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mardi, 17 janvier 2017

L’ARÊTE ET LE GOSIER 2

UNE GROSSE ARÊTE EN TRAVERS DU GOSIER

2/2

C’est cette double postulation de Jean-Claude Michéa (mais aussi Orwell, Christopher Lasch, ...) que Nicolas Truong, le journal Le Monde et autres contradicteurs n’ont pas envie de comprendre : d’une part, vers plus de justice sociale par la régulation de l’économie et une redistribution plus équitable des richesses (une étude d'Oxfam vient de montrer que huit individus possèdent aujourd'hui autant que la moitié pauvre de l'humanité), et d’autre part, vers des relations plus harmonieuses entre les individus par une modération consentie apportée à l'exercice de la liberté et à la réalisation de leurs désirs, et un renoncement à faire de chacun de ceux-ci un « droit ». Autrement dit : pour que le mot « société » veuille dire vraiment quelque chose de fort et de cohérent, il faut que tous ceux qui la composent (Etat, entreprise, groupes minoritaires divers, individus, …) admettent que soient posées des limites. Le grand mot est lâché : des limites. Pour le dire autrement : admettent qu'on équilibre la puissance excessive de leur moteur au moyen d'un limiteur de vitesse. En clair : admettent de devenir raisonnables. Ce n'est pas gagné.

Car c’est cela qui contrarie certaines croyances qui ont cours dans toutes sortes de milieux, du football et des hauts dirigeants d’entreprises, où il est convenu de ne pas être choqué des rémunérations extraterrestres (Zlatan Ibrahimovic payé 1.300.000 euros par mois au PSG, Carlos Ghosn, de Renault-Nissan-Mitsubishi, payé 15 millions d'euros en 2015, sans parler des "bonus" irrationnels empochés par les "traders" les plus "performants"), jusqu'aux milieux artistiques où, toutes disciplines confondues, la plus grande considération est réservée à ceux qui ont érigé en principe la transgression des principes, le franchissement des limites, et où l’on s’occupe avant tout de "faire bouger les lignes", de choquer, de heurter, de dépayser, de déranger, de bousculer, de mettre en question, au motif que, sinon, les gens s’assoupiraient dans leur confort intellectuel et culturel, dans la facilité caricaturale de leurs « stéréotypes » et de leurs « préjugés », et qu’il n’y a rien de pire que le « conservatisme » (Jan Fabre et son maniement préférentiel du sexe, de la violence et de la scatologie dans ses mises en scène et, plus généralement, le foutage de gueule en vigueur chez les "artistes-plasticiens" de maints cercles de l'art contemporain).

A noter que tous ces "révolutionnaires", "iconoclastes", "rebelles" et autres "subversifs" sont finalement de grands conservateurs : ils ne tiennent pas du tout à ce que l'ordre des choses change en quoi que ce soit. Ils ne veulent pas tuer la poule aux œufs d'or qui leur déverse l'argent du mécène ou du contribuable : leur seule ambition est de modifier à leur gré la seule couche mince de l'épiderme des choses, en même temps que la perception que les gens en ont, et d'exercer leur intimidation sur les gogos un peu masochistes qui, parce qu'ils ont payé leur place, sont tombés en leur pouvoir et applaudissent à la fin.

Les deux ultralibéralismes (l'économique et le sociétal), bien qu'on ait coutume de tracer entre eux une ligne de fracture bien artificielle entre "droite" et "gauche", sont en fait de faux adversaires et de vrais complices, car ils se rejoignent fraternellement. La variante économique, doctrine fanatique, ne voit pas d'objection à l’enrichissement illimité, et quel que soit le prix à payer de la part des humains et de la nature, et se propose de tout privatiser (pour le rentabiliser), des entreprises autrefois publiques et des autoroutes jusque, bientôt, aux rues de nos villes et à l’air que nous respirons.

La variante sociétale, quant à elle, tout aussi fanatique, fait de l’égalitarisme et de l'indifférenciation dogmatique un programme impérieux et, par exemple, de la revendication homosexuelle une stupéfiante revendication « de gauche », au motif qu’il faut « décloisonner », « abattre les frontières », et contester par exemple la légitimité de supposés « stéréotypes » (coucou les revoilà) : on renvoie dans les ténèbres de l’archaïsme le slogan « un papa, une maman », au même titre que la nécessité de points de repère stables et différenciés pour la construction du psychisme de l’enfant, nécessité présentée par les promoteurs du mariage homo comme purement "fantasmatique" (dixit Irène Théry, membre du Conseil Supérieur de la Famille, auteur d'un rapport sur le sujet avant la loi Taubira). Il faut vivre et bouger avec son temps, c'est la "doxa". Gare aux contrevenants !

"Droite" économique et "gauche" sociétale, qui refusent de se dire bonjour quand elles se croisent dans la rue, sont pourtant animées par le même moteur, résumé dans un slogan : « No Limit ». C'est ainsi qu'on pourrait interpréter l'instauration du mariage homosexuel, moins comme une victoire de cette "gauche" qui plastronne, que comme l'aboutissement tout à fait logique d'un système, autrement dit comme un triomphe de l'ultralibéralisme en matière de mœurs. Je livre cette divertissante réflexion à la gamberge des bien-pensants de la gauche morale et homophile et du staff de campagne de l'ultralibéral chrétien François Fillon.

Inutile de dire que, selon moi, les acteurs de ces deux options ultralibérales sont les seuls véritables extrémistes, qui véhiculent avec complaisance l’idée qu’ils sont les seuls défenseurs du « Progrès », les seuls à « aller de l’avant » (cf. Le Complexe d'Orphée, Climats, 2011, du même Jean-Claude Michéa, où l'auteur formule l'interdit auquel tous les autoproclamés « progressistes » doivent se conformer : "tu ne regarderas jamais en arrière", sous peine de), à lutter contre « tous les conservatismes », « tous les immobilismes », et qui se gargarisent à déconsidérer leurs contradicteurs sous la défroque honteuse de divers vocables chargés en eux-mêmes d’une puissante charge négative, vocables qui vont de « pessimistes congénitaux » à « fachos », en passant par « passéistes », « antiprogressistes », « nostalgiques », « dinosaures » ou « réactionnaires » (avec la variante « néoréacs »), tous destinés à disqualifier ceux à qui ils s’adressent. A ceux qui l'accusent d'être opposé à tout progrès, Michéa répond très justement que c'est faux : il n'est opposé qu'au dogme du « progressisme » échevelé dont se targuent les partisans de l'ultralibéralisme.

Les djihadistes (plus d'actualité que "khmers rouges") de l'ultralibéralisme, qu’ils soient de l’espèce « économique » ou de l’espèce « sociétale », sont les seuls, c’est entendu, à défendre leur idée particulière du « Progrès » mais un progrès réduit à sa seule dimension de « potentiel d’innovation » : technique pour la première, sociétale pour la seconde.

Tous deux s'entendent comme larrons en foire, malgré les bisbilles apparentes et les dénégations. Les uns travaillent activement à chasser l’homme de la maîtrise de ses outils et à créer des objets qui le dépassent et lui échappent, du genre voiture autonome, smartphone, maison connectée ou « humanité augmentée », juste au motif que, à leurs yeux, « il y a un marché pour ces produits », avec en perspective le sort mirobolant qu’ils réservent à l'humanité : devenir une simple prothèse de ses machines.

Les autres, fascinés par un discours qui se présente comme « indéfiniment progressiste et émancipateur », n’ont de cesse que d’ajouter, au nom (ou au prétexte) de la liberté, de nouvelles libertés et de nouveaux droits à ceux déjà reconnus aux individus. On voit mijoter en ce moment la Gestation Pour Autrui (GPA) et l’extension du droit de la filiation aux couples homosexuels. 

Alors maintenant, le titre du bouquin de Jean-Claude Michéa : Le Capital, notre ennemi ? Qu’en penser ? Eh bien au risque de passer pour présomptueux, voici ce que j’en pense. Cela tient en peu de mots : je pense que le capitalisme a définitivement gagné la partie, et que la citation de Rosa Luxemburg, que l’auteur à placée en exergue (« La lutte contre cet ordre est une nécessité pour la conservation de l’humanité »), est caduque depuis lurette. C’en est fait, l’humanité a perdu la guerre. Et certains ont beau faire les fiers (« On ne peut pas laisser faire ça ! Nous ne mourrons pas sans combattre ! »), la cause est entendue. Vous avez dit « défaitiste » ? A tort ou à raison, je dis « réaliste et lucide ». Mais ce n'est pas que je méprise pour autant les barouds d'honneur. Au contraire, j'encourage et quand quelqu'un dit : « Faut y aller ! », je dis : respect ! Chacun son truc.

On trouve sur le blog de Paul Jorion une vidéo où un journaliste de télé néo-zélandais dialogue avec Guy McPherson, professeur de biologie évolutive à l’université d’Arizona, que j’engage tout le monde à visionner, juste parce qu’elle décoiffe carrément, y compris, dans mon cas, les patinoires à mouches. Guy McPherson accorde (avec le sourire) à l’humanité un délai de survie de moins de dix ans. Il ne se fait pas de souci pour la planète, qui aura, après notre disparition, quelques millions d’années pour se régénérer. Inutile de dire que le journaliste (Paul), en s'agitant (il faut dire qu'il est un spectacle à lui tout seul), traduit l'incrédulité totale dans laquelle la population ordinaire est prête à accueillir ce genre de message (pour ceux qui comprennent l'anglais ; traduction en option sur le blog lui-même).


Que Guy McPherson, avec son air péremptoire et sûr de lui, bluffe, dise des conneries ou qu’il se trompe sur le délai, il a au moins raison sur un point : la fin du système est programmée. Mis en place d'abord par la civilisation européenne, et porté à son paroxysme par sa variante cancéreuse, matérialiste et conquérante, je veux parler de sa variante américaine, ce système aura entraîné dans son suicide (long comme un siècle sans pain) tout ce qui se sera laissé prendre à la glu de son mirage de bonheur matériel et de progrès technique. 

Et ça fait pas mal de monde. Moi compris. 

Ce n'est pas drôle du tout, je sais. 

Voilà ce que je dis, moi.

mardi, 10 mars 2015

A BAS LES STEREOTYPES !

Il est urgent d’en finir avec les stéréotypes.

 

Les journaux dénoncent à longueur de pages cette ignoble verrue qui transforme le nez si typique de la République en ignoble appendice tuberculeux, avec laquelle on proclame en très haut lieu (François Hollande, Najat Vallaud-Belkacem et consort) que l'on va s'empresser d'en finir par les moyens les plus expéditifs. Il était temps.

 

On apprend, à la veille de Noël dernier (Le Monde daté 19 décembre 2014), que « la délégation aux droits des femmes du Sénat dénonce les jouets stéréotypés ». Et tout le monde (enfin presque) est d’accord pour appeler à la libération de l’infernal carcan qui enserre l’existence des femmes, des hommes et des animaux (« Les animaux sont des êtres humains comme les autres », disait la déjà défunte Brigitte Bardot) dans les hideux « stéréotypes sexués ». Plus personne (enfin presque) ne veut s’entendre rebattre les oreilles avec des petits garçons qui seraient faits pour les petites voitures et des petites filles pour les petites poupées.

FEMINISME 19 12 2014.jpg

Le Monde, 19 décembre 2014.

Elles ont raison : il faut dénoncer.

On ne dénonce jamais assez : c'est un principe.

 

Il faut en finir une fois pour toutes – pour en finir une fois pour toutes avec la « domination masculine » (Pierre Bourdieu) – avec les stéréotypes de « genre », si possible dès la Maternelle, en inculquant dans les jeunes cerveaux le principe sacro-saint de l’égalité entre les garçons et les filles, par exemple au moyen d’un ABCD qui les prédisposera à admettre que les premiers ne sont pas supérieurs aux secondes (ce dont personne ne doute), et convaincra les secondes de ne pas se laisser faire (ce qui s'observe depuis quelques siècles). Grâce à Dieu, à la statistique et à la sociologie progressiste, la société remédie heureusement à cette maladie.

 

À la limite, ils pourront choisir leur sexe tout à fait librement, une fois arrivés à maturité (c'est bien connu : un destin cruel pesait jusqu'à présent sur les individus en les assignant à un rôle sexuel fondé sur la seule présence arbitraire entre leurs cuisses, à leur naissance, d'un petit cylindre de chair flasque ou d'une fente ouverte sur on ne sait quelles profondeurs obscures).

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Don Quichotte, au secours !

Il y a encore des moulins à vent à combattre !

Ah bon ? On vous fait bouffer de la musique contemporaine au-delà du raisonnable pour vous faire entrer dans le crâne que l’extrême dissonance et les intervalles les plus inouïs constituent le fin du fin de la cuisine musicale qui se concocte dans les laboratoires de la modernité (ils appellent ça, sans doute, la « mélodie » d’avant-garde, voir ici même du 24 février au 4 mars) ?

 

Eh bien de la même façon, on vous gavera, à longueur de médias, à profondeur de journée, à hauteur d'homme et à épaisseur d'esprit, de l’idée que la France se doit d’instaurer la parité intégrale des hommes et des femmes, dût-on pour y parvenir triturer en tout sens la carte électorale et révolutionner le mode de scrutin : si la société tarde ou résiste, le coup de force légal (juste un nouveau règlement administratif) y pourvoira. L'abolition des stéréotypes, tout comme celle des privilèges, un certain 4 août 1789, « sera le genre humain » : elle est d'ores et déjà sur la bonne voie. Même si, y compris parmi les abolitionnistes, semblent se manifester quelques résistances.

 

Rien de mieux en effet, pour se convaincre qu'il subsiste des obstacles à la disparition des stéréotypes sexués, que d’assister, le 8 mars (avant-hier), à la manifestation qui a eu lieu place Bellecour à Lyon, pour célébrer la journée internationale du droit des femmes, et qui prétendait illustrer brillamment, spectaculairement et fastueusement la fin des stéréotypes, comme on le constate ci-dessous.

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(Le Progrès, 9 mars 2015) 

 

C'est-y pas mignon ! Elles adhèrent toutes au PS ? Ou bien à la Manif pour tous ? Faudrait savoir.

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D'un côté, les femmes en rose !

 

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De l'autre, les hommes en bleu !

 

DRAGEES ROSES.jpgLes fabricants de dragées de baptême ont encore deDRAGEES BLEUES.jpg beaux jours devant eux ! C'est à la Manif pour tous qu'on doit bien rigoler !

 

 

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

jeudi, 26 décembre 2013

IRRECUPERABLE

LE MAUVAIS SUJET NON REPENTI

 

Quand j’avais tous les défauts, j’avais honte d’être ce que j’étais. Maintenant que j’ai tous les vices, je me sens infiniment mieux dans ma peau. Et soulagé !.... 

 

Tous les défauts, à la réflexion, ce n’est pas grave : la publicité ne prêche-t-elle pas l’indulgence la plus coupable et la plus complaisante à l’égard de tout ce qui était regardé autrefois comme des « péchés mortels » ? Regardez le message obsédant du sermon publicitaire qui, comme une oraison inspirée par Satan, tombe comme un rapace de la chaire télévisuelle, non seulement le dimanche, mais tous les jours que Dieu fait.

 

Ce ne sont qu’éloges, apologies et dithyrambes tressés comme des couronnes de laurier sur la tête des gourmands, encouragements réitérés aux paresseux, miels doucereux versés dans les plaies ouvertes des envieux, exhortations exaltées à la jouissance sexuelle lancées aux luxurieux de tout poil, légitimation libérale et marchande de l’ambition des orgueilleux, « j’en passe et des meilleurs » (Hernani, III, 6). Il n’y a guère que la colère et l’avarice qui soient bannies des agences de com’, comme trop peu « convenables » et trop évidemment antisociales.

 

En dehors de ces deux exceptions, l’époque actuelle glorifie tout ce qui autrefois justifiait qu’on se rendît chaque semaine dans ce petit édifice en bois établi sur les bas-côtés des églises, pour avouer à un homme vêtu d’une longue robe noire les turpitudes accumulées en l’espace de sept jours, et surtout sept nuits. La grille en bois était supposée préserver l’anonymat des interlocuteurs, mais n’empêchait pas le curé de vous souffler dans le nez son haleine pestilentielle.

 

Quels sont les péchés mortels d’aujourd’hui, maintenant que les confessionnaux ont été fermés ? Y a-t-il aujourd’hui, en dehors des psys, coaches, et autres conseillers en bien-être, des gens faisant fonction de curés, maintenant qu’aucune absolution de quelque péché que ce soit n’est imaginable ?

 

La réponse à la première question est simple : les péchés mortels d’aujourd’hui, qui sont considérés comme des vices rédhibitoires, ont pour nom « sexisme », « islamophobie », « homophobie », « antisémitisme »,  « racisme », « intolérance », « conservatisme ». Je note que le nombre des péchés mortels n’a pas varié : on ne se débarrasse pas si facilement du bagage chrétien porté par la civilisation.

 

Quant aux curés, la première différence est qu’ils ne sont plus nommés par une autorité ecclésiastique légitime, mais qu’ils se sont autoproclamés « autorité », se réclamant de ce que les « journalistes » se sont habitués à appeler d’un drôle de nom générique : « les associations », l’appellation d’ « ONG » étant réservée comme supposée plus noble aux entreprises multinationales du caritatif (CCFD, …), de l’écologie (WWF,…) et des « Droits de l’homme » (Amnesty,…), bien qu’une « association » soit de ce fait même et par nature une « ONG », du moins quand elle ne sert pas de faux-nez, par exemple, à une municipalité, pour des raisons juridiques que je n’ai jamais cherché à approfondir.

 

Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais quand survient un événement, une parole, un spectacle, qui effleure la « sensibilité » des juifs, ou des femmes, ou des musulmans, ou des noirs, ou des homosexuels, aussitôt se dressent pour venger l’offense, outrées, menaçantes et scandalisées, « les associations ».

 

Les voilà, les nouveaux curés. Ils n’ont pas de soutane. Ils n’officient pas dans des confessionnaux pour recueillir les aveux de culpabilité des pécheurs ou pour absoudre leurs péchés. Ils s’en voudraient, les nouveaux curés, d’absoudre quoi que ce soit. Parce que, s’ils n’ont pas revêtu la soutane pour exercer leur ministère, c’est qu’ils refusent d’être identifiés sous un seul uniforme : il leur en faut deux.

 

Quel est le deuxième, demanderez-vous ? Mais l’uniforme de flic, voyons. « Les associations » sont en effet composées de cette espèce hybride (le mot est à la mode : automobile, OGM, …) qui reste à baptiser. Je proposerais bien de les appeler « curés-flics ». Mais heureusement, outre que l’expression pourrait prêter à confusion, il existe un mot qui synthétise assez bien cette nouvelle entité : le « MILITANT ».

 

Pour le militant, le monde est d'une simplicité évangélique. Il se partage en deux : d'une côté (le sien) les « BONS », de l'autre (le reste du monde) les « MECHANTS ». « Les associations » sont en réalité de véritables petites armées. Le « militant » n’est en effet rien d’autre qu’un militaire sans uniforme. Comme le militaire, il évolue en troupe en suivant son porte-drapeau.

 

L’étendard est en effet l’autre visage du « militant ». Cet étendard porte, brodé au fil d’or sur l’étoffe, un mot ou un sigle qui flamboie au soleil et rayonne partout alentour avec l’ambition d’illuminer l’espace tout entier et d’embrasser l’humanité entre ses bras (qu’il a particulièrement longs), je veux parler de la « CAUSE ».

 

Le « militant » qui combat pour sa « cause » n’existerait pas s’il n’avait pas un ennemi : le « méchant ». Contrairement au curé d’autrefois, le « militant » ne pardonne rien. Son cri de guerre n’est pas « la victoire ou la mort », mais « la victoire ou la victoire ». Son seul objectif est d’éliminer l’adversaire. Sa seule pensée : le « PUNIR ». Et ça tombe bien : il a su mettre les institutions et les responsables politiques dans sa poche.Tout cela peut sembler abstrait. Certains murmurent peut-être : « Des noms ! Des noms ! ». Certains lecteurs habituels de ce blog se doutent déjà de la liste inscrite ici en filigrane. Mais qu’on se rassure, cela viendra.

 

Voilà ce que je dis, moi. 

 

jeudi, 25 juillet 2013

JOURNAL DES VOYAGES 11

Je suis en vacances, mais ...

 

Pour ne pas laisser vacant tant d’espace disponible, mais le remplir de façon bien sentie, je me suis dit que la collection 1876-1899 du Journal des Voyagesétait parfaitement idoine. Nous sommes donc bien dans la catégorie "dans les journaux", mais il faudrait ajouter "autrefois". Puisse l’illustration quotidienne remplir l’office du poisson rouge quand on est seul et qu’on n’a personne à qui parler : on peut toujours s’adresser au bocal. Et comme dans tout bocal, attention aux vagues !

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Ah, l'Afrique sauvage, le charme de ses bureaux de poste ! Ses hôpitaux de Lambaréné ! Pauvres Africains, comme disait le pauvre docteur Schweitzer ! Comme c'est beau, ces gens qui voient la misère chez les autres !

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"LE DAHOMEY : AMAZONES COMBATTANT"

Aujourd'hui, les Amazones du roi du Dahomey. Nous les admirons en pleine manifestation féministe. Observons que ces dames n'hésitent devant rien, et qu'elles n'y vont pas avec le dos de la cuiller à pot de confiture de fraises du jardin du curé de la paroisse. 

 

C'est quand même plus « in » que la Manif pour tous de Frigide Barjot. Et la flamboyante, et surtout si tolérante, Caroline Fourest nous a prévenus, messieurs : à la prochaine manif, elles ne se contenteront pas de la tête, les Amazones du roi du Dahomey ! Reportez-vous pour vous en persuader à ce que les femmes des mineurs font à l'épicier Maigrat, pour se venger de sa façon, précise, immorale et particulière, de se rembourser les crédits qu'il leur faisait, dans le Germinal du désastreux Zola.

 

La cinéaste Claire Denis a heureusement pris le relais de ces femmes castratrices, en faisant jouer à Béatrice Dalle (celle qui « se laisse pousser la bouche», comme dit son charmant camarade Richard Bohringer) le rôle d'une pipeuse forcenée, qui ne trouve rien de plus délectable, quand elle est en pleine action (ayant préalablement bien aiguisé ses incisives), que de pratiquer l'ablation du fruit masculin, jusqu'à le faire tomber de la branche au moyen d'un incision judicieusement placée,

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LE FRUIT MASCULIN, CORRECTEMENT MUNI DE SON COL ROULÉ

au grand dam du monsieur qui, faute d'un garrot posé d'urgence où je pense, se dit qu'il vaut mieux laisser pisser - jusqu'à ce que mort s'en suive, évidemment. C'est dans le film Trouble every day (2001). Le vampirisme nouveau est arrivé. Gare à celui qui tombera sous la dent vengeresse et punitive de Caroline Fourest et de ses acolytes enivrées de l'odeur du mâle agonisant.

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BEATRICE DALLE APRÈS L'ACTION : C'EST SÛR, CLAIRE DENIS DOIT AVOIR UNE SACRÉE DENT (je pèse mes mots) CONTRE LES HOMMES

En attendant la vengeance des Amazones françaises et autres militantes féministes, je signale qu'Abomey était la capitale d'un royaume militaire (le Dahomey est devenu le Bénin) consacré principalement au trafic d'armes et au commerce des esclaves. Il paraît qu'il ne faut pas confondre « commerce » (du côté de l'Empire du Bien) et « trafic » (le côté obscur de la force). Muhamar Khadafi eut en son temps le mérite de ressusciter la tradition des Amazones dahoméennes, lui qui se faisait protéger par une cohorte prétorienne composée de femmes. Amen. 

 

 

lundi, 17 juin 2013

LE CAS MERIC

 

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FONCTIONNAIRE NAZI. CHEF DU SERVICE CULTUREL DE COLOGNE EN 1938, PAR AUGUST SANDER

***

Quoi qu’il en soit, qu’il s’agisse de « JNR » ou d’« antifa », ce sont sûrement tous des enfants de chœur prêts à servir la messe, agenouillés en aube blanche en agitant leurs grelots, des angelots inoffensifs et peut-être asexués, dévoués et prêts à aider les vieilles dames à traverser les rues. C’est pour ça qu’ils fréquentent les clubs de muscu et d’arts martiaux, certaines vieilles dames ayant de l'embonpoint.

 

Malheureusement pour Clément Méric, il avait à peine commencé l’entraînement et n’avait pas atteint la taille (il ne « faisait pas la maille ») et la carrure réglementaires pour les circonstances auxquelles il s’est trouvé mêlé. Il ne méritait pas de mourir, c’est sûr, mais il a eu le tort d’être là. Et Esteban Morillo a vraiment frappé très fort. Il était apparemment très bien entraîné. Et il faisait la maille, lui.

 

Quant aux journaux, au milieu desquels Libération s’est spécialement distingué, ils se sont de nouveau illustrés dans l’interprétation des faits. On a eu droit à un festival de « sursauts démocratiques ». Un des aspects tout à fait comiques de leur « couverture » de l’événement (on parle de « couverture » sans doute pour garder l’événement bien chaud) a été un drôle de « constat », fait selon une drôle de grille de lecture. Que n’a-t-on entendu ?

 

Ils nous avaient déjà fait le coup, au moment du mariage homosexuel (vous avez remarqué que je me refuse à appeler autrement ce que tout le monde désigne au moyen d'une généralité euphémisante) et des manifs de Frigide Barjot et consort. Ils parlaient de la « libération de la parole homophobe ». J’avais déjà cru rêver en découvrant que des recoins secrets de la société française recelaient, tapis dans les tréfonds d’antres obscurs, un potentiel dormant de « parole homophobe », qui n’attendait qu’un signal, une étincelle pour se réveiller. Pour se libérer.

 

Les « manifs pour tous » et divers débats parlementaires auraient ainsi suffi pour allumer un mèche qui n'attendait que de faire exploser « la parole homophobe » qui, trop longtemps contenue (par on ne sait quelle magie), n'attendait que cette occasion pour se manifester à l'air libre. A moins que « la parole homophobe » n'ait attendu, comme un fauve hypocrite, que le moment tant attendu de sauter enfin sur sa proie pour enfin la dévorer !

 

Quelle que soit l'hypothèse, j'avoue que je reste épastrouillé et confondu devant l'IDEE géniale. Qui ne repose en fait que sur la capacité pour l'un des deux adversaires de se donner à lui-même le rôle enviable de la VICTIME, et à l'autre le rôle satanisé du MECHANT. En l'occurrence, la victime est homosexuelle et le méchant (tous ceux qui s'opposent au mariage homo) est homophobe.

 

Celui qui a fabriqué, avec les petites mains des boyaux de sa tête, l'expression « libération de la parole homophobe » mérite d'être considéré comme un maître dans l'art de la com. Digne de Stéphane Fouks, Euro RSCG et Jacques Séguéla réunis. Une prouesse dans l'art de fermer la gueule à toute contestation et récrimination, en faisant porter le chapeau du coupable aux soi-disant et a priori homophobes.  A mon avis, ça vaut la trouvaille de la "fracture sociale", si favorable en son temps à Nicolas Chirac. Ou celle de "travailler plus pour gagner plus", qui avait bénéficié à Jacques Sarkozy.

 

Nous n'aurons garde d'oublier cependant "la force tranquille", la "génération Mitterrand" ou "Yes we can". Comme quoi l'exercice de la démocratie est devenu une simple bataille de publicitaires. Mais je ne comprends toujours pas comment l'extrêmement ringard "le changement c'est maintenant" a pu faire élire François Hollande. J'attends qu'on m'explique pourquoi, sur cette base dérisoire (et dont tout le monde savait ce qu'elle valait), un tout petit peu plus de la moitié des votants se sont déclarés en sa faveur.

 

Moi je sais bien qu'il n'y a pas eu de « libération », mais que s'il y eut effectivement « parole homophobe », elle a été sciemment, méticuleusement calculée, provoquée par  François Hollande, qui a mis cette loi au programme, et par tous ceux qui l’ont soutenu, voire qui l’ont poussé à l’imposer, de force et sans vrai débat : « Qui sème le vent … » (proverbe connu). Jouer le rôle enviable de la « victime », de nos jours, est devenu un rôle si gratifiant. Et si je dis "enviable", c'est que ce genre de victime sait qu'il a tous les droits. Parlons si vous voulez de « victime triomphante », ou de « colonisateur victimaire ». Passons.

 

Et voilà-t-il pas qu'avec le cas Méric, ils remettent le couvert, et cette fois ils parlent de « libération de la parole d’extrême-droite » et autre « pensée fasciste », qui auraient été couvées par les « manifs pour tous ». Et allez donc ! Qu'on se le dise : la parole d'extrême-droite était en prison. Frigide Barjot l'a libérée en manifestant contre l'hypothèse qu'on puisse marier du masculin avec du masculin, du féminin avec du féminin. 

 

Je note au passage que c'est une libération dont les sans-culotte de l'égalité ne veulent à aucun prix : la liberté est une bien belle chose aux yeux des adeptes du « mariage pour tous », mais faudrait voir à pas exagérer ! Certains étaient déjà plus égaux que d'autres. Voici le temps des gens plus libres que les autres (puisqu'ils décident de la liberté de ces autres).

 

Quand je pense que je dénigrais Nicolas Sarkozy au motif qu’il coupait violemment la France en deux et qu’il provoquait sciemment la fracture entre les deux camps. C’était d’ailleurs vrai, personne ne peut dire le contraire, puisque Sarko se vantait précisément d’être très « clivant ».

 

Mais on n’avait pas vu à l’œuvre le chef de bureau qui nous gouverne, avec sa suavité digne, son sens lubrifié de la componction et son élocution ravie d’ancien bègue. En matière de clivage, le « capitaine de pédalo » en connaît un rayon, et « Flanby » a parfaitement fait la preuve que, pour ce qui est de monter une France contre l’autre, front à front, il ne « pédale pas dans le yaourt », même avec le grade de capitaine.

 

Pour provoquer la haine des uns pour les autres et retour, François Hollande ne me semble pas malhabile (la litote n'est pas l'euphémisme : elle vise à faire entendre le plus en exprimant le moins). Au moins, François Mitterrand portait sur son machiavélisme le visage de la vérité, même s'il a fait des dizaines de millions de dupes en 1981. Le problème, avec François Hollande, il a tellement mal l'air sincère, que tout le monde est persuadé qu'il est vraiment très bête.

 

Je donne gratuitement ces formules assez brillantes à l'équipe de communicants qui entoure notre lambeau de président. Les deux phrases ne sont pas trop mal écrites, je le reconnais bien volontiers.

 

D’une certaine manière, Hollande surpasse Sarkozy dans l’art de diviser les Français, en usant du même stratagème qu’un certain François Mitterrand qui, par pur calcul politicien, pour affaiblir et diviser la droite, envoya en son temps dans son jeu de quilles un chien nommé Jean-Marie Le Pen.

 

Mais on a peut-être grand tort de donner une aura politique à la mort de Clément Méric. Après tout, s’il n’y avait pas tant de renards gauchistes (???) glapissant au retour des hurlements des loups fascistes (???), la tragique bagarre devant un magasin de vêtements à la mode ne serait pas sortie de la rubrique « faits divers ». Franchement, quelle différence entre les violences réciproques des bandes voisines d’Aubervilliers et de La Courneuve et la confrontation entre les « antifa » et les « JNR », vu le niveau d’éducation politique en vigueur dans ces deux groupuscules ?

 

Et je signale à tous les journalistes qui ont crié à la menace fasciste que, dans leur précipitation, ils ont oublié de rappeler les saccages récents commis par les supporters du PSG au Trocadéro pour fêter dignement le titre de champion de France conquis par le club parisien. Au grand dam du financeur qatari. Ben oui : c’était des « anars » ou des « fachos » ? Chi lo sa ?

 

De toute façon, et je l'ai déjà dit, si le Parti « Socialiste » a conquis bien des terrains réservés autrefois à la droite, c'est parce qu'il a compris que la population française n'en veut plus, de la Révolution, et que ce qu'elle veut a plus à voir avec un rêve de petits-bourgeois qu'avec l'exaltation lyrique et unanimiste des masses ouvrières : elle est en masse passée à droite pour tout ce qui touche le logement, la voiture, le travail, même s'il flotte encore des effluves largement fictifs et illusoires d'une gauche des moeurs et d'un progressisme sociétal (vote des étrangers, mariage homo, ...).

 

Demandez à l'ouvrier chinois, en passe de s'enrichir, s'il n'en rêve pas, de sa voiture. Ensuite, parlez-lui donc un peu de la "conscience de classe". Et puis tiens, demandez-lui donc, à l'ouvrier chinois, ce qu'il penserait de ses dirigeants, s'ils voulaient imposer le vote des étrangers ou le mariage des homosexuels. Ah mais voilà, j'oubliais, là-bas, « ils ne sont pas en démocratie ». Ils sont fous, ces Chinois ! En plus, ils ont des principes ! Ils ont des valeurs ! C'est vraiment une dictature.

 

Pour conclure (il faut bien), il faut savoir ce qu'on veut : si tout le monde pousse à droite, il est mécanique et normal que la droite vraiment de droite s'extrémise, et produise ses petites mains qui n'ont pas froid aux yeux, des mains qui savent, à l'occasion, ne pas se croiser les bras, façon « SturmAbteilungen » (que Hitler, très tôt, en 1934, a "purgées" de Röhm et de quelques comparses lors de la "Nuit des longs couteaux", avis transmis à Serge Ayoub). Quant aux antifascistes, ils font tout ce qu'ils peuvent pour donner davantage de consistance et de visibilité à l'épouvantail qu'ils disent combattre, pour légitimer leurs propres hantises.

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

jeudi, 30 mai 2013

TOUT EST POLITIQUE, VRAIMENT ?

 

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ANSEL ADAMS : MONT MCKINLEY ET WONDER LAKE

***

 

Donc, nous venons d’apprendre que le mariage homosexuel est « de gauche ». C’est tout le camp « progressiste » qui a emporté la décision, et la foule de ceux qui ont manifesté dans les rues (18,3 individus selon la police, « en comptant les femmes et les petits enfants », aurait dit Rabelais) ne sont que des « conservateurs », dans le meilleur des cas, des « homophobes » dans le pire, avec, entre les deux, le marécage des « réactionnaires ».

 

Pêle-mêle et dans le même sac, on trouve l’UMP, qui a cru qu’elle pouvait « faire un coup », et l’Eglise catholique, accusée de se cramponner à des valeurs obsolètes et sommée d’enfin mettre sa doctrine à la page, au parfum de l’époque. Elle pourrait répondre comme Cromwell : « Qui épouse son époque sera vite veuf ».

 

Vladimir Poutine cumule sans doute les trois tares à la fois, pour avoir déjà déclaré que la Russie ne laisserait pas adopter des petits Russes par des couples homosexuels mariés. On attend une déclaration de la Confédération Helvétique pour savoir à quoi s’en tenir au sujet des petits Suisses. Je rigole. Je ne devrais pas.

 

Il reste cependant étonnant, dans toute cette affaire, qu’on ait vu s’installer entre partisans et adversaires du mariage des homosexuels le bon vieux clivage, quasi paléontologique, entre une France « de droite » et une France « de gauche », étant donné que les deux partis dominant le champ « politique » (laissez-moi pouffer) sont clairement DE DROITE.

 

Je sais, on va me ressortir de la naphtaline et du formol la momie de Wilhelm Reich, le pape de la sexologie politique qui mettait beaucoup de névroses à l'oeuvre dans la classe ouvrière sur le compte des conditions socio-économiques qui lui étaient faites (je simplifie). Ses livres (La Lutte sexuelle des jeunes (1932), La Fonction de l’orgasme (1927) et bien d’autres) doivent toujours se trouver quelque part. Le problème, avec Reich, c'est qu'il a mal fini, avec sa machine à détecter l'orgone.

 

Je sais, on me dira que « tout est politique », encore que ça se dise beaucoup moins que jadis. Sans doute, rien de ce que nous faisons, disons ou pensons n’échappe à une analyse selon une grille « politique ». Cela au moins me paraît indiscutable.

 

Mais il me paraît tout aussi indiscutable que tout ce qui est humain est « sexuel ». Tout ce qui est humain, « économique ». Tout ce qui est humain, « religieux ». Tout ce qui est humain, « social ». Tout ce qui est humain, « psychologique ». Tout ce qui est humain, « relation au pouvoir ». On n’en finirait pas.

 

Il suffit de choisir sa paire de lunettes et de regarder le monde à travers. Ensuite, ce n’est qu’une question de couleur des verres. Pour choisir la couleur, il suffit d’une petite opération chirurgicale, qui consiste, depuis l’invention des « sciences humaines », à mettre l’homme sur le billot et à le couper en morceaux : une tranche pour le sexologue, une tranche pour le sociologue, une tranche pour le psychologue, une tranche pour ... Autant de tranches que de « sciences humaines ». Servez-vous, le buffet est « à volonté ».

 

Donc, disions-nous, rien de ce qui est sexuel n’est apolitique. Ma foi, pourquoi pas ? Je note au passage que, en tant qu'adversaire du mariage homosexuel, se faire traiter d’ « homophobe » montre bien qu'il y a en jeu quelque chose de plus ; je crois que ça montre que l’enjeu de cette ouverture institutionnelle ne se réduit pas au mariage, mais qu’il s’agit aussi et en plus de faire la promotion de l’homosexualité en tant que telle.

 

Si l'on ajoute à la loi votée la palme d'or offerte à un film chantant l'amour entre deux femmes (La Vie d'Adèle d'Abdellatif Kechiche), on peut dire que le tableau est complet. Jamais on n’a vu, sur n'importe quelle question touchant la sexualité, un tel battage publicitaire, un tel effort de propagande. Mais si je parle de prosélytisme, de quoi va-t-on me traiter ? Non, il est plus prudent de chanter, avec la vox populi : « Je vous déclare mari et mari ».

 

Un autre indice de cet enjeu : la manipulation de « l’opinion publique ». Il s’est répété, tout au long de la campagne pour le vote de la loi, que les sondages étaient unanimes à trouver dans la population française une approbation du mariage homosexuel par plus de 60 % des gens, parfois plus.

 

Sans parler de la futilité des conditions dans lesquelles sont pratiqués les sondages (j'en ai longuement parlé dans le passé), je lis dans Le Progrès (27 mai pour la "question du jour", puis 28 mai pour la réponse) une statistique légèrement différente. Il est vrai que la question ne porte pas sur le mariage homo, mais sur les manifs "anti". On me dira que ce ne sont que 4064 internautes qui ont répondu à cette « question du jour », mais j’attends qu’on me dise en quoi ce genre de réponse est moins valable que n’importe quel sondage. Et ce qu'il en serait, si la question portait sur le principe lui-même de ce mariage. 

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EN HAUT LA QUESTION, EN BAS, LE LENDEMAIN, LA REPONSE.

LÀ, C'EST PLUTÔT UNE FRANCE CONTRE L'AUTRE.

Mais tous les médias, toutes les autorités, toutes « les associations » nous ont tellement martelé qu'il y a un consensus au sein de la société, qu'on est tout surpris de constater que la quasi-unanimité a tous les caractères d'une fable. Tiens, que pensez-vous de Les Animaux malades de la peste ?

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

lundi, 27 mai 2013

PRESSE DE GAUCHE, VOUS AVEZ DIT ?

 

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AINSI, LA VIE D'ADÈLE, LE FILM D'ABDELLATIF KECHICHE, A-T-IL REÇU LA PALME D'OR. TOUT LE MONDE SENT AINSI SOUFFLER LE VENT DE L'HISTOIRE. MADAME HOMOSEXUALITÉ, VIEILLE COMME LE MONDE, SE PORTE COMME UN CHARME. ELLE A TOUTES SES DENTS, DE L'APPETIT, PIGNON SUR RUE, ET TOUT L'AVENIR DEVANT ELLE. ELLE NE SERA SATISFAITE QUE LE JOUR OÙ ELLE « SERA LE GENRE HUMAIN » (paroles de L'Internationale). PENDANT CE TEMPS, JEAN-FRANÇOIS "CHARLOT" COPÉ INVITE LES ANTI-MARIAGE GAY A S'INSCRIRE A L'UMP. IL N'A PAS DIT SI C'ETAIT POUR PARTOUZER. QUEL TALENT ! IL CROIT ENCORE QU'IL Y A DU POLITIQUE, VOIRE DU POLITICIEN, DANS LE SEXUEL ! FRIGIDE BARJOT L'A DANS LE BABA ! ELLE VA POUVOIR ALLER SE FAIRE VOIR. LA PORTE ETROITE (ANDRÉ GIDE) EST DEVENUE ARC DE TRIOMPHE, CELEBRANT L'AVENEMENT DE LA NOUVELLE CIVILISATION. ET ATTENTION : GARE A CEUX QUI RECRIMINENT !

 

***

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Le cas de Libération est différent de celui du Monde. Journal militant et révolutionnaire (et parfois folklorique, avec ses « petites annonces » et ses « notes de la claviste », ses suppléments "Bazooka" alias "Un Regard moderne", ...) au départ, il a peu à peu, comme Le Monde, dérivé en direction du système marchand que ses fondateurs voulaient détruire. Disons qu’il s’est laissé phagocyter. D’autres diront qu’il a déserté le champ de bataille. D’autres enfin soutiendront qu’il a fini par prendre en compte les réalités économiques. Raisonnablement. Voire !

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Mais ce qu’il faut noter, c’est que la décomposition progressive de l’esprit Libé a suivi à peu près une ligne parallèle à celle du Parti « Socialiste », dont la charogne nous « emboconne » (c’est du vieux lyonnais) l’atmosphère. En effet, comme le PS, Libération, en se convertissant à la société marchande, s’est reconverti dans la « gauche morale », dans la « gauche des droits », dans la gauche de l’évolution des mœurs, dans la gauche de dissolution du sens par l'amalgame de tout dans tout.

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Mais ce n’est pas de ça que veulent parler principalement ces deux billets, comme le montre leur balisage au moyen de titres (ou fragments de titres) extraits du journal. Pour bien montrer que celui-ci a renoncé à toute autre ambition que celle de distraire ses lecteurs, et qu'il a emboîté le pas au Canard enchaîné, qui pourrait être son arrière-grand-père, je tente de montrer qu'il pratique systématiquement le calembour, le jeu de mots, les approximations, etc.

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JE SIGNALE AMICALEMENT AU JOURNAL LIBERATION QUE "DRACHME" EST DU SEXE FEMININ

Mais à la différence du Canard, qui prend toujours bien soin de préserver la pertinence de ses jeux de mots, Libération en a fait un simple jeu d’enfants, un jeu de cour de récréation qui se pratique à tort et à travers, à bon et à mauvais escient, bref dans le joyeux bordel d’un n’importe quoi général. Je me souviens, à l'époque du "franc", de cette une : « Le dollar baisse comme une bête ». On dira que j'ai l'esprit mal tourné, du fait que je l'ai retenu. On aura peut-être raison.

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Libé a inventé le « journalisme d’enfantillage ». C'est peut-être tout ce qui reste à la gauche. Ce qui est sûr, c’est que le rapport logique entre le jeu de mots et l’article qu’il annonce est très souvent lointain, assez souvent aussi inexistant. Le sens ? C’est le cadet de nos soucis. Le mot d’ordre ? Humour, clin d’œil complice, on est entre nous, etc. Ce qu'il reste de l'esprit militant, sans doute. « La révolution a fait pschitt ! », dirait un Jacques Chirac.

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Dans les « calembours Libé », il y a à boire et à manger, des bons et des très mauvais, mais il y a aussi beaucoup à chier, beaucoup à se mettre l’index sur la tempe et à renoncer à dépenser 1,60€ par jour. De toute façon, qu'il s'agisse de Libération, du Monde ou du Figaro, quand on voit le nom du propriétaire (Lagardère, Bergé, etc.), on comprend que, puisque la gauche ne sert plus à rien, la presse de gauche n'a plus aucune raison d'exister. C'est peut-être pour ça que les titres de Libération, avec leurs jeux de mots, ont quelque chose à voir avec le bac à sable. Libération sert-il encore à quoi que ce soit ?

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Conclusion : les calembours de Libération, le journal fondé en 1973 « sous l’égide » (dixit wikipédia) de JPS (non, pas John Player Special) sont une bonne indication du sérieux avec lequel la « gauche responsable », la « gauche de gouvernement » envisage le message destiné aux masses laborieuses en vue de leur « libération ». 

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Voilà ce que je dis, moi.

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NOTE : Je n'ai pas évoqué le cas d'autres journaux "de gauche", comme L'Humanité ou d'autres feuilles plus confidentielles. Je n'ai rien contre L'Humanité, j'ai de temps en temps essayé d'y mettre le nez, mais je suis contraint d'avouer le constant échec de ces tentatives, sans que je puisse m'expliquer cette inhibition. Une infirmité, sans doute.