dimanche, 07 octobre 2018
L'HOMME QUI RÉPARE LES FEMMES
Je publie de nouveau, sans rien y changer, ce billet paru ici en 2012, en l'honneur d'un grand homme, qui vient d'être désigné Prix Nobel de la Paix de l'année 2018. Si j'avais à dire ce que pour moi est aujourd'hui l'héroïsme, je nommerais le Docteur Denis Mukwege (parmi quelques autres).
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Le sang réel coule en Afrique. Et plus précisément (entre autres) dans une région qui s’appelle le Nord Kivu. C’est au Congo [il faut dire RDC], dans le nord-est, près du Rwanda, là où se trouvent de grosses réserves de « coltan » (colombite + tantalite). Il paraît que sans lui, il n’y a plus de smartphones, de tablettes et autres joujoux. Il est donc évident que ce soit la guerre.
Drôle de région, si vous voulez mon avis : le mouvement M23 (ou les Maï-Maï, ou d’autres bandes) fait régner la terreur dans les villages. La cible ? Tout ce qui est femme. Dans cette région, les hommes ont érigé le viol des femmes au rang d’activité industrielle. Une simple modalité parmi d'autres de la guerre qui s’y pratique depuis une quinzaine d’années [une vingtaine d'années en 2018].
Parlons d’un homme. Il s’appelle Denis Mukwege. Il est médecin. Il a fondé un hôpital dans une ville appelée Panzi. Quelle n’est pas sa surprise, le 25 octobre dernier, en rentrant chez lui après sa journée de travail, de se voir braquer une kalachnikov sur la tempe ! L’homme s’apprête à tirer.
Soudain, un employé de l’hôpital se précipite sur le tueur, qui se retourne, et l’abat de deux balles. Le Docteur Mukwege ne doit la vie qu’à la confusion qui s’ensuit. Ça tire, il est couché à terre, le commando s’enfuit au volant de la voiture familiale. « Miraculé. J’en suis au sixième attentat par balles », déclare-t-il doucement.
Ce gynécologue, qui pensait avoir ouvert son hôpital pour s’occuper de mise au monde, de suivi des femmes enceintes, éventuellement de césarienne, voit arriver une femme dans son hôpital tout neuf, un jour de septembre 1999. Des soldats l’ont violée. Mais ça ne suffit pas : pour faire bonne mesure sans doute, son « appareil génital avait été déchiqueté par des balles tirées dans son vagin » (excusez-moi, je cite).
Ce n’est que la première d’une longue série. « Mais à la fin de l’année, j’en étais à 45 cas », dit le docteur. En 2000, 135 cas sont comptabilisés. En 2004, il y en a 3604. Visiblement, les gars sont contents d’avoir trouvé un "truc". Une idée à creuser, quoi. « Le viol était devenu une arme de guerre ». Les clitoris étaient coupés, les seins, les lèvres, les nez sectionnés.
« Et le viol s’est répandu. Utilisé par tous les groupes armés, les rebelles hutus et les combattants maï-maï, les soldats rwandais et les forces gouvernementales congolaises, et aujourd’hui les insurgés du M23 ». En treize ans, le docteur MUKWEGE a opéré plus de 40.000 femmes violées et mutilées. Au Congo, il parle de 500.000 femmes violées en seize ans.
Là, je suis désolé, mais je suis obligé de laisser parler le docteur, faites comme moi, accrochez-vous bien : « J’ai vu des vagins dans lesquels on avait enfoncé des morceaux d’arbre, de verre, d’acier. Des vagins qu’on avait lacérés à coups de lames de rasoir, de couteau ou de baïonnette. Des vagins dans lesquels on avait coulé du caoutchouc brûlant ou de la soude caustique. Des vagins remplis de fuel auxquels on avait mis le feu ». Ce n’est pas fini.
Car la journaliste insiste : « Il a soigné une femme qui, enlevée avec ses quatre enfants par un groupe armé pour devenir leur esclave sexuelle, a appris que le plat étrange qu’on l’avait forcée à avaler était constitué de trois de ses enfants. Il a tenté pendant des heures de reconstituer le vagin d’une petite fille de 3 ans que des sexes barbares avaient saccagé, lors d’un raid nocturne sur un village ». Personnellement, je me serais passé des « sexes barbares », tant la réalité du fait se suffit à elle-même, mais bon. On comprend mieux l'acharnement des violeurs de femmes à tuer le docteur Denis Mukwege. En quelque sorte, il gâche le métier.
Ce qui anéantit le plus le bon docteur (L’Homme qui répare les femmes, Colette Braeckeman, André Versaille éditeur), c’est le silence assourdissant des instances internationales.
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Est-ce que la situation a beaucoup changé au Nord-Kivu depuis 2012 ? Honorer cet homme hors du commun est satisfaisant pour l'esprit. Mais combien plus satisfaisant serait de s'en prendre à la cause de ces horreurs. Je dis ça, tout en sachant que ça ou pisser dans un violon, hein, ......................................
Total respect, bien entendu, pour la dame qui partage le prix Nobel. Mais jusqu'à hier j'ignorais tout de son existence et de ses mérites, alors que le Docteur Mukwege est une référence depuis bien longtemps. Et par surcroît, il bénéficie à mes yeux de l'absence de la sanctification que procure le statut de victime qui est celui de la dame. Lui, il est allé au charbon volontairement et (presque) en connaissance de cause : il voulait juste faire du bon boulot dans sa spécialité.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : afrique, nord kivu, congo, mouvement m23, rwanda, ouganda, coltan, rdc, femme, féminisme, viol, torture, goma, bukavu, kabila, kinshasa, denis mukwege, docteur mukwege, l'homme qui répare les femmes, colette braeckman, ariane chemin, annick cojean, journalisme, journaliste, journal le monde, presse, prix nobel de la paix
lundi, 03 mars 2014
29 BALZAC : LA FEMME DE TRENTE ANS
Drôle de livre que La Femme de trente ans. Pour une raison qui paraîtra évidente, mais qui peut désarçonner à la lecture quand on n’est pas au courant : ce n’est qu’en 1842 que Balzac décide de fusionner six nouvelles écrites séparément. D’où un ensemble tant soit peu hétérogène, voire décousu, par la longueur des récits, mais aussi par les thèmes abordés.
De plus, le titre est très réducteur, car la trame, que Balzac a vu se dessiner après coup pour lier les six récits, repose sur six périodes de la vie d’une femme, de la jeunesse nubile jusqu’au lit de mort. Certes le troisième chapitre s’intitule « A trente ans », mais il n’occupe qu’un dixième du volume. Il ne faudra pas non plus s’attarder sur la faiblesse de certaines soudures : l’auteur a colmaté tant bien que mal les brèches existant entre des récits d’abord indépendants.
Pour Balzac et pour son époque, une femme est fraîche à dix-huit ans, vieille à quarante. A trente ans, elle n'est plus l'une et pas encore l'autre. Être une femme de trente ans, cela veut dire, aux yeux de Balzac, qu'elle peut encore séduire, mais avec une supériorité sur la jeune fille : elle « connaît la vie ». Elle n'a plus sa fraîcheur innocente de jeune vierge, et elle peut encore prétendre capturer des amants par sa façon de se rendre désirable et par les ruses et moyens qu'elle déploie pour arriver à ses fins. Aujourd'hui, foin de ces considérations désuètes, pensez, même les maisons de retraite son devenues des théâtres amoureux.
Les deux épisodes les plus développés sont le premier, où Balzac s’amuse à dépeindre la fatale étourderie d’une jeune vierge, véritable oie blanche qui s’amourache d’un homme nul, et le cinquième, où il raconte les dégâts accomplis dans une famille par le poids du secret qui fait de la mère et de la fille des complices (la fille connaît l'adultère maternel et a provoqué la mort du fils adultérin).
Au début, Julie, au désespoir de son père, est complètement entichée du colonel Victor d’Aiglemont, qu’elle voit parader en compagnie de l’Empereur, un beau jour de 1813, scène sur laquelle Balzac s’attarde un peu longuement : il a beau être légitimiste, il ne se fait pas faute d’admirer le grand homme.
L’année suivante, dans la France envahie par les troupes étrangères, Julie, devenue madame d’Aiglemont, se mord déjà amèrement les doigts de sa toquade exaltée de jeune ignorante. Victor, ce piètre époux, conduit sa femme chez une tante, comtesse ou marquise suivant les pages : Mme de Listomère-Landon.
Celle-ci prend Julie sous son aile et lui promet de la former en lui apprenant comment manœuvrer un mari stupide. Malheureusement, elle meurt « de joie et d’une goutte remontée au cœur » (sic !) en revoyant à Tours le duc d’Angoulême. « Julie sentit toute l’étendue de cette perte ». Son inexpérience des choses de la vie lui donne un temps l’espérance de mourir jeune.
Il n’y aurait rien à raconter ensuite, si un jeune Anglais, lord Arthur Grenville, n’était tombé raide dingue amoureux de Julie d’Aiglemont. Il se consume d’amour, le pauvre garçon, et en pure perte, parce que Julie a décidé de rester vertueuse. Le malheur veut que, au moment où elle accepte de le recevoir chez elle au motif que son mari est à la chasse pour plusieurs jours, il fasse un retour inopiné après l’annulation. Brusquement obligée de le cacher, elle ne sait pas qu’elle lui a broyé les doigts en claquant la porte, et qu’il préfère se laisser mourir de froid plutôt que de compromettre celle qu’il aime.
Le deuxième épisode nous montre Julie venue se cloîtrer dans le château de son domaine de Saint-Lange. On voit là une marquise en proie aux remords causés par la mort de son amant (qui n’a pas eu le temps de le devenir). Elle ne veut voir personne et dépérit. Seul le vieux prêtre de l’endroit parvient à forcer sa porte. Effaré, il découvre une femme sans religion, qui lui avoue tout uniment son indifférence pour son mari et son amour contrarié pour lord Arthur Grenville. Il échouera à la ramener dans le sein de notre très sainte mère l’Eglise. Oui, bof, passons.
Le troisième chapitre voit apparaître Charles de Vandenesse, sans doute un parent du Félix du Lys dans la vallée, qui ambitionne de faire carrière dans la diplomatie. Madame Firmiani (dont le nom fait ailleurs l’objet de tout un récit) le présente à Julie, un jour où elle reçoit dans son salon. Avant de l’aborder, il la contemple, puis engage avec elle une conversation qui leur fait constater la déjà parfaite unisson dans laquelle chantent leurs deux âmes.
L’intérêt romanesque de l’épisode, en dehors de laisser pressentir le futur adultère, est une tirade typiquement balzacienne sur … sur … sur LA FEMME. Eh oui, et même farcie de formules propres au grand écrivain : « Il existe des pensées auxquelles nous obéissons sans les connaître » ; « Emanciper les femmes, c’est les corrompre » ; « La jeune fille n’a qu’une coquetterie, et croit avoir tout dit quand elle a quitté son vêtement ».
Mais il y a aussi des formules bien senties sur les contemporains de l’écrivain, qui n’y va pas de main morte. Parlant de « certains hommes toujours en travail d’une œuvre inconnue » : « statisticiens tenus pour profonds sur la base de calculs qu’ils se gardent bien de publier ; politiques qui vivent sur un article de journal ; auteurs ou artistes l’œuvre reste toujours en portefeuille ; gens savants avec ceux qui ne connaissent rien à la science (…) », j’arrête là les vacheries. Oui vraiment, ce sera tout pour aujourd’hui.
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans LITTERATURE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, littérature française, honoré de balzac, balzac, la femme de trente ans, la comédie humaine, femme, adultère, le lys dans la vallée, féminisme, féministes
mercredi, 13 mars 2013
DE LA COMPLEXITE AU SLOGAN
BOB HUDDELSTON
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« VINGT-HUIT POUR CENT ! » : RETOUR SUR LE 8 MARS.
Ainsi donc, il y a 28 % d'écart de salaire au détriment des femmes. Chiffre choc. Injustice criante. Situation scandaleuse, dénoncée à hauts cris le jour de la « Fête des droits des femmes », le 8 mars, depuis une trentaine (tiens, tiens, ça ne bouge donc pas ?) d’années. On pourrait s'interroger sur l'utilité et l'efficacité du métier de statisticien. La statistique, ici, semble ne servir à rien. Insupportable, intolérable. Les médias n’ont pourtant pas épargné leurs peines pour seriner ce refrain. Quasiment, en termes journalistiques, un « marronnier ».
Simple question : à quel protocole scientifique ont eu recours les statisticiens pour aboutir à ce chiffre ahurissant de 28 %, que les médias ont repris sans jamais l'expliquer ? Un chiffre statistique, ça se construit. Et pour le construire, tous les statisticiens sérieux vous le diront, il faut respecter scrupuleusement un processus qui, globalement, s'appelle alors un "protocole". Exactement comme dans un laboratoire de chimie ou de biotechnologie. Alors de deux choses l’une.
Soit l’INSEE possède des informations assez précises pour déterminer, réparties par sexes, les rémunérations liées à des postes de niveau égal (« A travail égal, salaire égal », comme c’est la règle absolue, je le signale en passant, dans tout ce qui est « Service Public »). Quand on a une petite idée du maquis inextricable que les rémunérations constituent, on voit d’ici la difficulté, que dis-je, l’Everest que représente la simple collecte des données. L'improbabilité culmine à son maximum.
Soit, comme j’ai le mauvais esprit de le subodorer, des gens sûrement bien intentionnés sont allés chercher (où ça ?) la masse salariale globale distribuée aux travailleurs français, qu’ils ont divisée en deux parts réparties selon le sexe. Cela doit être plus facile à trouver, une "masse salariale".
Il suffit alors de diviser les deux sommes ainsi obtenues par le nombre, d’une part, de "travailleuses", et d’autre part, de "travailleurs" (ah ! Quand reviendras-tu, Arlette Laguiller ? « Dis, quand reviendras-tu ? Dis, au moins le sais-tu ? »). Ce n’est déjà pas si évident, et il y aurait déjà de quoi s’interroger sur une telle collecte de données, sans doute plus aisée à réaliser que la précédente. Mais je ne suis pas, Dieu soit loué, statisticien.
En admettant comme véridique ce différentiel de 28 %, j’arrive à la conclusion que les femmes touchent globalement une part de la masse salariale globale inférieure de 28 % à la part distribuée aux hommes. Jusque-là, ça va.
Mais il me vient à l’esprit que les tâches effectuées par les personnels féminins et masculins des entreprises ne sont peut-être pas les mêmes, alors que la rémunération est fonction du niveau de responsabilité exigé par le poste.
Le problème change alors d’aspect. Impossible alors de crier à l’injustice, à l’inégalité intolérable de traitement réservé aux hommes et aux femmes. C’est en effet plus compliqué que ça, et l’on sait que dès qu’il s’agit de passer au 20 heures de TF1, comme il croit s’adresser à des bœufs, le présentateur déteste la complication, et a tendance à découper l’information à la hache pour ne pas effaroucher l’audience.
Parce que ce serait trop compliqué d’expliquer que les femmes prennent souvent un temps partiel faute de mieux (caissière de supermarché à 20 heures par semaine) ; qu’elles s’orientent souvent vers des carrières professionnelles considérées comme « subalternes », et pour cette raison moins bien rémunérées ; qu'elles tiennent souvent à concilier travail et vie de famille ; etc.
Bref, qu’il s’agit moins d’un scandale inégalitaire ou d'une discrimination à l’arrivée dans l’entreprise, que d’un problème, au départ, d’organisation de la société : choix de filière professionnelle, structure familiale, choix d’un équilibre de vie, partage des tâches, etc.
Toutes sortes de facteurs expliquent donc ce différentiel de 28 % global, calculé à partir de deux chiffres de masse salariale : les femmes occupent davantage de postes "subalternes", d'emplois à temps partiel, etc. C'est donc un simple mensonge de présenter les choses comme si la femme, à poste égal, était payée 28 % de moins que si c'était un homme qui le détenait. Un mensonge, une malversation, une imposture. Une imposture médiatique de plus, dira-t-on.
Cet état de fait constitue-t-il une injustice ? Ce n’est ni sûr ni évident. Un problème politique, peut-être et même sans doute. Sur lequel on peut proposer et confronter un certain nombre d’analyses (je vois bien un match Pierre Bourdieu contre Raymond Boudon, par exemple). Mais d’un problème complexe, une fois de plus, le laminoir médiatique a fait un pur et simple SLOGAN. Exactement comme dans la publicité. Marrant, non ?
Une fois de plus, en ce 8 mars, journaux, radios et télés ont joué les rouleaux-compresseurs, les marteaux-pilons pour que les dizaines de millions de « cerveaux disponibles » impriment jusque dans le dernier-né de leurs neurones ce slogan : 28 %, 28 %, 28 % ! Comme les boggies des wagons sur les rails d'autrefois : 28 %, 28 %, 28 %. C'est un rythme à prendre. Le montant de l’injustice faite aux femmes, comme on voudrait en convaincre la population.
Mais qui dénoncera cette fable médiatique ? "Storytelling", vous avez dit ?
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photographie, monstres, freaks, cirque, femme, société, france, insee, statistique, féminisme, tf1, propagande
mercredi, 12 décembre 2012
GRAVIR LE MONT PEREC
Pensée du jour :
ERWIN BLUMENFELD
« Il n'est rien de plus charmant que les proverbes arabes, et même les proverbes tout court. On les trouve dans les agendas, entre une recette pour recourber les cils et la façon d'accommoder le riz cantonais. Ils parfument la vie de l'homme sensé. Ils font parler le crapaud, ils racontent la brebis, ils décrivent le rhinocéros. Ils rendent le lion sentencieux et la chèvre pédagogique. Il leur arrive de comparer le commerçant aisé à la fleur du jasmin, et l'homme sage à un vase de cuivre orné de riches ciselures par un habile artisan de Damas. On voit par là que nulle métaphore ne les effraie ».
ALEXANDRE VIALATTE
Résumé : je demandais juste : « Mais qu’est-ce que c’est, bon sang, un onzain hétérogrammatique ? ».
Très simple à expliquer : c’est un poème de onze vers dont chaque vers est composé de onze lettres. Ajoutons que ces onze lettres, à chaque vers, doivent être strictement les mêmes. Et si on met les lignes bout à bout, on est censé trouver une suite de mots, qui veuille autant que possible dire quelque chose.
VOIR TRADUCTION PLUS BAS
Appelons ça un poème, si vous êtes d’accord. On connaît le haïku, poème comportant exactement 17 syllabes. C’est du japonais. Eh bien GEORGES PEREC invente le poème de 121 lettres, pas une de plus : c’est ça le « onzain hétérogrammatique ».
C’est autrement fortiche que le sonnet, je peux vous le dire. Avec ses Cent mille milliards de poèmes, RAYMOND QUENEAU peut aller se rhabiller, même si PEREC dédie La Vie mode d’emploi « à la mémoire de Raymond Queneau ».
CENT MILLE MILLIARDS ? VRAIMENT ? C'EST DE LA PRESTIDIGITATION !
C'EST AUSSI UNE EXCELLENTE TROUVAILLE DE "COM".
Et pourquoi « ulcérations », alors ? Très simple à expliquer, là encore. Prenez les onze lettres les plus fréquentes du français écrit, vous obtenez la série suivante, dans l’ordre : E, S, A, R, T, I, N, U, L, O, C. Vous cherchez un bon moment s’il n’y a pas un moyen de faire quelque chose de cette liste, vous cogitez, et soudain, la lumière se fait : « Ulcérations », en prenant soin de mettre le mot au pluriel. C’est PEREC qui a trouvé ça.
Je dois dire, pour être tout à fait sincère, que la valeur littéraire des poèmes ainsi obtenus est très loin de sauter aux yeux, comme on peut le voir ci-dessous. C’est sûr que c’est une prouesse digne de Tristan terrassant le Morholt ou de David assommant Goliath. Un exploit.
TRADUCTION DU ONZAIN : QUI AURAIT ENVIE D'APPRENDRE ÇA PAR COEUR ?
(rendez-moi Baudelaire)
L’accomplissement d’une tâche surhumaine. Qui me fait penser à cette très belle réplique mise par GOSCINNY dans la bouche du commerçant auquel s’adresse Lucky Luke dans Des Barbelés sur la prairie : « Pour l’impossible, nous demandons un délai de quinze jours ». Mais pour un résultat capable de réjouir les capacités de calcul d’un ordinateur. Pendant ce temps, le poète patiente à la porte. Dans le froid glacial.
DESOLE : C'EST LA SEULE PLANCHE DONT JE DISPOSE
Franchement, c’est comme les virtuosités vocales des mélismes de CECILIA BARTOLI chantant VIVALDI : à l’arrivée, je me dis : « Tout ça pour ça ! ». Tout ça pour dire que l’oulipianisme de GEORGES PEREC me laisse un tout petit peu sceptique, même si je reconnais l’absolue supériorité du maître dans tout ce qui concerne les jeux avec les lettres (et avec les Lettres). Heureusement, le génie de PEREC remplit avantageusement les formes que son goût pour les contraintes d'écriture lui suggèrent jour après jour.
Car la sécheresse du pur formalisme n’est pas loin, comme si l’on essayait de mettre au point une machine capable de produire du vivant (BERGSON, au secours !). Et en même temps, une forme de préciosité héritée de Mademoiselle de SCUDERY. Mais le JEU ne fut pour GEORGES PEREC, en quelque sorte, que la voie d'accès à l'expression de son monde à lui par la littérature. PEREC a eu besoin du jeu (les contraintes oulipiennes) pour laisser libre cours au flux (appelons ça comme ça, par convention) créatif qui le traversait.
Ce n’est pas pour rien que PEREC (et il l'est peut-être encore, je ne me tiens pas au courant des avancées de la compétition, puisqu’il y a évidemment surenchère, et que celle-ci m’intéresse, je dois dire, tout à fait moyennement) le recordman de tout le système solaire pour ce qui est du PALINDROME.
Si vous consultez un des deux volumes « oulipo » de la collection « Idées / Gallimard » (La Littérature et Atlas, mais maintenant, pour les curieux, il y a la Bibliothèque oulipienne authentique), vous saurez. Je crois me souvenir que le palindrome de GEORGES PEREC est fait de 1247 mots.
Au fait, je n’ai pas dit ce que c’est, un palindrome. J’aurais dû. En musique, ça existe aussi, ce n’est pas monsieur PHILIPPE CATHÉ qui me contredira. OLIVIER MESSIAEN a inventé les « rythmes non rétrogradables », qui reposent exactement sur ce principe : on peut lire le texte en commençant par le début ou par la fin sans que l’ordre des signes écrits ait varié d’un iota (mais s'agissant de mots, le sens change évidemment, contrairement à ce que déclare le crétin qui a rédigé la notice wikipédia).
Le palindrome a bien sûr attiré l'attention de l'humain dès que celui-ci disposa de l'alphabet. ALFRED JARRY cite dans Messaline le très connu « ROMA / AMOR ». GUY DEBORD élabora l'extraordinaire « In girum imus nocte et consumimur igni » ("Nous tournons en rond dans la nuit et nous sommes consumés par le feu").
Je vous donne juste le début de l'exploit accompli par GEORGES PEREC : « Trace l’inégal palindrome. Neige. Bagatelle, dira Hercule. »,et la fin : « Ta gabegie ne mord ni la plage ni l’écart ». Vous pouvez vérifier dans un miroir (sans tenir compte des accents et autres signes adventices).
Là encore, admirons la prouesse, mais ne nous demandons pas trop violemment ce que tout ça peut signifier. En comparaison, GUY DEBORD n'a battu aucun record, mais il a trouvé une pépite en or massif (si c'est lui qui l'a trouvée, ce que j'avoue ne pas savoir, mais il n'y a pas de raisons d'en douter).
Voilà ce que je dis, moi.
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samedi, 08 décembre 2012
LA PESTE DE LA FÊTE DES LUMIERES
Pensée du jour :
LA BEAUTE SELON CHRISTIAN VOGT
« Le désert engendre les dieux. "Jouez hautbois, résonnez musettes", c'est des sables de Palestine que nous viennent les chants des bergers ; c'est du ciel du désert qu'arrivent les anges en blanc qui sonnent dans des trompettes en or ; c'est sur les dunes de Jordanie ridées du vent, ourlées par lui, brodée comme un ouvrage de dames, que s'imptiment les pas des rois mages et que s'élève une odeur d'encens. Terre aride. On a dit que le soleil ni la mort ne peuvent se regarder en face. Et le désert, c'est le soleil et la mort. Une autre dimension de la terre. Le pur espace des géomètres. Et c'est ce sol qui ne produit rien qui donne les dieux. L'esprit souffle sur lui. L'esprit désincarné ».
ALEXANDRE VIALATTE
J’interromps momentanément ma série sur EDWARD BERNAYS, mais c’est pour une bonne cause : il y a urgence. Demain soir, il sera trop tard !
Oui, ALERTE !!! Lyon est submergé depuis deux jours par des hordes (on parle de 2.000.000 sur quatre jours) de gens affairés qui, le nez dans un plan de la ville, cherchent avidement le lieu où se passe la "Fête des Lumières".
En tant que vieux Lyonnais dûment estampillé, je voudrais ouvrir leurs yeux et dénoncer l'imposture. Une partie de mon argent de contribuable s'évanouit dans des machines sophistiquées, qui projettent sur des façades illustres (Palais des Beaux Arts, Saint Nizier, ...) le produit lumineux, dégénéré et coûteux conçu dans l'esprit tordu de quelques "artistes" autoproclamés. Je m'insurge, je me gendarme et je crie au scandale.
Qu'on se le dise : Lyon est le lieu exclusif des
ILLUMINATIONS DU 8 DECEMBRE.
Et "illuminer" consiste essentiellement dans l'alignement, au soir de ce 8 décembre (et seulement ce soir-là), sur le rebord des fenêtres, de petits verres cannelés à l'intérieur desquels tremble la flamme d'un lumignon.
Il faut avoir vu danser, sur le rebord de sa propre fenêtre, les huit ou douze rais de lumière échappés de la modeste chose modestement posée, soumise aux aléas de la brise, de la bise, de la neige et de la pluie. Qu'on est heureux, en rentrant de la Brasserie Georges où l'on a fini la promenade du soir, en constatant que les modestes flammes ont résisté.
Je plains tous ceux qui, se promenant sur les quais du Rhône et de la Saône, n’ont jamais été pris dans l’incroyable magie de milliers de flammes vacillantes, que les cannelures de verres spécialement dédiés à cette occasion démultiplient. De vraies rampes lumineuses qui traversaient la ville de part en part, voilà ce que c'était, les « Illuminations ».
Pour savoir ce que sont les VRAIES, les AUTHENTIQUES « Illuminations » de Lyon le 8 décembre, j’en suis désolé pour les autres, il faut avoir été témoin du temps où la ville n’avait pas encore été transformée en gigantesque attrape-touriste, en colossal parc d’attraction à l’américaine, en monstrueux espace « spectaculaire-marchand » (GUY DEBORD), en gros mensonge infantile, technique et malfaisant.
Voilà ce que je dis, moi, à monsieur GERARD COLLOMB.
P.S. Voilà ce que ça doit donner, les vrais lampions du 8 décembre à Lyon (ceux-là sont particulièrement bien dotés : 14 rais de lumière, qu'il faut imaginer tout tremblants, dès le plus léger souffle d'air) :
Et rien d'autre.
Voilà tout.
09:00 Publié dans BOURRAGE DE CRÂNE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photographie, alexandre vialatte, littérature, humour, société, lyon, france, tourisme, 8 décembre, illuminations, fête des lumières, gérard collomb, femme, beauté
vendredi, 07 décembre 2012
LIBEREZ-VOUS, MESDAMES : FUMEZ !
Pensée du jour :
AUTRE IDEE DE LA BEAUTE SELON LUCIEN CLERGUE
« Je vous cèderais volontiers ma place, malheureusement, elle est occupée ! ».
GROUCHO MARX
Résumé de l’épisode précédent : les femmes doivent leur « libération », non pas aux « luttes » féministes, comme la rumeur s’en colporte encore aujourd’hui avec une veule complaisance, mais à EDWARD BERNAYS, dont elles ont obtenu – et de façon spectaculaire – l’autorisation de brandir en public un petit cylindre d’une substance végétale délicatement et finement découpée, et soigneusement enveloppée d’une feuille extrêmement fine de papier de riz, dont l’extrémité peut à volonté être portée à incandescence, une fois que l’autre extrémité a été sensuellement glissée entre les lèvres féminines.
EDWARD BERNAYS, donc, et personne d’autre. EDWARD BERNAYS, que le magazine Life, en son temps, a désigné comme l’une des personnes les plus influentes du 20ème siècle. EDWARD BERNAYS, injustement maintenu dans un obscur cagibi du purgatoire des célébrités.
JOSEPH GOEBBELS, INITIATEUR DE LA "PROPAGANDASTAFFEL"
A LA DEMANDE DE SON MENTOR
Il s’agit bien de lui, et les notes que ce blog lui consacre ne visent qu’à réparer une sorte d’injustice : oui, il est temps de rendre justice à un homme dont les travaux ont brillamment inspiré des communicants aussi renommés et efficaces que JOSEPH GOEBBELS, ADOLF HITLER et JOSEPH STALINE, qui avaient sur leur table de chevet le maître-ouvrage du maître : Propaganda ou comment manipuler l’opinion en démocratie (éditions Zones-La Découverte, 2007, 141 p., 12 euros, c’est quasiment donné, et ça fait tomber quelques peau de "soss" devant les yeux qui en avaient).
Si je reformule le sous-titre, ça donne quelque chose comme : « Comment faire adhérer sans contrainte les masses aux discours d'un homme au pouvoir, et jusqu'aux folies d'un dictateur ». En regardant bien, on constate que c'est le principe qui régit tous les gouvernements actuels.
UN AMI DE L'HUMANITE QU'ON NE PRESENTE PLUS
Je vous explique : comme sa mère s’appelle ANNA FREUD, sœur de SIGMUND, et que son père est le frère de MARTHA BERNAYS, qui se trouve être l’épouse du dit SIGMUND, il devient à sa naissance neveu au carré d’un certain SIGMUND FREUD, l’écrasant papa d’une grosse bête appelée « Inconscient » et de tout ce qui se trouve dedans quand on la dissèque. Il est d’ailleurs sympa avec son neveu, le grand FREUD : il lui dédicace un exemplaire de son Introduction à la psychanalyse. Et le neveu, il va y mettre le nez, et pas qu’un peu.
En 1929, le président du consortium des producteurs de tabac, futur gros client de son officine, lui dit : « Comme les femmes ne peuvent pas fumer en public, nous perdons la moitié d’un énorme marché. Pouvez-vous faire quelque chose ? ». EDWARD BERNAYS répond : « Laissez-moi y réfléchir ». Puis il demande : « M’autorisez-vous à chercher du côté de la psychanalyse ? – Mais œuf corse ! Ne vous gênez pas ». Rappelons qu'à l'époque, la femme qui fume sur un trottoir est traitée de pute, ni plus ni moins.
Ni une ni deux, il se précipite chez ABRAHAM A. BRILL, un des premiers grands psychanalystes des Etats-Unis, non pas pour s’étendre sur un quelconque divan, mais pour poser une question au savant : « Que représente la cigarette pour la femme ? ». La réponse fuse : « Le pénis ! ». C’est clair, net et précis. Autrement dit la berdouillette, le scoubidou, la merguez (ou chipolata, au point où on en est), le cigare à moustaches, la bistouquette. En trois mots comme en cent : la BITE, la PINE, le CHIBRE.
EDWARD BERNAYS ne se démonte pas pour autant, c’est un esprit pratique. Il a un gros client, et le client, surtout le gros, est roi. Alors il a l’idée du siècle : le symbole de l’Amérique, c’est le cadeau fait par la France à l’occasion de son centenaire (celui des Etats-Unis !). J’ai nommé le chef d’œuvre d’AUGUSTE BARTHOLDI. J’ai nommé la statue de La Liberté éclairant le monde (inaugurée en 1886).
Deuxième étape dans l’élaboration du message : la torche que tient la Liberté est incandescente, le bout de la cigarette allumée est incandescent. Il faudrait être stupide pour ne pas faire le rapprochement, avouez ! Qui plus est, la Liberté, qu’elle guide le peuple ou qu’elle éclaire le monde, c’est une Femme, regardez DELACROIX. Concluez vous-même : EDWARD BERNAYS a sa campagne de « public relations » en poche, c’est comme si c’était fait.
LÀ, ELLE GUIDE LE PEUPLE.
C'EST BIEN UNE FEMME, SELON TOUTE APPARENCE.
Voilà ce que je dis, moi.
P.S. DERNIERE MINUTE : nous apprenons une triste nouvelle :
Adressons donc nos très sincères condoléances à l'U.M.P., et surtout à son "président autoproclamé".
09:00 Publié dans BOURRAGE DE CRÂNE, UNE EPOQUE FORMIDABLE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : femme, féminisme, mlf, photographie, lucien clergue, beauté féminine, humour, groucho marx, edward bernays, communication, propagande, publicité, tabac, magazine life, goebbels, adolf hitler, joseph staline, propaganda, manipulation, sigmund freud, psychanalyse, sexe, cigarette, bartholdi, statue de la liberté, la liberté éclairant le monde, eugène delacroix, inconscient, anna freud, françois fillon, ump, jean-françois copé
mercredi, 05 décembre 2012
NOUS SOUVENANT DES BELLES CHOSES ...
Pensée du jour :
NOTRE-DAME DE PARIS
« Noël arrive au bout de l’année comme une espèce de carillon. Il luit dans le noir comme une dorure. « La plus belle des couleurs, c’est le noir », selon un mot du Tintoret que Pourrat cite dans son Blé de Noël ; et il ajoute, par parenthèse, que « le noir est la couleur que préfèrent les vieilles races » : elles reçoivent la Vie en jaquette dans les salons du sous-préfet. (La pauvre ! elle en sort empaillée.) Quoi qu’il en soit, décembre est un mois noir, comme le nuage, comme le froid, comme le loup. La neige qui le souligne accentue ses ténèbres. Noël est sa dorure ».
ALEXANDRE VIALATTE
QUIS ?
QUID ?
UBI ?
CUR ?
QUOMODO ?
(UNE IDEE DE LA BEAUTE SELON LE GRAND LUCIEN CLERGUE !)
QUANDO ?
QUIBUS AUXILIIS ?
Alors voilà ! Le monde est trop beau, il paraît. Il paraît qu'il faut l'abîmer. Peut-être parce qu'on aura moins de mal à regretter sa disparition ? Et je ne parle pas de la nôtre. "J'veux mourir malheureux, Pour ne rien regretter", chantait DANIEL BALAVOINE, dans Le Chanteur. Quel pauvre nase, le con ! Est-ce qu'il a eu la chance de regarder le monde autour de lui, avant de tomber, dans et avec son hélicoptère (heureusement, c'était avec THIERRY SABINE, le malfaiteur né avec un pot d'échappement intégré, ça vous dit quelque chose, LE Paris-Dakar ? Il n'a pas contribué à l'enlaidissement du monde ?) ?
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans UNE EPOQUE FORMIDABLE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photographie, alexandre vialatte, littérature, humour, art, beauté, lucien clergue, membracidés, femme, nuages, sundgau, daniel balavoine, thierry sabine, paris-dakar, le chanteur
mardi, 28 août 2012
LIBEREZ-VOUS, MESDAMES !
Pensée du jour : « L'homme vient du singe, dit-on, et il va au cimetière. Telle serait sa zoologie. Que fait-il en chemin ? De tout. Des zigzags, l'école buissonnière. Il se gratte le nez, il se lave les pieds, il fait empailler ses ministres, il accroche des morts aux sonnettes, une fois il a déterré le Pape ; pour le juger ; le Pape avoua tout ce qu'on voulait (c'était Formose, en l'an 896) [donc pas très loin de la Papesse Jeanne, de célèbre mémoire] ; sur quoi on le jeta au Tibre après lui avoir coupé les doigts ; le nouveau Pape en mourut de honte, étranglé par des repentirs. On voit par là que l'homme venu du singe y retourne volontiers ».
ALEXANDRE VIALATTE
Pour votre rentrée, madame, pariez sur le velours lisse, le trench en gabardine panthère, le soutien-gorge en gaze jacquard gansée d’une dentelle fine (mais ne jetez pas les autres, car il convient d'en garder au moins dix en réserve, qu'ils soient cerclé emboîtant, ampliforme, push up, paddé, à corbeille ou pigeonnant, c'est-à-dire à balconnet). N’oubliez pas les gants cloutés pour donner une touche punk à des tenues classiques. Ne crachez pas sur la jupe étui : vous la coordonnerez à un top en similicuir, ou la combinerez à un pull en laine mélangée et cachemire (la différence entre coordonner et combiner n'a aucun secret pour vous).
Pour vos cheveux, vous apprendrez que la coloration ose le « tie and dye » et que la poudre (de shampooing) nous monte à la tête ; pour vos yeux, que le mascara se met en boule et que le smoky joue les rapetout en débordant vers les tempes et l’arête du nez. Vous saurez, en général, que les taches prennent le large, que les vernis gagnent du relief, que les barrettes se multiplient, que l’eau de Cologne nous réveille et surtout que le rouge vire à l’ultraviolet.
Vous vous inquiétez de votre poids, de votre taille, de votre ventre ? N’hésitez pas, madame : si le power disc rendra toniques vos abdominaux, plat votre ventre, fermes vos fesses, bref, harmonieux votre corps, c’est grâce à l’impulsion gravitationnelle, et à rien d’autre. On vous le dit, on vous l’écrit. Vous devez le croire.
Sinon, rabattez-vous sur la ceinture en textile minceur à forte élasticité, dont l’effet gainant est immédiat, et qui, en profondeur, active la combustion des calories, stimule la microcirculation et favorise l’élimination des toxines. Pour faire bonne mesure, appliquez-vous sur le ventre le gel tummy flattening (sans parabène, vous ne sauriez être trop prudente), qui cible les rondeurs disgracieuses pour une taille de rêve express. Rien n'est plus beau que le rêve express.
Et n’oubliez pas, madame : après le sport, c’est bien de mettre des talons. Aussi vous conseillons-nous des chaussures Sveltesse 5,8® cm. Leur semelle en biocéramique avec un talon de 5,8 cm vous fait gagner instantanément des centimètres. Quant à moi, je ne saurais trop recommander la biocéramique pour grandir. La biocéramique, il faut y croire. Il n'y a même que ça de vrai. Tout est dans le 0,8 centimètre.
J’espère vivement, chère madame, par ce petit tour d’horizon sur les mille et une manières de vous sentir bien dans votre peau et de resplendir en société, avoir fait œuvre utile. Mais je m’en voudrais de ne pas porter, pour finir, à votre connaissance les soucis dont certaines d’entre vous nous font part.
Ainsi, CHRISTINE L., de Nantes, nous écrit-elle cet appel au secours : « C’est un sujet délicat, un peu tabou, dont je souhaite vous parler. Mon mari ne se lave jamais. Depuis qu’il est retraité, sa toilette matinale se fait avec un gant mouillé, sans savon, sur le bout du nez, il ne se brosse même pas les dents. Il va sans dire que j’évite tout rapport intime, même l’embrasser m’est difficile. Comment faire pour qu’il soit propre ? ». C’est vrai, ça : comment faire pour que le mari soit propre ? Surtout quand il est retraité ?
Je réponds sans barguigner, sans hésiter et sans m'embarrasser d'une trop vaine pusillanimité : « Madame, changez-le plus souvent dans la journée ». Ou même changez-en ! Un peu d'initiative, que diable ! J’aurais dû être répondeur dans un courrier des lectrices, pour un magazine féminin : le tact, la subtilité, l’empathie, la délicatesse et la compréhension n’ont aucun secret pour l'orfèvre en la matière que je suis. Personne n'aurait l'idée d'en douter. Qui a dit "si" ?
Ben voilà. Pour se faire une idée de ce que les femmes ont (mais ce n'est pas complètement sûr) dans la tête, rien de tel que de faire un petit tour dans ce qu’elles lisent. Je vous jure que je n'ai pas inventé grand-chose. Et là, j’ai vraiment pris du basique. Quasiment du générique. Rien de particulièrement fendard ou épastrouillant. Rien que de la livraison banale, routinière et hebdomadaire. Même pas de quoi faire rugir une féministe à cheval sur la doctrine.
Cette littérature s’intitule Version fémina (groupe Lagardère). C’est le supplément week end de la PQR (Presse Quotidienne Régionale). Voilà, vous savez tout. Pas besoin, j’espère, d’en rajouter dans le commentaire. La société de consommation, il suffit de la laisser parler pour savoir à quoi s'en tenir. Grande leçon de morale et de vigilance. Mais j'avoue que la pression qui pousse les femmes à se conformer aux modèles officiels est beaucoup plus forte que celle qui pèse sur les hommes. Quoique ... est-ce qu'il n'y a pas deux modèles impérieux, vous savez, le "sois belle" d'un côté (d'où l'accent mis sur l'apparence), et le "sois fort" de l'autre (d'où l'accent mis sur le comportement) ?
Promis, la prochaine fois, je mettrai le nez dans Elle ou Cosmopolitan, Marie-Claire ou Glamour, Vogue ou Grazia, Be ou Femme actuelle, j'ai l'embarras du choix. Non, pardon : ce sont les femmes qui l'ont, l'embarras. C'est carrément l'hypermarché. Et elles y font leurs courses, pensez que les six plus gros titres, pris tous ensemble, tirent à presque trois millions d'exemplaires.
Voilà donc comment il faut parler aux femmes ! Bon sang, mais c'est bien sûr ! J'aurais dû m'en douter !
Voilà ce que je dis, moi.
POST SCRIPT : Je ne veux en général décourager personne. Mais je ne saurais terminer sur cette note somme toute optimiste.
Car de toute façon, vous et moi, voici une idée de ce que nous deviendrons, dans le meilleur des cas. Bon courage à tous et à toutes !!!
09:00 Publié dans UNE EPOQUE FORMIDABLE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : féminisme, femme, homme, cheveux, soins de la peau, esthéticienne, mode, beauté féminine, magazines féminins, elle, cosmopolitan, marie-claire, glamour, vogue, grazia, be, femme actuelle
lundi, 27 août 2012
A PROPOS D'EMANCIPATION FEMININE
Pensée du jour : « La France est beaucoup plus géographique qu'on ne pense ».
ALEXANDRE VIALATTE
Les féministes ne sont pas les seules à soutenir, à défendre, à secourir les femmes. Il faut s’en féliciter. Pour être juste, je dirai a priori que les femmes ne cherchent pas plus que les hommes à être soutenues, défendues, secourues. C’est malgré tout ce que dit la rumeur. Il paraît qu’elles se confient plus volontiers.
Comme elles confient, paraît-il, davantage que les hommes, leur apparence à toutes sortes de spécialistes : coiffure, maquillage, épilation, volume et forme des seins ou des fesses, longueur et richesse des cils, des ongles, spa, fitness, soins de la peau et du visage, j'en passe et des meilleurs. Elles se fient également à toutes sortes de magazines, appelés pour cette raison « féminins ». Constatons aussi qu'elles constituent l'essentiel de la clientèle des gymnases. Oui, elles se donnent plus de mal que les hommes.
J’informe à ce propos celles qui pourraient être intéressées, que vient de s’ouvrir, rue d’Austerlitz, un « bar à ongles ». J'assure que je ne plaisante pas. Selon moi, c’est une bonne nouvelle. Et même peut-être un progrès. C’est un bar dont le quartier commençait à remarquer le manque cruel, et à se demander comment il avait pu jusque-là s’en passer. Mais il paraît qu'il y a des bars à tout : c'est « tendance ».
Il n’a échappé à personne qu’il existe donc, encore, effectivement, quelques menues différences naturelles entre les hommes et les femmes, au grand dam des "genristes", vous savez, les négationnistes de la différence des sexes.
Voyons l’une des plus spectaculaires : il est scientifiquement prouvé que la femme, chaque fois qu’elle va aux toilettes, y passe deux fois plus de temps, en moyenne, que son collègue masculin (3' contre 1,5', je parle en moyenne). Certains ont attribué cette petite différence à l’odeur des lieux, moins agréable du côté des messieurs. C’est une hypothèse. C’est bien connu, les femmes sont plus soigneuses et plus attentives. Et ont le sentiment esthétique plus développé. Du moins à ce qu'on dit.
D’autres penchent pour une explication d’ordre vestimentaire, qui rend la chose plus compliquée, et par là même plus longue. La superposition des couches est effectivement une complication. Quoi qu’il en soit, la World Toilets Organisation (vous pouvez vérifier) est formelle : les femmes passent plus de temps sur le trône que les hommes. Comme le prouvent les files d'attente devant les WC femmes sur les aires d'autoroute. Conclusion logique : les toilettes sont pour beaucoup dans le surcoût que représentent les femmes pour la comptabilité des entreprises. Avis aux patrons.
Comme quoi, pour elles, le fait d’être porteuses de sens, de valeur, en plus de l’avenir de l’humanité, n’est pas seul en cause sur le marché du travail. En vérité je vous le dis, il faut penser aux toilettes. Elles y passent (tout compris) 3 à 4 ans de leur existence professionnelle (je n'ai pas vérifié le calcul, sur la base de 8 passages par jour, compte non tenu du nombre de rouleaux de papier hygiénique, lui aussi différent), ce qui donne un net avantage (qu'on peut appeler naturel) aux carrières masculines. On se demande comment les militants de la génération « transgenre » (vous savez, les adeptes du slogan « le sexe n’a rien à voir avec la nature : il est une construction culturelle ») pourraient contester de telles données objectives.
Mais il subsiste d’autres petites différences entre l’homme et la femme. Signalons en effet que le chemisier au col habillé de pointes de métal se portera avec une jupe asymétrique et des richelieus pied-de-coq ("poule" est donc devenu tendancieux et suspect ?), et que tout ça fera swinguer votre dressing. On voit par là qu'il est bon de porter certaines informations à la connaissance du public.
De même, on est heureux, madame, de vous conseiller le sérum visionnaire LR 2412 4 % qui, ajouté au teint idole ultra 24 H lys rosé 02, et au sérum génifique yeux light-pearl illuminateur regard, vous fera dire, comme madame DE France : « Ça m’intéresse de vieillir ». Je n'invente rien. De son côté, Madame SUBLET n’hésite pas à le dire : « Les rides, je ne les traque pas, je les affiche ». Elles se donnent le mot, ma parole. N’en doutons pas : il convient, en ces temps de glorification de la jeunesse, de déculpabiliser ceux qui en ont quitté le rivage depuis longtemps. Evitons, tant que faire se peut, de pousser les vieux au suicide. Quoique ...
Quant au mascara hypnôse [sic] star 01 noir, le rouge à lèvres rouge in love beige dentelle 300 M et le vernis in love jolis matins 220 M, ils seront des "plus" incontestables pour le rayonnement de votre beauté. On voit par là que le progrès fait rage.
Voilà ce que je dis, moi.
A suivre.
09:00 Publié dans UNE EPOQUE FORMIDABLE | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : femme, féministe, soins de beauté, mode, lutte, égalité, sexisme, maquillage, make up, chirurgie esthétique, bar à ongles, fitness, spa
dimanche, 05 août 2012
DU PETIT NOMBRE DES FEMINISTES
Il a plu patiemment toute la nuit. Un peu de météo ne saurait faire de mal, surtout quand on ne se hasarde pas à prévoir le temps qu'il va peut-être faire prochainement, mais quand on constate les dégâts après qu'ils se sont (si, si!) produits : on prend moins le risque de courroucer les clients. Fin du préambule. Venons-en à l'essentiel.
C’est entendu : les femmes qui portent le drapeau de la cause des femmes, les femmes qui luttent contre la « domination masculine », les femmes qui en ont assez de ces regards masculins qui s’attardent sur leurs formes de devant ou de derrière, qui en ont assez de n’exister dans le regard des hommes que parce qu’elles ont des seins avantageux (« vise-moi ce balcon ! ») ou un popotin charmeur (« vise-moi ce valseur ! »), en un mot, les FEMINISTES ont le droit de vivre, de respirer et de refuser cet ordre des choses qui leur semble insupportable.
Elles ne peuvent toutefois empêcher les autres femmes de vivre à leur guise. Elles ne peuvent régenter le quotidien des autres femmes. Qui sont, malgré qu'elles en aient, l'écrasante majorité, je veux parler des femmes normales (terme de plus en plus contesté). On a le droit de s’en réjouir. Voire de s'en féliciter. Parce que le sort des hommes n'est sans doute guère plus réjouissant.
ONT-ELLES HONTE, A BERLIN ?
Elles ne peuvent pas, contrairement à l’ambition révolutionnaire, mais non sans précédent (MARTHE RICHARD, en fermant les « maisons » en 1946, pensait sans doute parvenir au même but) qui anime Madame VALLAUD-BELKACEM, voir ci-contre , d’abolir (au grand dam des professionnelles) le plus vieux métier du monde, à grands coups de tornades blanches et de paroles verbales (« Vous allez voir ce que vous allez voir », SARKOZY est passé par là), et d'empêcher une femme qui le désire (je ne parle pas du proxénétisme mafieux qui, jusqu'à présent, ne concerne que les femmes, allez savoir pourquoi) de louer son corps contre juste rétribution.
A-T-ELLE ETE CONTRAINTE ?
Elles ne peuvent interdire à des demoiselles avantagées du buste par une nature généreuse, sur les plages d’été, de se faire déverser de l’eau sur le t-shirt, pour que l’étoffe colle à leurs formes en toute transparence. Elles ne peuvent interdire à d’autres demoiselles de prêter tout ou partie de leur peau à des artistes et des coloristes virtuoses, pour devenir, le temps d’un rêve, une sorte d’œuvre d’art (on appelle ça, en bon français, du bodypainting).
A-T-ELLE UNE CULOTTE ?
Même quand elles hurlent à la mort et crient bêtement à l’humiliation de TOUTES les femmes, quand un publicitaire a l’idée d’utiliser, sur une affiche, le corps d’une de leurs semblables (à la plastique, là encore, largement favorisée par la nature) pour vendre des yaourts, des voitures ou des soutien-gorge, elles ne peuvent interdire à celles qui le souhaitent de se procurer, par exemple, la parure qui va, pensent-elles, les embellir en toute intimité.
A-T-ELLE ETE PAYEE CORRECTEMENT ?
Félicitons-nous donc que le dogme du féminisme doctrinaire ne soit pas au pouvoir pour faire la police des moeurs. Qui est, en dernier ressort, coupable de la déliquescence ? Je veux dire : quel individu ? Quelqu'un osera-t-il encore, pour soutenir le mythe de l'individieu acteur de sa propre vie, nier le rôle de la structure, de l'infrastructure, et autres « fadaises marxistes » ? Qui, en dehors de ma tante A. (celle qui s'est prise pour un garçon, obligeant ainsi ses fils à devenir des filles), exaltée du bulbe et altruiste fanatique, osera proclamer que « quand on veut, on peut » ?
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans UNE EPOQUE FORMIDABLE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : femme, féminisme, militantisme, intolérance, najat vallaud-belkacem, marthe richard, prostitution, bordels, plus vieux métier du monde, publicité, charme, aubade, lingerie féminine, soutien-gorge, bodypainting, concours t-shirt mouillé
samedi, 16 juin 2012
AUJOURD'HUI, C'EST REPOS !
Aujourd'hui, samedi, c'est le week-end, la grasse matinée, le câlin du matin. Il n'y a pas longtemps, je parlais de l'humanité génétiquement modifiée. Les exemplaires d'humanité femelle que je propose aujourd'hui comme modèles ne sont pas franchement OGM, mais ça en prend le chemin, à coups de stéroïdes anabolisants. Attention, ça décoiffe.
JUSTE POUR SE METTRE EN APPETIT
ON A MÊME DEGAGE LE MAILLOT
AVOUEZ QUE ÇA EN JETTE !
VOUS NE TROUVEZ PAS QUE LA TÊTE A L'AIR DE RAPETISSER ?
IL FAUT UN NOUVEAU MANET POUR UN AUTRE "DEJEUNER SUR L'HERBE"
ET UN NOUVEAU GODARD POUR UNE AUTRE "CHINOISE"
QUEL LABEUR DE CHEVAL IL Y A DERRIERE ÇA
Bon, je vais essayer d'équilibrer un chouïa, avec les merveilles que des exemplaires mâles de l'humanité sont capables, eux aussi, de produire.
QUEL GENRE DE VÊTEMENTS FAUT-IL POUR S'HABILLER ?
EST-CE QUE C'EST SYMETRIQUE ?
(désolé, je ne peux pas faire plus grand, sinon, ça perd en netteté)
Voilà. je n'ai pas très envie de commenter. Ce que je trouve très curieux, c'est qu'il ne m'est jamais arrivé de croiser de telles personnes dans la rue. Et je me dis que, si l'on est féministe, on doit être découragé, devant la montagne de boulot qui reste à accomplir.
Et j'imagine très bien le couple qui rentre de la salle de muscu : « Chérie, tu n'as pas oublié de travailler ton sterno-cleïdo-mastoïdien ? - Penses-tu ! Et toi, mamour, tu as bien pensé à ton grand dentelé et à ton premier adducteur ? ». Moralité : un rien peut suffire à souder un couple.
Pour finir, saurez-vous me dire où l'on trouve ces deux répliques immortelles ? « Quel beau couple ! - Comme ils ont l'air heureux ! » Ceux qui sèchent peuvent réviser leurs aventures de Babar, spécialement Le Roi Babar. Tiens, c'est curieux, c'est le royaume des éléphants.
Nous vivons décidément une époque formidable.
Voilà ce que je dis, moi.
10:22 Publié dans UNE EPOQUE FORMIDABLE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : culturisme, bodybuilding, féminité, femme, féminisme, muscle, gonflette, stéroïdes anabolisants, clenbutérol, nandrolone
mardi, 22 mai 2012
CATECHISME LIBERTIN
Tiens, ces quelques épisodes consacrés à FRANÇOIS RABELAIS m’ont donné envie de retourner à quelques petites choses agréables que j’ai laissées de côté depuis trop longtemps. Je vais vous parler, aujourd'hui et demain, d'une femme particulière. On me dira que toutes les femmes sont particulières.
Je répondrai qu'à ce compte-là, tous les hommes aussi seraient eux-mêmes particuliers, c'est-à-dire des individus, ce qui est loin d'être encore prouvé, puisque, à l'époque de la statistique triomphante et du sondage tout puissant, on ne raisonne même plus par nombre, mais par quantité, par pourcentage et par masse.
On ne connaît pas assez ANNE-JOSEPHE TERWAGNE, plus connue sous le nom de THEROIGNE DE MERICOURT, cette pasionaria de la Révolution qui a peut-être servi de modèle à la femme du premier plan dans le tableau de DELACROIX, La Liberté guidant le peuple. J’ai bien dit « peut-être », parce que le tableau date de 1830, soit treize ans après sa mort. Drôle de vie que la sienne, franchement.
Agitée, instable, comme on voudra. De sa Belgique natale jusqu’à Naples, puis à Paris, où elle participe à la prise de la Bastille, elle n’a pas froid aux yeux. Elle porte sabre et pistolet pour aller déloger de Versailles « le boulanger, la boulangère et le petit mitron ». Elle retourne à Liège, se fait emprisonner par les Autrichiens, revient à Paris.
Elle est finalement prise à partie par des femmes qui, non contentes de l’accuser politiquement, la dénudent et la fessent en public. C’est ce qui lui permettra sans doute d’éviter la guillotine : parce qu’avant même d’être jugée (la Terreur bat son plein), elle fut mise dans un asile de fou, où elle passa ses vingt-trois dernières années, nue dans sa cellule à s’asperger d’eau froide. Je schématise. Paix à son âme.
Je voulais en venir à ceci : THEROIGNE DE MERICOURT n’est probablement pas l’auteur de ce Catéchisme libertin qu’on lui prête, mais vous savez qu’on ne prête qu’aux riches, enfin c’est ce qu’on dit. Ce petit ouvrage instructif, sympathique et distrayant est publié en 1791 ou 1792 suivant les sources. Il expose sans trop de pudeur mais avec esprit, en quelque sorte, le « cahier des charges » des putains parisiennes.
Voici le texte de la « prière » dédicatoire placée au début :
« Oraison à Sainte Magdeleine, à lire avant le catéchisme. Grande Sainte, Patronne des Putains, fortifiez mon esprit, et donnez-moi la force de l’entendement, pour bien comprendre et retenir tout le raffinement des préceptes contenus dans ce Catéchisme : faites qu’à votre exemple, je devienne, dans peu, par la pratique, une Garce aussi célèbre dans Paris que vous l’étiez dans toute la Judée, et je vous promets, comme à ma divine Patronne et Protectrice, de donner mes premiers coups de cul en votre honneur et gloire. Ainsi soit-il. »
Voici un mot de « l’abbé Couillardin » dans sa préface dédiée à Madame l’Abbesse de Montmartre :
« Agréez, Madame, comme une offrande légitimement due, le sacrifice que je vous fais de deux pollutions [faut-il expliquer ?] complètes, et que je jure de réitérer chaque jour en votre honneur et intention ; c’est un tribut qu’on ne peut refuser au souvenir de vos charmes, dont j’ai tant de fois éprouvé l’empire, surtout dans ces moments d’ivresse et d’abandon général où vous vous plaisiez à les exhiber dans l’état de pure nature. Quelle motte ! Quel con ! Quel fessier plus attrayant que le vôtre ! Vous voir, vous trousser, vous foutre et décharger n’était que l’instant de l’éclair au coup de tonnerre. »
Autant dire que l’abbé Couillardin, si on l’en croit, était un éjaculateur précoce. L’auteur procède par « Demandes » et « Réponses ». En voici un exemple, qui en dira long à la fois sur la subtilité du propos et sur l’attitude théâtrale que certains prêtent aux femmes – à tort ou à raison, je m’empresse de le préciser :
« DEMANDE. La putain qui procure de la jouissance à l’homme, peut-elle s’y livrer avec tous, sans s’exposer à altérer son propre tempérament ?
REPONSE. Il est un milieu à tout : il serait très imprudent à une putain de se livrer avec excès au plaisir de la fouterie : une chair flasque et molle serait bientôt le fruit de ce désordre ; mais il est un raffinement de volupté qui tient à la volupté même, et dont une adroite putain doit faire usage. Une parole, un geste, un attouchement fait à propos, offre à l’homme l’illusion du plaisir ; il prend alors l’ombre de la volupté pour la volupté même ; et comme le cœur est un abîme impénétrable, la putain consommée dans son art remplit souvent, par une jouissance factice, les vues luxurieuses de l’homme, qui se contente de l’apparence. Les femmes étant plus susceptibles et plus propres que tout autre à ce genre d’escrime, il dépend d’elles de donner le change à l’homme. » Qu'on se le dise : jouir tout le temps est nuisible à la densité et à la tenue des chairs. Et pan dans les gencives des anarchistes de 1968, avec leur "jouir sans entraves".
Loin de moi l’idée de généraliser le propos à toutes les femmes, qui ne sont pas toutes, aux dernières nouvelles, de la profession, mais les mânes de GEORGES BRASSENS ne m’en voudront pas de citer Quatre-vingt-quinze pour cent : « Les « encore », les « c’est bon », les « continue » Qu’elle crie pour simuler qu’elle monte aux nues, c’est pure charité (…) C’est à seule fin que son partenaire se croie un amant extraordinaire. ».
Cette dernière phrase est, je crois bien, le seul reproche grammatical qu’on puisse adresser à Tonton GEORGES : qu’est-ce donc qui lui a pris de faire la liaison (en "t") entre « croie » (subjonctif présent) et « un amant » ? Craignait-il de froisser l’oreille de l’auditeur ignorant ? Bon, on me dira que le péché est véniel au regard de tout le reste, et j’en conviens évidemment. Va, mon enfant, ego te absolvo.
On me dira aussi que je m’éloigne de mon sujet, que je digresse. A cela je répondrai – excusez du peu – par cette petite citation tirée des Mémoires d’outre-tombe (XXXIX, 10, soyons précis) du grand CHATEAUBRIAND : « Lecteurs, supportez ces arabesques ; la main qui les dessina ne vous fera jamais d’autre mal ». Autrement dit, digresser n'est pas agresser. J'adopte le mot "arabesque", plus élégant et euphonique que "digression".
Mais rassurez-vous, dès demain je reviens à mes putains parisiennes et à ce Catéchisme libertin, supposé être leur bible, l’alpha et l’oméga de ce qu’elles doivent savoir, le compendium de leurs compétences et le promptuaire de leurs aptitudes au métier. Qu'on se le dise : ça ne rigole pas.
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans LITTERATURE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, rabelais, érotime, catéchisme libertin, théroigne de méricourt, femme, putain, catin, bordel, delacroix, la liberté guidant le peuple, versailles, révolution française, volupté, georges brassens, mémoires d'outre-tombe, chateaubriand
lundi, 30 avril 2012
MONTAIGNE, ON S'EN PAIE UNE TRANCHE ?
Aujourd'hui, comme promis, ce sera du juteux, du qu'on n'étudie pas au lycée, ça c'est sûr, même que c'est bien dommage, non plus que le chapitre 26 du Tiers Livre de RABELAIS, qui fait un tour exhaustif de toutes les sortes de « couillons », liste qui se termine par « couillon hacquebutant, couillon culletant ». Mais il est entendu que RABELAIS est beaucoup plus porté sur la chose que MONTAIGNE, comme on va le voir.
Les Essais de MONTAIGNE sont composés de trois livres. Je ne vais pas vous embêter avec des considérations lourdes et pontifiantes. Juste ceci : le Livre I comporte 57 chapitres (environ 300 pages type Pléiade), le Livre II, 37 (450 pages) et le Livre III, 13 (330 pages). Comme si la pompe avait mis du temps à s’amorcer : des petites notes pour commencer, de vrais petits livres pour finir. C’est progressivement qu’il s’est pris au jeu.
Aujourd’hui, juste quelques paragraphes rigolos, sur la femme, le genre d’animal qu’elle est, et ce qu’elle doit être dans le mariage. On ne trouve évidemment pas ce genre d’extraits, non plus, dans le Lagarde et Michard. C’est bête, parce que je suis sûr que ça encouragerait les adolescents à lire MONTAIGNE.
Rien que pour l’idée rassurante qui leur dirait que les idées qui leur viennent quand ils regardent les filles, non seulement sont normales, mais que les filles et les femmes, pour ce qui est du désir et de la connaissance des choses de l’amour, les battent à plate couture. Parce que c’est vrai qu’un garçon, jusqu’à un âge, ce n’est, sur ce plan, qu’un gros niais. Et il y a fort à parier que le verbe « déniaiser » a été inventé pour les garçons. Enfin pas que.
Livre I, Chapitre XXX : De la moderation [l’auteur parle des relations entre le mari et la femme].
Je veux donc, de leur part, apprendre ceci aux maris, s’il s’en trouve encore qui y soient trop acharnés ; c’est que les plaisirs mêmes qu’ils ont à l’accointance de leurs femmes, sont réprouvés, si la modération n’y est observée ; et qu’il y a de quoi faillir en licence et débordement, comme en un sujet illégitime. Ces enchériments deshontés que la chaleur première nous suggère en ce jeu, sont, non seulement indécemment, mais dommageablement employés envers nos femmes. Qu’elles apprennent l’impudence au moins d’une autre main. Elles sont toujours assez éveillées pour notre besoin. Je ne m’y suis servi que de l’instruction naturelle et simple.
Mai 1968, avec son « Jouir sans entraves », n’est pas encore passé par là. On a compris : madame MONTAIGNE se contentait de ce que MICHEL EYQUEM lui donnait. Et il lui donnait peu. « Qu’elles apprennent l’impudence d’une autre main ». C’est une question qui le tarabuste, parce qu’il y revient plus tard.
Livre III, Chapitre V : Sur des vers de Virgile. [Où il est un peu question des vers de Virgile, mais aussi et surtout d’autre chose.]
Pour MONTAIGNE, le mariage doit découler de la raison et non du désir personnel, surtout du désir amoureux. Il est pour les mariages décidés en dehors des personnes, parce que c’est d’abord une convention sociale.Il n’est pas question de se laisser aller au plaisir conjugal : « Une femme honnête n’a pas de plaisir », dit la chanson de JEAN FERRAT. Enfin, on parle ici d’il y a 450 ans, il ne faut pas l’oublier.
Aussi est-ce une espèce d’inceste d’aller employer à ce parentage vénérable et sacré les efforts et les extravagances de la licence amoureuse, comme il me semble avoir dit ailleurs (voir ci-dessus). Autrement dit, le mariage est chose trop noble pour y mêler le plaisir.
L’intéressant vient : Il faut, dit Aristote, toucher sa femme prudemment et sévèrement, de peur qu’en la chatouillant trop lascivement le plaisir la fasse sortir hors des gonds de raison. Ce qu’il dit pour la conscience, les médecins le disent pour la santé : qu’un plaisir excessivement chaud, voluptueux et assidu altère la semence et empêche la conception ; disent d’autre part, qu’à une congression [coït] languissante, comme celle là est de sa nature, pour la remplir d’une juste et fertile chaleur, il s’y faut présenter rarement et à notables intervalles, [« afin qu’elle saisisse avec avidité les dons de Vénus et qu’elle les cache plus profondément » c'est en latin] (Virgile, Géorgiques). Je ne vois point de mariages qui faillent plutôt et se troublent que ceux qui s’acheminent par la beauté et désirs amoureux. Il y faut des fondements plus solides et plus constants, et y marcher d’aguet ; cette bouillante allégresse n’y vaut rien.
On a compris. D’ailleurs il dit quelque part qu’il « s’accointe » avec sa femme juste avant de sombrer dans le sommeil, le soir. On ne peut pas dire que ça rigolait. Comme homme, MONTAIGNE devait être passablement ennuyeux. Il pose même la question : combien de fois par jour ? La reine d’Aragon, dit-il, préconise six « rapports » par jour, mais le grand législateur grec de l’antiquité parle de trois par mois. On devine où va la préférence de MONTAIGNE.
Quel mauvais ménage a fait Jupiter avec sa femme qu’il avait premièrement pratiquée et jouie par amourettes ? C’est ce qu’on dit : Chier dans le panier pour après le mettre sur sa teste.
Pour lui, c’est certain, la femme est par nature un animal lubrique. Et ça commence très tôt, chez les fillettes et jeunes filles. Tiens, toujours dans le même chapitre :
Nous les dressons des l’enfance aux entremises de l’amour : leur grâce, leur attifure, leur science, leur parole, toute leur instruction ne regarde qu’à ce but. Leurs gouvernantes ne leur impriment autre chose que le visage de l’amour, ne fût qu’en le leur représentant continuellement que pour les en dégoûter.
Autrement dit, les filles ne pensent qu’à ça. Le péché d’Eve n’est pas loin. Vient alors une anecdote.
Ma fille (c’est tout ce que j’ay d’enfant) est en l’âge auquel les lois excusent les plus échauffées de se marier ; elle est d’une complexion tardive, mince et molle, et a été par sa mère élevée de même d’une forme retirée et particulière : si qu’elle ne commence encore qu’à se déniaiser de la naïveté de l’enfance. Elle lisait un livre français devant moi. Le mot de « fouteau » s’y rencontra, nom d’un arbre connu [hêtre] ; la femme qu’elle a pour sa conduite, l’arrêta tout court un peu rudement, et la fit passer par-dessus ce mauvais pas. (…) Mais, si je ne me trompe, le commerce de vingt laquais n’eût su imprimer en sa fantaisie, de six mois, l’intelligence et usage et toutes les conséquences du son de ces syllabes scelerées [scélérates], comme fit cette bonne vieille par sa réprimande et interdiction.
Et ce passage, alors ? Mon oreille se rencontra un jour en lieu où elle pouvait dérober aucun des discours faits entre elles sans soupçon : que ne puis-je le dire ? Nostredame ! (fis-je) allons à cette heure étudier des phrases d’Amadis et des registres de Boccace [auteur de contes « libres »] et de l’Arétin [auteur d'oeuvres érotiques] pour faire les habiles. Il n’est ni parole, ni exemple, ni démarche qu’elles ne sachent mieux que nos livres : c’est une discipline qui naît dans leurs veines, [« et Vénus elle-même les a inspirées », Virgile], que ces bons maîtres d’école, nature, jeunesse et santé, leur soufflent continuellement dans l’âme ; elles n’ont que faire de l’apprendre, elles l’engendrent.
« Une discipline qui naît dans leurs veines », parfaitement. Enfer et damnation, j’aurais dû m’en douter. C’était donc ça. Les filles savent tout. Les garçons sont des niais. Et ce n’est pas la mixité qui a changé les choses, puisqu’elle les a aggravées.
Voilà ce que je dis, moi.
09:01 Publié dans LITTERATURE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, montaigne, rabelais, tiers livre, essais de montaigne, lagarde et michard, de la modération, jean ferrat, sexe, plaisir, devoir conjugal, femme
jeudi, 19 mai 2011
A TRES BONNE ECOLE (LA VRAIE ?)
FORMATONS INITIAL OU FORMATONS CONTINU ?
Je veux ici dénoncer l’injustice profonde dont sont victimes les hommes, dans cette société, paraît-il, égalitaire.
Nous les hommes n’avons pas assez l’idée de mettre le nez dans ce qu’il est convenu d’appeler la PRESSE FEMININE. C’est un tort. Il m’est arrivé d’acheter, de loin en loin, quelques revues du genre Jeune et jolie, avec l’idée de me faire une idée de ce qu’avaient dans la tête les jeunes personnes auxquelles j’avais à faire. Je ne me rappelle pas tout, loin de là : ce serait trop me demander. La revue doit s’adresser à des filles de douze à quatorze ans, je ne suis pas spécialiste du ciblage marketing. Je n’ai pas été déçu du voyage. J’ai retenu, entre autres joyeusetés « modernes », des conseils pour, par exemple, se raser le pubis de façon à laisser des poils en forme de point d’interrogation, et teindre les poils restants dans un beau rouge profond (ou éclatant : ça dépend des goûts). La revue proposait aussi, dans un autre numéro, aux filles qui désiraient essayer, une recette pour se faire sodomiser sans douleur (je jure que c’est vrai : j’imagine que c’était en direction des jeunes maghrébines, plus sourcilleuses peut-être sur la question de la virginité jusqu’au mariage).
Vous savez à quoi je compare toutes ces revues ? Vous ne devinerez jamais : à des « établissements privés d’enseignement secondaire, chargés de la FORMATION INITIALE ». Il faut absolument considérer Jeune et jolie comme un COLLEGE. Mais un collège aux dimensions nationales, bien sûr. Dans l’ensemble, strictement rien n’est omis de ce qu’une fille d’aujourd’hui doit savoir : il s’agit d’une véritable FORMATION INITIALE des filles pré-pubères et des adolescentes. Tout ce qu’il faut savoir pour vivre au quotidien est, mois après mois, minutieusement décrit, mettant ainsi la jeune lectrice en possession de tout le code, concernant les rapports entre garçons et filles, les rapports entre filles, le soin qu’il faut apporter à son aspect extérieur, et tout et tout. Comment la jeune fille a-t-elle vécu ses premières règles ? Que doit-elle penser des regards appuyés de ce garçon de la classe qui ne lui adresse jamais la parole ? Accessoirement, quels produits doit-elle acheter pour s’enduire le visage avant de partir pour le collège ? Doit-elle opter pour le transparent quand elle va en soirée ? Bref : qu’est-ce qui l’attend, dans le monde où elle vit ? De tels « collèges » pullulent. L’offre d’enseignement est surabondante, et les revues, comme on dit dans le domaine politique, « se tirent la bourre ». Mais l’offre existerait-elle sans la demande complémentaire ?
Les femmes, de leur côté, font face à une offre encore plus variée et nombreuse, en matière de tels « établissements d’enseignement en FORMATION CONTINUE ». La longueur des rayons consacrés à la presse féminine : vous avez déjà vu, forcément. Je n’insiste pas. Les hommes ne lisent pas assez les revues féminines, ou alors feuillettent distraitement, dans les salles d’attente, l’œil vaguement allumé, les pages consacrées aux dessous affriolants de l’année prochaine, aux maillots de bain qu’il faudra absolument porter, parce qu’on y voit, en quadrichromie, un peu de peau lisse et soyeuse et des formes, intéressantes du fait de leur jeunesse, rarement une vraie chatte, rarement une vraie fesse. Mais il faut lire le reste, les conseils, les portraits en quizz (quelle cuisinière, quelle amie, quelle bricoleuse, quelle amoureuse, quelle bête de sexe êtes-vous ? Cochez la case.), les articles « de fond » (si !), si l’on veut espérer approcher, un tout petit peu, ce que les femmes, aujourd’hui, ont dans la tête : dans quelle sorte d’univers intérieur elles évoluent. Pas toutes, évidemment. Mais enfin, cela dessine un ensemble, disons pour parler lourd, de « repères culturels » que toutes sont amenées à côtoyer, même si elles n’y sont pas immergées. C’est ce que le Ministère de l’Education Nationale appelle la FORMATION CONTINUE.
Mais les hommes, qu’est-ce qu’ils ont, sans même parler de FORMATION CONTINUE, oui : qu’est-ce qu’ils ont comme revues, en matière de FORMATION INITIALE ? Petits, ils ont lu, éventuellement, les publications de Fleurus ou de Bayard presse (Je Bouquine), résolument unisexes, c’est-à-dire non sexuées, encore perdues dans les limbes de l’innocence de l’enfance (c’est la même chose pour les filles). Un peu plus grands, ils vont peut-être s’intéresser aux arts picturaux (les revues consacrées aux tagueurs et grapheurs), aux sports (revues sur le skate, les rollers et autres « sports de glisse », à la rigueur le football). Plus tard encore, on attaque les sports mécaniques (revues sur la bagnole, la moto). Mais je fais remarquer que toutes ces revues ne sont masculines qu’IMPLICITEMENT : aucune ne s’adresse explicitement au viril des garçons, mais à ce qu’ils sont supposés aimer à leur âge, jamais au sexe masculin, en tant que tel. Il n’y a pas de PRESSE MASCULINE.
Conclusion : la FORMATION INITIALE des garçons est laissée, honteusement, à l’abandon. C’est un terrain totalement en déshérence. Et même arrivés à l’âge de la FORMATION CONTINUE, qu’est-ce qu’ils trouveront ? Des revues « de charme » ? Certes, mais quel rapport avec cet énorme effort éditorial en direction de toutes les filles, de toutes les femmes, dans la FORMATION, tant INITIALE que CONTINUE, où elles apprennent COMMENT IL FAUT ÊTRE ? Comment il faut paraître ? Les revues destinées aux garçons, elles, leur apprennent A QUOI ILS DOIVENT S’INTERESSER, quasiment pas à ÊTRE. Il y a là quelque chose de profondément injuste et inégalitaire : ils sont laissés, pour se former à ce qu’il faut savoir pour vivre en société, dans le brouillard du hasard, l’incertitude des rencontres, les aléas des groupes auxquels ils s’agrègent, disons-le en un mot : à l’IMPROVISATION.
Je pose la question : pourquoi, comme c’est fait largement pour les filles, n’ouvrirait-on pas des « établissements privés d’enseignement secondaire pour la FORMATION INITIALE » destinés aux garçons ? Je veux parler de revues qui leur donneraient les clés : ça veut dire quoi, l’érection au réveil ? Qu’est-ce qu’elle veut, celle qui ne te regarde jamais, mais qui se débrouille pour n’être jamais loin de toi ? Comment fait-elle pour te voir sans jamais te regarder ? Bref : livrer quelques secrets au sujet de l’adversaire. Non : c’est vroum-vroum et pouët-pouët. Et l’on s’étonne que les garçons soient un peu bêtes, quand les filles sont de véritables initiées, en comparaison. C'est simple : ELLES SAVENT TOUT, grâce au collège qu'elles trouvent dans les maisons de la presse. Les garçons, c’est la grande faiblesse du MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT EN MAGASINS DE JOURNAUX.
14:05 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : presse féminine, femme, homme, sexe, news magazines, filles, girls, garçons, formation initiale, formation continue, puberté, littérature, sexisme