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dimanche, 20 mai 2018

L'ACTIONNAIRE GOUVERNE LE MONDE

N°55 de la série "Des nouvelles de l'état du monde".

Un "rapport" très récent (d'un machin bizarroïde appelé CAP22, dont certains membres ne veulent même pas que leur signature figure à la fin parce que) somme le gouvernement français de réorganiser l'Etat, pour en faire une machine « efficace et économe ». Et figurez-vous que ça tombe bien parce que, sur la page de droite du même journal, juste en face, la Cour des Comptes « presse le gouvernement de baisser la dépense ». Tous ces gens raisonnables ont forcément raison : l'Etat ne saurait être la solution, parce qu'il est LE problème. Soit dit en passant, ceci est la conviction absolue des libertariens américains.

Il faut le savoir : être moderne, c'est détester l'Etat et tout ce qui va avec, fonction publique, statuts des personnels, gratuité des services (quoique ...), sécurité de l'emploi (quoique ...), etc. Tout ça pour "libérer les énergies" et faire de la France une "start-up-nation". Être moderne à la façon d'Emmanuel Macron, c'est vouloir calquer le fonctionnement des services de l'Etat sur celui des entreprises privées. Et le résultat de ce raisonnement raisonnable est déjà partout visible. Ci-dessous une partie de l'état des lieux (je veux dire : un aperçu des dégâts présents et futurs).

***

L'économie mondiale est entre les meilleures mains possibles : les mains de l'actionnaire. C'est le journal Le Monde (mardi 15 mai) qui le dit, sous la plume de Denis Cosnard : « Entre les dividendes et les rachats d'actions, les groupes du CAC 40 ont, depuis 2009, transféré à leurs actionnaires 67,5% de leurs bénéfices ». C'est un certain, déjà très libéral, Nicolas Sarkozy qui, en 2009, durant ses années de "responsabilités", disait : « Un tiers pour les actionnaires, un tiers pour les travailleurs, un tiers pour l'investissement ». On se dit que cet homme était encore d'une pondération remarquable, quand on voit que deux bons tiers des profits sont désormais consacrés au seul indicateur exact de la religion du fric : le dividende.

L'investissement ? Mais il faudrait que les entreprises aient des perspectives raisonnables de croissance et qu'elles voient s'ouvrir de nouveaux marchés, voyons. Les travailleurs ? Mais pourquoi faudrait-il augmenter leurs salaires, quand on peut avoir des résultats identiques, par exemple en transférant les unités de production en Pologne ? Encore heureux s'ils peuvent se voir attribuer « 5% du total sous forme d'intéressement et de participation », c'est-à-dire loin derrière les 27,5% consacrés à l'investissement, considérés comme "simple variable d'ajustement". Autant dire peau de balle et balai de crin : les travailleurs, ils peuvent crever, ils existent à peine sur les écrans féeriques où se dessinent les courbes des dividendes. 

Même Patrick Artus, qu'on ne saurait soupçonner d'être communiste sans le vexer, s'alarme : « Les actionnaires s'efforcent de préserver coûte que coûte dividendes et rendement du capital, et demandent aux salariés de porter sur leurs épaules une part croissante des risques économiques. C'est le monde à l'envers ! » (à l'envers : un des grands arguments des "investisseurs" est en effet de mettre en avant les "risques" qu'ils font courir à leur argent en le plaçant dans une entreprise). Eric Galiègue, président de Valquant, bureau d'analyse financière, est d'accord : la rétribution des actionnaires, qui oscillait entre 30 et 40% des profits entre 2000 et 2010, va aujourd'hui de 45 à 60% (sans parler des rachats de leurs propres titres par les entreprises elles-mêmes !).

Le Monde précise que certains groupes vont parfois bien au-delà : « Parfois même davantage que la totalité de leurs profits, comme cela a été le cas ces dernières années pour LafargeHolcim, mais aussi ArcelorMittal, Engie ou Veolia ». Le journaliste ajoute : « Tout se passe comme si les actionnaires avaient pris le pouvoir au détriment des autres acteurs de l'entreprise, en s'appuyant sur des dirigeants chargés de "créer de la valeur" avant tout pour les propriétaires du capital, et payés en conséquence ». Les rémunérations miraculeuses de Carlos Ghosn ou Carlos Tavares ne sont en réalité que les noisettes que les actionnaires laissent tomber de la table pour des serviteurs zélés.

Patrick Artus (toujours lui) conclut dans son livre récent : « Dès lors que ces actionnaires trouvent légitime d'encaisser un rendement de 13% ou 15% quand le coût de l'argent est à 2%, il n'est guère d'autre solution pour un dirigeant [dont le siège est éjectable à volonté] que de faire feu de tout bois, de s'endetter sans mesure, d'étrangler les salariés, les fournisseurs, les partenaires de toutes sortes, d'émettre du CO² sans payer, de brûler les ressources naturelles sans considération pour les dégâts occasionnés, et aussi d'organiser de lucratives opérations de rachat d'actions ». Ce n'est pas un manifeste communiste, mais ça pourrait. De la part d'un banquier, c'est assez rare pour être noté. Sa conclusion : c'est l'actionnaire qui fait la loi. Et cela crée une situation dangereuse. Moralité : Patrick Artus est un banquier perspicace et lucide, qui voit un peu plus loin que le bout de son nombril.

"Rachat d'actions", c'est quoi, cette bête ? Si j'ai bien compris, quand une entreprise a atteint une taille de mastodonte, ce qui fait mécaniquement baisser les perspectives de croissance, elle produit des capitaux dont elle n'a rien à faire en son sein. Deux financiers (et qui sèment la bonne parole dans le riche terreau de HEC, s'il vous plaît) trouvent qu'il « est plus sain de reverser ces liquidités à leurs actionnaires que de les gaspiller en surinvestissements ou en placements oisifs ». Les deux financiers-prêcheurs parlent des actionnaires et des investissements, mais omettent purement et simplement le "troisième tiers" : ils n'ont pas une pensée pour les salaires et les salariés. On voit sur quelle logique ils fondent leur raisonnement !

Et quand on parle du rachat de ses propres actions par l'entreprise, on n'est pas dans la gnognotte : c'est du très lourd. « Selon JPMorgan, les rachats effectués par les groupe du S&P500 [indice de Standard and Poors, notre CAC40, mais en grandeur américaine] pourraient atteindre 800 milliards de dollars en 2018, un record absolu, contre 520 milliards en 2017 ». A lui seul, Apple y est pour 100 milliards : une paille. C'est tout naturellement que les termes "la folie actuelle" viennent sous la plume de Denis Cosnard pour parler de ce phénomène.

Maintenant, je me pose une question : qu'est-ce que c'est, un actionnaire ? Certains journalistes à vocation économique disent volontiers : "les investisseurs", quand on parle de la déconfiture, réelle ou supposée, d'une entreprise, et qu'on se demande si on a une chance de la voir secourue par des gens charitables. Mais je repose ma question : qui se cache derrière "investisseurs" ? Si je ne délire pas totalement, je me dis qu'on les appelle aussi, en général, "fonds de pension" (chargés en théorie de rémunérer les économies de la veuve écossaise). Mais si vous dites "fonds spéculatifs", voire "fonds vautours", vous serez sans doute plus près de la réalité.

Ce sont eux qui promettent des 13% ou 15% de rendement annuel, et qui se tirent la bourre pour dégager toujours plus de "résultat net" (alias "bénéfice net"), quel qu'en soit le coût humain. Voilà le tableau de l'économie telle qu'elle se pense et se pratique aujourd'hui, de l'économie qui passe autour du cou de l'humanité le lacet de l'étrangleur. Voilà le tableau de l'avenir que nous promet le programme économique d'Emmanuel Macron, "président par effraction" (lui-même dixit) et de tous ses semblables de par le monde, programme qui s'intitule "Grande Privatisation de Tout" (GPT).

Il ne restera plus à l'Etat, débarrassé une fois pour toutes de la défense du bien commun (autrefois les "services publics"), que les tâches régaliennes de garde-chiourme, un geôlier qui veille, arme à la main, à la scrupuleuse application du programme économique. Il y aura toujours un Etat, mais il fonctionnera bel et bien, alors, au seul bénéfice des actionnaires. Il sera totalement à leur service. Le rêve de Macron et de quelques autres (demandez-vous pourquoi Macron fait dans le "jupitérien" et l'autoritaire ; s'il tend à concentrer les pouvoirs entre ses mains, c'est toujours pour "davantage d'efficacité").

Accessoirement, je me dis que la quantité interstellaire ("astronomique" est trop faible) d'argent (virtuel pour une bonne part, si j'ai bien compris) qui circule aujourd'hui dans le monde fait que l'argent lui-même ne sait plus quoi faire pour s'auto-reproduire jusqu'à l'infini, jusqu'à ne plus savoir où se placer. D'où, peut-être, l'explosion des dépenses somptuaires, comme on le voit dans de récentes ventes aux enchères. Que préférez-vous ? Ce Modigliani (excellent peintre au demeurant, mais) à 150.000.000 ? Ce fauteuil du Ritz à 5.000, parce que Coco Chanel y a frotté son cul (crevant le plafond des estimations) ? Cette Ferrari F40 à 1.200.000 € (1.400.000 francs neuve, en 1987, si je me souviens bien : un bon placement) ?

Il y a quelque chose de sinistre dans ce tableau de l'avenir.

Voilà ce que je dis, moi.

samedi, 14 décembre 2013

FRANçOIS HOLLANDE ORATEUR

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Je ne prétends pas apprendre quoi que ce soit à qui que ce soit en soutenant que notre président François Hollande est peut-être très intelligent et bardé de diplômes (Sciences Po, ENA, HEC), mais qu'il souffre d’un véritable handicap : il ne sait pas parler en public. Il est sans doute intellectuellement brillant, mais oralement, il est minable. 

 

Je n’ai jamais déclaré, comme l’a comiquement écrit le journal espagnol El Pais, que la première élection d’Obama pouvait être comparée à « une nouvelle descente du Christ sur Terre », et on peut lui reprocher bien des choses, mais on ne saurait lui dénier un remarquable talent d’orateur. Il sait prononcer à l’occasion (Le Caire, Johannesburg) des discours pleins d’éloquence, pleins de phrases nobles, de périodes brillantes, de formules frappantes. Bon, on me dira que ce ne sont que des discours, et ce n’est pas faux.

 

Mais il se trouve que, jusqu’à une époque pas si lointaine, la politique en France était le fait d’hommes qui savaient écrire et qui savaient composer des discours mémorables, inspirés qu’ils étaient par les immenses exemples de leur passé historique et de l’antiquité gréco-romaine. Et qui savaient à merveille faire ronfler la rhétorique quand ils s'adressaient au peuple.

 

Aucun Grec, aucun Romain n’aurait imaginé ou admis qu’un homme manifestant des ambitions publiques ne fût pas, de ce fait même, un orateur. Ceux qui ont sué sang et eau sur des versions tirées des Orateurs attiques (ça vous dirait, un fragment d'Isocrate ou d'Andocide, là, vite fait sur le gaz ?) en savent quelque chose. L'ambitieux Démosthène s'était lui-même, dit-on, guéri d'un défaut de prononciation en se soumettant à des exercices très contraignants.  

 

Les orateurs de la Révolution étaient pétris de grec, de latin, de Lettres classiques, et Jean Jaurès, paraît-il, a soutenu sa thèse de doctorat en latin. Ces gens-là savaient ce que parler veut dire. Peut-être parce qu’ils savaient écrire : ils avaient appris. Mais ils avaient aussi quelque chose : une vision de l’avenir, une volonté (réelle ou feinte, évidemment) d’édifier pour le corps social tout entier un palais plus ou moins rutilant. On dirait aujourd’hui qu’ils avaient un « projet ».

 

Alors aujourd’hui, demanderez-vous ? Quoi, aujourd’hui ? Que voulez-vous que je dise ? De qui peut-on parler ? Où voyez-vous un projet ? Où voyez-vous un homme d’Etat ? Et même, où voyez-vous un homme politique ? Moi je vois des petits chefs de bande, préoccupés de garder la main sur le troupeau de leur clientèle pour s’en faire réélire la prochaine fois. Je vois des petits chefs de bureau soucieux d’administrer sans trop de heurts le petit espace de leur pré carré, tout en empêchant les bestiaux qui rôdent alentour de venir brouter leur herbe (Barre-toi de mon herbe, dit excellemment un titre de l’excellent F'murr). 

 

Je vois des chefs de service passés au laminoir d’églises à formater les esprits (Sciences-Po, ENA, HEC), qui s’empressent de réciter leurs prières quand ils sont « aux affaires », en espérant qu’elles seront efficaces, même s’ils savent que leurs vœux pieux seront jetés aux orties comme autant de vieilles soutanes quand ils viendront se heurter au mur impassible de la réalité.

 

D’orateur, je n’en vois point. Ce n’est pas avec Jean-François Copé ou François Fillon qu’on pourrait me contredire. Quant à Jean-Luc Mélenchon, si je suis prêt à admettre qu’il lui arrive d’avoir le sens de la formule qui porte ou qui fait mal (« capitaine de pédalo »), je crois qu’on ne peut pas fonder une véritable éloquence sur la manie du coup de gueule. Et ne parlons pas de la désolante platitude dans laquelle s’exprime le premier sinistre, Jean-Marc Ayrault.

 

Quant à Nicolas Sarkozy, ce présumé avocat, cet ancien président qui rêve de redevenir calife à la place du calife, dans toutes les subtilités inventées par les orateurs au cours de l'histoire, sa mémoire n'a retenu que le ton péremptoire pour toute ressource. De Gaulle au moins se donnait la peine d'écrire lui-même ses discours, et par-dessus le marché, il les apprenait par cœur. Sarkozy, sauf erreur, n'a jamais fait que lire la prose comique sortie de la plume de son valet Henri Guaino.

 

Mais après tout, tous ces gens cités savent à l’occasion s’exprimer quand ils sont devant des journalistes ou sur un plateau de télévision. Passons sur le fait que beaucoup se font écrire leurs discours par des nègres quand il s’agit de monter sur une tribune, Président compris. Passés par l’exigeant « Grand O » du concours de sortie, ils sont tout de même rompus aux nécessités de la parole. Certains sont même passés maîtres dans l’art de chantourner la langue de bois.

 

Dans ce troupeau – mortellement ennuyeux, il faut bien le dire –, une exception fait tache. Un mouton noir dépare la collection de conformistes. J’ai nommé François Hollande. Personne ne peut avoir évité de l’entendre s’exprimer sur les ondes, en des circonstances diverses. C’est le pire des orateurs que la France pouvait souhaiter. C’est bien simple, supposez-le ouvrant la bouche sur l’agora d’Athènes ou devant les sénateurs romains, jamais vous n’aurez vu un discoureur recevoir aussi vite autant de tomates et d’œufs pourris. Un record.

 

Sa façon de parler ? Imaginez une belle assiette de spaghetti bien longs sur la table d’une trattoria sympathique non loin de la Piazza Navona. Viendrait-il à l’idée de qui que ce soit, dédaignant la cuillère et s’armant du couteau et de la fourchette, de prendre le risque de les couper en petits bouts sous le regard stupéfait et bientôt hostile de la compagnie ?

 

Eh bien c’est exactement ce détestable cas de figure hypothétique qu’illustre la façon dont notre président s’exprime. Quand il parle en public (pour le privé, je me garderai de dévoiler quoi que ce soit, je suis la discrétion même), ce sont des spaghetti ainsi soigneusement tronçonnés en minuscules copeaux qui sortent de sa bouche. Des segments de quelques syllabes se succèdent, comme de courtes rafales de mitraillette. On peut avantageusement remplacer tout ça par des séries discontinues de « taratata-taratata-taratata ».

 

En tant que Français, je trouve rageant et humiliant d’être représenté sur la scène internationale par un homme qui parle comme on vend une boîte de petits pois à la vieille madame Michu, qui est gardienne d'immeuble au coin de la rue. Un homme qui a l’éloquence boutiquière. Le moindre camelot qui vend son détergent miracle sur le marché est davantage orateur que François Hollande.

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

jeudi, 11 avril 2013

POLITIQUES : TOUS POURRIS 1/3

 

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ON EST PEU DE CHOSE, MESSIEURS

 

***

Vous vous rappelez cet appel : « Dieu, si tu existes, envoie-moi un signe ! ». C’était Raymond Devos. Un prodigieux, celui-là. Eh bien à mon tour, je lance un appel solennel :

 

« Hollande, si tu existes, envoie-nous un signe ! ».

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En fait, je devrais plutôt demander à Madame Politique, si elle existe, de nous envoyer un signe, parce que Hollande, en ce moment, a plutôt l’air d’un petit rat pris au piège. Madame Politique n’est pas mieux lotie, vous me direz. Existe-t-elle encore ? J’en doute fort.

 

Je les entends, tous les curés laïques et toutes les grandes consciences républicaines et démocratiques, dressés « contre le Front National » : « Il ne faut pas entonner le refrain du "tous pourris". Ça fait le lit de tous les populismes » (ah, ce pluriel à "populisme" !). Eh bien moi, je dis que, s’il est vrai que les individus qui composent le « personnel politique » ne sont pas tous corrompus, ils sont arrivés à leur poste grâce à un système de sélection des élites politiques qui est corrompu jusqu’au trognon.

 

Le personnel politique est (peut-être) individuellement honnête, mais pourri collectivement. C'est le système en soi qui est malhonnête. Et c'est parce que le système est malhonnête qu'il est tout à fait légitime de crier : « TOUS POURRIS ! ».

 

Regardez le tableau de la vie dite politique en France, depuis … depuis … depuis … non, je renonce à dater : encéphalogramme plat ou presque. Enfin, moi, je n’appelle pas ça « faire de la politique ». Non, qu’on appelle ça « soigner sa carrière », je veux bien, mais « politique », non monsieur. « Je fais carrière dans la politique », ça sonne tout de suite plus vrai. Et « carrière politique », c’est aussi un oxymore : une contradiction dans les termes.

 

On commence par conseiller municipal, on continue maire, on poursuit conseiller général ou régional, puis président du conseil général ou régional, pour atterrir un jour, couronnement des ambitions, sur les bancs de l’Assemblée Nationale ou du Sénat. Certains voient plus loin, mais c’est donné à quelques rares auxquels, s’ils sont passés par Sciences-Po Paris, HEC et l’ENA (la promotion se porte très près du "Voltaire" en ce moment), les plus grands espoirs sont permis. Sans oublier que les fils ont tendance à s'installer sur le siège tout chaud laissé par les pères.

 

Résultat de ce parcours ? On voit toujours les mêmes bonshommes. Le casting ne varie pas d’un iota d’une élection à l’autre. Quand il entre en maison de retraite, le Français aura vu les mêmes trombines depuis qu’il est né, ou presque. Et le plus fort, c’est qu’on trouve ça tout naturel.

 

Les journalistes s’extasient, comme un chœur d’imbéciles : « Député depuis quarante ans de la même circonscription, c’est extraordinaire ! Comment faites-vous ? ». Mais non, bande de crétins congénitaux : non seulement ce n’est pas naturel, mais ce n’est pas NORMAL. C’est même de ça qu’elle est morte, la vie politique en France : la durée des carrières politiques.

 

Même chose quand ils s’adressent à Gérard Collomb : « Maire de Lyon ! Président de la Communauté Urbaine ! Sénateur du Rhône ! C’est extraordinaire ! Comment faites-vous ? ». Au passage, allez comprendre pourquoi aucun de ces fieffés imbéciles n’abrège Communauté Urbaine de Lyon en C. U. L., on se demande pourquoi. Au total, avec ses trois fonctions, une rémunération plus que confortable. C'est aussi de ça que la politique est morte : la surface politique occupée indûment par Gérard Collomb (et il n'est pas le seul).

 

Il faut savoir qu’avant d’occuper ces places officielles et électives (j’oubliais maire du 9ème arrondissement, mais c’était avant), il avait assez nagé dans toutes les eaux du PS, même les plus usées (Pierre Mauroy, si je me souviens bien), pour se voir confier je ne sais plus quelle fondation. Ah ça, on pourra dire qu’il les a gravis, les échelons de la « carrière ». En a-t-il assez sué pour arriver là où il est (merdelion) ! C’est sûr qu’ « il en a voulu ». Moi qui l’ai connu à la fac (si, si), je peux témoigner qu’il « en voulait » déjà. Passons.

 

Le problème de la politique en France, vous voulez que je vous dise, il est là et pas ailleurs. Et c’est un problème de temps et d’espace. Plus exactement de durée et de surface. Et pour résoudre, un seul moyen : réduire, comprimer, restreindre, limiter, circonscrire, borner. Empêcher la tache d’huile de se répandre dans l’espace et dans le temps. Empêcher qu’un citoyen ait la possibilité de « faire carrière » dans la politique.

 

Réduire la durée. Réduire la surface. Si Hollande existe, comme il persiste à vouloir nous en persuader, s’il veut entrer dans le club très fermé des « grands présidents », il fera une seule, mais une grande, une immense chose : briser les reins à toute « carrière politique ». Autrement dit : casser la durée et l’espace ouverts aux citoyens avides de pouvoir, d’honneur et de ..., non rien.

 

Comment casser toute carrière politique ? En réduisant la durée d’un parcours politique à deux mandats, mettons dix ans. On n’arrivera pas à me convaincre que s’occuper des affaires d’une collectivité (locale, territoriale ou nationale) puisse constituer l’objectif de toute une vie.

 

Non, « politique », ce n’est ni une profession, ni un métier.

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

vendredi, 11 janvier 2013

"REPUBLIQUE IRREPROCHABLE", VOUS DITES ?

Pensée du jour :

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SIOUX OGLALA, par EDWARD S. CURTIS

 

« Les enfants n'avaient autrefois que des souvenirs mérovingiens ».

 

ALEXANDRE VIALATTE

 

 

« République irréprochable », vous dites ? « Moi, président de la République, je n’aurai pas la prétention de nommer les présidents des chaînes de télévision publiques, je laisserai ça à des instances indépendantes ». J’ai bien entendu ? Vous vous souvenez, j’espère. Alors là je dis bravo tant que vous voulez. C’est sûr, j’applaudis le candidat qui a le courage de proclamer la pureté de ses intentions. En rupture avec les manières du président sortant.

 

 

Oui, j’applaudis à deux mains (j’ai essayé avec une seule, mais ça marche moins bien) cette déclaration du candidat FRANÇOIS HOLLANDE, face à un NICOLAS SARKOZY légèrement surpris, voire tétanisé. Malheureusement, la pureté des intentions s’est cassé le nez sur la sordidité de la réalité. Et je l’entends, le refrain de la réalité :

 

« Parole, parole, parole, parole, parole,

Encore des paroles que tu sèmes au vent ».

 

Tout le monde connaît ces mots que DALIDA réplique à ALAIN DELON en train de lui jouer la grande scène du « retour de flamme ».

 

 

Le chef de bureau qui nous gouverne, quittant les mots et la propagande pour affronter la réalité, voici ce qu'il dit : « Moi, président de la République, je nomme mon pote OLIVIER SCHRAMECK président du CSA ». OLIVIER SCHRAMECK ? Mais si, rappelez-vous, le grand copain de LIONEL JOSPIN, son directeur de cabinet (1988-1991) quand il est ministre de l’éducation, son directeur de cabinet (1997-2002) quand il est premier ministre. Un grand serviteur de l’Etat, donc, OLIVIER SCHRAMECK.

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Cela méritait bien un sucre d’orge : « Qu’est-ce que tu dirais du CSA ? – Ben, à la rigueur et faute de mieux, tope là ». Je n’étais pas dans le bureau où s’est prise la décision, mais ça doit ressembler à ça. Et HOLLANDE a dû ajouter : « Les gens diront ce qu’ils voudront, faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais ». Comme dit le philosophe HENRI BERGSON : « Pour se faire une idée de la vérité, il faut se référer non aux mots qu’une personne prononce, mais à ses actes ». Qui ne serait pas d’accord ? La « République irréprochable » attendra, elle a déjà été tellement patiente.

 

 

Bon, on dira, pour être gentil : « Pour cette fois, ça va, circulez, mais n’y revenez pas. – Promis, papa ». Malheureusement, ce genre d’embrouilles (et d’arrangements avec ses propres serments prêtés la main sur le coeur) notre président élu semble en avoir rapidement fait un mode de vie ordinaire. Il le fait voler en escadrille, l'arrangement. FRANÇOIS HOLLANDE a dû pratiquer le tir en rafales, visiblement, il s’y connaît.

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IL VOUS FAIT RIRE, VOUS ?

Secrétaire général de la présidence ? PIERRE-RENÉ LEMAS, ex-préfet. Directrice de cabinet du président HOLLANDE ? SYLVIE HUBAC, ex-conseillère d’Etat. Recteur de l’énorme académie de Versailles ? PIERRE-YVES DUWOYE, ex-directeur de cabinet de VINCENT PEILLON. Préfet de la très convoitée Région Aquitaine ? MICHEL DELPUECH, ex-préfet de la Région Picardie. Attendez la fin, ce n’est pas fini.

 

 

Ambassadeur en Afghanistan ? STANISLAS LEFEBVRE DE LABOULAYE. Administrateur provisoire de Sciences-Po ? JEAN GAEREMYNCK, conseiller d’Etat. Directeur de la Caisse des Dépôts et Consignations ? JEAN-PIERRE JOUYET (tiens, tiens, il a pas fricoté avec SARKOZY, celui-là ?). Chargé de remettre un rapport sur l’Epargne ? PIERRE DUQUESNE. Directeur de Veolia Transdev, n°1 européen des transports ? JEAN-MARC JANAILLAC. Plus que deux à caser : où va-t-il les mettre ?

 

 

Nous trouvons CLAUDE REVEL, qui a mené carrière « dans le conseil » (l’appellation est drôle, mais ça mène à tout à condition d’en sortir), chargée de rédiger un obscur rapport sur les efforts internationaux de la France pour se positionner « en matière de normes » (texto). Et la DRH du groupe La Poste, alors, alliez-vous me demander ? Voilà une question qu’elle est bonne. SYLVIE FRANÇOIS, elle s’appelle.

 

 

Alors vous allez dire : « Tout ça ne nous dit pas l’heure. Pourquoi cette énumération, blogueur compulsif ? S’il y a un lien entre tous ces gens, quel est-il ? ». Votre intuition a percé le mur de la devinette que j’avais concoctée. OUI, IL Y A UN LIEN. Il suffit de se souvenir par quelles écoles notre président hélas élu (rassurez-vous, je dirais le même hélas si ç’avait été l’autre). Sciences-Po ? HEC ? Vous n’y êtes pas. 

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PROMOTION "VOLTAIRE" DE L'ENA (1980)

HOLLANDE DOIT SE DIRE : "PUTAIN ! ENCORE TOUT CE MONDE A CASER !"

(mais je ne vois pas la planche d'appui pour le tir aux pipes, dommage)

Ceux qui ont dit « ENA » ont gagné (mon estime). Oui, tous ces gens sont des camarades de FRANÇOIS HOLLANDE au sein de la « Promotion Voltaire ». Et c’est GILLES MARCHANDON, autre ancien de la dite promotion, qui, dans l’association des anciens, s’occupe du service « carrières ». Retenez bien ce prénom et ce nom : monsieur PROMOTION VOLTAIRE est le meilleur ami de FRANÇOIS HOLLANDE. Qui le lui rend bien. Avec les intérêts.

 

 

Je remercie un « hebdomadaire satirique paraissant le mercredi », sans les informations duquel la population française se verrait interdire le moindre accès aux cuisines de la cantine où on les fait manger, et à la cabine de pilotage de l’avion où on les a embarqués.

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QU'EST DEVENU LE SLOGAN IMMORTEL :

"LA LIBERTÉ DE LA PRESSE NE S'USE QUE SI L'ON NE S'EN SERT PAS" ?

(mais c'est vrai, qui se souvient des piles Wonder, qui ne s'usent que si l'on s'en sert ?)

Si vous tapez : « Moi président de la République », vous tombez sur un Youtube de 3’22 qui montre le candidat étalant la pureté de ses intentions. Je n’insère pas la séquence ici même, parce que je ne voudrais pas souiller ce blog, ni la pureté de ses intentions, dont je suis sûr que personne ne doute. Moi, président de cette République ? Vous rigolez ? La main sur le coeur, je le proclame : « NON MERCI ! ». Remarquez, je suis à l'abri : personne encore ne m'a demandé de me porter candidat.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.