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dimanche, 19 janvier 2025

MACRON ET L'AFRIQUE

« Je crois qu’on a oublié de nous dire merci. Ce n’est pas grave, ça viendra avec le temps ».

« L’ingratitude, je suis bien placé pour le savoir, c’est une maladie non transmissible à l’homme ».

Deux phrases extraites texto du discours tenu par Emmanuel Macron devant le parterre des ambassadeurs de France réunis pour le rituel des vœux présidentiels.

Inutile je pense de préciser quelle manière éperdue de reconnaissance les dirigeants du Burkina Faso, du Mali, du Niger, mais aussi du Sénégal et du Tchad ont apprécié la remontrance. J'imagine qu'un certain nombre de diplomates ont pouffé intérieurement d'un rire affligé en déplorant cette faute que nul débutant au quai d'Orsay ne commettrait.

J'ajoute en passant que si François Hollande a donné l'ordre à l'armée française d'agir contre les rebelles au Mali, c'était à la demande du régime alors en place. La décision d'arrêter la colonne armée qui attaquait la capitale Bamako avait été prise pour parer en désespoir de cause aux conséquences indirectes de l'intervention intempestive des Rafale que Sarkozy avait envoyés auparavant pour contrer l'offensive de l'armée de Khadafi contre les rebelles de Bengazi.

L'intervention avait abouti à la mort du dictateur, mais aussi et surtout à la dissémination dans toute la région sahélienne des énormes monceaux d'armes et de munitions que Khadafi avait accumulés. Félicitations à Sarkozy pour son art consommé de foutre la merde partout où il passe.

Revenons à notre mouton du jour. Emmanuel Macron ne se console pas de quelques "menus" échecs, que ce soit au plan national ou international. Lui qui se voulait le « maître des horloges », lui qui prétendait tenir dans ses seules petites mains le destin des Français et de quelques autres peuples, il est bien obligé aujourd'hui de déchanter, et lamentablement. Il vient de faire un voyage éclair au Liban pour "apporter-tout-le-soutien-de-la-France" à l'effort que fait enfin ce pays pour sortir de vingt-cinq ans de merdier hezbollique et confessionnel. Incorrigible.

Et il voit, impuissant, se fendiller les murailles des derniers lambeaux de ce qui s'est appelé en des temps anciens "L'Empire Français" : ah, qu'il semble loin, le joli temps des coloniaux, de l'A.E.F., de l'A.O.F., des Français « des îles », de notre Algérie et de notre Vietnam (où mon propre grand-oncle Léon Paliard, plus tard chanoine, a fondé le Séminaire de Saint-Sulpice de Hanoï autour de 1930) !!!  

Il se trouve que, compulsant des numéros de Charlie Hebdo vieux d'un demi-siècle, je suis tombé sur cette vignette du dessinateur Willem, où se trouve caricaturée avec maestria l'arrogance des anciens colonialistes à l'égard des anciens colonisés (n°246 du jeudi 31 juillet 1975). Certes, le contexte et les problématiques actuels sont tout à fait différents, mais on peut compter sur Macron pour conserver intact le sentiment de supériorité qui prévalait à l'époque (c'est bien sûr le mot "ingrats" qui m'a titillé). A se demander où Macron va parfois puiser son inspiration, non ?

1975 07 31 WILLEM.jpg

On constate en même temps que la réponse des Africains est tout aussi nette aujourd'hui qu'autrefois. Sauf que Macron n'est pas si grand que ça, si vous voyez ce que je veux dire.

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