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lundi, 23 avril 2018

LA VÉRITÉ SUR LE CLIMAT 3

24 décembre 2014

 

3/4

 

Le malheur du monde, à dire les choses de la façon la plus cynique, est venu de la démocratisation (le mythe du "tout le monde a droit au développement", qui suppose éhontément que les pays "développés" ont trouvé la Voie du Vrai). Nous devons le réchauffement climatique, on ne le dira jamais assez, à ces maudits "droits de l'homme". Si le seul petit milliard (même pas) d’humains vivant à l'aise auquel j’appartiens avait continué à piocher dans la caisse planétaire pour se gaver, tout aurait pu continuer comme devant. La misère du plus grand nombre aurait permis d'endiguer la pollution. Mais voilà, il y a ce satané esprit de justice et son furieux souci d’égalité.

 

Pour poursuivre dans le cynisme abject, si « l’occident » avait gardé son opulence pour lui, tout aurait continué à baigner dans l’huile (au moins pour quelque temps). Et j’aurais continué à donner un peu d’argent chaque année – par « charité » – pour les « pays du tiers-monde ». Mon égoïsme naturel n’y aurait rien trouvé à redire. Une vraie dame patronnesse, je vous dis.

 

Mais la consommation est devenue un droit universel (« détruire» est l'un des sens de « consommer », depuis la confusion induite par le latin chrétien – vous savez, tous ces racontars autour de la "parousie" – entre "achèvement des temps" et "fin du monde"). Le confort à l’américaine est le Graal unique de sept milliards d’hommes. C’est de ce fantasme de « la croissance pour tous » que la planète est en train de crever. Bon, c’est vrai qu’en y regardant de plus près, on pourrait se dire aussi que la « démocratisation », la « justice », l’« égalité » et tous les grands principes ont bon dos.

 

C’est sûr, pour s’enrichir, le marchand ne doit pas cesser de vendre. Rien de mieux pour cela que de « s’ouvrir de nouveaux marchés ». Et pour cela, de tout faire pour que des « classes moyennes » (expression devenue le synonyme assez exact de « consommateurs », c'est-à-dire tous les gens sans pouvoir réel de décision politique autre que le bulletin dans l'urne, mais disposant de quelques ressources financières, étroitement tenues en laisse, et seuls en mesure de développer ce que les économistes appellent des « marchés intérieurs ») émergent et se développent dans le monde entier. Développer les pays pauvres, c’est inventer les milliards potentiels des futurs acheteurs qui accroîtront la fortune de ceux qui ont quelque chose à vendre. Ford lui-même tenait à ce que ses ouvriers eussent les moyens d’acheter ses voitures et les payait en conséquence.

 

Ecoutez-les, tous les alligators, parler avec des trémolos dans la voix de l’Inde et de la Chine, où le phénomène « classes moyennes » est récent mais perceptible. Ecoutez-les se faire les promoteurs acharnés de la lutte contre la pauvreté, la misère. Ecoutez-les s’apitoyer sur le sort de ces pauvres Burkinabés, qui « vivent avec à peine quelques dollars par jour ». Et au Malawi, il paraît que c’est avec un seul dollar. On dirait presque que, pour quelques dollars de plus donnés à un plus grand nombre de gens sur Terre, tous les très riches qui ne les leur donnent pas éprouvent des joies incomparables.

 

Belle motivation, en vérité, que la lutte contre la misère, quand elle est menée dans l’espoir de transformer les assistés actuels en clients à venir. De leur donner le moyen de gagner du pognon pour pouvoir ensuite le leur piquer en leur vendant des biens de consommation auxquels ils les ont fait rêver par avance : c'est du moyen terme, mais le procédé est infaillible, et l'investissement rentable. Cela s'appelle le "développement économique". Le loup marchand de soupe s'est déguisé en agneau démocrate et altruiste pour entrer dans la bergerie au trésor. De la moitié gauche de la bouche, il appelle ça "venir en aide aux déshérités", de la moitié droite, "créer de la richesse en travaillant à la prospérité générale". Pour y arriver, il faut juste l'entraînement spécial du "Bretzpo", cette géniale invention du génial Franquin (dans QRN sur Bretzelburg), qui est capable de crier en même temps qu'il actionne son sifflet.

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Comme dit le commentaire : "Essayez voir !".

Nous sommes nous-mêmes des clients enchaînés aux produits que nous jugeons indispensables à notre vie. Pour quelle raison croyez-vous que les sociétés européennes sont toutes de droite ? Pourquoi la gauche elle-même a-t-elle viré à droite ? Mesurez donc les scores des gauches aux élections (et ça ne s'est pas arrangé en Europe depuis la rédaction de ce billet). Et dites-vous que nos populations ont acquis une mentalité de propriétaires, donc d'assiégés potentiels. Voyez les islamistes radicaux : on est révolutionnaire quand on n’a plus rien à perdre. Les occidentaux (soit dit pour mettre tous les "plutôt riches" dans le même sac) ont encore, presque tous, trop à perdre pour prendre des risques personnels (voyez pour cela la réaction électorale d'un nombre croissant d'Européens face au problème des migrants).

 

Quand on n'a aucune envie de perdre quoi que ce soit de ce qu'on possède, et qu'on n'est pas prêt à prendre le moindre risque¹, on est forcément de droite, classe ouvrière comprise. Ce qui ne veut pas dire que les fascistes islamistes sont de gauche, évidemment. Et je le dis sans fierté particulière, mais sans honte non plus : de ce point de vue, je suis sans hésitation de droite. S'agissant de sécurité matérielle, je fais partie de ceux qui ne sont (en gros) ni à plaindre ni à envier, je me contente et je ne tiens pas à ce que ça change. 

 

Et regardez l’Europe. Pas besoin de s’interroger sur les causes de la droitisation générale du continent (même en Suède !), au rythme effréné où elle se fait dépouiller de tout ce qui a fait sa « splendeur ». Ils ont commencé avec la production industrielle (les « délocalisations », qui ont consisté à vendre nos capacités industrielles aux Chinois pour faire plaisir aux actionnaires : compression des coûts, salaires réduits, rentabilité élevée, transferts de technologie, déchaînement des échanges internationaux, ...).

 

Et ça a continué avec la dégringolade promise de ses richesses, de son travail, de ses identités nationales (les Français étant les plus impatients de brader la leur, de se déguiser en sous-produits américains et de gober tout cru tout ce qui nous vient des Etats-Unis, idées et idéologie comprises). L’Europe devient un Eldorado au moment précis où sa faiblesse devient criante, même aux yeux des plus pauvres, qui prennent d’assaut cette « forteresse » devenue un énorme ventre mou, à piller impunément. En vérité, je vous le dis : l'Europe sera pillée. Impunément. On en est encore loin, mais pas tant que ça.

 

Je reviens à la conquête des « nouveaux marchés » (ex-pays pauvres). Ils font bien les choses, les marchands : ils envoient en avant-garde les prestataires de services humanitaires, organisations caritatives, médecins dans frontières et autres généreux experts en discours s’adressant directement au cœur, aux sentiments, aux émotions des gens qui ont encore un peu de pognon. Même Bill Gates consacre une part de son énorme fortune au « développement des économies des pays pauvres ».

 

Tu parles, il faut surtout penser au développement des marchés futurs. Pas bête. Et puis c’est vrai, après tout, de quel droit refuserait-on à un humain les bienfaits du smartphone, de l’écran plat et du four à micro-ondes ? C'est aussi ça, le souci démocratique de la justice et de l'égalité : l'accès à l'hypermarché. A ce propos, il ne faut jamais résister à la tentation de citer Alexandre Vialatte.

 

« La vie, naguère, était dictée par le décalogue, l’opinion des voisins, les snobismes locaux et les ouvrages de la baronne Staffe. Elle laissait assez de place à l’homme pour se livrer, par le moyen de quelque gymkhana exécuté entre ces tabous, à la vertu, au dévouement, à l’adultère mondain, au dressage des bassets, à l’assassinat des caissières, au trépas sur les champs de bataille, bref pour avoir une âme immortelle et en faire un usage grandiose et personnel. L’homme avait le droit d’être sublime ou sordide. Sa vie était un jeu dramatique et passionnant. 

 

Adieu ces libertés et ces exaltations ! L’homme a perdu le loisir charmant de falsifier un testament, de lire Montaigne ou de tuer des petites filles. Il ne s’agit plus aujourd’hui que d’obtenir la blancheur Cerfeuil, de sourire Kibrille et de vivre Marie-Chose. On n’a plus le temps que d’être un client. Et d’obéir aux magazines. La conduite de l’homme est dictée par le réfrigérateur Machin, le bloc-évier, la poubelle à pédale. Il est vaincu par ses conquêtes. C’est le bagnard de l’appareil électroménager. » La Montagne, 18 février 1968.

 

Que conclure de mon petit raisonnement ? Un certain Henri Provisor avait trouvé une formule percutante, pour un livre dont je ne me rappelle que le titre, Le Rôle des mécanismes aveugles dans l’histoire qui se fait (IREP, 1998). L’expression « mécanismes aveugles » convient ici à merveille. Personne n’est en mesure de savoir à l’avance le rôle que ses actions auront joué dans l’histoire en train de se faire.

 

Personne n’échappe à l’implacable loi : tout le monde est en dessous de la conscience historique, à commencer par les acteurs qui rêvent d'écrire le scénario de l'avenir et de peser de toutes leurs forces pour influer sur son cours et préserver leurs intérêts. Tout le monde est aveugle, personne ne maîtrise le processus. Corollaire accessoire : il ne saurait y avoir de complot. Il n’y a pas de "gouvernement invisible".

 

Cela dit, qu'il n'y ait pas de complot ne veut pas dire qu'il n'y a pas de comploteurs, authentiques ou fantasmés (francs-maçons, juifs, islamistes, groupe Bilderberg, Tricontinentale, CIA, lobbies divers (industries agro-alimentaires, chimiques, financières) et tutti quanti ...). Mais même eux n'ont finalement aucune idée de l’impact final précis de leurs menées et de leurs agissements sur le destin du monde. Faire pression sur les gens au pouvoir ne signifie pas forcément atteindre les objectifs qu'on s'est fixés.

 

Il n’y a pas de gouvernement mondial (ce dont certains accusent le groupe Bilderberg). Tout juste des Susan George peuvent-elles voir (Les Usurpateurs, Seuil, 2014) dans le forum de Davos une préfiguration de ce « gouvernement invisible » qu’appelait de ses vœux, dès 1928, Edward Bernays, le père des procédés de manipulation mentale par la publicité (le modèle restant sa campagne pour les cigarettes Lucky Strike). Le livre de Susan George n'est pas dénué d'arguments percutants. Et pas drôles du tout. Dans la nasse, on est, d'après elle. Je suis hélas obligé d'être assez d'accord.

 

A ce propos, je reste toujours stupéfait devant les pirouettes finales auxquelles se livrent des auteurs sérieux pour clore des ouvrages sérieux « sur une note d'optimisme». C'est ainsi que, obsédé par l'exigence de finir son livre en « happy end», Lewis Mumford, dans Les Transformations de l'homme, après avoir dressé un tableau accablant et terrifiant de la marche du monde et de la mécanique infernale qui le promet à une destruction à venir, opère un retournement aussi soudain que cocasse dans les deux derniers chapitres en abandonnant le pessimisme de sa « possibilité théorique» au profit d'une « probabilité historique» infiniment plus souriante et rassurante (on trouve cette pirouette intellectuelle proprement ébouriffante p. 177).

 

C'est encore le cas, paraît-il, du dernier ouvrage de la Canadienne Naomi Klein, dont la critique radicale du capitalisme est bien connue de ceux qui la connaissent. C'est Jean-Pierre Dupuy qui en parle dans un numéro récent du Monde, évoquant un « tour de passe-passe» qui fait d'une nécessité une certitude : « De "nous ne pouvons nous sauver qu'en sortant du capitalisme", [elle] déduit "nous allons en sortir". Alors que tout montre que nous sommes plus éloignés que jamais de cette issue». Lui au moins accepte de ne pas prendre sa vessie pour une lanterne et ses désirs pour des réalités. Je suis bien d'accord avec lui. Mais personne, à commencer par ceux qui ont gardé une « âme d'enfant », ne renonce aisément à l'espoir.

 

De mon côté, j'en ai assez entendu, des prophètes qui, d'un côté, nous serinent que tout va de mal en pis, et de l'autre psalmodient leurs incantations contre le mauvais sort : « Tout est encore possible, pourvu que nous en ayons la volonté ! ». Tout le problème, il est dans l'identité de cet improbable "nous" qui est invoqué à propos d'une tout aussi improbable "volonté". Moi je rétorque : va donc, eh, patate !

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

Texte notablement révisé, corrigé et mis à jour le 22 avril 2018.

 

Note ¹ : tout le monde n'est pas Albéric Magnard, ce compositeur français dreyfusard, qui est mort en 1914 pour avoir accueilli les Allemands les armes à la main pour défendre son manoir de Baron (Oise).

samedi, 21 avril 2018

LA VÉRITÉ SUR LE CLIMAT 1

Série de billets un peu bavarde : je n'écrirais plus comme ça, j'irais plus direct aux faits. Mais bon, c'est vous qui voyez. Et vous en faites ce que vous voulez, s'il est seulement possible d'en faire quelque chose. 

 

A propos de catastrophisme, je suis allé voir le blog de Paul Jorion (à propos de Wallerstein, Le Capitalisme a-t-il un avenir ?), toujours impeccablement pertinent quand il s'agit de dresser le constat et d'analyser le phénomène observé, mais franchement délirant quand il parle des perspectives d'avenir ou des solutions envisageables ("pour empêcher que ...") : dans son volontarisme politique effréné, il entrevoit, par exemple, la possibilité future d'une société sans argent. Mais il invite aussi les gens à venir avec des idées nouvelles et leurs désirs d'une vie nouvelle. Il pense aussi que si les gens qui remettent en cause le système et veulent "vivre autrement" sont en assez grand nombre pour atteindre une "masse critique", tout est possible. Ma foi, pourquoi pas, mais rien qu'à NDDL (Notre-Dame-des-Landes), combien de pelés ? De tondus ? Une masse critique, vraiment ?

 

Allons donc ! Ce que j'ai surtout envie de lui dire, à Paul Jorion, c'est : « Arrête de rêver, Paul ! Et commence par cesser de prendre ta vessie pour une lanterne  : tu risques de te brûler ! ». Paul Jorion ? Je vais vous dire ce que je pense de lui : le regard le plus acéré que je connaisse, doublé de capacités d'analyse hors du commun, mais qui se perdent ensuite dans les dérives imaginaires de l'optimisme de l'action. Il croit à la possibilité de réalisation de ses désirs, et du coup le tapis volant de ses désirs parfumés l'emportent trop loin de l'humanité réelle pour qu'il ait seulement conscience du poids incommensurable à porter que constitue le peu de conscience que l'humanité actuelle a de son propre avenir.

 

Le cœur serré, je dis "Adieu" à Paul Jorion. Parce que je crois en fait qu'il faut dire "Adieu" à l'espoir. Qui aura le courage de se mettre à dos l'humanité souffrante en lui disant qu'elle n'a plus rien à espérer ? J'en ai plus qu'assez de l'autosuggestion incantatoire et des slogans popularisés en leur temps par des fantoches : « Yes we can ! », « Ensemble tout devient possible ! », « Le changement c'est maintenant ! » ! C'est le radical et regretté Günther Anders qui critique Ernst Bloch : « Il n'a pas eu le courage de cesser d'espérer » (on trouve ça dans L'Obsolescence de l'homme, II, éditions Fario)..

 

Note ajoutée le 20 avril 2018 au soir (et complétée le 21).

 

 

22 décembre 2014

 

1/4

Le réchauffement climatique ? Vous voulez que je vous dise ? Tout le monde sait, personne ne veut faire. Le diagnostic, tout le monde est d’accord (à part quelques doctrinaires endurcis du genre Claude Allègre, le pauvre, il est bien malade, paraît-il) pour dire qu’on court à la catastrophe.

 

Personne ne veut de la conclusion logique du constat : en finir avec le luxe outrecuidant dans lequel se vautre une partie de plus en plus ample de l’humanité depuis l’aube de l’âge industriel (en gros : deux siècles). Et dans lequel les « émergents », les « en développement » et les « PMA » (ça ne veut pas dire je ne sais quoi d'à la mode en rapport avec la procréation, mais « Pays les Moins Avancés ») trépignent d'impatience de se vautrer bientôt à leur tour. Tout le monde veut sa bagnole, sa clim', ses frigo-congel-télé-smartphone-micro-onde. Allons-y gaiement. Le mode de vie à l'américaine de 300 millions d'individus étendu à 7.000 millions (multiplication par 23).

 

Un seul remède au réchauffement climatique : cesser de piller les ressources de la planète en combustibles fossiles et autres matières premières destinées à nos appareils, machines et autres gadgets que seule la vieille habitude de les avoir toujours connus nous a amenés à considérer comme utiles, nécessaires, indispensables. Naturels, pour ainsi dire.

 

Ce n’est pas de diminuer les émissions de gaz à effet de serre que l’humanité à besoin si elle veut sauver la planète, c’est de les supprimer complètement, car même en restreignant à +2°, la planète va continuer à réagir. L'expression « développement durable », complaisamment véhiculée par les esprits qui se disent lucides et responsables, n'est que le cache-sexe de l'hypocrisie et de la lâcheté. Car il faudrait en vérité renoncer, purement et simplement. Renoncer à vivre au-dessus des moyens de la planète. Pour la sauver en même temps que soi-même, un seul moyen pour l’humanité : redevenir humble, si elle le fut jamais un jour.

 

Et l’humanité n’est pas humble, moi le premier : je veux toujours pouvoir allumer la lumière en appuyant sur un bouton en rentrant chez moi le soir, faire laver mon linge et ma vaisselle par des machines, emprunter l’autoroute pour aller visiter la famille et les amis aux « quatre coins » de l'hexagone ou aller me délasser de onze mois de stress en passant le douzième à la montagne ou à la mer. Comme François Hollande, je suis un humain « normal ». En l’occurrence un « Francémoyen ». Comme tout le monde : plutôt crever que de perdre une parcelle de confort.

 

Pourquoi ce début de diatribe ? C’est simple : à chaque ligne, mon journal bruit (3ème personne du singulier du malheureux abandonné verbe bruire, régulièrement estropié par les journalistes, dont l’ignorance crasse le ramène régulièrement à un vulgaire verbe du 1er groupe, en disant sans prendre des coups « la ville bruisse bruit ») des rumeurs les plus folles : fontes des glaciers alpins et himalayens, de la banquise, de la calotte glaciaire du Groenland et de l’Antarctique ! Le Côtes du Rhône au Spitzberg, c'est pour bientôt ! Les poissons et les fleurs migrant vers le nord pour retrouver l’eau froide et l’air frais qui leur conviennent ! Les cyclones succédant aux tornades lancés à la poursuite des typhons qui courent après les ouragans ! Réchauffement climatique par-ci ! Réchauffement par-là ! Les gens de radio n’ont que ce mot à la bouche en ce moment.

 

Je laisse de côté le pillage des forêts primaires en Amazonie, à Bornéo et au Guatemala pour les remplacer par des kilomètres carrés de soja OGM ou de palmier à huile. Je laisse de côté les usines à bestiaux et la stérilisation des sols par l’agriculture chimique, mécanique et industrielle. Je laisse de côté la pollution antibiotique massive des viandes que nous mangeons. Je laisse de côté les phosphates, bisphénols, glyphosates, néonicotinoïdes, phtalates et autres perturbateurs endocriniens dont sont gorgés nos aliments, et dont certains font changer de sexe les poissons de nos rivières (en attendant mieux). Allez, je suis bon prince : je laisse aussi de côté les particules fines.

Je ne vais pas non plus énumérer les preuves du réchauffement de l’atmosphère sous les coups du CO2, du CH4 et, pourquoi pas du NF3 (charmante créature, 17.000 fois plus puissante que CO2, son petit copain de bac à sable, qui apparaît dès qu’on cause de cristaux liquides, de cellules photovoltaïques, d’écrans plats, de micro-circuits électroniques, … enfin, tout ce qui fait « dernier cri »). 

C’en est au point que le simple mot « réchauffement » a désormais acquis la stature démesurée d’une star mondiale, sur le destin de laquelle le « concert des nations » vire au même étripage cacophonique que celui auquel avait donné lieu la première de Déserts, d’Edgard Varèse, en 1954 au théâtre des Champs-Elysées. Au point même d’en occulter le drame véritable qui se joue derrière le « gros doigt grondeur » d'un mot derrière lequel il est devenu si commode de se cacher l’énorme vérité. 

 

Seuls quelques allumés du cigare à vapeur (de contrebande) s’obstinent à contester l’évidence : la Terre se dirige plan-plan vers l’été perpétuel. Combien de degrés en plus attendent l’humanité au coin du bois pour lui faire le coup du père François ? Deux ? Quatre ? Davantage ? Les experts débattent. Les politiques bêlent de grandes intentions et de bons sentiments (rappelez-vous Chirac : « La maison brûle, et nous regardons ailleurs »).

 

Voilà ce que je dis, moi.

mardi, 01 mai 2012

DES NOUVELLES DE LA PLANETE (1)

Les tendances de la mode.

 

Cette année, la terre cultivable se portera de plus en plus confisquée. La tendance est sans doute appelée à durer, peut-être à se renforcer.

 

 

Je ne sais pas si vous savez ce qu’est un « bail emphytéotique », ce qu’on appelle une location de longue durée, voire de très longue durée. Le plus souvent, ce sont des baux à 99 ans. Un siècle quoi. J'appelle ça de la confiscation. D'autres parlent d'accaparement. Les initiateurs du mouvement appellent ça « aide au développement ». Cherchez l'erreur.

 

 

J’ai entendu dire, mais je ne veux pas le croire, que certains baux emphytéotiques peuvent être signés sur une durée de 999 ans. En tout cas, on trouve ça sur wikipédia. Ça me semble une hallucination. Parce que déjà, 99 ans, ça fait sur trois générations. Pas une appropriation, mais pour ainsi dire.

 

 

Le tout, pour signer un bail de location, c’est d’être deux. Quelqu’un qui possède un bien, et quelqu’un qui aimerait bien user de ce bien, contre rétribution. En l’occurrence, le bien est la terre cultivable disponible. C’est une richesse (presque) naturelle. Celui qui veut en user, c’est évidemment quelqu’un qui en manque, de cette richesse. Mais lui, il a de l’argent. Or le propriétaire du bien, c’est justement quelqu’un qui n’en a pas beaucoup, d’argent. Qu’est-ce que ça tombe bien !

 

 

Maintenant, si on regarde qui sont les bailleurs et qui sont les « locataires », on commence à mieux comprendre ce qui se passe : des pays riches, voire très riches, qui manquent de terres cultivables, sont en train de confisquer (un « bail à 99 ans », c’est un euphémisme pour « confiscation », ou je ne sais plus que 2 + 2 = 4), d’immenses territoires à des pays pauvres, voire très pauvres.

 

 

Cette confiscation est rendue d’autant plus facile que la propriété des sols, dans les pays du tiers-monde, n’est pas juridiquement aussi précise et cadastrée que chez nous. Ah, ta famille cultive cette terre depuis cinq générations ? Peut-être, mais prouve-moi qu’elle t’appartient ! Où est l’acte notarié ? Bon, ben puisque c’est comme ça, tu vas prendre tes cliques et tes claques et me foutre le camp d’urgence. Maintenant, c’est ce Monsieur qui la cultivera.

 

 

En général, c’est le gouvernement du pays qui procède aux formalités légales. Et comment ne pas imaginer que le futur locataire sait trouver des arguments sonnants et trébuchants, capables de toucher les sentiments du gouvernant, d’abord réticent, puis intéressé au fur et à mesure que les enchères montent ? Des enchères à lui seul destinées, bien entendu. Comment ne pas se sentir enclin à céder quand on en tire un joli bénéfice personnel ?

 

 

Il va de soi que je ne fais qu’imaginer ce scénario fantasmatique, n’est-ce pas. On connaît trop la parfaite intégrité morale des élites dirigeantes des pays « pauvres » (KABILA en RDC, SASSOU-NGUESSO au Congo Brazza, OBIANG en Guinée Equatoriale, etc.). On ne voit pas ce qui pourrait laisser supposer qu’elles pourraient se laisser corrompre.

 

 

 

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J'ESPERE QU'ON PEUT DECHIFFRER,

EN PARTICULIER LES CHIFFRES 

 

On a déjà compris que le plus gros gisement de terres cultivables disponibles se trouve en Afrique. En l’état actuel des choses, on parle de 180.000 km². Oui, vous avez bien lu : cent quatre-vingt mille kilomètres carrés (18.000.000 d’hectares) de terres africaines cultivables ont été soustraites aux cultivateurs autochtones, pour être confiées pour 99 ans à des entreprises étrangères. Et quand je dis « entreprises », cela veut moins dire des agriculteurs les pieds dans la glèbe que des industries avec leurs engins lourds.

 

 

Rien qu’à Madagascar, ce sont 37.000 km² qui sont passés sous la coupe étrangère. Un peu plus de 30.000 en Ethiopie, un peu moins en République Démocratique du Congo. Les pays les plus touchés, ensuite, sont, dans l’ordre, le Soudan, le Bénin, le Mozambique. Bref, le tableau s’éclaire violemment. L’Amérique du sud est concernée à la marge. Dans le Pacifique, les Philippines semblent avoir été entièrement mises en vente, loin devant l’Indonésie.

 

 

Maintenant, demandons-nous sans plus longtemps tergiverser qui sont les acheteurs (terme plus approprié que locataire). Au premier rang, la Chine, suivie à plusieurs longueurs des Etats-Unis. Viennent ensuite la Grande-Bretagne, la Malaisie, la Corée du Sud, l’Arabie Saoudite, l’Inde, la Suède et l’Afrique du Sud.

 

 

Comment, vous dites « colonialisme » ? Mais non, voyons, on vous dit que c’est du contrat tout ce qu’il y a de parfaitement légal. Et puis de toute façon, ce ne sont pas des Etats qui les ont passés, ces contrats, mais de la bonne grosse entreprise industrielle tout ce qu’il y a de privé.

 

 

Quoi, ça dépossède le petit paysan d’Afrique de toute possibilité de cultiver ? Quoi, ça risque dans un avenir assez proche de semer la famine ? Quoi, ces terres sont utilisées à des productions directement réexportées vers le pays propriétaire ? Quoi, on y produit principalement des biocarburants à haute valeur financière ajoutée ? Mais tout ça, mon brave monsieur, ne nous regarde pas. Nous n’y pouvons rien. C’est de la bonne vieille transaction commerciale. Vieille comme le monde.

 

 

Alors vous voulez que je vous dise ? L’UNICEF pourra toujours hurler à la faim des enfants dans le monde, JEAN ZIEGLER pourra toujours aboyer contre les pays riches qui laissent mourir de faim les populations du tiers-monde, Action Contre la Faim pourra toujours organiser des collectes dans les rues pour que des populations culpabilisées remplissent la sébile de la charité universelle, ils peuvent attendre, tous les généreux et toutes les bonnes âmes de la planète.

 

 

Pendant que le pékin moyen donnera une goutte, une cohorte de vampires confisquera une citerne (c’est vrai, au fait, j’ai oublié de parler des menaces sur les ressources en eau potable que font peser sur les pays pauvres ces entreprises agricoles d’un nouveau genre).

 

 

Continuons comme ça. Le Paradis n’est plus très loin. Faisons confiance aux instances supérieures.

 

 

Mais quoi qu'il en soit, en toute circonstance, n'oublions jamais que

 

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Voilà ce que je dis, moi.