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mercredi, 31 octobre 2012

EUROPE ET CURIOSITE

Pensée du jour : « Un monde gagné pour la Technique est perdu pour la Liberté ».

 

GEORGES BERNANOS

 

 

 

Promis, je vais arrêter de laïusser sur la CURIOSITÉ, avant que tout le monde en ait marre, moi le premier. En fait, ce qui m’intéresse là, c’est encore deux choses. D’abord et d’une, que c’est en Europe que la curiosité a pris son essor définitif. Et dans deux directions : à l’égard des choses (physique, chimie, mathématiques, bref, les sciences « dures », on va laisser ça de côté, si vous n’y voyez pas d’inconvénient, bien qu'il y ait à dire) et à l’égard des hommes.

 

 

Ensuite et de deux, que cette deuxième branche part elle-même dans deux directions : l’une est toujours scientifique, l’autre est morale. C’est cette double branche qui a motivé le laïus depuis le début. Vous me direz que j’aurais pu prévenir. Je rétorquerai que j’aurais prévenu si j’avais su la tournure que ça prendrait.

 

 

Commençons par la morale. Car si l’Europe en général, et la France en particulier, voient leur tomber dessus à bras raccourcis les descendants des « indigènes » et des esclaves exploités dans les anciens pays colonisés, il ne faut pas oublier le reste. Il ne faut pas oublier que chez nous, les premiers à s’alarmer aujourd’hui du sort des immigrés, sans papiers, clandestins sont très souvent des Français à la peau blanche (voir le travail de la Cimade dans les centres de rétention, et les efforts des membres de RESF pour empêcher l’expulsion d’enfants scolarisés).

 

 

L’Europe est allée puiser les moyens de sa richesse et de sa domination dans tous les pays du monde. Elle a exploité tant qu’elle a pu les minerais et les populations. C’est ce qu’on appelle l’époque coloniale. Mais en même temps, elle a inventé la tolérance, fille de la curiosité. Docteur Jekyll et Mister Hyde, si vous voulez. Ou alors l'Europe schizophrène, pourquoi pas ?

 

 

Je pense ne rien apprendre à personne en rappelant la « Controverse de Valladolid », de 1550-1551, entre BARTOLOME DE LAS CASAS et JUAN GINES DE SEPULVEDA, au sujet de la façon dont devaient être conduites les colonisations pour que la conscience n’ait pas à en souffrir. Et l’impeccable comportement de LAS CASAS dans ses domaines de Cuba à l’égard des Indiens. On rappelle toujours aimablement l’avers de la médaille (les cruautés commises par les conquistadors), on oublie trop facilement son revers, reflet de préoccupations morales indéniables.

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LAS CASAS 

 

Ce n’est sûrement pas l’Europe qui a inventé l’intolérance, en revanche, c’est là et pas ailleurs que sont nées l’idée et l’exigence de tolérance. De même pour le racisme : c’est en Europe que sont élaborées les premières théories essayant d’établir (« scientifiquement ») l’inégalité des races (VACHER DE LAPOUGE, ARTHUR DE GOBINEAU, ERNEST RENAN, PAUL BROCA, oui, celui de la « circonvolution »), qui connaîtront le succès qu’on sait en Allemagne.

ANTHROPOGENIE 1 1874.jpg

PLANCHE TIREE DE "ANTHROPOGENIE" D'ERNST HAECKEL, 1874

(le même qui disait : "L'ontogénèse est une courte récapitulation de la phylogénèse")

(voir en bas à droite)

 

Mais c’est aussi en Europe qu’est né l’antiracisme. Et c’est l’Occident qui a inventé les « Droits de l’homme » et les associations de « défense des droits ». Et ce n’est pas en Occident, si l’on excepte les cris d’orfraie d’Amnesty International et autres dénonciateurs professionnels des infractions commises chez lui (Guantanamo, centres de rétention français, …), que ces mêmes « droits de l’homme » sont foulés au pied.

 

 

Je signale en passant que la peur ou la haine de l’étranger n’est pas l’apanage des Européens, comme le voudraient des militants à jamais insatisfaits (MRAP, LICRA, CRAN, « Indigènes de la République », …), mais que ce sont des réflexes, sinon universels, du moins tellement partagés et immémoriaux que ce n’en est pas loin.

 

 

L’intolérance et la xénophobie (le « repli identitaire », selon l’expression affectionnée des médias et des journalistes) sont la réaction immédiate de l’homme au surgissement de l’inconnu. Pour être tolérant et antiraciste, en un mot pour être CURIEUX, il faut FAIRE UN EFFORT. Et ce n’est jamais évident. Ce qui est évident, c’est le rejet de prime abord.

 

 

Et j’ajoute que tolérance et antiracisme sont des idées valables à la seule condition que ce soit RECIPROQUE. Je veux bien qu’on exige de moi du respect si l’on fait preuve du même à mon égard. Le problème vient quand la relation est dissymétrique, et que l’un des deux se prétend la victime de l’irrespect de l’autre. A qui est-ce, de commencer ?

 

 

L’autre branche de la double branche dont je parlais, ce sont les sciences humaines. Et alors là, je voudrais insister sur un paradoxe qui m’apparaît faramineux. Car toutes les disciplines qu’on appelle « sciences humaines » ont connu un drôle de retournement. Les sciences humaines, c’est l’ethnologie, la sociologie, la psychologie, l’économie, l’histoire, quelques autres « logies » en perspective, autrement dit, ce que le Collège de ’pataphysique appelle les « sciences inexactes ».

 

 

Dites-moi s'il ne faut pas une curiosité incroyable pour aller vivre durablement chez les Bororos ou chez les Nambikwaras, comme l'a fait CLAUDE LEVI-STRAUSS. Et les ethnographes qui ont fait pareil ne se comptent pas sur les doigts d'une seule main. On peut même dire que ça a été très à la mode, l'immersion. Faut-il que les Occidentaux aient été CURIEUX de la vie de toutes les peuplades "exotiques" pour avoir ainsi payé de leur personne.

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FEMME NAMBIKWARA 

 

C’est pour dire ceci (on va essayer d'éviter le grandiloquent) : jamais, dans l’histoire de l’humanité, une société n’a autant développé les moyens de se connaître elle-même que la société actuelle. Jamais on n’avait aussi bien découpé et segmenté les activités humaines en autant de paramètres (forcément pertinents, bien sûr). Chaque paramètre donnant lieu à une spécialité, il était logique que chacun débouchât sur une discipline autonome.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

A finir demain, juré.

jeudi, 05 janvier 2012

HARO SUR LES POPULISTES !

En parlant de Madame LE PEN et de JEAN-LUC MELANCHON, les premiers de la classe qui nous gouvernent (regardez le parcours scolaire de la plupart !) ont une moue de dédain pour les qualifier de « populistes ». Qu’ès-aco, « populisme » ?

 

 

J’ouvre mon dictionnaire : « Tendance politique qui prétend défendre les intérêts du « peuple » en s’opposant aux institutions et aux méthodes démocratiques, aux médiations traditionnelles, aux « élites » et aux représentants des pouvoirs établis (l’establishment) ; organisation, parti relevant de cette tendance ». Je passe sur le nationalisme, la xénophobie, l’anti-intellectualisme, le charisme du chef, la propagande, tout ça est donné avec le paquet.

 

 

Entre parenthèses, je ne comprends pas en quoi la propagande distingue les populistes des « grands partis démocratiques et républicains ». Pour la France, j’ai plutôt l’impression que ce sont ces deux partis (le B.-B. et le b.-b. : Blanc-Bonnet et bonnet-blanc, connus sous les noms de P. S. et U. M. P.) qui conduisent le char d’assaut (ou le rouleau compresseur) de la propagande.

 

 

Je retiens de la définition, que le populiste s’oppose « aux institutions et aux méthodes démocratiques ». Or qu’est-ce que je vois de mes yeux éberlués ? Monsieur MELANCHON est le candidat officiel du Front de Gauche, parti dûment inscrit auprès de la préfecture, à la prochaine élection présidentielle. Madame LE PEN ? La candidate officielle à la même élection d'un parti qui n'a jamais laissé entrevoir qu'il risquait d'être interdit.

 

 

C'est sans doute la raison qui fait que lorsque Madame LE PEN ou le vice-président du Front National LOUIS ALIOT sont invités aux "matins" de France Culture, tous les roquets du plateau, à commencer par le peut-être démocrate BRICE COUTURIER, de la radio "culturelle" retroussent les babines, montrent les crocs et s'en prennent aux mollets des invités, au point de pratiquer à leur encontre une censure de fait, par le brouillage savamment orchestré de leurs propos (interruptions constantes et multiples, désinvolture et arrogance). Ci-dessous, monsieur BRICE COUTURIER, de France Culture.

 

 

 

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On comprend bien que des journalistes veulent donner des gages pour interdire à qui que ce soit de soupçonner des "journalistes" d'avoir quoi que ce soit à voir avec les thèses d'un parti catalogué comme "facho". Je n'aime certes pas le Front National, principalement à cause du Quotient Intellectuel auquel il fait appel pour se procurer des adhérents dans le Supermarché Politique Français (SPF). Mais j'ai déjà eu l'occasion de déclarer ici que ce n'est pas parce que quelqu'un fait appel à la connerie, qu'il faut l'empêcher d'exprimer ses conneries.

 

 

Il fut un temps (pas si lointain) où le Front National ne refusait pas de faire le coup de poing. Mais il y avait en face des groupuscules que j’ai entrevus, et dont les membres masculins subissaient un entraînement paramilitaire plus ou moins poussé, plus ou moins professionnel. Mais aujourd’hui, qui, en politique, fait le coup de poing ? Qui, en politique, refuse le « jeu démocratique » ? Qui, en politique, conteste les institutions ? PLUS PERSONNE.  

 

 

L’engourdissement a neutralisé, anesthésié, paralysé le politique. Le politique tel qu’il nous est montré hésite entre le spasme et le bâillement, mais un spasme et un bâillement de théâtre. Les hommes qui s’agitent sont passés chez l’habilleuse, la maquilleuse. Ils ont appris le rôle qu’ils ont à réciter, ce sont les « éléments de langage ».

 

 

Dans la coulisse, ils sont entre eux, ils rigolent, paillardent, mangent et boivent aux mêmes tables. Sur scène, chacun avale un balai le temps de la représentation, et s’acquitte de sa tâche. Pas question de se déboutonner. Vivement que le rideau soit tombé ! Qu'on puisse chier le balai.

 

 

Désormais, je ne les qualifierai plus que de « politicards » ou « politicons ». J’ai une fois de plus entendu l'autre matin un de ces salopards soutenir sans que son nez s’allonge que la politique est un métier, une profession, voire une mission, qu’on ne saurait remplir si on « n’y croit pas » profondément, et si on n’y est pas engagé 24 / 24 et 7 / 7. Dire que la politique est un métier fait partie intégrante des immondices, détritus et autres déjections vomies par une démocratie en voie d’extinction.

 

 

Aussi longtemps que ces gens-là considèreront que se mettre au service de la collectivité est une orientation professionnelle à parent tiers, ce gros étron du mensonge sortira de la bouche-anus (c’est une seule et même chose) qui sert d’orifice sonore aux politiculs.

 

 

D’abord, parce que ça signifie que les dizaines de millions qui n’ont pas choisi ce « métier » sont des péquenots, et n’ont pas « voix » au chapitre, sinon par urnes interposées, de loin en loin. Ils n’ont plus qu’à fermer leur gueule. Jusqu’à la prochaine ouverture des urnes.

 

 

Et puis, ce politiclone qui  déclare que diriger une municipalité revient à manager une entreprise, est-ce qu’il n’affiche pas, finalement, le fin du fin de l’idéologie ultralibérale ? Quelqu’un qui dit : « C’est trop technique pour être géré par des amateurs », pour moi, c’est exactement ça, le premier pas vers la mafia dirigeante.

 

 

Les seuls vrais professionnels que je vois, dans le domaine politicru, ce sont les spécialistes, les « experts » si l’on veut. Ceux qui exposent au décideur politicocu les données d’un problème, pour qu’il prenne la meilleure décision possible. Décider, c’est choisir. S’il a réfléchi, il s’appuiera sur l’avis des professionnels pour prendre sa décision, mais il décidera en fonction de la vision qu’il a des choses.

 

 

Et si les « experts » se contredisent, c’est au politicru de trancher, et d’oser prendre ses responsabilités. Il ne saurait confisquer la décision au prétexte qu’elle résulterait de calculs simplement logiques et techniques. Si tout ça est simplement logique et technique, il n’y a qu’à rentrer les données dans la machine, et la décision sortira, évidente et lumineuse. Et le chef ne sert à rien.

 

 

Une autre possibilité reste aux politicrâneurs : donner les clés de la maison aux experts. Dire qu'on s'en lave les mains. Se contenter de la mise en musique de la politique élaborée dans les bureaux des experts, et de courir les plateaux de télévision pour servir en toute occasion les "éléments de langage". Le problème, avec les experts, c'est qu'il leur est impossible de se mettre d'accord : que ce soit sur les dangers qui nous menacent, les perspectives qui s'offrent ou les solutions à mettre en oeuvre, ils sont entre eux dans des bisbilles interminables. On en revient donc au point de départ : qui prend la décision ?

 

 

Un autre politicasseur se défendait énergiquement contre toute « IVRESSE DU POUVOIR », et soutenait que, s’il l’a ressentie au début, il s’en est très vite défait. Vous savez ce que ça veut dire, ce genre de discours ? En fait, que cette ivresse lui est devenue tellement habituelle qu’elle constitue son mode de vie naturel et ordinaire.

 

 

Ça, les spécialistes des addictions connaissent  par cœur. Ça veut dire une seule chose : le sang qui coule dans leurs veines, ce n'est plus du sang, c'est de l'ivresse du pouvoir distillée, comme l'héroïne la plus pure, à 95,5 % dans un laboratoire presque clandestin. Leur sang, il en est chargé à bloc et en permanence, de l’ivresse du pouvoir. Ils sont grave toxicos.

 

 

Le politicrate, il est comme un drogué, d’abord dans la dépendance (c’est le temps où il avoue son état d’ivresse), ensuite dans  l’accoutumance (c’est le temps où il affirme qu’il s’en est débarrassé ; réfléchissez, c’est plus profond que ça n’en a l’air). Plus ça va, plus il lui faut sa dose. Tiens, faisons un essai : voyons comment réagirait le politicornard en cas de sevrage brutal. J’attends le résultat avec la tranquillité que donne la certitude.

 

 

Et il y a des naïfs pour se demander les raisons du succès de thèses et de partis dits « populistes » ! Ces raisons, en dehors des problèmes que pose la réalité économique, il ne faut pas les chercher ailleurs que dans le spectacle lamentable et déliquescent offert par l’ensemble des premiers de la classe qui nous gouvernent.

 

 

Le théorème a la simplicité lumineuse des opérations arithmétiques d’école primaire : « QUAND LE GENERAL EST POURRI, LA TROUPE S’EN REMET A L’ADJUDANT » (j’opte aujourd’hui pour le proverbe nambikwara, si vous voulez bien).

 

 

Traduction : l’électeur qui a perdu la foi se rabat sur la grande gueule. Il paraît et on nous serine que c’est très mal. En gros, il y aurait deux sortes de politicouillons : ceux qui respectent le jeu parlementaire et les autres. Ces « autres », supposons que c’est MADAME LE PEN et, dans une moindre mesure JEAN-LUC MELANCHON. Même s’ils jouent le jeu. Le tout est de bien affirmer qu’ils sont les méchants.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

La suite à demain.

 

 

lundi, 01 août 2011

NORVEGE ET LIBERTE D'EXPRESSION

ANDERS BEHRING BREIVIK, vous connaissez, évidemment, comme tout le monde. Mais si, l’auteur maintenant célèbre d’un célèbre fait divers ! Il a tué entre 70 et 80 personnes à Oslo et Utheia. Par conviction d’Européen blanc et anticommuniste. A la bombe et au fusil. Cela s’appelle passer à l’action. La psychanalyse dirait « passer à l’acte ». ANDERS BEHRING BREIVIK a agi. Je veux dire qu’il n’a pas « exprimé » une opinion. Il a traduit une opinion dans une action concrète. Et criminelle.

 

 

Nous sommes, paraît-il, en démocratie. Nous jouissons, théoriquement, de la « liberté d’expression ». Mais qu’est-ce que la liberté d’expression ? En France, on le sait de moins en moins. J’ai dit beaucoup de mal, au sujet de la France, de la police de la pensée et de la police du langage qui se sont mises en place progressivement, à travers un certain nombre de lois qui punissent des délits de parole.

 

 

Cela s’est passé sous l’influence d’un certain nombre de groupes appelés « minorités ». Tout y passe, le sexe, la race, la religion. On ne peut plus émettre la moindre plaisanterie ni la moindre critique à l’égard des femmes, des arabes, des homosexuels, des juifs, sans se faire accuser de sexisme, de xénophobie (ou d’islamophobie), d’homophobie, d’antisémitisme.

 

 

En Norvège, le premier ministre vient de déclarer que le pays ne changera pas de politique en ce qui concerne l’expression des opinions, et que les opinions extrêmes ont tout à fait le droit de s’exprimer, aussi longtemps qu’il n’y a pas d’acte de violence. Retenez bien ça. Voilà une démocratie. En Norvège, l’extrême droite a le droit de s’exprimer, de formuler ses analyses, ses opinions, aussi extrêmes soient-elles. Elle n’a pas le droit de tuer. En Norvège, on fait la différence entre l’opinion et l’acte.

 

 

 

En France, ceux qui auraient envie de blaguer à propos de l’une des catégories mentionnées de la population s’exposent à l’accusation de PHOBIE, comme si leur cas relevait de la psychiatrie. Et s’exposent à des sanctions désormais légales, qui permettent à des « associations », des bonnes âmes certainement, de porter plainte, avec constitution de « partie civile ». En quoi cette négation française de la vraie liberté d’expression diffère-t-elle de ce que faisait l’U. R. S. S. brejnévienne en envoyant les opposants politiques dans des asiles de fous ?

 

 

Je ne citerai que pour mémoire cette phrase de VOLTAIRE, tellement rebattue qu’elle a perdu toute force et toute réalité : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous puissiez le dire ». Aujourd’hui, c’est devenu : « J’ai horreur de ce que vous dites, et je me battrai jusqu’à ce que le tribunal vous ait puni pour l’avoir dit ».

 

 

En 1784, PIERRE-AUGUSTIN CARON de BEAUMARCHAIS publie Le Mariage de Figaro. La tirade de Figaro au dernier acte est en principe (?) connue (?) des candidats bacheliers. Dans ce monologue, il dit, à propos de la liberté de la presse, quelque chose de parfaitement actuel : « On me dit que, pourvu que je ne parle en mes écrits ni de l’autorité, ni du culte, ni de la politique, ni de la morale, ni des gens en place, ni des corps en crédit, ni de l’Opéra, ni des autres spectacles, ni de personne qui tienne à quelque chose, je puis tout imprimer librement, sous l’inspection de deux ou trois censeurs ».

 

 

Il faut croire qu’au 18ème siècle, sous l’ancien régime, on savait mieux ce qu’est la liberté que nous autres, qui vivons au 21ème siècle, en régime soi-disant démocratique.

 

 

En France, quand toutes les « minorités » auront gagné, on débouchera sur quoi ? C’est relativement aisé à saisir : la vie sociale tout entière sera codifiée selon, d’une part, la liste des interdits ; et d’autre part, la liste des obligations. Et la fonction de l’école sera de faire apprendre par cœur à tous les écoliers les listes de proscriptions et de prescriptions. Et la police veillera à l’observance du code. Au besoin, un bon petit appel à la délation pour vaincre les résistances.

 

 

J’ai déjà abordé le problème. J’y reviens. Comment ça se passe, donc ? Prenez un groupe particulier qui se définit lui-même à travers une identité, mettons, par exemple, les « anti-corrida ». C’est l’identité d’un MILITANT, qui part en guerre contre quelque chose qu’il déteste. Je note d’ailleurs la dissymétrie entre le combat du MILITANT, et le plaisir de l’AMATEUR de corrida. Le premier décrète face au second : tu n’as pas le droit d’éprouver ton plaisir. D'ailleurs, le premier a eu la peau de la corrida en Catalogne.

 

 

Notons en passant que c’est précisément la détestation maladive de quelque chose qui définit la notion de PHOBIE. Mais il faut impérativement dissimuler l’aspect phobique de la guerre entreprise. Et le moyen le plus sûr, c’est tout simplement l’inversion de la charge de la preuve. Faire en sorte que le phobique désigné soit non pas celui qui déteste, mais celui qu’il déteste. Pour cela, profiter de l’horreur unanime qui saisit tous ceux, à l’audition des paroles honnies, qui prêchent la tolérance, avec la bouche en cœur si possible. On imagine le  système judiciaire où ce serait à la personne innocente de prouver qu’elle n’est pas coupable. Très pratique.

 

 

Autre urgence : ne pas attendre que des actes délictueux soient commis à l’encontre du groupe ainsi défini (il convient de dire aujourd’hui « minorité »), et s’attaquer à l’expression même, à la parole. On peut aussi se saisir, à l’occasion, des quelques actes déments commis contre tel groupe pour ériger le cas particulier en grave problème de société. On a profané un cimetière juif ou musulman ? Hurlez à l’antisémitisme, à l’islamophobie ! Présentez-vous collectivement comme une victime.

 

 

La France est donc pionnière en la matière (pour une fois qu’elle n’est pas « en retard » !). Le pays des droits de l’homme (je pouffe !) a réussi à faire de la parole un délit ! Et cette énormité apparaît aujourd’hui tellement évidente que (presque) tout le monde l’admet ! Alors que cela devrait être combattu. Ainsi s’instaure la société d’intolérance généralisée.

 

 

P. S. : Je crois utile de préciser malgré tout que je n’aime guère les extrémistes, quels qu’ils soient et d’où qu’ils viennent. Je trouve par exemple très comique l’insurrection qui gagne les gauchistes dès que l’extrême droite manifeste dans la rue, obligeant les C. R. S. à s’interposer. Mais l’idée qu’il puisse y avoir des TABOUS D’OPINION m’est au moins aussi insupportable.