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lundi, 13 mai 2019

LE FLÉAU DES HUMORISTES

18.000

Dix-huit mille, Sandrine Blanchard ne dit pas où elle a trouvé ce chiffre pour écrire son article dans Le Monde du 21/23 avril 2019 (titre : "Quand les humoristes se bousculent", car oui, ça se bouscule au portillon). 18.000, c’est le nombre de représentations données en 2017 de spectacles mettant en scène des humoristes (contre 7.380 en 2006, ça a plus que doublé en une dizaine d'années), dans des "stand-ups" ou autres. La profession recrute en masse. Il y a pléthore. L'usine à produire des comiques fonctionne à plein régime. Qu'est-ce qu'on rigole !

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Le service militaire dans le souvenir de deux pères : celui de l'élève Chaprot (c'est lui qui raconte, et par écrit) et M. Raffray.

Le rire s'est rué sur la population comme autrefois la vérole sur le bas clergé (breton), et plus personne n'échappe à l'injonction de Big Brother : de même qu'il y avait un hygiénique "deux minutes de la haine" chaque jour dans l'univers de 1984 (George Orwell), de même vous n'échapperez pas, dans la grille de vos chaînes préférées, à l'obligatoire créneau réservé à la dilatation de la rate à heure fixe : "Qu'est-ce qu'on rigole !".

Je ne sais pas vous, mais moi, je trouve effarant le chiffre de 18.000 spectacles comiques offerts aux Français en une seule année. Et chaque semaine, ce n’est pas moins d’une vingtaine de comiques professionnels (on dit "chroniqueurs") qui s’abattent sur France Inter,

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Une page de pure virtuosité graphique.

chaîne publique, aux heures de grande écoute, comme autant d'hyènes (je pense évidemment à celle de Gotlib). Et je ne compte pas les annonces de spectacles comiques dans les pages « divertissements » (parfois même « culture » !) du journal Le Progrès. Et la peste soit des "chroniqueurs humoristes" dans toutes sortes d'émissions audiovisuelles ! C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles j’ai rayé France Inter de mon paysage auditif – l’autre étant l’invasion de l’antenne par la publicité.

J’étais à chaque fois horriblement consterné par les balivernes et les niaiseries débitées par l’un ou l’autre de ces sinistres, auxquelles les autres membres de l’équipe faisaient semblant de s’écrouler bruyamment de rire : j’imagine que l’obligation de rire était dans le cahier des charges de chacun, par contrat. Je trouve humiliante cette sorte d'entreprise (humiliante pour l'auditeur, je précise).

Il m’est arrivé, dans le temps, d’entrevoir à la télévision une émission de Philippe Bouvard, rendez-vous impérieux de comiques professionnels payés pour débiter à heure fixe des blagues drôlissimes et des jeux de mots farcis de quelques salacités, que tout ce petit monde faisait semblant de trouver irrésistibles. Et j’ai le regret de l’avouer : j’ai toujours été accablé devant Les Guignols de l’info, les rares fois où j’y ai assisté. Et pourtant, ces émissions étaient plébiscitées par l'audimat.

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Victor de l'Aveyron, l' "enfant sauvage", au spectacle du Dr Itard, le soir à la veillée (vu par Gotlib).

Je dois être vraiment marginal : je vois une forme d’avachissement intellectuel et moral dans cette colonisation des chaînes publiques et privées par des gens payés pour faire croire qu’il existe encore des raisons de se marrer (mais il m'arrive de me marrer en entendant certains se prendre très au sérieux quand ils débitent avec componction et conviction leurs enfilades de flatulences à la mode). Quand il m’arrive – par erreur – de tomber sur de tels clowns stipendiés pour-heures-de-grande-écoute, j’ai l’impression de débarquer d’une planète située à des années-lumière, tant m’échappe la drôlerie supposée des propos tenus par les uns et les autres. Il est fort possible que ces saltimbanques me jugeraient un bien triste sire s’il m’arrivait de croiser leur route.

Dans le même genre de constat, il arrivait à une personne à laquelle je tenais beaucoup d’aller au théâtre Tête d’Or (généralement du « boulevard »), situé sur l’avenue de Saxe à Lyon. La dernière pièce qu’elle est allée voir (un machin de Laurent Baffie) lui a laissé l’impression désagréable d’être en complet déphasage avec l’ensemble des spectateurs, et avec l’époque : cette personne est restée de marbre d’un bout à l’autre, alors que la salle riait à se faire éclater la rate à la moindre saillie. Question de génération peut-être.

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L'H.A.I. (homme à idée) inventant une slogan publicitaire pour "les pâtes qui font rire" (je ne sais plus quelle marque, mais il me semble bien ...).

Ce déluge de conneries – factices qui plus est – n’est pas selon moi un signe de bonne santé, mais l’indice alarmant d’un avilissement. Ces drôleries pas drôles me font penser à « du mécanique plaqué sur du vivant », mais pas au sens où l’entendait Bergson dans Le Rire. Ce sont plutôt des machines qui tournent à vide, et où, pourtant, les auditeurs se rassemblent (en foule, mais chacun chez soi) pour, disent-ils, passer un bon moment. L'industrie du rire ne sert à rien d'autre qu'à la "gestion du stress de la population" : c'est un truc de DRH soucieux de maintenir au "beau fixe" le moral du personnel et de prévenir tout ce qui risquerait d'entraver sa productivité.

Quelle perspective étrange : on admet l’enlaidissement de la réalité, pourvu que dans certains créneaux de la journée, on puisse « se détendre », « décompresser », « déstresser ». Tout se passe comme si la dégradation des conditions d’existence était considérée comme normale ou inéluctable, et qu’on acceptait de s’y plier parce que « c’est comme ça », et qu’après tout, quelques moments de divertissements quels qu’ils soient permettaient de les supporter. Les gens se disent : « Plus ça va mal autour de moi, plus j’ai besoin de réconfort et de dilatation des viscères ». Réflexe de survie en milieu hostile, sans plus.

Cela reste un très mauvais signe de l’état du monde qui nous entoure. Rien de plus terrible, en vérité, que ce rire de commande, ce rire administré, ce rire institutionnel, cette injonction de rire par ordonnance, fût-elle médicale. On aura beau me dire « défouloir », « soupape de sécurité », et tout ce qu’on veut, je reste convaincu que, quand le rire devient un besoin primordial, quand le rire devient le nouvel impératif social, je sens l'imposture, et j'augure mal de l’état de la société : plus il faut rire, plus je me dis qu’il y a quelque chose de pourri au royaume de Danemark (c'est une citation).

Pour savoir comment va le monde, rien de tel que de prendre sa température (et je ne parle pas du changement climatique, mais du monde humain). L’épidémie de « besoin-de-rire » qui a gagné la France est un excellent moyen pour cela. Pour prendre la température du monde, j'avais proposé il y a déjà un certain temps, de mesurer la misère humaine en se servant de l’étalon humanitaire. Je crois que le rire peut servir tout aussi valablement de thermomètre.

Voyons l’humanitaire. Quand les situations de crises et les urgences (catastrophes naturelles, guerres, persécutions, famines et autres joyeusetés humaines) se multiplient, comme on en a l’impression de plus en plus vive, on observe qu’un sentiment de culpabilité diffus se répand dans les populations qui n'en sont pas les victimes, et cela produit presque mécaniquement leur altruisme, parce qu'elles n’ont pas à en souffrir. Et cet altruisme peut prendre une ampleur parfois impressionnante, parce que les gens éprouvent tout à coup, devant les images-chocs, des émotions violentes qui les poussent à réagir aussitôt par la générosité.

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Campagne télévisée de sensibilisation de la population sur la crise au Biaffrogalistan.

Et plus l’altruisme grandit, plus les petites associations, pauvres et logeant dans des bureaux miteux, qui se proposaient au début de venir en aide aux malheureux du monde, se transforment en poids-lourds (Amnesty International, 1960 ; Médecins sans frontières, 1968, guerre du Biafra ; …), au point d’être devenues en quelques décennies des entreprises multinationales très riches et très administrées.

Quand Amnesty a ouvert à Lyon (angle rue de la Platière-quai de la Pêcherie) une boutique où les sympathisants pouvaient se procurer toutes sortes de colifichets siglés "Amnesty International", je me suis dit qu'il y avait un gros ver dans le beau fruit des bonnes intentions. J'avais même reçu une enveloppe publicitaire contenant LE crayon (ostensiblement siglé), vous savez, cette "arme" contre toutes les dictatures. Pitoyable. Les multinationales de ces chevaliers blancs ne fonctionnent plus, depuis nombre d'années, dans l'esprit qui les a fait surgir, mais selon leur logique propre de machine à collecter des fonds, où les frais de fonctionnement ont fini par engloutir de bonnes parts de la générosité publique. La "grande cause" initiale est devenue un prétexte.

Leur taille de mastodontes (dont la prospérité est cependant fondée sur la charité publique) a justifié, dans l’enseignement supérieur, la création de filières diplômantes destinées à former un haut encadrement très bien payé et tout désireux d’y faire carrière. Au point que l’homme de la rue finit par se demander ce qu’il reste de l’altruisme initial dans des structures qui reproduisent fidèlement le modèle du monde qui a créé les situations dramatiques à l’origine de leur naissance. Pour ma part, je ne sais pas ce que seraient aujourd'hui ces ONG caritatives s'il n'y avait pas eu à l'époque les magazines d'information illustrés et la télévision (cf. le Gotlib ci-dessus).

Soit dit en passant, on observe, après un demi-siècle d’action humanitaire, que les situations qui nécessitent les interventions d’urgence de l’armée humanitaire n’ont pas cessé de proliférer et de s’aggraver. Preuve, s’il en était besoin, que toutes les bonnes intentions du monde qui animent l’humanitaire ne servent strictement à rien en ce qui concerne la marche du monde, se réduisant à traiter exclusivement des conséquences de drames, souvent dans la précipitation et le désordre (voir Aceh, Népal, Haïti, …), et jamais des causes concrètes qui lui échappent par nature.

L’humanitaire n’est rien d’autre qu’un aveu d’impuissance, en même temps que la réaction, souvent épidermique, du désespoir devant l’ensauvagement du monde. L'humanitaire, c'est la petite cuillère qui entreprend de vider l'océan. L'humanitaire ne réfléchit pas et ne se pose pas de questions : il a le nez au ras de l'urgence. Il y a dans l'humanitaire quelque chose d'une bêtise obtuse et farouche.

L’article de Sandrine Blanchard dans Le Monde du 21/23 avril dernier met en évidence une inflation identique du côté de l’offre de divertissement comique à la télévision et dans les salles de spectacle. Pour plus que doubler entre 2006 et 2017 (de 7.380 à 18.000), il faut que quelque chose de grave se soit passé. Bon, on me dira qu’Hollywood a produit à la chaîne des films de délassement (de diversion) dans les années qui ont suivi le krach de 1929, et que la crise de 2008 est passée par là.

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Fin d'un épisode d'un feuilleton télévisé américain auquel Gotlib n'a rien compris parce qu'il a manqué le début, qui exposait la problématique.

J’ai cependant tendance à ne pas me laisser rassurer par ce rapprochement. Mais je m’arrêterai là pour ce qui est de l’analyse des causes. Je me borne ici à faire part d’une impression pas drôle du tout : plus le monde est en mauvais état, plus devient pressante et massive l’urgence humanitaire, et plus devient impérieuse l’injonction de rire, de ne pas s’en faire, de voir le bon côté de la vie, de « positiver ». Et inversement, plus on me presse de donner (ma compassion, mon argent, mon temps, mon bénévolat, etc.), et plus on me propose de rire aux blagues d’armées de comiques troupiers professionnels toujours plus nombreuses, plus je me dis que non, le monde ne va pas bien.

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Une des mésaventures d'un adepte des blagues du 1er Avril qui ratent toutes, cette année-là.

Et qu'il y a de l'aveuglement sur la réalité dans la réaction humanitaire, comme il y a de la dénégation dans la réaction d'hilarité. 

Deux hyperinflations : deux symptômes du mal.

Voilà ce que je dis, moi.

Note : j'aime bien me marrer, mais je ne délègue à aucun guignol (non, pas celui de Lyon : tous les autres) le soin de m'épanouir les zygomatiques.

mercredi, 31 octobre 2012

EUROPE ET CURIOSITE

Pensée du jour : « Un monde gagné pour la Technique est perdu pour la Liberté ».

 

GEORGES BERNANOS

 

 

 

Promis, je vais arrêter de laïusser sur la CURIOSITÉ, avant que tout le monde en ait marre, moi le premier. En fait, ce qui m’intéresse là, c’est encore deux choses. D’abord et d’une, que c’est en Europe que la curiosité a pris son essor définitif. Et dans deux directions : à l’égard des choses (physique, chimie, mathématiques, bref, les sciences « dures », on va laisser ça de côté, si vous n’y voyez pas d’inconvénient, bien qu'il y ait à dire) et à l’égard des hommes.

 

 

Ensuite et de deux, que cette deuxième branche part elle-même dans deux directions : l’une est toujours scientifique, l’autre est morale. C’est cette double branche qui a motivé le laïus depuis le début. Vous me direz que j’aurais pu prévenir. Je rétorquerai que j’aurais prévenu si j’avais su la tournure que ça prendrait.

 

 

Commençons par la morale. Car si l’Europe en général, et la France en particulier, voient leur tomber dessus à bras raccourcis les descendants des « indigènes » et des esclaves exploités dans les anciens pays colonisés, il ne faut pas oublier le reste. Il ne faut pas oublier que chez nous, les premiers à s’alarmer aujourd’hui du sort des immigrés, sans papiers, clandestins sont très souvent des Français à la peau blanche (voir le travail de la Cimade dans les centres de rétention, et les efforts des membres de RESF pour empêcher l’expulsion d’enfants scolarisés).

 

 

L’Europe est allée puiser les moyens de sa richesse et de sa domination dans tous les pays du monde. Elle a exploité tant qu’elle a pu les minerais et les populations. C’est ce qu’on appelle l’époque coloniale. Mais en même temps, elle a inventé la tolérance, fille de la curiosité. Docteur Jekyll et Mister Hyde, si vous voulez. Ou alors l'Europe schizophrène, pourquoi pas ?

 

 

Je pense ne rien apprendre à personne en rappelant la « Controverse de Valladolid », de 1550-1551, entre BARTOLOME DE LAS CASAS et JUAN GINES DE SEPULVEDA, au sujet de la façon dont devaient être conduites les colonisations pour que la conscience n’ait pas à en souffrir. Et l’impeccable comportement de LAS CASAS dans ses domaines de Cuba à l’égard des Indiens. On rappelle toujours aimablement l’avers de la médaille (les cruautés commises par les conquistadors), on oublie trop facilement son revers, reflet de préoccupations morales indéniables.

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LAS CASAS 

 

Ce n’est sûrement pas l’Europe qui a inventé l’intolérance, en revanche, c’est là et pas ailleurs que sont nées l’idée et l’exigence de tolérance. De même pour le racisme : c’est en Europe que sont élaborées les premières théories essayant d’établir (« scientifiquement ») l’inégalité des races (VACHER DE LAPOUGE, ARTHUR DE GOBINEAU, ERNEST RENAN, PAUL BROCA, oui, celui de la « circonvolution »), qui connaîtront le succès qu’on sait en Allemagne.

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PLANCHE TIREE DE "ANTHROPOGENIE" D'ERNST HAECKEL, 1874

(le même qui disait : "L'ontogénèse est une courte récapitulation de la phylogénèse")

(voir en bas à droite)

 

Mais c’est aussi en Europe qu’est né l’antiracisme. Et c’est l’Occident qui a inventé les « Droits de l’homme » et les associations de « défense des droits ». Et ce n’est pas en Occident, si l’on excepte les cris d’orfraie d’Amnesty International et autres dénonciateurs professionnels des infractions commises chez lui (Guantanamo, centres de rétention français, …), que ces mêmes « droits de l’homme » sont foulés au pied.

 

 

Je signale en passant que la peur ou la haine de l’étranger n’est pas l’apanage des Européens, comme le voudraient des militants à jamais insatisfaits (MRAP, LICRA, CRAN, « Indigènes de la République », …), mais que ce sont des réflexes, sinon universels, du moins tellement partagés et immémoriaux que ce n’en est pas loin.

 

 

L’intolérance et la xénophobie (le « repli identitaire », selon l’expression affectionnée des médias et des journalistes) sont la réaction immédiate de l’homme au surgissement de l’inconnu. Pour être tolérant et antiraciste, en un mot pour être CURIEUX, il faut FAIRE UN EFFORT. Et ce n’est jamais évident. Ce qui est évident, c’est le rejet de prime abord.

 

 

Et j’ajoute que tolérance et antiracisme sont des idées valables à la seule condition que ce soit RECIPROQUE. Je veux bien qu’on exige de moi du respect si l’on fait preuve du même à mon égard. Le problème vient quand la relation est dissymétrique, et que l’un des deux se prétend la victime de l’irrespect de l’autre. A qui est-ce, de commencer ?

 

 

L’autre branche de la double branche dont je parlais, ce sont les sciences humaines. Et alors là, je voudrais insister sur un paradoxe qui m’apparaît faramineux. Car toutes les disciplines qu’on appelle « sciences humaines » ont connu un drôle de retournement. Les sciences humaines, c’est l’ethnologie, la sociologie, la psychologie, l’économie, l’histoire, quelques autres « logies » en perspective, autrement dit, ce que le Collège de ’pataphysique appelle les « sciences inexactes ».

 

 

Dites-moi s'il ne faut pas une curiosité incroyable pour aller vivre durablement chez les Bororos ou chez les Nambikwaras, comme l'a fait CLAUDE LEVI-STRAUSS. Et les ethnographes qui ont fait pareil ne se comptent pas sur les doigts d'une seule main. On peut même dire que ça a été très à la mode, l'immersion. Faut-il que les Occidentaux aient été CURIEUX de la vie de toutes les peuplades "exotiques" pour avoir ainsi payé de leur personne.

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FEMME NAMBIKWARA 

 

C’est pour dire ceci (on va essayer d'éviter le grandiloquent) : jamais, dans l’histoire de l’humanité, une société n’a autant développé les moyens de se connaître elle-même que la société actuelle. Jamais on n’avait aussi bien découpé et segmenté les activités humaines en autant de paramètres (forcément pertinents, bien sûr). Chaque paramètre donnant lieu à une spécialité, il était logique que chacun débouchât sur une discipline autonome.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

A finir demain, juré.