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lundi, 05 février 2018

LI-BÉ-REZ ! LA-PA-ROLE !

La façon dont certaines expressions se mettent à courir d'une bouche à une oreille, et puis de proche en proche de toutes les bouches à toutes les oreilles, a quelque chose de mystérieux, d'imprévisible. Regardez ce qu'il est advenu de "la libération de la parole" : une drôle de trajectoire, quand on y pense.

Si je me souviens bien, la première floraison médiatique de l'expression remonte au si judicieux débat que Nicolas Sarkozy avait cru bon de lancer pour définir une fois pour toutes ce que c'est que "l'identité française", donc entre 2007 et 2012. Je me rappelle avoir entendu, dans la bouche du journaliste de service, forcément bien intentionné, dire que le lancement, par un président malavisé, de ce grand débat national, avait "libéré la parole raciste". Et que le débat avait agi comme un électrochoc sur les couches les plus "réactionnaires" de la population (c'est ensuite qu'on avait entendu, dans les meetings du Front National, scander ces vibrants « On est-chez-nous ! On est-chez-nous ! »).

Résurgence de l'expression sous François Hollande, quand ce tout petit monsieur nous avait fait "le coup du père François", armé de sa contondante et haineuse Christiane Taubira : la loi ouvrant tout grand les bras de l'antique institution du mariage à la clientèle homosexuelle (entre parenthèses, on traitait Sarkozy de "clivant", mais dans le même genre, Hollande-Taubira, ce monstre à deux têtes, avait montré qu'il était capable de cliver autant, si ce n'est davantage). Le journaliste habituel, toujours avide de ces formules appelées à un bel avenir de stéréotype, avait lancé la notion de "libération de la parole homophobe". 

Plus récemment, c'est un individu un peu plus louche (lié semble-t-il au ministère de l'intérieur) qui avait lancé une association intitulée "La parole libérée", censée regrouper tous les anciens enfants dont des prêtres catholiques étaient supposés avoir plus ou moins abusé dans des temps déjà un peu anciens. Sur la lancée de la dénonciation des agissements du père Preynat (ne pas confondre avec le "Père peinard"), un certain nombre d'anciennes victimes de prêtres pédophiles se sont manifestées, déposant des plaintes plus ou moins fondées, certaines carrément farfelues ou injurieuses (je pense à l'estimable père B., le même qui officiait à Saint-Denis à la Croix-Rousse). Le journaliste formaté avait longuement fait écho à "La Parole Libérée". 

Enfin, la petite dernière venue, mais pas le moins croustillant des membres des "Libérations-de-la-parole", cette famille de plus en plus nombreuse et bigarrée : la moitié de l'humanité. J'ai nommé "La Femme", du moins celle qui porte plainte contre "L'Homme" (ça réduit déjà le champ d'application), ce porc immonde qui a l'audace de désirer des personnes désirables, et qui se débrouille pour le leur faire savoir. A noter que les dites personnes ont préalablement abattu, librement et sans y être forcées, bien de la besogne pour se donner une apparence agréable et attirante.

Oui, ils sont patauds, importuns, lourdauds et tout ce qu'on veut. Ils sont primaires (« rustres, agrestes et grossiers », faisait dire Claudel à ceux qui allaient brûler Jeanne à Rouen) et manquent de la plus élémentaire subtilité quand ils s'efforcent d'approcher les innombrables Célimène qui passent dans leur champ de vision. Ceux qui dépassent les bornes sont-ils la monnaie la plus courante ? Pour parler franchement, j'ai du mal à le croire. Les pimbêches et les allumeuses méritent-elles qu'on leur coure après ? Qu'importe : l'histoire retiendra cette expression digne d'être gravée dans le marbre : La Libération de la Parole des Femmes. 

Drôle de parcours quand même pour une drôle de formule très vite devenue toute faite. Bientôt un néo-stéréotype qui se sera longuement baladé : des racistes aux femmes, en passant par les "homophobes" et les pédophiles. Ce serait drôle si ce n'était pas si moche. Mais un stéréotype comme neuf, comme James Bond après une vache bagarre : en pleine forme, costume et mise en plis impeccables et pas une égratignure. 

Bon courage aux linguistes du futur pour reconstituer la logique de l'enchaînement. Je note quand même que la formule est passée du camp du Mal au camp du Bien. La porte sur le Mal a été heureusement refermée. Et tout sera fait pour qu'elle le reste, soyons-en sûrs. Accessoirement, je note aussi que, des racistes et des "homophobes", autrement dit du camp des méchants et des coupables, la "parole libérée" a migré vers le camp des victimes. 

Ouf, on est rassuré : la morale est sauve. Justice est faite !

La seule question que je me pose est, à présent : « Où y a-t-il encore des paroles à libérer ? ». Dépêchez-vous, Paroles Prisonnières, de vous signaler : le créneau est porteur, mais pour combien de temps encore ? Il y a des marchés à prendre, mais cela durera-t-il ?

lundi, 09 janvier 2017

LA GAUCHE COSMÉTIQUE 1

1/3 – La gauche esthétique.

Je dois être singulièrement bouché ou infirme de la comprenette. Voilà-t-il pas un commentateur politique qui, étudiant les affiliations politiques des jeunes (de tel âge à tel âge), déclare qu'une partie (sur quatre) rejoint les réacs, dont le chef de file s'appelle, d'après lui, Jean-Claude Michéa. Jean-Claude Michéa, un réac ! J'avoue que sur le moment, ça m'a bien fait rire. Pour quelle raison ? Je crois que, dans le fond, elle est assez claire.

Je commencerai par une remarque de vocabulaire : tous les journalistes, commentateurs et politiciens ont à la bouche la phrase de Camus : « Mal nommer les choses, c'est ajouter aux malheurs du monde », mais aucun d'eux ne peut s'empêcher dans la phrase suivante d'ajouter aux malheurs du monde en posant de mauvais mots sur les choses. Ainsi du mot "réac", qui fonctionne aujourd'hui comme une insulte réduisant son destinataire à une pauvre petite chose idéologique, indigne de considération.

Pour répondre plus sérieusement à la question que je me suis posée, je dirai que, de façon insistante, Michéa, au fil de ses ouvrages, s'en prend en effet au mythe du progressisme sociétal. Il part d’une observation originale : les gens dits « de droite » (tenez, au hasard, François Fillon) sont rigoristes en matière de mœurs, mais favorables aux privatisations et à la dérégulation totale de l’économie. Ici la contradiction est directement perceptible : laisser-faire (« libérer les énergies », comme dit Pierre Gattaz) d’un côté, pérennité de traditions et d’interdits de l’autre (« fais pas ci fais pas ça », comme dit Jacques Dutronc).

L’IndiviDieu.

Les gens qui se proclament « de gauche », tout au contraire, voudraient encadrer la vie économique dans des lois et règlements, mais déréguler totalement les mœurs pour laisser libre cours aux désirs des individus. Ils se sont mis à promouvoir une démarche indéfiniment « progressiste et émancipatrice » : accroissement permanent des droits des individus, épanouissement personnel, accomplissement de soi-même,  et autres fables dans l’air du temps, fondées sur la conviction que les perspectives d’émancipation sont sans limite. Ce n’est même plus d’individu qu’il faut parler, mais d’IndiviDieu, sur le moindre désir duquel est façonnée la loi. C’est du sur-mesure.

Mais la contradiction, ici, est plus étrange. C’est en effet Margaret Thatcher qui, avec Ronald Reagan, a impulsé la "révolution financière" de l'économie, et remis en selle l'extrémisme capitaliste tel qu'il tyrannisait le petit peuple dans la deuxième moitié du XIX°siècle, qui déclarait qu’elle ne savait pas ce qu’était un « peuple », et qu’elle ne connaissait que des « individus ». L’ultralibéralisme ignore en effet ce qu’est une société : il n’existe pour lui que des collections d’individus. Cela tombait bien : la « gauche » s’est emparée du concept en l’appliquant cette fois à l’univers des mœurs. La contradiction (disons l'hypocrisie) ici consiste à adopter pour promouvoir une idée l'arme idéologique de l'adversaire que l'on combat.

Cette contradiction, partagée au fond par les tenants de la "gauche" et de la "droite", quoiqu'en sens inverse, est allègrement portée et colportée sans être vue comme telle par ceux qui la professent.

Or Jean-Claude Michéa (par exemple dans L'Empire du moindre mal) ne fait que mettre le doigt sur un manque évident de cohérence : comment peut-on sans se contredire condamner et combattre le libéralisme quand il s'agit d'économie, et en faire un éloge sans nuance en matière de mœurs ? A l'inverse, comment peut-on sans se contredire laisser financiers et actionnaires faire la loi, et prêcher en matière de mœurs un conservatisme rigoriste ? Il n'y a guère que les libertariens américains qui soient cohérents, puisqu'ils voudraient voir disparaître l'Etat régulateur en même temps qu'ils laissent aux individus toute liberté de mode de vie.

J'ai déjà dit (par exemple ici, ou ) que d'une part, selon moi, il n'y aura un minimum de justice sociale que sous la protection des lois et de l'Etat régulateur, mais que d'autre part tous mes désirs (avoir un enfant, m'envoyer en l'air, etc.) ne me donnent pas tous les droits. Tous les désirs ne sont pas légitimes du seul fait qu'on les éprouve, sinon il faudrait remettre en liberté séance tenante tous les pédophiles, violeurs, etc. Le point de cohérence de cette conception, c'est la notion de limite : il existe des limites qu'il n'est pas bon d'outrepasser. Mieux : il existe des limites qu'on n'a pas le droit d'outrepasser. Non, tout n'est pas permis, qu'on soit un Etat, une entreprise ou un individu. C'est une morale si l'on veut. C'est un choix anthropologique. C'est aussi ce qui fait de moi (et de quelques autres, heureusement) une anomalie politique, puisque cela me définit comme étant de "gauche-droite".

La gauche s'est mise à colporter ce mythe du progressisme sociétal le jour où elle s'est rendue à l'ennemi en rase campagne, en abandonnant toute perspective de progrès social (ne parlons même pas de perspective révolutionnaire, ça fait longtemps que). Le progrès social, qu'est-ce que c'est ? C'est une société qui chemine vers plus de justice, c'est-à-dire vers une diminution des inégalités au moyen d'une redistribution plus équitable des richesses produites. A cet égard, je suis resté obstinément attaché à la gauche aussi solidement que le byssus ancre la moule à son rocher.

Or à cet égard, rien ne va plus. Comme le disent quelques économistes (Thomas Piketty dans son Le Capital au XXI°siècle, ou Daniel Cohen), le tsunami des inégalités de revenus a tout emporté sur son passage : 1% de la population américaine a capté 50% de la production des richesses dans les trente dernières années. Pendant ce temps, les working poors se multiplient dans les pays développés (huit millions en France, chiffre INSEE). Que propose le Parti socialiste, cette salle des pas perdus qui incarna, paraît-il, les idéaux de gauche ? Et qu'a-t-il fait pour remédier à ce problème intolérable ? Rien.

Putasserie socialiste.

La véritable putasserie qui fait de la soi-disant gauche une monstruosité morale et idéologique, c'est qu'elle s'est livrée à un tour de passe-passe inouï (un véritable "coup de bonneteau"), quand elle a supprimé de son programme le progrès social pour y substituer le "progrès sociétal", une immondice en même temps qu'une imposture et une trahison, et qu'elle a cessé de prendre la défense de ceux qui sont dans la nécessité de travailler pour vivre (c'est-à-dire pas tout le monde, mais pas loin). Du coup, elle a détourné les yeux de la basse réalité, c'est-à-dire de la montée irrésistible de la pauvreté. Les socialos s'écrient, comme Jean Gabin dans La Traversée de Paris : « Salauds d'pauvres ! ».

Qu'est-ce qu'elle dit, cette gauche sociétale ? Elle enfume. En déclarant qu'elle accepte la société de marché, la soi-disant gauche s'est inclinée devant la loi du marché, vous savez, cet autre nom de la loi de la jungle. La gauche cosmétique a capitulé devant le capital. Pour la faire taire, le capitalisme financiarisé lui a laissé un os à ronger : le "progrès sociétal", une marchandise bourrée d’un fort potentiel d’innovation, pour qu'elle la boucle sur l'essentiel : la conservation de l'ordre marchand, priorité absolue de ceux qui détiennent la richesse et refusent de la partager. C’est à cette condition que le capital a laissé la « gauche » gouverner.

Ayant ainsi vendu son âme, c'est devenu une gauche purement esthétique et cosmétique. Sa seule ambition (du « changer la vie » de François Mitterrand au « le changement, c'est maintenant » de François Hollande) fut désormais de repeindre les boiseries et de changer les papiers peints, sans toucher aux fondations, ni même modifier l'architecture en quoi que ce soit. Son seul discours devint un pur baratin baratinant. Ce fut la gauche baratineuse.

Parmi toutes les hautes figures de faussaires engagés sous la bannière du Parti Socialiste, le plus brillant représentant fut indéniablement Jack Lang, figure indépassable de l’abjection et de la pourriture politiques, qui finit ses jours dans l'orgueilleuse opulence des dignités octroyées.

Voilà ce que je dis, moi.

mardi, 07 juillet 2015

CATHOLIQUE ET FRANÇAIS

J’ai tenté voilà quelque temps (4 mai dernier) d’expliquer comment on peut être à la fois de très-gauche et de très-droite. Très-gauche pour tout ce qui est répartition des richesses et réduction des inégalités, très-droite pour tout ce qui concerne la vie des gens dans la société. Je me demandais (en réalité, je faisais semblant, parce que) comment c’était possible. Et j'avais l'impression d'être un peu seul, très bizarre et carrément anormal. Rafael Correa vient de m’apporter un soutien de choix et la caution de son prestige. 

Rafael Correa est président de l’Equateur. Je ne connais de lui ni maille ni mie. Je sais juste qu’il a reçu le pape François le 5 juillet. Un dimanche. Une messe monstre doit être célébrée aujourd'hui. Et voici ce que Correa déclare à cette occasion : « Je suis très progressiste en matière économique et sociale, très conservateur sur les sujets de société ». Bon sang mais c’est bien sûr !  On peut donc être, à la fois, "conservateur" et "progressiste". Je n'utiliserais pas ces mots, mais l'idée est là.

RAFAEL CORREA 7 JUILLET 2015.jpg

C'est ainsi qu'est présenté Rafael Correa, président de l'Equateur.

Eh oui, c’est sûrement ça : je suis catholique, et je ne le savais pas ! Je ne dis pas ça parce que j’ai la foi – si je l'avais, je le saurais, j'aurais été informé –, mais à cause de l'article publié par Le Monde (daté 7 juillet) au sujet du président de l’Equateur. J’appartiens sûrement à ces « catholiques zombies » qui ont, selon Emmanuel Todd, parcouru les artères des villes de France le 11 janvier (encore un dimanche, tiens !). 

Et pourtant non : je n’ai pas marché dans les rues de Lyon le 11 janvier, monsieur Todd. J’ai été impressionné, ça oui, par la masse de ceux qui ont marché, par le silence, aussi, qui a marqué le défilé lyonnais, pas de banderoles, pas de revendications ! Mais je n’ai pas marché. Ne me demandez pas pourquoi : j’étais en deuil de Cabu et de quelques autres. Ça ne peut pas se partager.

Et pourtant, si je pense aux dernières trouvailles « sociétales » qui passent pour des « progrès », des « avancées démocratiques » décisives, dans la direction d’un parfaite « égalité » entre les individus (mariage homo, ventres féminins à louer, …), obtenus de longue lutte par les abrogateurs frénétiques des « discriminations », des « racismes », des « stigmatisations », je suis obligé de l’avouer : je suis catholique. Même si ce n’est pas vrai. 

Voilà, je suis d’accord avec le président Correa, même si je ne confesse pas sa foi. Je respecte une certaine rigidité en matière de mœurs, j’éprouve de la révolte devant la montée des inégalités économiques et sociales. C’est tout, mais ça me fait plaisir de me sentir moins seul. 

Et au sujet des inégalités, je dirai ceci : d'abord qu'il y en a de deux sortes. Les plus cruciales, qui conditionnent tout le reste, sont les inégalités économiques et sociales. Toutes les autres (inégalités multiples), par rapport à ça, c'est de la roupie de sansonnet.

Je me rappelle ce petit bouquin par lequel Pierre Rey achevait sa psychanalyse, Une Saison chez Lacan. Sa dette chez le maître était montée à haute altitude. Son insolvabilité devenue trop inconfortable, il décida d'écrire un best-seller. L'argent qu'il se mit à gagner lui permit de solder toutes ses dettes, et même au-delà. Il en avait tiré cet enseignement : les gens riches sont plus libres que les gens pauvres. Plus un monde sera inégalitaire, plus il favorisera la violence. C'est mon opinion, et je la partage. 

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Je suis moins préoccupé par l’établissement d’une égalité parfaite entre les citoyens jusque dans les moindres recoins de l'existence sociétale, que par la résurgence incroyable des inégalités économiques et sociales, parfois abyssales. J’ai moins la passion de l’égalité en toutes matières que je n’éprouve la rage devant les inégalités triomphantes qui s’affichent de plus en plus « décomplexées » et arrogantes, au gré des démissions de plus en plus empressées et serviles des pouvoirs politiques devant les pouvoirs économiques et financiers. 

Voilà le secret de la chose. Si je peux me revendiquer catholique par un attachement à la tradition dans laquelle j’ai grandi, ce n’est pas par amour de l’égalité, mais par haine des inégalités indues, injustes, injustifiées, intolérables. Et je suis révolté par le fait que les luttes sociales aient disparu, au profit des seules « luttes sociétales ». Pour le plus grand plaisir des puissants, qui se disent : plus il y aura de ces luttes sociétales, plus on oubliera que nous existons. C’est excellent pour nos affaires. 

Les homosexuels, les féministes, les musulmans devraient réfléchir à ça, plutôt que de s’exalter pour le triomphe idéologique du minoritorat (excusez ce néologisme inélégant, qui voudrait traduire le pouvoir de nuisance acquis par toute minorité « opprimée »). Quelle merveilleuse manœuvre de diversion ! Quel beau rideau de fumée ! Quel magnifique bouclier humain se sont constitué là les puissants ! Ils se frottent les mains : plus on verra « les associations » lutter pour davantage d’ « égalités », plus ils pourront dormir sur leurs deux oreilles. 

Militants homosexuels, militantes féministes, militants islamiques ou noirs, tous ces combattants-pour-les-droits, ulcérés des « discriminations » et « stigmatisations » qu’ils disent qu’ils subissent, me font l’effet d’enfants gâtés, de gosses de riches, gavés de jouets dont ils ne savent plus que faire, à qui des gens très malins et très calculateurs sont ravis de refiler des hochets qui détournent l’attention du public de l’essentiel (business, Davos, paradis fiscaux : les affaires sérieuses, quoi). 

Car pendant ce temps, les vraies inégalités prospèrent, s’accroissent, se multiplient et s’aggravent. Elles caracolent là-bas, très loin hors de notre vue. Et il y a fort à parier que, plus elles caracoleront, plus les puissants verront d’un œil favorable les appels à combattre l’homophobie, le sexisme, le racisme ou l’islamophobie. 

Une façon d'aller vers la guerre. Et peut-être de la souhaiter.

Voilà ce que je dis, moi.

samedi, 04 avril 2015

HOUELLEBECQ PAR NOGUEZ

2/2 

HOUELLEBECQ1 2003 NOGUEZ.jpgAlors maintenant, à part ça, le bouquin de Dominique Noguez, Houellebecq, en fait, vous me direz ? Deux ingrédients : des pages d'un journal et des réflexions sur l'œuvre. D’abord les pages concernant Michel Houellebecq, extraites du journal tenu par l’auteur de 1991 à 2003, entrelardées de textes écrits par l’auteur pour la défense de l’écrivain, envoyés aux médias ou destinés au tribunal. Des lettres aussi qu'il lui a adressées. Ensuite, deux études : l’une sur le style houellebecquien, l’autre intitulée « Michel Houellebecq est-il réactionnaire ? ». En gros, quatre parties. 

Disons-le, l’étude du style m’est tombée des mains : un relevé énumératif consciencieux des tournures, formules, termes favoris de l’écrivain. Même si tout est juste et bien observé, c’est tout à fait indigeste, comme un découpage de cadavre à la morgue. Que celui qui est allé à l'école lise ! Comme l'écrit Alfred Jarry dans le "Linteau" des Minutes ... (qui, j'imagine, n'a pas de secret pour Noguez) : « ... car il n'y a qu'à regarder, et c'est écrit dessus ».

L’étude sur le « réactionnaire » supposé est en revanche intéressante, montrant que le concept est brumeux et marécageux à souhait, et qu'il fonctionne comme certains bars, où l'on signale au client : « Ici on peut apporter son manger ». Noguez donne trois ou quatre listes de gens peu recommandables, qualifiés successivement de « réactionnaires » par Daniel Lindenberg (Le Rappel à l'ordre) et quelques autres après lui : certains voisinages sont pour le moins étranges ou inattendus. Si "réactionnaire" est un concept, ce qui n'est pas sûr, il est singulièrement élastique, plastique et déformable dans toutes les sauces idéologiques. Pour autant, l’analyse est-elle efficace ? Peut-elle servir à quelque chose ? Pas sûr. 

Les « éléments » du langage mouliné en permanence par les médias privatisés (qui ont contaminé les chaînes publiques, que plus grand-chose n'en distingue) se moque allègrement de ce qu’on appelait autrefois la « justesse des termes » (cela s’appelle aussi la « rigueur intellectuelle »). Le média spectaculaire régnant (la télévision) se contente de la vitesse et de l'éclat de l’expression, au mépris de son poids, de son exactitude et de sa profondeur. La catastrophe « Philippe Sollers » a triomphé. Briller est un impératif. 

Je crois, monsieur Noguez, qu’il ne sert à rien de définir le mot « réactionnaire » : tout le monde s’en fout. Son rôle est de servir de flash (de piquouse), d’étiquette, d’identifiant immédiat, de blason, d'étendard, voire de mot de passe. Bientôt peut-être de lieu de détention.

C’est la tâche de purification lexicale assignée par les tenants de la nouvelle « bien-pensance » (p. 252) à quelques projectiles fabriqués spécialement à l'intention des survivants de l’esprit critique et de la liberté de penser (qu’il suffit, pour les disqualifier, de désigner « facho », « macho », « réac », « sexiste », « homophobe », et j’en passe). S’attarder sur le contour du mot « réactionnaire », je vais vous dire, c’est du temps perdu. Dans un duel arme au poing, l’explication rationnelle et argumentée est programmée pour échouer. 

Dominique Noguez est écrivain. Je n’en doute pas. Pas plus qu’il ne doute des qualités de son livre Les Derniers jours du monde. Je dirai ce que j’en pense quand je l’aurai lu. Mais, comme Daniel1, le personnage de La Possibilité d’une île, il est foncièrement honnête (bien que j'ignore l'extension sémantique exacte du mot "foncièrement" dans ce contexte) où on lit : « ... j'étais, par rapport aux normes en usage dans l'humanité, d'une honnêteté presque incroyable » (p. 400), phrase qui sonne a posteriori comme une déclaration de théorie littéraire.

Car Houellebecq lui-même est honnête, en ce que ses livres ne se racontent pas d'histoire. Etonnant comme ses fictions romanesques semblent porteuses d'une vérité très nue, presque écorchée (peut-être ce qui le rend insupportable aux yeux de beaucoup). Houellebecq déclare ainsi à Frédéric Martel : « Je connais les réponses simples, celles qui vous font aimer de tous (…) ; si je ne les emploie pas ce n’est pas par provocation, mais par honnêteté » (cité p. 252). Noguez est donc honnête : il reconnaît que Houellebecq est un plus grand écrivain que lui. Il n’est pas jaloux. Il a au moins ce mérite, et cela m’incite à aller y voir de plus près. 

Il écrit d’un roman de M. H. (Extension du domaine de la lutte) : « Après trois lectures, je tiens que ce roman est un des plus grands d’aujourd’hui. Je dis bien "d’aujourd’hui". Je n’en vois pas en effet qui disent mieux un certain nouvel air du temps – du temps social et économique – que celui-là » (pp. 29-30). Il écrit ça en 1994, c’est-à-dire avant Les Particules élémentaires, avant La Carte et le territoire. Je regrette quant à moi de l’avoir lu après ces deux livres, beaucoup plus forts et accomplis, auprès desquels Extension … fait un peu pâle figure, tout en tenant fort bien son rang : l’univers maintenant bien connu de l’auteur est déjà pleinement présent. 

Noguez, tenant son journal, montre donc qu'il est intervenu en faveur de Michel Houellebecq, dans la presse comme critique, au tribunal comme témoin de la défense. Il lui écrit aussi des lettres, où il note ses impressions de lecture, par exemple sur Les Particules …. 

Le procès intenté contre l’auteur de ce roman à parution ajoute au ridicule du motif le contradictoire de la chose : un directeur réclamant l’anonymat pour le camping qu’il dirige reproche à M. H. de donner des informations qui permettent de le reconnaître et situer. Evidemment, l’action en justice donne une publicité énorme à ce qui serait resté inaperçu et cru fictif s'il avait fait le mort. Conclusion de Noguez : « Cela ressemble fort à une opération publicitaire faite sur le dos de la littérature » (p. 62). Auguste en personne aurait dit « tout juste ». 

Le procès intenté par Dalil Boubakeur, de la grande mosquée de Paris, suite à la publication de Plateforme, est plus crucial et plus révélateur. Houellebecq islamophobe ? Et alors, quand bien même ? Ne pas aimer l'islam est un droit, que je ne me prive pas d'exercer pour mon propre compte, moi qui suis, de façon générale, religio-incompatible. Noguez écrit : « Avoir un avis sur les religions, préférer l’une à l’autre ou les rejeter toutes relève de la liberté d’expression la plus élémentaire dans une démocratie comme la nôtre » (p. 211). Je ne peux qu’approuver. J'irais même volontiers plus loin, jusqu'à paraphraser Lino Ventura dans Les Tontons, à propos de Claude Rich, le petit ami de sa protégée : « ... il commence à me les briser menu ». 

Et Noguez de rappeler que M. H. n’est pas le premier à traiter l’islam de « religion la plus stupide », avec des citations de Montaigne, Pierre Charron, Pascal, Spinoza, Tocqueville, etc. (p. 210). Voltaire n’a-t-il pas écrit une pièce de théâtre intitulée Le Fanatisme ou Mahomet le Prophète ? Jusqu’au respectable Claude Lévi-Strauss qui y voit « une religion de corps de garde » (p. 211, ce que l’actualité nous confirme tous les jours). 

Là où j'ai le grand plaisir de me retrouver en bonne compagnie, dans ce livre, c’est chaque fois que Dominique Noguez aborde la question de la « bien-pensance » et de l’ambiance policière qu’elle tend à instaurer dans le monde de la pensée, de la création et de l’expression, amalgamant sans sourciller des actes répréhensibles ou délinquants et des personnages éventuellement déviants, mais pures créatures fictives. Noguez se paie en passant Claire Brisset, la « Défenseure » (!) des enfants, « une folle avérée » (p. 176, mais il ne la nomme que trois pages plus loin – par prudence ? –, je précise que c’est moi qui interprète) : certaines formules font du bien, c’est sûr. Du coup, on se sent moins seul. 

Là aussi où j’ai l’impression de trouver une « tribu » où je puisse me sentir un peu moins mal dans mon époque, c’est en apprenant que Dominique Noguez a donné une conférence intitulée « Le livre sans nom » (BNF, 15 décembre 1999), qu’il évoque dans la note 48 (p. 165)  : « J’y donnais, comme explication de la multiplication actuelle des procès en matière de littérature, "l’immense privatisation de tout à laquelle on assiste depuis une douzaine d’années" dans les sociétés occidentales capitalistes ou, plus exactement, dans la manière dont elles se donnent à voir. "Tandis que la fiction romanesque semble saisie d’un appétit de plus en plus grand de réalité, ajoutais-je, la réalité qu’elle veut ingurgiter se privatise et se dérobe. Il n’y a plus de nature, il y a des propriétés privées ; plus de pays, mais des multinationales ; plus de ville, mais des chaînes de magasins et des marques ; plus de foule, mais des individus qui peuvent interdire ou monnayer leur image." (Publié dans La Nouvelle Revue Française n° 555, octobre 2000) ». Je salue l'expression "l'immense privatisation de tout". Les curieux peuvent se reporter à mon billet du 17 mars, où j'évoque « La Grande Privatisation de Tout » (GPT pour les intimes). Depuis la publication de Houellebecq, en fait, il y a douze ans, Noguez à dû pouvoir constater la nette aggravation du processus. Mais quand même, ça fait plaisir de se retrouver en pays de connaissance. Je me dis : chouette, encore un que Laurent Joffrin ne doit pas porter dans son cœur ! 

Tiens, à propos de Laurent Joffrin, voici ce qu’on lit p. 229, à propos d’un article sur « les nouveaux réactionnaires » : « Pour sa phrase sur l’islam, "l’excellent Laurent Joffrin", explique-t-il [il s'agit de Houellebecq], l’a traité dans Le Nouvel Observateur de "beauf lambda" ». J’imagine que la phrase en question est celle où il qualifie l’islam de « religion la plus stupide » (voir plus haut). Je renvoie à mes deux billets consacrés à ce monsieur. Houellebecq et Noguez doivent se dire, à la façon de Courteline : « Passer pour un idiot aux yeux d’un imbécile est une volupté de fin gourmet ». Si j’étais à leur place, c’est en tout cas ce qui me viendrait à l’esprit. Avec délectation.

Voilà ce que je dis, moi. 

dimanche, 25 janvier 2015

CHRISTINE ANGOT A LA HAINE 1/?

Quelqu’un qui se fait appeler Scarlett a laissé un commentaire ici même il y a quelques jours. Pour résumer, elle me traitait de « patate ». Je me suis dit aussitôt que le mot n’était guère aimable à l’égard du tubercule (famille des solanacées, à laquelle appartiennent, entre autres, le tabac, le datura et l’aubergine) : je suis bien moins appétissant dans l’assiette. Je réussis cependant assez bien le gratin « dauphinois » (les guillemets à cause du gruyère, il paraît que c’est hétérodoxe).

 

La moutarde est montée au nez de la charmante personne en lisant les propos dont je gratifiais une de ses idoles, en la personne de Christine Angot. Pas même la personne : le personnage qui se présente comme écrivain. J’admets que les mots pouvaient être interprétés de façon désobligeante. Je comparais en effet cet « écrivain » à un fruit qui se serait trompé d’arbre. Tout ça pour dire que la littérature sortie de la plume de la dame n’est pas précisément « ma tasse de thé ». Et après tout, la liberté d’opinion n’est pas un vain mot. J’espère.

 

LASCH CHRISTOPHER CULTURE NARCISSISME.jpgJe suis d’ailleurs effaré de l’écho rencontré par les livres de la dame : faut-il que la magistrale analyse proposée par Christopher Lasch ait été prémonitoire. Pensez que son génial La Culture du narcissisme (Climats, 2000, préface de Jean-Claude Michéa) a été publié en 1979 aux Etats-Unis. A croire que Lasch avait anticipé dès cette époque la mise en devanture des livres de madame Christine Angot.

 

Il a même intitulé le premier chapitre de son livre « L’invasion de la société par le moi ». Ce titre, ça fait un peu "pan dans la gueule" : la peste soit du moi, en vérité, si c'est pour tomber dans la bouillasse et la platitude la plus triviale. En gros et pour aller vite, il pensait que cette invasion n’était pas de très bon augure (c'est le moins qu'on puisse dire) pour un diagnostic sur l’état moral, culturel et psychologique futur de la civilisation en général et en particulier de nos sociétés américanisées.

 

En France, il se passe en littérature contemporaine ce qui s'est passé ailleurs : en musique, décrétons que tous les sons possibles et imaginables, bruits compris, sont musicaux. En arts plastiques, décrétons que tout le réel est artistique. En littérature, Angot illustre à merveille la tendance : décrétons que tout le déroulement de la vie quotidienne d'un individu lambda (raconté, s'il vous plaît, par un auteur qui porte le même nom que le narrateur) est littéraire. En l'occurrence, cela donne, avec Christine Angot, des conversations de dames pipi.

 

Je ne veux pas savoir qui a eu l'idée foireuse d'ériger ça, très pompeusement, en « autofiction ». Foireuse, l'idée : « ... comme dict le proverbe : "A cul de foyrard toujours abonde merde"» (Gargantua, IX).

 

Mais ce n’est pas cette « littérature » vantée par Angot (involutive dans sa platitude jusqu’à la saturation de l’exaspération)  qui m’occupe ici, bien que l’auteur ait quelques peccadilles à se reprocher. « Peccadilles » est même inscrit dans son casier judiciaire, depuis sa condamnation pénale (à deux reprises) pour s’être acharnée à faire des livres de vautour en pillant, vampirisant et s’appropriant la vie privée d'une dame qui a eu le malheur d'être l' « ex-femme de son nouveau compagnon » (dixit l’encyclopédie en ligne). Sans que la moindre question morale lui effleure la conscience. George Orwell appelait ce sens moral la « common decency ». Jean-Claude Michéa traduit la formule par "décence ordinaire". Mais Christine Angot a d'autres chats à fouetter.

 

Si elle s’était contentée de continuer à éplucher ses patates (voir plus haut), je l’aurais laissée dans sa cuisine. Mais voilà, elle ne s'est pas contentée. Voilà qu'elle se mêle de littérature. Voilà qu'elle se pose en juge. Voilà qu'elle décrète ce qui est littéraire et ce qui ne l'est pas. Tout ça parce qu'elle ne peut pas encadrer les romans de Michel Houellebecq. Et dans Le Monde, s'il vous plaît. Elle n'aurait pas dû. Et pour faire bonne mesure, Le Monde (des livres, 16 janvier) fait figurer le libelle de Christine Angot dans un dossier intitulé "Ecrivains contre la terreur". Je trouve la plaisanterie de très mauvais goût.

 

Je vais encore me faire traiter de sale macho sexiste. Patriarcal. Réactionnaire. Archaïque. Bourré de stéréotypes. J'assume d'avance. Tiens, dites-moi de qui est ce vers : « Je fume au nez des dieux de fines cigarettes ». Gogol vous donne la réponse en 0,28 seconde. A condition de connaître le vers en question.

 

« Au nez des dieux », j'insiste.

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

mardi, 28 juin 2011

SI LE MARIAGE EST GAY, RIS DONC ! (4)

Par ailleurs, il y a un drôle d’abus de langage dans la réduction de la norme conjugale française (hétérosexuelle) à la simple sexualité. L’union d’un homme et d’une femme devant la loi ne se réduit pas au fait qu’il leur arrive de forniquer ensemble, même si SAN ANTONIO, assistant à un mariage, parle des « grimpettes légitimes » auxquelles les époux vont pouvoir se livrer.

 

 

La loi envisage l’annulation du mariage en cas de non-consommation. Mais la norme conjugale n’est pas réductible à la copulation avec la personne de l’autre sexe qu’on a épousée. Ce n’est certainement pas la sexualité des mariés qui définit leur statut au premier chef. Se marier est d'abord un acte de LEGITIMATION sociale. 

 

 

Faisons une comparaison. Dans un café, chez un coiffeur, dans un commerce où ne se voit aucun signe distinctif, la clientèle, c’est tout le monde : jeunes et vieux, hommes et femmes, des bien et des mal habillés, des beaux et des laids, des hétérosexuels et des homosexuels, des riches et des pauvres, peut-être des pédophiles et des zoophiles. Mais personne n’en sait rien.

 

 

Ce qui distinguera l’établissement, c’est un panneau arc-en-ciel, quand il est apposé. J’appelle ça afficher sa sexualité en vitrine, ce dont la « Gay Pride » est une illustration flagrante. Vous trouvez ça « normal » d'afficher sa sexualité en vitrine ? Alors vous devez aussi trouver « normaux » les piscines réservées aux femmes une fois par semaine, les gynécologues hommes  rejetés par les patientes (souvent par le mari, d’ailleurs) ou le voile intégral en pleine rue.

 

 

Bon, c’est vrai, on voit bien ce que recouvre cette revendication : la filiation. Bien sûr, que ça pose question. Mais là encore, mon cerveau mesquin ne comprend pas comment on peut se déclarer ouvertement homosexuel et réclamer un très hypothétique « droit à l’enfant » au nom même de l’homosexualité.

 

 

Encore une fois, c’est « le beurre et l’argent du beurre ». Je sais bien que nous vivons à l'époque du « tout est permis » et que grâce aux prouesses de la technique, « tout devient possible » (dixit M. SARKOZY), des in vitro, des gestations pour autrui et des façons joyeusement innovantes d’inséminer la femme. Il reste que biaiser avec la parentalité ne saurait être innocent et inoffensif.

 

 

Voyez l’état dans lequel arrive la famille aujourd’hui, et rien n’est fait pour que ça s’arrange. Couples divorcés, familles monoparentales, familles recomposées, fratries de demi-frères et de demi-sœurs, des beaux-pères et des belles-mères comme s’il en pleuvait, comment les gamins peuvent-ils s’y retrouver ?

 

 

Et qu’on ne me dise pas qu’ils s’y retrouvent très bien. On s’en sort peut-être, mais à coups de « conseillers » et de « psys » divers pour soigner les troubles qui en découlent. L’état actuel de la « famille » est un assez bon révélateur de la désagrégation progressive de la notion même d’arbre généalogique et de la déliquescence de l’atmosphère dans laquelle baigne le gamin.

 

 

Alors bon, oui, on peut encore ajouter du dissolvant dans l’eau du bain, et c'est sans doute ce qui arrivera tôt ou tard. Mais merci de ne pas essayer de me faire croire que c’est BIEN, et de ne pas accuser le législateur français de RETARD en la matière. Il ne refuse pas un PROGRÈS, comme certains osent le prétendre : il est comme un certain village qui « résiste encore et toujours à l’envahisseur ». Mais fi donc ! Les Gaulois n’étaient qu’un tas de vils REACTIONNAIRES ! Qu’ils crèvent ! C’est fait.

 

 


jeudi, 26 mai 2011

HITLER AUJOURD'HUI ?

DE L’EUGENISME EN DEMOCRATIE « AUGMENTEE »

 

Tout d’abord, je signale aux lecteurs de ce blog que la présente note prolonge celle  du 12 mai, intitulée « Eugénisme : HITLER a gagné ». En fait, ceci est un simple codicille, dont l’actualité me fournit le prétexte. Bon, c’est vrai que ce numéro du Monde date déjà du 25 (hier, au moment où j’écris : ça commence à se faire vieux). C’est au bas de la page 11. C’est intitulé « Alarmiste face au projet de loi de bioéthique, l’Eglise catholique dénonce un recul de civilisation » (en gras, les mots placés entre guillemets dans l’article). C’est signé Stéphanie Le Bars (est-elle la famille d'Hugues Le Bars, qui a habillé de musique des paroles de IONESCO : « Eh bien, Monsieur, Madame, Mademoiselle, je suis bien fatigué, et je voudrais bien me reposer » ? Morceau étonnant.). Le nom sonne breton.

 

Monseigneur Vingt-Trois (il paraît que la réserve des noms de famille en France est en train de se vider, mais avec un nom pareil, on s’est surpassé, presque autant que les Chevassus-à-l’Antoine ou Chevassus-au-Louis (authentique évidemment)), Monseigneur Vingt-Trois, disais-je, vient donc de réagir à un projet de loi. Déjà, on sent de quel côté penche Le Monde : « Alarmiste », ça pointe déjà quelqu’un qui crierait avant d’avoir été touché. En gros, « alarmiste », c’est juste avant la pathologie. L’article aborde d’entrée la tentative de « lobbying politique » de  l’Eglise. Et ça continue avec : « Quitte parfois à forcer le trait ». On voudrait faire sentir que cet individu à nom de nombre a tendance à exagérer, on ne s’y prendrait pas autrement.

 

Qu’est-ce qu’il dit, l’archevêque de Paris ? D’abord la citation de ses propos mise en gros caractères au milieu de l’article : « On ne peut pas dire : "Les handicapés, on les aime bien, pourvu qu’ils ne viennent pas au monde" ». Voilà pour la référence à ma note du 12 mai (pour ça que je passe sur les détails du projet de loi, qui feraient ici double emploi). Le reste ? « Eugénisme d’Etat », « instrumentalisation de l’être humain ». La loi discutée à partir du 24 mai constitue « un recul de civilisation », et « une certaine conception de l’être humain serait très gravement compromise ». Qu’est-ce que je dis d’autre, le 12 mai ? Le président de la Conférence des évêques de France s’inquiète de « la systématisation juridique du diagnostic prénatal ». Il s’interroge : « Les faibles, les vulnérables auront-ils encore leur place dans notre société ? ». Il dénonce un « paradoxe », dans « cette instrumentalisation de l’être humain au moment où la Commission européenne travaille à la protection des embryons animaux ».

 

Rapidement : diagnostic prénatal (qui va évidemment de pair avec le remarquable avortement thérapeutique), recherche sur les cellules souches embryonnaires, extension à tous les couples de la P. M. A. (procréation médicalement assistée, dans la langue de bois officielle), proposition défendue pas les associations de défense des familles homoparentales : voilà des aspects de la loi abordés par le prélat. La journaliste écrit ensuite (en son nom propre, donc) : « En creux, le cardinal a salué le travail des députés catholiques et de la Droite républicaine, qui n’ont pas ménagé leurs efforts pour défendre les idées de l’Eglise sur ces questions ». Ben voilà, il fallait que ce fût dit : Monseigneur Vingt-Trois est un sale vieux RÉAC. Mine de rien, voilà comment s’exerce la sacro-sainte neutralité d’une journaliste du « journal de référence » Le Monde. Mine de rien, il s’agit, à dose homéopathique, d’amener le lecteur à ranger l’Eglise dans le camp des vilains : les « réactionnaires », Le Monde étant bien entendu dans celui du Bien. Personnellement, je parlerais plutôt du camp des « bien-pensants » (au sens de Bernanos). Et "en creux", j'avoue que c'est à savourer longuement.

 

Je ne suis pas catholique. Je ne suis ni croyant, ni incroyant. Pour parler franc : je m’en fous. Mais, suite à la petite analyse que je proposais le 12 mai, je ne peux que confirmer ma conclusion : HITLER, qui a voulu promouvoir l’eugénisme au rang de politique d’Etat, a bel et bien GAGNÉ. L’Eglise, quoi qu’elle dise, a d’ores et déjà subi une défaite. L’atmosphère est au consentement général (ou à l’indifférence). Et ça se passe sous la pression de groupes minoritaires, qui réclament des « droits », « à égalité avec les autres citoyens ». Comme si ces groupes étaient composés d’autres individus que des citoyens !

 

Est-ce que ce projet de loi est bon ou mauvais ? Je ne sais pas. Ce que j’observe, de nouveau, c’est qu’il adopte de façon fervente et militante des principes qu’avait commencé à mettre en œuvre quelqu’un dont il suffit de citer le nom pour faire naître dans l’oreille qui l’entend un écho immédiat du MAL ABSOLU. C’est évidemment ADOLF HITLER. Et dès lors, je m’interroge : sommes-nous sûrs, dans cette société dépourvue d’autre ennemi que l’infâme terrorisme ; somme-nous sûrs, dans ce monde qui a définitivement versé dans le camp du BIEN, qui a, en quelque sorte, « basculé du côté LUMINEUX de la Force » ; sommes-nous absolument sûrs d’avoir choisi le parti de l’humanité ? Monseigneur Vingt-Trois, qu’il soit catho, je m’en tape : son inquiétude devrait être celle de TOUS.  

 

Qu'y a-t-il de faux dans la phrase : « Les handicapés, on les aime bien, pourvu qu'ils ne viennent pas au monde. » ? Et qu'est-ce que ça a de RASSURANT, je vous prie ?

 

Le corps d'ADOLF HITLER est certainement mort. Mais ses idées ? Son PROGRAMME ? "Rassurez-vous" : tout ça est en cours d'exécution.

 

Le Meilleur des mondes est parmi nous.