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dimanche, 17 octobre 2021

RENÉ LANAUD, PHOTOGRAPHE

1991 11 10 LIBRAIRIE DIOGENE M. AVON.jpg

Cette photo a été prise rue Saint-Jean le 10 novembre 1991. Quand je suis tombé dessus sur le site de la B.M.L., j'ai eu la surprise de reconnaître l'une des personnes présentes à l'image. Car on est au 29, rue Saint-Jean (maison Le Viste), là où un nommé Avon a fondé la librairie Diogène en 1974. C'est justement lui qu'on voit, dix-sept ans plus tard, installé dans son fauteuil dans son attitude favorite, devant le magasin à profiter du soleil de novembre. Je doute (je peux me tromper) que René Lanaud ait su exactement quelle figure de la librairie lyonnaise d'ancien il immortalisait ainsi : il faut avoir connu Avon.

1991 11 10  M. AVON.jpg 

Avon avait une conception tranquillement épicurienne de l'existence. En affaires, il était direct et redoutable : « Je suis ardéchois », avouait-il en guise d'explication. Sa barbe dense et proliférante devait être pour quelque chose dans l'"explication". Cela ne m'a pas empêché [j'ai eu cette chance], juste à l'ouverture de son échoppe (ce n'est que plus tard que c'est devenu une "entreprise"), de lui acheter pour une somme outrageusement modique les Œuvres Complètes d'Alfred Jarry.

C'était l'édition 1948 de René Massat (Fasquelle et Kaeser), et en tirage de tête s'il vous plaît (N°F22 sur "grand vélin filigrané Renage"). Une belle édition toujours méprisée par le cercle des Vestales du Collège de 'Pataphysique, qui veillent hargneusement sur les mânes du père du Père Ubu, et qui persistent à coller des guillemets à "complètes" au prétexte l'inventaire des œuvres et l'établissement des textes manquent de sérieux. Même si ces cerbères n'ont pas entièrement tort, et qu'il faut leur reconnaître une grande rigueur, leur susceptibilité au sujet de tout ce qui concerne Alfred Jarry montre tous les symptômes de la maladie sectaire. 

En 1974, M. Avon débutait à peine, il n'était sans doute pas au courant des prix du marché et il essayait de mettre un peu d'ordre dans la masse de livres qu'il avait achetés pour inaugurer son commerce. A sa décharge, il faut ajouter que quatre des huit volumes avaient subi une très vilaine reliure d'amateur, dotée de quatre "faux nerfs", viles boursouflures comme des cicatrices mal soignées, du plus mauvais effet. M. Moura, le relieur de la rue Sala à qui j'avais confié la tâche de réparer les dégâts, avait fait une mine apitoyée.

La maison s'est bien rattrapée ensuite : il m'est arrivé d'assister à une vente aux enchères où le successeur d'Avon, un barbu plus falot mais aux puissants moyens, devenu une sorte de terreur sur la place de Lyon, a gardé d'un bout à l'autre de la vente la main levée, au point de rafler l'intégralité des lots (ou presque : le commissaire priseur a dû lui en vouloir, car plus personne n'osait enchérir contre lui).

Rue Saint-Jean, en face de "Diogène", sévissait J.P.C., un moustachu caractériel qui vendait d'occasion, aux clients dont la tête lui revenait, des disques de jazz (c'était l'époque des vinyles), en particulier des exemplaires du service de presse, reconnaissables à l'encoche que l'éditeur y découpait dans un des angles supérieurs. Je n'ai jamais su sur quels indices il s'appuyait pour refuser mordicus de vous délivrer quelque petit trésor dissimulé sur les rayons du bas.

Aux dernières nouvelles, je me suis laissé dire que la librairie Diogène a des soucis avec le propriétaire des murs : il semblerait que le loyer exigé soit soumis à la même scandaleuse logique spéculative que celle qui, après avoir failli détruire le Café de la Cloche (rue de la Charité), a jeté dehors la pizzeria Carlino (rue de l'Arbre-Sec), au grand dam de Carlino lui-même, de ses amis et de la foule des amateurs qui fréquentaient le lieu. J'aime à penser que, si Avon était encore aux manettes, on aurait droit à un beau spectacle bien "musclé" entre le propriétaire et son locataire.

Je me dis qu'il est loin, à Lyon, le temps où un père de famille nombreuse au revenu somme toute modeste avait malgré tout les moyens de loger sa smala entière dans les 300m² d'un superbe appartement du quai Lassagne où il pouvait se donner des airs de grand bourgeois, sur le parquet "Versailles" et sous un plafond à 4,2 mètres, où le thermomètre en hiver avait du mal à dépasser le seuil des 14°C à hauteur d'homme.

Voilà ce que je dis, moi.

mercredi, 15 avril 2015

ENNEMIS PUBLICS 2 (MH et BH)

2/4 

2008 ENNEMIS PUBLICS.jpgAttention, la lecture d’Ennemis publics n’a pas bouleversé mes hiérarchies : corriger des images et nuancer les couleurs ne saurait modifier une silhouette autrement qu’à la marge. Je considère toujours BHL comme une tête de nœud envahie par l’image qu’il s’est faite de son moi, un bonimenteur toujours prêt à cameloter sa marchandise en plein vent derrière un étal de produits miracles, genre épluche-légumes ou liquide-vaisselle surpuissant. Mais seulement quand l'objectif d'un photographe est là pour enregistrer.

De même, je considère toujours Houellebecq comme un esprit d’une lucidité éminente sur le monde et lui-même. Un des rares à porter un regard neutre sur le merdier dans lequel plonge la civilisation. Une lucidité augmentée d’une franchise étonnante, parfois à la limite de l'impudeur, comme s'il n'en avait rien à foutre. Mais Houellebecq semble guidé de l'intérieur par une nécessité personnelle qui va bien au-delà de sa personne. Le livre esquisse deux façons d’être et de se représenter : ce n’est pas demain la veille qu’un humain se montrera objectif devant son miroir. Le duo/tandem/duel, ici, reste "costume d'époque" (BH) contre (partiellement) "déshabillé" (MH).

La grande différence entre les deux hommes, j’ai en effet l’impression de pouvoir la situer, précisément, dans leur rapport avec le miroir dans lequel ils se regardent et se dépeignent. BHL est peut-être bien plus intelligent que Houellebecq, je ne sais pas, c’est possible. Et ça m'est égal.

Ce qui est sûr, c’est que cet homme est littéralement bouffé par son intelligence, ou plutôt par l’image qu’il s’en est faite. Intellectuellement brillant, c’est incontestable, BHL porte apparemment à bout de bras – si ce n’est aux nues – l'infirmité du fantasme de sa propre intelligence. La preuve, c’est qu’il se prend pour un philosophe. Peut-être pour un penseur. 

De même, Bernard-Henri Lévy n’est pas écrasé seulement par le massif cerveau en plâtre qui met fin à ses jours dans l’histoire dessinée par Castaza (cf. hier), mais aussi, littéralement, par la masse des lectures qu’il a faites, par l’énormité de la culture qu’il a accumulée. Je ne cite pas les auteurs auxquels il se réfère : ça n’arrête pas, c’est comme un robinet qu’on a oublié de fermer avant de partir en vacances. BHL est en quelque sorte un dégât des eaux. 

Sous la plume de BHL, le Nom Propre prolifère comme le champignon de Champignac dans Z comme Zorglub et L’Ombre du Z. Le même délire onomastique que Yannick Haenel dans Je Cherche l’Italie (cf. mes billets des 14-15 mars), ou Philippe Sollers, très régulièrement à l’oral (pour l’écrit, je n’en sais foutrement rien, parce que devinez).

CHAMPI 4.jpg

Le cerveau de BHL doit être bien infirme de quelque part pour éprouver ce besoin maladif de marcher avec autant de béquilles. Personne ne lui a dit qu’il était assez grand pour penser par lui-même ? S’il n’a plus toutes ses références, il a peut-être peur de s’écrouler. Il a besoin du dictionnaire des philosophes et du Who’s who pour mettre un pied devant l’autre. « Le pauvre homme », s’apitoyait Orgon dans (et à propos de) Tartuffe. 

Même délire onomastique en ce qui concerne les lieux où l’homme a posé les semelles, du genre : « Je suis de retour à New York, cher Michel, ... » (p. 185), « Je vous écris de Calcutta », « J’étais alors à Bahia », ... Afin que nul n'en ignore : la planète n’a pas de secret pour le philosophe. Délire identique encore pour énumérer les régions où l’intellectuel d’action s’est posé en hélicoptère et en chevalier ardent : Bosnie, Darfour, Tchétchénie, … (notez le zeugma, mais je ne garantis pas l'hélicoptère, c'est « just for fun »).

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BHL dans ses rêves, Volsungs le barde en est ébloui. 

Les Noms Propres ? Comme si la vie de Bernard-Henri Lévy ressemblait en fin de compte à une transposition de la litanie des saints. Il est infoutu de laisser son personnage au vestiaire : il l’emmène partout, un peu comme faisait Alfred Jarry avec son Père Ubu, dont il avait adopté quand il était en société le parler saccadé détachant chaque syllabe (voir le personnage dans Les Faux-monnayeurs, d'André Gide).

Mais Jarry s’affichait, sciemment et tout entier, comme un pur artifice. Il n'y avait pas tromperie sur la marchandise : c'est sans doute de ça qu'il est mort. BHL, lui, quand il sort dans le monde hostile (forcément), dégaine la marionnette qui lui sert à ventriloquer : il est sa propre marionnette. Ça protège.

Alors, le point commun de toutes ces références nominales ? Ce sont des « Grands » ou des « Noms qui frappent », voire des « Autorités », parce que tout le monde les a entendus dans les médias, je veux dire des flashes, des étendards, des pancartes, parfois des banderoles. C’est juste fait pour noyer l'adversaire, pour impressionner : qui oserait ouvrir sa gueule devant ce chapelet ? 

Les hooligans, au foot, sont plus souvent dans l’intimidation que dans la violence (mais ça leur arrive). BHL est constamment dans l’intimidation (mais n’hésite pas à menacer un journaliste de lui casser la figure). On finit par se demander : « Mais bon sang, qu’est-ce qui lui manque, pour qu’il éprouve ce besoin de montrer ses muscles ? ». Ce qui ressort aussi de ce salmigondis de noms propres dont BHL soûle son correspondant et le lecteur, c’est, je crois, qu’il se prend pour Malraux. Ou alors Sartre. Peut-être les deux. 

Tiens, puisque j'évoque Sartre, j'ajouterai que le "bocal" de BHL est "agité" (coucou, Céline) de deux grands fantasmes : penser le monde aussi superbement (!) que Sartre, agir sur le monde avec autant de « panache » (!) que Malraux (« Ces deux mots d'ordre pour nous n'en font qu'un », André Breton). J’ai l’impression à certains moments qu’il se prend pour ses modèles, comme s’il y était aliéné. Rêve-t-il d’être à lui tout seul une synthèse accomplie de l’expérience humaine ? Si possible sous le coup de l’urgence (dernièrement les chrétiens d’orient) ? Il a besoin de causes pour exister. Et il doit se dire qu'on n’existe jamais autant que dans le regard des autres. D'où les "causes". Quelles que soient les conséquences.

Être sur tous les fronts, ne renoncer à rien. C’est lui qui l’écrit (p. 287) : « Ne pas choisir, voilà la règle », avant d’embrayer sur les bienfaits de l’opportunisme et de la piraterie. Ne pas choisir : c'était donc ça ! Peut-être le seul véritable aveu qu'il nous livre ici. Le problème, c’est que vouloir être partout, c’est risquer de n’être bon, voire de n’exister nulle part. Du coup, j’en viens à me dire qu’après tout, il est bien possible que BHL n’existe pas, tout simplement. 

Voilà ce que je dis, moi. 

lundi, 10 novembre 2014

LES MATINS DE FRANCE CULTURE

5

 

J’ai donc tiré un trait sur la matinée de France Musique. A regret. Je n’en suis pas encore là avec la Matinale de France Culture. Heureusement. Après avoir cassé tant de sucre sur leur dos, je peux bien dire que Marc Voinchet et Brice Couturier ne sont pas encore tout à fait aussi insupportables que les deux équipes de musiqueux dont j'ai parlé. Qu'il leur arrive même de faire des parcours sans faute. Et même d'être brillants. Ce n'est pas tous les jours, mais après tout c'est normal. 

 

Que les chroniqueurs sont tous plus ou moins intéressants et pertinents. Comme de juste, ça dépend. A la notable exception irrémédiable de l’infernal curé moralisateur, prêcheur et brasseur des grands mots de l’air du temps qui donne des leçons à tout le monde du haut de son « gros doigt grondeur » pointé vers les coupables. (J'emprunte le "gros doigt grondeur" au Sarajevo Tango du dessinateur Hermann.)

 

Je parle du moderne nettoyeur d’écuries, du terrifiant khmer rouge, de ce Saint-Just (Savonarole ? Jochanaan ? On a l'embarras du choix) quoiqu'au petit pied, qui a nom EDWY PLENEL, qui tient en réserve force de piques pour, le jour venu, pouvoir y planter autant de têtes que voudra ce moderne Fouquier-Tinville.

 

Ce n’est pas tant le fait qu'il milite pour une République Irréprochable et qu'il dénonce la corruption des élites politiques. C'est très bien, c'est même louable, mais il le fait sur un ton, mais un ton, … pour tout dire, un ton qui rend indéfendable la cause qu'il défend. Ma parole, il se prend pour Bossuet montant en chaire pour apostropher le Roi et les puissants ! Mais n'est pas qui veut l'Aigle de Meaux, monsieur Plenel. Ne pas confondre l'ampleur de l'éloquence avec l'enflure de la suffisance. La quête morale ne justifie pas ces égarements de l'ego. 

 

Pour tout dire, il le fait dans un tel langage, avec de telles intonations, de tels accents dans la voix que ça me donne envie de corrompre ou d’être corrompu, enfin, de m'enfoncer dans la corruption avec délectation, rien que pour le contredire. Qu'on m'en donne seulement les moyens, et on verra. J’espère pour lui qu’il est vraiment intègre et que son niveau de vie correspond à ses ressources, sans ça je ne serai pas le dernier à manier le bâton (ou alors le « Ciseau à merdre et le Bâton-à-physique » du Père Ubu, j'irai même peut-être jusqu'au « supplice du petit bout de bois dans les oneilles ») à la prochaine prise de la Bastille.

 

Mais en dehors de ce sinistre personnage, les autres chroniqueurs, leurs propos, leurs prises de position, « ça dépend, si y a du vent, si y pleut … » (Fernand Raynaud, Le Fût du canon). Et puis c’est beaucoup affaire de préférences personnelles, de ses sympathies, de ses propres choix de vie, et au total cela m’amène à relativiser : si j’écoute encore les Matins de France Culture, ce n’est pas seulement parce que c’est bien pire sur les autres chaînes de radio, c’est aussi parce que je trouve ici – peu ou prou – mon compte.

 

Les invités aussi sont pour beaucoup dans le résultat final. Je persiste et je maintiens : consacrer certaines émissions à « l’invité politique » est le type de la fausse bonne idée. C’est même une exécrable caricature de bonne idée qui, comme de juste et de bien entendu,  ne saurait offrir autre chose que le son de cloche terriblement convenu et attendu émis par la personne, payée pour tenir le rôle qu’elle joue sur la scène « politique » française, comme en ont administré la preuve les derniers invités, Michel Barnier, Fleur Pellerin et Valérie Rabault. Je fais une petite exception pour Yannick Jadot, mais il n’était pas là seulement pour parler politique.

 

Non, monsieur Voinchet, vous ne leur ferez jamais avouer qu’ils ont eu tort : ils ont retenu la leçon reçue en son temps par Lionel Jospin. Il faut les comprendre : s’ils « fendent l’armure », s’ils font à votre micro preuve de sincérité ou passent aux aveux, ils savent qu’une meute aboyante et impitoyable se lancera aussitôt à leur poursuite, excitée par des piqueurs trop heureux de sonner un hallali et de les voir mis à mort politiquement. Accessoirement de faire de la place pour le gibier suivant.

 

Mettre un politicien devant ses contradictions, c’est toujours peine perdue : il vous servira, au choix, selon son talent de cuisinier et sa conviction d’homme intègre (comment en douter ?), de la langue de bois, de la dénégation, de l’argumentaire alambiqué, du raisonnement amphigourique, ou encore des chiffres qui prouvent irréfutablement qu’il a raison et qu'il n'a jamais, au grand jamais, menti.

 

Le cas des hommes politiques français pris dans leur ensemble étant désespéré, quel besoin France Culture a-t-il d’entretenir auprès de la population l’illusion qu’ils existent et agissent efficacement en procurant une tribune d’expression à ces gens minuscules qui ne maîtrisent rien d’autre (mais à merveille) que le discours bétonné qu’ils dévident et récitent complaisamment ? Ils sont tous amoureux du statu quo.

 

Pour les autres invités, j’imagine que dénicher des gens très au fait d’une situation, très compétents dans leur domaine et qui sachent à peu près se tenir devant un micro n’est pas une mission des plus facile. Parmi les plus récents, on ne peut nier ces qualités à Yves Coppens, bien qu’il n’ait plus grand-chose de foncièrement nouveau à apporter depuis son formidable Pré-ambules : les premiers pas de l’homme. Mais il a atteint un âge vénérable et mérite le respect. Et toujours le ramener à la découverte de Lucy (si possible in the sky), franchement, ça fait rengaine.

 

Je ne vais pas m’amuser à établir un tableau d’honneur, puis un tableau d’horreur, ce serait ajouter un palmarès personnel aux déjà trop nombreux qui paraissent pour satisfaire l’obsession moderne de l’évaluation et du classement (en notant au passage que c’est le moment que choisissent des « spécialistes » pour proposer d’abolir la notation à l’école : l’époque n’est pas à un paradoxe près).

 

Mais je pense au cas d’Alberto Saviano, dont j’avais lu avec intérêt et inquiétude l’excellent Gomorra. Qu’est-ce qui vous a pris, monsieur Voinchet, de l’interroger sur sa situation personnelle (cible des mafias, gardes du corps, …), alors que le sujet de son livre à lui seul méritait toute la place ? La dérive « people » et « presse à sensation » n’est pas loin.

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N’avait-il donc rien à dire de ses trouvailles sur les tenants et aboutissants des trafics de cocaïne ? Voilà qui aurait été intéressant. « Caramba ! Tout est à recommencer ! » (ou « Caramba ! Encore raté ! », au choix). Sur le même sujet, bien que plus général (l’auteur travaille sur l’économie criminelle et ses circuits financiers), je pense à Jean de Maillart, qu’il me semble au reste avoir entendu aux « Matins », il y a longtemps.

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Donner priorité à l’anecdote sur le fond, c’est d’ailleurs une tendance de l’animateur, qui focalise souvent ses questions sur la personne invitée plutôt que sur le sujet (un ouvrage récemment paru, par exemple) qui a motivé sa venue. Une autre tendance regrettable est cette manie qu’il a de ramener le propos à des formules connues, à des références au passé, à des situations, à des catégories, voire à des lieux communs, alors qu’il faudrait amener la personne à creuser ce que sa démarche et son travail apportent de vraiment nouveau. L’impression qui se dégage de cette façon de procéder est celle d’un échange superficiel : au bout du compte, on a effleuré l’essentiel. J’ajoute que ce n’est pas toujours le cas.

 

Si j'avais un souhait à formuler pour l'avenir, ce serait, monsieur Voinchet, de vous prier d'en finir avec cette impression de sprint permanent, véritable carcan communicationnel. Je ne suis pas sûr que ce soit en votre pouvoir, même si vous êtes d'accord avec moi. Mettons que je ne comprends rien aux nécessités qui commandent aux orientations d'une chaîne de service public, et n'en parlons plus.

 

Dernière observation (attristée) sur l’évolution de France Culture en général et des Matins en particulier : sauf erreur de ma part, en 2013, la « grille d’été » a été mise en place fin juillet, mais en 2014 dès la fin juin, et pour huit ou neuf semaines au lieu de cinq. Sachant que Marc Voinchet et Brice Couturier sont employés comme « Intermittents du Spectacle », j’en conclus que France Culture fait des économies budgétaire, en laissant l'ardoise à l’UNEDIC.

 

Encore bravo, le service public !

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

FIN

 

samedi, 15 septembre 2012

CARTES POSTALES DU FRONT

Pensée du jour :

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J'm'écris des cartes postales du front

Si ça continue j'vais m'découper

Suivant les points les pointillés

... Vertige de l'amour ».

 

ALAIN BASHUNG

 

 

 

 

 

 

 

 

 

CARAMBOLAGE

 

Le lauréat de la médaille Fields (comme les mathématiques furentVILLANI CEDRIC.jpg rejetées par ALFRED NOBEL, il fallait bien trouver une récompense aussi prestigieuse pour les pionniers de la discipline, mais c'est tous les quatre ans) est prévenu de son couronnement  6 mois avant l’annonce officielle, avec interdiction absolue d’en parler à qui que ce soit. Pour le médiatique CEDRIC VILLANI, ce fut, dit-il, un « délai merveilleux ». Il vient de publier Théorème vivant. On l'applaudit bien fort.

 

 

 

 

 

 

CABRIOLET

 

Monsieur ANDERS BEHRING BREIVIK,BREIVIK.jpg le médiatique auteur de 77 meurtres en Norvège, a déclaré lors du prononcé du verdict de son procès : « Je voudrais présenter des excuses aux militants nationalistes pour ne pas avoir exécuté davantage de personnes ». MILLET RICHARD.jpgLe médiatique monsieur RICHARD MILLET vient de démissionner du comité de lecture de Gallimard (cf. Le Comité, de MICHEL DEGUY, Champvallon, 1988), après avoir publié un « éloge littéraire » de Monsieur BREIVIK. On attend le prochain Indignez-vous de STEPHANE HESSEL. Mais on me dit qu'un Niagara d'indignation lui est tombé sur le râble, à RICHARD MILLET. Que c'est beau la morale ! Qu'il est grand, le moraliste ! Il y a quelque chose d'admirable et de terrifiant chez les gens qui vont au bout d'une logique, quelle qu'elle soit.

 

 

CHAVELA VARGAS.jpgCATECHUMENE

 

CHAVELA VARGAS (écoutez le sublime « Vamonos », Carnegie Hall 2003, sur Youtube), morte le 5 août 2012 à 93 ans, déclarait à qui voulait l’entendre qu’elle avait bu environ 45.000 litres de tequila au cours de sa vie. Si elle était morte à 123 ans, on aurait pu dire que, en commençant dès le jour de sa naissance, cela aurait fait un litre par jour de vie. En commençant à l'âge de 20 ans, elle aurait dû mourir à 143 pour accomplir une performance égale. Comme dit ALFRED JARRY : « L'alcool conserve les chairs ».

 

 

CATEGORIE

 

L’agence américaine de l’environnement conseille aux habitants voisins de chantiers d’exploitation desGAZ SCHISTE.jpg gaz de schiste (cliquez ci-contre pour vous faire des impressions fortes, ça dure 46 minutes) de ne pas fumer pendant qu’ils font couler l’eau du robinet. A cause des risques d'explosion. Voir, pour plus d'information et de spectacle, le film Gasland.

 

 

CATALEPSIE

 

Le respect se perd. D’une façon générale, c’est sûr. A l’égard des professeurs, c’est d’encore plus d’évidence. Ainsi, choquée par la remarque portée dans le carnet de correspondance de son enfant par le professeur d’histoire-géographie, concernant un travail non fait, ainsi que l’oubli à répétition de livres et cahiers, une mère de famille a fait irruption dans la salle de classe et a assené à l’enseignante, de source syndicale, force gifles et coups de pied. Le rectorat de Poitiers s’est porté, avec le cran administratif qu’on lui connaît, au secours de la victime, déclarant qu’elle avait reçu "une seule gifle et un seul coup de pied, sortant l’après-midi même de l’hôpital". Ce qui, indéniablement, relativise.

 

 

CARROSSERIE

 

En revanche, le maire de Cousolre (59), lui, parce qu'il avait giflé un adolescent parce que celui-ci avait proféré des insultes et des menaces à son encontre parce qu’il prétendait l’empêcher d’escalader un grillage, sera prochainement jugé en appel, après avoir été, en première instance, condamné à 1000 euros d’amende et 250 de dommages et intérêts. A part l'amende, monsieur BOISART n'aura qu'à échanger ses billets avec l'adolescent, lui aussi condamné à 250 de dommages.

 

Une question reste sans réponse : qui condamnera les juges à se flanquer 33 coups de pieds dans le derrière ?

 

 

 

KARABOUDJAN

 

VILLA DES MYSTERES 2.jpg

 

Les ruines de Pompéi tombent en ruines au carré. Que fait Berlusconi ? Il organise un gang-bang. Dans l’un des monuments les plus connus de la ville (et de toute l’antiquité romaine), l'extraordinaire Villa des Mystères, une poutre de soutien du toit de tuiles s’est effondrée le 8 septembre. Très mauvais signe. On sait en effet que cette date du 8 septembre est l’appellation « vulgaire » du 1er absolu du calendrier pataphysique, jour de liesse, puisqu’il a vu la naissance du Père UbuJARRY PORTRAIT VALLOTTON.jpg, autrement dit l’avènement de la ’Pataphysique en ce monde. Alléluia ! Allez en paix ! Ite missa est ! Des « Mystères » s’effacent pour laisser place à d’autres « Mystères », plus imposants et majestueux. Et laissons les ruines enterrer les ruines. Pour mieux laisser advenir le règne de Faustroll-Ubu-Jarry !!!! « Ha ! Tu resplendis dans la lumière ... Le Rock advole ! » (César-Antéchrist, Acte dernier).

 

 

CARABISTOUILLE

 

Pour finir, je m'en voudrais de ne pas signaler, en ces temps qui nous rapprochent du 11 novembre et de ses commémorations de la fermeture d'une échoppe (à l'enseigne de la "Grande Boucherie du XX ème siècle"), l'existence d'un monument très particulier que nous a légué cette époque. En dehors des 17 communes françaises (sur 36 000) dépourvues de tout monument aux morts, on note qu'un monument devient facteur de division entre deux communes : Saint-Santin et Saint-Santin.

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SAINT-SANTIN D'AVEYRON (12)

Car il faut savoir que l'administrateur parisien, en traçant les limites des départements, a fait passer celle du Cantal et de l'Aveyron en plein milieu de la commune de Saint-Santin. Et l'on voit, en regardant bien, successivement, les flancs du monument, que l'on est d'un côté en Aveyron, et de l'autre côté dans le Cantal. Question : a-t-on gravé deux fois les noms des morts ?

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SAINT-SANTIN DU CANTAL (15)

Ils sont fous, ces Romains !

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

Note destinée aux lecteurs interloqués par les intitulés jalonnant cette note : comme ça faisait bien longtemps que je n'avais pas évoqué BEROALDE DE VERVILLE et son inénarrable (je pèse mes mots) Moyen de parvenir, je me suis permis de m'inspirer de ses titres de chapitres. Un exemple de succession de titres (il y en a 111 comme ça) : « Mappemonde, Métaphrase, Paragraphe, Occasion, Plumitif, ... ». En espérant que cela relativisera à leurs yeux l'arbitraire de mes vocables.