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samedi, 20 avril 2024

DES HOMMES ET DES FEMMES

HERMANN BARNEY JORDAN.jpg

Cette image empreinte de délicatesse et de courtoisie montre que même les hommes les plus suspects de masculinisme patriarcal, de virilisme exacerbé ou de goujaterie rébarbative sont capables de se conduire, quand ils sont mis en présence d'une dame, avec le plus pur esprit chevaleresque, digne des temps anciens.

On trouve ce dessin à la page 5 de Objectif Cormoran, épisode des aventures de "Bernard Prince", héros inventé par l'immense Hermann.

 

vendredi, 08 février 2019

CAPITALISME ET FÉMINISME ...

... OU : LE FÉMINISME AU SERVICE DU CAPITALISME.

En inventant la "domination masculine", Pierre Bourdieu a bien mérité du capitalisme pour l'immense service qu'il lui a rendu : il a détourné le regard de l'opinion publique et des chercheurs de l'Université (sociologues, historiens, psychologues, ...) des rapports sociaux (entre classes) vers les rapports sociétaux (entre catégories identitaires de population : les "communautés").

Le principe de la chose, ovationné par les riches et les puissants, n'est autre que le très ancien et efficace "DIVISER POUR RÉGNER" : quand il y a des bisbilles dans le ménage, le propriétaire peut dormir tranquille, augmenter les loyers, reporter à plus tard les travaux dans l'immeuble. Certes, le mouvement féministe était tombé dans le panneau bien avant que Bourdieu voie le jour et ne l'avaient pas attendu pour déclarer : « L'homme, voilà l'ennemi ! », mais Bourdieu, avec ses attaques contre la "citadelle masculine", est bien un excellent valet du capitalisme et une des malédictions du corps social.

Les féministes les plus intransigeantes, les plus militantes, les plus acharnées – je veux dire : les plus aveugles et les plus bornées –, vous brossent complaisamment le tableau de la marche irrésistible des femmes vers l'égalité avec les hommes. Elles se félicitent bruyamment de ce que les femmes se soient ouvert, à la force du poignet, les portes du monde du travail et puissent "faire carrière", sur l'air de "on va leur montrer de quoi on est capables !". Comme le dit excellemment Alexandre Vialatte dans Le Spectacle du monde : « De conquête en conquête, elle en est arrivée à avoir le droit de travailler Quatre-vingt-dix heures par semaine ».

Au point qu'on entend dans les médias les mieux intentionnés et quelle que soit la rubrique (cinéma, bande dessinée, postes à responsabilité, etc.) ce refrain sempiternel et comminatoire : « Où sont les femmes ? ». Ce qui me troue le fondement de la comprenette, c'est que ces fanatiques considèrent la maternité comme une injustice, voire une malédiction (sans doute ce que Camille Froidevaux-Metterie appelle "les diktats de la nature").

Elles étaient "la moitié du ciel" de Mao Tsé Toung ? Elles veulent la moitié des places. Simple question d'arithmétique : on veut des quotas partout ! Des "panels" ! Des "échantillons représentatifs" ! La méthode des sondages appliquée à toute la vie sociale ! Quelle niaiserie !

Obsédées par la "visibilité" médiatique et le rang social, elles ont fait triompher l'évidence de ce que tout le monde considère depuis longtemps comme un droit : travailler. Drôle de "droit", mais enfin. Quelle avancée, en effet ! Bon, il est vrai qu'elles dénoncent vaillamment, année après année, la scandaleuse disparité qu'on observe entre les salaires masculins et les salaires féminins. Encore un bastion à prendre ! Le combat féministe ne doit s'arrêter sous aucun prétexte.

Elles n'ont pas pensé à une chose. Certes, "à travail égal salaire égal". Cette revendication parfaitement légitime devrait d'ailleurs être devenue la règle depuis lurette. J'observe seulement la mine réjouie de monsieur Capitalisme, vous savez, le bonhomme bien nourri à cigare et haut-de-forme. Quelle aubaine, se dit-il, cet afflux de main d'œuvre sur le marché du travail. Quelle aubaine, je vais pouvoir serrer la vis aux salaires. Et si je vous annonce les salaires que je paierai aux Bangladais, vous allez prendre peur à cause du remboursement de votre pavillon de banlieue. La pression salariale ? D'abord sur les hommes, puis sur les femmes, aujourd'hui sur les Bangladais : l'alignement sur le plus bas, on appelle ça "enchères inversées". Réjouissons-nous : la femme européenne vaut plus qu'un Bangladais. Nous avons la cote.

Ben oui quoi, la loi de l'offre et de la demande. Plus un bien est commun et en grand nombre, plus son prix est bas, c'est mécanique. Pour les personnes, c'est la même chose : plus il y a foule, plus le prix de chacun tend vers zéro. Plus il y a de demandeurs d'emploi, plus les personnes ne valent rien, et plus je suis à mon aise pour "modérer" leurs exigences (en français : pour casser les salaires). C'est mécanique.

L'arrivée en masse des femmes sur le "marché" du travail (aujourd'hui des Bangladais et autres pauvres du monde), à cet égard, est ce que les patrons pouvaient rêver de mieux : la compétition des mains d'œuvre entre elles. Et avec la mondialisation, la guerre fait rage, et touche tout le monde, y compris les hommes. Mécaniquement, le prix du travail baisse drastiquement, mais pas parce que ce sont des femmes : c'est le nombre qui compte. C'est la guerre de tous contre tous. Et ce n'est pas un hasard si les professions socialement moins valorisées (enseignement, médecine, couture, etc.) sont celles où l'on observe une féminisation galopante : ça permet à l'employeur de dépenser moins. 

Dans un tout autre domaine, c'est le même mécanisme (conquérir des travailleurs – à payer moins –, ou des consommateurs – à rançonner davantage) qui a permis au cigarettier Lucky Strike, à la fin des années 1920, de doubler en peu de temps sa clientèle potentielle, en envoyant des femmes fumer ostensiblement des cigarettes sous l’œil des caméras pendant une parade nationale. L'idée était d'Edward Bernays (lire son Propaganda). Le capitalisme est aussi enchanté de ce que les femmes "travaillent" (en entreprise) que de ce qu'elles achètent (en magasin). L'arrivée des femmes qui consomment sur le marché est aussi profitable à monsieur Capitalisme que l'arrivée des travailleuses dans les entreprises. 

J'ai connu en d'autres temps (années 1960) la situation d'une famille nombreuse (7 enfants) qui ne roulait pas sur l'or par la profession du père, mais qui a pu occuper un magnifique appartement de 300 m² à Lyon, simplement parce que les allocations familiales étaient suffisantes pour joindre les deux bouts et inciter la femme à "rester à la maison". Mais pour les "alloc", c'étaient les années de vaches grasses. Et c'est sûr, les loyers n'étaient pas encore devenus, pour les propriétaires, la superbe rente de situation qu'ils sont devenus aujourd'hui. Tiens vous, classe moyenne d'aujourd'hui, essayez donc de faire vivre votre famille avec un seul salaire, pour voir. 

L'autre outil de monsieur Capitalisme (cigare et haut-de-forme) pour contrer la revendication sociale (la seule révolutionnaire) fut l'innovation technique, présentée comme dotée d'un potentiel infini de développement. Quand il fallait manœuvrer un aiguillage d'ancienne génération, une musculature "appropriée" était exigée. Aujourd'hui, la technique a fait du basculement du lourd levier métallique un simple bouton à presser. Même chose dans le domaine des poids lourds, où il fallait autrefois des biscotos d'athlète pour tourner le volant du 10 tonnes Berliet : la direction assistée a fait ce miracle. 

L'accès des femmes au monde du travail salarié est donc le résultat d'une double volonté capitaliste : faire baisser le salaire individuel et rendre les tâches physiquement accessibles à des personnes théoriquement plus faibles, donc jugées moins "productives" et moins "exigeantes". Ce qu'on n'appelle plus aujourd'hui les "Arts ménagers" est emblématique du slogan qui appelait à "libérer la femme" de son « immémoriale assignation domestique » (splendide ineptie de Camille Froidevaux-Metterie) : plus le monde domestique est gouverné par des boutons (c'est tellement simple, mais il faut quand même charger, et décharger la machine, et on n'a pas forcément fini), plus la femme est "libérée". Alors, Madame, qu'est-ce qu'on dit à Monsieur Capitalisme ?

Une conséquence sûrement vénielle de cette participation massive des femmes aux tâches productives du pays est qu'il est tombé deux salaires au lieu d'un dans la famille à la fin du mois. En apparence, c'est tout bénéfice. Et en effet, dans les classes moyennes, on a pu améliorer nettement le confort de la maison et la qualité du mode de vie. Mais qu'est-ce qu'on observe, au bout de quelques décennies de ce régime ? C'est que, tendanciellement, le pouvoir d'achat du couple a régressé ou, au mieux, stagné, comme le montrent de multiples témoignages de gilets jaunes. Je l'ai dit : combien de familles peuvent vivre aujourd'hui avec une seul salaire ? Soit dit en passant, c'est à l'aspect hétéroclite du phénomène des gilets jaunes que l'on mesure l'état de délabrement et d'obsolescence des "structures intermédiaires" (syndicats, ex-partis traditionnels et autres).

Monsieur Capitalisme s'est dit que, puisque monsieur, madame et les enfants vivaient bien, il était inutile de pousser la locomotive des salaires. Oh, soyons-en sûr, ça s'est fait très progressivement, de façon imperceptible. Mais un beau jour il suffit d'une "modeste" taxe supplémentaire sur un carburant pour que la situation réelle d'une masse de gens éclate au grand jour, fasse sauter le couvercle de la cocotte, et lance la couleur jaune en masse sur la voie publique, là où personne n'attendait un tel refus, puissant et massif, même si le corps social qui le porte est hétéroclite. Aux échelons inférieurs de la société, il y a bien une homogénéité des conditions de vie, en direction d'une précarité de plus en plus partagée.

Comme quoi les conquêtes obtenues par les luttes pour "l'émancipation féminine" ne sont pas sans quelques effets pervers, quand on observe la situation sous un certain angle. Comme quoi les militantes féministes, surtout les plus exaltées (voir mon billet du 3 février), servent, sûrement sans l'avoir voulu, les projets de monsieur Capitalisme, en occupant le devant de la scène, en faisant, en quelque sorte, diversion. Car elles éloignent ainsi de lui le danger combien plus menaçant que fait peser lui le combat d'une masse de gens pour une société plus juste, une société qui redistribue les richesses de façon plus équitable, et qui empêche les vampires de confisquer à leur seul profit le surplus des richesses produites. 

Ce qui me réjouit le plus dans le phénomène "gilets jaunes", c'est précisément que la justice sociale et la répartition des richesses jouent de nouveau les premiers rôles. Je ne suis pas hostile à un certain féminisme, à condition de ne pas mettre la charrue devant les bœufs et de ne pas inverser l'ordre des priorités : la meilleure méthode est celle qui va du général au particulier, ce que la visibilité tout à fait excessive et disproportionnée de quelques "minorités" (suivez mon regard) a tendance à faire oublier.

Les minorités ne se battent que pour elles-mêmes. Les minorités se plaignent du sort qui leur est fait à elles. Les minorités s'étalent en victimes aux yeux de tous. Les minorités sont par nature égoïstes, fermées sur elles-mêmes. Les minorités n'ont aucune idée de ce qu'est l'intérêt général. Les minorités se foutent éperdument de la République. Les minorités ainsi conçues (à l'américaine) sont de simples nuisances.

Quand la justice pour tous aura été instaurée, il sera temps alors de s'occuper des finitions.

Voilà ce que je dis, moi. 

Note : mon analyse n'a certes pas la rigueur d'un travail universitaire évalué par les pairs, mais à mon avis, l'intuition qui lui sert de fil rouge n'est pas si éloignée que ça de la réalité qu'elle est censée décrire.

mercredi, 25 octobre 2017

#BALANCE TON PORC

C’est donc entendu : tous les hommes sont des cochons. Je sais, certains mauvais esprits, aussi facétieux que peu respectueux du courageux combat de la gent féministe (à ne pas confondre avec la « gent féminine », qui heureusement n'est pas une secte, puisque c'est une généralité) pour la conquête inachevée de tous les droits auxquels la modernité leur donne droit, certains esprits, donc, auront sûrement pensé aux deux derniers couplets de la chanson qu’on braillait, adolescents, dans le car qui nous emmenait « à la neige », et qui commençait par « Jeanneton prend sa faucille, larirette, larirette, et s’en va couper les joncs ».

L’avant-dernier couplet ? « La morale de cette histoire, larirette, c’est que les hommes sont des cochons ». Classique. Mais le dernier ? Je vais vous dire : la gent féministe a lancé une fatwa pour faire interdire ce texte, au motif qu’il porte atteinte aux « droits auxquels la modernité … etc. ». Ayant décidé de braver cet interdit, je rappelle ici les dernières paroles de la chanson : « La morale de cette morale, larirette, c’est que les femmes aiment les cochons ».

Il est donc question d’hommes, de femmes et de cochons. Cela tombe bien, les actualités médiatiques viennent de projeter le thème à la une de tous les journaux (et « réseaux sociaux », comme il est impératif d’ajouter aujourd’hui). Ainsi, tout le monde est aujourd’hui d’accord : monsieur Harvey Weinstein est un porc. Il a en effet honteusement et longuement profité de sa position de pouvoir pour se faire accorder des faveurs par d’innombrables femmes. Le cas s'est répandu comme un virus d'Ebola, et très au-delà des frontières d'Hollywood, au point qu'on a l'impression, au bruit médiatique retentissant qui a suivi, que tous les hommes sont des Weinstein.

La différence avec la chanson larirette, aujourd'hui, c'est que les femmes n'aiment plus les cochons. Il faudrait plutôt dire : un certain nombre de femmes. Pas d'affolement : c'est seulement, nous disent les gents féministe et journalistique, que « la parole des femmes se libère ». L'expression (« la parole libérée ») fait florès depuis quelque temps, menaçant tous les hommes (pour la pédophilie, il est recommandé, spécialement depuis quelque temps, d'être un curé ou un instituteur) qui se rendent coupables des nouvelles turpitudes à la mode. Jusqu'à quand est-on en droit de dire que « la parole se libère », et à partir de quand doit-on prévenir le gibier que « la chasse est ouverte » ?

Dans la présente affaire, la question est de savoir quelle est cette fameuse position de pouvoir qui a donné à Harvey Weinstein l’opportunité d’importuner tant de femmes jusque dans l’intimité de leurs dessous. Mais aussi pour quelle raison tant de femmes innocentes ont été mises en présence de ce porc doublé d’un prédateur. Tiens, j’apprends qu’il était producteur de cinéma. Et que les femmes en question allaient dans son bureau sans y avoir été contraintes. Pensez : elles désiraient obtenir un rôle dans un film financé par le dit Weinstein. Et tiens, justement, beaucoup d’entre elles ont fait une belle carrière dans le cinéma. Ça tombe plutôt bien, non ? On se dit qu'elles doivent être bien reconnaissantes au monsieur, qui leur a donné leur chance et mis le pied à l'étrier. Eh bien non, figurez-vous : elles n'ont même pas la reconnaissance du bas-ventre.

Pourquoi une jeune femme veut-elle « faire du cinéma » ? Pour aller vite, les deux raisons principales sont qu’elle a un talent de comédienne et qu’elle n’est pas « fatigante à regarder », comme dit aimablement mon ami Yves, qui ne dédaigne pas la litote (mon ami Alain préférait quant à lui : « elle est gentille », déjà plus ambigu). Cela paraît clair : très peu de premiers rôles féminins ont été tenus par des grosses ou des laides dans l’histoire du cinéma. C’est injuste et fou, mais que voulez-vous qu’on y fasse ?

Que demandent le cinéma en général, ses professionnels et ses spectateurs en particulier à une femme ? De séduire, de séduire et de séduire. Or, pour plaire aux spectateurs, il faut commencer par plaire à ceux qui vont faire le film, car c'est eux qui s'imaginent connaître et incarner le mieux les goûts du public. Imaginez que Gwyneth Paltrow se soit présentée à Harvey Weinstein en tenue de souillon, pas lavée et pas maquillée. Le monsieur ne l’aurait pas regardée. Pire, il ne l’aurait peut-être même pas vue. A la rigueur, si elle avait été en train de faire sa chambre d’hôtel quand il sortait de la douche, il lui serait arrivé la même chose qu’à Nafissatou Diallo avec DSK.

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GWYNETH PALTROW, UNE FEMME QUI A "RÉUSSI"

J’ignore dans quel état d’esprit était Gwyneth Paltrow en frappant à la porte du bureau, mais il m’étonnerait fort qu’elle ne se soit pas auparavant renseignée sur le bonhomme qui allait l’accueillir, auprès de femmes qui avaient avant elle fait la démarche. J’imagine aussi qu’elle savait deux ou trois choses sur les mœurs qui avaient cours dans le milieu professionnel où elle désirait s’insérer et si possible faire carrière.

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TOUTE LA PROBLÉMATIQUE EST LÀ

C'EST DANS LA SÉRIE "LUKA" (N°5), DE MEZZOMO ET LAPIÈRE (ED. DUPUIS, 2000)

Il n’y a qu’à ouvrir n’importe quel magazine « people » pour le savoir : les histoires de cœur y côtoient allègrement les histoires de cul. A moins d’être une oie blanche, une candidate-actrice sait ce qu’il faut faire de son corps : un argument de vente. Dans le pire des cas, c’est un mauvais moment à passer. « Puisque c’est le métier qui veut ça », doivent se dire beaucoup : que ne ferait-on pas pour « réussir » et briller de mille feux, comme des étoiles dans le ciel hollywoodien. Combien de ces starlettes se sont-elles fait prendre en photo sur la plage de Cannes en prenant soin de ne pas mettre trop de tissu sur leurs charmes ?

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QUELQUES PORCS ACCOURUS POUR RENIFLER L'OIE BLANCHE

J'en conclus que Gwyneth Paltrow (et toutes ses consœurs concernées) est une vilaine ingrate, doublée d'une grande hypocrite : elle a au moins fait fructifier son investissement de départ, et le sacrifice qui allait avec.

Car le moteur des actrices de cinéma, ce que cette industrie est même en droit d’attendre d’elles, c’est qu’elles soient en mesure de susciter le désir, qui est une sorte d'assurance sur les bénéfices futurs.

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LA VICTIME BELLA HADID A CANNES, CONTRAINTE PAR ON NE SAIT QUEL PRÉDATEUR DE SUSCITER LE DÉSIR DES PORCS, EN EXHIBANT UNE ADMIRABLE ABSENCE DE DESSOUS

Ce point est crucial pour le producteur, qui est d’abord un homme d’affaires, un financier qui compte bien faire que ses investissements lui rapportent le plus gros possible par l'afflux dans les salles obscures. Ce calcul repose précisément sur la capacité de l’actrice à provoquer le désir du spectateur (des millions et des millions de porcs, donc, selon la gent féministe).

Que nous apprend, dans ces conditions, « l’affaire Weinstein » ? Qu’il est urgent d’agir pour mettre fin une fois pour toutes aux agissements inqualifiables de la détestable gent masculine à l’égard de la gent féministe (je fais confiance aux femmes normales). Pour cela, je propose de donner force de loi à une suggestion faite un jour dans les médias par un de ces princes du journalisme auxquels une rumeur prête le pouvoir de gouverner l’opinion publique. Un prince que le monde entier ne nous envie pas, j'espère.

Cette Altesse Royale du papier journal, dont les visiteurs de ce blog savent combien il figure au nombre de mes objets de dévotion, a pour nom Laurent Joffrin (Mouchard de son vrai nom). J’ai en effet entendu ce maître donneur de leçons, un jour à la radio, formuler l’une de ces idées lumineuses qui tapissent de nos jours les murs de l’air du temps : pour en finir avec le harcèlement sexuel et les propos ou les gestes déplacés, il faut que les hommes cessent de désirer les femmes.

Je l’affirme : j’ai entendu le monsieur émettre la suggestion, pour pacifier les rapports entre les hommes et les femmes, que les premiers cessent une bonne fois de considérer les secondes comme des objets de désir. Laurent Joffrin a tout compris. Enfin un homme qui a compris ce que les femmes attendent depuis la nuit des temps : que les hommes cessent de les désirer. Oui, aussi stupéfiant que cela puisse paraître, j'ai bien entendu ce monsieur émettre cette idée, à propos de je ne sais plus quelle actualité, peut-être les problèmes des femmes égyptiennes dans les bus : la racine du mal réside exclusivement dans le fait que les hommes, tout au moins en général, désirent les femmes. 

Que les hommes aient besoin en permanence qu'on leur enseigne la civilité en même temps que la civilisation, je crois en effet que beaucoup en ont besoin, vu la rusticité des manières dont ils affublent l'expression de leur émoi face à la beauté des femmes, mais je suggère à la gent féministe, qui véhicule un tel négationnisme du désir, d’informer la gent féminine, soit la presque totalité des êtres humains femelles, du prochain nouvel état des choses. Je me permets cependant d’émettre un doute quant à la façon dont le message serait reçu par ces femmes normales ("la gent féminine", j'insiste lourdement), qui auraient sans doute du mal à se consoler d'anéantir tous les efforts qu’elles font chaque matin devant leur miroir pour façonner leur apparence, comme elles le font depuis la nuit des temps. 

Pourquoi se donnent-elles tant de mal ? Pour le savoir, pas besoin d'aller chercher Baudelaire et son Eloge du maquillage dans Le Peintre de la vie moderne (« ... se dorer pour être adorée ... »). C'est tout simple : la femme fait de son miroir le conseiller de son équilibre et de son bien-être intérieurs. Viennent en second les usages de la vie sociale : il s'agit, indirectement, d'agir sur le regard des autres, de le façonner pour l'amener à refléter les mêmes ondes positives, mais cette fois porteuses de respect ou d'envie, si possible d'admiration ou même de désir et, pourquoi pas, d'amour. 

En espérant ne rencontrer que des regards de femmes envieuses et d'hommes civilisés. 

En espérant aussi que, dans un  avenir proche ou lointain, des femmes perpétuent cette manie qui consiste, pour elles, à désirer que des hommes éprouvent un désir à leur endroit (et pourquoi pas à leur envers).

mercredi, 11 janvier 2017

LA GAUCHE COSMÉTIQUE 3

3/3 – Les nouveaux opprimés.

La gauche esthétique et cosmétique s'est introduite dans les consciences, et s'est reconvertie dans la "direction de conscience", vous savez, ce truc mis au point par l'Eglise catholique pour agir sur les individus, en particulier les femmes, par l'intermédiaire de leur confesseur. Le curé, chargé de la conscience des fidèles, était supposé conduire le troupeau de ses brebis dans la bonne direction en leur disant ce qu'il fallait ou non penser, en leur glissant dans l'oreille des « c'est très bien, mon fils » ou « ce n'est pas bien du tout, ma fille », et en leur donnant l'absolution, mais à condition qu'elles fissent pénitence, dissent leur acte de contrition, corrigeassent leurs mœurs et promissent de ne plus recommencer. La gauche cosmétique a adopté le principe mais, faute de curés, s'est tournée vers les juges, les tribunaux, le Code pénal. Il n'y eut plus d'encouragements, il n'est plus resté que le bâton.

Ayant délaissé l'essentiel au profit de l'accessoire et promu au premier rang de ses préoccupations l’attention portée aux relations entre les individus plutôt qu’aux archaïques, prosaïques et dépassés rapports de production, d’exploitation ou de domination de classe, on peut dire que la gauche cosmétique a inventé la moderne « police des mœurs », de la « police des mots », de la « police de la pensée », toutes au taquet pour surveiller comme du lait sur le feu la qualité du « vivre-ensemble », de la « solidarité », de la « tolérance », et prêtes à dénoncer la moindre infraction à ce code d’un nouveau genre sous l’appellation englobante et pratique de « discrimination » (voire pire). Si j'ose dire, "nous n'avons pas les mêmes valeurs" qu'auparavant.

Mieux : un peu comme dans l'ancienne RDA quadrillée par la Stasi, tout le monde s'est mis à surveiller et contrôler tout le monde, au nom de grilles de lectures corrigées, confectionnées par des sociologues, historiens, statisticiens, etc., mais aussi et surtout par de vigilants militants associatifs, activistes de toutes sortes de « causes », souvent influents car bien introduits tout près des lieux de décision. Les féministes se sont mises à guetter la moindre manifestation de machisme ou de sexisme, les juifs ont hurlé à l'antisémitisme, les homosexuels ont traqué le moindre signe d'homophobie, les musulmans se sont mis à l'affût de la moindre allusion islamophobe, les handicapés, obèses, noirs, nains, basanés, yeux bridés se sont mis à monter en épingle le moindre soupçon de discrimination (avec ses subdivisions "à l'embauche", "au logement", "au faciès", ...). Traqueur de "haine" est désormais un métier.

L'épiderme de chacune de ces « communautés » est devenu chatouilleux et d'une sensibilité d'écorché, et chacune n'a plus eu d'yeux que pour ses propres intérêts, klaxonnant dans les médias (très bien relayée par les journalistes) chaque fois qu'elle se sentait lésée, même si peu que ce soit : le « regard des autres » n'est pas encore un délit, mais ça ne saurait tarder (dans la cour de récré, les petites féministes de CE2 iront se plaindre : « Maîtresse, il m'a regardée ! »). 

Nul ne s'est inquiété de ce que pouvait devenir dans ces conditions le sentiment d'appartenance à la société française tout court. Les parties sont devenues plus importantes que le tout, enfin, pas toutes les parties, car il y a du favoritisme en la matière. Pendant ce temps, les puissants ont commencé à sourire, puis à ricaner, puis à rire grassement. En ce moment, ils se marrent à gorge déployée : tout le monde se dispute, tout le monde a oublié qu'ils existent et que c'est eux qui organisent le système et tirent profit des dissensions, ils peuvent dormir tranquilles.

Sous prétexte d'exiger le respect et le droit de ne pas être blessées dans leur être, les minorités, grâce à l'appui de la gauche morale, ont fini par devenir autant de pères fouettards, en se bâtissant sur l'obsession d'interdire à ceux qui ne sont pas d'accord le droit de dire qu'ils ne sont pas d'accord (cf. la citation rebattue de Voltaire : "je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais ..."), et de punir ceux qui osent le faire, au moyen d'autant de lois "ad hoc". Les minorités se plaignirent en se présentant comme des victimes. Leur lobbying intense fait qu'elles sont aujourd'hui habilitées à porter plainte. De la plainte à la plainte, il n'y a qu'une petite polysémie à franchir : les « victimes » (1) sont devenues de vraies parties civiles qui réclament justice, sans oublier les dommages-intérêts. Et pendant que toutes les piétailles se chamaillent, les puissants sont au spectacle : les débats "sociétaux" les arrangent. Ça les divertit, de voir les petits s'étriper. Et ça leur donne tout le temps de s'occuper de faire fructifier leurs affaires.

Cette gauche de langage adore créer légalement des délits verbaux pour punir ceux qui ne pensent pas comme elle et qui osent égratigner la susceptibilité de ses protégés. La droite n’est pas exempte de ce genre de dérive : si je me souviens bien, c’est elle qui a ajouté le « négationnisme » à la liste des délits passibles du tribunal, comme s'il était interdit ou impossible de raconter l'histoire ("détail" compris) autrement qu'elle s'est déroulée : franchement, on se demande, parce que, depuis que l'histoire existe, je ne suis pas sûr qu'un seul historien ait fait l'unanimité sur sa façon de la raconter. Cela n'a pas empêché le collège des censeurs modernes d'inscrire au Code pénal des infractions légales comme « sexisme », « homophobie », « islamophobie », « discrimination » « incitation à la haine » (« raciale » ou du fait de l’ « orientation sexuelle »).

Qu’on se le dise : la gauche, tel un chevalier blanc, se porte naturellement au secours des opprimés. Mais chose très étrange : elle a changé d’opprimés. Comme si l’oppression ancienne avait disparu (huit millions de pauvres, pourtant, cela devrait "interpeller"), ou qu’elle avait changé de visage. Autrefois, on luttait pour de meilleurs salaires et une redistribution plus équitable de la richesse produite. Autrefois, personne ne discutait la légitimité de la régulation de l’économie et des lois sur le travail.

Foin de ces vieilles lunes ! Vous pensez, maintenant on est cul et chemise avec les patrons. Alors aujourd’hui, des travailleurs désenchantés peuvent se battre pour que le Code du travail ne soit pas trop mis en pièces ou que leur usine ne soit pas fermée. Manuel Valls n'a-t-il pas lancé cette déclaration d’amour : « Entreprises, je vous aime ! » ? Les nouveaux opprimés (les minorités), ceux qui sont défendus devant les tribunaux par les avocats de cette gauche (lilliputienne à tout point de vue, mais supérieurement armée de lois), sont de l'espèce dont les puissants raffolent : celle qui ne risque pas de faire vaciller le socle de leur pouvoir, juste parce qu'aucun de ces malheureux ne songerait à faire de ces puissants la cible d'un procès, d'un débat ou même d'une simple interrogation.

La classe ouvrière et les exploités du capitalisme déchaîné peuvent aller se rhabiller et s’inscrire à Pôle emploi (fusion de l'Agence Nationale Pour l'Emploi, ex-ANPE, et de l'Assurance Chômage, ex-UNEDIC, résultat : huit millions de pauvres !). Place à la promotion des « droits des minorités » et du « vivre ensemble ». Au PS, on se fout éperdument de combattre pour de meilleures conditions de vie. Au PS, il n’y en a plus que pour le combat des juifs, des femmes, des immigrés, des homosexuels (n’oublions pas les bi-, les trans- et les inter-), des musulmans, des handicapés, etc. (catégories pas tout à fait ad libitum : il faut réussir l'examen de passage).

On parle à satiété de « retisser du lien social », de « refaire société », mais la vérité est qu’une société n'est pas une liste des minorités qui la composent : que fait-on de la masse des gens normaux, repérables au fait tout bête qu’ils ne sont protégés par aucun des signes particuliers dont ils pourraient se targuer pour se proclamer victimes ? Les militants des minorités, en luttant pour faire reconnaître la justesse de leur cause particulière, ignorent-ils l'effet dissolvant que la promotion de celle-ci a sur le ciment social ? L'effet d'exclusion que leur revendication (finalement identitaire) entraîne sur toutes les catégories qui ne sont pas celle pour laquelle ils militent ? Non, de ça, les minorités se foutent comme de l'an quarante. Leur cri de ralliement : nous d'abord ! Les autres s'il en reste !

Question annexe, quand les individus ne sont plus reliés aux individus qu'ils côtoient par des liens de nécessité (les anciennes sociétés rurales), quand l'interdépendance bien concrète qui les attachait les uns aux autres se fait très indirecte, ténue et, pour ainsi dire, abstraite (comme c'est le cas aujourd'hui dans nos sociétés trop complexes), que reste-t-il du sentiment d'appartenance ? Quand les "communautés", qui sont aussi, après tout, des composantes de la société, interviennent en tant que telles pour inspirer les lois, que reste-t-il de la société au sens fort ? Passons.

La vérité est que la « question des minorités » est en France un vulgaire produit d’importation, car si aux Etats-Unis elle est cruciale pour des raisons historiques, la France n’est pas logée à la même enseigne. Et des groupes de militants (« minorités agissantes ») se sont jetés sur le produit américain pour calquer sur ce modèle leur vision, leurs croyances, leurs réseaux, leur organisation, leur stratégie, leur comportement et leurs revendications, pour profiter de cette aubaine inespérée et finalement tirer la couverture à eux. Et ont fait en sorte que certaines parties du tout surpassent le tout en efficience et en pouvoir. C'est chose faite. La "société", au moins en tant que sentiment d'appartenance, est en lambeaux. Au moins en reste-t-il les structures administratives.

Les minorités ? La mise au point de leur discours et de leur argumentaire a été longue et laborieuse, mais a fini, avec l’aide de quelques « grands intellectuels » (des noms ! des noms !), par circonvenir les esprits des responsables de la gauche morale, qui ont alors inscrit ces « légitimes revendications » d’un nouveau genre sur leur programme électoral. C’est ainsi que le sociétal (forcément « progressiste et émancipateur ») a supplanté le social (les conquêtes sociales, "avantages acquis", "privilèges", ...), que le verbe a chassé le réel et que les représentations des choses ont détrôné les choses.

Plus personne de sérieux pour défendre « la France qui se lève tôt ». L'exploité se retrouve à poil (pensons à la désillusion des "chauffeurs Uber").

Enfin désencombrée de tous les laborieux, la gauche esthétique peut s’occuper du plus important : rester au pouvoir.

Plus pour longtemps j'espère, mais pour être remplacée par quoi ?

Voilà ce que je dis, moi.

(1) Il en est beaucoup d'authentiques, mais des victimes, on a parfois l'impression qu'il en tombe de partout. Le plus curieux dans cette promotion de la « victime » en icône des dégâts et des cruautés du monde contemporain, c'est qu'on entend venir, aussitôt après l'appellation, l'exigence, devenue presque "naturelle", d'un « dédommagement » sonnant et trébuchant. Ce quasi-corollaire véhiculé par l'air de notre temps ne laisse pas que de m'interroger gravement. 

jeudi, 31 mars 2016

À PROPOS DE KAMEL DAOUD

Que nous dit le ping-pong médiatique, parfois verbalement violent, autour de Kamel Daoud et de sa tribune parue dans Le Monde daté du 5 février (intitulée « Cologne, lieu de fantasmes », et aggravée par un article paru peu de temps après dans le New York Times, que je n’ai pas lu) ? Reconstitution de la succession des épisodes. 

D’abord les faits. Un 31 décembre 2015, la place de la Hauptbahnhof de Cologne connaît une affluence record : une foule presque exclusivement composée d’hommes, passablement alcoolisés paraît-il, se rassemble pour fêter le passage dans la nouvelle année. Parmi eux, quelle proportion de gens basanés, maghrébins ou réfugiés du Proche Orient ? Cette information est difficile à établir, bien qu’il y ait un certain consensus parmi des gens raisonnables : une proportion non négligeable.  

Des femmes voulant traverser la place, d’un nombre qui a tendu à augmenter au fil du temps, se font entourer et isoler par des grappes viriles. Les mains se baladent, s’attardent sur les seins, sur les fesses, s’introduisent dans le soutien-gorge, dans la culotte : bref, ces messieurs se font des sensations à peu de frais. Y a-t-il eu des viols ? Il semblerait. Combien ? Difficile de savoir. Est-ce qu’un bilan général de l’événement a été dressé (avec les faits similaires qui se sont produits à Berlin, Hambourg, Vienne, Helsinki, où encore ?) ? Je n’ai pas cherché à savoir. 

L’essentiel, après les faits, reste en effet le texte de Kamel Daoud, un brûlot, aux dires de ses dénonciateurs. Je l’ai sous les yeux. Il est assez long pour occuper un peu moins des trois quarts d’une page du journal (il y a encore un dessin (1/4) et une publicité (en pied de page). Que lit-on de si répréhensible ? 

Je relève deux phrases : « L’Autre vient de ce vaste univers douloureux et affreux que sont la misère sexuelle dans le monde arabo-musulman, le rapport malade à la femme, au corps et au désir » et : « Le sexe est la plus grande misère dans le monde d’Allah ». Allez, une troisième, pour faire bonne mesure : « On voit le survivant et on oublie que le réfugié vient d’un piège culturel que résume surtout son rapport à Dieu et à la femme ». 

Le reste ? Cela commence par des considérations sur la place que les sociétés européennes font aux immigrés d’origine arabe, l’étroitesse de la place qu’elles sont prêtes à leur faire et sur le peu d’estime qu’ils manifestent à leur égard. Mais cela continue surtout sur de longs développements au sujet de ce qu’est la femme dans la société musulmane. Pour résumer brutalement : la femme n’appartient pas à elle-même, mais, corps et âme, à la société dans son ensemble. 

Ainsi : « Le corps de la femme est le lieu public de la culture : il appartient à tous, pas à elle ». Et plus loin : « Une femme est femme pour tous, sauf pour elle-même. Son corps est un bien vacant pour tous et sa "malvie" à elle seule. Elle erre dans un bien d’autrui, un mal à elle seule. Elle ne peut pas y toucher sans se dévoiler, ni l’aimer sans passer par tous les autres de son monde, ni le partager sans l’émietter entre dix mille lois ». Pour être franc, je n’ai pas tout compris et j’ai du mal à suivre le raisonnement de l’auteur et à discerner quel objectif il cherche à atteindre. Je me dis que toute la tribune de Kamel Daoud se situe dans un registre littéraire, lyrique, poétique. Ce n’est pas en journaliste qu’il aborde le sujet, mais en écrivain, en créateur de littérature : il a écrit Meursault, contre-enquête (prix Goncourt du premier roman, je crois, je ne l'ai pas lu). Il était journaliste, il déclare qu'il abandonne le métier. Il a peut-être raison.

Mais ce n’est pas comme écrivain ou poète que le considère le collectif qui a signé la réplique « Les fantasmes de Kamel Daoud », toujours dans Le Monde, le 12 février. Un collectif de dix-neuf personnes se présentant comme historiens, sociologues, anthropologues, politistes, auxquels se sont joints un journaliste et un philosophe. Que du beau monde ! De l'intello accroché à sa thèse comme un morpion à son poil ! Du sérieux et de l’universitaire comme s’il en pleuvait, pour bien faire nombre contre les assertions d’un détraqué isolé. 

Le papier n'est pas dénué de tonalités de haine, mettant curieusement dans le même sac Daoud, Rachid Boudjedra et Boualem Sansal. Sous un prétexte fallacieux : une fois transportés sur le sol européen, des propos que les polémistes considèrent comme légitimes (parce que minoritaires) sur le sol algérien deviendraient donc inacceptables parce qu'ils se mêleraient au chœur des loups majoritaires et islamophobes. Curieuse façon de tordre les mots. On a compris : les "intellos" en question font la police.

Ils sont tous d’accord pour le traiter de malade (comme les dissidents de l'URSS partaient en psychiatrie). Le coup classique de la mauvaise foi en argumentation : Kamel Daoud propose un regard peu amène sur certains aspects de la civilisation arabo-musulmane, c’est-à-dire un objet de réflexion sur une question d'ensemble ? Eh bien on va s’en prendre à sa personne (« ad rem » versus « ad personam ») pour la disqualifier. Ma parole, quelle volée de bois vert ils lui mettent ! Bizarrement, ils font remonter son papier au 31 janvier (je lis bien "5 février"). 

Que lui reprochent-ils ? De « racialiser ces violences sexuelles ». Je n’en reviens pas : les faits se sont-ils produits, oui ou non ? Leurs auteurs sont-ils d’origine maghrébine et orientale, oui ou non ? Ces universitaires militants sont manifestement dans la dénégation. Ce n’est pourtant pas la première fois qu’on entend parler de la frustration sexuelle et du machisme répressif qui règnent dans les pays arabo-musulmans. Il n’y a pas si longtemps, c’était en Egypte, où les femmes se plaignaient des mains baladeuses et des attouchements – quand il n’y avait pas viol – dans les transports en commun. 

Mais il est interdit, n’est-ce pas, de « racialiser », d’ « essentialiser », parce que ça « stigmatise » indistinctement toute une communauté. Il est interdit de « faire des amalgames ». Il n’y a qu’à voir les réactions qu’a provoquées Patrick Kanner, ministre de je ne sais plus quoi dans le gouvernement de Manuel Valls et François Hollande (si on peut appeler « gouvernement » le gloubi-boulga qui glougloute à la tête de l’Etat français) : pensez, il y aurait des « Molenbeek à la française » en puissance. Que l'assertion soit pertinente ou idiote, peu importe (en argumentation, l'analogie est une autre figure de la mauvaise foi). Je note juste que, illico, c’est la levée des boucliers de toutes les « bonnes âmes de gauche ». Scandaleux, monsieur Kanner !  

J’en conclus que nous sommes dans une sacrée nasse. D’un côté, l’islam, que tout nous porte à croire qu’il ne se fondra jamais dans la  « République Française » : comment voulez-vous que cette masse de gens caressés dans le sens du poil par les « bonnes âmes de gauche » (Edwy Plenel et son ahurissant Pour les Musulmans) se dissolvent dans la société française, la laïcité, la disparition de ses signes identitaires (donc religieux) ? Sachons-le une fois pour toutes : les Arabes qui se revendiquent fièrement musulmans, implantés en France, ne se sentiront jamais complètement français.

De l’autre, les appels de tous ceux qui craignent la montée d’un climat de guerre civile, qui est exactement ce que cherche à provoquer l’ « Etat islamique ». Faut-il nommer les choses comme elles sont, au risque de susciter des oppositions entre « communautés », qui risquent de déboucher sur la violence ? Faut-il rester aveugle sur la réalité au motif que la paix sociale est en jeu ? Nous n’échapperons pas au dilemme. Et sans doute au conflit.

Qu’on le veuille ou non, les musulmans sont installés en France et, pour beaucoup, y ont pris racine. C’est ce qu’on appelle une « situation » : impossible de changer les données. La France déguste les effets des cinquante années qui ont précédé : importation de main d’œuvre pour permettre à l’économie une croissance rarement (ou jamais) égalée, regroupement familial aux conséquences calamiteuses, abandon de l’idée d’assimilation au profit de « l’intégration », lâcheté des autorités municipales qui ont acheté la paix sociale en déléguant des responsabilités aux associations musulmanes, etc. Aujourd'hui, tout le monde serre les miches. Et je ne vous dis pas ce qui se passe quand le sphincter se relâche sous l'effet de la panique : ça pue.

Ma pente à moi me pousse sans aucun doute à nommer les choses, au risque de choquer les « bonnes âmes » et d’attiser les conflits. J'aime mieux prendre le risque de « stigmatiser » qu'euphémiser en refusant de nommer les choses : « Si les signes vous effraient, combien davantage vous effraieront les choses signifiées », dit Pantagruel à Panurge. Je ne vois pas pourquoi il faudrait à tout prix fuir le conflit. Seuls des gens qui n'existent déjà plus par eux-mêmes vivent dans la terreur du moindre conflit. Je me dis que ce sont de semblables « bonnes âmes » qui, en 1938, ont accepté Munich en croisant les doigts pour qu’il n’y ait pas la guerre. Résultat, comme disait Churchill (on remplace "déshonneur" par "lâcheté") : « Vous avez eu à choisir entre la guerre et le déshonneur ; vous avez choisi le déshonneur, vous aurez la guerre ». La guerre on l'a déjà. Je veux dire qu'on a déjà eu le déshonneur.

Je ne vois pas qui pourrait nous sortir de là. 

Voilà ce que je dis, moi.

Note : je mentionne deux autres épisodes de la polémique dont Le Monde s'est fait l'écho. Le 21-22 février, Kamel Daoud répond sur la même page à Adam Shatz, un "ami" qui lui fait des reproches et ne le comprend plus. Drôle d' "ami" en vérité : Daoud pourrait dire, comme je ne sais plus qui : « Seigneur, protégez-moi de mes aùmis, quant à mes ennemis, je m'en charge ». Une page dont les enjeux, tenants et aboutissants me passent largement au-dessus de la comprenette : je l'avoue, je n'ai pas compris ce qu'il fallait comprendre. Et le 27 février, c'est Michel Guerrin qui consacre sa chronique à la défense de l'écrivain algérien.

Dernière minute : belle plaidoirie de Paul Berman et Michael Walzer pour Kamel Daoud dans Le Monde daté du 30 mars. Il faut que ce soient des Américains qui s'y collent !

dimanche, 10 mai 2015

LES MECS, C'EST TOUS DES CONS !

I - 1 - Je ne sais plus pour quelle banque est faite cette publicité (France Inter), où l’on entend un fils faire la leçon à son père, juste parce qu’il n’est pas assez malin pour s’être rendu client, avec armes et bagages, de cette même banque. Le père croit que son fils lui manque de respect et le prend pour un vieux con, et quand il comprend l’histoire de la banque, il s’exclame soulagé : « Ah, j’aime mieux ça ». On comprend le message : les hommes sont lourds, épais, lents à la comprenette.

2 - Je ne sais plus pour quelle compagnie d’assurance-retraite est cette publicité (France Inter), où une femme tanne son mari pour qu’il s’abonne ici plutôt que là, et le pauvre mec, qui ne sait plus où il a mis les papiers, quand elle lui dit qu’on ne trouve les documents que « sur son "espace personnel" », en ligne, il se justifie pauvrement : « Ah, tu vois bien que j’oublie pas tout ». On comprend le message : les femmes sont subtiles et à la page. Les hommes ? Des benêts, des balourds, des empotés, des étourdis.

3 - Toujours sur France Inter, au moment de Pâques, publicité pour des chocolats. Pépé raconte au gamin l’histoire des cloches. « Mais non pépé, c’est pas ça l’histoire ». Suit le nom de la marque : « Et en plus c’est toi qui vas courir » (au magasin, évidemment). On comprend le verdict : les hommes sont des dinosaures, et les enfants leur font la leçon. Au passage, on entend aussi  le cri de guerre : à la poubelle les traditions et les histoires d'autrefois.

Synthèse : Il y en a d’autres, des publicités qui présentent les hommes comme des couennes, des nouilles, des buses. L’air du temps est imprégné. C’est très à la mode, le « male-bashing » (les mâles méritent une bonne dérouillée ; « male / female », l'anglais n'a pas de nos petites pudeurs langagières, je m'engouffre dans la brèche). Qu'est-ce que nous prenons, mes frères ! Si la publicité véhicule ces clichés, c'est que le "créneau" est "porteur". Je veux dire : la société est réceptive. Demandeuse.

II - Et en plus, quand ils ne sont pas plombés du bulbe, les hommes sont d'immondes salauds. Le 5 mai, Libération fait sa « H-une » sur le thème du harcèlement des journalistes femelles par les politiciens mâles. Il paraît qu’on appelle ça « sexisme ». Il paraît que le sexisme, eh bien c'est pas bien du tout ! C'est même très vilain. « La morale de cette histoire, C'est que les hommes sont des cochons ». Des cochons sexistes !

C’est  Libération qui le dit, dans un dossier de cinq pages complètes (mais avec photos grand format) ! Si j'ai bien compris, le sexisme, ça consiste à considérer les personnes de l'autre sexe comme étant de l'autre sexe. Dites-moi si je me trompe. Soit dit en passant, les féministes les plus enragées contre « l'ordre masculin » ne se privent pas de manifester un sexisme à l'état aigu. Il va de soi que ce sexisme-là est sanctifié. Il y a le sexisme HDL et le sexisme LDL. Le sexisme, c'est comme le cholestérol : il y a le bon et le mauvais.

Faut-il être un mâle niais, arriéré, demeuré (pléonasmes aux yeux de certaines) pour adhérer au mauvais sexisme ! Soyons modernes, nous clame la clameur. Etonnamment, le Manifeste des 40 journalistes femelles prend soin de préciser que c'est Françoise Giroud qui a inventé LA "Journaliste Politique", mieux à même, selon elle, de tirer les vers du nez de ces mâles qui font carrière en politique, grâce à son charme et aux efforts qu'elle fera pour soigner son apparence. Il fallait appâter le poisson.

C'est donc Giroud qui a inventé l'argument de la séduction dans les rapports entre journalistes et personnel politique (plusieurs de ces rencontres ont fini devant monsieur le maire - ou plus directement dans un lit). Moi je dis : qui s'y frotte s'y pique. Moi je dis : fallait pas y aller ! Car cette incitation à développer « ad libido » (pardon) tous les moyens de valoriser leur féminité ne les empêche pas aujourd'hui de hurler : 

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Le gros titre en une de Libé, le 5 mai.

Autrement dit, elles sortent la matraque du policier, parce que  le truc de la séduction est d'une merveilleuse efficacité. Autrement dit : on veut le beurre (professionnel, journaliste, si possible un scoop qui rapporte gros, dont la célèbre « petite phrase » est le modèle de base sacramentel) et l'argent du beurre (le mec, j'en fais ce que je veux, c'est moi qui commande). On fait les coquettes. On joue les Célimène, mais des Célimène punitives.

Pauvres hommes politiques : un certain Tantale, dans un mythe célèbre, avait connu pareil supplice. Avouez qu'il y a du sadisme dans l'attitude féminine. Avec cette histoire de devenir des appâts en faisant miroiter leurs appas, tout en refusant les effets totalement prévisibles de leur manège (c'est même fait pour ça), les femmes journalistes gagnent sur les deux tableaux. 

Très fort, très habile, très à la mode, et très pervers, en ces temps policiers : tout prendre sans rien donner. C'est peut-être ça, l'avant-garde du « combat pour les femmes » : se servir du désir masculin pour arriver à ses fins. Sauf qu'utiliser son corps pour gagner sa vie professionnellement, ça porte un nom, sur les trottoirs.

Je signalerai juste qu'une prostituée de métier, elle, paie vraiment de sa personne.  Et qu'il y a des chances pour que ce soient les mêmes effarouchées à la vertu outragée qui veulent, légalement, « pénaliser le client » et « éradiquer la prostitution ». Mot d'ordre et horizon de la démarche : chasser du corps du mâle le démon de la nature humaine (cf. L'Exorciste). On me dira qu'il n'y a pas de nature humaine. Moi je dis : ben si !

A ce propos, Caroline Eliacheff, le mercredi 29 avril, commençait sa chronique sur France Culture par une dénonciation du harcèlement sexuel : « 100 % des femmes ont été harcelées dans les transports en commun ». Je m’attendais déjà au pire. Caroline Eliacheff m’a très vite rassuré : bien qu’elle soit « présentable » (mon copain Yves dit : « Pas fatigante à regarder » ; mon collègue Alain, lui, disait plus subtilement : « Elle est "gentille" »), elle affirme n’avoir jamais été « harcelée ». J’aime mieux ça. C’est une femme raisonnable. 

Tout repose en effet sur la définition du mot « harcèlement ». Pour les féministes, le harcèlement commence, semble-t-il, au moment où un homme regarde une femme et lui fait comprendre qu’il la trouve jolie. C'est souvent primaire, reconnaissons-le. Mais que cela soit bien entendu, une fois pour toutes : c’est intolérable. Le gonze qui manifeste un intérêt pour une gonzesse, c’est un « lourd ». Un « macho ». Bref : un agresseur, qui a le tort de ne pas se crever les yeux au passage d’une jolie femme. Brassens est plus normal. Disons plus humain : « Mais faut dire que je m'étais crevé les yeux En regardant de trop près son corsage ».

Qu'on se le dise : de nos jours, le regard d'un homme sur une femme qui passe devant lui est en soi un agression, tout simplement. Pas pour toutes les femmes cependant : Libération du 6 mai mentionne, avec des pincettes et en se bouchant le nez (on est "degôche", n'est-ce pas), l'incongruité que constitue Sophie de Menthon (ci-dessous).

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Qui est choqué ? Qui la dame a-t-elle fait hurler ? Devinez.

 

Ah, on me susurre que la main accompagne souvent le regard ? On va dire que l’homme est un primate (ce qu’il est, en toute vérité zoologique, comme la femme), un rustaud, un mal-dégrossi, à équidistance du singe, du "Crétin des Alpes" et du paysan du Danube. Tout ça pour dire que c'est un anormal. Je ne crois pas me tromper beaucoup en voyant la Correctionnelle pas loin derrière. L’ « envie de pénal » a encore frappé. Reviens, Philippe Muray ! 

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Le "Crétin des Alpes".

Balzac en parle dans Le Médecin de campagne. Le docteur Bénassis s'en tire avec une déportation en bonne et due forme. Les féministes pourraient s'en inspirer, non ? Qu'est-ce qu'elles attendent ?

 

Selon la Publicité et les Féministes, l’air du temps est catégorique.

Au choix : les mecs sont des cons, ou bien des salauds. 

Et pourquoi pas les deux ? Façon "cumul des mandats" ? Ça aurait au moins un petit air "socialiste", non ?

Voilà ce que je dis, moi. 

mardi, 10 mars 2015

A BAS LES STEREOTYPES !

Il est urgent d’en finir avec les stéréotypes.

 

Les journaux dénoncent à longueur de pages cette ignoble verrue qui transforme le nez si typique de la République en ignoble appendice tuberculeux, avec laquelle on proclame en très haut lieu (François Hollande, Najat Vallaud-Belkacem et consort) que l'on va s'empresser d'en finir par les moyens les plus expéditifs. Il était temps.

 

On apprend, à la veille de Noël dernier (Le Monde daté 19 décembre 2014), que « la délégation aux droits des femmes du Sénat dénonce les jouets stéréotypés ». Et tout le monde (enfin presque) est d’accord pour appeler à la libération de l’infernal carcan qui enserre l’existence des femmes, des hommes et des animaux (« Les animaux sont des êtres humains comme les autres », disait la déjà défunte Brigitte Bardot) dans les hideux « stéréotypes sexués ». Plus personne (enfin presque) ne veut s’entendre rebattre les oreilles avec des petits garçons qui seraient faits pour les petites voitures et des petites filles pour les petites poupées.

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Le Monde, 19 décembre 2014.

Elles ont raison : il faut dénoncer.

On ne dénonce jamais assez : c'est un principe.

 

Il faut en finir une fois pour toutes – pour en finir une fois pour toutes avec la « domination masculine » (Pierre Bourdieu) – avec les stéréotypes de « genre », si possible dès la Maternelle, en inculquant dans les jeunes cerveaux le principe sacro-saint de l’égalité entre les garçons et les filles, par exemple au moyen d’un ABCD qui les prédisposera à admettre que les premiers ne sont pas supérieurs aux secondes (ce dont personne ne doute), et convaincra les secondes de ne pas se laisser faire (ce qui s'observe depuis quelques siècles). Grâce à Dieu, à la statistique et à la sociologie progressiste, la société remédie heureusement à cette maladie.

 

À la limite, ils pourront choisir leur sexe tout à fait librement, une fois arrivés à maturité (c'est bien connu : un destin cruel pesait jusqu'à présent sur les individus en les assignant à un rôle sexuel fondé sur la seule présence arbitraire entre leurs cuisses, à leur naissance, d'un petit cylindre de chair flasque ou d'une fente ouverte sur on ne sait quelles profondeurs obscures).

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Don Quichotte, au secours !

Il y a encore des moulins à vent à combattre !

Ah bon ? On vous fait bouffer de la musique contemporaine au-delà du raisonnable pour vous faire entrer dans le crâne que l’extrême dissonance et les intervalles les plus inouïs constituent le fin du fin de la cuisine musicale qui se concocte dans les laboratoires de la modernité (ils appellent ça, sans doute, la « mélodie » d’avant-garde, voir ici même du 24 février au 4 mars) ?

 

Eh bien de la même façon, on vous gavera, à longueur de médias, à profondeur de journée, à hauteur d'homme et à épaisseur d'esprit, de l’idée que la France se doit d’instaurer la parité intégrale des hommes et des femmes, dût-on pour y parvenir triturer en tout sens la carte électorale et révolutionner le mode de scrutin : si la société tarde ou résiste, le coup de force légal (juste un nouveau règlement administratif) y pourvoira. L'abolition des stéréotypes, tout comme celle des privilèges, un certain 4 août 1789, « sera le genre humain » : elle est d'ores et déjà sur la bonne voie. Même si, y compris parmi les abolitionnistes, semblent se manifester quelques résistances.

 

Rien de mieux en effet, pour se convaincre qu'il subsiste des obstacles à la disparition des stéréotypes sexués, que d’assister, le 8 mars (avant-hier), à la manifestation qui a eu lieu place Bellecour à Lyon, pour célébrer la journée internationale du droit des femmes, et qui prétendait illustrer brillamment, spectaculairement et fastueusement la fin des stéréotypes, comme on le constate ci-dessous.

FEMINISME 9 MARS 2015.jpg

(Le Progrès, 9 mars 2015) 

 

C'est-y pas mignon ! Elles adhèrent toutes au PS ? Ou bien à la Manif pour tous ? Faudrait savoir.

FLAMANT ROSE VOL.jpg

D'un côté, les femmes en rose !

 

LOGO SAMSE.jpg

De l'autre, les hommes en bleu !

 

DRAGEES ROSES.jpgLes fabricants de dragées de baptême ont encore deDRAGEES BLEUES.jpg beaux jours devant eux ! C'est à la Manif pour tous qu'on doit bien rigoler !

 

 

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

dimanche, 25 janvier 2015

CHRISTINE ANGOT A LA HAINE 1/?

Quelqu’un qui se fait appeler Scarlett a laissé un commentaire ici même il y a quelques jours. Pour résumer, elle me traitait de « patate ». Je me suis dit aussitôt que le mot n’était guère aimable à l’égard du tubercule (famille des solanacées, à laquelle appartiennent, entre autres, le tabac, le datura et l’aubergine) : je suis bien moins appétissant dans l’assiette. Je réussis cependant assez bien le gratin « dauphinois » (les guillemets à cause du gruyère, il paraît que c’est hétérodoxe).

 

La moutarde est montée au nez de la charmante personne en lisant les propos dont je gratifiais une de ses idoles, en la personne de Christine Angot. Pas même la personne : le personnage qui se présente comme écrivain. J’admets que les mots pouvaient être interprétés de façon désobligeante. Je comparais en effet cet « écrivain » à un fruit qui se serait trompé d’arbre. Tout ça pour dire que la littérature sortie de la plume de la dame n’est pas précisément « ma tasse de thé ». Et après tout, la liberté d’opinion n’est pas un vain mot. J’espère.

 

LASCH CHRISTOPHER CULTURE NARCISSISME.jpgJe suis d’ailleurs effaré de l’écho rencontré par les livres de la dame : faut-il que la magistrale analyse proposée par Christopher Lasch ait été prémonitoire. Pensez que son génial La Culture du narcissisme (Climats, 2000, préface de Jean-Claude Michéa) a été publié en 1979 aux Etats-Unis. A croire que Lasch avait anticipé dès cette époque la mise en devanture des livres de madame Christine Angot.

 

Il a même intitulé le premier chapitre de son livre « L’invasion de la société par le moi ». Ce titre, ça fait un peu "pan dans la gueule" : la peste soit du moi, en vérité, si c'est pour tomber dans la bouillasse et la platitude la plus triviale. En gros et pour aller vite, il pensait que cette invasion n’était pas de très bon augure (c'est le moins qu'on puisse dire) pour un diagnostic sur l’état moral, culturel et psychologique futur de la civilisation en général et en particulier de nos sociétés américanisées.

 

En France, il se passe en littérature contemporaine ce qui s'est passé ailleurs : en musique, décrétons que tous les sons possibles et imaginables, bruits compris, sont musicaux. En arts plastiques, décrétons que tout le réel est artistique. En littérature, Angot illustre à merveille la tendance : décrétons que tout le déroulement de la vie quotidienne d'un individu lambda (raconté, s'il vous plaît, par un auteur qui porte le même nom que le narrateur) est littéraire. En l'occurrence, cela donne, avec Christine Angot, des conversations de dames pipi.

 

Je ne veux pas savoir qui a eu l'idée foireuse d'ériger ça, très pompeusement, en « autofiction ». Foireuse, l'idée : « ... comme dict le proverbe : "A cul de foyrard toujours abonde merde"» (Gargantua, IX).

 

Mais ce n’est pas cette « littérature » vantée par Angot (involutive dans sa platitude jusqu’à la saturation de l’exaspération)  qui m’occupe ici, bien que l’auteur ait quelques peccadilles à se reprocher. « Peccadilles » est même inscrit dans son casier judiciaire, depuis sa condamnation pénale (à deux reprises) pour s’être acharnée à faire des livres de vautour en pillant, vampirisant et s’appropriant la vie privée d'une dame qui a eu le malheur d'être l' « ex-femme de son nouveau compagnon » (dixit l’encyclopédie en ligne). Sans que la moindre question morale lui effleure la conscience. George Orwell appelait ce sens moral la « common decency ». Jean-Claude Michéa traduit la formule par "décence ordinaire". Mais Christine Angot a d'autres chats à fouetter.

 

Si elle s’était contentée de continuer à éplucher ses patates (voir plus haut), je l’aurais laissée dans sa cuisine. Mais voilà, elle ne s'est pas contentée. Voilà qu'elle se mêle de littérature. Voilà qu'elle se pose en juge. Voilà qu'elle décrète ce qui est littéraire et ce qui ne l'est pas. Tout ça parce qu'elle ne peut pas encadrer les romans de Michel Houellebecq. Et dans Le Monde, s'il vous plaît. Elle n'aurait pas dû. Et pour faire bonne mesure, Le Monde (des livres, 16 janvier) fait figurer le libelle de Christine Angot dans un dossier intitulé "Ecrivains contre la terreur". Je trouve la plaisanterie de très mauvais goût.

 

Je vais encore me faire traiter de sale macho sexiste. Patriarcal. Réactionnaire. Archaïque. Bourré de stéréotypes. J'assume d'avance. Tiens, dites-moi de qui est ce vers : « Je fume au nez des dieux de fines cigarettes ». Gogol vous donne la réponse en 0,28 seconde. A condition de connaître le vers en question.

 

« Au nez des dieux », j'insiste.

 

Voilà ce que je dis, moi.