mercredi, 26 novembre 2025
MADELEINE, DEUX JOURS APRÈS.
Cette fois, il s'agit bel et bien de liquider un salopard, mais qui exerce des responsabilités dans un groupe de la Résistance. Il a déjà vendu aux nazis nombre de gens et même de réseaux. Le colonel Rol (c'est Rol-Tanguy) dit à Madeleine Riffaud (alias Rainer) qu'elle a le droit de refuser cette mission dangereuse. Réponse de l'intéressée.

A vélo, suivie de Manuel, elle traverse le bois de Vincennes (où grouillent les nazis) et parvient à s'introduire auprès de la cible à coups de culot et d'astuce. Avec son petit 6,35 (alors considéré comme « une arme de crime passionnel » !), elle abat l'homme, au grand dam des nombreux Résistants qui ignorent qu'il joue double jeu depuis lurette. Elle s'éclipse avant qu'ils aient compris ce qui s'est passé dans la ruelle.

Il faut quand même signaler que les décisions sont prises par le colonel Rol dans une ancienne casemate construite en 1938 (en prévision ?) et que, comme dans L'Affaire du Collier (un excellent Blake et Mortimer, un classique d'E. P. Jacobs), le lecteur est invité à visiter le labyrinthe que recèle le sous-sol de Paris (anciennes carrières ou catacombes).

Selon Bertail.

Selon Jacobs.
09:00 Publié dans BANDE DESSINEE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : madeleine riffaud, résistance française, occupation nazie, seconde guerer mondiale, guerre 39-45, colonel rol, bande dessinée, madeleine résistante, l'ange exterminateur, jean-david morvan, dominique bertail, bois de vincennes, blake et mortimer, l'affaire du collier, edgar pierre jacobs, anciennes carrières de paris, catacombes de paris
mercredi, 16 juillet 2025
OLRIK, LE MÉCHANT IMMORTEL
Edgar P. Jacobs, valeur inamovible de la bande dessinée belge de l'âge d'or, est renommé dans le milieu pour avoir inventé un tandem de personnages qui a marqué l'histoire du genre de façon indélébile : Francis Blake, l'aviateur devenu le chef d'un service de renseignement anglais (M.I. 5 ou 6, je ne sais plus), jamais bien loin de son ami Philip Mortimer, éminent savant, spécialiste de physique nucléaire.
Dès leur première aventure commune (Le secret de l'Espadon, 1950), ils croisent la route d'un certain "Colonel Olrik", identifié comme le méchant incurable. Cette aventure se termine par l'explosion d'une bombe atomique sur la capitale de l'empire édifié par l'innommable tyran Basam Damdu (une ville qui ressemble à s'y méprendre à Lhassa, capitale du Tibet). Il y a donc toutes les chances que l'horrible Olrik ait disparu dans les flammes.
Grossière erreur ! Car Jacobs doit raconter la suite des aventures du capitaine et du professeur. Il est bourré d'idées nouvelles pour raconter la suite de leurs aventures. Ce serait bien bête de ne pas profiter des grandes vertus narratives de ce formidable valet du Mal qui a nom Olrik. Ni une ni deux : Jacobs le ressuscite, et ses méfaits jalonneront tous les albums suivants (la "Pyramide", l'Atlantide, etc, jusqu'aux tribulations du professeur Sato (Les trois formules).
Arrivé là, Jacobs se dit que ça ne peut pas continuer ainsi jusqu'à perpète. D'abord, il vieillit et, comme s'il l'avait sentie venir, la mort le cueille en 1987, avant qu'il ait pu achever Les Trois formules du professeur Sato, dont il ne laisse qu'une version "crayonnée" du deuxième volume. Le fidèle ami Bob de Moor s'efforcera bien de finir le travail commencé, mais on voit bien que la patte du maître n'y est plus : le résultat s'approche du but, mais ce n'est pas tout à fait ça.
Et surtout, ce que je veux dire, c'est que Jacobs avait prévu de faire mourir définitivement son méchant Olrik, et la façon dont ça se passe ne laisse aucune place à l'ambiguïté, comme on le voit dans les images ci-dessous.
0 - Présentation à Mortimer du robot Samouraï par les soins du professeur Sato (volume 1).

1 - A la fin du volume 2, le robot "Samouraï" a été lancé par le savant Sato à la poursuite de l'hélicoptère qui amène les voleurs des trois formules secrètes au sous-marin de l'organisation criminelle.

2 - Le robot pulvérise l'hélicoptère et ses occupants, sans rémission possible : ça crève les yeux.

3 - Même diantrement amoché par le choc, le robot se jette sur le sous-marin qui a fait surface pour accueillir les méchants avec leur butin : le sous-marin explose à son tour. Comment voudriez-vous trouver un seul rescapé ? Telle était probablement la ferme intention d'Edgar Pierre Jacobs.

Tout ça pour dire que si Olrik est présent dans la suite de la série donnée par une ribambelle de scénaristes et de dessinateurs plus ou moins doués ou talentueux, cela ressemble fort à une imposture. Au vrai, si je sauve à la rigueur L'affaire Francis Blake et L'Etrange rendez-vous (tous deux de Jean Van Hamme et Ted Benoît), je fais peu de cas de tous les autres.
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Pour répondre à Guy, auteur d'un commentaire sympathique, je suis entièrement d'accord : faire revivre un personnage après la mort de son inventeur est une imposture (comme je le disais). Mais je n'oublie pas que, par exemple, le personnage de Spirou était dès l'origine la propriété de la revue du même nom, et non celle du dessinateur, ce qui autorisait le détenteur des droits à transmettre le flambeau à toutes sortes d'autres.
Cela ne m'empêche pas de situer ceux qui s'y sont collés avant et après André Franquin à des années-lumière de ce qu'en avait fait l'immense virtuose du dessin qui a fait culminer la série (y compris Rob-Vel et Jijé, qui l'ont précédé). Pour moi, Astérix, c'est définitivement René Goscinny et Albert Uderzo. Pour moi, Lucky Luke sera éternellement de Morris (Maurice de Bevere) et René Goscinny.
Merci à Guy pour la relance.

