vendredi, 23 juin 2023
DARMANIN, SOULÈVEMENTS, BLACK BLOCKS
Petit additif au billet paru hier ici même.
Il va de soi que la dissolution des Soulèvements de la terre n'a aucun sens, étant donné que ce "mouvement" n'a aucune structure, si ce n'est celle de la juxtaposition purement horizontale de groupements et d'individus infiniment divers, voire dépareillés, et dont la seule et unique motivation pour figurer sous l'étiquette qui vient d'être "dissoute" par Darmanin est de se préoccuper d'une infinité de manières différentes de l'avenir de la planète et de l'humanité.
A ce propos, un petit mot sur les Black Blocks (certains disent LE Black Block, pourquoi pas). Il me semble évident de constater que l'action de ces anonymes (peut-être pas anonymes pour tout le monde, après tout) s'est mise objectivement au service de la politique gouvernementale, et qu'ils offrent à Darmanin, Borne, Macron et consort une AUBAINE pour rayer d'un trait de plume — autrement dit sur le papier — et faire disparaître de leur paysage mental tout ce qui apparaît comme une intolérable opposition à la politique "équilibrée", "juste" et "constructive" qu'ils entendent mettre en œuvre.
C'est pourquoi il importe de considérer les Black Blocks — quoi qu'ils puissent en dire !!!— comme des ennemis du combat environnemental (et pas seulement), un gang de saboteurs d'une grande cause, une clique de casseurs de perspectives, une mafia de bousilleurs d'espoir, bref : comme une forme de banditisme au service des puissants de ce monde, auxquels ils offrent sur un plateau l'occasion rêvée de persister dans le déni des menaces qui pèsent sur notre avenir. A cause de ces malfaiteurs, c'est sur le profond mouvement de fond d'une société, voire d'une civilisation, que retombe l'entier du discrédit.
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Note : je ne m'attarde pas sur la question piégée de la "violence" : je fais la différence entre la clé à molette utilisée pour déboulonner je ne sais quelles installations contestées (mettons Sainte-Soline) et la barre de fer ou la boule de pétanque, dont on ne sait pas trop a priori ce qu'elles viennent faire dans une manifestation de protestation résolument pacifique.
09:02 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écologie, les soulèvements de la terre, politique, société, france, emmanuel macron, gérald darmanin, élisabeth borne, sainte soline, dissolution, violence, black blocks, casseurs
samedi, 13 juin 2020
MAINTENANT J'AI PEUR DE LA POLICE
Post-post-scriptum (13 juin, voir mes billets des 10 et 11) :
Aujourd’hui, je peux dire que la police française me fait peur. Jusqu’à maintenant, je me disais, avec raison à ce que je croyais, que le pouvoir utilisait la police française comme une masse de manœuvre contre les éruptions volcaniques qui secouent le peuple quand il n’en peut plus ou que la marmite se met à bouillir, et qu’ayant usé et abusé de cette masse de manœuvre (mobilisations policières monstres, heures supplémentaires à l'infini et non payées, ...), il avait tellement poussé à bout les policiers qu'ils avaient manifesté sur les Champs-Elysées toutes sirènes hurlantes et gyrophares allumés.
Maintenant, ça a changé. Petit rappel des épisodes.
1 – Dans la foulée de la mort épouvantable de George Floyd à Minneapolis, une manif à Paris profite du rapport d’expertise qui innocente la gendarmerie de la mort d’Adama Traoré en 2016 pour rassembler 23.000 personnes (comptage policier) qui protestent contre, disent-elles, l’iniquité.
2 – Dans la foulée des manifestations qui se répandent dans le monde pour dénoncer le racisme institutionnel de la police américaine, on apprend, en France, que 8.000 policiers se retrouvent sur « facebook » pour échanger des propos très souvent racistes, sexistes et homophobes.
3 – Les manifestations françaises se mettent alors à dénoncer aussi bien le « délit de faciès » et les discriminations qui orientent les interpellations des policiers que la méthode d’immobilisation au sol des individus "récalcitrants" (conseil : faites attention au risque de "délit d'outrage et rébellion").
4 – Le sociologue Sébastian Roché (De la Police en démocratie, Grasset) rappelle sur les ondes de France Culture les innombrables études qui établissent la réalité d’innombrables faits de discrimination : « On a maintenant depuis plus de dix ans un grand nombre d'enquêtes sur la manière dont la police travaille, sur les contrôles d'identité et sur le traitement des personnes pendant les contrôles et les sanctions à l'issue des contrôles. On a observé les comportements policiers avec une méthodologie très précise. (…) Et aujourd’hui, on a un énorme corpus de données qu'on n'avait pas il y a dix ans. Et toutes ces études montrent une chose simple : dans toutes les villes où on a fait les enquêtes, la police en France a des comportements discriminatoires. ». La question que je me pose : ont-ils des ordres de leurs chefs ? A priori, je réponds : probable ("politique du chiffre" oblige).
5 – Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, en concédant aux manifestants que s’il y a « suspicion » de racisme de la part de la police, cela mérite sanction. Cette petite concession suscite aussitôt les hurlements de colère du corps policier tout entier qui clame que « son » ministre le lâche et lui retire sa confiance. Castaner a commis le "crime" d'infraction à la sacro-sainte "omerta" qui lie tous les membres de la "famille" dont il est le "parrain". Ce refus violent de toute remise en question d'une composante majeure de la république par cette composante même est tout simplement scandaleux.
6 – Politisation du problème : j’entends à quelques rares reprises dans les médias que pas loin de 50% des policiers (Mélenchon prétend 75%) votent très habituellement Front National (maintenant Rassemblement National) aux élections présidentielle, législatives et municipales. Dans le même temps, Christian Jacob (Les Républicains) et Marine Le Pen (je ne parle pas du préfet Lallement) prennent publiquement la défense de la police en affirmant haut et fort que non, « la police n’est pas raciste » (ce qui est vrai si l'on s'en tient au statut du corps constitué, mais pas forcément si l'on fait une enquête sociologique sur l'orientation politique majoritaire des personnels).
7 – Pendant que le ministre de l'Intérieur bat sa coulpe, se convertit à la reptation ventrale et opère un savant "repli sur des positions préparées à l'avance" en espérant colmater les brèches, Marine Le Pen se démène comme un beau diable pour draguer les faveurs des policiers en allant sur le terrain visiter un commissariat et faire quelques selfies en compagnie de quelques uniformes.
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Voilà les données du problème telles que j’ai cru pouvoir les rassembler en me fiant aux informations reçues. Les conclusions que j’en tire ne sont pas rassurantes du tout. Car je me permets de faire le lien avec l’éternisation sur le territoire français de la notion d’ « état d’urgence » : d’une part directement avec la déclaration et la prolongation de l’ « état d’urgence sanitaire » pendant des mois ; d’autre part indirectement il y a déjà quelque temps, lorsque Macron a obtenu de ses députés-godillots que soient insérées dans le droit commun certaines des mesures d’urgence que Hollande avait prises après les attentats terroristes de 2015. Or, qui dit "état d'urgence" dit restriction des libertés publiques telles que définies par la Constitution. Le pire, c'est que cet état de choses semble n'inquiéter que très peu de Français.
Tout ça mis bout à bout, je trouve que la situation devient fort inquiétante. Je n’oublie pas que Marine Le Pen figurait au 2ème tour de la dernière présidentielle, qu’elle aspire au pouvoir et que, peut-être, elle y accédera un jour. Je poursuis le scénario : supposons Marine Le Pen présidente de la République française. Elle dispose d’une police dont environ la moitié lui est politiquement acquise. Vous vous rendez compte ? Une tête de pont de l’extrême-droite en plein cœur des institutions de la république ? Une garde prétorienne composée de gens sur-armés, entraînés et dévoués ? C'est alors qu'on pourrait s'attendre au pire.
Conclusion : pour moi, les problèmes liés à l’exercice de la fonction de policier ont cessé d’être purement institutionnels, administratifs ou même moraux. Le problème est principalement politique. Les problèmes de racisme, de sexisme et d'homophobie en sont de simples corollaires : s'il y a du racisme dans la police, c'est seulement parce qu'il y a une proportion peut-être majoritaire de la police qui flirte avec l'extrême-droite. Cette seule idée me terrifie.
D'autant que je note par ailleurs une certaine convergence entre les décisions prises par le gouvernement et la majorité du président Macron (mesures d'état d'urgence maintenues dans le droit commun) et l’envie de pouvoir qui tenaille l’état-major du Rassemblement national de Marine Le Pen. Comme si l'actuel président préparait benoîtement la venue de la seconde.
Oui, vous allez peut-être me dire que j'ai tort de me monter ainsi la tête, mais je le dis : aujourd’hui, je suis résolument républicain, mais j’ai peur de la police.
Voilà ce que je dis, moi.
PS ajouté le 15 juin : j'apprends incidemment, comme au détour d'une phrase, que l'équivalent britannique de notre IGPN est composée exclusivement de membres non policiers. Macron pourrait s'en inspirer.
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jeudi, 11 juin 2020
POLICE : 8.000 BREBIS GALEUSES ?
Post-scriptum à mon billet d’hier (11 juin) : Il fallait s’y attendre : les déclarations très modérées de M. Castaner, ministre de l’Intérieur, admettant que s’il y a du racisme dans la police il doit être sanctionné, ont immédiatement suscité une levée de boucliers dans les rangs de la police. Le chœur est unanime : « Nous sommes désavoués ! Au secours ! ».
Ah c’est sûr, faut pas les chatouiller. Le corps policier ne tolère pas la plus petite réserve, le plus léger accroc, le moindre écart au soutien entier et massif du pouvoir à tous les faits et gestes de ses personnels. Quoi, on ose leur demander d'être irréprochables ? De ne pas être racistes ? Quel culot, ce ministre ! Le corps policier est tout entier en colère. Pas touche ! C'est tout ou rien : « Love me or leave me ! ». Qu'on se le dise : le corps policier est un et indivisible. Attaquer un élément, c'est les critiquer tous.
Et bien sûr pas question de se désolidariser des collègues suspects de dérive raciste ou violente : la surface de la cuirasse ne tolère aucun défaut, le vernis doit rester absolument intact. Et bien sûr pas question d’un « mea culpa » qui donnerait raison aux ennemis déclarés de la police (suivez mon regard). Allez, circulez ! Je me dis que certains loulous ne demandaient pas d'autres encouragements pour alimenter leur haine des flics.
Il n'est pas né, le décideur politique qui osera changer quoi que ce soit aux petites habitudes de la gent policière à la française. Le pouvoir avait déjà renoncé, devant la menace, à toucher à son système de retraites. Il faudrait un Samson, un Héraklès, un « Jupiter » pour l'amener à « se réinventer » (n'est-ce pas, M. Macron ?), mais on n'en a plus en magasin : rupture de stock. Circulez, on vous dit !
On n'a pas plus le droit de critiquer la police sans se faire accuser d'atteinte à son moral qu'on n'a le droit de critiquer Israël sans se faire traiter d'antisémite. Et tant pis pour les gens ordinaires. On dirait que la police ne conçoit les relations avec ces derniers que sous l'angle du rapport de forces.
Voilà ce que je dis, moi.
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Pour se faire une idée des raisons de se méfier de la police, il suffit d'écouter (ici, 9') Sébastian Roché, auteur de De la Police en démocratie (Grasset). On a pu l'entendre en direct le 12 juin sur l'antenne de France Culture, interrogé par Guillaume Erner. Il dit surtout que dans toutes les études fondées sur des observations précisément localisées (gares, entre autres), les discriminations à la couleur de peau sont abondamment documentées et tout à fait incontestables. Il n'est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.
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mercredi, 10 juin 2020
POLICE : 8.000 BREBIS GALEUSES ?
Quelques questions que se pose un citoyen ordinaire.
1
Les journaux en sont pleins : le ver est dans le fruit policier. Les uns crient aux « violences policières » en brandissant la photo d’Adama Traoré. Les autres dénoncent, sur la base d’informations sur un « groupe facebook » plus ou moins secret, le racisme, le sexisme et l’homophobie qui règnent en douce dans les rangs de la police. Vous avez dit "violence", "racisme", "sexisme", "homophobie" ? C’est curieux, ces quatre accusations : ce sont les mêmes que les « modérés » lancent traditionnellement contre l’extrême-droite. Quand j'ai fait le rapprochement, je me suis dit : « Bon sang, mais c'est bien sûr ! ». Dis-moi ce qu'on te reproche, je te dirai qui tu es. Alors, police et extrême-droite dans le même sac ?
Qu’est-ce qui a fait élire Macron en 2017 ? Est-ce son charisme de jeune premier porté par un bagou de première classe ? Non : c’est le rejet viscéral du parti de Marine Le Pen, considéré en général comme raciste, sexiste et homophobe, et dont on pense qu’il tolère volontiers dans son voisinage des groupes peu connus pour leur pacifisme ou leur non-violence.
Donc ils seraient 8.000 membres des forces de l’ordre à se retrouver dans un « groupe facebook » dédié pour lâcher des insanités en toute confidence auprès des collègues. S’ils sont vraiment 8.000, on ne peut plus parler de « brebis galeuses » ou de problème conjoncturel lié à des individus isolés : le problème est bel et bien structurel. C’est le corps policier dans sa globalité qui est touché.
La vraie question à poser selon moi est donc celle-ci : la police française est-elle d’extrême-droite ? Ou du moins noyautée par l’extrême-droite ? Car se demander si la police française est raciste ou s’il y a des « violences policières », c’est répondre « non » à la question avant même de l'avoir posée.
C'est parler comme Marine Le Pen, le préfet Lallement et Christian Jacob, président du parti Les Républicains : "Non, la police n'est pas raciste !". Le seul fait que Marine Le Pen s'érige en défenseur de la police est en soi révélateur d'une certaine complicité. J'ai entendu – je ne sais pas si c'est vrai – que la dernière présidentielle a vu 50% des policiers voter pour Marine Le Pen. Si c'est vrai, c'est grave.
C’est aussi biaiser avec cette question autrement essentielle : dans quels milieux sociaux et politiques, sur quels critères la police recrute-t-elle ses membres ? De quelle idéologie sont porteurs les jeunes qui présentent leur candidature aux écoles de police ? Quelle idée se font-ils de l'ordre ? Des rapports sociaux en général ? J’attends les études sociologiques qui nous éclaireront sur ce point, mais il y a déjà de quoi nourrir quelques soupçons.
2
Une autre question qui se pose à propos de la police française est de savoir quel est le fond de la doctrine qui sert de base à la formation des futurs policiers. Je serais très curieux de découvrir le « référentiel » où sont détaillés les éléments qu’ils doivent ingurgiter avant d’être admis dans les rangs des forces de l’ordre. Même question à propos des cadres : à part le Code de Procédure Pénale dans ses moindres détails, que leur demande-t-on de savoir avant de les autoriser à distribuer ordres et consignes à leurs futurs subordonnés ?
Ce dont j’ai peur peut se formuler ainsi : quelle représentation des gens ordinaires diffuse-t-on parmi les gens en uniforme au cours de leur formation et après ? Quelle image se font-ils de « monsieur-tout-le-monde » ? J’ai bien peur que là aussi, quelque chose n’aille pas du tout. Je crains en effet que le fond de la doctrine construise l'image d'une population a priori inexistante ou hostile.
Par « inexistante », j’entends une des principales règles des bidasses de base au temps où tous les jeunes Français faisaient leur service militaire : surtout ne pas se faire remarquer, pas de vague, passer entre les gouttes. Quand tu commences à exister aux yeux de l’adjudant, c’est mauvais pour toi, voilà ce qu'il se disait, le bidasse. Si le citoyen ordinaire commence à exister aux yeux du policier, c’est que le citoyen pose problème, voire qu’il est potentiellement dangereux.
C’est ce que j’entends par vision « hostile » : je me demande si, dans le corps de la doctrine inculquée aux forces de l’ordre, la population n’est pas considérée comme un réservoir de menaces multiples. D’où, par exemple, le recours banal aux clés d’étranglement : j’ai entendu un syndicaliste de la police utiliser l’argument de Margaret Thatcher (TINA : There Is No Alternative) et affirmer qu’il n’y a pas d’alternative à cette « clé » pour maîtriser un individu potentiellement dangereux. La question est : est-ce que, dans leurs écoles, les futurs policiers apprennent à voir les citoyens ordinaires comme un danger potentiel permanent ? Cela n’explique-t-il pas, surtout si l’on tient compte de la droitisation globale des forces de police, le recours bien trop fréquent à la violence ?
3
Dernière question que je poserai ici mais sans y répondre, faute d’éléments d’analyse suffisants : quelle stratégie les décideurs politiques (gouvernement) et administratifs (préfets) adoptent-ils en matière de police ? Comment usent-ils de cet outil ? Rien qu’à voir la façon dont les manifestants contre la loi travail (El Khomri) ont été traités, puis les manifestants contre la réforme des retraites, puis les manifestants portant un gilet jaune, on se dit que la stratégie des décideurs est claire comme de l’eau de roche : répression, répression, répression. Les décideurs politiques et administratifs usent et abusent de l’argument d’autorité, sans doute parce qu’ils pètent de trouille à l’idée du schproum qui pourrait se produire s’ils ne réprimaient pas. C’est juste une hypothèse, bien sûr.
Conclusion.
Quoi qu’il en soit, il est sûr que notre police dysfonctionne gravement, et pas seulement du fait de quelques brebis galeuses, mais parce qu’elle est fondée en tant que système sur des conceptions erronées : la société ordinaire est vue en haut lieu comme un pays étranger, a priori hostile, contre la menace duquel il faut se prémunir (on se rappelle Macron inscrivant dans le droit commun des mesures d'urgence prises par Hollande à l'époque des attentats). Alors qu'il faudrait que la police puisse être dans la société comme une catégorie parmi d'autres.
D’une part, si je compare avec les polices allemande et anglaise, je conclus que la violence policière peut parfaitement n’être utilisée par les pouvoirs qu’en tout dernier recours, et non en premier réflexe. D’autre part, je me dis que Jospin avait tout compris quand il a fondé la « police de proximité », qui visait à insérer les policiers dans la vie quotidienne des citoyens ordinaires comme des poissons dans l’eau. Il a fallu qu’un misérable bousilleur du nom de Nicolas Sarkozy détruise cette trouvaille formidable, sous le prétexte qu’un policier, c’est seulement un bâton. Non, les policiers sont des citoyens ordinaires parmi les autres, et devraient se considérer comme tels.
Policiers, rendez-vous compte que votre vie professionnelle pourrait être infiniment plus tranquille et moins conflictuelle, si vous acceptiez, en citoyens ordinaires porteurs de loi, d’uniformes et d’armes, de côtoyer d’autres citoyens ordinaires en qui vous ne verriez pas, a priori, des dangers potentiels ou a priori hostiles. Débrouillez-vous pour être parmi les gens ordinaires comme des « poissons dans l’eau ». Vous avez un sacré chemin à faire pour vous faire aimer par la population, comme cela s’est produit après l’attentat de Charlie Hebdo et après le Bataclan. Vous savez que c’est possible. A vous de voir.
Voilà ce que je dis, moi.
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mercredi, 07 février 2018
DOCTEUR, COMMENT VA LE MONDE ?
Des nouvelles de l’état du monde (18).
Le monde va-t-il bien ? Le monde va-t-il mal ? Le débat fait rage (un de plus, dira-t-on, voir au 2 février). Les uns ne voient, selon les autres, que le côté heureux des choses, sont heureux du monde dans lequel ils vivent et disent du mal de Michel Houellebecq. Les autres souffrent, selon les uns, d’une sinistrose chronique aiguë, trouvent inquiétant tout ce qui arrive et sont allergiques à Michel Serres, le « ravi de la crèche ».
Bien entendu, « les uns » et « les autres » se toisent, s’affrontent, s’invectivent et ne peuvent supporter de voir applaudir leurs adversaires. Pour « les uns », « les autres » sont d’insupportables pessimistes, tandis que l’optimisme des premiers apparaît aux seconds comme d’indéfendables béatitudes. « Les uns » détiennent des richesses actives de créativité, « les autres » possèdent la sagesse imperturbable de la lucidité. Peut-être une version modernissime de la concurrence entre les partisans de l'"action" et le adeptes de la "connaissance" (vieilles catégories de la philo en classe de terminale) ? Une nouvelle mouture du combat des Voraces contre les Coriaces ? Comment savoir qui a raison ?
Je crois que c’est assez simple. Comme dans la médecine, il s’agit de mesurer assez objectivement une température ou une pression artérielle : plus la température augmente, plus la pression monte, plus il faut s’inquiéter, c’est proportionnel. On est à l'affût de la moindre anomalie ; on guette l'AVC, l'infarctus, la rupture d'anévrisme ; on scrute les appels à l’aide, on entend les cris des lanceurs d’alertes. On a l’œil sur les signaux, on note leur fréquence et leur intensité. Dès lors, on a une idée approximative de l’amélioration ou de l’aggravation de l’état du malade. Je propose de limiter notre étude à quatre symptômes.
1 – Le symptôme humanitaire.
Tout le monde a l'air de trouver normal qu'il existe aujourd'hui des organisations qui se sont donné pour but de sauver les humains auxquels il arrive des malheurs. J'en déduis que tout le monde trouve normal qu'il arrive des malheurs. Il faut pourtant le dire bien fort : il n'est pas normal qu'il y ait de l'humanitaire. L'existence même des organisations humanitaires, et surtout leur omniprésence sur toutes sortes de terrains et dans tous les canaux médiatiques est un très mauvais signe.
L’idée est simple : plus vous avez d’intervenants humanitaires, d’associations de bénévoles, d’ONG plus ou moins puissantes engagés sur le terrain, plus ça veut dire qu'il y a urgence : le nombre des sauveteurs permet de mesurer le malheur. Mais la taille des camps de réfugiés répartis sur la surface du globe et l’importance des populations contraintes ou désireuses de quitter leurs terres pour des ailleurs moins sombres sont également de bons indicateurs.
Prenez la Birmanie, charmant pays exotique bourré de bouddhisme et de bouddhistes qu’on nous présente en général comme des modèles de tolérance et de pacifisme. Résultat : 650.000 réfugiés dans des camps au Bangla Desh voisin. L’aimable junte birmane, incitée par une grande humaniste qui a eu le prix Nobel de la paix, leur promet qu’ils peuvent rentrer chez eux, à condition qu’ils puissent prouver leur identité et leur lieu d’habitation, étant entendu que les éléments de preuve et les lieux ont été soigneusement détruits au préalable, par le fer et par le feu.
Prenez le Yemen, charmant pays bourré d’islams divers et de corruptions variées qui s’opposent militairement, qu’on présentait il n’y a pas si longtemps comme un paradis pour touristes (il est vrai que certains étaient invités à prolonger leur séjour jusqu’à paiement d’une rançon). L’ambiance éminemment fraternelle qui règne aujourd’hui dans le pays a ouvert la porte à une société principalement fondée sur le choléra et, dans un avenir très proche, sur la famine.
Prenez le Kasaï, province congolaise, où se commettent allègrement découpages à la machette de fœtus extraits du ventre de leur mère, plantages d’objets tranchants ou contondants dans le vagin des femmes, dévorations et autres cruautés. On avait lu les mêmes choses en 2012 (cf. 30 novembre), quand le naïf docteur Mukwege (« l'homme qui répare les femmes ») avait installé une maternité dans le nord-Kivu, autre province congolaise, qui était très vite devenue, par la force des événements, un atelier de réparation des femmes torturées et violées. Il y a depuis 1999 des casques bleus de l’ONU en mission (MONUC, puis MONUSCO) quasi-humanitaire en RDC (17.000 actuellement). En pure perte : il y a trop d’appétits voraces sur ces terres et trop de coltan (ou d'or, ou de niobium, ou d'étain, ...) en dessous pour que la paix puisse régner. Il y a même des casques bleus qui paient cette paix-là de leur vie.
Prenez les camps ouverts au Tchad pour les plus de 200.000 réfugiés définitifs du Darfour (trois provinces à l’ouest du Soudan). Prenez les camps de Dadaab au nord du Kenya, où s’entassent 500.000 réfugiés définitifs venus de Somalie pour échapper à la guerre. Prenez les 2.000.000 de Palestiniens installés au Liban ou en Jordanie avec le statut de réfugiés définitifs. Prenez les îles de Nauru et Manu, qui servent au gouvernement australien de poubelles à migrants. Prenez la Turquie, la Syrie, l'Irak, l'Afghanistan, mais aussi la Jordanie, le Liban, la Libye, le Sinaï, le Sahel, la Somalie, … Prenez … Prenez … Prenez ...
Prenez, en France à présent, face à la foule de ceux qui n’ont pas assez d’argent pour manger tous les jours, se démener les foules caritatives et humanitaires du genre Banque alimentaire, Secours Populaire, Secours catholique et autres associations. Prenez les Restos du cœur, dont Coluche espérait, en les fondant, les voir disparaître un jour, et qui n’ont cessé de croître et embellir avec le temps, passant de 8,5 millions de repas distribués en 1985-1986, année de fondation, à 136 millions en 2016-2017.
J’hésite presque à parler de Calais, où les Anglais laissent la France, avec un flegme imperturbable, patauger dans l’innommable merdier qu’ils ont réussi à lui refiler (accords du Touquet, 2003, Chirac-Sarkozy), déclenchant au passage une petite guerre civile où s’affrontent les troupes humanitaires françaises et les troupes françaises du ministre de l’intérieur, pendant que s’affrontent à coups de feu passeurs érythréens et afghans. La France porte injustement le fardeau de ce merdier (ne pas confondre avec le "fardier de Cugnot") légué par l'Angleterre.
Je note que ce ne sont pas les bonnes volontés qui manquent pour intervenir sur le terrain, que ce soit en Europe (Grèce, Italie, Espagne, France), en Afrique, au Proche-Orient : plus le nombre des gens qui ont besoin qu’on leur porte secours augmente, plus la générosité populaire se manifeste (du moins on le souhaite). Plus s'allongent les colonnes de réfugiés, malheureux, démunis, misérables, SDF dans le monde, plus prospèrent les rangs des troupes humanitaires. Aussi est-ce moins cette générosité qui m’inquiète que les situations et événements qui l’ont rendue à ce point nécessaire : l'humanitaire n'est qu'un effet induit des situations et événements. Quel est le degré maximum d'urgence humanitaire que l'humanité est capable de supporter ?
Alors, docteur, comment va le malade ? Votre diagnostic sur le symptôme humanitaire ?
A suivre prochainement : les symptômes 2-planétaire, 3-inégalitaire, 4-mercenaire.
09:00 Publié dans L'ETAT DU MONDE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : état du monde, michel houellebecq, michel serres, optimisme pessimisme, optimistes pessimistes, action humanitaire, associations caritatives, bénévolat, camps de réfugiés, rohingyas, birmanie bangla desh, yemen, jungle de calais, gérard collomb, gouvernement, restos du coeur, secours populaire, banque alimentaire, secours catholique, violence, guerre, esclavage
lundi, 22 avril 2013
QUE FAIRE AVEC LE MAL ? (3)
POEME :
IL EST PAS MIGNON,
MON PETIT APION ?
ET MON P'TIT MORPION,
IL EST PAS TROGNON ?
(ceci est la photo d'un morpion accroché à deux poils)
***
La « confession à la chrétienne » fut pendant des siècles le moyen mis au point par l’Eglise catholique pour expulser le Mal hors de l’âme des individus (et je ne parle pas de la messe). Mais aujourd’hui, il y a bien peu d’Eglise catholique (trop de gens voudraient la voir disparaître, elle est d'ores et déjà réduite au rôle de "groupe identitaire" parmi d'autres), encore moins de confession chrétienne. La question se pose : que faire avec le Mal ?
Il ne faut pas se leurrer : aucune société ne peut ne pas se poser la question. La preuve, c’est que toutes se la sont posée. Quelques-unes fonctionnent encore avec des institutions dédiées à cette tâche : les Dogons, par exemple, malgré les assauts conjugués des touristes, de l’argent et des marchandises en plastique, maintiennent encore un arsenal de croyances destiné à maintenir l’ordre dans l’ordre du monde, et à le rétablir en cas de besoin par toutes sortes de procédures compliquées (voir les ouvrages de Germaine Dieterlen, et surtout les entretiens de Marcel Griaule avec Ogotemmeli dans Dieu d’eau, 1948).
Quand l’idée est venue aux hommes qu’il était possible de chasser le Mal, ils ont inventé tout un tas de gestes et de cérémoniaux : ils ont arraché le cœur d’un semblable, ils ont précipité un semblable dans le feu ou dans l’eau, ils lui ont fait subir toutes sortes de tourments. Le semblable en question s’est appelé la victime. C’est sur celle-ci que se concentraient tous les maux accumulés.
Il est couramment admis de désigner aujourd'hui la victime sous le nom de « bouc émissaire » : attaché au milieu du village, le dit bouc recevait toutes sortes d’ordures, les paquets de boue et de fange dont s’allégeaient les habitants, puis il était bouté hors du village, bien loin dans le désert. Il paraît que ça se passait chez les juifs de l’antiquité. Avouez que c’est mieux qu’un sacrifice humain, bien que le spectacle perde en palpitant, comparé à un bon vieux sacrifice juteux et saignant.
Mais un rite ne dépend pas de ce qu’on y fait ou du protocole auquel il obéit : il s’agit avant tout, pour le rite et son responsable (prêtre, sorcier, chaman, ...), d’être efficace. Si la population, après le cérémonial, est effectivement libérée de tout le poids de Mal accumulé, elle n’en demande pas plus, pour recommencer à vivre. Le rite a marché.
René Girard a écrit là-dessus un livre génial : La Violence et le sacré (1972). Je ne vais pas vous réciter tout ça, je vais vous le faire en bref et en simplifiant. Grosso modo, pour désirer quelque chose, un individu doit attendre que ce quelque chose lui soit désigné par quelqu’un comme étant désirable : si A désire X, B a raison de désirer X à son tour. Peut-être parce qu'il voudrait bien être comme A. C’est ce que Girard appelle « désir mimétique ».
Je continue : dans un groupe, à force que les gens désirent les mêmes choses, ils deviennent à la fois des rivaux et des répliques les uns des autres. Pendant qu'à force de rivaliser, le destin des rivaux est, à terme, de se foutre sur la gueule, à force de désirer la même chose, le destin des rivaux est de devenir mécaniquement semblables les uns aux autres. C’est ce que Girard appelle « indifférenciation violente ». J'espère que vous suivez.
A force de monter entre des individus rivaux, la tension finit par produire la violence. Et comme cette violence risque d’aboutir à l’anéantissement de la collectivité en tant que telle (cela s’est vu par exemple chez les Iks, nord-est de l’Ouganda), les sociétés, pour se protéger et se pérenniser, ont élaboré, au fil de l’histoire, des protocoles expérimentaux dont le seul but était d’empêcher le massacre généralisé. On a appelé ça des « rites ». Lorsque le potentiel de violence atteint le maximum supportable, un mécanisme (la « crise sacrificielle » de René Girard) se déclenche pour rétablir la paix entre tous. C’est le moment du sacrifice proprement dit.
Pour que le sacrifice ait lieu, il faut que quelque chose soit sacrifié. C’est parfois quelqu’un. Les Grecs appelaient ce quelqu’un le « pharmakon » (mot qui signifie aussi bien « poison » que « remède »). René Girard multiplie les références à des peuplades exotiques, où un roi était élu à l’unanimité, mais qui était à terme destiné à jouer le rôle du pharmakon : être un jour sacrifié. Et ça marchait (enfin, c'est ce qu'on dit) ! Le pauvre roi commençait par être sacralisé, honoré, mais il devait finir dans la marmite : être brûlé après avoir été adoré, c'est dur !
L’important était que se produisît un « unanimité violente » contre la victime désignée. Le sacrifice de la « victime émissaire » n’est efficace qu’à condition d’unanimité : le bouc émissaire, s’il réussit à concentrer sur lui seul toute la violence contenue et retenue jusque-là dans la population, à ce moment précis, tout va bien. Ite missa est. Deo gratias. Allez en paix, et revenez dans un an. Le rituel d’élimination du Mal a rempli sa tâche : maintenir la force du « vivre ensemble ».
On pensera ce qu’on veut de l’hypothèse de René Girard, mais je crois qu’elle mérite attention. Au fond, elle repose tout entière sur cette autre, qui veut que nulle personne humaine ne désire quelque chose qui ne lui ait pas été désigné auparavant comme désirable par quelqu'un d'autre. C'est plausible, mais ...
Malheureusement ça se gâte ensuite.
Voilà ce que je dis, moi.
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lundi, 19 novembre 2012
MAUVAIS GOÛT ET LIBERTE D'EXPRESSION
Pensée du jour :
"SOUPIRAIL" N°6
« On s'occupe beaucoup de gagner du temps. A-t-on raison ? C'est autre chose. Tout le monde sait l'histoire du Chinois qui demandait au policeman le chemin de la gare : "Première à droite, deuxième à gauche, lui répondit le policeman. Mintenant si vous voulez passer par les petites rues, vous pouvez gagner vingt minutes." "Et qu'en ferais-je ? " demanda le Chinois qui se hâta lentement de passer par le plus long ».
ALEXANDRE VIALATTE
N°418 - 1978
HARA KIRI fut une grande revue du paysage français, de son n°1 (septembre 1960) à son n°291 (décembre 1985). Les moutures suivantes (jusqu'à la sixième !) ne furent que des survivances, d'abord portées par le Professeur CHORON (GEORGES BERNIER), qui s'éteignirent doucement, même si le titre paraît toujours. Les cibles préférées ? Le SEXE, la RELIGION, la RACE.
CHARLIE HEBDO N°73 - 1972
Enfin pas exactement : je devrais dire tous ceux qui se prenaient très au sérieux sur chacun de ces sujets, autrement dit les militants dans leur ensemble, à commencer par les militants du SEXE (tout ce qui gravite autour du féminisme et de l'indifférenciation sexuelle), les militants de la RELIGION (là, ils s'en donnaient à coeur joie, que ce soit le croissant, la croix ou l'étoile), les militants de la RACE et des grands sentiments antiracistes, tiermondistes et masochistement universalistes. Et principalement sous l'angle de la BÊTISE qui en accompagne les manifestations dans les discours de ceux qui ont accès aux médias.
N°179 - 1976
Je me rappelle distinctement la publicité pour Hara Kiri diffusée à la radio (Europe 1) à une époque : « Si vous ne voulez pas l'acheter, eh bien volez-le ! ». C'était gonflé, mais ça ressemblait trait pour trait à l'esprit de la revue. Et puisqu'on parle publicité, c'est à l'équipe d'Hara Kiri qu'on doit ce slogan définitif, qui a le compact, le brillant et le tranchant de la pierre d'obsidienne : « La publicité nous prend pour des cons ! La publicité nous rend cons ! ».
1975
Pour donner une idée de ce que fut le ton Hara Kiri, et surtout ce qui en sépare l’époque de la nôtre, je me propose juste, aujourd’hui, de montrer quelques couvertures du mensuel (1ère et surtout 2ème génération), dans sa version initiale, et dans sa version hebdomadaire, qui s’y est substituée quand il a fallu remplacer dans l’urgence le défunt HKH (Hara Kiri Hebdo), étranglé pour cause de crime de « lèse-général-DE-GAULLE ».
N°205 1978
Posez-vous juste la question : combien y aurait-il de procès pour « diffamation, antisémitisme, islamophobie, outrage à la pudeur, incitation à la haine raciale, incitation à l'alcoolisme, incitation à la discrimination, incitation à la violence, etc ... », si de telles couvertures étaient publiées aujourd'hui ?
1977
J’imagine d’ailleurs que l’équipe de CAVANNA, CHORON et compagnie ont dû sacrément se fendre la pipe en conférence de rédaction, quand la formule assassine est sortie : « Bal tragique à Colombey : 1 mort ». DE GAULLE est mort le 9 novembre 1970.
N°203 1978
Or il faut savoir que le 1ernovembre 1970, une boîte de nuit a brûlé à Saint-Laurent-du-Pont (Isère), au milieu de la nuit. Bilan : 146 morts quand même, ce qui n’est pas négligeable et fit donc les gros titres.
N°1 - 23 NOVEMBRE 1970
Tout le monde aurait oublié le drame si une équipe d’hurluberlus n’avait eu l’idée de mettre en couverture de leur hebdomadaire contestataire une sorte de synthèse des deux événements, dans la formule ramassée désormais immortelle : « BAL TRAGIQUE A COLOMBEY : UN MORT ».
1979
Le dernier numéro de la revue Hara-Kiri Hebdo est donc sorti le 16 novembre 1970. L’équipe, pour remplacer aussitôt le titre défunt, se tourna vers le cousin – exclusivement consacré à la bande dessinée – Charlie (mensuel), lui accola le suffixe « hebdo », et le tour fut joué : l’aventure pouvait se poursuivre. On ne changeait rien.
1980 : COLUCHE CANDIDAT A LA PRESIDENTIELLE DE 1981
L’équipe a pété des flammes pendant une vingtaine d’années. La plupart des membres en sont connus : CAVANNA le rital, REISER, mort trop tôt, GÉBÉ (GEORGES BLONDEAUX), CABU, WOLINSKI, DELFEIL DE TON, WILLEM et, last but not least, GEORGES BERNIER, alias Professeur CHORON. Il y avait aussi un certain PIERRE FOURNIER, qui mérite de rester dans les manuels d’histoire comme fondateur d’une revue fondatrice, j’ai nommé La Gueule ouverte.
N°416 1978 WOLINSKI
Tous les « écologistes » actuels doivent, qu’ils le sachent ou non, quelque chose, d’une part, à RENÉ DUMONT, et d’autre part à PIERRE FOURNIER. Je salue la mémoire de cet homme, mort brutalement (si je me souviens bien), qui fut un élément moteur dans les débuts de l’écologie (que j’appellerai « combative » plutôt que « militante », une écologie de conviction, et pas encore de parts de marché électoral). Passons.
N°248 1975 WOLINSKI
Moi, si on me demandait de résumer l’esprit Hara Kiri, je dirais « déconnade et provocation », d’un côté, et de l’autre « imagination et liberté ». J'ajouterais : « transgression», parce qu'à cette époque, le mot avait encore une signification.
N°335 1977 REISER
L’éteignoir qui s’est abattu depuis deux décennies sur l’expression libre a creusé une sorte de « Fosse des Mariannes » entre les extensions policières (extérieures et intérieures) de notre présent et les effervescences de l’époque Hara Kiri.
N°242 1975 GÉBÉ
Tout le « mauvais goût », c’est-à-dire tout ce qui a quelque chance de heurter la sensibilité bourgeoise, assimilée au conformisme le plus sourcilleux, constitue la pâture privilégiée de l’équipe Hara Kiri. Je passe sur le cynisme de CHORON, qui a profité de la naïveté des autres en ce qui concerne les affaires pour s’approprier la marque.
N°303 1976 REISER (EN 2012, IL N'Y A RIEN A CHANGER)
Mais DELFEIL DE TON a raconté quelque part par quels détours malpropres CHORON, dans les débuts, se procurait l’argent nécessaire auprès d’une vieille et riche rombière, séances dont il avait la lucidité de revenir dégoûté. En matière de mauvais goût, CHORON était un connaisseur, un praticien, un expert. J’imagine que c’est à lui qu’on doit les pires « visuels » publiés dans la revue.
N°266 1975
Le mauvais goût a, par bonheur, été rayé par la « Raison morale » de toutes les tablettes de toutes les publications illustrées offertes à l’appétit des chalands friands, obligés de se rabattre sur les « créneaux spécialisés » et autres ghettos, souvent payants, voire clandestins. Sans doute de façon à retrouver les joies de la transgression, j’imagine.
N°366 "COMMENTAIRE", SI L'ON VEUT, DE LA VISITE DE SADATE A BEGIN EN 1977
C’est le tableau d’une époque qui fut. Et qui n’est plus. Qu’on se le dise, l’heure est à l’égalité de TOUS devant TOUT. RENÉ GIRARD, dans son analyse de La Violence et le sacré, fait de l'indifférenciation généralisée une étape préalable à la généralisation de la violence. S'il a raison, ça promet !
Voilà ce que je dis, moi.
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mardi, 18 septembre 2012
MUSIQUE TECHNO : L'AGRESSION
A partir d'aujourd'hui, et pendant quelque temps, les amateurs et les curieux peuvent visiter l'album de photos ci-contre, où j'ai rassemblé quelques-unes des effigies des obscurs héros qui, jour après jour, font en sorte que la langue travaille sur elle-même, se ressource en explorant ses propres profondeurs, se renouvelle en s'efforçant de cultiver une certaine idée de la beauté. On les appelle du drôle de nom de POETES. J'espère qu'il est inutile d'indiquer qui est (peut-être, on n'est pas tout à fait sûr) placé à la porte d'entrée de l'album.
Pensée du jour : « Quand nous avons raconté des légendes, c'est que nous n'avions rien de mieux sous la main. Toutes les légendes ne sont d'ailleurs pas à mépriser. Une hyperbole n'est pas un mensonge ; et bien des légendes, en dépit de leurs embellissements et de leurs miracles, contiennent un fond de vérité ».
OMER ENGLEBERT
S’il est donc bien vrai qu’on est ce qu’on écoute, alors franchement, je ne voudrais pour rien au monde contempler l’intérieur d’un « raver » (prononcer « rêveur »). Quel est le mystique contemplatif qui a dit que la musique adoucit les moeurs ? Tout ça, c'est des fariboles. C'est fini.
Je l’imagine fort bien carbonisé, tout cabossé par les décibels (et pas seulement). Remarquez, cela autorise peut-être à les considérer comme « en phase » avec leur époque. Car il faut bien dire que la carrosserie de l'époque actuelle ressemble à celle d’une voiture après un violent orage de grêle.
J'ai un reproche final à faire à la techno. Ce n'est pas une "culture", c'est un SYMPTÔME. Car le son musical (le vrai) obéit à quatre paramètres principaux : le timbre (quel instrument ?), la hauteur (aigu / grave), la puissance (de pppp à ffff), la durée, qu'un nommé "compositeur" fait varier au gré de son "inspiration".
Sans entrer dans les détails, je reproche à la techno de réduire le son musical à sa plus simple expression : le tempo (le plus rapide possible) et l'intensité (le plus de décibels possible). La techno, c'est la pauvreté musicale, la misère sonore la plus abjecte, à laquelle le fabricant ajoute la puissance électrique pour en masquer le dénuement foncier.
Une fois les quatre paramètres décidés par le DJ ("jockey de disque", que je traduis en français, et sans contresens : qui fait du cheval sur le disque !), on envoie la sauce. Il est vital ensuite de ne rien changer, ou alors des virgules et des queues de cerises. Il importe d'instaurer une implacable uniformité de fond.
Changer de tonalité (modulation) ? D'abord qu'est-ce que c'est, la tonalité ? Introduire une mélodie ? Vous dites ? Mélodie ? Connais pas. Exploiter la dynamique (du pianissimo au fortissimo) des sons ? Tu m'insultes ? Passer d'une saltarelle à une valse (changer de rythme) ? Tu te fous de ma gueule, ou quoi ? Vous avez compris : même si le DJ est monégasque et passé maître dans l'art d'infliger des scritch et des scratch au malheureux microsillon, dès que vous lui parlez vraiment de musique, vous lui parlez chinois.
Le DJ est payé pour être habile, pas pour connaître la musique. Il manipule du tout prêt, il combine de l'existant, il recrache du prédigéré. Mais il est désespérément incapable d'inventer quoi que ce soit de nouveau. Disons, si vous voulez, que la musique techno associe curieusement ce qu'il y a de plus archaïque dans les musiques humaines (la REPETITION indéfinie : écoutez les musiques des traditions arapaho, aka, aborigènes, tchouktches ou nénètses) et la puissance de l'électricité. C'est à peu près tout.
Maintenant, si l'on veut comprendre ce que signifie le phénomène, on peut sans doute mettre la musique techno en relation avec les morceaux de métal que certains s’enfoncent dans la viande pour orner une ou plusieurs parties (en général, mais pas forcément) visibles de leur cuir. Elle est sans doute aussi conforme à l’habitude de certains de se faire injecter dans le derme diverses encres colorées et indélébiles, pour en orner la couche la plus épidermique de fort décoratives figures "artistiques".
Tel s’en remettra, pour son biceps, à la grâce d’un idéogramme chinois pour déclarer à sa belle « je ne suis heureux qu’avec toi, ma perle de rosée ». Telle autre aimera que s’envole, au-dessus du sillon de ses fesses ou de sa toison pubienne, un superbe papillon émeraude et grenat aux ailes majestueuses bordées de noir. Un « biker » doté de moyens fera appliquer sur son torse musculeux un rapace aux ailes largement éployées, armé d’un bec et de griffes redoutables (pour faire peur aux décibels, sans doute).
CI-CONTRE, ON CUMULE
(SPHINX "TÊTE DE MORT", SANS PARLER DU RESTE, MAIS TRISTES COLORIS, PAS COMME LES YAKUSAS)
Enfin, certains n’hésitent devant rien : pour eux, ce sera l’image de ce qui reste de la tête humaine après que la chair en a été ôtée au moyen d’un suffisant séjour souterrain par diverses formes vermiculaires de la vie : « Quand de la chair, que trop avons nourrie, Elle est pieça devoree et pourrie » (FRANÇOIS VILLON. En cadeau : « Quelques vers de Maître François », ajouterait Tonton GEORGES).
L’avenir est donc à la scarification – prochaine étape en perspective. Nous verrons bien si la scarification des dites chairs viendra, telle la cerise du désir de "vivre à fond" sur le gâteau de la "pleine réalisation de soi", tel le pyramidion coiffant sommitalement la pyramide, porter à son comble la parenté de notre civilisation vieillissante avec les coutumes les plus coutumières et les us les plus usuels de l’humanité humaine la plus archaïque, dans une sorte de mouvement mobile de ressourcement au sein des origines originaires. Une façon de boucler la boucle, quoi.
Au fond, quand on regarde les manifestations visuelles (tattoo, piercing, scarification, mais aussi tag, graff, etc …) et sonores (techno, rap, slam, …) de l’époque actuelle, n’y a-t-il pas une relative cohérence ? Il est certain qu’on veut se manifester au dehors : à quand la "piercing pride" ? La "tattoo pride" ? C'est certain, on tient à poser sa marque sur soi-même, et à la brandir comme un étendard. S'affirmer ? Sans doute. Faire croire que cela constitue un nouveau message, une nouvelle "bonne nouvelle" (évangile) à offrir à l’humanité ? Le mythe de Narcisse est plus ancien que ces vaguelettes à la surface de la mare aux canards boiteux.
On voudrait bien faire croire qu’on invente les formes et les contenus de l’avenir. Mais en réalité, on est porteur d’un simple créneau sans autre horizon que lui-même, destiné à écouler les produits d’une filière marchande, et à être remplacé dès que le besoin mercantile s'en fera sentir. Le futur s’élabore dans des bureaux d’études, avec pour objectif d'en faire quelque chose de rentable.
Certes, il s’agit d’une génération bien précise et située dans le temps, les circonstances et les modalités. Mais si vous voulez le fond de ma pensée, il semble qu’il y ait un point commun à toutes ces affirmations de soi, sur soi et hors de soi. Avec pour seul contenu la touillette qu'on tourne dans la tasse du cercle vicieux de sa pauvre envie. Le thème qui est la signature de la dite génération ? Appelons-le :
L’AGRESSION.
Agression, le tag. Agression, le graff. Agression, la posture du rappeur. Agression le décibel de la techno (c'est dans quel film de FEDERICO FELLINI, l'immense entrepôt qui fait figure d' "enfer musical" ?). Et si l'on va par là, agression publicitaire, agression télévisuelle ... Finalement, qu'est-ce qui n'est pas une agression, dans le monde cabossé que nous avons fait ?
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans BOURRAGE DE CRÂNE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, fleur des saints, omer englebert, légende, miracle, rave party, décibel, musique techno, piercing, tatouage, tattoo, françois villonballade des pendus, georges brassens, scarification, violence, évangile, marchandise, narcissisme, federico fellini, littérature
samedi, 15 septembre 2012
CARTES POSTALES DU FRONT
Pensée du jour :
« Tu t'chopes des suées à Saïgon
J'm'écris des cartes postales du front
Si ça continue j'vais m'découper
Suivant les points les pointillés
... Vertige de l'amour ».
ALAIN BASHUNG
CARAMBOLAGE
Le lauréat de la médaille Fields (comme les mathématiques furent rejetées par ALFRED NOBEL, il fallait bien trouver une récompense aussi prestigieuse pour les pionniers de la discipline, mais c'est tous les quatre ans) est prévenu de son couronnement 6 mois avant l’annonce officielle, avec interdiction absolue d’en parler à qui que ce soit. Pour le médiatique CEDRIC VILLANI, ce fut, dit-il, un « délai merveilleux ». Il vient de publier Théorème vivant. On l'applaudit bien fort.
CABRIOLET
Monsieur ANDERS BEHRING BREIVIK, le médiatique auteur de 77 meurtres en Norvège, a déclaré lors du prononcé du verdict de son procès : « Je voudrais présenter des excuses aux militants nationalistes pour ne pas avoir exécuté davantage de personnes ». Le médiatique monsieur RICHARD MILLET vient de démissionner du comité de lecture de Gallimard (cf. Le Comité, de MICHEL DEGUY, Champvallon, 1988), après avoir publié un « éloge littéraire » de Monsieur BREIVIK. On attend le prochain Indignez-vous de STEPHANE HESSEL. Mais on me dit qu'un Niagara d'indignation lui est tombé sur le râble, à RICHARD MILLET. Que c'est beau la morale ! Qu'il est grand, le moraliste ! Il y a quelque chose d'admirable et de terrifiant chez les gens qui vont au bout d'une logique, quelle qu'elle soit.
CATECHUMENE
CHAVELA VARGAS (écoutez le sublime « Vamonos », Carnegie Hall 2003, sur Youtube), morte le 5 août 2012 à 93 ans, déclarait à qui voulait l’entendre qu’elle avait bu environ 45.000 litres de tequila au cours de sa vie. Si elle était morte à 123 ans, on aurait pu dire que, en commençant dès le jour de sa naissance, cela aurait fait un litre par jour de vie. En commençant à l'âge de 20 ans, elle aurait dû mourir à 143 pour accomplir une performance égale. Comme dit ALFRED JARRY : « L'alcool conserve les chairs ».
CATEGORIE
L’agence américaine de l’environnement conseille aux habitants voisins de chantiers d’exploitation des gaz de schiste (cliquez ci-contre pour vous faire des impressions fortes, ça dure 46 minutes) de ne pas fumer pendant qu’ils font couler l’eau du robinet. A cause des risques d'explosion. Voir, pour plus d'information et de spectacle, le film Gasland.
CATALEPSIE
Le respect se perd. D’une façon générale, c’est sûr. A l’égard des professeurs, c’est d’encore plus d’évidence. Ainsi, choquée par la remarque portée dans le carnet de correspondance de son enfant par le professeur d’histoire-géographie, concernant un travail non fait, ainsi que l’oubli à répétition de livres et cahiers, une mère de famille a fait irruption dans la salle de classe et a assené à l’enseignante, de source syndicale, force gifles et coups de pied. Le rectorat de Poitiers s’est porté, avec le cran administratif qu’on lui connaît, au secours de la victime, déclarant qu’elle avait reçu "une seule gifle et un seul coup de pied, sortant l’après-midi même de l’hôpital". Ce qui, indéniablement, relativise.
CARROSSERIE
En revanche, le maire de Cousolre (59), lui, parce qu'il avait giflé un adolescent parce que celui-ci avait proféré des insultes et des menaces à son encontre parce qu’il prétendait l’empêcher d’escalader un grillage, sera prochainement jugé en appel, après avoir été, en première instance, condamné à 1000 euros d’amende et 250 de dommages et intérêts. A part l'amende, monsieur BOISART n'aura qu'à échanger ses billets avec l'adolescent, lui aussi condamné à 250 de dommages.
Une question reste sans réponse : qui condamnera les juges à se flanquer 33 coups de pieds dans le derrière ?
KARABOUDJAN
Les ruines de Pompéi tombent en ruines au carré. Que fait Berlusconi ? Il organise un gang-bang. Dans l’un des monuments les plus connus de la ville (et de toute l’antiquité romaine), l'extraordinaire Villa des Mystères, une poutre de soutien du toit de tuiles s’est effondrée le 8 septembre. Très mauvais signe. On sait en effet que cette date du 8 septembre est l’appellation « vulgaire » du 1er absolu du calendrier pataphysique, jour de liesse, puisqu’il a vu la naissance du Père Ubu, autrement dit l’avènement de la ’Pataphysique en ce monde. Alléluia ! Allez en paix ! Ite missa est ! Des « Mystères » s’effacent pour laisser place à d’autres « Mystères », plus imposants et majestueux. Et laissons les ruines enterrer les ruines. Pour mieux laisser advenir le règne de Faustroll-Ubu-Jarry !!!! « Ha ! Tu resplendis dans la lumière ... Le Rock advole ! » (César-Antéchrist, Acte dernier).
CARABISTOUILLE
Pour finir, je m'en voudrais de ne pas signaler, en ces temps qui nous rapprochent du 11 novembre et de ses commémorations de la fermeture d'une échoppe (à l'enseigne de la "Grande Boucherie du XX ème siècle"), l'existence d'un monument très particulier que nous a légué cette époque. En dehors des 17 communes françaises (sur 36 000) dépourvues de tout monument aux morts, on note qu'un monument devient facteur de division entre deux communes : Saint-Santin et Saint-Santin.
SAINT-SANTIN D'AVEYRON (12)
Car il faut savoir que l'administrateur parisien, en traçant les limites des départements, a fait passer celle du Cantal et de l'Aveyron en plein milieu de la commune de Saint-Santin. Et l'on voit, en regardant bien, successivement, les flancs du monument, que l'on est d'un côté en Aveyron, et de l'autre côté dans le Cantal. Question : a-t-on gravé deux fois les noms des morts ?
SAINT-SANTIN DU CANTAL (15)
Ils sont fous, ces Romains !
Voilà ce que je dis, moi.
Note destinée aux lecteurs interloqués par les intitulés jalonnant cette note : comme ça faisait bien longtemps que je n'avais pas évoqué BEROALDE DE VERVILLE et son inénarrable (je pèse mes mots) Moyen de parvenir, je me suis permis de m'inspirer de ses titres de chapitres. Un exemple de succession de titres (il y en a 111 comme ça) : « Mappemonde, Métaphrase, Paragraphe, Occasion, Plumitif, ... ». En espérant que cela relativisera à leurs yeux l'arbitraire de mes vocables.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gasland, stéphane hessel, karaboudjan, poésie, chanson, alain bashung, vertige de l'amour, carte postale, prix nobel, cédric villani, mathématiques, le théorème vivant, anders behring breivik, norvège, assassin, richard millet, littérature, pamphlet, michel deguy, gallimard, comité de lecture, chavela vargas, alfred jarry, gaz de schiste, violence, cousolre, professeur, villa des mystères, pompéi, ubu, pataphysique, faustroll, ruines, père ubu, césar antéchrist, félix vallotton, niagara, calendrier pataphysique, béroalde de verville, le moyen de parvenir