samedi, 06 décembre 2014
L’ART CON AU MUSÉE
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Forcément catalogués parmi les fossiles les plus archaïques des âges paléo-anthropiques, où les artistes et autres inventeurs de nos paysages se souciaient d’en fabriquer les éléments pour l’agrément, le bonheur et le plaisir des hommes qui vivaient là, mes pauvres yeux préhistoriques demeurent étrangement, quoique violemment, incrédules devant les extravagances qui surgissent en rangs toujours plus serrés des cerveaux d’individus royalement rémunérés par ce qui se fait de plus riche sur la planète.
L'ex-courtier en matières premières à Wall Street, Jeff Koons et son patron, le richissime François Pinault, autour du buste intitulé "Jeff et Ilona" (Ilona est le vrai prénom de l'actrice porno "Cicciolina"). Photo peut-être prise au Palazzo Grassi à Venise, propriété de monsieur Pinault.
Il paraît qu’il convient de les appeler - quand même - « artistes ». Cela me laisse sur le cul, mais admettons que ce soit « l’époque qui veut ça ». Une époque qui ne cesse de donner des raisons de la haïr. Dernièrement, la dite époque nous a offert « l’affaire Paul McCarthy », du nom de « l’artiste » qui avait planté une chose verte en pleine place Vendôme, et dont il avait emprunté le dessin aux fournisseurs d’ustensiles des amateurs de sodomie.
Une "Très Grosse Commission" de Paul McCarthy (que les gens viennent quand même photographier).
Un éditorialiste du Monde était allé jusqu’à traiter de « crétins » les diplodocus et ptérodactyles qui avaient osé apporter la preuve, en rendant au « monument » la platitude qu'il n'aurait jamais dû quitter, que bien des « œuvres » de « l’art contemporain » ne sont, comme la baudruche, que de la gonflette, tout juste dignes de ces salles où des corps d’hommes (et de femmes) se gavent de clenbutérol, stanozolol et autres joyeusetés moléculaires anabolisantes, dans le but de faire mieux que Schwarzenegger, dans leur miroir qui n’a pas mérité ça. Il faut choisir : c’est ça ou le compresseur d’air.
Mesdames, avouez : ça vous fait envie ?
Nous qui savons que tout époque produit les œuvres d'art qu'elle mérite, avons-nous besoin de ces « artistes » pour comprendre que l’époque présente est, dans ses grandes lignes et dans bien des détails, à vomir, à déféquer, à expulser comme les urates de n’importe quel docteur Faustroll qui s’ignore, même si, contrairement à l'original, la plupart des gens ne le font pas dans un « as » (chapitre "Du bateau du Docteur, qui est un crible", c'est dans la bible de la 'Pataphysique) ? Si c’est là le « message » de Paul McCarthy, je me permets de le trouver tout à fait niaiseux. Quoi ? Tout ça pour "ça" ?
Un "Balloon Dog", façon Jeff Koons, mais de Paul McCarthy, et bien arrimé au sol, de peur qu'il rejoigne la stratoshère.
Dommage, d'ailleurs.
De graves « critiques d’art », de dignes « intellectuels » auront beau me prouver par a + b que je n’ai rien compris et que c'est moi qui suis affligé du même QI que le pétoncle, je persisterai dans mon aveuglement : que peut bien procurer au spectateur sa représentation de Blanche-Neige (ou qui que ce soit) en train de faire caca devant les animaux de la forêt ?
C'est qui, déjà, qui avait détourné une couverture de livre pour enfants ?
C’est sans doute moi qui suis irrémédiablement bouché. Je me rassure en me disant que des « œuvres » qui ont besoin de tout un volume imprimé sur papier bible pour expliquer et justifier leur nécessité doivent être décidément bien minces d’intérêt pour être remplacées par de si savantes logorrhées, plus conceptuelles qu'argumentatives.
Au moins, Jeff Koons, anticipant sans doute les agressions inqualifiables qui ont anéanti la chose verte de McCarthy, a conçu des œuvres « en dur ». A ceux qui se méprendraient, je dirai de se méfier : ne faites pas comme Prunelle, quand il veut essayer le « fauteuil de cuir fin » imaginé par Gaston Lagaffe pour la Fédération de boxe et qui se fracasse le crâne sur le prototype en plâtre armé.
Une histoire qui fait pendant à celle (vraie) de cette femme de ménage consciencieuse employée dans un musée allemand qui, croyant faire son boulot, a détruit une « œuvre d'art » en nettoyant un canapé sali exprès par l'artiste. Vous avez sûrement entendu parler. Après vérification, c'est une femme de ménage qui a détruit une œuvre (fait disparaître la patine) de Martin Kippenberger en récurant le récipient en caoutchouc, baptisé "Quand des gouttes d'eau commencent à tomber du plafond", qu'il exposait à Dortmund. L'œuvre était assurée pour 800.000 euros.
Quoi qu'il en soit, je me dis qu'après tout, ça existe peut-être, la "justice immanente".
Car Jeff Koons, lui, a conçu ses « Balloons » en acier, que ce soient des fleurs, des lapins ou des chiens, et pour parfaire l’illusion, il a exigé un « poli miroir » qui suscite l’admiration. Ça nous change de l’exhibition pas si lointaine (1991-1992) de ses galipettes sexuelles avec Ilona Staller, alias « la Cicciolina », l’actrice porno qu’il avait épousée. Jeff Koons, ou la pornographie érigée en œuvre d'art. Mieux : la pornographie élevée à la dignité de concept (vous connaissez sûrement, "nommé", "promu", "élevé à la dignité de" : on appelle ça la "Légion d'Honneur").
Peut-être avait-il invité, en plus des amis, quelques caméras pour immortaliser leur nuit de noces, et quelques micros pour enregistrer les sons de leurs orgasmes. S’agissant de sexe, certains n’hésiteraient pas à parler de « perfomance », bien que le terme, s’agissant d’art, prête aujourd’hui à confusion (contamination de l’anglais « to perform »).
Ce qui s'appelle "faire argent de tout". Et surtout de n'importe quoi. Vérifiant l'adage qui dit que "l'argent n'a pas d'odeur". Ici, ça vaut mieux.
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans L'ARCON | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, peinture, sculpture, jeff koons, françois pinault, la cicciolina, paul mccarthy, journal le monde, schwarzenegger, culturisme, stéroïdes anabolisants, balloon dog, franquin, gaston lagaffe, pornographie