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dimanche, 29 novembre 2015

PANIQUE À BORD !

Drapeau-France.jpg

En janvier, ce fut un massacre : l’équipe de Charlie Hebdo, les clients de l’Hyper Cacher, tous des innocents qui ont payé de leur vie le fait d’être ce qu’ils étaient : des caricaturistes, des juifs, des polémistes, des vigiles, des rubriquards, des clients d’un magasin, … Le 11 janvier, une manifestation monstre de tous les révoltés par cet attentat. Au premier rang, un minuscule président de notre république, et un ex-président qui, toujours aussi hystérique, tente en vain de se frayer un chemin vers le premier rang et la grande photo inoubliable des acteurs de l’événement. 

Tout sera fait pour « assurer la sécurité des Français », fut-il assené dans la foulée de ces meurtres. On ajouta au déjà immémorial « plan Vigipirate » le « plan Sentinelle » qui devait «  assurer la sécurité des Français », nous fut-il seriné. Depuis le 13 novembre, on sait ce que nous a valu cette empilement de plans de sécurité, qui devaient théoriquement « assurer la sécurité des Français » (désolé de la répétition, c’est pour rendre l'incantatoire de la chose). Pour donner l’impression qu’il agit, le politichien moderne affiche des « mesures » destinées à figurer, une fois imprimées en photos martiales dans les journaux et dans l’esprit des gens, autant de preuves de l’efficacité du politichien. 

Malheureusement pour notre misérable « chef des armées », ce petit curé balbutiant, cet orateur larvaire, ce lumignon éteint, ce panache gris dépourvu de panache, les attentats du 13 novembre lui ont fait éclater à la figure les preuves de son incompétence et de son ignorance. Mais comment cette catastrophe a-t-elle été rendue possible ? 

Au risque de me répéter, bien que je ne sois pas spécialiste des questions de sécurité, et en m’appuyant sur ce que la mode correcte interdit désormais qu’on appelle le « simple bon sens », la France disposait d’un service de renseignement très efficace et performant : les RG ou Renseignements Généraux. Ce service était honni par tout ce que le pays comptait de gauchistes, il n'avait pas forcément les mains propres, mais il quadrillait le territoire à la façon d’un filet à mailles fines. Les hommes connaissaient bien le terrain, peu de poissons échappaient à leur vigilance, les informations remontaient. 

Le frénétique-à-tics qui a gouverné la France pendant cinq ans, non content de sa fabuleuse invention de la RGPP (Révision Générale des Politiques Publiques – en clair : non-remplacement d’un retraité sur deux dans la fonction publique d’Etat, qui a coûté 50.000 bonshommes à la police, à la gendarmerie et à l'armée), s’est mis en tête, sans doute pour gratter sur les budgets, de faire fusionner les RG (renseignement intérieur) et la DST (contre-espionnage). Le résultat le plus sûr de cette fusion forcée fut une désorganisation complète des services désormais placés sous l’étiquette DGSI. Les « cultures professionnelles », les façons de procéder des deux services étaient tellement différentes qu’il ne pouvait pas en être autrement. Comme de l'huile avec de l'eau, le mélange des deux n'a pas fait une mayonnaise, à peine une vinaigrette : si vous mettez de la vinaigrette dans un moteur, le moteur casse. Les autorités ont tout misé sur la « collecte des données » (moyens techniques, électroniques, informatiques). On voit ce qui en est sorti. 

Or le point commun de tous les types qui flinguent depuis Mohammed Mehra, c’est qu’ils étaient bien fichés, mais qu’il n’y avait plus personne sur le terrain pour tirer le signal au moment où une action se préparait. J’en conclus que la décision de Nicolas Sarkozy de fusionner RG et DST a eu des conséquences criminelles. Je sais bien que si cette décision est une cause indéniable, elle n’est pas la seule, mais on peut être sûr qu’elle est pour une bonne part responsable des tragédies de 2015 en France. 

Alors maintenant, est-ce que le minuscule Hollande a fait mieux ? La réponse est clairement « Non » !  Qu’est-ce qu’il a fait, après Charlie Hebdo ? Après l’Hyper Cacher ? Il a mis plein de soldats et de policiers (Sentinelle + Vigipirate) dans les rues, dans les gares, devant les églises et les synagogues. Il a transformé l'armée française en un corps de plantons. Là encore, on a vu le 13 novembre le résultat de ce déploiement ostentatoire des forces de l’ordre et des forces armées, on a constaté l’efficacité de ce dispositif impressionnant, qui n’était là en vérité, une fois de plus, que pour que les journaux publient des photos permettant aux lecteurs de croire qu’ils étaient protégés par les mesures prises par les « autorités ». 

Qu’est-ce que c’est, une « collecte des données », quand il n’y a personne sur le terrain, personne pour les analyser, personne pour en tirer des conclusions pertinentes ? Ils sont très beaux, les moyens techniques dont disposent les services de renseignement, surtout depuis le vote récent de la loi qui porte ce nom, mais il n’empêche que le récipient où on les entasse est tellement plein de trous qu'une ménagère appellerait ça une passoire. Personne n’a rien vu venir. Pas plus que les Américains n’ont vu venir les pilotes-suicides des avions jetés sur le WTC. Mais il fallait rogner sur les moyens humains, sur les budgets, faire confiance aux experts du numérique. Ah, la technique, que c'est beau, la technique !

Alors maintenant l’état d’urgence. Je dis que l'état d'urgence est l'ultime branche à laquelle se raccrochent des gouvernants aux abois, dans une ultime tentative de dissimuler leur incompétence et leur lâcheté. Je ne peux m’empêcher de me référer au livre de Mireille Delmas-Marty Libertés et sûreté dans un monde dangereux (Seuil, 2010, voir mon billet du 3 mai 2015), où elle s’inquiète de ce que les lois pénales tendent à substituer à la répression d’infractions dûment constatées une répression préventive, fondée sur la dangerosité potentielle et supposée des individus. Ça permet de ratisser très large, au risque de "dommages collatéraux" contre des gens qui n'ont rien à se reprocher.

Une démocratie est un milieu ouvert à tous les vents, un « open space ». La verrouiller, c'est la mettre à mort. Je ne dis pas qu'elle ne doit pas se défendre, je dis que pour se défendre elle doit se doter de bons outils : monsieur Hollande, ne commencez pas par faire disparaître l'état de droit, commencez par remettre ces outils (armée, police, renseignement) en état.

Dans Le Monde du 6 juin 2015, Delmas-Marty enfonçait le clou : « En France, le grand tournant remonte à la loi de 2008 sur la rétention de sûreté, adoptée par une "droite décomplexée" qui n’hésite pas à copier le modèle d’une loi allemande de la période nazie ». Tiens, encore un coup de Sarkozy (notez que le nom rime avec le dernier mot de la citation, regrettable hasard). De quoi se faire du mouron : l’état d’urgence est l’ennemi de l’Etat de droit. Les bien nommés passe-droits qu’il autorise sont autant de menaces en direction de la liberté. 

Je sais bien que les gens ont peur, je sais bien que Daech et ses sbires ne sont pas des plaisantins, mais je n’ai pas l’intention de changer d’un iota ma façon de vivre du fait du risque terroriste. S'il y a un risque, tant pis : j'assume. Et faites bien attention à ceci : qui m’expliquera pourquoi des militants écologistes ont reçu des assignations à résidence ? Et quid de l’arbitraire et de la violence gratuite commise par les forces de l’ordre au cours des « perquisitions administratives » (voir les articles paraissant ces jours-ci dans l’excellente rubrique « Observatoire de l’état d’urgence » du Monde) ? 

Dans l’état d’urgence, ce qui me fait peur, ce qui nous menace tous, ce sont les abus qui se commettent sous son couvert, ce dont des policiers eux-mêmes reconnaissent qu’ils profitent comme d’autant d’ « effets d’aubaine ». Je n’ai pas confiance dans des policiers qu’on laisse les mains libres et la bride sur le cou. Les terroristes ont d’ores et déjà gagné : la panique règne, au moins en haut lieu. Rien de pire qu’un régime qui règne en laissant régner la peur, et en appuyant sur ce redoutable accélérateur. Gardons-nous de céder à la panique. Quel espace va-t-il rester pour les partisans de la liberté ? Quel espace pour la liberté ? Faire face au danger, ça commence par ne rien changer à notre façon de vivre. A y changer quoi que ce soit, nous avons tout à perdre.

Oui, je suis inquiet : j'ai peur que les terroristes ne réussissent à nous rendre semblables à eux-mêmes (écoutez ici la remarquable explication (15' environ) de Tobie Nathan à ce sujet : il parle du Cambodge de Douch et du Berlin de Goebbels). De gauche, Hollande ? De gauche, Valls ? Ne me faites pas rire.

Voilà ce que je dis, moi.

dimanche, 09 décembre 2012

L'HOMME QUI FIT FUMER LA FEMME

Pensée du jour : 

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QUAND UN AVEUGLE PREND DES PHOTOS, VOILA CE QUE CA DONNE

IL S'APPELLE EVGEN BAVCAR, IL EST NE EN SLOVENIE

(authentique, évidemment, et il sait visiblement ce que c'est, une femme nue !)

« Rien n'est plus étrange que la mer. Elle part, elle vient, repart, revient, elle se berce ; et elle fait des songes. Elle rêve des îles, des ports et des soleils couchants ; au sud, à l'horizon, elle rêve Alexandrie, mirage nacré, impalpable vapeur, jeu d'étincelles ; au nord, houleuse et couleur de hareng, elle rêve de grands clairs de lune, et les phares de la côte anglaise. Elle rêve les jonques et les lanternes vénitiennes, les éponges et les madrépores, elle rêve de tout, elle se nourrit de reflets et se nourrit de coquillages, des baleines mortes et des cadavres de marins ; elle enfante surtout les nuages, formes mouvantes commes les sculptures de Brancusi, qui s'entre-effacent et s'entre-engendrent à la façon des musiques de Mozart : la mer est un sculpteur abstrait ».

 

ALEXANDRE VIALATTE

 

 

Résumé de l’épisode précédent (d'avant-hier, en fait) : le petit EDWARD BERNAYS est devenu grand en écrivant Propaganda (1928), un livre de chevet pour GOEBBELS, HITLER, STALINE, et un « credo » pour tout publicitaire qui se respecte un peu. 

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SALE ENGEANCE : ÇA MEURT A 103 ANS !!!

Chargé de vendre la cigarette à toute la gent féminine (et pas « gente », qui est un adjectif qualificatif, comme l'ignorent les ignares), il « libère » la femme en établissant un lien entre la « Torch of Freedom » de la Statue de la Liberté et la cigarette allumée, que seront dès lors autorisées à arborer toutes les femmes américaines. 

 

 

Soit dit en passant, on ne m'enlèvera pas de l'idée que le BOUT DE SEIN joue pour l'imaginaire des hommes un rôle assez voisin de celui du GLAND (selon la psychanalyse) pour l'imaginaire des femmes, et que l'incandescence du bout de la cigarette a quelque chose à voir avec le BOUT DE SEIN, dans l'imaginaire masculin. On nage en plein érotisme, comme on le voit, par exemple avec la photo de la pin-up à poils (de moustache) ci-dessous.

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Ben oui, il suffit de donner à la chose désagréable le nom adéquat pour faire passer sans douleur la dite chose : appelez donc votre plan de licenciements massifs « Plan de Sauvegarde de l’Emploi », et soudain vous verrez, tout change. On appelle ça la magie de l'EUPHEMISME. photographie,art,france,société,culture,alexandre vialatte,littérature,humour,edward bernays,propagande,publicité,public relations,goebbels,hitler,staline,communication,statue de la liberté,sigmund freud,victor klemperer,lti,new york,mao tse toung,grammaire,langue françaiseVICTOR KLEMPERER a longuement étudié ça sous le règne d’HITLER (dans LTI, la langue du 3ème Reich, une lecture indispensable).

 

 

GEORGE ORWELL, avec sa "novlangue" (dans 1984),photographie,art,france,société,culture,alexandre vialatte,littérature,humour,edward bernays,propagande,publicité,public relations,goebbels,hitler,staline,communication,statue de la liberté,sigmund freud,victor klemperer,lti,new york,mao tse toung,grammaire,langue française a lui aussi bien cerné le problème ("l'esclavage, c'est la liberté"). C'est pourquoi on peut se demander si la théorie de SIGMUND FREUD n'a pas nourri indirectement le système hitlérien, à commencer par sa dimension de propagande ? Il y a de quoi se demander, non ? Mais pour revenir à la campagne publicitaire d'EDWARD BERNAYS, ça ne suffisait pas.

 

 

Pour que l’événement fasse date, pour que la campagne atteigne efficacement son objectif, il faut frapper les imaginations, il faut que toute la presse en parle, il faut que tout le pays en parle, il faut du spectaculaire et du scandaleux. Et c’est là que le savoir-faire d’EDWARD BERNAYS va faire merveille.

 

 

Chaque année, la ville de New York organise une « manifestation-spectacle ». « New York Easter Parade », ça s’appelle. Un événement annuel de portée nationale, qui a lieu depuis 1880. On va stipendier une cohorte d’accortes bougresses artistement vêtues, on va prévenir en douce les photographes et autres journalistes qu’il va se passer quelque chose et qu’ils doivent se tenir prêts.

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NEW YORK EASTER PARADE 2012 !!!!! ÇA CONTINUE !!!!

Et le jour du « Easter Sunday » 1929, quand la troupe des jolies femmes sort des sacs à main une cigarette, que chacune la porte à ses lèvres pulpeuses et, comble du culot, en allume l’extrémité, tout est prêt, EDWARD BERNAYS peut dire que sa campagne est un succès et qu’il a mérité son gros chèque. Les images scandaleuses s’étalent en « une » des journaux, de l’Atlantique au Pacifique.

 

 

Les femmes peuvent désormais se proclamer « libérées » par la grâce d’une magistrale campagne de publicité. On est en 1929. L’industrie du tabac peut se frotter les mains. « La moitié du ciel » (les femmes, selon MAO TSE TOUNG) va faire pleuvoir les pépètes, pésètes et autres picaillons dans son porte-monnaie largement ouvert sur les profondeurs abyssales des comptes en banque des actionnaires enchantés. Le « marché », en un clic, a tout simplement doublé de surface.

 

 

Bon, alors, le lecteur va me dire maintenant : « Mais qu’est-ce qui te permet, blogueur excessif, de considérer EDWARD BERNAYS comme un quasi-génie ? ». Bonne question. Qu’est-ce qu’elle prouve, la campagne pro-tabac de 1929 ? Qu’est-ce qui fait de son auteur un révolutionnaire ? Tiens, juste un avant-goût : le premier paragraphe de Propaganda.

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Au moins, on se dit qi'il ne prend pas de gants, EDWARD BERNAYS. Et ça n'est que le tout début de 110 pages qui décoiffent (je ne compte pas la préface). J'attire juste l'attention sur "gouvernement invisible".

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

vendredi, 07 décembre 2012

LIBEREZ-VOUS, MESDAMES : FUMEZ !

Pensée du jour :

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AUTRE IDEE DE LA BEAUTE SELON LUCIEN CLERGUE

 

« Je vous cèderais volontiers ma place, malheureusement, elle est occupée ! ».

 

GROUCHO MARX

 

 

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EDWARD BERNAYS, donc, et personne d’autre. EDWARD BERNAYS, que le magazine Life, en son temps, a désigné comme l’une des personnes les plus influentes du 20ème siècle. EDWARD BERNAYS, injustement maintenu dans un obscur cagibi du purgatoire des célébrités. 

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JOSEPH GOEBBELS, INITIATEUR DE LA "PROPAGANDASTAFFEL"

A LA DEMANDE DE SON MENTOR

Il s’agit bien de lui, et les notes que ce blog lui consacre ne visent qu’à réparer une sorte d’injustice : oui, il est temps de rendre justice à un homme dont les travaux ont brillamment inspiré des communicants aussi renommés et efficaces que JOSEPH GOEBBELS, ADOLF HITLER et JOSEPH STALINE, qui avaient sur leur table de chevet le maître-ouvrage du maître : Propaganda ou comment manipuler l’opinion en démocratie (éditions Zones-La Découverte, 2007, 141 p., 12 euros, c’est quasiment donné, et ça fait tomber quelques peau de "soss" devant les yeux qui en avaient).

 

 

Si je reformule le sous-titre, ça donne quelque chose comme : « Comment faire adhérer sans contrainte les masses aux discours d'un homme au pouvoir, et jusqu'aux folies d'un dictateur ». En regardant bien, on constate que c'est le principe qui régit tous les gouvernements actuels.

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UN AMI DE L'HUMANITE QU'ON NE PRESENTE PLUS

Je vous explique : comme sa mère s’appelle ANNA FREUD, sœur de SIGMUND, et que son père est le frère de MARTHA BERNAYS, qui se trouve être l’épouse du dit SIGMUND, il devient à sa naissance neveu au carré d’un certain SIGMUND FREUD, l’écrasant papa d’une grosse bête appelée « Inconscient » et de tout ce qui se trouve dedans quand on la dissèque. Il est d’ailleurs sympa avec son neveu, le grand FREUD : il lui dédicace un exemplaire de son Introduction à la psychanalyse. Et le neveu, il va y mettre le nez, et pas qu’un peu. 

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En 1929, le président du consortium des producteurs de tabac, futur gros client de son officine, lui dit : « Comme les femmes ne peuvent pas fumer en public, nous perdons la moitié d’un énorme marché. Pouvez-vous faire quelque chose ? ». EDWARD BERNAYS répond : « Laissez-moi y réfléchir ». Puis il demande : « M’autorisez-vous à chercher du côté de la psychanalyse ? – Mais œuf corse ! Ne vous gênez pas ». Rappelons qu'à l'époque, la femme qui fume sur un trottoir est traitée de pute, ni plus ni moins.

 

 

Ni une ni deux, il se précipite chez ABRAHAM A. BRILL, un des premiers grands psychanalystes des Etats-Unis, non pas pour s’étendre sur un quelconque divan, mais pour poser une question au savant : « Que représente la cigarette pour la femme ? ». La réponse fuse : « Le pénis ! ». C’est clair, net et précis. Autrement dit la berdouillette, le scoubidou, la merguez (ou chipolata, au point où on en est), le cigare à moustaches, la bistouquette. En trois mots comme en cent : la BITE, la PINE, le CHIBRE.

 

 

EDWARD BERNAYS ne se démonte pas pour autant, c’est un esprit pratique. Il a un gros client, et le client, surtout le gros, est roi. Alors il a l’idée du siècle : le symbole de l’Amérique, c’est le cadeau fait par la France à l’occasion de son centenaire (celui des Etats-Unis !). J’ai nommé le chef d’œuvre d’AUGUSTE BARTHOLDI. J’ai nommé la statue de La Liberté éclairant le monde (inaugurée en 1886). 

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Deuxième étape dans l’élaboration du message : la torche que tient la Liberté est incandescente, le bout de la cigarette allumée est incandescent. Il faudrait être stupide pour ne pas faire le rapprochement, avouez ! Qui plus est, la Liberté, qu’elle guide le peuple ou qu’elle éclaire le monde, c’est une Femme, regardez DELACROIX. Concluez vous-même : EDWARD BERNAYS a sa campagne de « public relations » en poche, c’est comme si c’était fait. 

DELACROIX LIBERTE.jpg

LÀ, ELLE GUIDE LE PEUPLE.

C'EST BIEN UNE FEMME, SELON TOUTE APPARENCE.

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

P.S. DERNIERE MINUTE : nous apprenons une triste nouvelle :

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Adressons donc nos très sincères condoléances à l'U.M.P., et surtout à son "président autoproclamé".

 

dimanche, 29 mai 2011

TELEVISION : HITLER EN A RÊVE

EPISODE 1

Si l’on m’objecte que l’exemple est terriblement rebattu, je répondrai qu’il est excellent, et que c’est sans doute parce qu’il est excellent qu’il est, précisément, rebattu. Il s’agit du fameux « télécran » inventé en 1948 par George Orwell pour le monde fabuleux sur lequel règne Big Brother (lui aussi, tout le monde le connaît) : évidemment 1984. C’est l’écran quasi-magique qui fonctionne dans les deux sens : il retransmet les discours du chef bien-aimé, et il espionne les faits et gestes de la personne qui habite les lieux. Pour un roman d’anticipation, on peut dire que c’est réussi : exception faite de la séparation des deux fonctions (propagande et espionnage), d’une part dans la télévision, d’autre part dans la caméra de surveillance, tout le reste ou pas loin s’est réalisé, y compris la « novlangue » et la Police de la Pensée. Espionnage (donc sécurité) et propagande. 

La seule vraie faiblesse du livre d’Orwell, c’est qu’il réserve le monde de 1984, exclusivement, aux régimes totalitaires, alors que les espaces où il s’est aujourd’hui épanoui et accompli s’intitulent pompeusement démocraties, comme j’essaie de le montrer. C’est dans les démocraties que s’est développée une industrie du divertissement qui passe pour une bonne part par la télévision. Et les démocraties ne sont pas épargnées par l’obsession de la sécurité : elles ont vu se multiplier les « mesures de sécurité », les « normes de sécurité ». C’est flagrant depuis le 11 septembre 2001, mais cela date de bien avant. L’industrie de la sécurité est une affaire qui marche (pas de grands magasins sans vigiles). 

Moyennant quoi, l’individu n’a jamais été aussi libre de faire ce qu’il veut (ça c’est pour « démocratie »), mais je fais remarquer que, comme il veut les mêmes choses que tout le monde, il fait comme tout le monde : les gens se conduisent à peu près comme on attend qu’ils le fassent (mais attention, il ne faudrait surtout pas réduire ignoblement la liberté à la simple liberté de choix : même s’il y a d’innombrables marques, sortes et goûts de yaourts, ça reste des yaourts). La seule et vraie différence, c’est que ce résultat est obtenu sans violence physique, car ils adhèrent spontanément à ce monde, disant que, de toute façon, « ils n’ont rien à se reprocher », et que quand on est irréprochable, il n’y a pas de raison d’être choqué par les caméras de surveillance (le terrifiant « Souriez, vous êtes filmé. »). Pour ce qui est du divertissement ou des mœurs, à la question : « Pourquoi faites-vous ça ? », ils ont cette terrifiante réponse : « C’est mon choix ! ». Je ne suis pas le. C'est un système qui fonctionne d’une façon implacablement logique : sans la télévision et le divertissement, pas d’adhésion ; sans adhésion, pas de caméras de surveillance. Tout se tient. 

Enfin, quand je dis « spontanément », je fais semblant. C’est là que la télévision, entre autres, dévoile une de ses fonctions principales. On sait qu’Adolf Hitler, en accédant au pouvoir en 1933, a créé aussitôt un Ministère de la Propagande, confié d’emblée à Joseph Goebbels. On sait que par là, il voulait développer la force de l’action de frapper les esprits, d’y pénétrer pour y introduire des idées, des images, des « valeurs » qui n’y étaient pas précédemment. Il voulait donner à cette action toute la dimension et toute la démesure dont il rêvait. Il fallait aussi que les esprits en question gardent l’impression que les idées qu’ils exprimaient ne germaient pas ailleurs qu’en eux-mêmes, et ne s’aperçoivent pas de l’intrusion. Exactement comme dans le film Maine-Océan, la scène nocturne où, pendant que le propriétaire de la maison dort profondément, quelques copains, qui ont un compte à régler,  s’introduisent dans sa cuisine et vident consciencieusement son frigo et ses bouteilles en étouffant leur fou-rire. 

J’ai déjà parlé d’Edward Bernays (le 16 mai), neveu de Freud, inventeur des « public relations », qui a su mettre à profit les concepts élaborés par son oncle, pour en tirer des préceptes « utiles ». Propaganda est paru en 1928 (éditions Zone, 12 euros). Comme le titre, le sous-titre est un aveu : « Comment manipuler l’opinion en démocratie ». Je ne résiste pas au plaisir de citer les deux premières phrases du bouquin : « La manipulation consciente, intelligente, des opinions et des habitudes organisées des masses joue un rôle important dans une société démocratique. Ceux qui manipulent ce mécanisme social imperceptible forment un gouvernement invisible qui dirige véritablement le pays » (c’est moi qui souligne). A déguster lentement, non ? Et ce n’est pas un nazi qui parle, mais un Américain, un conseiller des présidents. Je cite la 4ème de couverture : « Un document édifiant où l’on apprend que la propagande politique au 20ème siècle n’est pas née dans les régimes totalitaires, mais au cœur même de la démocratie libérale américaine ». Ce n’est pas moi qui le dis : vous m’auriez taxé de parti pris. 

Goebbels n’a eu qu’à piller, et il ne s’en est pas privé, les théories de Bernays pour développer les activités de son ministère de la Propagande. Mais ces théories ont aussi inspiré les gouvernants des régimes démocratiques. Car partout, sur la planète, leur grand problème a été au 20ème siècle de répondre à la question : « Comment obtenir des masses qu’elles obéissent ? ». Deux types de régimes servent à ça : les autoritaires et les démocratiques. Terreur, police, délation d’un côté. Liberté, bonheur, consommation de l’autre. Dans l’un, le bâton. Dans l’autre la carotte. Mais ne croyez pas que la question qui se pose, par exemple, dans la Tunisie de Ben Ali ne se pose pas dans nos belles démocraties. Il s’agit toujours d’obtenir la soumission, mais en prenant, cette fois, la mouche avec du miel. Il faut bien que les trouvailles de tonton Freud servent à quelque chose ! La théorie psychanalytique pour éviter la Terreur, en quelque sorte ! Qu'en aurait pensé Robespierre en 1793 ? 

Tout a été dit sur le thème « nazisme et propagande ». Toujours, évidemment, pour condamner sans appel l’entreprise de formatage des masses voulue par Hitler. Mais ils tiennent coûte que coûte à en faire un repoussoir. Pour ériger nos belles démocraties en contre-modèle. Le nazisme, ses horreurs, sa propagande fonctionnent en épouvantail absolu : les commentateurs, en général, mettent l’accent sur le fossé, l’abîme qui sépare notre système du sien. C’est sûr, il n’y a rien de commun entre les deux. Mais en est-on si sûr que ça ? 

Car, en matière de manipulation des foules, les nazi (et sans doute aussi Staline, il faudrait voir, parce que l’histoire du « petit père des peuples », comme propagande, ce n’est pas mal non plus) ont bel et bien piqué les idées d’un Américain. Les idées de Bernays servent de base large et solide, aux Etats-Unis, à tout ce qu’on appelle la propagande (ou publicité), la « communication », la manipulation des foules.  Quand on nous bassine avec l’idée que l’Europe copie les Etats-Unis avec dix ans de retard, il faudrait rétablir le lien, le « missing link » (le chaînon manquant), qui n’est autre que Goebbels et le nazisme, qu’on présente le plus souvent comme une exception historique, ce soi-disant fossé qui dresse un mur infranchissable (petit hommage en passant au maire de Champignac, et à Franquin, bien sûr) entre lui et nous : il y a bel et bien continuité. La seule rupture, énorme évidemment, ce sont la Shoah, les chambres à gaz, le système concentrationnaire, la terreur, etc. (l’U.R.S.S. de Staline n’est pas loin derrière pour ce qui est des « performances », si l’on peut parler ainsi, elle est même peut-être devant) : en gros, toutes les procédures d’élimination pure, simple, brutale. Pour ce qui est de la liberté de l’esprit (je ne parle pas de la liberté d’expression), cela demande un examen approfondi. 

Les Etats-Unis étant une démocratie, il n’était pas question pour eux de recourir à la terreur pour faire marcher toute la population au même pas. Mais ils étaient face à un problème : par quel moyen arriver au même résultat ? Il fallait quand même faire marcher le pays, le faire prospérer, croître et embellir. Comment diriger 122.780.000 de personnes (on est en 1930), sans violence, mais en étant aussi  efficace ? La grande habileté de l’Amérique a été d’utilise à outrance la connaissance du psychisme humain (Freud et ses continuateurs, Bernays et Lippmann) pour obtenir l'adhésion des masses. 

Je renverrai toujours, à ce sujet, à l’essai de Beauvois et Joule sur la « soumission librement consentie » : Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens (quand les choses sont présentées habilement, l’individu, en régime de liberté, a tendance à se soumettre). Les auteurs, cependant, ne poussent pas au bout leur raisonnement dans ce qu’il a de critique : ils prennent le parti de l’optimisme libéral. Pour obtenir des masses qu’elles adhèrent, et même qu’elles désirent leur propre embrigadement, il suffit de perfectionner d’une part la connaissance de la psychologie des foules, d’autre part quelques techniques de communication bien venues.

A SUIVRE ...