mercredi, 16 juillet 2025
OLRIK, LE MÉCHANT IMMORTEL
Edgar P. Jacobs, valeur inamovible de la bande dessinée belge de l'âge d'or, est renommé dans le milieu pour avoir inventé un tandem de personnages qui a marqué l'histoire du genre de façon indélébile : Francis Blake, l'aviateur devenu le chef d'un service de renseignement anglais (M.I. 5 ou 6, je ne sais plus), jamais bien loin de son ami Philip Mortimer, éminent savant, spécialiste de physique nucléaire.
Dès leur première aventure commune (Le secret de l'Espadon, 1950), ils croisent la route d'un certain "Colonel Olrik", identifié comme le méchant incurable. Cette aventure se termine par l'explosion d'une bombe atomique sur la capitale de l'empire édifié par l'innommable tyran Basam Damdu (une ville qui ressemble à s'y méprendre à Lhassa, capitale du Tibet. Il y a donc toutes les chances que l'horrible Olrik ait disparu dans les flammes.
Grossière erreur ! Car Jacobs doit raconter la suite des aventures du capitaine et du professeur. Il a besoin pour cela d'un personnage porté par le principe opposé à celui qui sert de Nord aux deux héros, qui ne cessent d'œuvrer pour le bien de l'humanité. Or on a constaté qu'Olrik est une formidable figure du Mal incarné. Ni une ni deux : Jacobs ressuscite Olrik, dont les méfaits jalonneront tous les albums suivants (la "Pyramide", l'Atlantide, etc, jusqu'aux tribulations du professeur Sato (Les trois formules).
Arrivé là, Jacobs se dit que ça ne peut pas continuer ainsi jusqu'à perpète. D'abord, il vieillit et, comme s'il l'avait sentie venir, la mort le cueille en 1987, avant qu'il ait pu achever Les Trois formules du professeur Sato, dont il ne laisse qu'une version "crayonnée" du deuxième volume. Le fidèle ami Bob de Moor s'efforcera bien de finir le travail commencé, mais on voit bien que la patte du maître n'y est plus : le résultat s'approche du but, mais ce n'est pas tout à fait ça.
Et surtout, ce que je veux dire, c'est que Jacobs avait prévu de faire mourir définitivement son méchant Olrik, et la façon dont ça se passe ne laisse aucune place à l'ambiguïté, comme on le voit dans les images ci-dessous.
0 - Présentation à Mortimer du robot Samouraï par les soins du professeur Sato (volume 1).
1 - A la fin du volume 2, le robot "Samouraï" a été lancé par le savant Sato à la poursuite de l'hélicoptère qui amène les voleurs des trois formules secrètes au sous-marin de l'organisation criminelle.
2 - Le robot pulvérise l'hélicoptère et ses occupants, sans rémission possible : ça crève les yeux.
3 - Même diantrement amoché par le choc, le robot se jette sur le sous-marin qui a fait surface pour accueillir les méchants avec leur butin : le sous-marin explose à son tour.
Tout ça pour dire que si Olrik est présent dans la suite de la série donnée par une ribambelle de scénaristes et de dessinateurs plus ou moins doués ou talentueux, cela ressemble fort à une imposture. Au vrai, si je sauve à la rigueur L'affaire Francis Blake et L'Etrange rendez-vous (tous deux de Jean Van Hamme et Ted Benoît), je fait peu de cas de tous les autres.
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