse ? Et alors ? So what ? Na, und ?
Venons-en à présent à la deuxième anomalie. Elle est d’ordre sociologique. Qui se fait élire ? En général, ce sont des gens qui sont nés du bon côté de la société. L’exception que constitue à lui tout seul MAXIME GREMETZ (ouvrier, mais depuis le temps qu’il est député, je demande à regarder l’état de ses mains et de ses ongles), c’est l’arbre qui cache le fond du puits, c’est le petit doigt qui cache la forêt.
Tenez-vous bien, la Chambre élue en 2002 comptait 81,45 % de cadres supérieurs, professions libérales et « professions intermédiaires », catégories comptant pour 23,3 % dans la société. Moins d’un quart de la population accapare (il n’y a pas d’autre mot) plus des quatre cinquièmes des sièges de députés. Ce scandale me fait penser aux Etats-Unis, où les 20 % les plus riches captent 55 % des richesses du pays. Les alluvions se déposent forcément sur les fonds vaseux qu'elles connaissent le mieux.
L’Assemblée Nationale française est donc constituée de bourgeois et de petits-bourgeois. J’ai tendance à penser que les 577 moineaux qui font plus que picorer au Palais Bourbon, chargés de légiférer « au nom du peuple français » (vaste blague), représentent en tout et pour tout 577 particuliers, augmentés de leurs affidés et de leurs débiteurs. Je l'affirme : je ne suis pas représenté !
Ce qui se passe en France, c'est que les gens sont plus ou moins formatés pour voter d'un côté plutôt que d'un autre, pour un parti, c'est-à-dire une espèce de monstre informe dont on ne sait finalement pas grand-chose. Rien que pour essayer, allez voir comment ça marche, un parti.
A peine avez-vous passé la porte que vous voilà happé, vous voilà devenu un petit moteur d'appoint, pris dans un système hiérarchique inébranlable. Un parti est une machine. Et le député n'est qu'un rouage de la machine. Quand il siège à l'Assemblée, il a déjà perdu un peu de sa propre existence individuelle. La Chambre des députés est elle-même une sorte d'alambic, une machine à évaporer la réalité. Le député est un arbre coupé de ses racines. Le député, dans le fond, est un arbre en pot.
Car à quoi il sert, le député, en principe ? Il a un mandat pour exprimer les idées des gens gens qui l'ont élu. Et qu'est-ce qu'il fait ? Il marche au pas, comme à l'armée, au même pas que tout le parti. Les électeurs, ils n'ont eu pour lui qu'une existence momentanée. Une fois élu, fini. L'électeur, avec ses attentes et ses espoirs, est un feu de paille.
Entre le feu de paille et l'arbre en pot, que reste-t-il de l'idée démocratique ?
Ajoutons pour faire bon poids que, comme je le disais, tous les « élus du peuple » sont des « bons élèves », des « premiers de la classe ». Quand j’étais au lycée, j’en ai connu, on les appelait des « polars », ça voulait dire « polarisés », à l’époque. Les temps changent. Je sais bien qu’aux Etats Généraux convoqués par LOUIS XVI en 1789, sur les 578 députés du Tiers Etat, 200 environ étaient des avocats.
Mais eux, ils avaient l’excuse de tous les événements qui ont suivi. Ils ont justifié la confiance que le peuple avait placée en eux. Certains ont fini raccourcis. Qui oserait aujourd’hui proclamer tout haut que le député officinal, garanti sans O. G. M., porte la voix du peuple dans les plus hautes instances instituées de la République ?
Les « premiers de la classe », depuis qu'il y a des délégués de classe, sont fort rarement choisis par leurs camarades pour assister aux conseils. Ils sont trop bien vus des profs et des autorités. Vous comprenez pourquoi c'est une anomalie scandaleuse qu'ils constituent le gros des troupes de députés ? On a réussi ce prodige de faire de la compétence (supposée) le critère essentiel de la sélection des représentants du peuple.
Les « premiers de la classe », il faut les comprendre, ils ont eu à subir les crachats des cancres, un juste sentiment de revanche sociale les meut. L’Assemblée Nationale est le lieu de la revanche des « premiers de la classe » sur les avanies que les cancres leur ont fait subir, des cancres dont ils vont, à chaque élection, tout en les méprisant chaleureusement, caresser le poil dans le bon sens, car ils sollicitent aujourd’hui, veules et pitoyables, leurs suffrages.
Dans ces conditions, je crois être encore plus fondé à déclarer, tranquillement, mais fermement à ces messieurs-dames (pensons aux 107 femmes) couverts par la légalité des ors de la République, retranchés dans leur souverain DÉPUTOIR légal : non, VOUS NE NOUS REPRESENTEZ PAS.
Même quand, tout sourire, vous venez nous serrer la main sur le marché de la Croix-Rousse, et faire la bise aux dames et aux petits gones, je vais vous dire une bonne chose : vous êtes trop loin !!! Socialement, humainement, intellectuellement, vous êtes trop loin !!!
VOUS NE NOUS REPRÉSENTEZ PAS !
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : syndicats, politique, société, élections législatives, élection présidentielle, nicolas sarkozy, françois hollande, république, démocratie, parti socialiste, ump, institutions, députés, assemblée nationale, chambre des députés, bachar al assad, grèce, maxime gremetz, égalité, palais bourbon, louis 16
dimanche, 19 février 2012
"VOUS NE NOUS REPRESENTEZ PAS !"
Disons-le d’emblée, j’éprouve une assez solide détestation pour Indignez-vous, ce factum pondu – pissé, vomi ou pété – par un certain STEPHANE HESSEL, grand notable tiré à quatre épingles, invité des plateaux de télévision qui, bien à l’abri dans son costume trois-pièces très smart et du haut des magnifiques rides courageuses que la sagesse de l’Histoire a déposées sur son beau visage parcheminé et buriné par les ans, donne tout bonnement au petit peuple l’ordre de l’insurrection.
Mais, pour sa défense, il se trouve que ceux qu’on a appelés (et qui se sont eux-mêmes appelés) « los indignados », ont crié, devant le députoir de Madrid, aux députés espagnols qui votaient des mesures de rigueur pour complaire aux « marchés » et aux « agences de notation », ils ont crié une phrase : « Vous ne nous représentez pas ! ». Cette expression n'est pas tombée dans l'œil d'un paralytique, je vous assure.
Car cette phrase, ce n’est pas la crier qu’il aurait fallu, c’est l’enfoncer dans le gosier des « élus du peuple » avec le genre de gaveuse électrique à vis sans fin qu’on utilise pour les oies destinées au foie gras. Cette phrase, ce n’est pas STEPHANE HESSEL qui l’a inventée. Ce n’est pas STEPHANE HESSEL qui l’a criée.
Certes, je n’ai rien par principe contre les « élus du peuple », les dignes « représentants », vous pensez bien, moi si neutre, si terne et si laborieux par nature. Mais je m’interroge : qu’est-ce que ça veut dire, qu’il faut un « représentant », un « élu », un « député » ? Ça veut dire, tout simplement, qu’il n’est pas possible d’asseoir quarante-quatre millions d’individus dans un même hémicycle.
C’est de cette éprouvette-là que sort le « député officinal », garanti sans O. G. M., dont l’espèce « en plein champ » est exténuée, mais dont la culture sous serre permet de prolonger artificiellement et indéfiniment l’existence disgracieuse, coûteuse, anémique et ripolinée.
C’est vrai, si tout le monde parle en même temps, il n’y a plus personne pour écouter. Trop de voix qui se chevauchent, ça fait une rumeur ample et profonde, comme un million de trains de millions de wagons qui passeraient sur un million de voies ferrées à proximité : ce n’est plus une voix qui prononce des paroles, c’est un vacarme assourdissant qui les absorbe et qui les couvre toutes.
On est donc obligé de sélectionner. Etant obligé de sélectionner, on donne la parole à une voix particulière, qui sera chargée d’exprimer ce qu’auraient pu ou voulu dire les 76.256 voix qu’elle représente (j’ai juste divisé les électeurs par les députés, ça fait une moyenne). C’est la première anomalie.
Pour les sélectionner, on leur fait passer un concours. Enfin, il faudrait dire 577 concours. On y reçoit 577 pierrots, en général des bons élèves. Et même des premiers de la classe. Rien que ce détail devrait faire dresser l’oreille et heurter le bon sens. Vous trouvez ça normal, vous, qu’il n’y ait que des premiers de la classe à la Chambre des députés ? Moi pas. C’est la deuxième anomalie.
D’abord la première de ces anomalies. Comment voulez-vous qu’il fasse, le pauvre bougre ? C’est quasiment l’envoyer au casse-pipe. Il faut bien comprendre la chose : il a collecté 76.256 bouts de papier avec des idées, des revendications, des doléances, des suggestions, des conneries, des blagues pas drôles, des blagues salaces, bref, tout ce qui peut sortir de 76.256 cerveaux plus ou moins en bonne santé.
Déjà et d’une, aucun ordinateur, même surpuissant, n’est en mesure de faire la synthèse, même en quatre pages écrites serré. Alors vous pensez bien qu’un député … ! Il pourrait se contenter de faire la liste, mais là, on en a jusqu’à la nuit des temps. Autre possibilité, il pratique la « lecture rapide », dite aussi « lecture par balayage » ou « lecture de repérage », et il sélectionne ce qui lui semble, à lui, intéressant.
Réfléchissez : on lui donne un stock de voix et qu’est-ce qu’il fait ? Il commence par lui faire subir un brutal amaigrissement, dans une sélection arbitraire, opérée sur le mode subjectif. Et si on s’interroge sur le nombre de petits papiers qu’il a sélectionnés, ça devient de la folie furieuse. Qu’est-ce qui l’empêche de ne prendre que ceux fournis par les copains, la famille, les obligés, les solliciteurs ? Qu’est-ce qui l’empêche de ne puiser que dans ses propres données personnelles ?
Conclusion, qu’est-ce qu’il représente, le représentant, le député officinal, garanti sans O. G. M. ? L’élection lui donne, certes, le droit de parler au nom de 76.256 personnes, mais en réalité, c’est la parole de qui, qui arrive à l’Assemblée Nationale ? C’est celle et seulement celle du député lui-même, amplifiée du petit cercle qui l’entoure, le protège et mange au même râtelier.
Conclusion de la conclusion : les 76.255 (76.256 - 1) personnes qui n’iront pas à l’Assemblée Nationale n’ont plus qu’à fermer leur gueule. Elles ont effectivement – et l’expression est d’une vérité et d’une cruauté incroyables –, donné leur voix.
Or les enfants le disent bien : « Donner c’est donner, reprendre c’est voler ». Si je donne ma voix, ça veut dire que je ne l’ai plus. Voter, c’est-à-dire déléguer quelqu’un en son lieu et place, c’est perdre sa voix. Et c’est vrai que l’électeur, entre deux élections, n’a qu’une possibilité : la fermer, la boucler, en un mot s’écraser. Les élections législatives rendent le peuple APHONE. Je commence depuis quelque temps à me dire que c'est précisément fait pour ça.
Voilà ce que je dis, moi.
A suivre et à finir demain.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, société, élection présidentielle, élections législatives, françois hollande parti socialiste, ump, nicolas sarkozy, stéphane hessel, indignez-vous, les indignés, député, chambre des députés, assemblée nationale, démocratie