jeudi, 14 novembre 2024
BIENTÔT UN TRUMP FRANÇAIS ?
« DONALD TRUMP OSE TOUT.
C'EST MÊME À ÇA QU'ON LE RECONNAÎT. »
Trump a été élu 47ème président des Etats-Unis, parce qu'il a réussi à convaincre les Américains qu'il comprenait intimement leurs attentes et leurs besoins, et qu'il était tout disposé à les satisfaire. Et encore plus fort, qu'il était comme eux. Prestidigitateur !
Qu'il passe son temps à mentir, exagérer ou inventer des "vérités alternatives" n'a strictement aucune importance, et aucun effet sur le résultat des courses. Impuni !
Qu'il appartienne à la classe sociale la plus favorisée et qu'il ait été en mesure d'attirer les suffrages des Américains les plus vulnérables (cf. la "rust belt") est peut-être inexplicable, mais c'est un fait, et indéracinable. Magicien !
Qu'il soit une bête de foire dotée d'un culot monstre et capable de vociférer des flots d'injures et d'autres saloperies à l'adresse de ses adversaires ne fait rien non plus à l'affaire. Batteur d'estrade !
Qu'il ait été, en diverses circonstances et occasions plus ou moins claires, totalement subjugué par Vladimir Poutine, voilà encore une réalité indéniable. Traître !
Qu'il se soit entiché, voire complètement toqué d'un halluciné encore plus milliardaire et cinglé que lui, au point de créer pour lui, dans son propre gouvernement, un "Ministère de l'efficacité gouvernementale", voilà en revanche qui s'explique en grande partie par les millions de dollars qu'Elon Musk a déversés sur la candidature trumpienne. Marionnette !
Que son profil psychologique relève de la psychiatrie ne surprendra personne, mais préoccupe gravement les spécialistes de la santé mentale. Psychopathe !
Et qu'il foute la trouille à tout ce que la planète compte de démocraties respectueuses de l'état de droit, tranquilles, paisibles et un peu avachies, est hautement compréhensible. D'un coup, voilà Ubu qui surgit : « Semblable à un œuf, une citrouille ou un fulgurant météore, je roule sur cette terre où je ferai ce qu'il me plaira. » !
Photo prise au moment du décollage d'Ubu Trump.
Décidément toutes les qualités pour foutre le maximum de pagaille dans le minimum de temps !!!
Maintenant, demandons-nous ce que tout cela nous amène à envisager pour notre compte. Et l'idée qui me vient est la suivante : est-il probable qu'un tel personnage arrive au pouvoir chez nous ? Est-ce même seulement possible ?
A priori, tout être raisonnable juge une telle hypothèse inenvisageable. Pour la raison qu'aucun homme politique français n'est doté d'une personnalité à ce point décomplexée, arrogante et dénuée de surmoi. Il faut le reconnaître : il se dégage de Donald Trump tel qu'il apparaît dans les médias, dans la presse et dans les meetings, l'image d'une force que rien au monde ne peut arrêter, atteindre ou détruire.
Et il faut le reconnaître : aucun membre du personnel politique français ne ressemble de près ou de loin aux promesses de futurs triomphes que toute la personne de l'élu américain passe son temps à faire à tous ses adeptes dans le moindre de ses gestes, dans la moindre de ses paroles, dans la moindre de ses énormités.
Aucun homme politique français n'arrive à la cheville de ce supposé surhomme ultraviril qui est apparu aux yeux d'une majorité d'électeurs comme l'incarnation vibrante de tous les superhéros inventés par la BD américaine dans la descendance de Superman, Marvel et compagnie.
Aucun de nos députés, de nos sénateurs et même de nos ministres n'ose afficher un aplomb aussi démesuré que Trump. Par comparaison, leurs mensonges sont pâlichons et font presque pitié. Ils sont si ternes et de si peu de consistance qu'ils se confondent avec la couleur des murs : qui connaît leurs noms ? Leurs visages ? Leurs doctrines ? Leurs idées (s'ils en ont) ? Popularité zéro.
Bon, il y aurait bien les trublions du Rassemblement national, cornaqués par la fille Le Pen et son jeune et ambitieux adjoint. Mais vous voulez mon avis ? Ils la jouent tellement "petit bras" et "coups bas minables" qu'ils ne semblent crédibles qu'aux yeux d'électeurs trop naïfs : « On les a jamais essayés ! », se justifient-ils.
Le problème, c'est que les Américains l'avaient déjà essayé, Trump, et cette fois, ils l'ont élu en toute connaissance de cause. Et ça risque de saigner !
Quant au tout venant des autres responsables politiques français, regardez qui ils sont, quelle est leur force de caractère, de quelle étoffe personnelle ils sont faits, quel est leur parcours, où et comment ils ont été formés, par quelles écoles ils sont passés, dans quels "annuaires des anciens élèves" leurs noms figurent. A tort ou a raison, j'ai l'impression qu'ils sont tous interchangeables. Donc anodins, tant ils semblent fabriqués dans le même moule.
Allez dire maintenant à un Américain qu'on pourrait mettre n'importe qui à la place de Trump : il vous prendra pour un guignol. Et il aura raison : qui oserait se prétendre un Donald Trump alternatif ?
Regardez-les, nos dignitaires : propres sur eux, de bons visages adolescents bien rasés, impeccablement vêtus, genre Attal : ils furent pour beaucoup d'excellents élèves, voire des premiers de la classe. Ils ont très tôt élaboré leur "plan de carrière" (à 50 ans, j'aurai non seulement la Rolex, mais la Patek Philippe, la Cartier, et tout ce qui va avec).
Là est le nœud de l'affaire : ils n'ont guère d'expérience directe des vacheries que peut réserver le monde ordinaire, celui de la vie ordinaire, celui où vivent les gens ordinaires qui se collettent avec la réalité ordinaire, qui savent ce que trimer veut dire, qui savent que la pierre c'est dur, qui se demandent s'ils arriveront à boucler le mois et à mettre de l'essence dans le réservoir ou du fioul dans la chaudière. En revanche, ils ont des perspectives, les enfants gâtés du destin.
Ce sont des abrités, des personnes de bureau, de dossiers, de chiffres et de données abstraites. Les ministères, la haute administration sont bourrés à craquer de gens de cette sorte (le journal Le Monde évoquait récemment le cas pas du tout exceptionnel de ces ministres sortis des grandes écoles de commerce).
Et si le malheur voulait que ce soit Marine Le Pen et Jordan Bardella qui emportent la mise à la prochaine présidentielle, ce sont tous nos petits messieurs et dames très savants, tous ces premiers de la classe à qui des parents avides de réussite n'ont jamais administré de fessées, et habitués à l'ambiance feutrée des couloirs des ministères et autres lieux de pouvoir, ce sont eux qui prendraient la raclée.
Petite satisfaction pour le peuple d'abstentionnistes auquel j'appartiens depuis 2005, à cause du référendum européen trahi par Sarkozy après son élection en 2007.
Mais pour autant, maigre et courte satisfaction. Car je ne me fais pas plus d'illusion sur la capacité de Le Pen et consort à rendre à la France un peu de fierté ou de lustre dans le concert des nations fortes, que les Américains sensés ne s'en font sur celle de Donald Trump à "make America great again" (si ce slogan a toutefois un sens).
Le France ne connaîtra donc pas les délices d'un Donald Trump à l'Elysée, et c'est après tout tant mieux. Il reste que, à la façon d'un rongeur tenace et puissant, le capitalisme sauvage insinue jour après jour ses appétits immenses dans les moindres recoins de ce qu'il reste de "secteur-public-à-la-française" (derniers exemples en date : ouverture du rail à la concurrence sous les coups des accords européens, voracité des actionnaires de Michelin qui, fort de ses deux milliards de bénéfice net, ferme deux usines en France, etc.). Le Pen-Bardella, ces Trump au petit pied lilliputien, peuvent voir la vie en rose. A se demander si la France a encore une existence.
A cet égard, l'absence d'un Trump français n'empêchera pas que progresse encore et encore l'américanisation ultralibérale du pays, et accessoirement de l'Europe ("L'Europe décroche", titrait le journal Le Monde il y a quelques jours).
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : donald trump, elon musk, états-unis, américains, les républicains, vérité alternative, rust belt, vladimir poutine, ministère de l'efficacité gouvernementale, 47ème président des états-unis, france, société, politique, marine le pen, rassemblement national, jordan bardella, gabriel attal, journal le monde, essec, hec, grandes écoles de commerce, make america great again, les tontons flingueurs, michelin
samedi, 06 juillet 2024
ÉLECTION : JE CONNAIS LE VAINQUEUR
Résultat de notre sondage "sortie des urnes" exclusif.
Vignette tirée de L'Élection, B.D. d'actualité désopilante sortie de l'imagination fertile et facétieuse de Godard. Retenez bien le nom de cet élu qu'on peut dire générique : Y a de l'abus, et serrons-lui la main, tout en souhaitant Bonne chance à la France et aux Français.
09:00 Publié dans BANDE DESSINEE, HUMOUR | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : humour, bande dessinée, godard, norbert et kari, élections législatives, assemblée nationale, députés, front populaire, emmanuel macron, gabriel attal, rassemblement national, marine le pen, jordan bardella
mardi, 04 juin 2024
TRENTE-HUIT
38
NON, IL N'Y A PAS D'ERREUR, VOUS NE RÊVEZ PAS : IL Y AURA BIEN TRENTE-HUIT PANNEAUX D'AFFICHAGE.
Ce qui pose évidemment des problèmes insolubles aux maires de nombreuses petites (et parfois toutes petites) communes. « Vous nous voyez, ici à Saugy (Cher), 69 habitants au recensement de 1990 [vous pouvez vérifier], dépenser des sommes déraisonnables pour simplement nous conformer aux règles impérieuses du code électoral ? » Quelle idée aussi ! Trente-huit listes de candidats aux fauteuils d'élus au Parlement européen !!!
Tout le monde disait 38, alors moi, je suis allé sur le site du Ministère de l'Intérieur, je n'en ai trouvé que 37, dans l'arrêté du 17 mai 2024 paru au Journal Officiel, vous savez, celui où sont enregistrés les listes et chacun des individus figurant sur ces dernières.
En fait, il faut aller voir la "version consolidée" pour apercevoir la liste n°38 ("Liberté démocratique française"), celle menée par un nommé Patrice Grude. Parenthèse : l'ordre des listes (et des bulletins sur les futures tables) résulte du tirage au sort. J'avoue que j'ai passé un curieux moment à transcrire à la main (mon ordi ne "reconnaît" plus mon imprimante) le titre de toutes ces listes puis le nom de tous ceux et celles qui figurent en tête.
On se demande quand même ce qui ne va pas en France pour que tant de vocations politiques surgissent tout d'un coup, jusqu'à envahir le paysage de leurs appellations souvent énigmatiques, et parfois de leurs professions de foi nébuleuses ?
Car pour les principales têtes de listes, au moins, c'est clair : on identifie sans problème les bobines de Marie Toussaint (liste n°6 : "Europe écologie"), Raphaël Glucksmann (liste n°27 : "Réveiller l'Europe"), Jordan Bardella (liste n°5 : "La France revient ! avec Jordan Bardella et Marine Le Pen"), Manon Aubry (liste n°4 : "France insoumise"), et même Valérie Hayer (liste n°11 : "Besoin d'Europe") ou François-Xavier Bellamy (liste n°18 : "La droite pour faire entendre la voix de la France en Europe").
Mais qui a entendu parler d'Edouard Husson (liste n°25 : "Non ! Prenons-nous en main") ? De Jean-Marc Governatori (liste n°35 : "Ecologie au centre") ? De M. Fidèl' (sic ! Liste n°1 : "Pour une humanité souveraine") ? Et ne parlons pas de Guillaume Lacroix (liste n°31 : "Europe Territoires Ecologie"), de Selma Labib (liste n°22 : "Pour un monde sans frontières ni patrons urgence révolution"), de Michel Simonin (liste n°16 : "Paix et décroissance") ou d'Olivier Terrien (liste n°9 : "Parti révolutionnaire communiste").
Cet ensemble polychrome et plein de bigarrures me ferait rire s'il n'avait pas un aspect carrément pathétique, voire désespérant. Du coup, je me demande ce que c'est, l'Europe, pour que, dans un de ses pays fondateurs, se produisent de telles aberrations.
Bon, c'est vrai, cela fait bien longtemps que cette Europe, telle qu'elle s'est bricolée, d'abord à six, aujourd'hui à vingt-sept, ressemble davantage, à mes yeux, à une bicoque biscornue qu'à un bâtiment harmonieux. D'abord à cause de tout le personnel politique français et de la frilosité maladive qui le saisissait dès qu'il s'agissait de désigner les candidats à l'instance supranationale.
Rappelez-vous la façon dont Rachida Dati avait réagi quand son copain Sarkozy, alors président, l'avait bombardée tête de liste pour les européennes. Elle l'a très mal pris. C'était un mauvais coup, une punition, un exil ! Et pas seulement elle : tout le monde ou presque y allait à reculons, à Bruxelles et à Strasbourg.
Tout le monde ou presque préférait l'eau trouble du bocal parisien à l'effectivité d'un vrai travail collectif de construction internationale. Tout le monde ou presque se sentait une âme territoriale et nationale et repoussait ce qui se présentait à tous les yeux comme une vague abstraction lointaine et sans consistance.
Les hommes (et femmes) politique français ne se sont que très rarement sentis personnellement concernés et engagés dans la "construction européenne". La population française elle-même ne savait pas trop à quoi se raccrocher, elle qui entendait de hauts responsables accuser le monstre froid et anonyme qui bombardait la nation de ses oukases bruxellois.
Qui est en mesure de citer les noms de politiciens français, en dehors des sempiternels Jean Monnet, Robert Schuman, Simone Veil et Jacques Delors, qui soient partis flamberge au vent à la conquête joyeuse de l'Europe communautaire ? Les députés allemands, plus habitués sans doute au travail sérieux et de longue haleine, étaient tout étonnés quand, d'une mandature à l'autre, ils retrouvaient des visages de Français.
Aussi ne nous demandons pas pourquoi la France n'arrive plus à influer sur la marche du véhicule européen autant que par le passé. Disons en gros que la France dans son ensemble n'a jamais vraiment cru à une Europe où elle a eu très tôt l'impression de se dissoudre.
On comprend un peu mieux, dans ces conditions, la floraison foisonnante de la ribambelle de listes qui se soucient fort peu d'être ou non complètement hors-sujet. Qui, parmi les trente-huit têtes de liste, se trouve à ce point en manque de "visibilité" qu'il juge nécessaire ou vital de se montrer un peu pour capter un peu de la lumière que procure l'événement.
Par exemple, que vient faire dans les élections européennes une liste "Free Palestine" ? Elle porte le n°7 et est conduite par M. Nagib Azergui et est pour l'essentiel composée de gens aux noms à consonance "orientale". On me dira : "L'occasion [Gaza, la guerre, le Hamas] fait le larron". Soit, mais tout cela est-il bien sérieux ?
Ce que je comprends le moins, pour finir, dans ces élections et dans la façon dont s'est déroulée la campagne, c'est qu'elles consistent en la juxtaposition de vingt-sept élections nationales. Comment voulez-vous que le citoyen lambda, dans chacun des pays, discerne quelque enjeu européen collectif et communautaire dans le cercle limité de son horizon national ? Conserver des élections nationales pour nourrir des institutions supranationales, avouez qu'il y a de quoi rendre la chose incompréhensible.
Est-il absolument inenvisageable de changer le mode de scrutin ? Est-il impossible d'obtenir de la part des politiciens européens qu'ils s'entendent en amont des élections pour constituer les futurs groupes qui auront la charge de gérer au mieux les intérêts du "vieux continent" ?
Imaginez seulement tous les aimables politiciens obligés de se rencontrer, de se parler et de se comprendre, de faire connaissance en dehors de toute institution avec des gens parlant toutes les langues de l'Europe, de confronter idées et projets et de s'entendre par affinités politiques ou personnelles. Alors ça, je vous parie que ça aurait une autre gueule. Imaginez un réseau Erasmus au Parlement européen !
Et ça nous éviterait, en France (pour les autres pays, je suis dans l'ignorance), le ridicule achevé de voir arriver l'invraisemblable pullulation de candidatures plus fantaisistes les unes que les autres.
Beaucoup de raisons au total pour que je reste à la maison dimanche prochain.
09:00 Publié dans DEMORALISATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : élections européennes, panneaux d'affichage, france, politique, société, saugy 18, trente-huit listes, parlement européen, journal officiel, profession de foi, liberté démocratique française, patrice grude, marie toussaint, europe écologie, raphaël glucksmann, réveiller l'europe, jordan bardella, la france revient, marine le pen, manon aubry, jean luc mélenchon, france insoumise, ministère de l'intérieur, valérie hayer, besoin d'europe, emmanuel macron, gabriel attal, françois xavier bellamy, édouard husson, jean marc governatori, guillaume lacroix, selma labib, michel simonin, olivier terrien, europe, rachida dati, nicolas sarkozy, bruxelles strasbourg, jean monnet, robert scuman, simone veil, jacques delors, free palestine, nagib azergui, bande de gaza, le hamas
dimanche, 19 mai 2024
MACRON, ATTAL, DARMANIN, FAUTEURS ...
... DE GUERRE CIVILE EN NOUVELLE CALÉDONIE !!!
La démonstration sera rapide et simple.
Années 1986-1988 : la cohabitation, Jacques Chirac Premier ministre, Bernard Pons ministre des D.O.M.-T.O.M., la grotte d'Ouvéa, le bain de sang, triomphe de la "raison d'Etat".
1988 : Rocard Premier ministre : arrive au pouvoir une forme d' "intelligence de la situation". Résultat : les Accords de Matignon, qui ramènent la paix dans l'archipel, dans un équilibre précaire mais rassurant.
1998 : Jospin Premier ministre. Signature de l'Accord de Nouméa, qui instaure des transferts de compétences, mais aussi des transferts de propriétés foncières en direction des Kanaks. On accepte de reconnaître « les ombres de la période coloniale, même si elle ne fut pas dépourvue de lumière ».
Kanaks et Caldoches semblent pouvoir partager une "souveraineté" sur le territoire. Dans 20 ans, on décidera de la suite à donner. A cet effet, on organisera trois consultations (référendums) à l'issue desquelles le statut définitif de l'archipel sera défini et adopté par une majorité. Seuls seront admis les électeurs inscrits depuis 1994 (certains disent 1998).
2018 premier référendum : 56,67 % s'affirment contre l'indépendance. Le taux de gens favorables au maintien dans la République française tombe à 53,3 % au deuxième référendum, qui a lieu en 2020.
Tout le monde attend donc fébrilement le résultat du troisième référendum, qui doit avoir lieu en 2021 : la barre des 50 % de "oui à l'indépendance" sera-t-elle franchie ?
Mais catastrophe : en 2021, le COVID 19 s'abat sur la Nouvelle Calédonie. Les Kanaks sont les premières victimes : on compte environ 300 morts dans leurs rangs. Ils demandent par conséquent le report de la consultation. On les comprend.
Hélas, le gouvernement de monsieur Macron, contre toute logique de santé publique, maintient fièrement le référendum. C'est la première (et grossière) faute politique majeure dans le dossier.
Car les Kanaks (un peu plus de 40 % du corps électoral), tout entiers et légitimement préoccupés par les devoirs qu'ils doivent rendre à leurs morts, refusent de se rendre dans les bureaux de vote. Certains ne veulent pas pour autant qu'on les accuse d' "appeler au boycott". On les comprend.
Evidemment, le résultat de ce référendum-croupion écrase comme prévu les espoirs des Kanaks d'exister pleinement dans la future Nouvelle-Calédonie.
Et puis arrive 2024. La présidente de la "province du sud" (c'est-à-dire Nouméa avec la région la plus prospère) est une cinglée qui, par exemple et entre autres, demande carrément la départementalisation (genre Mayotte, vous voyez d'ici le sac de nœuds). Elle s'appelle Sonia Backès. Dans le même camp, qu'on peut appeler de droite de la droite, on trouve Nicolas Metzdorf, député.
Comment ont-ils eu l'oreille d'Emmanuel Macron et de ses amis du gouvernement ? Je l'ignore. Toujours est-il que tout ce petit monde s'entend pour faire adopter très vite une loi instaurant le « dégel du corps électoral de Nouvelle-Calédonie ».
Autrement dit, le gouvernement français a décidé d'entrer en conflit ouvert avec tout ce qui aspire à l'indépendance. Disons même que, contrairement à la règle d'impartialité que l'Etat français s'était imposée dans le but de laisser l'initiative aux acteurs locaux, Macron a purement et simplement pris parti pour le maintien du "Caillou" dans la République, et contre l'indépendance (donc contre les Kanaks). Ce raidissement soudain est chose faite début mai. Mais c'est quoi, le "dégel" dont on parle ?
Rien de plus et rien de moins que la deuxième (et peut-être pas la dernière) faute politique majeure du gouvernement Attal. Comme l'annonce le journal Le Monde daté 16 mai 2024.
Alors on aimerait pourtant comprendre le pourquoi de cette ébauche de guerre. Très simple et direct : le "dégel du corps électoral", sorte de déclaration, ça revient à renvoyer les Kanaks à leur "minorité".
Pour expliciter : à réduire à néant l'espoir pour eux d'obtenir un jour une majorité dans les institutions du territoire et d'arriver à un "rééquilibrage" qui rende à ce peuple une souveraineté relative sur sa propre terre. Qui lui donne l'impression de s'appartenir, au moins en partie.
Car le "dégel", ça consiste à introduire entre 25.000 et 30.000 nouveaux électeurs sur les listes. Alors que le "gel du corps électoral" de 1998 (sur la base de 1994, ou de 1998), ça consistait à établir une paix institutionnelle entre les blancs ("coloniaux") et les autochtones au sein de l'état de droit, en figeant la situation.
Dans cette perspective, le "dégel" est un geste brutal, une dénonciation unilatérale d'un modus vivendi obtenu laborieusement sous la houlette des responsables de 1988 et 1998 (Rocard et Jospin) tiens, des gens de gauche !). Le "dégel" voulu par Macron est donc en soi une violence.
Alors, moralité et conclusion ? Pourquoi Macron, Attal et Darmanin ont-ils décidé de jeter à la poubelle le travail et les efforts déployés par les prédécesseurs pour arriver à une paix honorable pour toutes les parties ? J'hésite. Est-ce de l'incompétence ? Du caprice d'enfant gâté ? De l'inexpérience ? De la bêtise brute ? De l'acharnement dans le sentiment de toute-puissance ? De la rage d'imposer une volonté ?
Visiblement, si le sinistre trio a compris la situation, cela veut dire qu'il a choisi consciemment de mettre de l'huile sur le feu aux poudres où il est assis. Après l'envoi de troupes en Ukraine, j'ai l'impression que Macron a de la suite dans les idées et dans sa politique de coups de menton.
Il y a de quoi se demander quelle image il se fait du monde des hommes dans sa propre tête. Et de quoi, pour les Français, s'inquiéter de l'avenir.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : emmanuel macron, président de la république, gabriel attal, premier ministre, gérald darmanin, ministre de l'intérieur, france, politique, société, nouvelle calédonie, indépendantisme, guerre civile, jacques chirac, bernard pons, dom-tom, grotte d'ouvéa, raison d'état, michel rocard, accords de matignon, jean-marie tjibaou, lionel jospin, accord de nouméa, kanaks, caldoches, référendums nouvelle calédonie, pandémie covid 19, sonia backès, nicolas metzdorf, mayotte, départementalisation, dégel du corps électoral
mardi, 09 avril 2024
PARTICULIÈREMENT DOUÉ
PETITE REVUE DE PRESSE.
Le Président Macron ne s'est pas trompé dans le choix de son Premier Ministre, comme le montrent ci-dessous quelques titres parus dans la presse du 22 février au 7 avril, dont je n'ai gardé que le sujet et le verbe pour mieux en faire jaillir la pure énergie telle qu'elle s'affiche.
***
CE N'EST PAS UN HOMME : C'EST UN COUTEAU SUISSE !!!
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Heureusement, le titre suivant, paru dans le journal Le Monde dans son numéro daté 31 mars au 2 avril, relativise dans une certaine mesure l'étendue et l'épaisseur des compétences de la personne.
Allons, tout cela n'était donc que des paroles, paroles, paroles ... Vous reprendrez bien un petit verre de cet excellent "Tête de Bélier" ?
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : humour, politique, france, société, gabriel attal, premier ministre, emmanuel macron, président de la république, élection présidentielle, journal le monde
samedi, 24 février 2024
SALON DE L'AGRICULTURE
C'EST LA F.N.S.E.A. QUI GOUVERNE
J'entends ce matin que le président Macron a prévu de monter sur le ring lors de sa visite au salon de l'agriculture pour débattre avec ... disons ... "les agriculteurs". Il avait prévu d'inviter quelques associations écologistes pour garantir le pluralisme de la vision qu'il veut offrir aux Français de l'action qu'il entend mener en matière agricole.
Mais quand le président de la F.N.S.E.A. lui a dit que si l'association écologiste "Les Soulèvements de la Terre" (les "écoterroristes" de M. Gérald Darmanin) participait aux échanges, lui-même boycotterait l'invitation présidentielle. Apprenant cela, Macron a obtempéré à la commination venue de la puissante centrale syndicale.
圓 Breaking news : aux dernières nouvelles, la position d'Arnaud Rousseau, le dit président de la dite F.N.S.E.A., s'est radicalisée, peut-être sous la poussée de la "base", au point que le "Grand Débat" à la mode Macron (un de plus, dira-t-on) a été remis à des jours meilleurs. Certains se gaussent de ce président qui, en cette occasion, s'est pris un râteau.
Bon, quoi qu'il en soit, le message de ce petit pas-de-deux mal chorégraphié est clair : "On ne veut pas des écolos, qui sont les ennemis de la vraie agriculture française. On ne veut pas de leur obsession anti-pesticide et de leurs rêves d'espaces ruraux à nouveau peuplés d'authentiques paysans exploitant des surfaces modérées."
Les désirs des industriels de l'agro-alimentaire sont des ordres pour le président et pour le gouvernement chargé de mettre en œuvre sa "politique" (si tant est qu'il en a une). Et les derniers remous à la tête de l'Etat (Gabriel Attal, Bruno Le Maire, voir les titres ci-dessous) montrent de quel côté de la balance — Economie contre Ecologie — penchent avec force les faveurs des autorités politiques du pays. Voilà, fermez le ban.
Dans les pages "Economie & entreprise" du journal Le Monde daté 22 février 2023, on lit la confirmation de l'inféodation de nos gouvernants aux diktats du lobby agro-industriel. Je trouve d'ailleurs que placer ce titre et cet article dans les pages Economie & entreprise résonne comme un aveu un peu honteux de la façon purement quantitative dont il convient de considérer la question agricole (titre seulement remaquetté pour les besoins de ma mise en page).
Alors sachant cela, quelques voix peuvent bien s'élever pieusement (dans les pages débats du même numéro du même journal) contre l'opposition binaire censée résumer le conflit entre les exigences de l'économie et celles de l'écologie. Sans vouloir jouer les rabat-joie, on peut dire que c'est pas gagné, tant l'antagonisme rend les adversaires irréconciliables.
D'autres voix croiront sans doute accomplir un devoir sacré en lançant le vibrant et sempiternel plaidoyer pour une désormais mirifique "transition écologique" du mode de production de l'agriculture française. Là encore, je veux pas doucher les enthousiasmes, mais à voir la façon dont évoluent les rapports de forces, on est à peu près fixé sur le résultat des courses.
D'ailleurs, le gouvernement, soudé comme jamais autour du premier ministre et du président de la république, fait tout ce qu'il peut pour répondre aux attentes du "monde agricole" (comprenez : "déférer aux ultimatums de la F.N.S.E.A.") avant la tenue du salon de l'agriculture, comme le note un titre du journal Le Progrès du 23 février 2023.
Moralité 1 : les écologistes savent sur quel mur ils vont se casser le nez. Moralité 2 : Ils connaissent par cœur la physionomie de l'ennemi à abattre. Moralité 3 : Le pouvoir de nuisance des industriels de l'agriculture est intact.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : france, politique, société, agriculture, agriculteurs, paysans, exploitants agricoles, salon de l'agriculture, emmanuel macron, fnsea, arnaud rousseau fnsea, confédération paysanne, jeunes agriculteurs, salon porte de versailles, associations écologistes, les soulèvements de la terre, écoterroristes, gérald darmanin, ministre de l'intérieur, industrie agro-alimentaire, gabriel attal, premier ministre, bruno le maire, ministre de l'économie et des finances, écologie économie, journal le monde, pascal demurger julia faure, marc dufumier, journal le progrès
mercredi, 14 février 2024
L'ENFER DE MATIGNON
Ce n'est pas moi qui ai inventé l'expression "L'Enfer de Matignon". Qui fut le premier ex-premier-ministre à le dire ? Peu importe. Seule compte la réalité.
Ce qui est sûr, c'est que les témoignages se sont accumulés au fil du temps : des nuits blanches, raccourcies ou interrompues en plein milieu du sommeil paradoxal (le meilleur, paraît-il) ; jamais un moment à soi ; et pour couronner le tout, une collection de subordonnés indisciplinés pour qui être nommé ministre ne signifie pas servir dans une équipe pour servir le pays, mais mettre les doigts dans une prise qui, si le rocher est bon et franc, permettra de grimper plus haut et, pourquoi pas, d'atteindre le sommet.
On l'a donc compris, pour briguer le poste de premier ministre, il faut appartenir à la catégorie des masochistes amateurs de l'extrême, ou à celles des naïfs intégraux, des utopistes incorrigibles, des exaltés sourds à tous les conseils avisés, des apprentis-dictateurs aveugles sur leurs propres capacités, des humoristes catastrophistes, etc.
Et cela explique que la longévité du "locataire" (ironie : un des très rares locataires en France à être richement rétribué pour occuper les lieux) de l'hôtel Matignon soit en général très très très mesurée. Toujours est-il que le poste de premier ministre use prématurément le titulaire.
Ce qui fait que l'actuel occupant de l'Elysée, M. Emmanuel Macron, est constamment à la recherche de l'homme au profil impeccable, c'est-à-dire assez fort pour tenir bon face au stress ou aux agressions pendant une durée pas trop ridicule (façon Edith Cresson, de célèbre mémoire) ; mais aussi pas assez fort pour que lui vienne l'idée saugrenue qu'il pourrait prendre la place du président.
La photo ci-dessous, prise en secret par Brigitte Macron, montre Emmanuel Macron dans un de ces moments où la presse n'est pas invitée, où les nerfs du président le trahissent un bref instant, et où il confie son désarroi de façon émouvante contre l'épaule de Jacques Attali, l'homme aux cent plumes qui sait tout, qui a tout compris mais qui, dans les circonstances les plus difficiles, sait trouver les mots qui essuient les larmes les plus grosses.
Hergé, "Les Aventures de Jo, Zette et Jocko", La Vallée des cobras, p.49 (texte à peine retouché).
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dimanche, 04 février 2024
AGRICULTURE : PARLONS NET !
Le Progrès, 27 janvier 2023.
Le petit Attal, le nouvel Hermès-Mercure, messager de Zeus-Jupiter, ne se contente pas de lancer à l'agriculture française un "cri d'amour" (de quoi s'esclaffer quand même). Il lance fièrement, debout dans ses chaussures vernies et appuyé sur ses bottes de pailles de Montastruc-de-Salies (Haute-Garonne) : « On a décidé de mettre l'agriculture au-dessus de tout ! ». Et par crainte de n'avoir pas été compris, il réitère péremptoirement : « Au-dessus de tout !!!!! ».
Je l'ai dit il y a quelques jours : les seules possibilités des responsables politiques français d'intervenir dans le dossier agricole, c'est 1 - de discourir, pérorer, baratiner ; 2 - d'aller faire une tour à la campagne pour faire semblant de mettre les-deux-pieds-les-deux-mains-dans-la-glèbe ; 3 - de sortir le carnet de chèques.
Maintenant, la vérité, disons souhaitable, sur la question, sort dans Le Progrès du 3 février, de la bouche de monsieur David Djaïz, ancien rapporteur général du Conseil National de la Refondation (vous savez, le nouveau C.N.R., de quoi pouffer bruyamment au nez du président Macron) :
Et maintenant que le monsieur il a tout dit, place à la vérité de la réalité dans laquelle s'insère la question. Personne n'en parle trop haut, parce que on sait jamais, si l'affaire venait à se savoir dans les rangs des conducteurs de tracteurs.... D'ailleurs, à bien suivre les informations, on a bien du mal à dénicher, en dernière page des journaux, dans une petite "brève" de bas de page, une discrète allusion à cette vérité vraie de la réalité réelle (celle contre laquelle on se cogne).
Disons pour faire vite que personne ne se risque à être le publiciste de cette idée démoralisante : s'agissant d'agriculture, la France est complètement ligotée. En signant toutes sortes de traités touchant la bienheureuse Politique Agricole Commune, la France a elle-même fourni les moyens qui servent en ce moment même à détruire ce que certains persistent à appeler "Agriculture Paysanne", c'est-à-dire à exterminer socialement tous ces propriétaires, métayers ou fermiers dont l'aire n'atteint pas une certaine "maille" (comme disent les pêcheurs).
Fini, on vous dit ! Dépassé ! Archéologique, le modèle de la petite exploitation ! Macron peut parler, Attal peut pérorer, Fesneau peut dégoiser ses gognandises et Béchu venir à la rescousse de tout ce petit monde : ils mentent ! Ils mentent ! Ils mentent ! Malgré toutes les paroles de miel qu'ils peuvent adresser à l'agriculture — la seule Dame de leurs pensées, à en croire ces preux chevaliers —, ils savent pertinemment qu'ils ne peuvent rien changer à la façon dont celle-ci sera régie au niveau européen.
Et plus grave : non seulement ils ne peuvent pas, mais en plus, ils ne veulent surtout pas. Parce que, dans leur tête, c'est la photo de l'agriculture mécanisée qui est imprimée depuis leur passage dans les grandes écoles. Ils sont pleinement en phase avec le grand projet pour l'agriculture européenne, qui est entre les mains de gens assez puissants pour imposer un autre modèle. Et ce modèle, quel est-il ?
La réponse est d'une monstrueuse simplicité : faire de la terre du vieux continent une énorme machine, une entreprise industrielle assez forte et concentrée pour cracher dans le même mouvement une masse de produits d'exportation, et du cash dans la poche des entrepreneurs et des "investisseurs" (c'est un raccourci). Les mots d'ordre à mettre en œuvre dans ce schéma sont : concentration des moyens de production, mécanisation totale, recours massif à l'agrochimie et aux produits phytosanitaires, réduction drastique des effectifs jugés surnuméraires.
Je ne vais pas refaire un chapitre sur le rôle et la place de la puissante F.N.S.E.A. dans le processus en cours, mais il va de soi que toutes ses pièces majeures (je veux dire : les dirigeants qu'on ne voit jamais) se meuvent très à l'aise sur cet échiquier européen. Son action s'insère à merveille dans le projet à long terme de l'Europe agricole. Comme un immangeable poisson dans une eau carrément imbuvable.
Note : je rappelle une autre vérité vraie touchant la réalité réelle, c'est que les "subventions P.A.C." sont distribuées au prorata des surfaces cultivées. Sachant cela, devinez dans quel genre de poches tombe la plus grosse partie des dites subventions.
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jeudi, 18 janvier 2024
C'EST PAS MOI QUI LE DIS ...
... C'EST LE PERROQUET EN CHEF DU NOUVEAU GOUVERNEMENT !!!
Gouvernement dont tous les membres sont priés d'être les simples porte-voix de L'OMNIMINISTRE qui est supposé présider aux destinées de la pauvre France.
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Je ne fais dans l'image que pasticher le perroquet Laverdure, philosophe d'illustre mémoire et d'irréfragable vérité. Photo Ludovic Marin AFP.
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