lundi, 13 novembre 2023
TROIS B.D. REMARQUABLES 1
I
2002-2003-2004, trois volumes aux éditions Glénat.
LES CORRUPTIBLES, par PENDANX au dessin et BREZEAUX au scénario.
Un dessin aux couleurs flamboyantes, un commissaire de police (Jean-Bedel Yapo) et son assistant (Shérif), disons, très couleur locale (sans mauvais jeu de mots), mais fonctionnant un peu "à l'américaine". Et ça grouille de personnages qui magouillent sans arrêt sur un fond apparent de foire permanente qui donne l'impression très forte d'un désordre indescriptible, mais dans un récit finalement très "guidé". Comment font les acteurs pour s'y retrouver dans ce fatras ? Mystère, mais ça présente toutes les facettes du Bengali (capitale Kamassoukro, président Papy Bastos), où il se passe quelque chose toujours et partout.
Attendez-vous à tomber dans un chaudron africain où grouillent et bouillonnent les passions humaines, les ethnies, les luttes pour le pouvoir, les bavures d'une force plus ou moins publique, les comptes qui se règlent, le parti unique tout-puissant, etc. Et puis ces deux flics qui pataugent dans la boue d'une société prise de vertige, mais où ceux qui détiennent les vraies commandes du vrai pouvoir (dans l'ombre, évidemment) arrivent toujours à leurs fins.
Total et passionnant dépaysement garanti. Une B.D. truculente, joyeuse, violente et sauvage, qui permet un peu de comprendre pourquoi la volonté des anciens Etats coloniaux d'implanter en Afrique la forme de l'Etat politique tel que l'Occident l'a inventé pour lui-même (état de droit, procédures politiques définies par la loi, administration neutre, enfin bref, tout le sac d'embrouilles limpides que nous connaissons) n'a guère de chances d'y voir vraiment le jour.
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jeudi, 14 septembre 2023
MALI, BURKINA-FASO, NIGER, GABON, ...
... ET LA FRANCE !?!?!?
La réponse de Reiser en 1978 est directe et péremptoire.
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samedi, 02 septembre 2023
UN SCOOP SENSATIONNEL DU « MONDE »
Ci-dessous la (presque) Une du journal Le Monde daté 1er septembre 2023.
Nos reporters se tiennent à l'affût pour informer les lecteurs sur les suites de l'événement, qui ne peuvent manquer de passionner la population. Vous pouvez, quoi qu'il arrive, faire confiance au journal Le Monde. pour maintenir très haut et fièrement l'étendard d'un fact-checking intransigeant.
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dimanche, 17 mai 2020
MON MUSÉE AFRICAIN
Dogon.
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vendredi, 08 mai 2020
MON MUSÉE AFRICAIN
Encore un incroyable contraste entre les surfaces, les aspects et les lignes. Je ne sais pas pourquoi ça me fait penser au Japon de Tanizaki Junichiro (quelques pages d'Éloge de l'ombre, peut-être ?).
Bamileke.
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J'apprends que 92 % des décès dus au Covid-19 concernent des personnes de plus de 65 ans. J'en ai 72. Est-ce grave, docteur ?
Question : quel pourcentage de personnes de plus de 65 ans sont mortes du Covid-19 ? Si je compte bien, 92 % de 25987 (chiffre officiel à la date du 7 mai), ça fait à peu près 23000 individus. Par rapport à ça, combien de millions de Français de plus de 65 ans ? Alors là, j'avoue que je suis un peu rassuré.
09:00 Publié dans ART | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art africain, arts premiers, art primitif, afrique, coronavirus, covid-19, france, surmortalité, photographie
lundi, 27 avril 2020
MON MUSÉE AFRICAIN
Ayant cessé de penser (jusqu'à quand ?), je reviens à des amours esthétiques que j'ai trop longtemps négligées.
Ossyeba (Gabon), tête "Naja". Vous ne trouvez pas qu'il y a quelque chose d'inquiétant dans la forme et l'aspect de cet objet ?
Il semblerait que "Kota" soit l'ethnonyme englobant (le terme générique), et que "Ossyeba" et "Mahongwe" soient, selon les catalogues d'exposition et les catalogues de ventes, des variantes particulières. Quand on commence à regarder la question d'un peu près, on est effaré par la complexité de l'histoire des peuples africains : qu'il s'agisse de langue, de territoire, de coutumes, de formes artistiques ou de migrations (et je ne parle pas de la musique), l'écheveau semble indémêlable. Et on commence à comprendre pourquoi les Européens ont tant de mal à comprendre ce qui se passe en Afrique. Et pourquoi la notion d' "Etat" à l'européenne (à l'occidentale) a tant de mal à s'enraciner sur le "continent noir".
09:00 Publié dans ART | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : arts premiers, art africain, masques africains, photographie, ossyeba, kota, mahongwe, gabon, afrique
dimanche, 07 octobre 2018
L'HOMME QUI RÉPARE LES FEMMES
Je publie de nouveau, sans rien y changer, ce billet paru ici en 2012, en l'honneur d'un grand homme, qui vient d'être désigné Prix Nobel de la Paix de l'année 2018. Si j'avais à dire ce que pour moi est aujourd'hui l'héroïsme, je nommerais le Docteur Denis Mukwege (parmi quelques autres).
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Le sang réel coule en Afrique. Et plus précisément (entre autres) dans une région qui s’appelle le Nord Kivu. C’est au Congo [il faut dire RDC], dans le nord-est, près du Rwanda, là où se trouvent de grosses réserves de « coltan » (colombite + tantalite). Il paraît que sans lui, il n’y a plus de smartphones, de tablettes et autres joujoux. Il est donc évident que ce soit la guerre.
Drôle de région, si vous voulez mon avis : le mouvement M23 (ou les Maï-Maï, ou d’autres bandes) fait régner la terreur dans les villages. La cible ? Tout ce qui est femme. Dans cette région, les hommes ont érigé le viol des femmes au rang d’activité industrielle. Une simple modalité parmi d'autres de la guerre qui s’y pratique depuis une quinzaine d’années [une vingtaine d'années en 2018].
Parlons d’un homme. Il s’appelle Denis Mukwege. Il est médecin. Il a fondé un hôpital dans une ville appelée Panzi. Quelle n’est pas sa surprise, le 25 octobre dernier, en rentrant chez lui après sa journée de travail, de se voir braquer une kalachnikov sur la tempe ! L’homme s’apprête à tirer.
Soudain, un employé de l’hôpital se précipite sur le tueur, qui se retourne, et l’abat de deux balles. Le Docteur Mukwege ne doit la vie qu’à la confusion qui s’ensuit. Ça tire, il est couché à terre, le commando s’enfuit au volant de la voiture familiale. « Miraculé. J’en suis au sixième attentat par balles », déclare-t-il doucement.
Ce gynécologue, qui pensait avoir ouvert son hôpital pour s’occuper de mise au monde, de suivi des femmes enceintes, éventuellement de césarienne, voit arriver une femme dans son hôpital tout neuf, un jour de septembre 1999. Des soldats l’ont violée. Mais ça ne suffit pas : pour faire bonne mesure sans doute, son « appareil génital avait été déchiqueté par des balles tirées dans son vagin » (excusez-moi, je cite).
Ce n’est que la première d’une longue série. « Mais à la fin de l’année, j’en étais à 45 cas », dit le docteur. En 2000, 135 cas sont comptabilisés. En 2004, il y en a 3604. Visiblement, les gars sont contents d’avoir trouvé un "truc". Une idée à creuser, quoi. « Le viol était devenu une arme de guerre ». Les clitoris étaient coupés, les seins, les lèvres, les nez sectionnés.
« Et le viol s’est répandu. Utilisé par tous les groupes armés, les rebelles hutus et les combattants maï-maï, les soldats rwandais et les forces gouvernementales congolaises, et aujourd’hui les insurgés du M23 ». En treize ans, le docteur MUKWEGE a opéré plus de 40.000 femmes violées et mutilées. Au Congo, il parle de 500.000 femmes violées en seize ans.
Là, je suis désolé, mais je suis obligé de laisser parler le docteur, faites comme moi, accrochez-vous bien : « J’ai vu des vagins dans lesquels on avait enfoncé des morceaux d’arbre, de verre, d’acier. Des vagins qu’on avait lacérés à coups de lames de rasoir, de couteau ou de baïonnette. Des vagins dans lesquels on avait coulé du caoutchouc brûlant ou de la soude caustique. Des vagins remplis de fuel auxquels on avait mis le feu ». Ce n’est pas fini.
Car la journaliste insiste : « Il a soigné une femme qui, enlevée avec ses quatre enfants par un groupe armé pour devenir leur esclave sexuelle, a appris que le plat étrange qu’on l’avait forcée à avaler était constitué de trois de ses enfants. Il a tenté pendant des heures de reconstituer le vagin d’une petite fille de 3 ans que des sexes barbares avaient saccagé, lors d’un raid nocturne sur un village ». Personnellement, je me serais passé des « sexes barbares », tant la réalité du fait se suffit à elle-même, mais bon. On comprend mieux l'acharnement des violeurs de femmes à tuer le docteur Denis Mukwege. En quelque sorte, il gâche le métier.
Ce qui anéantit le plus le bon docteur (L’Homme qui répare les femmes, Colette Braeckeman, André Versaille éditeur), c’est le silence assourdissant des instances internationales.
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Est-ce que la situation a beaucoup changé au Nord-Kivu depuis 2012 ? Honorer cet homme hors du commun est satisfaisant pour l'esprit. Mais combien plus satisfaisant serait de s'en prendre à la cause de ces horreurs. Je dis ça, tout en sachant que ça ou pisser dans un violon, hein, ......................................
Total respect, bien entendu, pour la dame qui partage le prix Nobel. Mais jusqu'à hier j'ignorais tout de son existence et de ses mérites, alors que le Docteur Mukwege est une référence depuis bien longtemps. Et par surcroît, il bénéficie à mes yeux de l'absence de la sanctification que procure le statut de victime qui est celui de la dame. Lui, il est allé au charbon volontairement et (presque) en connaissance de cause : il voulait juste faire du bon boulot dans sa spécialité.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : afrique, nord kivu, congo, mouvement m23, rwanda, ouganda, coltan, rdc, femme, féminisme, viol, torture, goma, bukavu, kabila, kinshasa, denis mukwege, docteur mukwege, l'homme qui répare les femmes, colette braeckman, ariane chemin, annick cojean, journalisme, journaliste, journal le monde, presse, prix nobel de la paix
dimanche, 04 décembre 2016
ÇA FAISAIT DES BULLES …
... C'ÉTAIT RIGOLO.
Aux cimaises de ma galerie BD.
Aujourd'hui, un virtuose ; à la fois graphiste hors-pair, excellent scénariste de roman et dialoguiste doué : François Bourgeon. Il est l'auteur des Compagnons du crépuscule et du Cycle de Cyann. Le premier se situe au moyen âge, au temps des chevaliers et de l'intrication du monde réel et du merveilleux, l'époque des appétits bestiaux et des fureurs religieuses (tiens donc !). Le Cycle de Cyann se situe quelque part dans un espace improbable et futur, un univers tout en "Ô" dont chaque détail a été soigneusement pensé et représenté. Une tentative audacieuse, presque téméraire, de rendre compte d'une humanité aux prises avec elle-même, avec la nature. Un être mystérieux (un Vêh) apprend à Cyann à se servir de "portes spatiales" pour passer d'un monde à l'autre. Bref, tout un folklore extraterrestre touffu, gentiment distrayant et soigné, que Bourgeon a eu, selon moi le tort de prolonger au-delà des trois volumes de base, qui constituent une unité à part entière.
Mais son bâton de maréchal dans le genre de la B.D., François Bourgeon l'a gagné avec les cinq volumes des Passagers du vent (rien que le titre est en soi une trouvaille). Cinq tranches d'une aventure au long cours, cinq volumes qui forment un vrai tout. Là encore, il a eu le tort de vouloir prolonger (c'est mon humble avis) avec ces histoires de "Bois-Caïman" qui parlent de tout autre chose. Cela me fait penser à ce qui est devenu une ritournelle de la civilisation occidentale : la repentance, et son corollaire : le métissage, compris comme une revanche sur le colonisateur. Comme si les noirs d'Afrique avaient eu besoin d'apprendre des blancs comment on réduit ses semblables en esclavage. La repentance pointait déjà son nez dans Vendredi ou les limbes du Pacifique de Michel Tournier.
Le récit entier est fort complexe, et entremêle habilement des narrations à plusieurs étages.
La Marie-Caroline, navire négrier. Elle ne le sait pas au début, mais elle va en voir des vertes et des pas mûres.
Le lecteur ne remarque pas forcément que l'animal représenté en premier plan est un canard dit "Souchet" (à cause du bec en spatule, avec lequel il fouille la vase à la recherche d'animalcules et autres mets délectables). On croisera évidemment la route d'une foule d'oiseaux de mer, à commencer par le goéland argenté. On trouve un grand cormoran (phalacrocorax carbo) au début du deuxième épisode. Une remarquable chevêche (ou chevêchette, je n'ai pas l'échelle) en page 7. On en voit s'envoler une semblable en gros plan en page 20.
Ça, c'est le sinistre "ponton" où les Anglais gardent leurs prisonniers, et dont Isa veut faire évader Tragan. Elle y parviendra grâce à l'aide de Mary, une rousse qui a le feu quelque part et qui est fiancée à un des officiers qui commandent la place. La vie des prisonniers à bord est tout sauf drôle. Le grand cormoran est juché sur un piquet en bas de l'image.
Paysage d'Afrique le matin très tôt. La caravane avance.
Tout commence avec l'embarquement clandestin de deux femmes sur la Marie-Caroline. Clandestin, il le serait resté sans l'œil de Hoël Tragan, qui veut en avoir le cœur net, mettant en route la chaîne des conséquences et des causes qui vont nous faire parcourir les mers, en cinq épisodes fourmillant de détails graphiques qui produisent un puissant effet de réel, en même temps qu'ils ouvrent toute grande la fenêtre à l'imagination.
Isa, c'est l'héroïne. C'est une "femme libérée" (elle sait comment prendre Agnès "par les sentiments"), elle a un tempérament ardent, sait manier le coutelas et mettre le bon silex (« Un blond ») au chien de son fusil, quand il lui faut montrer au roi Kpëngla la qualité supérieure de l'arme qu'elle lui destinait en cadeau (et elle tire juste, comme le constate à son détriment le pitoyable Viaroux). Son féminisme à fleur de peau, son antiracisme sont franchement surjoués et passablement anachroniques, mais c'était sans doute la condition pour rapprocher le personnage des "sensibilités" de notre époque. Rejetée par son père, qui ne l'a pas reconnue après qu'elle a échangé ses habits avec Agnès, la petite roturière qui lui tenait compagnie, elle jettera plus tard son dévolu sur Hoël (qu'elle appelle aussi Tragan à l'occasion), marin de Sa Majesté de son état, qui tue le commandant du navire au moment où il va tuer (« C'est que ... j'avais visé le bras, moi ! ») celle dont il vient d'apprendre qu'elle est sa sœur, de la bouche de celle qu'il croyait telle.
dimanche, 10 août 2014
C'EST BEAU, UN MASQUE AFRICAIN
Résumé : après une visite à la galerie Ratton, pour la très belle exposition d'objets de Côte d'Ivoire, j'évoquais mon vieil intérêt pour l'art africain.
Il fut des temps et des lieux où le nom de l'individu, de l'auteur, de l'artiste ne comptait pas. Il ne signait pas ses œuvres, se trouvant assez payé d'avoir glorifié Dieu (ou ce qui en tenait lieu) dans son art. D'avoir été au service de quelque chose (n'est-ce pas ça, ce quelque chose d'autre en quoi nous ne savons plus comment nous abolir ?) qui le dépassait. Quelque chose qui nous manque cruellement aujourd'hui. Mais on ne reconstitue pas une ligue dissoute : c'est devenu un délit. Plus rien ne dépasse l'homme. Cela veut aussi dire, accessoirement, que plus rien ne rassemble les hommes.
De plus, l'objet ethnographique exerçait une fonction "religieuse" ("magique" ?) que les Africains eux-mêmes ont désormais à peu près perdue, malgré la fable du "retour à l'origine" dont on ne cesse de nous rabâcher le refrain baveux, pâteux ou incantatoire. Et malgré les efforts de "survie des traditions" auxquels se livrent de vains militants.
La modernité moderne a décidé d'éradiquer toutes les traditions vivantes, pour les remplacer par de la marchandise brevetée, autrement lucrative. Je ne vois pas ce qui pourrait l'empêcher de le faire. Ne parlons pas des pauvres survivances folkloriques, locales, touristiques et moyenâgeuses, tout ce qui fait croire que ..., élaborées uniquement pour distraire les nostalgiques, en même temps que les ignorants avides de distraire leurs enfants qu'ils ne savent plus comment occuper. Et les Africains aussi, ils savent faire semblant de danser quand il y a des touristes à la peau blanche, et de fabriquer à la demande des « objets africains authentiques » dans des ateliers industriels pour les marchés européens.
Kota (Gabon/Congo Brazzaville) : figure de reliquaire d'ancêtre dite "à front bombé", collection du Gouverneur Honoraire des Colonies Amédée Lefilliatre (1870-1932). Estimé entre 700.000 et 900.000 francs par maître Jean-Louis Picard, pour la vente du mardi 8 octobre 1991 à Drouot Montaigne, Guy Montbarbon expert.
Le reliquaire Kota est un sujet en soi. L'œil averti de l'amateur ne saurait confondre les sujets à "front bombé", les "concaves lamellés" et les figures dites "Janus", entre autres variantes. Mais l'expert est là pour mettre le holà aux errements de l'amateur néophyte.
A quoi servaient les masques ? Les statuettes ? Les fétiches ? Qu'on ne me raconte pas que cela nous fait quelque chose à nous, occidentaux, héritiers des prédateurs qui nous ont précédés et enfantés ! Les prédateurs étaient rationnels, sensibles, matérialistes. Et calculateurs. Et ces amateurs se gargarisent aujourd'hui avec le refrain de l'authenticité. Mais comme nous aussi avons irrémédiablement perdu nos traditions (le « folklore »), nous faisons semblant tout aussi bien.
La documentation précise et sérieuse dont les marchands d'art africain entourent les objets qu'ils mettent en vente servent seulement d'alibi a posteriori à la prédation. Pour dire (blabla) qu'on ne fait pas seulement de la spéculation, mais qu'on porte un intérêt authentique aux populations. Une façon d'inventer la catégorie du prédateur altruiste. Le prédateur altruiste ! Un oxymore de plus. Mais une façon aussi de faire monter les prix : l'authenticité est un gage de plus-value.
Splendide masque Senoufo (Côte d'Ivoire) : masque de danse à configuration humaine stylisée d'ancêtre "Kpélié". Estimé entre 120.000 et 180.000 francs dans le catalogue Ader Picard Tajan, pour la vente du lundi 27 février 1989 à Drouot Montaigne, Guy Montbarbon expert. A noter que les prix des salles des ventes et le chômage ont suivi la même courbe ascendante. Etonnant, non ?
Quant à moi, je persiste à plaider "non-coupable", car ça ne m'empêche pas d'être ému à la vue du remarquable masque Senoufo contemplé à la galerie Ratton ; époustouflé par l'inventivité formelle des sculpteurs ; émerveillé par l'infinie variété de chaque forme aboutie, en ce qu'elle exprime le caractère unique de l'ethnie à laquelle appartient l'artiste.
Rien qu'en Côte d'Ivoire, on ne saurait confondre les objets suivant l'ethnie dans laquelle ils ont été produits, Guéré, Yaouré, Bété, Dan, Senoufo, Baoulé, Lobi, Gouro et j'en oublie. Chacune a une identité forte et bien particulière. Ici, on n'a pas peur d'accuser le plus possible ses différences avec les autres ethnies, bien au contraire.
Ici, pas de consensus mou à la sauce européenne, pas de chewing-gum amorphe, pas de bouillon indifférencié où tout ressemble à n'importe quoi (et inversement), c'est certain. Ce que nous autres oublions tout à fait, c'est que plus s'affirme l'identité, plus s'accuse l'opposition avec les autre. Nous ne savons plus symboliser et socialiser cette hostilité, pourtant logiquement née de la différence.
J'admire donc, même si je ne sais pas exactement pourquoi. Après tout, que le mélomane athée que je suis sache que Jean-Sébastien Bach eut une foi intense et ardente m'est une garantie que sa musique est vraie. Cette certitude me suffit. A plus forte raison, une foi qui s'ignore. Car elle est une vérité qui ne se sait pas foi (à méditer). Les traditions vivantes ignorent qu'elles sont des croyances. Alors je peux bien être touché par les imaginaires magiques (allez-y, chauffez, théologiens et anthropologues !).
Masque Punu (Gabon). Un exemplaire de ce type a été vendu en 2006 à Drouot pour la somme de 950.000 euros (frais compris, faudrait pas abuser).
Et peu me chaut qu'à peu de distance de là existe une autre galerie (Lucas Ratton, ils sont nombreux, dans la famille Ratton, et depuis longtemps, à s'intéresser à l'art africain), où le très beau reliquaire Kota est vendu 28.000 euros, alors que pour acheter l'ancien masque Punu, il faut en aligner 31.000. C'est donné ! Et il y a des acheteurs à ces prix, alors ....
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jeudi, 27 février 2014
CHANTONS SUR LES CHARNIERS
BIGUINE A BANGUI, BIGUINE A BANGKOK
Aujourd’hui on se détend un peu. C’est l’actualité des événements qui se produisent dans le monde qui m’a fait penser à Charles Trenet et à sa chanson « Biguine à Bango ! » (cliquer pour visionner). Oh, la chanson est peu connue, certes, mais elle me fait irrésistiblement penser à ce qui se passe dans les capitales de deux pays : la Thaïlande et la Centrafrique.
En Thaïlande, une partie de la population en a assez d’être gouvernée par des gens appartenant à une élite corrompue jusqu’au trognon, et pour le faire savoir, elle est descendue dans la rue, au risque de se faire tirer dessus par les militaires de Yingluck Shinawatra, la sœur du nommé Thaksin, réfugié à l’étranger pour ne pas être coffré comme un vulgaire malfaiteur, pour corruption éhontée.
Tiens, au fait, est-ce que ce n’est pas le motif qui a poussé une bonne partie de la population ukrainienne à occuper depuis trois mois la place Maïdan ? Remarquez que, pas très loin de là, j’ai lu quelque part que certains Russes reprochent (en parlant assez bas pour ne pas être entendus de l’intéressé) à Vladimir Poutine d’avoir amassé depuis qu’il est au pouvoir une fortune aux dimensions inimaginables. Il posséderait ainsi plus de quarante résidences luxueuses. Il m'arrive de me demander ce que je ferais de quarante résidences, si j'étais dictateur. Passons.
Remarquez que les Tunisiens n’ont pas foutu dehors Ben Ali pour une raison différente, et que la première visite qu’ils ont faite dans le palais du dictateur leur a autant coupé le souffle qu’aux Ukrainiens celle que ceux-ci ont organisée dans l’invraisemblable propriété qu’occupait Ianoukovitch jusqu’à son départ. Et j’imagine que si les Egyptiens avaient pu visiter la propriété de Moubarak, ç’aurait été pareil : du marbre et de l'or. Il paraît même que chez Ben Ali, il y avait dans certaines pièces des murs de liasses de billets (je le tiens d'une bonne source, mais allez savoir).
Et peut-être un jour prochain ne sera-t-il plus permis aux Africains, les potentats Obiang, Sassou-Nguesso et autres Bongo de réinvestir dans la pierre et le foncier français (l'affaire des « biens mal acquis ») les sommes colossales qu’ils ont piquées dans les caisses de leurs Etats, sans parler des subventions accordées par la « communauté internationale » au titre de « l’aide au développement » (laissez-moi pouffer) qu’ils ont détournées à leur profit et planquées en Suisse, à Singapour ou aux Îles Vierges britanniques.
Vous en voulez encore ? Eh bien voyons du côté d'Ankara et d'Istamboul, et des islamistes de l'AKP dirigés par l'islamiste « conservateur modéré » (!) Redjep Tayip Erdowan (en phonétique). Un bon musulman, c'est certain, qui se garde de l'esprit de lucre comme de la peste. Tout faux ! Pris les doigts dans le cambouis de l'argent sale, le bon musulman !
Mais peut-être – espérons-le – qu’il n’est pas obligatoire dans tous les pays du monde que ce soient les bandits, gangsters et autres mafias qui arrivent au pouvoir.
Cela reste une question malgré tout, par exemple après lecture du copieux dossier paru dans Le Monde récemment au sujet des fortunes faramineuses accumulées par ce que le journal appelle les « princes rouges » et leurs héritiers. Je parle de la Chine, évidemment. N’est-ce pas le fils de l’un d’eux dont on a retrouvé les restes dans les débris fumants d’une Ferrari dernier cri ?
Il ne faut donc pas généraliser. On ne peut imaginer – je parle au hasard – que de tels abus puissent arriver dans notre beau pays de France. Jamais de la vie, voyons. Nous avons les capitaines de pédalo les plus intègres de la planète, tout le monde le sait et personne n’oserait contester cette vérité. Et dire que j’annonçais un moment de détente en commençant. Moralité, si l’on va où l’on a décidé d’aller, ce n’est pas toujours sans sinuosités et méandres. Bon, revenons à nos roustons.
Après la Thaïlande, si nous portons nos regards sur la Centrafrique, que voyons-nous, devant nos yeux ébaubis ? Après le pillage et le meurtre généralisés commis par les milices de la coalition nommée « Séléka », juste retour des choses, c’est maintenant aux milices nommées « anti-balaka » de se dire qu’il est temps de faire couler le sang. Ce n’est qu’une habitude à prendre, comme on peut lire dans l’impressionnante trilogie écrite par Jean Hatzfeld sur la tragédie rwandaise (commencer par l’absolument indispensable Une Saison de machettes).
C’est au détour d’amusements aussi simples que ceux fournis par ces informations que la loupiote d’une chanson de Charles Trénet se met à clignoter dans ma tête. Cette chanson, peu connue, je l’ai dit, s’intitule « Biguine à Bango ». Elle dit : « Connaissez-vous la Martinique ? Connais-tu là-bas le Bango ?… ». Voilà, c’est tout. Quoi, ça ne vous suffit pas ? He bien si. Remplacez « Bango » par « Bangui ».
Vous pouvez aussi remplacer « Bango » par « Bangkok ». Et vous comprenez pourquoi j’ai parlé de l’actualité en Thaïlande et en Centrafrique. Comment, je ne suis pas très sérieux ? Mais certainement, et non seulement je le reconnais, mais je le revendique haut et fort : il ne faut pas être sérieux sur les choses sérieuses, pas plus qu’il ne faut prendre à la légère les choses légères.
Que voulez-vous faire d’autre que du mauvais esprit, au spectacle des horreurs qui se commettent un peu partout dans le monde, et qui constituent le fonds de commerce de tous les médias d’information.
En me mettant à fredonner : « Woho ! Woho ! Biguine à Bangui ! » ou « Woho ! Woho ! Biguine à Bangkok ! », j’exorcise en quelque sorte un démon, celui qui, autrement, me laisserait tétanisé d’horreur. On me parlera de dérision, de manque de compassion, et ce ne sera pas complètement faux.
Mais je demande qu’on laisse ma compassion un peu tranquille de temps en temps. Ma compassion, si c’était une personne, elle serait classée parmi les grands brûlés, traitée en grand blessé, hospitalisée vite fait dans un service d’urgence, et le monde cesserait de la harceler pour lui laisser le temps de se remettre de tous ses traumatismes et de toutes ses blessures.
Ma compassion pour les misères du monde, elle n’en peut plus. Epuisée d’avoir été sollicitée sur tous les fronts des petites et des grandes tragédies qui ensanglantent les contrées émergées de la planète.
La compassion, ça suffit ! C'est juste pour ça que je fais semblant de rire ! Parce que, finalement, ça soulage.
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, société, corruption, france, politique, charles trénet, chanson française, biguine à bango, bangui, bangkok, centrafrique, thaïlande, thaksin shinawatra, yingluck shinawatra, place maïdan, russie, ukraine, vladimir poutine, tunisie, ben ali, égypte, moubarak, afrique, obiang, sassou-nguesso, omar bongo, argent sale, turquie, erdogan, islam, islamisme, musulman, coran, journal le monde, princes rouges, chine populaire, séléka, anti-balaka, jean hatzfeld, une saison de machettes, rwanda
dimanche, 11 août 2013
JOURNAL DES VOYAGES 28
Je suis toujours en vacances, mais ...
… il reste des choses à dire sur l'Afrique, telle qu'elle était aux alentours des années 1880. Oui, nous nous devons d'aborder ici, crânement, l'infâme époque coloniale, où le blanc méprisait stupidement le noir, le jugeant abusivement ignorant, superstitieux, souvent cruel, et où il s'en servait comme d'un outil.
Ce serait tout à fait idiot de nier le fait, de même qu'il est inepte (voire ignoble) de demander, comme le fait l'arrogant Louis-Georges Tin, président (et sans doute unique militant) du Conseil "Représentatif" [représentatif mon oeil !] des Associations Noires (CRAN, appellation abusivement calquée sur "CRIF", mis en place depuis des dizaines d'années par les Juifs), des réparations financières astronomiques pour toute la période colonialiste et esclavagiste, ou à défaut l'interdiction de Tintin au Congo.
Il n'y a pas de petit profit. Il n'est pas seul à vouloir se servir de l'histoire pour tenter de palper de la pépette, Louis-Georges Tin. Qui oublie bien volontiers que les premiers à avoir réduit des Noirs en esclavage furent des Noirs.
Et que si les Blancs ont pu sans problème s'approvisionner durablement, à Gorée ou ailleurs, c'est que des Noirs n'avaient rien de plus pressé que de leur vendre d'autres Noirs, leurs « frères de couleur ». L'esclavage était fondé sur les principes du commerce : si les Blancs, et bien avant eux les Arabes, ont pu acheter des Noirs, c'est que des Noirs vendaient des Noirs. Il n'y a pas de demande s'il n'y a pas d'offre.
A cet égard, la réaction que j'ai aujourd'hui quand je lis certains propos de voyageurs de l'époque du Journal des Voyages me rassure : les auteurs de ces propos seraient aujourd'hui condamnés, avec mon adhésion, tant leurs propos sont tombés dans l'opprobre du ruisseau (Boby Lapointe), en correctionnelle, séance tenante, pour "incitation à la haine raciale", ou autre motif judiciaire.
Les temps ont irréversiblement changé. J'y reviendrai peut-être, parce qu'il est bon que nous sachions d'où nous venons, même si le présent est actuel, et que le passé est révolu. Il est bon de voir qu'un business prospère s'est développé sur les notions de « blessure mémorielle » et de « culpabilité historique », donnant lieu à « repentance » et surtout à « indemnisation ».
Et que les enfants ne sauraient être considérés comme coupables des crimes de leurs pères. D'ailleurs et heureusement, n'est-ce pas un Français (dont le nom a servi à baptiser la capitale d'un pays africain) qui a libéré des noirs esclaves, comme le montre l'illustration ci-dessous ?
A la rigueur, le colon pouvait considérer le noir comme un animal de trait, tout dévoué au service du seigneur à la peau claire. Le noir, en effet, ne demandait pas mieux que de tirer la calèche de ces messieurs, quand il leur prenait l'envie d'aller à la chasse aux papillons et autres insectes.
Je propose par-dessus le marché à la méditation de Louis-Georges Tin le document suivant, imprimé en 1946.
Il est tiré d'une publication missionnaire, intitulée Père, parlez-nous de votre Afrique, et pleine de choses délicieuses. Mon Dieu, le brave curé que voilà.
"Moteurs à bananes", riche expression.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : journal des voyages, esclavage, noirs, afrique, louis-georges tin, cran, esclaves, côte des esclaves, dahomey, gorée, boby lapointe, incitation à la haine raciale, repentance, tintin, hergé, savorgnan de brazza, missionnaires
samedi, 27 juillet 2013
JOURNAL DES VOYAGES 13
Je suis en vacances jusqu'au 16 août, mais j'ai laissé un gardien fidèle dans la niche, avec assez de provisions pour tenir jusque-là. Et je lui apporte même de temps en temps une friandise, comme cette belle et facile contrepèterie parue le 25 juillet en "Une" de Libération :
IL S'AGIT DE DOPAGE, MAIS UN JEU DE MOTS EST PLACÉ DANS LA DERNIERE LIGNE
Est-ce la facétie volontaire d'une rédaction mise à l'heure d'été, qui trouve ainsi le moyen d'agrémenter les heures de travail et de fournir à l'air ambiant un peu de la ventilation qui lui ferait autrement défaut ? Est-ce l'inconscient qui a parlé ? Mystère. En tout cas, je ne pense pas qu'elle aura échappé à l'Album de la Comtesse, en page 7 du Canard enchaîné. A vérifier mercredi prochain.
***
Pour ne pas laisser vacant tant d’espace disponible, mais le remplir de façon bien sentie, je me suis dit que la collection 1876-1899 du Journal des Voyagesétait parfaitement idoine.
Toujours quelque part en Afrique.
UNE RAVE PARTY AFRICAINE EN 1878
Dans la rubrique "Moeurs nègres", cette fête s'intitule : « Le Bamboula». C'est bien écrit "le", je n'y peux rien. Constatons, quoi qu'il en soit, que les "Moeurs nègres" décrites en 1878 ont été scrupuleusement importées et reproduites dans ce qu'on n'ose plus nommer "Moeurs des Blancs",
UN BAMBOULA EUROPEEN DANS LES ANNEES 2000
au cours des modernes, hypnotiques « rave parties », chargées de toutes sortes de substances "énergisantes" permettant de tenir le coup face aux énormes décibels d'une musique réduite aux "bpm" d'une percussion toute-puissante, venue en ligne assez directe des traditions africaines (bpm : battements par minute, si possible autour de 140, pour ne pas se faire traiter d'avachi).
Qui est le colonisateur ? Qui est le colonisé ?
Et ce sera qui, le libérateur des Blancs hypnotisés ? Toussaint Louverture ou François Hollande ? Je rigole, mais je ne devrais pas : j'ai les lèvres gercées. Il y a quelque chose qui saigne.
On en pense ce qu'on veut.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : journal libération, contrepèterie, afrique
vendredi, 26 juillet 2013
JOURNAL DES VOYAGES 12
Je suis en vacances jusqu'au 16 août, mais pour aller jusque-là, je me suis débrouillé pour laisser un gardien dans la niche. On peut y aller : il ne mord pas.
Puisse l’illustration quotidienne remplir l’office du poisson rouge quand on est seul et qu’on n’a personne à qui parler : on peut toujours s’adresser au bocal. Si le poisson fait des bulles, c'est le moment d'écouter : il est en train de répondre.
On reste quelque part en Afrique.
Chacun sait que les blancs sont définitivement le modèle indépassable des infâmes esclavagistes, comme le montre la photo de notre reporter sur place. Et que les noirs entre eux ne sont animés que par des sentiments profondément humains et par des règles strictes de courtoisie, d'aménité, et même d'humanité, comme le démontrent encore tous les jours sur les femmes les diverses milices (dont le "M23") en action dans les environs du Kivu (témoignage du docteur Mukwege). Mais que fait Caroline Fourest ? Elle a peut-être sa propre hiérarchie personnelle des valeurs ?
Pour commenter la gravure ci-dessus, on pourrait aussi relever qu'elle commente elle-même une partie de l'Exposition Universelle de Paris de 1878 (plus de 16.000.000 de visiteurs quand même, avouez que ça éberlue), qui comportait une section "anthropologie". Et qui donna du travail à quelques talentueux graveurs et fondeurs de médailles.
Sans atteindre les sommets de bon goût que les visiteurs ont pu contempler à l'Exposition Coloniale de 1931, elle reflète le degré d'estime et de considération dans lequel les Européens tenaient les Africains (et autres peuplades indigènes). Mais que fait Louis-Georges Tin,
le Caroline Fourest des noirs en France, puisqu'il est président du CRAN, l'inénarrable Conseil « Représentatif » des Associations Noires.
Représentatif ? MON OEIL !
Pour conclure, on ne sait pas assez que le Code Pénal actuel ne reconnaît pas l'esclavage, au motif qu'aucun individu ne saurait être la propriété d'un autre. Mais le projet de loi voté le 23 juillet va sûrement remédier à ce vide juridique. On respire : l'esclavage moderne existe en France, mais il ne faut pas dire que les cas venus devant la justice ne concernent que des populations à peau foncée. C'est interdit, parce que « ça stigmatise». Du moins Louis-Georges Tin se sent stigmatisé.
Les angelots du Parti Socialiste l'approuvent en silence.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vacances, journal des voyages, esclavage, afrique, kivu, docteur mukwege, caroline fourest, mouvement m 23, exposition universelle paris, exposition coloniale, louis-georges tin, cran, code pénal, parti socialiste
jeudi, 25 juillet 2013
JOURNAL DES VOYAGES 11
Je suis en vacances, mais ...
Pour ne pas laisser vacant tant d’espace disponible, mais le remplir de façon bien sentie, je me suis dit que la collection 1876-1899 du Journal des Voyagesétait parfaitement idoine. Nous sommes donc bien dans la catégorie "dans les journaux", mais il faudrait ajouter "autrefois". Puisse l’illustration quotidienne remplir l’office du poisson rouge quand on est seul et qu’on n’a personne à qui parler : on peut toujours s’adresser au bocal. Et comme dans tout bocal, attention aux vagues !
Ah, l'Afrique sauvage, le charme de ses bureaux de poste ! Ses hôpitaux de Lambaréné ! Pauvres Africains, comme disait le pauvre docteur Schweitzer ! Comme c'est beau, ces gens qui voient la misère chez les autres !
"LE DAHOMEY : AMAZONES COMBATTANT"
Aujourd'hui, les Amazones du roi du Dahomey. Nous les admirons en pleine manifestation féministe. Observons que ces dames n'hésitent devant rien, et qu'elles n'y vont pas avec le dos de la cuiller à pot de confiture de fraises du jardin du curé de la paroisse.
C'est quand même plus « in » que la Manif pour tous de Frigide Barjot. Et la flamboyante, et surtout si tolérante, Caroline Fourest nous a prévenus, messieurs : à la prochaine manif, elles ne se contenteront pas de la tête, les Amazones du roi du Dahomey ! Reportez-vous pour vous en persuader à ce que les femmes des mineurs font à l'épicier Maigrat, pour se venger de sa façon, précise, immorale et particulière, de se rembourser les crédits qu'il leur faisait, dans le Germinal du désastreux Zola.
La cinéaste Claire Denis a heureusement pris le relais de ces femmes castratrices, en faisant jouer à Béatrice Dalle (celle qui « se laisse pousser la bouche», comme dit son charmant camarade Richard Bohringer) le rôle d'une pipeuse forcenée, qui ne trouve rien de plus délectable, quand elle est en pleine action (ayant préalablement bien aiguisé ses incisives), que de pratiquer l'ablation du fruit masculin, jusqu'à le faire tomber de la branche au moyen d'un incision judicieusement placée,
LE FRUIT MASCULIN, CORRECTEMENT MUNI DE SON COL ROULÉ
au grand dam du monsieur qui, faute d'un garrot posé d'urgence où je pense, se dit qu'il vaut mieux laisser pisser - jusqu'à ce que mort s'en suive, évidemment. C'est dans le film Trouble every day (2001). Le vampirisme nouveau est arrivé. Gare à celui qui tombera sous la dent vengeresse et punitive de Caroline Fourest et de ses acolytes enivrées de l'odeur du mâle agonisant.
BEATRICE DALLE APRÈS L'ACTION : C'EST SÛR, CLAIRE DENIS DOIT AVOIR UNE SACRÉE DENT (je pèse mes mots) CONTRE LES HOMMES
En attendant la vengeance des Amazones françaises et autres militantes féministes, je signale qu'Abomey était la capitale d'un royaume militaire (le Dahomey est devenu le Bénin) consacré principalement au trafic d'armes et au commerce des esclaves. Il paraît qu'il ne faut pas confondre « commerce » (du côté de l'Empire du Bien) et « trafic » (le côté obscur de la force). Muhamar Khadafi eut en son temps le mérite de ressusciter la tradition des Amazones dahoméennes, lui qui se faisait protéger par une cohorte prétorienne composée de femmes. Amen.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : journal des voyages, illustration, afrique, dahomey, bénin, abomey, amazones, frigide barjot, féministes, féminisme, caroline fourest, manif pour tous, cinéma, claire denis, trouble every day, béatrice dalle, khadafi
dimanche, 20 janvier 2013
HISTOIRE POUR ENFANTS GRANDIS
Pensée du jour :
BRACELET DE BRAS (ivoire), GURUNSI, BURKINA FASO, GHANA
« Le vent se déchaîne et la neige tombe. La tour de Pise a oscillé. Un tourbillon a emporté la gare olympique de Grenoble. Au sommet du puy de Dôme, il a fallu chercher, avec des sondes, dans cinq mètres de neige, le chasse-neige qu'on avait laissé là le matin ».
ALEXANDRE VIALATTE
Aujourd’hui, pour me détendre un peu, comme les enfants sont couchés et que ce blog se débrouille depuis longtemps pour tenir à distance les jeunes en général et les mineurs en particulier, du fait du raffinement des hautes considérations qui s’y bousculent, j’ai décidé de raconter une histoire. D'un goût évidemment excellent et distingué, comme il se doit.
Une pas vraie, comme toutes les bonnes histoires.
Enfin, comme c’est quelqu’un d’autre qui la raconte, je vais tout de suite lui laisser la parole.
Enfin, quand je dis la parole, je devrais plutôt dire le crayon.
Et l’on voit de quel « crayon » il s’agit.
Mais on n'aura pas la possibilité de le féliciter de la haute qualité de son dessin et de la haute spiritualité de son inspiration : l’auteur, « souffrant d’une modestie quasiment maladive » (GEORGES BRASSENS, Les Trompettes de la renommée) est si modeste qu’il a tenu à rester anonyme.
C’est bien dommage : on aurait aimé le saluer pour le louer de la délicatesse de ses oeuves.
J’espère qu’on appréciera la virtuosité du coup de « crayon ».
J'ATTIRE L'ATTENTION (SI BESOIN) SUR L'ALACRITÉ DES DIALOGUES
Et j’espère qu’on goûtera à sa juste valeur l’exemple d’humanisme qui se dégage du scénario. L’art du découpage. Le sublime du message philosophique. Cela s'appelle du doux nom de Dirty comix, synonyme d'élégance morale, de raffinement intellectuel et de "délicatesse" esthétique.
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans LITTERATURE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photographie, afrique, art africain, alexandre vialatte, littérature, humour, bande dessinée, pornographie, dirty comics, éditions allia, sexe, érotisme, acte sexuel, vulgarité, art graphique
jeudi, 29 novembre 2012
UNE SORTE DE MAFIA SOCIALISTE
Pensée du jour :
« C'est ainsi qu'à la suite de traités "culturels", ou commerciaux, avec la Chine, nous allons recevoir des morts. On ne peut guère offrir que ce qu'on a. Il ne faut pas attendre de Pékin du chevreton ou de la fourme à points bleus. En revanche, nous aurons des "pièces anatomiques". (...) Nous aurons donc des cadavres chinois. Malheureusement, nourris exclusivement de riz, ils ont les os extrêmement frêles. C'est une constatation que tous les médecins ont faite depuis la guerre russo-japonaise : le mangeur de riz a l'os cassant. On l'enverra en "colis fragile". Les petits cadeaux entretiennent l'amitié ».
ALEXANDRE VIALATTE
C’est vrai, je le reconnais, je l’avoue, depuis quelque temps, j’ai tendance à délaisser ici ce qui se passe autour de nous, à commencer par les feuilletons en cours en Syrie, en Israël-Palestine, ailleurs sûrement. Tiens, au fait, ça fait très longtemps qu’on n’a pas entendu parler de monsieur ROBERT MUGABE.
Peut-être qu’il ne s’y passe rien, au Zimbabwe, depuis qu’il a lancé la chasse aux blancs, enfin, la chasse aux terres cultivées par les blancs, au motif que c’était de l’accaparement hérité des colonies, et depuis que ces terres, après le départ de leurs « propriétaires » (on n’ose plus dire ça), sont tombées en friches et devenues improductives, obligeant constamment le pays à demander l’aide internationale d’urgence. Plus simplement, c’est sans doute qu’aucun organe de presse n’estime intéressant d’envoyer un journaliste à Harare.
Autrefois, les informations, ça s’appelait « les actualités ». Et c’était déjà de la propagande. Aujourd’hui que la hiérarchie des valeurs a été passée à la moulinette télévisuelle, et à la rubrique des « étranges lucarnes » (dans Le Canard enchaîné), le pire côtoie sans pudeur le meilleur, avec néanmoins une préférence marquée pour le premier des deux. Mais je ne vais pas faire mon Don Quichotte et me lancer dans une énième (et vaine) offensive contre la « machine à mouliner du vent » qu’est la télévision.
Devenue un véritable mode de vie, la télévision constitue une sorte de pilier, qui structure l’existence d’une part non négligeable de la population humaine de la planète, y compris dans les pays musulmans, où elle a été admise comme sixième pilier de l’Islam, avec Al Jazira. Je ne vais pas me faire que des amis, mais c’est vrai ça : je ne vois pas pourquoi quelques milliards de musulmans n’auraient pas droit au déluge de propagande qui s’abat sur l’humanité souffrante par le biais de ce que beaucoup de naïfs persistent à considérer (et tous les pouvoirs à présenter) comme un « merveilleux outil d’éducation et d’information ».
L’actualité aujourd’hui ? C’est cette envoyée spéciale qui passe toute une journée devant la porte d’un juge bordelais en train d’auditionner un certain NICOLAS SARKOZY et qui, n’ayant rien à dire, puisqu’il ne se passe rien, se contente d’avoir froid devant la caméra. C’est aussi La Course du rat (excellente BD de LAUZIER), où JEAN-FRANÇOIS COUILLON et FRANÇOIS FRAPPÉ veulent s’asseoir à la place du calife, en vue de devenir le Sultan (rien de moins) en 2017. Je me dis que le fromage doit avoir un goût délectable.
L’actualité aujourd’hui ? On en apprend, du joli, sur la mafia politique qui nous gouverne en lisant un excellent article sur une des plus vieilles amitiés politiques qui soude trois lascars (dans l'ordre, MANUEL VALLS, ALAIN BAUER, STEPHANE FOUKS), dont l’un est assis dans le fauteuil de ministre de l’Intérieur, dont l’autre, longtemps plus en retrait, s’est fait bombarder (par son alors récent copain NICOLAS SARKOZY, et, évidemment dirons-nous, au mépris des procédures habituelles et au grand dam des universitaires, ça vous étonne ?) professeur à une chaire de criminologie après avoir présidé aux destinées du Grand Orient de France, et dont le troisième, à la surface de notoriété médiatique encore moins vaste (coprésident de Havas quand même !), s’est dès longtemps spécialisé dans la « communication politique ».
Le premier fait parler de lui presque tous les jours dans les cercles qui le croyaient « de gauche », et qui découvrent sans cesse que plus il agit en tant que ministre, moins il l’est, « de gauche ». C’est évidemment MANUEL VALLS. Monsieur ALAIN BAUER a très tôt formé le projet de devenir Grand-Maître du Grand Orient, le top de ce qui se fait en matière de mafia franc-mac. Quant à STEPHANE FOUKS, il ferait presque pâle figure, sauf qu’en matière de com’, il s’y connaît, et l’on peut dire qu’il se sent là, tout de suite, comme un poisson dans l’eau : responsable étudiant, il savait comme personne remplir une salle. C’est peut-être un talent, après tout.
Tout de suite, ils se partagent le marché politique, comme savent le faire des « parrains » qui jugent la paix préférable pour la prospérité des affaires. Tout de suite comme des vieux routiers. Ont-ils vingt ans, quand ils se retrouvent à la cafétéria de Tolbiac ? « Moi, je rêve un jour d’être grand maître ». « Moi je ne veux pas forcément faire de la politique mon métier ; j’aime la communication ». « Moi, j’aime la France, j’aimerais bien devenir président de la République ». Vous les avez reconnus ? C’est un certain JULIEN DRAY qui témoigne, vous savez, celui qui a récemment fâché SEGOLENE ROYAL en invitant DOMINIQUE STRAUSS-KAHN à son anniversaire.
JEAN-CHRISTOPHE CAMBADELIS y va aussi de son témoignage : « Chacun des trois avait déjà un morphotype : communicant, agitateur politique et, au choix, flic ou homme de réseaux. (…) Aux Jeunesses Socialistes, ils ont chacun une tâche : Manuel, la politique et la vie publique ; Bauer, la tactique et les manœuvres d’appareil ; Stéphane la communication ». Ces messieurs sont convenus de ne pas se marcher sur les pieds.
Ces trois-là viennent de fêter leurs 150 ans (sic ! Ils sont nés en 1962, sauf FOUKS ?) en « privatisant » les deux étages du restaurant Drouant (celui du Goncourt), et en invitant une bonne centaine de personnes : « Des patrons, des pontes du renseignement, des politiques, autant de cercles qui s’emmêlent tandis que sur les tablées le bon vin abolit les frontières ». « On offre des livres rares, des alcools forts millésimés ». Dans le trio qui invite, la personnalité la plus « intéressante » est peut-être celle d’ALAIN BAUER.
Le site wikipédia le présente comme un « consultant en sécurité » (on n'est pas plus pudique). Né en 1962, il est socialiste à 15 ans. Trente ans plus tard, il devient conseiller de SARKOZY. Sa spécialité ? La police. Plus précisément, les relations dans la police. Devenu vice-président de Paris-I-Tolbiac (en 1982, tiens, tiens), il suscite ce commentaire admiratif : « Quand on a vu Bauer arriver à la fac avec sa voiture et son chauffeur, on s’est dit que, là, il avait des réseaux qu’on n’aurait jamais, même à 50 ans ». En 1982, il avait 20 ans. Entre parenthèses, ça en dit long sur le Parti Socialiste de FRANÇOIS MITTERRAND, et bien avant sa victoire de 1981.
Le plus « intéressant » dans cette carrière « intéressante » me semble être le fait que monsieur ALAIN BAUER illustre à merveille une notion très à la mode : le RÉSEAU. Avec ALAIN BAUER, si vous additionnez le réseau FRANC-MAÇON, le réseau JUIF, le réseau POLICIER et le réseau SOCIALISTE, vous obtenez un « carnet d’adresses » épais comme un Bottin de Paris dans les années 1950 (minimum 15 cm sur papier fin). ALAIN BAUER est à lui seul une incarnation du concept de RÉSEAU. Sa personne est un LOBBY. C'est très fort.
Cet homme est à lui seul une agence d’influence. Et je vais vous dire : les idées politiques, franchement, il n’en a rien à cirer. Et je vais vous dire mieux, il ne faut pas chercher ailleurs les "idées" (si par hasard ce sont des idées, et non de simples moyens de gouvernement) que MANUEL VALLS met en application maintenant qu’il est ministre : ALAIN BAUER, son vieil ami, enseigne à l’EOGN (officiers de gendarmerie) et à l’ENSP (cadres de la police). J’avoue que je n’ai pas lu les ouvrages de monsieur ALAIN BAUER. Honnêtement, quand ils ont paru, je faisais autre chose, j’étais en plongée sous-marine, sans doute.
Merci à ARIANE CHEMIN, pour la qualité de son article du Monde. Alors ça, oui, c'est ce que j'appelle du journalisme !
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : francs-maçons, michel rocard, parti socialiste, françois hollande, afrique, robert mugabe, zimbabwe, syrie, israël, palestine, juifs, le canard enchaîné, don quichotte, télévision, musulmans, islam, cinq piliers de l'islam, nicolas sarkozy, jean-françois copé, françois fillon, ump, crise, manuel valls, alain bauer, stéphane fouks, grand orient de france, julien dray, ségolène royal, dominique strauss-kahn, jean-christophe cambadélis, le monde, journalisme, presse, ariane chemin, police, françois mitterrand, anders bering breivik, norvège
mardi, 01 mai 2012
DES NOUVELLES DE LA PLANETE (1)
Les tendances de la mode.
Cette année, la terre cultivable se portera de plus en plus confisquée. La tendance est sans doute appelée à durer, peut-être à se renforcer.
Je ne sais pas si vous savez ce qu’est un « bail emphytéotique », ce qu’on appelle une location de longue durée, voire de très longue durée. Le plus souvent, ce sont des baux à 99 ans. Un siècle quoi. J'appelle ça de la confiscation. D'autres parlent d'accaparement. Les initiateurs du mouvement appellent ça « aide au développement ». Cherchez l'erreur.
J’ai entendu dire, mais je ne veux pas le croire, que certains baux emphytéotiques peuvent être signés sur une durée de 999 ans. En tout cas, on trouve ça sur wikipédia. Ça me semble une hallucination. Parce que déjà, 99 ans, ça fait sur trois générations. Pas une appropriation, mais pour ainsi dire.
Le tout, pour signer un bail de location, c’est d’être deux. Quelqu’un qui possède un bien, et quelqu’un qui aimerait bien user de ce bien, contre rétribution. En l’occurrence, le bien est la terre cultivable disponible. C’est une richesse (presque) naturelle. Celui qui veut en user, c’est évidemment quelqu’un qui en manque, de cette richesse. Mais lui, il a de l’argent. Or le propriétaire du bien, c’est justement quelqu’un qui n’en a pas beaucoup, d’argent. Qu’est-ce que ça tombe bien !
Maintenant, si on regarde qui sont les bailleurs et qui sont les « locataires », on commence à mieux comprendre ce qui se passe : des pays riches, voire très riches, qui manquent de terres cultivables, sont en train de confisquer (un « bail à 99 ans », c’est un euphémisme pour « confiscation », ou je ne sais plus que 2 + 2 = 4), d’immenses territoires à des pays pauvres, voire très pauvres.
Cette confiscation est rendue d’autant plus facile que la propriété des sols, dans les pays du tiers-monde, n’est pas juridiquement aussi précise et cadastrée que chez nous. Ah, ta famille cultive cette terre depuis cinq générations ? Peut-être, mais prouve-moi qu’elle t’appartient ! Où est l’acte notarié ? Bon, ben puisque c’est comme ça, tu vas prendre tes cliques et tes claques et me foutre le camp d’urgence. Maintenant, c’est ce Monsieur qui la cultivera.
En général, c’est le gouvernement du pays qui procède aux formalités légales. Et comment ne pas imaginer que le futur locataire sait trouver des arguments sonnants et trébuchants, capables de toucher les sentiments du gouvernant, d’abord réticent, puis intéressé au fur et à mesure que les enchères montent ? Des enchères à lui seul destinées, bien entendu. Comment ne pas se sentir enclin à céder quand on en tire un joli bénéfice personnel ?
Il va de soi que je ne fais qu’imaginer ce scénario fantasmatique, n’est-ce pas. On connaît trop la parfaite intégrité morale des élites dirigeantes des pays « pauvres » (KABILA en RDC, SASSOU-NGUESSO au Congo Brazza, OBIANG en Guinée Equatoriale, etc.). On ne voit pas ce qui pourrait laisser supposer qu’elles pourraient se laisser corrompre.
J'ESPERE QU'ON PEUT DECHIFFRER,
EN PARTICULIER LES CHIFFRES
On a déjà compris que le plus gros gisement de terres cultivables disponibles se trouve en Afrique. En l’état actuel des choses, on parle de 180.000 km². Oui, vous avez bien lu : cent quatre-vingt mille kilomètres carrés (18.000.000 d’hectares) de terres africaines cultivables ont été soustraites aux cultivateurs autochtones, pour être confiées pour 99 ans à des entreprises étrangères. Et quand je dis « entreprises », cela veut moins dire des agriculteurs les pieds dans la glèbe que des industries avec leurs engins lourds.
Rien qu’à Madagascar, ce sont 37.000 km² qui sont passés sous la coupe étrangère. Un peu plus de 30.000 en Ethiopie, un peu moins en République Démocratique du Congo. Les pays les plus touchés, ensuite, sont, dans l’ordre, le Soudan, le Bénin, le Mozambique. Bref, le tableau s’éclaire violemment. L’Amérique du sud est concernée à la marge. Dans le Pacifique, les Philippines semblent avoir été entièrement mises en vente, loin devant l’Indonésie.
Maintenant, demandons-nous sans plus longtemps tergiverser qui sont les acheteurs (terme plus approprié que locataire). Au premier rang, la Chine, suivie à plusieurs longueurs des Etats-Unis. Viennent ensuite la Grande-Bretagne, la Malaisie, la Corée du Sud, l’Arabie Saoudite, l’Inde, la Suède et l’Afrique du Sud.
Comment, vous dites « colonialisme » ? Mais non, voyons, on vous dit que c’est du contrat tout ce qu’il y a de parfaitement légal. Et puis de toute façon, ce ne sont pas des Etats qui les ont passés, ces contrats, mais de la bonne grosse entreprise industrielle tout ce qu’il y a de privé.
Quoi, ça dépossède le petit paysan d’Afrique de toute possibilité de cultiver ? Quoi, ça risque dans un avenir assez proche de semer la famine ? Quoi, ces terres sont utilisées à des productions directement réexportées vers le pays propriétaire ? Quoi, on y produit principalement des biocarburants à haute valeur financière ajoutée ? Mais tout ça, mon brave monsieur, ne nous regarde pas. Nous n’y pouvons rien. C’est de la bonne vieille transaction commerciale. Vieille comme le monde.
Alors vous voulez que je vous dise ? L’UNICEF pourra toujours hurler à la faim des enfants dans le monde, JEAN ZIEGLER pourra toujours aboyer contre les pays riches qui laissent mourir de faim les populations du tiers-monde, Action Contre la Faim pourra toujours organiser des collectes dans les rues pour que des populations culpabilisées remplissent la sébile de la charité universelle, ils peuvent attendre, tous les généreux et toutes les bonnes âmes de la planète.
Pendant que le pékin moyen donnera une goutte, une cohorte de vampires confisquera une citerne (c’est vrai, au fait, j’ai oublié de parler des menaces sur les ressources en eau potable que font peser sur les pays pauvres ces entreprises agricoles d’un nouveau genre).
Continuons comme ça. Le Paradis n’est plus très loin. Faisons confiance aux instances supérieures.
Mais quoi qu'il en soit, en toute circonstance, n'oublions jamais que
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écologie, tiers monde, agriculture, accaparement des terres, bail emphytéotique, pays en développement, rdc, kabila, congo brazzaville, sassou-nguesso, afrique, madagascar, corruption, éthiopie, soudan, bénin, mozambique, pacifique, philippines, chine, états-unis, grande-bretagne, malaisie, corée du sud, arabie saoudite, inde, suède, afrique du sud, colonialisme, collège de pataphysique
lundi, 05 mars 2012
PÊLE-MÊLE D'UN CARNET DE LECTURE (8)
Les Oreilles sur le dos, GEORGES ARNAUD
Le titre s'explique si l'on sait que c'est le lièvre qui couche les oreilles sur son dos quand il s'enfuit pour sauver sa vie.
L’action se passe en Amérique Latine. Un aventurier, à qui il arrive des aventures, et qui finit par s’en sortir. Par l’auteur du Salaire de la peur. Là aussi c’est une sorte de cavale. C’est un bon livre. Moins homogène que l’autre. Un gangster : Jack de Saint Simon, s’associe avec un autre qui veut lui faire des trous dans le bide. Ils ont piqué une fortune à une république improbable d’Amérique centrale. Le ton de la narration est cynique, froid, détaché. Une armée nulle aux trousses, les gars sont en fait achevés par la nature, la fièvre jaune.
C’est glauque, si on veut, mais froid : l’auteur refuse de s’identifier au personnage principal. On regarde plutôt qu’on ne vit. On ne quitte pas le bouquin. Je ne dirais même pas que ça ne marche pas. Mais, comment dire, globalement, on sent trop l’observation du vécu, et pas assez le vécu. Avec ça, un style formidable. Dur. Finalement c’est peut-être ça : c’est une livre qui n’est pas affreux, mais qui est dur, à tous les points de vue. Le style, les caractères, la vie, le destin. Il y a de l’absurde dans l’air. 8 / 10
Le Brave soldat Chveïk, de JAROSLAV HASEK
Livre réjouissant, pas si simple qu’il y paraît. Par certains côtés, le personnage m’a fait penser à Bartleby. Sa façon de rester inébranlablement lui-même, tout en se laissant emporter par toutes les volontés extérieures à la sienne. Des tableaux hilarants : l’autel de campagne du curé militaire ivrogne est époustouflant. Le personnage échappe à tous les mauvais traitements, toutes les persécutions, car le système ne sait pas comment l’atteindre. Je trouve ça génial.
C’est l’homme du peuple qui pète au nez de toutes les autorités : politiques, militaires, religieuses. Un livre joyeusement, et pourtant sagement anarchiste. A la différence de Bartleby, il est doué d’un tropisme vers l’extérieur : il maquille des chiens bâtards en chiens à pedigree, il vole des chiens pour les revendre. C’est un faussaire, un vrai petit gangster au quotidien, comme ce faux-monnayeur qui ne fabriquait qu’autant de billets de 1 dollar qu’il en avait besoin pour son usage personnel. Pas innocent, mais carrément inoffensif. Un livre où l’on rit, un livre jovial, et tout à fait juste. 10 / 10
Manhattan transfer, de JOHN DOS PASSOS
Tableau de New York, le vrai personnage principal, sur vingt et quelques années, avec, au milieu de la durée, la guerre de 14-18. Fresque d’un monde où finalement tout, absolument tout, ne fait que passer. Impression de voir dans ce livre une technique analogue à celle que Robert Altman a utilisée dans son film Short cuts. Un personnage revient avec insistance : Ellen, qui devient Elaine, puis Helena, à mesure que sa position sociale se renforce au gré de ses maris successifs : Jojo Oglethorpe, puis l’amant Stan (qui mourra brûlé dans l’incendie qu’il provoque après une cuite), puis le mari Jimmy, fils couvé d’une femme riche, mais qui tombe dans la débine. Et George Baldwin, le petit avocat, toujours sur le fil du rasoir financier, qui s’élève, s’enrichit, et devient district attorney. L’autre personnage récurrent et fouillé, c’est le nommé Jimmy, paumé, sans ambition ni raison de vivre, qui monte, à la dernière page, dans un camion pour aller … « assez loin ». 7 / 10
Le Jour avant le lendemain, de JØRN RIEL
Chez les Inuits du nord-est du Groenland. Histoire très forte, sur le thème « mort d’un peuple ». La vieille attend vainement que les autres viennent les rechercher, elle et son petit-fils. Elle comprend qu’il s’est passé quelque chose. Elle organise la survie. Il y a un ours, des loups. Ils échappent à tous les dangers. Un jour, le garçon tombe à l’eau. La vieille se précipite en disant : « Non, pas comme ça ! Pas comme ça ! » Elle le récupère. Il est tout bleu. Elle le frictionne. Il revient à la vie. Ils mangent dans la grotte, dont l’entrée est bouchée par une sorte de portière qu’elle a fabriquée. Puis, quand l’enfant dort bien, elle va à l’entrée de la grotte, enlève la portière. Le froid hivernal du pôle s’engouffre. Elle retourne se coucher. Poignant. 8 / 10
En Attendant le vote des bêtes sauvages, d’AMADOU KOUROUMA
Reçu pour la fête des pères 1999. Très bon roman, très « africain ». Le dictateur Koyaga se voit raconter sa vie par un narrateur qui s’adresse à lui, sans rien cacher. Le « chasseur » Koyaga, sanguinaire, sans pitié, rusé, bénéficie, pour conquérir le pouvoir, des pouvoirs magiques de Konoba, qui détient un très ancien Coran, et de sa mère Nadjama, qui détient un aérolithe. La sorcellerie, les sorts, les divinations, les conjurations sont permanentes, omniprésentes. Et permettent à Koyaga de se maintenir au pouvoir pendant 30 ans.
Il a pour coutume, quand il tue, de couper la queue, quand c’est un animal, ou le sexe avec les testicules, si c’est un homme, et de les enfoncer dans la gueule ou la bouche. Ainsi, l’âme du mort ne peut plus sortir, puisque la fin de l’être a pénétré dans son début, et forme ainsi une boucle fermée. En même temps que la biographie « griottée » du dictateur, il s’agit d’un panoramique sur l’ensemble de l’Afrique, avec la corruption, le clanisme, la sexualité, etc. En quelque sorte, un tableau historique de l’Afrique contemporaine. 7 / 10
La Peau du tambour, d’ARTURO PEREZ REVERTE
Un curé « nettoyeur » au service du Saint-Office papal est dépêché à Séville pour éclaircir une mystérieuse affaire. Une église, Notre-Dame des Larmes, tue pour se défendre. Un prêtre local qui vend des biens ecclésiastiques (ici des perles) pour restaurer l’église, qu’un promoteur plus ou moins mafieux veut détruire pour pouvoir construire, après avoir copieusement arrosé l’archevêque, des résidences de luxe. Un hétéroclite comité de soutien au curé : de la vieille noblesse enterrée dans la crypte à la nonne architecte.
Et puis le père Quart, du Saint-Office, en proie au doute, puis au démon de la chair (auquel il succombe). Les objets de l’énigme sont résolus en trois pages à la fin. L’affaire est finalement médiocre : bagarre minable avec les trois bouseux ravisseurs du curé. Toute l’histoire, en fait, c’est du toc. L’intérêt du livre devrait résider dans les analyses psychologiques, les caractères, l’affrontement des problématiques personnelles.
Ce livre trompe très habilement son lecteur, en lui faisant croire que la résolution de l’énigme est le ressort principal du livre, mais si celui-ci, confiant, va jusqu’au bout, attendant qu’on lui donne le fin mot de l’histoire, il en veut à l’auteur à l’arrivée de l’avoir égaré sur de multiples voies de garage, dans un livre qui n’est au bout du compte qu’une grande voie de garage. Vous noterez que je ne me suis pas permis de parler de "l'abbé Quart". 6 / 10
Voilà ce que je dis, moi, de ce qu'ils disent, eux.
09:00 Publié dans LITTERATURE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, lecture, les oreilles sur le dos, georges arnaud, le salaire de la peur, le brave soldat chveïk, jaroslav hasek, bartleby, manhattant transfer, john dos passos, robert altman, short cuts, le jour avant le lendemain, jorn riel, en attendant le vote des bêtes sauvages, amadou kourouma, afrique, la peau du tambour, arturo perez reverte