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samedi, 24 février 2024

SALON DE L'AGRICULTURE

C'EST LA F.N.S.E.A. QUI GOUVERNE

J'entends ce matin que le président Macron a prévu de monter sur le ring lors de sa visite au salon de l'agriculture pour débattre avec ... disons ... "les agriculteurs". Il avait prévu d'inviter quelques associations écologistes pour garantir le pluralisme de la vision qu'il veut offrir aux Français de l'action qu'il entend mener en matière agricole.

Mais quand le président de la F.N.S.E.A. lui a dit que si l'association écologiste "Les Soulèvements de la Terre" (les "écoterroristes" de M. Gérald Darmanin) participait aux échanges, lui-même boycotterait l'invitation présidentielle. Apprenant cela, Macron a obtempéré à la commination venue de la puissante centrale syndicale.

Breaking news : aux dernières nouvelles, la position d'Arnaud Rousseau, le dit président de la dite F.N.S.E.A., s'est radicalisée, peut-être sous la poussée de la "base", au point que le "Grand Débat" à la mode Macron (un de plus, dira-t-on) a été remis à des jours meilleurs. Certains se gaussent de ce président qui, en cette occasion, s'est pris un râteau.

Bon, quoi qu'il en soit, le message de ce petit pas-de-deux mal chorégraphié est clair : "On ne veut pas des écolos, qui sont les ennemis de la vraie agriculture française. On ne veut pas de leur obsession anti-pesticide et de leurs rêves d'espaces ruraux à nouveau peuplés d'authentiques paysans exploitant des surfaces modérées."

Les désirs des industriels de l'agro-alimentaire sont des ordres pour le président et pour le gouvernement chargé de mettre en œuvre sa "politique" (si tant est qu'il en a une). Et les derniers remous à la tête de l'Etat (Gabriel Attal, Bruno Le Maire, voir les titres ci-dessous) montrent de quel côté de la balance — Economie contre Ecologie — penchent avec force les faveurs des autorités politiques du pays. Voilà, fermez le ban. 

Dans les pages "Economie & entreprise"  du journal Le Monde daté 22 février 2023, on lit la confirmation de l'inféodation de nos gouvernants aux diktats du lobby agro-industriel. Je trouve d'ailleurs que placer ce titre et cet article dans les pages Economie & entreprise résonne comme un aveu un peu honteux de la façon purement quantitative dont il convient de considérer la question agricole (titre seulement remaquetté pour les besoins de ma mise en page). 

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Alors sachant cela, quelques voix peuvent bien s'élever pieusement (dans les pages débats du même numéro du même journal) contre l'opposition binaire censée résumer le conflit entre les exigences de l'économie et celles de l'écologie. Sans vouloir jouer les rabat-joie, on peut dire que c'est pas gagné, tant l'antagonisme rend les adversaires irréconciliables.

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D'autres voix croiront sans doute accomplir un  devoir sacré en lançant le vibrant et sempiternel plaidoyer pour une désormais mirifique "transition écologique" du mode de production de l'agriculture française. Là encore, je veux pas doucher les enthousiasmes, mais à voir la façon dont évoluent les rapports de forces, on est à peu près fixé sur le résultat des courses. 

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D'ailleurs, le gouvernement, soudé comme jamais autour du premier ministre et du président de la république, fait tout ce qu'il peut pour répondre aux attentes du "monde agricole" (comprenez : "déférer aux ultimatums de la  F.N.S.E.A.") avant la tenue du salon de l'agriculture, comme le note un titre du journal Le Progrès du 23 février 2023. 

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Moralité 1 : les écologistes savent sur quel mur ils vont se casser le nez. Moralité 2 : Ils connaissent par cœur la physionomie de l'ennemi à abattre. Moralité 3 : Le pouvoir de nuisance des industriels de l'agriculture est intact. 

vendredi, 26 janvier 2024

LE PLUS GRAND PLAN SOCIAL ...

... L'AGRICULTURE.

« Ce qui se passe en ce moment avec l’agriculture en France, c’est un énorme plan social, le plus gros plan social à l’œuvre à l’heure actuelle, mais c’est un plan social secret. » 

Michel Houellebecq, Sérotonine, Flammarion, 2019. 

Voilà pour les données de base du problème : un vulgaire plan social comme tous les autres plans sociaux, avec cette différence que, jamais annoncé officiellement par quelque responsable que ce soit (politique, syndical et que sais-je ?), il se sera étalé sur des dizaines d'années.

Soit dit par parenthèse, on peut quand même s'étonner que pendant que la France se désindustrialisait massivement en vendant ses principaux moyens à la Chine (et à quelques autres pays misérables à l'époque : salaires tendant vers zéro, profits tendant vers l'infini, sans compter les "transferts de technologies"), elle entreprenait de faire entrer toute son agriculture dans une ère modernissime et archi-industrielle. Les responsables de ce choix envisageaient sans peur l'extermination sociale de toute une classe d'individus jugés passéistes et rétrogrades pour un péché mortel que j'appellerai : « les pieds dans la glèbe ». Et pourquoi pas des "paysans aux mains soignées, propres et manucurées", devait-on se dire en haut lieu?

Partant de là, on peut déjà parler d'un plan massif de licenciement dans les entreprises agricoles, fermes familiales, petites exploitations et petits paysans. Compression drastique de personnel. Il n'a jamais été question d'autre chose que de faire de la production de l'alimentation humaine une entreprise industrielle compétitive sur le marché mondial.

Pour cela, un marxiste pointerait un processus de concentration des moyens de production. En clair et en français : calquer l'entreprise agricole française sur son modèle américain, qui est fait de gigantisme entrepreneurial, d'appel massif aux investisseurs gourmands (banques, fonds de pensions, etc.), de mécanisation à outrance et d'usage abondant des ressources procurées par l'industrie agrochimique.

Toute autre considération lancée par Macron, Fesneau, voire Darmanin, et même Arnaud Rousseau en direction des agriculteurs en colère peut être qualifiée de pipeau, fumée,  mensonge, fadaise, calembredaine, faribole et foutaise. Arnaud Rousseau ? Mais si, vous savez bien, c'est lui qui a succédé à Christiane Lambert à la tête de la F.N.S.E.A. 

F.N.S.E.A. ? Quèzaco ? C'est un « syndicat » qui regroupe les agriculteurs, paraît-il. C'est même LE syndicat (c'est pas vrai, mais que pèsent les "Jeunes Agriculteurs", la "Confédération Paysanne" et autres ?). Officiellement, il se charge de défendre les intérêts des dits agriculteurs, et de tous les agriculteurs, petits ou grands. En réalité, le projet des gros pontes de la F.N.S.E.A. (ceux qui tiennent fermement la vérité du pouvoir dans le syndicat) est de faire de l'agriculture française dans son ensemble une entreprise industrielle performante. Ah ? Tiens donc !!! J'ai déjà entendu ça quelque part (voir plus haut). Pourquoi voudriez-vous que la F.N.S.E.A. échappe à la logique du capitalisme le plus débridé ? 

J'entends justement à l'instant à l'antenne de France Culture (26 janvier 2024 à 7h. 08-09) une agricultrice dénoncer l'action pernicieuse du syndicat, qui, selon elle, « fait semblant de défendre les paysans ». Ben oui, on a compris ; la F.N.S.E.A. n'aura atteint son but que lorsque toute l'agriculture française ressemblera à une énorme et immense machine à produire de la bouffe. La terre comme une usine, quoi.

Ainsi s'accomplira le vœu d'Edgar Pisani, autrefois ministre de l'agriculture qui était rentré de sa visite aux U.S.A. ébloui et fasciné par la façon dont les Américains traitaient la terre, et qui avait mis en œuvre une grande politique de remembrement (cf. "concentration"), de destruction de centaines de kilomètres de haies, d'investissement-endettement (avec la complicité du Crédit Agricole), de machinisme, de productivisme. Dans une telle vision du monde, on est prié de considérer la terre, y compris agricole, comme un énorme et quasi inépuisable gisement de richesses sonnantes et trébuchantes.

Cela n'a aucun rapport, évidemment, mais je pense à la relation du Hamas avec le peuple palestinien : le groupe terrorisant brandit le chiffre de 25.000 morts dans la bande de Gaza. Mais ce bilan faisait exactement partie du plan des chefs du Hamas quand ils ont lancé leur pogrom sur les kibboutzim aux abords du territoire, puisqu'ils peuvent à présent se présenter comme des victimes du bourreau israélien. Pour atteindre l'objectif (détruire Israël), tous les moyens sont bons, y compris le meurtre par ennemi interposé d'un quota jugé satisfaisant de morts civils, enfants, femmes et vieillards offerts en sacrifice à la "cause" soi-disant palestinienne. 

Eh bien pour les paysans français, c'est la même chose, la mort en moins (quoique) : 2.500.000 en 1955, 496.000 en 2020. Qu'est-ce que s'est-il passé ? L'évolution est inexorable, la concentration est en marche, la petite exploitation est appelée à se fondre et à être mangée par une entreprise plus grosse qu'elle et par ses machines. Pour la F.N.S.E.A., cette fonte des effectifs (appelons ça des licenciements massifs) fait précisément partie du plan d'ensemble. Pour atteindre l'objectif, tous les moyens son bons. On peut appeler ça un processus historique. On peut aussi appeler ça une extermination sociale d'une classe.

Inscrivez cela dans le grand tableau européen fait de tracasseries diverses, de contrôles tatillons, de normes pesantes et de "rationalisation" des productions agricoles, et vous aurez une petite idée des raisons de la colère qui a jeté les tracteurs en travers de nos autoroutes.

Maintenant demandez-vous, face à l'inéluctable, ce que peuvent faire les responsables politiques français. C'est facile à deviner : pérorer, gesticuler, aller faire un tour à la campagne et sortir le carnet de chèque. Quant à agir sur les causes et à arrêter le processus, c'est tintin, fantoche, marionnettes et compagnie. 

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Là, on est bien sûr dans la Rubrique-à-Brac de Marcel Gotlib (Intégrale Dargaud, 2002, RàB taume 3, p.261, "Deux poids, deux mesures").

 

vendredi, 17 novembre 2023

UNE BELLE BROCHETTE

BRAVO L'ARTISTE !!!

Il signe KIRO,
il dessine dans Le Canard enchaîné,

c'est formidable.
Le génial Cabu, virtuose du trait, faisait autre chose.

Mâtin, quel trombinoscope !!! aurait dit RENÉ GOSCINNY, directeur du défunt et regretté Pilote, qui s'y connaissait en talents de graphistes, puisque c'est lui qui avait recruté les grands et irremplaçables JEAN MULATIER (qui a fait le n°1 de la revue Mormoil qui en eut 7, comme tous les éphémères de l'époque : Tousse-Bourin, Surprise, Le Canard sauvage, Le Cri qui tue, etc.) et PATRICE RICORD, créateurs de la série des « Grandes Gueules», dont beaucoup de fabuleuses et inoubliables.
JEAN-CLAUDE MORCHOISNE leur a bientôt emboîté le pas. Grands hommes sortis de notre Grande Ecole Française du Dessin-Charge. L'Ecole du Grand Art. Dans l'ordre : Mulatier, Ricord, Morchoisne. Admirez le travail !

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Et longue vie à KIRO, digne porteur du flambeau !

1 LE TROMBINO.jpg

Comme j'ai prévu un peu trop radin pour l'identification, les amateurs reconnaîtront, de gauche à droite et de haut en bas : Bernard "Tumcherchesmec ?" Laporte, Gérard "MiamMiam" Larcher, Jean-Luc "Jevousdismerde !" Mélenchon, Christophe "Tenfaispasjassure" Castaner, Gérald "Fidiantresabrezlacanaille" Darmanin, Olivier "Ravidlacrèche" Dussopt, Xi "SaSuffisance" Jin Ping, Ilham "Cestmoilmeilleur" Aliyev (Azerbaïdjan) et Ramzan "Salafisteüberalles" Kadyrov (Tchétchénie).

***

Oui, Cabu faisait autre chose. Lui, c'était le trait, magique, magnifique, rapide, souverain. C'était le croquis sur le vif, l'instantané, le geste.

KIRO et les grands portraitistes que j'évoque aujourd'hui, c'est davantage gravure, burin, taille-douce, eau-forte, et jusqu'à la peinture. Allez, on se fait plaisir avec son Monsieur Xi.

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vendredi, 23 juin 2023

DARMANIN, SOULÈVEMENTS, BLACK BLOCKS

Petit additif au billet paru hier ici même.

Il va de soi que la dissolution des Soulèvements de la terre n'a aucun sens, étant donné que ce "mouvement" n'a aucune structure, si ce n'est celle de la juxtaposition purement horizontale de groupements et d'individus infiniment divers, voire dépareillés, et dont la seule et unique motivation pour figurer sous l'étiquette qui vient d'être "dissoute" par Darmanin est de se préoccuper d'une infinité de manières différentes de l'avenir de la planète et de l'humanité.

A ce propos, un petit mot sur les Black Blocks (certains disent LE Black Block, pourquoi pas). Il me semble évident de constater que l'action de ces anonymes (peut-être pas anonymes pour tout le monde, après tout) s'est mise objectivement au service de la politique gouvernementale, et qu'ils offrent à Darmanin, Borne, Macron et consort une AUBAINE pour rayer d'un trait de plume — autrement dit sur le papier — et faire disparaître de leur paysage mental tout ce qui apparaît comme une intolérable opposition à la politique "équilibrée", "juste" et "constructive" qu'ils entendent mettre en œuvre. 

C'est pourquoi il importe de considérer les Black Blocks — quoi qu'ils puissent en dire !!!— comme des ennemis du combat environnemental (et pas seulement), un gang de saboteurs d'une grande cause, une clique de casseurs de perspectives, une mafia de bousilleurs d'espoir, bref : comme une forme de banditisme au service des puissants de ce monde, auxquels ils offrent sur un plateau l'occasion rêvée de persister dans le déni des menaces qui pèsent sur notre avenir. A cause de ces malfaiteurs, c'est sur le profond mouvement de fond d'une société, voire d'une civilisation, que retombe l'entier du discrédit.

***

Note : je ne m'attarde pas sur la question piégée de la "violence" : je fais la différence entre la clé à molette utilisée pour déboulonner je ne sais quelles installations contestées (mettons Sainte-Soline) et la barre de fer ou la boule de pétanque, dont on ne sait pas trop a priori ce qu'elles viennent faire dans une manifestation de protestation résolument pacifique.

jeudi, 22 juin 2023

LES SOULÈVEMENTS DE LA TERRE

Ainsi, notre valeureux ministre de l'Intérieur, monsieur Gérald Darmanin, a fini par le débusquer, le redoutable ennemi public de notre bien-aimée République Française. Les têtes pensantes de ce groupuscule de dangereux activistes s'appellent par exemple Philippe Descola, obscur et détestable anthropologue à la bibliographie universitaire longue comme le bras.

On trouve aussi, parmi ces individus louches qui menacent la paix de nos foyers tout en s'apprêtant sans aucun doute à « égorger nos fils et nos compagnes », des gens aussi peu recommandables que le nommé François Jarrige, qui se dit historien pour avoir co-écrit La Contamination du monde - Une histoire des pollutions à l'âge industriel (Seuil, 2017), redoutable brûlot anti-progressiste.

On trouve enfin et surtout toute une nébuleuse de groupes, organisations et autres rassemblements qui osent s'élever contre l'audacieuse et intrépide volonté d'inaction climatique du président français, de sa première ministre et de son gouvernement.

Quoi qu'il en soit, il n'en menait pas large, notre ministre de l'Intérieur, quand il s'est aventuré, pour annoncer leur dissolution immédiate, dans la tanière où ont coutume de se rassembler les comploteurs avant de s'abattre en rangs serrés, comme un nuage de criquets pèlerins, sur les fertiles champs de nos généreux agriculteurs — je veux parler de ces patrons des industries agro-alimentaires réunis au sein de la F.N.S.E.A., vivier où bouillonnent les innombrables innovations qui permettront - n'en doutons pas un seul instant, voyons ! - à tous les Français de se nourrir au moindre coût et dans le respect absolu des normes environnementales en vigueur.

 

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dimanche, 21 mai 2023

POUR UNE COÏNCIDENCE ....... !!!

Ci-dessous un titre d'article tiré du journal Le Progrès (pages 2 et 3, 19 mai 2023), puis un autre tiré du journal Le Monde (en "une", 20 mai 2023). Drôles d'endroits pour une rencontre, non ?

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On dirait que ces deux-là s'entendent comme larrons en foire. Mais attention, les cocos : en saturant les espaces médiatiques, vous prenez le risque de soûler les Français. Accessoirement, on serait presque tenté d'ajouter une syllabe "-id-" après la première de "...prés-ence" pour débusquer peut-être des arrière-pensées. Mais bon, on ne va pas se mettre à chercher des poux sur les pouilleux (mais non, voyons ! Pas ceux que vous croyez ! Je veux évidemment parler des journalistes qui ont trouvé ces titres !).

samedi, 15 avril 2023

L'OBSCÈNE CYNISME DE MACRON ...

... ET L'INFERNAL CULOT D'ÉLISABETH BORNE.

Ci-dessous l'image exacte de ce que pensent le Président Emmanuel Macron, sa première Ministre Elisabeth Borne et quelques autres membres du gouvernement quand ils déclarent qu'ils « entendent les plaintes des Français », qu'ils « sont à l'écoute », que leur « porte est ouverte », qu'ils veulent « renouer le dialogue social », qu'ils veulent « remettre le pays sur le chemin de la concorde » et autres misérables fadaises qui sont autant de foutages de gueule.

Par exemple, faut-il une explication de texte pour dire aux gens comment comprendre cette phrase de la mère Borne : « Il n'y a ni vainqueurs, ni vaincus », au moment où le gouvernement, ayant déjà pris la pose, la botte sur le cadavre encore chaud des syndicats, s'apprête à sabrer le champagne à l'abri des regards ? 

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Photo de Stéphane Mahé (agence Reuters) parue dans Le Monde daté 15 avril : au fond, l'entrée du ConsCons (repaire des 9 singes — oh pardon : sages — du Conseil Constitutionnel).

On ne dira jamais assez que ce genre de ConsCons livrera aux Français la même mascarade impudique en guise de surveillance scrupuleuse des textes constitutionnels, aussi longtemps que ses membres seront issus pour l'essentiel des milieux politicards dont ils font ici semblant de contrôler le travail. Ecoutez pour vous en convaincre Dominique Rousseau, authentique constitutionnaliste, lui, ou alors lisez le livre de Lauréline Fontaine La Constitution maltraitée  (Editions Amsterdam, 2023).

***

Note : Dans Le Canard enchaîné du 12 avril 2023 — article d'Hervé Martin en page 3 —, on apprend que chacun des membres du ConsCons gagne 15.000 euros nets par mois, à la suite de diverses acrobaties, embrouilles et entorses (que j'engage le lecteur à découvrir en lisant le Palmipède si ce n'est déjà fait) où tout un monde de complicités diverses se ligue pour empêcher le sort ordinaire des gens ordinaires de s'abattre sur d'aussi augustes personnages. 

jeudi, 06 avril 2023

BONJOUR ! C'EST NON !

BONJOUR ! C'EST NON !

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Dessin de Lefred-Thouron paru dans Le Canard enchaîné du 5 avril 2023.

BONJOUR ! C'EST NON !

Voilà, en un jus concentré et percutant, un excellent résumé synthétique et compendieux de la méthode appliquée par le clan bornéo-darmaniaco-dussopto-matraquo-macroniste dès qu'il s'est agi dans leur bouche de "NÉGOCIER", de "DISCUTER" et de "SE CONCERTER" avec les travailleurs de France représentés par quelques-unes de leurs principales figures syndicales.

BONJOUR ! C'EST NON !

Voilà comment ce gouvernement — qui s'écorche la bouche avec sa rengaine de "VOLONTÉ DE DIALOGUE" et qui ne cesse de boni-mentir avec une effarante effronterie à longueur de discours — envisage de se "METTRE À L'ÉCOUTE DES FRANÇAIS".

BONJOUR ! C'EST NON !

Voilà un dessin à montrer à tous les "braves" citoyens qui se précipitent pour être tirés au sort lorsqu'est annoncé un "GRAND DÉBAT CITOYEN", que ce soit sur le climat (je pouffe) ou, dernièrement, sur la fin de vie (là, ce n'est pas que je me gausse, mais la manœuvre de diversion est tellement évidente !).

BONJOUR ! C'EST NON !

Voilà donc l'affiche que les dirigeants et militants syndicaux devraient s'imprimer dans le crâne : il ne sert à rien d'essayer de montrer sa "bonne volonté" en acceptant de répondre aux "invitations" sous les ors des palais de la République, fussent-elles premier-ministérielles, voire présidentielles, puisque c'est pour se voir opposer d'inflexibles refus de toute remise en question.

Les décisions sont prises, circulez !!!

 

jeudi, 30 mars 2023

FRANCE : DÉMOCRATIE EN PAPIER

CONSEIL CONSTITUTIONNEL ?

C'EST QUOI, CETTE CHOSE ?

Intro. : La démocratie française va bien. Il faut que cela soit dit. A l'élection présidentielle, Emmanuel Macron s'est normalement qualifié pour le deuxième tour, ayant obtenu environ 1,5 million de voix de plus que Marine Le Pen, arrivée deuxième et pareillement qualifiée. C'est le premier qui a été élu. Il n'y a rien à dire, rien à redire, rien à reprocher : son élection est incontestable.

Après un an d'exercice du pouvoir, Emmanuel Macron tenait à ce que soit votée au Parlement une loi portant réforme des retraites et repoussant en particulier à 64 ans l'âge légal de départ. C'est chose faite, et de façon tout à fait légale, il faut que cela soit dit. Le processus s'est déroulé de façon incontestable. 

Conclusion : 1 - Que M. Macron ait été finalement élu par un peu plus de 18 millions de voix (sur 48 millions d'électeurs inscrits) n'enlève strictement rien à la légalité de son élection. 2 - Que la réforme des retraites soit passée à coups d'astuces légales, de "trucs" réglementaires ou de ruses parfaitement constitutionnelles (49.3, 47.1, 44.3 et autres) ne change rien à l'affaire : la loi a été adoptée. Il n'y a rien à dire, à redire ou a reprocher. Tout ce qui est écrit et entériné selon les règles de la République a été respecté. C'est qu'on ne plaisante pas avec les formes écrites de la République.

Que le peuple français dans sa grande majorité, le peuple de chair, d'os et de sang ait exprimé sa réprobation (sondages, manifestations, etc.), cela ne compte pas, et même, cela n'a aucune existence, puisque cela n'est régi par aucun texte officiel et aucune loi républicaine. 

Corollaire : sur le papier, toutes les formes ont été respectées. J'ai bien dit : sur le papier. La démocratie française est devenue une démocratie de papier. Une démocratie de pure forme : de même qu'il suffit d'un électeur inscrit sur cinq (un peu plus de 20%) pour valider la présidence Macron. En filigrane et en creux, toutes les déclarations d'Elisabeth Borne et d'Olivier Dussopt, impavides devant micros et caméras, sont une confirmation de cette évolution : la démocratie française va bien, à condition que l'on ne considère que la lettre, que les formes, que les textes, que le PAPIER.

Si l'on en reste à cet aspect des choses, Macron a parfaitement raison. Mais s'il dit respecter la lettre à la lettre, curieusement, jamais l'ancien élève du philosophe Paul Ricœur n'invoque l' "esprit des lois", et jamais les bonshommes dont le papier adopté va modifier les conditions d'existence en profondeur. Conclusion : Emmanuel Macron est un président en papier. Et à ses yeux, les Français sont des figures en papier, ils n'ont pas plus d'existence que des personnages de dessin animé.

Même chose pour le présent recours incantatoire aux délibérations, à la réflexion et aux décisions du CONSEIL CONSTITUTIONNEL.

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On nous dit, on nous serine, on nous bassine, que dis-je : on nous méga-bassine avec la loi de réforme des retraites, jamais votée par les députés, mais qui entrera très légitimement en vigueur à la rentrée si rien ne s'y oppose sur le plan légal. C'est pourquoi tout le monde — Elisabeth Borne, Emmanuel Macron, Olivier Dussopt, Gérald Darmanin (lui, c'est au nom de la matraque, du gaz lacrymogène, de la grenade de désencerclement et du célèbre L.B.D.), Philippe Martinez, Laurent Berger et tutti quanti — attend fiévreusement la délibération et la décision du Conseil Constitutionnel de valider ou non la loi en tout ou en partie.

Mais c'est quoi, cette sorte de Haute Autorité qui veille à la conformité des textes de loi à la Constitution ? On a l'impression que cette instance est doté d'une sorte d'infaillibilité. Or, si l'on regarde de près la façon dont elle est constituée (je veux dire : dont les membres sont nommés), et le C.V. de chacun de ses neuf membres, on est amené à se poser des questions. Entendons-nous : l'image complaisamment véhiculée par les médias, les journalistes et les institutions elles-mêmes est celle d'une instance complètement indépendante, autonome, voire totalement neutre. Ben moi, je dis : MON ŒIL !!!

D'abord parce que les dignes personnalités qui composent le Conseil Constitutionnel sont nommées soit par le Président de la République, soit par le Président de l'Assemblée Nationale, soit par le Président du Sénat. Si l'on voulait faire douter avant tout examen de la neutralité de ce "Conseil", on ne s'y serait pas pris autrement : que des autorités politiques pour décider de qui siégera autour de la table des "gardiens de la Constitution", est-ce bien sérieux ?.

Ensuite parce que, parmi les membres actuels, on ne compte déjà pas moins de cinq politiciens, figures plus ou moins célèbres et à la carrière plus ou moins fulgurante : Jacques Mézard, François Pillet, Alain Juppé (photo : n° 2, 3 et 5 au deuxième rang), Jacqueline Gourault (la grosse dame sur la photo) et bien sûr le trop connu Laurent Fabius. Corinne Luquiens n'est pas une politicienne à proprement parler, mais elle connaît les dessus, les dessous, les dedans et les arrière-boutiques de la vie politique française, puisqu'elle navigue dans l'Administration de l'Assemblée Nationale depuis 1975, dont elle a grimpé tous les échelons jusqu'à en devenir la cheftaine.

Allons vite : les trois derniers — Michel Pinault, François Seners, Véronique Malbec — sont des hauts fonctionnaires, dont les carrières, on s'en doute, sont fortement tributaires de ceux qui exercent le pouvoir au sein des Administrations où ils sont nommés. Comme l'écrit Henri Laborit quelque part dans Eloge de la fuite : ceux qui atteignent le sommet d'une hiérarchie sont presque forcément ceux qui ont donné tous les gages possibles pour légitimer cette hiérarchie. Ce qui jette un drôle de jour sur cette "Autorité" soi-disant "indépendante".

Une observation globale : pas un seul vrai spécialiste de "Droit Constitutionnel" pur et dur, genre Guy Carcassonne ou Dominique Rousseau. Cela me fait exactement penser à la façon dont est composée l'instance chargée de contrôler l'action de policiers, dont tous les membres ont à voir de près ou de loin avec les corps de la police, et dont l'indépendance peut à bon droit être contestée quand il est question de violences policières.

Grosso modo, le Conseil Constitutionnel comme l'I.G.P.N. fonctionnent en vase clos. Si j'étais tendancieux, j'irais peut-être jusqu'à comparer à la façon dont fonctionne une mafia : on reste entre soi, et malheur à qui se met en travers. Mais à Dieu ne plaise, loin de moi l'idée de suggérer de telles hypothèses, je reste calme et objectif, vous pensez bien, et je n'insiste pas.

Faisons donc confiance à l'I.G.P.N. pour examiner en toute objectivité les plaintes déposées contre les policiers pour "violence avec arme par personne détentrice d'une autorité". Sur le papier, soyons sûrs qu'il n'y aura rien à dire, à redire, à reprocher. Nul doute aussi que le Conseil Constitutionnel avalisera pour l'essentiel la loi sur les retraites. 

Macron s'accroche au papier qui l'a nommé Président : Macron est un président en papier. La démocratie française s'accroche aux papiers qui l'affirment en tant que démocratie. La démocratie française sera sauvée.

SUR LE PAPIER.

dimanche, 17 juillet 2022

CHEZ LES COUPEURS DE TÊTES

… Faut vous dire, Monsieur
Que chez ces gens-là
On n'pense pas, Monsieur
On n'pense pas
On prie

Gérald Darmanin a bénéficié d'un non-lieu. Tant mieux pour lui. Ce n'est pas le cas d'Eric Coquerel, dont une meute de louves en chasse réclame la tête, à cause de son attitude générale envers les femmes et, paraît-il, sa sale manie de pratiquer une "drague lourdingue". Pour lui, ce n'est pas encore gagné : une "enquête préliminaire" a été ouverte à son encontre.

Faut vous dire, Monsieur
Que chez ces gens-là
On n'vit pas, Monsieur
On n'vit pas
On triche

C'est encore pire pour Caroline Cayeux, ministre dans le gouvernement Macron. Mais elle, son cas est hors-limite, elle a dépassé les bornes : elle a attaqué de front la "communauté" homosexuelle en affirmant que le mariage offert par François Hollande aux homosexuels allait contre la nature, puis en aggravant sa situation en parlant des homosexuels en disant "ces gens-là". L'expression a heurté un autre ministre qui, lui, avait fait son "coming out" sans que Caroline Cayeux ait été mise au courant. La grosse gaffe, quoi !

… Faut vous dire, Monsieur
Que chez ces gens-là
On n'cause pas, Monsieur
On n'cause pas
On compte

Il fut un temps où l'on faisait tomber les têtes pour moins que ça. Bien entendu, il n'en fallait pas plus pour que la "communauté" tout entière, avec le renfort de Jack Lang, se lève et réclame celle de la ministre. Son crime ? Homophobie. Tout ça parce qu'elle pense, cette attardée, qu'il existe une sexualité humaine normale, et qu'en dehors, il n'y a que des sexualités déviantes, contre-nature, à commencer par celle qui consiste à pratiquer avec des êtres de même sexe.

Parce que chez ces gens-là, Monsieur
On n's'en va pas
On s'en va pas, Monsieur
On s'en va pas

Notez qu'elle n'exige pas que l'on revienne au temps où l'on enfermait les invertis, ni qu'on s'inspire de certains pays musulmans où ceux-ci sont mis à mort. Mais le pire n'est peut-être pas qu'elle le pense, mais que, étant à un poste de responsabilité, elle ait osé le dire. Alors ça, ça ne se fait pas, Monsieur. 

Ce que je retiens de ces affaires, c'est que ça va devenir de plus en plus difficile de former des gouvernements. Il faudra des gens irréprochables, qui cochent toutes les cases de l'irréprochabilité dans tous les domaines de l'existence. Rien que ça, c'est entièrement nouveau. De véritables petits saints dûment estampillés, des ascètes de haut niveau, des athlètes de la morale, des champions de la nouvelle normalité régnante, des cracks impitoyables en matière de propreté. Des gens qui n'ont jamais commis aucune sortie de route politique, aucune infraction médiatique, aucun délit d'opinion (si, si, ça existe), aucun crime de mauvaise pensée qui risque de déplaire à toutes les sortes de chiens de garde et de fauteurs de haine qui rôdent autour de nous, à l'affût du moindre dérapage à l'égard des — prenez votre élan — L.G.B.T.Q.I.A.+ (non, ne me demandez pas). 

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Lu dans Le Progrès du 16 juillet 2022 : l'expression vise trois membres du gouvernement. Nous vivons quand même une époque formidable.

Moi, je trouve qu'il n'y a pas que la chaleur et la pollution qui rendent l'air irrespirable.

lundi, 15 février 2021

ISLAM : UN PRÉSIDENT OPTIMISTE

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Emmanuel Macron, président de la République, en compagnie de Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, affûte ses arguments avant que sa "loi sur le séparatisme" soit présentée devant l'Assemblée Nationale, dont il espère qu'elle permettra de décapiter l'islamisme radical sur le territoire français. Autrement dit de séparer une bonne fois pour toutes la tête du Mal du corps du Souverain Bien.

mercredi, 10 février 2021

COVID : LE VARIANT DARMANIN

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Le Ministre de l'Intérieur et de la Santé Publique, Gérald Darmanin, fait savoir au préfet Xi Jin Ping — qui l'écoute, on s'en doute, au garde-à-vous —, avec fermeté mais aussi toute la courtoisie en usage dans la Haute Administration, sa façon de penser suite à l'évasion de la redoutable bande des Coronavirus et de son abominable chef Sars-Cov-2, dangereux terroristes qui étaient pourtant sous très haute surveillance dans la forteresse de Wu Han.

Il a ajouté, après avoir raccroché : « Allez les rattraper, maintenant qu'ils se sont égaillés dans la nature !!! ». Personnellement, je ne donne pas cher de la peau du préfet Xi Jin Ping, comme l'a laissé entendre l'équipe d'inspecteurs de la police de l'OMS, qui a mené sur place, en toute liberté, une enquête systématique, approfondie et déterminante au sein même de la citadelle et des musées de Wu Han. La suite des événements a d'ailleurs confirmé les pires des craintes de Monsieur Gérald Darmanin : maintenant que la bande est disséminée aux quatre coins du monde pour mieux brouiller les pistes, elle montre tous les jours à quel degré s'élève son potentiel de destruction.

mercredi, 02 décembre 2020

ANNE SYLVESTRE ET VIOLENCES POLICIÈRES

Anne Sylvestre (Beugras de son vrai nom, ça ne s'invente pas, et ça explique le pseudo : dans la Bible, il me semble qu'on sait ce qui arrive au bœuf gras au retour du fils prodigue, non ? – Oui, je sais, ce n'est pas « léger comme du duvet ») est morte, paraît-il. Ben oui, et alors ? Pourquoi en faire une affaire ? Je vais vous dire : j'ai rarement entendu une voix (je parle exclusivement du timbre et de mon oreille à moi) respirant à ce point-là la bêtise. Dans mon entourage immédiat, pas toujours très charitable, j'ai entendu souvent "niaise", "gnan-gnan" et toute cette sorte de choses. C'est subjectif et assumé comme tel.  Je ne parle pas du reste.

Je préfère écouter les propos éminemment sensés et pondérés que quelques connaisseurs ont échangés à propos de la police française : Anthony Caillé, syndicaliste CGT ; Valentin Gendrot, journaliste infiltré dans un commissariat du 19ème arrondissement de Paris, auteur de Flic (éditions Goutte d'or). Cela se passait mardi 1er décembre dans l'émission Les Matins (cliquer) de Guillaume Erner sur France Culture (39 minutes).

Le troisième invité serait plutôt un intrus : Alain Bauer est criminologue à ce qu'on dit, mais il était (est toujours ?) copain comme cochon de Stéphane Fouks (pub et com') et Manuel Valls, tous anciens poulains préférés de Michel Rocard. Bauer, par-dessus le marché, fut un temps Grand Maître du Grand Orient de France et, à l'époque de Sarkozy, était arrivé à se voir offrir sur un plateau, taillée sur mesure, une chaire universitaire de professeur de criminologie, au grand scandale de quelques-uns, plus légitimes. Oui, tout ça est vrai, mais il se trouve que ce matin-là il a dit des choses plutôt de bon sens.

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Bauer, Rocard, Valls, Fouks.

Au total, j'ai trouvé en Caillé, Gendrot, et même Bauer, non des militants défendant mordicus une cause à coups de langue de bois d'un côté, de propagande de l'autre et d'omerta d'un troisième, mais des gens plutôt raisonnables, et surtout très informés.  Et ça, ça fait du bien, parce que ça vous redresse la comprenette. Oui, il y a des cinglés de la matraque, de la baffe et du coup de poing dans les rangs de la police. Oui, la hiérarchie tend à couvrir les abus, ou à la rigueur ferme les yeux (une anecdote dans le livre de Gendrot : une commissaire ouvre la porte d'une pièce où un gardé à vue est en train d'en prendre plein la figure : « Holà, je repasserai »). Oui, le temps de formation est très insuffisant. Non, les policiers de base n'ont pas "peur" des images.

Une bonne émission.

Bien mieux qu'une petite chanteuse qu'on essaie aujourd'hui de faire passer pour une grande.

lundi, 30 novembre 2020

ARTICLE 24 ? ...

... OU TOUTE LA LOI SÉCURITÉ GLOBALE ?

Ajouté le 29 novembre (voir ici au 27/11), après les manifestations de Paris et d'ailleurs contre la "Loi Sécurité Globale", qui ont "dégénéré" selon les télés et les radios : qu'ils s'appellent "black blocks", "antifas" ou autre, c'est un ramassis de connards ou de bandits qui ne font que fusiller l'esprit de la manifestation. Ce faisant, ils se permettent d'amnistier, pour la plus grande satisfaction de la haute hiérarchie policière et du gouvernement, les quatre flics qui ont tabassé Michel Zecler et obscurcissent la question des violences policières.

****

Là où les manifestants peuvent espérer, c'est que la tempête soulevée par le cassage de gueule en règle de Michel Zecler visionné sur internet par des millions de gens a donné un coup à l'estomac de tout le gouvernement. Macron, Darmanin et leurs équipes sont en train de phosphorer pour voir de quelle manière ils pourraient reculer sans reculer vraiment, je veux dire donner l'impression de faire une concession, mais sans sacrifier l'essentiel de leurs mauvaises intentions.

Ce qui me réjouit cependant, c'est d'imaginer la tête de Darmanin quand il a appris la bavure policière, en train de fulminer, de pester, de pousser de vrais gros jurons et de se promettre qu'il aura la peau des trois ou quatre imbéciles qui scient au pire moment la branche sur laquelle lui et sa loi sont assis.

Faut-il donc supprimer l'article 24 ? Ou bien est-ce toute la loi qui doit passer à la trappe ? Gageons que le ministre est en train d'essayer de sauver tout ce qui peut être sauvé. Il y aura toujours des gens pour être soulagés par une demi-mesure : « Ouf, c'est moins pire qu'on pouvait le craindre ». Si Darmanin parvient à sauver son texte, la police, gangrenée par un état d'esprit tout droit venu de l'extrême-droite (avec tout ce que ça comporte comme sous-entendus racistes et violents), se sentira la bride sur le cou.

Je dis "gangrenée" sur la foi de la vidéo prise d'un balcon et qui a saisi l'action des renforts arrivés devant le studio de Michel Zecler. Je n'ai pas vu un seul agent tenter de modérer l'ardeur de ses collègues, bien au contraire, et ce, jusqu'à ce qu'on entende l'appel "caméra ! caméra ! ", qui a soudainement calmé tous ces hommes vêtus d'un uniforme pris en flagrant délit de violence gratuite. On a dans ces images la preuve que l'état d'esprit dont je parle est largement partagé.

L'opinion publique prendra peut-être conscience que le problème le plus grave n'est pas une manifestation légitime, que vient bousiller une bande de casseurs irresponsables, puis réprimée dans les gaz lacrymogènes, les canons à eau et les grenades de désencerclement. Il est dans les critères de recrutement des policiers, mais aussi et surtout dans la durée et le contenu de la formation qui leur est inculquée.

Comment en finir avec la culture de la violence quotidienne au sein des corps policiers ? Il faudrait aussi en finir avec le réflexe corporatiste qui pousse la hiérarchie policière à couvrir certains abus de leurs subordonnés et des flics de base, au mépris de toute justification légale. C'est à ces questions que vous devez maintenant répondre, monsieur Darmanin.

***

Ajouté 1 décembre : Note 1 : ça y est, le troupeau des moutons macronistes (je parle des députés de la majorité) s'apprête à se déjuger magistralement : à l'aimable "invitation" de leur intraitable berger, ils vont réécrire l'article 24. Avec pour consigne subsidiaire de rendre celui-ci absolument irréprochable et de sauver une fois pour toutes le reste du texte. Ouf, l'honneur est sauf. Quant aux députés, ils se consoleront en répétant le vieux dicton : « Faire et défaire, c'est toujours travailler ».

Note 2 : Darmanin parle de "révoquer" les trois "brebis galeuses" qui se sont rendues coupables de "violences illégitimes". Valentin Gendrot, auteur de Flic (éd. La Goutte d'or), le dit ce matin sur France Culture : « Dans le commissariat du 19ème, sur trente-six policiers, il y en a cinq ou six qui sont résolument racistes. Et ce sont eux qui font régner l'omerta » (cité en substance). Je me dis que si le gouvernement révoque toutes les "brebis galeuses" (± 18%), ça va faire de sacrés trous dans les effectifs.

vendredi, 27 novembre 2020

VERS LE RÉGIME AUTORITAIRE

1 - Y a-t-il des violences policières ?

La réponse est OUI.

2 - Y a-t-il des violences à l'encontre des policiers (et autres cibles) ?

La réponse est OUI.

Le pékin moyen que je suis commence par se dire : « Tout ça, c'est violence contre violence. Entre les deux, qu'est-ce que je deviens, moi ? ». Car il est aussi injustifiable pour un policier (chargé, paraît-il, de "protéger" la population) de crever des yeux à coups de LBD et d'arracher des mains à coups de grenades de désencerclement que, pour un "révolté", de lancer sur le policier pavés ou cocktails Molotov, voire, plus prosaïquement, de casser des vitrines et de se livrer à des razzias sur les ordinateurs, les sapes ou les Iphones.

Ce qui est certain, c'est qu'on ne peut renvoyer dos à dos les deux violences sous prétexte de leur apparente symétrie. Il n'y a pas de symétrie, l'une des deux violences est largement soutenue par la loi, l'autre est illégale, même si, en réalité, les "black blocks" et autres "casseurs de flics" et de vitrines se font les complices objectifs, les serviteurs de la politique du pouvoir. S'ils ne sont pas là pour disqualifier le peuple (je veux dire payés pour ça comme agents provocateurs), un gouvernement tenté par l'autoritarisme voit dans leur action une magnifique aubaine. Les casseurs justifient l'usage de la violence par les policiers lors des manifestations. Ils sont un alibi pour le pouvoir.

L'essentiel n’est donc pas là. Il suffit de visionner l'infernal tabassage de Michel Zecler, un producteur de musique (rap), par trois policiers déchaînés, pour se rendre compte que les violences policières ne se réduisent pas aux abus commis pendant des manifestations, à cause des "black blocks" ou pas, mais qu'elles imprègnent de façon assez large l'état d'esprit des corps policiers (voir, dans Flic, de Valentin Gendrot, le comportement sidérant du brigadier surnommé « Bison » qui, certains soirs, veut à tout prix « se payer » un « bâtard » = casser la gueule à un basané), les collègues étant soumis à une pesante omerta. Quelque chose de plus profond dysfonctionne gravement dans la police nationale française.

Car partout en Europe, on assiste à une pacification relative des rapports entre la population et les forces de l'ordre. Dans ce paysage qui a plutôt tendance à s'apaiser, la France se distingue par leur utilisation disproportionnée et parfois féroce par les gens au pouvoir : M. Lallement, préfet aux ordres, Gérald Darmanin, incontestable intégriste de l'usage du bâton, sans oublier le chef de Darmanin, Emmanuel Macron, qui semble avoir fait de l'ordre à tout prix un point cardinal de sa politique.

A Londres, une manifestation est "encadrée" par au moins quatre-vingts ou cent policiers. Guère plus en Allemagne (sauf exception). A Paris, il en faut toujours plusieurs milliers, le plus souvent habillés en Robocops parés et armés pour la bataille. L'Anglais, l'Allemand se disent : les Français sont bien dangereux. On les comprend. Le citoyen français ordinaire, quant à lui, l'individu lambda, monsieur tout-le-monde assistent parfois, vaguement incrédules, par voie de médias trop complaisants au spectaculaire et goulus d'audiences gonflées à bloc, à de véritables scènes de guérilla urbaine. Alors, comme beaucoup de téléspectateurs ahuris d'Europe et d'outre-Atlantique, je pose la question :  que se passe-t-il en France ?

J'ai tendance à répondre que c'est depuis le passage de Nicolas Sarkozy au ministère de l'Intérieur que les rapports entre police et population ont commencé à se brutaliser. Certes, on pourrait remonter à la loi Peyrefitte ("Sécurité et Liberté", 1980), aux idées soutenues par Charles Pasqua en son temps (« terroriser les terroristes ») et autres moments intéressants. Mais pour en rester aux vingt dernières années, je tiens Sarkozy pour un véritable malfaiteur. Avec lui, a fait irruption en France la conception américaine de l'ordre public : on ne rigole pas, on fonce (Sarko : « Pendant la course, je fonce, dans la dernière ligne droite, j'accélère », cité de mémoire).

Les méfaits ont commencé avec la suppression brutale de la "police de proximité", pour la raison que celle-ci avait été mise en place par le gouvernement de Lionel Jospin, et sous le prétexte fallacieux que les policiers ne sont pas payés pour jouer au football avec les jeunes des banlieues défavorisées, alors même que son efficacité en matière d'apaisement des tensions sociales, en particulier dans les "quartiers" était prouvée et reconnue.

Tout ce qu'il a trouvé à mettre à la place de cette sage invention du socialiste, c'est la malédiction de la "politique du chiffre", qui subordonnait la rémunération des responsables policiers au nombre des affaires découvertes, puis résolues. On voit ce que ça donne dans Flic de Valentin Gendrot (éd. La Goutte d'Or), où "Le Major", le supérieur de l'auteur, part plus souvent à la chasse aux "sauvettes" qu'aux vrais malfaisants. Cette politique pervertit les objectifs de l'action policière et a des effets ravageurs.

Non content de détruire une structure intelligente, il s'est attaqué à une autre, plus discutable et trouble, mais très utile : les Renseignements Généraux, qu'il a dissous en même temps que le contre-espionnage (DST) dans un gros gloubiboulga nommé DGSI. Or les RG, en dehors de leur côté louche, avaient le mérite de se mouvoir à même le "terrain" et de nager jusque dans les eaux troubles, faisant remonter toutes les informations capables de donner aux hauts responsables de la nation une idée des odeurs, des sons, de l'atmosphère qui se respirait au ras du bitume : source irremplaçable de véritable "renseignement". Hop ! Balayés, les RG ! Une belle cause de "déconnexion" entre le très haut et le très bas de l'échelle.

Sarkozy ministre de l'Intérieur, puis Premier ministre, puis Président de la République a continué sur sa lancée, obéissant à cette loi souveraine quoique non écrite : "un fait divers => une loi". Inutile d'insister sur le fait que la notion même de loi s'en est trouvée démonétisée. Sans tomber dans le même travers, Hollande a mis ses pieds dans les mêmes pantoufles. Il n'a pas fait prendre une autre direction au système policier : il a tout laissé en place et parfois ajouté quelques ingrédients aux recettes de son prédécesseur. Peut-être ai-je oublié quelques entourloupes dues à ce sous-chef de bureau fanatique de la "synthèse politique", de l'indécision et du consensus mou.

Emmanuel Macron, lui, a innové : ses députés disciplinés ont voté sans sourciller l'insertion dans le droit commun de plusieurs des mesures d'exception contenues dans l'état d'urgence (transfert de diverses compétences judiciaire vers les autorités administratives). Il s'apprête sans doute à récidiver avec l'état d'urgence sanitaire. La loi sur la Sécurité globale, que le Parlement – docile au point d'être servile, voire inexistant – est en train de voter, fait un pas de plus dans la direction de la Sécurité à tout crin. Avec Gérald Darmanin aux manettes de la place Bauveau, on peut s'attendre à ce que ne soit pas sous Macron que les rapports entre la police et la population vont se détendre.

Là où je veux en venir, c'est au fait que ce problème remonte, disons à deux décennies, et que, au fil du temps, les mesures s'ajoutant aux mesures, ces rapports police / population n'ont fait que s'aggraver dans le sens d'une brutalité toujours plus affichée (cf. réactions à la loi El Khomri, où les syndicats ont scandaleusement accepté de tourner en rond autour du bassin de l'Arsenal, entre Seine et Bastille). 

Mais à mon avis, cette brutalisation des rapports est la face la plus visible d'une autre brutalisation : qu'il s'appelle Sarkozy, Hollande ou Macron, chaque président a eu à cœur de laisser son nom attaché à quelque grande réforme de la France. Le point commun de la plupart de ces réformes est que leurs promoteurs ont finalement été obligés de les faire passer en force. Les unes parce qu'elles scindaient gravement la population française en deux moitiés opposées, les autres parce qu'elles ne réunissaient pas en leur faveur assez de composantes politiques.

Parmi celles que Sarkozy était fier de mettre en place, je me souviens de la RGPP (non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite). Il voulait sabrer dans les effectifs des fonctionnaires, ces paresseux, ces inutiles. L'autre réforme voulue par le gnome à talonnettes qui se prend pour Superman est celle de la "carte judiciaire". J'ai encore en mémoire les marches du palais de Justice de Lyon couvertes des robes noires ou rouges des magistrats (des magistrats !) en colère comme jamais on n'avait vu. Les seules réformes voulues par Hollande que je citerai ici sont celles du mariage homosexuel et celle du Code du Travail : on sait qu'elles ne sont pas passées facilement, c'est le moins qu'on puisse dire. Quant à Macron, on sait de quels accidents est jalonné son mandat, et quel sort a été réservé à certaines de ses "réformes" (retraites, etc.).

Ce que je veux dire en faisant ces rapprochements, c'est que la brutalité presque systématique et croissante de la police dans ses missions de maintien de l'ordre ressemble fort à la brutalité devenue assez coutumière aux plus hautes autorités de l'Etat dans la façon dont ils font passer des lois impopulaires. On se rappelle l'usage addictif que les différents gouvernements de Hollande ont fait de l'article 49-3 (adoption sans vote, s'il n'y a pas de motion de censure). Dans le même esprit, on se demande pour quelle raison impérieuse tant de lois ces dernières années ont été examinées en "procédure accélérée" (un seul aller-retour entre les deux Chambres).

Sarkozy, lui, ne s'embarrassait guère d'entrechats : "droit au but" était sa méthode et son credo. Quant à Macron, il n'a rien à craindre de la chambre des députés où, malgré quelques défections sporadiques, il dispose encore d'une solide majorité obéissante et prompte à se contenter d'enregistrer les textes directement ou indirectement inspirés des desideratas exprimés par le chef de l'Etat (cf. la loi "Sécurité Globale", qui serait déjà promulguée s'il n'y avait pas eu des protestations venues de divers bords et, dernièrement, le tabassage de "Michel", qui a suscité des cris unanimes).

Le point commun de ces trois présidents si dissemblables en apparences : le passage en force. Les élites politiques, quand elles sont au pouvoir, subissent la tentation de la force, et tendent de plus en plus à y succomber. Et certains se demandent gravement à quelles causes attribuer le discrédit dans lequel se trouvent les politiques. Quant aux Français, ils vivent insouciants, dans un pays où les libertés se restreignent de jour en jour. 

L'autre point commun, c'est la relation que chacun des trois entretient avec la notion de concertation. Où sont-ils, ces bons pays où les dirigeants, avant de prendre des décisions cruciales ou de faire voter des lois concernant l'avenir de tout le pays, sont prêts à consacrer deux ou trois ans jusqu'à ce que se dégage un véritable consensus national ? Je n'ai guère de souvenir d'une quelconque concertation avec les forces sociales du temps de Sarkozy. Je peux me tromper.

Peut-être Hollande admettait-il davantage de demander leur avis aux différentes composantes de la société, mais il ne me semble pas que cet avis ait modifié autrement qu'à la marge les textes finalement adoptés. En revanche, ce dont je suis certain, c'est qu'on peut sacrer Emmanuel Macron roi du bluff, avec son "Grand Débat National", puis sa "Convention Nationale pour le Climat". Cet homme est un homme de mot, de discours, de verbe, et même de verbiage. Cet homme sait incontestablement parler, malheureusement, il ignore les choses. Et plus grave, il ignore les hommes qui en suent, les travailleurs, les "premiers de corvée" : il préfère l'air des altitudes.

Ce que j'observe donc, au terme de ces quelques remarques superficielles, c'est que l'existence politique des citoyens français est de plus en plus niée – et de façon de plus en plus brutale : voir gilets jaune, migrants et autres – entre deux périodes électorales, et que les corps policiers sont de plus en plus utilisés comme masses de manœuvre pour réprimer dans l'œuf tout ce qui regimbe. C'est que l'idée de répression est devenue un guide pour les dirigeants, qui ont aussi vite fait de dégainer le prétexte de « trouble à l'ordre public », que les flics celui d' « outrage et rébellion ». C'est que la soi-disant concertation n'est qu'un leurre qui ne satisfait que les acquis à la cause.

C'est que la société française entre de plus en plus dans un régime autoritaire : il faudrait faire le décompte exact des mesures qui ont été prises depuis vingt ans et qui convergent toutes vers le durcissement des relations entre les gouvernements en place et la population française. L'évolution des mœurs de la police se calque sur l'attitude de nos dirigeants depuis vingt ans, toujours plus sourds et aveugles aux appels de la société souffrante. Gouverner sans le peuple, voire contre le peuple est devenu un Nord sur la boussole des dirigeants successifs. Il ne faut donc pas s'étonner de voir se multiplier et s'aggraver les violences policières.

Et c'est que, par voie de conséquence, il ne reste plus qu'un petit nombre de pas à franchir pour arriver à un régime authentiquement policier : ce n'est pas un hasard si la loi "Sécurité Globale" a été rédigée, entre autres, par Jean-Michel Fauvergue, ancien patron du RAID devenu député "La République en Marche" (un sacré indice !). Cette loi est là pour préparer tous les esprits. Certains, à l'extrême droite, tout en faisant profil bas, se lèchent déjà les babines et affûtent leurs griffes en prévision de 2022 (suivez mon regard).

Des avocats comme Patrice Spinosi ou Arié Halimi, infiniment plus compétents que moi en matière de droit, ça va de soi, tentent de sonner le tocsin : « Alerte !!! Les libertés sont en danger !!! ». Qui les écoute ? Qui les entend ? Ah les Français veulent de la Sécurité (il paraît, c'est les sondages qui le disent) ? On va leur en donner ! De toute façon, la Liberté, c'est pour quoi faire, se disent-ils ? « Liberté, Liberté chérie », c'est fini.

Il va être temps de commencer à avoir peur.

Voilà ce que je dis, moi.

***

Note : Si le titre de ce billet n'est pas suivi d'un point d'interrogation, il n'y a ni erreur, ni oubli. C'est tout à fait intentionnel.

vendredi, 17 juillet 2020

EN HAINE DES HOMMES

A quoi joue Emmanuel Macron ? A quels calculs tortueux s'est-il livré en laissant son nouveau premier ministre faire d'Eric Dupond-Moretti et Gérald Darmanin des ministres dotés de portefeuilles honorifiques (à moins qu'il les lui ait imposés) ? Lui seul le sait, et après tout peu importe : ce n'est pas cette question qui m'intéresse ici. C'est la réaction de certaines "associations" qui me fait réagir. 

Ce que je sais de l'avocat célèbre et redouté (surnommé "acquittator") me fait penser, à tort ou à raison, à un autre monstre sacré, mais cette fois du monde théâtral et cinématographique : Gérard Depardieu. Ce n'est pas si faux, puisque le nouveau ministre s'est donné en spectacle sur les planches ("A la Barre", au théâtre de la Madeleine à Paris).

Quoi qu'il en soit, je me contenterai de dire, devant l'incontestable et remarquable talent de la personne, comme devant notre Gégé national  : « Chapeau bas ». En revanche, le petit Darmanin, avec sa gueule de premier de la classe content de soi et toujours très propre sur lui, suscite en moi une antipathie aussi spontanée que vaine. Soyons net : ses joues appellent la gifle. Mais passons.

Ce qui importe, c'est que la nomination de ces deux figures (je veux ignorer le Pitre Bachelot) a fait des vagues dans les escadrilles féministes (du "collectif Nous-Toutes" à "Osez le féminisme" en passant par Tamanrasset), qui n'ont pas tardé à couvrir les canaux médiatiques d'un tapis de bombes verbales. Si j'ai bien compris, ces hallebardières venimeuses reprochent au premier des propos "sexistes", et au second une suspicion de viol. 

Le sexisme, comme le racisme, est assez universellement partagé. Je voudrais bien savoir qui, parmi les noirs qui hurlent à la discrimination (affaire Adama Traoré), n'est pas au moins un peu raciste : je pense en particulier à ceux qui essaient de donner corps au concept fumeux de "privilège blanc". En matière de sexisme, qui n'a jamais – homme ou femme – prononcé au cours d'une conversation (salon, terrasse ou comptoir) l'expression "les femmes" (les gonzesses, quand on est entre hommes) ou "les hommes" (les mecs) ?

Ce genre de généralisation est en soi une signature de la tendance spontanée à résumer la différence des sexes à partir de la somme des expériences individuelles que chacun a de la chose. Je dirai qu'Eric Dupond-Moretti est à cet égard "comme tout le monde", et que les gens qui s'érigent en flics de l'expression d'autrui sont plus à redouter que lui.

Si l'on pousse au bout la logique de ces insatiables "justiciers" auto-proclamés, on débouchera dans une société dont le journaliste ahuri mais puissant Laurent Joffrin rêvait un jour tout haut sur une antenne : où les hommes auront cessé de désirer les femmes !

Qu'une femme puisse considérer comme "harcèlement" ou "agression" les hommages sonores ou même verbaux qu'un homme lui fait en tout bien tout honneur lorsqu'elle passe dans la rue, ça me dépasse : voilà une incompréhensible énormité qui montre à quel point de régression notre société en est arrivée, servilement influencée par l'Amérique protestante (une apparence de vertu inflexible, mais seulement en façade). 

Mais là où les féministes dépassent les bornes de l'acceptable, c'est quand elles appellent à lâcher les chiens sur Gérald Darmanin, en pensant probablement à Artémis, qui avait fait dévorer Actéon par ses propres chiens après l'avoir transformé en cerf (il avait eu le tort de la contempler dans le plus simple appareil).

On aura compris que je ne porte pas le monsieur dans mon cœur, mais ce déchaînement de meute à la curée à l'encontre de quelqu'un dont le procès n'a pas eu lieu (entre dépôt de plainte, non-lieu et classement sans suite, si je ne me trompe) m'apparaît comme une manifestation du fanatisme sectaire le plus odieux. Je vois là deux rangées de furies criant "à mort", entre lesquelles on a condamné (sans jugement) l'accusé à passer pour se faire déchiqueter : la version française du "lynchage".

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Je ne commente pas.

Photo Hans Lucas via AFP.

Je vois là la pure expression de la haine de quelques femmes pour le genre masculin tout entier.

Voilà ce que je dis, moi.