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dimanche, 07 décembre 2014

L’ART CON AU MUSÉE

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J'ai décidé de ne plus parler d' « Arcon », mais d'appeler les choses par leur nom. Je parlais de Jeff Koons, homme d'affaires. Chef d'entreprise. Dans l'industrie, où l'on sous-traite beaucoup, il paraît qu'on appelle ça un « donneur d'ordre ». Je trouve que ça lui va bien.

 

Toujours est-il que c’est cet « artiste » qui, après avoir envahi Versailles de ses « Balloons » et autres homards, se voit célébré par le Centre Pompidou, qui consacre une grande « rétrospective » à toute l’œuvre du grand homme. D’après le directeur de l’institution, Jeff Koons et toutes ses équipes (si, si !) se sont comportés en grands « professionnels ». Je n'en doutais mie. Toutes mes félicitations néanmoins.

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Il paraît que c’est l’ « artiste » le plus cher du monde. Grand bien lui fasse. Mais pourquoi vouloir à tout prix être considéré comme un artiste ? Andy Warhol nous avait en son temps fait le même coup, alors que toute l’industrie warholienne repose sur son envie dévorante de gagner beaucoup d’argent. Ce qui n’était pas totalement le cas de Marcel Duchamp, son grand-père artistiquement génétique. S'il n'était pas dénué d'esprit de lucre (dame, il faut bien vivre !), du moins ne l'affichait-il pas de façon aussi ostentatoire (« décomplexée » serait plus dans l'air du temps).

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Wim Delvoye : "œuvre" sortie de sa machine à caca (Cloaca).

Jeff Koons est encore plus cynique qu’Andy Warhol. Au départ, cet étudiant  doué pour les chiffres et les opérations boursières se présente sur le marché du travail comme un « trader ». Ce qui, en anglais, signifie « commerçant ». Son métier ? Courtier (« adviser » ?) en matières premières sur la place de Wall Street. Je ne sais pas si l'image ci-dessous est en mesure de confirmer cette assertion de l'encyclopédie en ligne. Si la dame, après tout ne fait que son métier d'actrice porno, qu'en est-il du métier du monsieur ? Il n'a visiblement pas toujours sous-traité les tâches de réalisation. Sa façon de mettre la main à la pâte, peut-être ?

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C'est bourré de concepts ? Fallait le dire !

 

Au moment où il se dit que le marché de l’art offre des perspectives incomparables de spéculations financières fabuleuses, ce n’est pas que l’art l’intéresse, c’est qu’il a des idées à vendre. S’il se lance dans l’art, c’est juste parce qu’il y voit un « vecteur privilégié de merchandising ». C’est tout. C'est lui qui le dit.

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Un monochrome avant la lettre d'un nommé Alphonse Allais.

Il se souvenait qu’Andy Warhol lui-même avait acheté l’idée de la « Campbell Soup » à une copine galeriste. Pour faire du pognon avec un truc qui ne dépasse pas le niveau "Arts Déco". Mais Warhol n’avait pas d’idées, et il fallait amorcer la pompe. C'est lui qui disait que c'est trop difficile, de peindre. Koons, lui, il en a, des idées. Le premier « coup » de Jeff Koons, c’est évidemment la Cicciolina, l’actrice porno, qu’il va même jusqu’à épouser. Et la rédemption, ça marche ! Tout le monde marche. 

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On me dira qu’il y a eu un marché de l’art dès qu’il y a eu civilisation. On me dira que les milieux de l’art, dès le premier moment de leur existence, ont connu les opportunistes les plus éhontés, les plus cyniques. On me dira que les plus grands artistes ont eu besoin des puissants, de leur « protection », de leur argent pour « laisser libre cours à leur art ».

 

Certes, je ne dis pas que c’est faux. Simplement, je trouve horriblement moche d'en être arrivé à une civilisation capable de donner honte à quelques-uns d'y appartenir. Et d'en être un produit. Peut-être un déchet.

 

Quelle est, en dernière analyse, dans le corpus hautement signifiant d'une contemporanéité progressiste soucieuse, de ce fait, d'exprimer, dans ses visions fulgurantes, l'âme future de l'humanité, la fonction sémiologique des prouesses amoureuses, supposées ou réelles, de Jeff Koons ? 

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Maurice Tillieux adorait l'art contemporain.

Faudra-t-il considérer ses éjaculats sur la face extasiée (?) de la Cicciolina comme l'insémination prémonitoire d'un avenir radieux dans le ventre d'une modernité qui attendrait d'enfanter on ne sait quel monstre ?

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Certains "concepts" sont comme le camembert. Quand ils sont trop mûrs : ils coulent.

Les activités de ce petit monsieur, sûrement un excellent homme d'affaires, ne cherchent même pas à se donner le prétexte de « faire de l’art ». Seulement de l’argent. Le reste est une histoire de « Storytelling ». Et de « merchandising ». Mais il prétend mordicus au statut d'artiste.

 

Au royaume des « Bonnisseurs de la Bath » (= "bonimenteurs", c'était le patronyme donné à OSS 117 par son inventeur Jean Bruce), les Koons, McCarthy, Delvoye, Hirst et compagnie sont rois.

 

A voir ce dont sont grosses les prémonitions de l'avenir radieux, je ne suis pas près de quitter les rangs des diplodocus et des ptérodactyles : j'aime bien comprendre ce qu'on me dit quand on s'adresse à moi. Et j'en ai assez des bonimenteurs.

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

Note : à part Gaston Lagaffe (Franquin, Le Géant de la gaffe, p. 51) et Libellule (Maurice Tillieux, Popaïne et vieux tableaux), je précise que j'ai trouvé les illustrations en errant et tâtonnant sur la "toile".

 

samedi, 06 décembre 2014

L’ART CON AU MUSÉE

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Forcément catalogués parmi les fossiles les plus archaïques des âges paléo-anthropiques, où les artistes et autres inventeurs de nos paysages se souciaient d’en fabriquer les éléments pour l’agrément, le bonheur et le plaisir des hommes qui vivaient là, mes pauvres yeux préhistoriques demeurent étrangement, quoique violemment, incrédules devant les extravagances qui surgissent en rangs toujours plus serrés des cerveaux d’individus royalement rémunérés par ce qui se fait de plus riche sur la planète.

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L'ex-courtier en matières premières à Wall Street, Jeff Koons et son patron, le richissime François Pinault, autour du buste intitulé "Jeff et Ilona" (Ilona est le vrai prénom de l'actrice porno "Cicciolina"). Photo peut-être prise au Palazzo Grassi à Venise, propriété de monsieur Pinault.

Il paraît qu’il convient de les appeler - quand même - « artistes ». Cela me laisse sur le cul, mais admettons que ce soit « l’époque qui veut ça ». Une époque qui ne cesse de donner des raisons de la haïr. Dernièrement, la dite époque nous a offert « l’affaire Paul McCarthy », du nom de « l’artiste » qui avait planté une chose verte en pleine place Vendôme, et dont il avait emprunté le dessin aux fournisseurs d’ustensiles des amateurs de sodomie. 

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Une "Très Grosse Commission" de Paul McCarthy (que les gens viennent quand même photographier).

Un éditorialiste du Monde était allé jusqu’à traiter de « crétins » les diplodocus et ptérodactyles qui avaient osé apporter la preuve, en rendant au « monument » la platitude qu'il n'aurait jamais dû quitter, que bien des « œuvres » de « l’art contemporain » ne sont, comme la baudruche, que de la gonflette, tout juste dignes de ces salles où des corps d’hommes (et de femmes) se gavent de clenbutérol, stanozolol et autres joyeusetés moléculaires anabolisantes, dans le but de faire mieux que Schwarzenegger, dans leur miroir qui n’a pas mérité ça. Il faut choisir : c’est ça ou le compresseur d’air.

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Mesdames, avouez : ça vous fait envie ?

Nous qui savons que tout époque produit les œuvres d'art qu'elle mérite, avons-nous besoin de ces « artistes » pour comprendre que l’époque présente est, dans ses grandes lignes et dans bien des détails, à vomir, à déféquer, à expulser comme les urates de n’importe quel docteur Faustroll qui s’ignore, même si, contrairement à l'original, la plupart des gens ne le font pas dans un « as » (chapitre "Du bateau du Docteur, qui est un crible", c'est dans la bible de la 'Pataphysique) ? Si c’est là le « message » de Paul McCarthy, je me permets de le trouver tout à fait niaiseux. Quoi ? Tout ça pour "ça" ?

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Un "Balloon Dog", façon Jeff Koons, mais de Paul McCarthy, et bien arrimé au sol, de peur qu'il rejoigne la stratoshère.

Dommage, d'ailleurs.

De graves « critiques d’art », de dignes « intellectuels » auront beau me prouver par a + b que je n’ai rien compris et que c'est moi qui suis affligé du même QI que le pétoncle, je persisterai dans mon aveuglement : que peut bien procurer au spectateur sa représentation de Blanche-Neige (ou qui que ce soit) en train de faire caca devant les animaux de la forêt ?

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C'est qui, déjà, qui avait détourné une couverture de livre pour enfants ?

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C’est sans doute moi qui suis irrémédiablement bouché. Je me rassure en me disant que des « œuvres » qui ont besoin de tout un volume imprimé sur papier bible pour expliquer et justifier leur nécessité doivent être décidément bien minces d’intérêt pour être remplacées par de si savantes logorrhées, plus conceptuelles qu'argumentatives.

 

Au moins, Jeff Koons, anticipant sans doute les agressions inqualifiables qui ont anéanti la chose verte de McCarthy, a conçu des œuvres « en dur ». A ceux qui se méprendraient, je dirai de se méfier : ne faites pas comme Prunelle, quand il veut essayer le « fauteuil de cuir fin » imaginé par Gaston Lagaffe pour la Fédération de boxe et qui se fracasse le crâne sur le prototype en plâtre armé. 

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Une histoire qui fait pendant à celle (vraie) de cette femme de ménage consciencieuse employée dans un musée allemand qui, croyant faire son boulot, a détruit une « œuvre d'art » en nettoyant un canapé sali exprès par l'artiste. Vous avez sûrement entendu parler. Après vérification, c'est une femme de ménage qui a détruit une œuvre (fait disparaître la patine) de Martin Kippenberger en récurant le récipient en caoutchouc, baptisé "Quand des gouttes d'eau commencent à tomber du plafond", qu'il exposait à Dortmund. L'œuvre était assurée pour 800.000 euros.

 

Quoi qu'il en soit, je me dis qu'après tout, ça existe peut-être, la "justice immanente".

 

Car Jeff Koons, lui, a conçu ses « Balloons » en acier, que ce soient des fleurs, des lapins ou des chiens, et pour parfaire l’illusion, il a exigé un « poli miroir » qui suscite l’admiration. Ça nous change de l’exhibition pas si lointaine (1991-1992) de ses galipettes sexuelles avec Ilona Staller, alias « la Cicciolina », l’actrice porno qu’il avait épousée. Jeff Koons, ou la pornographie érigée en œuvre d'art. Mieux : la pornographie élevée à la dignité de concept (vous connaissez sûrement, "nommé", "promu", "élevé à la dignité de" : on appelle ça la "Légion d'Honneur").

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Peut-être avait-il invité, en plus des amis, quelques caméras pour immortaliser leur nuit de noces, et quelques micros pour enregistrer les sons de leurs orgasmes.  S’agissant de sexe, certains n’hésiteraient pas à parler de « perfomance », bien que le terme, s’agissant d’art, prête aujourd’hui à confusion (contamination de l’anglais « to perform »).

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Ce qui s'appelle "faire argent de tout". Et surtout de n'importe quoi. Vérifiant l'adage qui dit que "l'argent n'a pas d'odeur". Ici, ça vaut mieux.

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

dimanche, 20 janvier 2013

HISTOIRE POUR ENFANTS GRANDIS

Pensée du jour :

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BRACELET DE BRAS (ivoire), GURUNSI, BURKINA FASO, GHANA

 

« Le vent se déchaîne et la neige tombe. La tour de Pise a oscillé. Un tourbillon a emporté la gare olympique de Grenoble. Au sommet du puy de Dôme, il a fallu chercher, avec des sondes, dans cinq mètres de neige, le chasse-neige qu'on avait laissé là le matin ».

 

ALEXANDRE VIALATTE

 

 

Aujourd’hui, pour me détendre un peu, comme les enfants sont couchés et que ce blog se débrouille depuis longtemps pour tenir à distance les jeunes en général et les mineurs en particulier, du fait du raffinement des hautes considérations qui s’y bousculent, j’ai décidé de raconter une histoire. D'un goût évidemment excellent et distingué, comme il se doit.

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Une pas vraie, comme toutes les bonnes histoires.

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Enfin, comme c’est quelqu’un d’autre qui la raconte, je vais tout de suite lui laisser la parole. 

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Enfin, quand je dis la parole, je devrais plutôt dire le crayon. 

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Et l’on voit de quel « crayon » il s’agit. 

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Mais on n'aura pas la possibilité de le féliciter de la haute qualité de son dessin et de la haute spiritualité de son inspiration : l’auteur, « souffrant d’une modestie quasiment maladive » (GEORGES BRASSENS, Les Trompettes de la renommée) est si modeste qu’il a tenu à rester anonyme.

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C’est bien dommage : on aurait aimé le saluer pour le louer de la délicatesse de ses oeuves.

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J’espère qu’on appréciera la virtuosité du coup de « crayon ». 

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J'ATTIRE L'ATTENTION (SI BESOIN) SUR L'ALACRITÉ DES DIALOGUES

DIRTY 1.jpgEt j’espère qu’on goûtera à sa juste valeur l’exemple d’humanisme qui se dégage du scénario. L’art du découpage. Le sublime du message philosophique. Cela s'appelle du doux nom de Dirty comix, synonyme d'élégance morale, de raffinement intellectuel et de "délicatesse" esthétique.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

 

 

lundi, 10 septembre 2012

L'ART D'AGATHE DAVID (PREAMBULE)

Pensée du jour : « Achras : Ô mais, c'est qué - y a point d'idée du tout de s'installer comme ça chez les gens. C'est une imposture manifeste ...

M. Ubu : Une posture magnifique ! Parfaitement, monsieur : vous avez dit vrai une fois dans votre vie ».

 

ALFRED JARRY

 

 

Je signalais, il y a quelques jours en bas de page, l'exposition AGATHE DAVID qui a lieu depuis jeudi à la Galerie Gilbert Riou (1, place d'Ainay, mais l'entrée est située rue Vaubecour).

 

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AGATHE DAVID est une artiste. Comme je les aime. Car, contrairement à tous les « artistes » figurant dans mon album « art con et temporain » (ci-contre, n’hésitez pas à découvrir 80 façons de tuer l'art, à m’engueuler, voire à mépriser le néandertalien que je suis éventuellement), AGATHE DAVID ne désespère pas de la création artistique. Cette rareté attire forcément l'attention et la curiosité.

 

 

 

C’est vrai, aujourd’hui, la plupart des « artistes » ont emboîté le pas à MARCEL DUCHAMP. S'il n'est pas en personne le meurtrier, il en est l’emblème et le héraut. Le porte-parole et le messager. Le ready made (ci-contre, la "roue de bicyclette") agathe david,art,dessin,exposition,galerie gilbert riou,lyon,art contemporain,marcel duchamp,andy warhol,jeff koons,cicciolina,ready made,une charogne,baudelaire,georges brassens,campbell soup,zombie,mort-vivant,pierre tombal,hardy et cauvina mis le point final au parcours millénaire de l’Art. Or le ready made, c'est l'appel de trompette après lequel il n’y a plus qu’à déclarer : « L’ART est mort ! Il est temps de vous repentir ! ». Pour la suite, voir l'Apocalypse de Jean.

 

 

Mais celui qui souffle dans la trompette (et la cohorte de ceux qui le suivent), en même temps qu'il sonne "Aux Morts", comme un 11 novembre ordinaire, ouvre un extraordinaire marché à toutes sortes d’hommes d’affaires. Certains protestent en vociférant : « TOUT EST ART ». Mais je rétorque : « Et alors ? Quelle différence ? ». Et toc ! C'est vrai, ça : si la réalité, la nature, nos objets sont de l'art, où il se trouve, l'art artistique ? Si vraiment tout est art, ça signifie juste que plus rien n'est art.

 

 

« Art con et temporain », donc : en plaçant JEFF KOONS à la porte d'entrée de l’album ainsi intitulé, en train de saillir (il n'y a pas d'autre mot, n'est-ce pas ?) sa femme, l’actrice porno CICCIOLINA, c'est une modalité de la mort de l'ART que je voulais illustrer. 

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On constate  pourtant, éberlué, que le cadavre de l'ART a revêtu, depuis les « audaces » de DUCHAMP (1913 et après, avec l'invention du READY MADE, qu'il soit "aidé" ou non : PORTE BOUTEILLES 2.jpgporte-bouteilles, "fontaine", stoppage-étalon, ... On en fête bientôt le centenaire, préparez-vous, il est temps de vous repentir), une infinité de cadavres bien vivants, dont l’énumération gonflerait inutilement cette modeste note.

 

 

Il n’y a pas besoin d'un couple forniquant pour confirmer l’obscénité essentielle, pour ne pas dire la pornographie d’une bonne part de ce qu’il est convenu d’appeler « art » contemporain. Disons que cette copulation symbolise assez bien une des grandes tendances de l' « art » contemporain : j'ai nommé le FOUTAGE DE GUEULE. DUCHAMP 20 FONTAINE 2.jpg

 

 

Il est peut-être bon de rappeler que JEFF KOONS a commencé comme « courtier en matières premières » à Wall Street, et que s’il a changé d’orientation « professionnelle », s’il s’est lancé dans l’art, c’est, je le cite : « en tant que vecteur privilégié de mechandising ». On n’est pas plus « honnête ». Il ne s’agit de rien d’autre que de « glorifier des produits de consommation ». Comme son prédécesseur et mentor ANDY WARHOL.

 

 

 

Disons le fond des choses : l’artiste con et temporain n'est en général qu'un pervers nécrophile, qu'une  chair nécrosée congénitale. Il prospère sur le cadavre de l’Art, comme l’insecte nécrophage sur la dépouille animale gisant au bord du chemin :

 

« Rappelez-vous l’objet que nous vîmes, mon âme,

Ce beau matin d’été si doux :

Au détour d’un sentier une charogne infâme

Sur un lit semé de cailloux,

 

Les jambes en l’air, comme une femme lubrique,

Brûlante et suant les poisons,

Ouvrait d’une façon nonchalante et cynique

Son ventre plein d’exhalaisons ».

 

CHARLES B. (je vous laisse deviner)

 

Après la mort de l’ART, donc, voici l’ « art-mort ». Debout les morts, entendait-on dans les tranchées de 1914. Eh bien qu'on se rassure : c'est chose faite ! Et qu'on se le dise, le cadavre se porte comme un charme :

 

« On eût dit que le corps, enflé d’un souffle vague,

Vivait en se multipliant ».

 

 

Si GEORGES BRASSENS pouvait parler, il dirait : « On s’aperçut que le mort avait fait des petits ».  Car après le second coup de grâce dans la nuque de l'ART, porté par ANDY WARHOL, le cadavre se met à vivre sa vie, pleinement, joyeusement et « artistement » : « J’ai commencé comme artiste commercial, je veux finir comme artiste d’affaires » (WARHOL).WARHOL 7.jpg

 

 

DUCHAMP ayant rédigé l’acte de décès à coups de « ready mades », WARHOL pouvait introduire la dépouille mortelle de l’Art dans l’univers de la marchandise et de la publicité, et le marchand d’ « art-mort » commercialiser ses charognes « pleines d’exhalaisons ». Car je pense qu'on sera d'accord : il n'y a rien de plus mort qu'une marchandise. Pire : une marchandise érigée en être vivant.

 

 

Si vous n’avez jamais vu un cimetière en effervescence, prenez un billet pour Le Caire, où beaucoup de drôles de silhouettes, de jour comme de nuit, errent entre les tombes. Elles ont investi les caveaux et les pierres tombales. Les gens normaux s'interrogent. Les cimetières du Caire connaissent une belle animation, même si elle est encore honteusement minimisée par les tour opérateurs. Vous verrez qu’il n’y a pas plus vivant qu’un cimetière.

 

 

 

L’art contemporain, c’est pareil : un univers de ZOMBIES, de morts-vivants, qui s’activent, s’affairent, font des affaires, essaient de « percer ».agathe david,art,dessin,exposition,galerie gilbert riou,lyon,art contemporain,marcel duchamp,andy warhol,jeff koons,cicciolina,pornographie,ready made,une charogne,baudelaire,georges brassens,campbell soup,zombie,mort-vivant,pierre tombal,hardy et cauvin Une seule solution : l'évacuation. Tirez la chasse. S'il n'est pas trop tard.

 

 

A la rigueur, reportez-vous à Trou dans la couche d’os jaunes, dans PIERRE TOMBAL 4.jpgla série « Pierre Tombal », de HARDY & CAUVIN, éd. Dupuis.

 

 

 

L'art con et temporain est plus mort-vivant que jamais.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

A suivre, AGATHE DAVID.

 

 

 

lundi, 23 mai 2011

DU SEXE DANS LA SOCIETE MARCHANDE

SEXE, ADDICTION et VIDEO

 

Je ne vais pas revenir sur l’affaire dans laquelle vient d’être « mouillé » (pardon, ça m’a échappé) Dominique Strauss-Kahn. Le feuilleton a pris dans les médias sa vitesse de croisière, pépère : on n’est plus à la une, il faut chercher en pages intérieures. Dans les journaux, une salade chasse l’autre. Je dirai simplement qu’il n’y a peut-être pas de hasard si celle-ci arrive aux Etats-Unis, pays atteint, quant au sexe, de névrose obsessionnelle, je dirais « névrose oxymorique » si l’expression existait. L’oxymore, je rappelle, c’est la formule qui présente deux termes logiquement impossibles à associer (« le soleil noir » de Nerval, le « feu glacé » du Roméo de Shakespeare).

 

Vous me direz, pourquoi névrose oxymorique ? Pour faire court : d’un côté le matraquage d’une propagande frénétique qui ordonne à chacun de consommer et de jouir ; le développement d’une industrie du porno (j’ai oublié le nom du pape qui règne sur le film X) ; l’exacerbation de tous les désirs. – De l’autre, un encadrement puritain très strict des rapports entre hommes et femmes ; une codification tatillonne de ce qui se fait et ne se fait pas, avec en arrière-fond la qualification d’un délit, les menottes, le tribunal (est-il vrai, mais j’ai du mal à le croire, qu’il existe dans certaines universités, un « code de bonne conduite sexuelle » que les étudiants sont invités à signer avant d’y entrer ?) ; en gros et en bref, l’interdiction plus ou moins officielle de ce que, en France et pendant des siècles, on a appelé séduction (au secours Marivaux !). Il y a de quoi enfermer la pauvre population masculine, ainsi prise en tenaille, pour schizophrénie.

 

Restons en France. En 2002 dans Marianne, Philippe Muray se gausse (« Malbaise dans la civilisation ») de l’affrontement qui a opposé, d’un côté, le CSA, aidé de l’ineffable Christine Boutin, qui voulait interdire les films porno à la télévision, et de l’autre, tous les tenants de la liberté d’expression culturelle incarnée pour l’occasion, par lesdits films. J’adore personnellement le fait qu’à propos de porno on puisse parler de culture (mot qui amène immédiatement le jeu de mot, non ?). Il est certain que le sexe s’est banalisé, qu’on en parle au quotidien, de façon forcément « décomplexée » (je me marre). Il est certain que se passer un petit porno le samedi soir quand on s’ennuie devant la télé, n’est plus exceptionnel, ni même clandestin. Ce n’est pas d’aujourd’hui qu’un ami me racontait qu’il regardait des pornos avec son fils qui devait avoir dix ou douze ans. Ne m’en demandez pas plus.

 

L’accès au sexe libéré est donc d’une facilité aujourd’hui incomparable, et imparable. Vous avez le salon « éros » (pauvre éros, quand même !). Vous avez des rayons entiers de DVD spécialisés, pour tous les goûts. Vous pouvez choisir votre assortiment de « sextoys » personnalisé : vous, c’est plutôt le classique vibromasseur (avec ou sans télécommande, avec ou sans « fioritures ») ou « boules de geisha » ? Vous avez toutes sortes de BD, de romans photos, etc. Vous avez toutes sortes de boîtes où sortir en couple, pour « échanger » (ça pimente la relation, et puis c’est moderne, on vous dit). Bref : on est au supermarché, avec son caddie, on passe dans les rayons, puis on passe à la caisse (ah oui ! Il faut savoir ce qu’on veut !). Quelqu’un (je ne cafterai pas) me parlait, il n’y a pas longtemps, d’une visite qu’il a faite à une amie en compagnie de son fils (environ huit ans), qui, s’étant mis à fouiner partout, tombe sur un « objet » qui se met soudain à vibrer : « Papa, qu’est-ce que c’est ? ». Tête du père. La femme pas gênée pour deux sous.

 

Tout cela offre un tableau triomphant du progrès, évidemment. Bon, il y a quelques revers à la médaille. Une fois les parents partis chez des amis, qu’est-ce qui m’empêche de mettre un DVD dans l’appareil ? Personne. Pas même la « cachette », quand ils en ont imaginé une. « Ben comme ça, ça leur fait au moins une éducation sexuelle, c’est mieux que rien ! » Je veux, mon neveu ! J’en veux de ce genre d’éducation : au moins, les gamins n’attendront pas l’âge adulte pour savoir ce que c’est qu’une verge en érection, une chatte qui mouille, un ramonage en règle, et par tous les trous ! Et à deux, à trois, en tas ! Le progrès, je me tue à vous le dire. Et puis c’est bien : c’est paraît-il de plus en plus tôt. Comme initiation à la mécanique, avant d’entrer au lycée professionnel, c’est bien, comme apprendre l’écriture en maternelle, tiens !

 

Alors le résultat, vous me direz ? Le résultat se trouve, par exemple, dans Le Monde daté 22-23 mai, à la page 24. C’est signé Martine Laronche, intitulé « Quand le sexe prend les commande », et sous-titré : « Les patients qui souffrent d’addiction sexuelle sont de plus en plus nombreux à consulter ». Vous avez bien lu : « addiction sexuelle ». Peut-être que pour Strauss-Kahn, c'est ça, après tout ? Ce n’est pas (encore) répertorié parmi les troubles mentaux : c’est une « dépendance  comportementale » (belle trouvaille !). L’addiction sexuelle touche davantage les hommes que les femmes. Les Américains (toujours eux) développent les études à son sujet. Sous-entendu, sans doute : la France est en retard, quoiqu’un peu de bon sens nous reste, car certains (professeur de psychiatrie, par exemple) considèrent qu’il s’agit d’un « raccourci médical » (la formule reste douce).

 

Bon, je ne vais pas vous résumer tout l’article. Seulement le cas de « ce patient de 29 ans qui consulte pour une double addiction : aux sites pornographiques depuis l’âge de 10 ans et au sexe depuis ses premiers rapports, à 15 ans ». Il a quand même mis cinq ans pour passer du virtuel au réel, pour passer de l'image à l'acte. Toujours est-il qu'à 29 ans, c’est déjà un vieux routier. « Il a un besoin impérieux d’avoir des relations sexuelles plusieurs fois par jour, recherche en permanence les effets excitatoires [introuvable au dictionnaire, soit dit en passant] des images X ». Il s’ensuit pour lui une spirale de souffrance : il y a la dépendance (je peux pas m’en passer), et l’accoutumance (il faut m’augmenter mes doses). Bref, il doit se soigner. Et s’il doit se soigner, c’est qu’il est malade (vous alliez le dire).

 

Tout doucement, donc, mais pas si doucement que ça, finalement, la vie sexuelle (pas de tout le monde, j’espère) se transforme en maladie, en pathologie. Et si je dis que celle-ci nous vient des Etats-Unis puritains, je vais encore me faire traiter d’anti-américain. Je préfère donc, avec Philippe Muray, évoquer le triomphe du protestantisme anglo-saxon sur la latinité catholique. Entre ces deux religions chrétiennes, vous avez déjà deviné celle que je préfère.