samedi, 03 janvier 2015
CARTES POSTALES DU NORD
« ABOLIR LES TRAITÉS INÉGAUX »
C'est ce que signifient, paraît-il, les idéogrammes affichés au mur dans cette vignette de la page 7 du Lotus bleu. S'agissant de la Chine, tout Le Lotus bleu est comme ça. Pour dire que le rayonnement planétaire de l'œuvre de Hergé n'est pas dû au hasard.
Les "traités inégaux" ont été signés au milieu du 19ème siècle par les puissances occidentales avec la Chine, le Japon et la Corée.
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PAYSAGES NORDIQUES
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dimanche, 21 décembre 2014
CAP AU NORD
TOURISMES NORDIQUES
L'usine (Honningsvag, île de Magerøya).
Le supermarché (latitude 66°66'). C'est encore pire au cap Nord. Là, je n'ai pas eu le courage d'immortaliser.
La supérette.
Le petit commerce.
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Message strictement personnel :
Joyeux anniversaire, M. !
Youp là boum et haut les cœurs !
Mais non, ce n'est pas si grave !
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samedi, 20 décembre 2014
CAP AU NORD
COULEURS DE CIELS NORDIQUES.
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jeudi, 17 juillet 2014
DU RIFIFI EN LAPONIE 2/2
Olivier Truc, Le Dernier Lapon, Métailié.
L’histoire est celle d’un grand malheur qui s’est abattu autrefois sur un village lapon, du fait même du « trésor » indiqué. Une vague légende rapporte qu’il s’agit d’or. Mais il ne s’agit pas d’or, comme le croit le vieil Olsen, un paysan, petit politicien véreux du coin, impatient de déposer une demande de licence, dans le seul but de s’approprier cette richesse démesurée.
Autant le savoir : les frontières, ici, n'ont aucun sens. Elles n'ont d'ailleurs commencé à exister que lorsque les industriels ont trouvé des ressources pour s'enrichir. Le territoire des Sami transcende les frontières, au point que les trois pays concernés ont créé un corps de police transfrontalier.
J'ai un peu traîné mes guêtres par là-haut, de Tromsø à Kirkenes (à deux pas de Mourmansk, en Russie), et de Narvik à Rovaniemi.
(La carte ci-dessus est celle qui figure dans le livre.)
C’est le géologue Racagnal, un Français, qui révèlera qu’il s’agit d’uranium. La roche est même d'une teneur proprement inouïe. Racagnal est une ordure sans scrupule en même temps qu’un géologue exceptionnel, qui travaille « à l’ancienne » et à l’instinct : il rigole bien quand Kallaway (qu’il surnomme Mickey) arrive en renfort et débarque de l'hélicoptère envoyé en urgence tout un matériel sophistiqué pour ne faire que confirmer ses conclusions.
Mais ce qu’il préfère (et qu'il ne perd jamais de vue), Racagnal, ce sont les filles de quinze ans environ. C'est plus fort que lui. C’est ce qu’a vite compris Brattsen le flic pourri, qui demande à la très jeune et jolie Ulrika d’être gentille avec le monsieur, histoire d’avoir barre sur lui (mais le vieil Olsen garde aussi une coupure de journal relatant un fait divers compromettant arrivé à Alta, où il est question du bonhomme).
L’histoire ? Le tambour lapon (rarissime) a été volé avant que qui que ce soit ait eu le temps de l’étudier, et même de le photographier. C’est un vieux Français qui voulait en faire don au musée local avant de casser sa pipe. Il était très jeune quand il a accompagné Paul-Emile Victor, en 1939, dans une mission d’exploration. Un chaman lapon lui avait fait cadeau de l’instrument.
On apprendra qu’un certain Flüger, géologue de son état, avait trouvé la mort au cours de l’expédition, soi-disant du fait d’une mauvaise chute, en réalité tué par le propre père du vieil Olsen, le paysan-politicien, qui a conservé dans son coffre secret la vieille carte géologique dressée autrefois par Flüger, où figurent les indications permettant de retrouver l’emplacement de l’ancienne mine.
Le problème, c’est que vient s’ajouter à l’histoire le meurtre de Mattis Labba, et que le vieil Olsen et le policier Brattsen font tout pour éloigner les enquêteurs de la piste de la mine, allant même jusqu’à faire destituer par des amis politiques « le Shérif », Tor Jensen, au profit de cet adjoint peu scrupuleux. Heureusement, la patrouille P9, qui comprend Klemet et Nina, garde (secrètement) le nez sur les traces, aidée (secrètement) par l’ancien commissaire. Ils reconstituent patiemment la chaîne en agençant les maillons l’un après l’autre.
La fin a d’autant plus à voir avec l’apocalypse que tous ceux qui participent à l’action convergent vers un point où va bientôt se déchaîner une tempête polaire. Disons que la folie des hommes rejoint la rage de la nature. Disons aussi que la mine n’ouvrira pas. Et que l’auteur ne clôt pas son livre sur un épilogue dressant un bilan général des différents destins croisés au cours du récit : Aslak s’enfonce pour ne pas en revenir dans les solitudes glacées, pendant que Klemet sanglote sur sa motoneige. Les autres, il n'en est plus question. On imagine que tout est rentré dans l'ordre.
Aslak, c'est lui "le dernier Lapon". Considéré par la vieille Berit Kutsi (qui en fut autrefois amoureuse) comme un saint, parce qu’il a épousé Aila malgré le viol subi à l’âge de quinze ans par un prospecteur étranger, qui aimait les filles très jeunes (tiens donc). Enceinte, elle n'a pas pu avorter, alors elle a tué son enfant à la naissance. Elle en est devenue folle, et sa folie consiste à pousser des cris effrayants, et à être dans l'incapacité d'assumer son existence.
Et non seulement Aslak lui est resté fidèle, mais il a tout fait pour préserver, en ce qui le concernait, le mode de vie traditionnel des Lapons, refusant toutes les facilités offertes par la technique moderne, à commencer par le scooter des neiges. Il accepte les hurlements sauvages qu'Aila pousse régulièrement, parfois pendant une journée entière. Mieux : il est aux petits soins pour elle, et l'entoure avec dévotion.
Il lui prépare du feu et des vivres pour huit jours quand il accepte de servir de guide au prospecteur Racagnal. S'il accepte, c'est parce que quand il l’a fait entrer sous sa tente, Aila a reconnu à son poignet la gourmette de l'homme qui l’avait violée jeune fille (avec l'inscription MOSO, pour MinO SolO, l'entreprise qui avait envoyé Racagnal). Mais même sans cela, quand l’autre est arrivé sur son scooter, la première chose qu’Aslak s’est dite, c’est que le Mal en personne venait de faire son apparition. Inutile de dire que les jours de Racagnal sont comptés. Et sa fin, je peux vous dire qu'elle n'est pas piquée des hannetons.
Au total, un livre agencé de main de maître, que le lecteur aurait tort de délaisser à cause de son volet ethnographique. Car l’auteur l’a construit en virtuose : techniquement, le puzzle est irréprochable. C'est du grand art. Il faut cependant surmonter sa répugnance à avaler l’épais documentaire qui alourdit indéniablement le récit. Y avait-il moyen de rendre l’exposé plus fluide, mieux intégré à l’action proprement dite ? Franchement, je ne sais pas.
Olivier Truc frappe très juste en nous emmenant sur la frontière qui nous sépare du monde ancien. Un monde quasiment disparu sous les chenilles d'acier du char de la "modernité" et des artifices de la technique. Si Klemet est le personnage principal, Aslak est un personnage absolument magnifique. Il n'occupe pourtant dans le récit qu'une place assez marginale, mais qui se révèlera cruciale au bout du compte.
Que se passe-t-il dans un individu (Klemet) quand l'acculturation est passée par là, le coupant radicalement du peuple dont il est issu ? Quand il est sans cesse confronté à la présence d'un homme intègre (Aslak), qui lui fait peur parce qu'il n'a jamais transigé sur ses principes, au prix de lourds sacrifices touchant les facilités de la vie offertes par le "progrès" ? Klemet est Lapon, mais il travaille dans la police norvégienne. Il ne vient pas d'une famille d'éleveurs. Il ne connaît pas les vieilles traditions de son peuple. Aslak, contre vents et marées, est resté petit éleveur de rennes, et éleveur « à l'ancienne ». Pénétré de l'esprit de ses racines.
Racines dont Klemet est coupé. D'ailleurs il s'en veut de sa lâcheté. Il s'en veut d'avoir trahi la promesse faite autrefois à Aslak de s'évader en sa compagnie de l'orphelinat. Au dernier moment, il a flanché : « Tu sais quoi ? hurla Klemet, dont les yeux s'emplissaient de larmes qui lui faisaient mal. On avait sept ans ! Bon Dieu, sept ans ». Mais ce n'est pas une raison pour que le remords ne le ronge pas, même cinquante ans après : « Mais nous devions le faire ensemble, Klemet. C'était notre promesse », répond Aslak. Rien de pire qu'une promesse non tenue pour foutre en l'air un homme normal.
Aslak s'enfonce alors et disparaît dans la nuit polaire, tandis que Klemet sanglote comme un enfant sur son scooter des neiges, sous le regard éberlué et impuissant de Nina.
Une enquête policière, un documentaire sur les mœurs actuelles et traditionnelles des Lapons, des rudiments de prospection géologique, un aperçu des mœurs politiques dans les pays nordiques, une critique en règle de la "civilisation", non, je ne regrette pas d'être entré là-dedans, ce qui n’est déjà pas si mal. Et le dénouement est d'une grande force. Ce qui est mieux.
Voilà ce que je dis, moi.
09:03 Publié dans LITTERATURE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, littérature française, olivier truc, éditions métailié, le dernier lapon, laponie, peuple sami, norvège, suède, finlande, paul-émile victor, roman policier, polar
jeudi, 29 novembre 2012
UNE SORTE DE MAFIA SOCIALISTE
Pensée du jour :
« C'est ainsi qu'à la suite de traités "culturels", ou commerciaux, avec la Chine, nous allons recevoir des morts. On ne peut guère offrir que ce qu'on a. Il ne faut pas attendre de Pékin du chevreton ou de la fourme à points bleus. En revanche, nous aurons des "pièces anatomiques". (...) Nous aurons donc des cadavres chinois. Malheureusement, nourris exclusivement de riz, ils ont les os extrêmement frêles. C'est une constatation que tous les médecins ont faite depuis la guerre russo-japonaise : le mangeur de riz a l'os cassant. On l'enverra en "colis fragile". Les petits cadeaux entretiennent l'amitié ».
ALEXANDRE VIALATTE
C’est vrai, je le reconnais, je l’avoue, depuis quelque temps, j’ai tendance à délaisser ici ce qui se passe autour de nous, à commencer par les feuilletons en cours en Syrie, en Israël-Palestine, ailleurs sûrement. Tiens, au fait, ça fait très longtemps qu’on n’a pas entendu parler de monsieur ROBERT MUGABE.
Peut-être qu’il ne s’y passe rien, au Zimbabwe, depuis qu’il a lancé la chasse aux blancs, enfin, la chasse aux terres cultivées par les blancs, au motif que c’était de l’accaparement hérité des colonies, et depuis que ces terres, après le départ de leurs « propriétaires » (on n’ose plus dire ça), sont tombées en friches et devenues improductives, obligeant constamment le pays à demander l’aide internationale d’urgence. Plus simplement, c’est sans doute qu’aucun organe de presse n’estime intéressant d’envoyer un journaliste à Harare.
Autrefois, les informations, ça s’appelait « les actualités ». Et c’était déjà de la propagande. Aujourd’hui que la hiérarchie des valeurs a été passée à la moulinette télévisuelle, et à la rubrique des « étranges lucarnes » (dans Le Canard enchaîné), le pire côtoie sans pudeur le meilleur, avec néanmoins une préférence marquée pour le premier des deux. Mais je ne vais pas faire mon Don Quichotte et me lancer dans une énième (et vaine) offensive contre la « machine à mouliner du vent » qu’est la télévision.
Devenue un véritable mode de vie, la télévision constitue une sorte de pilier, qui structure l’existence d’une part non négligeable de la population humaine de la planète, y compris dans les pays musulmans, où elle a été admise comme sixième pilier de l’Islam, avec Al Jazira. Je ne vais pas me faire que des amis, mais c’est vrai ça : je ne vois pas pourquoi quelques milliards de musulmans n’auraient pas droit au déluge de propagande qui s’abat sur l’humanité souffrante par le biais de ce que beaucoup de naïfs persistent à considérer (et tous les pouvoirs à présenter) comme un « merveilleux outil d’éducation et d’information ».
L’actualité aujourd’hui ? C’est cette envoyée spéciale qui passe toute une journée devant la porte d’un juge bordelais en train d’auditionner un certain NICOLAS SARKOZY et qui, n’ayant rien à dire, puisqu’il ne se passe rien, se contente d’avoir froid devant la caméra. C’est aussi La Course du rat (excellente BD de LAUZIER), où JEAN-FRANÇOIS COUILLON et FRANÇOIS FRAPPÉ veulent s’asseoir à la place du calife, en vue de devenir le Sultan (rien de moins) en 2017. Je me dis que le fromage doit avoir un goût délectable.
L’actualité aujourd’hui ? On en apprend, du joli, sur la mafia politique qui nous gouverne en lisant un excellent article sur une des plus vieilles amitiés politiques qui soude trois lascars (dans l'ordre, MANUEL VALLS, ALAIN BAUER, STEPHANE FOUKS), dont l’un est assis dans le fauteuil de ministre de l’Intérieur, dont l’autre, longtemps plus en retrait, s’est fait bombarder (par son alors récent copain NICOLAS SARKOZY, et, évidemment dirons-nous, au mépris des procédures habituelles et au grand dam des universitaires, ça vous étonne ?) professeur à une chaire de criminologie après avoir présidé aux destinées du Grand Orient de France, et dont le troisième, à la surface de notoriété médiatique encore moins vaste (coprésident de Havas quand même !), s’est dès longtemps spécialisé dans la « communication politique ».
Le premier fait parler de lui presque tous les jours dans les cercles qui le croyaient « de gauche », et qui découvrent sans cesse que plus il agit en tant que ministre, moins il l’est, « de gauche ». C’est évidemment MANUEL VALLS. Monsieur ALAIN BAUER a très tôt formé le projet de devenir Grand-Maître du Grand Orient, le top de ce qui se fait en matière de mafia franc-mac. Quant à STEPHANE FOUKS, il ferait presque pâle figure, sauf qu’en matière de com’, il s’y connaît, et l’on peut dire qu’il se sent là, tout de suite, comme un poisson dans l’eau : responsable étudiant, il savait comme personne remplir une salle. C’est peut-être un talent, après tout.
Tout de suite, ils se partagent le marché politique, comme savent le faire des « parrains » qui jugent la paix préférable pour la prospérité des affaires. Tout de suite comme des vieux routiers. Ont-ils vingt ans, quand ils se retrouvent à la cafétéria de Tolbiac ? « Moi, je rêve un jour d’être grand maître ». « Moi je ne veux pas forcément faire de la politique mon métier ; j’aime la communication ». « Moi, j’aime la France, j’aimerais bien devenir président de la République ». Vous les avez reconnus ? C’est un certain JULIEN DRAY qui témoigne, vous savez, celui qui a récemment fâché SEGOLENE ROYAL en invitant DOMINIQUE STRAUSS-KAHN à son anniversaire.
JEAN-CHRISTOPHE CAMBADELIS y va aussi de son témoignage : « Chacun des trois avait déjà un morphotype : communicant, agitateur politique et, au choix, flic ou homme de réseaux. (…) Aux Jeunesses Socialistes, ils ont chacun une tâche : Manuel, la politique et la vie publique ; Bauer, la tactique et les manœuvres d’appareil ; Stéphane la communication ». Ces messieurs sont convenus de ne pas se marcher sur les pieds.
Ces trois-là viennent de fêter leurs 150 ans (sic ! Ils sont nés en 1962, sauf FOUKS ?) en « privatisant » les deux étages du restaurant Drouant (celui du Goncourt), et en invitant une bonne centaine de personnes : « Des patrons, des pontes du renseignement, des politiques, autant de cercles qui s’emmêlent tandis que sur les tablées le bon vin abolit les frontières ». « On offre des livres rares, des alcools forts millésimés ». Dans le trio qui invite, la personnalité la plus « intéressante » est peut-être celle d’ALAIN BAUER.
Le site wikipédia le présente comme un « consultant en sécurité » (on n'est pas plus pudique). Né en 1962, il est socialiste à 15 ans. Trente ans plus tard, il devient conseiller de SARKOZY. Sa spécialité ? La police. Plus précisément, les relations dans la police. Devenu vice-président de Paris-I-Tolbiac (en 1982, tiens, tiens), il suscite ce commentaire admiratif : « Quand on a vu Bauer arriver à la fac avec sa voiture et son chauffeur, on s’est dit que, là, il avait des réseaux qu’on n’aurait jamais, même à 50 ans ». En 1982, il avait 20 ans. Entre parenthèses, ça en dit long sur le Parti Socialiste de FRANÇOIS MITTERRAND, et bien avant sa victoire de 1981.
Le plus « intéressant » dans cette carrière « intéressante » me semble être le fait que monsieur ALAIN BAUER illustre à merveille une notion très à la mode : le RÉSEAU. Avec ALAIN BAUER, si vous additionnez le réseau FRANC-MAÇON, le réseau JUIF, le réseau POLICIER et le réseau SOCIALISTE, vous obtenez un « carnet d’adresses » épais comme un Bottin de Paris dans les années 1950 (minimum 15 cm sur papier fin). ALAIN BAUER est à lui seul une incarnation du concept de RÉSEAU. Sa personne est un LOBBY. C'est très fort.
Cet homme est à lui seul une agence d’influence. Et je vais vous dire : les idées politiques, franchement, il n’en a rien à cirer. Et je vais vous dire mieux, il ne faut pas chercher ailleurs les "idées" (si par hasard ce sont des idées, et non de simples moyens de gouvernement) que MANUEL VALLS met en application maintenant qu’il est ministre : ALAIN BAUER, son vieil ami, enseigne à l’EOGN (officiers de gendarmerie) et à l’ENSP (cadres de la police). J’avoue que je n’ai pas lu les ouvrages de monsieur ALAIN BAUER. Honnêtement, quand ils ont paru, je faisais autre chose, j’étais en plongée sous-marine, sans doute.
Merci à ARIANE CHEMIN, pour la qualité de son article du Monde. Alors ça, oui, c'est ce que j'appelle du journalisme !
Voilà ce que je dis, moi.
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vendredi, 19 octobre 2012
L'AVENIR DE L'IDENTITE NATIONALE
Pensée du jour : « Malheur à celui qui n'a pas mendié ! Il n'y a rien de plus grand que de mendier. Dieu mendie. Les anges mendient. Les rois, les prophètes et les Saints mendient ».
LEON BLOY
Ceci est la dernière note sur le sujet.
J’étais donc parti, le 14 octobre, sur une question d’une gravité philosophique qui n’a certainement échappé à personne : « Qu’est-ce que l’identité nationale ? ». Je répondais intrépidement : « sentiment d’appartenance » et « exigence de différenciation ». C’était mes deux idées de départ. Ce qui m’intéresse dans ces deux notions, c’est qu’elles marchent aussi bien au niveau individuel que national.
L’individu est un entrecroisement proprement inextricable de critères d’appartenance et de critères de différenciation (nom, prénom, date et lieu de naissance, profession, adresse, etc.). La nation, c’est un peu pareil. A ce titre, la caractéristique principale de toute identité, c’est qu’elle se compose de données tout à fait indénombrables. Je dirais même « inépuisables ». Chercher à définir l’un ou l’autre de façon exhaustive est voué à l’échec. Et je trouve ça rassurant : la part de mystère de tout ce qui se rattache au vivant, en quelque sorte.
Maintenant, la question qui vient est : « Qu’est-ce qu’on fait de tout ça ? ». Je veux dire : de quel côté va-t-on tirer la question ? Beaucoup de problèmes du monde actuel en découlent. Ne parlons pas des Kurdes, peuple à cheval sur quatre Etats (le cas des Basques est analogue). Ne parlons pas des Ouïghours, peuple musulman égaré en Chine (mais aussi, que sont-ils allés faire dans cette galère ?).
Ne parlons pas des Ecossais, qui sont en train de préparer leur sécession de la couronne britannique. Ne parlons pas des Flamands ou des Slovaques. Ne parlons pas des Catalans, qui vivent sur un trou financier, mais que ça n’empêche pas de réclamer l’indépendance de la province. Et qui abolissent la corrida parce qu’ils la considèrent comme espagnole. Au fait, jusqu’où va la Catalogne, au nord de la frontière ? Perpignan ? Narbonne ? Je ne me rappelle plus où commencent les panneaux routiers bilingues.
Le point de départ de l’identité, c’est au total deux affirmations : « Nous sommes ce que nous sommes » (appartenance) et « Nous ne sommes pas ce que nous ne sommes pas » (différenciation). Ce qui veut dire : « Nous ne sommes pas ce que vous êtes ». Ça a l’air très bête, dit comme ça (deux atroces tautologies, pour ceux que ça intéresse), mais ça tient la route. Qui peut dire où se situe le point d’équilibre ? Y a-t-il seulement un point d’équilibre ? Ce qui est sûr, c’est qu’on peut choisir de tirer sur l’un ou sur l’autre des deux fils.
Si vous tirez le fil de l’appartenance, nul doute que vous englobez. Quoi ? Ce n’est pas le problème. Le problème, de ce côté-là, c’est que, plus vous englobez, plus vous risquez d’aller vers un ensemble hétérogène, au point, éventuellement, de passer par-dessus des différences irréductibles.
C’est ce qui s’est passé pour l’Empire Romain à l’époque de TRAJAN (53-117) : la plus grande extension, avant le démembrement (la "décadence"). C’est de l’ordre de la dénégation, du refoulement, de l’angélisme : prêcher à toute force, à genoux et les mains jointes, que l’unité règne. Par exemple, qu’est-ce qui est à l’œuvre, quand un blanc, dans une rue française, se fait traiter de « fromage blanc », ou pire, de « sale Français » ?
Si vous tirez le fil de la différenciation, nul doute que vous accusez l’épaisseur du trait qui sépare. ANDERS BERING BREIVIK, le Norvégien massacreur, a tiré ce fil-là (et tiré sur tous ceux qui militent pour une appartenance toujours plus grande, je veux parler d’une certaine gôche métissante à tout crin, vous savez, la tarte à la crème de tout ce qui se veut et se prétend « sans frontières »).
Il y a un début d’hostilité dans le simple fait d’exalter sa propre différence (la revendication dite « identitaire » : « Je ne suis pas ce que tu es », « Nous ne sommes pas ce que les autres sont », étrangère, pour l'instant, à toute idée de supériorité de "je" ou "nous" sur "tu" ou "les autres").
Le point extrême de la différenciation, c’est évidemment le concept de « pureté de la race », avec toutes les implications qu’on a pu observer dans l’histoire du 20ème siècle. L’autre point extrême, qu’on pourrait appeler « la grande appartenance », ou « tout est dans tout (et réciproquement) », c’est ce qui a été baptisé du noble nom de « métissage ».
Le grand laboratoire grandeur nature de la pureté de la race, c’est, comme chacun sait, l’Allemagne hitlérienne. Pas besoin d’épiloguer. Le grand laboratoire grandeur nature du métissage se trouve, quant à lui, en Amérique latine, sorte de concentré de tous les continents. L’Argentine n’a-t-elle pas eu un président nommé NESTOR KIRCHNER (nom germanique) ? Le Pérou, en 1990, a élu au même poste ALBERTO FUJIMORI (nom japonais). L'actuel Bolivien EVO MORALES AYMA (nom amérindien) est d’origine Aymara. Toute l’onomastique latino-américaine reflète ce qui a bouillonné dans ce chaudron.
Le problème de l’identité nationale française, tel qu’il se pose aujourd’hui, est là. Qu’elle se dilue, cela ne fait guère de doute. On peut faire pousser dans son jardinet les reliques que l’on veut. Mais à propos de l’identité nationale française, cela s’en va, si j’ose dire, par « en haut » et par « en bas ».
Par en haut, c’est évidemment toute la supranationalité qui tend à s’imposer aux membres de l’Union Européenne en général, à la France en particulier. Par en bas, c’est ce qui nous vient à la fois de la double nationalité (un petit peu) et du regroupement familial (très beaucoup). Ajoutons, pour faire bonne mesure, la naturalisation, et le million de nouveaux citoyens, qu'elle ajoute aux Français tous les 11 ans environ (à peu près 85.000 par an).
Qu’est-ce qui domine la scène, sur ce plateau ? Difficile à dire. D’un côté, vous avez JEAN-FRANÇOIS COPÉ (et une forte partie de l’UMP) qui parle de « racisme anti-blanc », et qui dénonce le fait d’arracher à un collégien (une collégienne ?) son pain au chocolat, sous prétexte qu’on est en ramadan. Visiblement, le monsieur en question tire sur le fil de la différenciation et privilégie l’aspect identitaire. Et c'est vrai que le laïciste que je suis réagit très mal à l'irruption du religieux (fortement teinté de politique) dans notre espace public.
De l’autre côté, vous avez FRANÇOIS HOLLANDE (et tout le Parti Socialiste, en plus de quelques gauchistes et chrétiens sociaux au grand cœur) qui, en tant qu’universaliste et « porteur de valeurs », propose d’accorder le droit de vote aux étrangers dans les élections locales.
Vous avez RESF (réseau « éducation sans frontières ») et autres associations humanistes, qui luttent contre les centres de rétention, l’expulsion des enfants d’immigrés scolarisés, le sort fait aux sans-papiers. Soit dit en passant, ce sont les mêmes qui s’apprêtent à défaire l’institution du mariage en l’ouvrant aux homosexuels, sous prétexte d’ « égalité ». C’est vraiment bizarre, ce que c’est devenu, « être de gauche » : éliminer à toute force tout ce qui différencie, hiérarchise, distingue, "discrimine".
Il me semble que c’est dans Les Origines du totalitarisme (Gallimard « Quarto », 2002) que HANNAH ARENDT déclare que l’époque de l’impérialisme (= déversement de capitaux et de populations européens superflus sur le reste du monde, environ 1850-1900) est celle du déclin des Etats-nations. Peut-être a-t-elle tort, après tout. Mais est-ce bien sûr ?
Ce qui est sûr, en revanche, c’est que les capitaux sont en train d’achever la planète, et que les populations sont de plus en plus superflues. Alors, dans ce magma, vous pensez, l’identité nationale française ! …
Voilà ce que je dis, moi.
FIN
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samedi, 15 septembre 2012
CARTES POSTALES DU FRONT
Pensée du jour :
« Tu t'chopes des suées à Saïgon
J'm'écris des cartes postales du front
Si ça continue j'vais m'découper
Suivant les points les pointillés
... Vertige de l'amour ».
ALAIN BASHUNG
CARAMBOLAGE
Le lauréat de la médaille Fields (comme les mathématiques furent rejetées par ALFRED NOBEL, il fallait bien trouver une récompense aussi prestigieuse pour les pionniers de la discipline, mais c'est tous les quatre ans) est prévenu de son couronnement 6 mois avant l’annonce officielle, avec interdiction absolue d’en parler à qui que ce soit. Pour le médiatique CEDRIC VILLANI, ce fut, dit-il, un « délai merveilleux ». Il vient de publier Théorème vivant. On l'applaudit bien fort.
CABRIOLET
Monsieur ANDERS BEHRING BREIVIK, le médiatique auteur de 77 meurtres en Norvège, a déclaré lors du prononcé du verdict de son procès : « Je voudrais présenter des excuses aux militants nationalistes pour ne pas avoir exécuté davantage de personnes ». Le médiatique monsieur RICHARD MILLET vient de démissionner du comité de lecture de Gallimard (cf. Le Comité, de MICHEL DEGUY, Champvallon, 1988), après avoir publié un « éloge littéraire » de Monsieur BREIVIK. On attend le prochain Indignez-vous de STEPHANE HESSEL. Mais on me dit qu'un Niagara d'indignation lui est tombé sur le râble, à RICHARD MILLET. Que c'est beau la morale ! Qu'il est grand, le moraliste ! Il y a quelque chose d'admirable et de terrifiant chez les gens qui vont au bout d'une logique, quelle qu'elle soit.
CATECHUMENE
CHAVELA VARGAS (écoutez le sublime « Vamonos », Carnegie Hall 2003, sur Youtube), morte le 5 août 2012 à 93 ans, déclarait à qui voulait l’entendre qu’elle avait bu environ 45.000 litres de tequila au cours de sa vie. Si elle était morte à 123 ans, on aurait pu dire que, en commençant dès le jour de sa naissance, cela aurait fait un litre par jour de vie. En commençant à l'âge de 20 ans, elle aurait dû mourir à 143 pour accomplir une performance égale. Comme dit ALFRED JARRY : « L'alcool conserve les chairs ».
CATEGORIE
L’agence américaine de l’environnement conseille aux habitants voisins de chantiers d’exploitation des gaz de schiste (cliquez ci-contre pour vous faire des impressions fortes, ça dure 46 minutes) de ne pas fumer pendant qu’ils font couler l’eau du robinet. A cause des risques d'explosion. Voir, pour plus d'information et de spectacle, le film Gasland.
CATALEPSIE
Le respect se perd. D’une façon générale, c’est sûr. A l’égard des professeurs, c’est d’encore plus d’évidence. Ainsi, choquée par la remarque portée dans le carnet de correspondance de son enfant par le professeur d’histoire-géographie, concernant un travail non fait, ainsi que l’oubli à répétition de livres et cahiers, une mère de famille a fait irruption dans la salle de classe et a assené à l’enseignante, de source syndicale, force gifles et coups de pied. Le rectorat de Poitiers s’est porté, avec le cran administratif qu’on lui connaît, au secours de la victime, déclarant qu’elle avait reçu "une seule gifle et un seul coup de pied, sortant l’après-midi même de l’hôpital". Ce qui, indéniablement, relativise.
CARROSSERIE
En revanche, le maire de Cousolre (59), lui, parce qu'il avait giflé un adolescent parce que celui-ci avait proféré des insultes et des menaces à son encontre parce qu’il prétendait l’empêcher d’escalader un grillage, sera prochainement jugé en appel, après avoir été, en première instance, condamné à 1000 euros d’amende et 250 de dommages et intérêts. A part l'amende, monsieur BOISART n'aura qu'à échanger ses billets avec l'adolescent, lui aussi condamné à 250 de dommages.
Une question reste sans réponse : qui condamnera les juges à se flanquer 33 coups de pieds dans le derrière ?
KARABOUDJAN
Les ruines de Pompéi tombent en ruines au carré. Que fait Berlusconi ? Il organise un gang-bang. Dans l’un des monuments les plus connus de la ville (et de toute l’antiquité romaine), l'extraordinaire Villa des Mystères, une poutre de soutien du toit de tuiles s’est effondrée le 8 septembre. Très mauvais signe. On sait en effet que cette date du 8 septembre est l’appellation « vulgaire » du 1er absolu du calendrier pataphysique, jour de liesse, puisqu’il a vu la naissance du Père Ubu, autrement dit l’avènement de la ’Pataphysique en ce monde. Alléluia ! Allez en paix ! Ite missa est ! Des « Mystères » s’effacent pour laisser place à d’autres « Mystères », plus imposants et majestueux. Et laissons les ruines enterrer les ruines. Pour mieux laisser advenir le règne de Faustroll-Ubu-Jarry !!!! « Ha ! Tu resplendis dans la lumière ... Le Rock advole ! » (César-Antéchrist, Acte dernier).
CARABISTOUILLE
Pour finir, je m'en voudrais de ne pas signaler, en ces temps qui nous rapprochent du 11 novembre et de ses commémorations de la fermeture d'une échoppe (à l'enseigne de la "Grande Boucherie du XX ème siècle"), l'existence d'un monument très particulier que nous a légué cette époque. En dehors des 17 communes françaises (sur 36 000) dépourvues de tout monument aux morts, on note qu'un monument devient facteur de division entre deux communes : Saint-Santin et Saint-Santin.
SAINT-SANTIN D'AVEYRON (12)
Car il faut savoir que l'administrateur parisien, en traçant les limites des départements, a fait passer celle du Cantal et de l'Aveyron en plein milieu de la commune de Saint-Santin. Et l'on voit, en regardant bien, successivement, les flancs du monument, que l'on est d'un côté en Aveyron, et de l'autre côté dans le Cantal. Question : a-t-on gravé deux fois les noms des morts ?
SAINT-SANTIN DU CANTAL (15)
Ils sont fous, ces Romains !
Voilà ce que je dis, moi.
Note destinée aux lecteurs interloqués par les intitulés jalonnant cette note : comme ça faisait bien longtemps que je n'avais pas évoqué BEROALDE DE VERVILLE et son inénarrable (je pèse mes mots) Moyen de parvenir, je me suis permis de m'inspirer de ses titres de chapitres. Un exemple de succession de titres (il y en a 111 comme ça) : « Mappemonde, Métaphrase, Paragraphe, Occasion, Plumitif, ... ». En espérant que cela relativisera à leurs yeux l'arbitraire de mes vocables.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gasland, stéphane hessel, karaboudjan, poésie, chanson, alain bashung, vertige de l'amour, carte postale, prix nobel, cédric villani, mathématiques, le théorème vivant, anders behring breivik, norvège, assassin, richard millet, littérature, pamphlet, michel deguy, gallimard, comité de lecture, chavela vargas, alfred jarry, gaz de schiste, violence, cousolre, professeur, villa des mystères, pompéi, ubu, pataphysique, faustroll, ruines, père ubu, césar antéchrist, félix vallotton, niagara, calendrier pataphysique, béroalde de verville, le moyen de parvenir
dimanche, 22 avril 2012
PRESIDENTIELLE, C'EST JOUR DE FÊTE
« Le jour de la présidentielle,
Je reste dans mon violoncelle.
Une élection qui marche au pas,
Cela ne me regarde pas. »
D’après TONTON GEORGES
Quand je vois passer une ELECTION PRESIDENTIELLE, qu’est-ce que je fais ? Je l’ignore superbement.
JE M’ABSTIENS
Vous ne voudriez quand même pas que je vote pour ça ?
Ou même pour ça ?
Alors vous, vous voteriez pour ça ?
Non, ne me dites pas que vous voteriez pour PASQUAL PINON, pas vous, pas ça, quand même ?
Je n'ose pas imaginer que quelqu'un pourrait apporter son suffrage à cette bête-là ?
Entre deux étrons, il faut choisir le moindre, comme disait presque l’ennuyeux PAUL VALERY.
Et quelque virulentes que soient les vociférations des
ou des
sachez-le, je m'abstiens ! Hyène je suis, hyène je reste, et je ricane.
Voilà ce que je dis, moi.
Mais quand je vois passer le procès de
Monsieur ANDERS BEHRING BREIVIK,
qu’est-ce que je fais ?
J’applaudis la Norvège, qui a le courage de donner à un fasciste, peut-être même un nazi, et au surplus un grand criminel, le droit de s’exprimer publiquement. Ce n’est pas en France qu’on verrait ça.
Je dis : « Bravo la Norvège. Ça au moins, c’est de la liberté d’expression ».
Pour moi, c'est ça, la démocratie. C'est même de la démocratie de grande classe. En France, pays des « droits de l'homme », qu'ils disent, heureusement, on a adopté le couvercle hermétique du POLITIQUEMENT CORRECT. Et les bonnes âmes s'étonnent des presque 20 % de Madame LE PEN. On n'est pas au bout des surprises.
Voilà aussi ce que je dis, moi.
08:44 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : élection présidentielle, politique, société, france, georges brassens, dimanche, littérature, paul valéry, anders breivik, norvège
lundi, 01 août 2011
NORVEGE ET LIBERTE D'EXPRESSION
ANDERS BEHRING BREIVIK, vous connaissez, évidemment, comme tout le monde. Mais si, l’auteur maintenant célèbre d’un célèbre fait divers ! Il a tué entre 70 et 80 personnes à Oslo et Utheia. Par conviction d’Européen blanc et anticommuniste. A la bombe et au fusil. Cela s’appelle passer à l’action. La psychanalyse dirait « passer à l’acte ». ANDERS BEHRING BREIVIK a agi. Je veux dire qu’il n’a pas « exprimé » une opinion. Il a traduit une opinion dans une action concrète. Et criminelle.
Nous sommes, paraît-il, en démocratie. Nous jouissons, théoriquement, de la « liberté d’expression ». Mais qu’est-ce que la liberté d’expression ? En France, on le sait de moins en moins. J’ai dit beaucoup de mal, au sujet de la France, de la police de la pensée et de la police du langage qui se sont mises en place progressivement, à travers un certain nombre de lois qui punissent des délits de parole.
Cela s’est passé sous l’influence d’un certain nombre de groupes appelés « minorités ». Tout y passe, le sexe, la race, la religion. On ne peut plus émettre la moindre plaisanterie ni la moindre critique à l’égard des femmes, des arabes, des homosexuels, des juifs, sans se faire accuser de sexisme, de xénophobie (ou d’islamophobie), d’homophobie, d’antisémitisme.
En Norvège, le premier ministre vient de déclarer que le pays ne changera pas de politique en ce qui concerne l’expression des opinions, et que les opinions extrêmes ont tout à fait le droit de s’exprimer, aussi longtemps qu’il n’y a pas d’acte de violence. Retenez bien ça. Voilà une démocratie. En Norvège, l’extrême droite a le droit de s’exprimer, de formuler ses analyses, ses opinions, aussi extrêmes soient-elles. Elle n’a pas le droit de tuer. En Norvège, on fait la différence entre l’opinion et l’acte.
En France, ceux qui auraient envie de blaguer à propos de l’une des catégories mentionnées de la population s’exposent à l’accusation de PHOBIE, comme si leur cas relevait de la psychiatrie. Et s’exposent à des sanctions désormais légales, qui permettent à des « associations », des bonnes âmes certainement, de porter plainte, avec constitution de « partie civile ». En quoi cette négation française de la vraie liberté d’expression diffère-t-elle de ce que faisait l’U. R. S. S. brejnévienne en envoyant les opposants politiques dans des asiles de fous ?
Je ne citerai que pour mémoire cette phrase de VOLTAIRE, tellement rebattue qu’elle a perdu toute force et toute réalité : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous puissiez le dire ». Aujourd’hui, c’est devenu : « J’ai horreur de ce que vous dites, et je me battrai jusqu’à ce que le tribunal vous ait puni pour l’avoir dit ».
En 1784, PIERRE-AUGUSTIN CARON de BEAUMARCHAIS publie Le Mariage de Figaro. La tirade de Figaro au dernier acte est en principe (?) connue (?) des candidats bacheliers. Dans ce monologue, il dit, à propos de la liberté de la presse, quelque chose de parfaitement actuel : « On me dit que, pourvu que je ne parle en mes écrits ni de l’autorité, ni du culte, ni de la politique, ni de la morale, ni des gens en place, ni des corps en crédit, ni de l’Opéra, ni des autres spectacles, ni de personne qui tienne à quelque chose, je puis tout imprimer librement, sous l’inspection de deux ou trois censeurs ».
Il faut croire qu’au 18ème siècle, sous l’ancien régime, on savait mieux ce qu’est la liberté que nous autres, qui vivons au 21ème siècle, en régime soi-disant démocratique.
En France, quand toutes les « minorités » auront gagné, on débouchera sur quoi ? C’est relativement aisé à saisir : la vie sociale tout entière sera codifiée selon, d’une part, la liste des interdits ; et d’autre part, la liste des obligations. Et la fonction de l’école sera de faire apprendre par cœur à tous les écoliers les listes de proscriptions et de prescriptions. Et la police veillera à l’observance du code. Au besoin, un bon petit appel à la délation pour vaincre les résistances.
J’ai déjà abordé le problème. J’y reviens. Comment ça se passe, donc ? Prenez un groupe particulier qui se définit lui-même à travers une identité, mettons, par exemple, les « anti-corrida ». C’est l’identité d’un MILITANT, qui part en guerre contre quelque chose qu’il déteste. Je note d’ailleurs la dissymétrie entre le combat du MILITANT, et le plaisir de l’AMATEUR de corrida. Le premier décrète face au second : tu n’as pas le droit d’éprouver ton plaisir. D'ailleurs, le premier a eu la peau de la corrida en Catalogne.
Notons en passant que c’est précisément la détestation maladive de quelque chose qui définit la notion de PHOBIE. Mais il faut impérativement dissimuler l’aspect phobique de la guerre entreprise. Et le moyen le plus sûr, c’est tout simplement l’inversion de la charge de la preuve. Faire en sorte que le phobique désigné soit non pas celui qui déteste, mais celui qu’il déteste. Pour cela, profiter de l’horreur unanime qui saisit tous ceux, à l’audition des paroles honnies, qui prêchent la tolérance, avec la bouche en cœur si possible. On imagine le système judiciaire où ce serait à la personne innocente de prouver qu’elle n’est pas coupable. Très pratique.
Autre urgence : ne pas attendre que des actes délictueux soient commis à l’encontre du groupe ainsi défini (il convient de dire aujourd’hui « minorité »), et s’attaquer à l’expression même, à la parole. On peut aussi se saisir, à l’occasion, des quelques actes déments commis contre tel groupe pour ériger le cas particulier en grave problème de société. On a profané un cimetière juif ou musulman ? Hurlez à l’antisémitisme, à l’islamophobie ! Présentez-vous collectivement comme une victime.
La France est donc pionnière en la matière (pour une fois qu’elle n’est pas « en retard » !). Le pays des droits de l’homme (je pouffe !) a réussi à faire de la parole un délit ! Et cette énormité apparaît aujourd’hui tellement évidente que (presque) tout le monde l’admet ! Alors que cela devrait être combattu. Ainsi s’instaure la société d’intolérance généralisée.
P. S. : Je crois utile de préciser malgré tout que je n’aime guère les extrémistes, quels qu’ils soient et d’où qu’ils viennent. Je trouve par exemple très comique l’insurrection qui gagne les gauchistes dès que l’extrême droite manifeste dans la rue, obligeant les C. R. S. à s’interposer. Mais l’idée qu’il puisse y avoir des TABOUS D’OPINION m’est au moins aussi insupportable.
09:07 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : anders behring breivik, norvège, liberté d'expression, licra, sos racisme, mrap, crif, censure, sexisme, homophobie, islamophobie, xénophobie, antisémitisme, voltaire, beaumarchais, corrida