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dimanche, 23 juin 2024

ILS ME FONT VRAIMENT PEUR

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Journal Le Monde daté 21 juin 2024. Bon, c'est vrai, le sous-titre de ce titre explique que la dame embaucherait volontiers — et pourquoi pas, je vous prie ? — des gens de gauche. Est-ce bien crédible ? Ou alors Mélenchon est sur les rangs ?

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Journal Le Monde daté 20 juin 2024. Alors là, je ne comprends pas. Comment ? Un parti dont le chef a parlé des chambres à gaz comme d'un "point de détail de l'histoire" !!! Un chef qui a osé ajouter au nom de Michel Durafour le mot "-crématoire" !!! Un parti qui compte encore dans ses rangs nombre de gens que ces paroles ne choquent en aucune manière !!! Comment le chasseur de nazis a-t-il pu se fourvoyer à ce point ? Faut-il qu'il haïsse Mélenchon ou Glucksmann pour se jeter dans de tels bras !!!

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Journal Le Monde, 20 juin 2024. Un effort d'analyse qui explique peut-être en effet, au moins en partie, le déport massif de voix sur la liste R.N. aux européennes. "Ecologie punitive" ? Il faut voir en action l'équipe de Grégory Doucet, le maire écolo de Lyon, qui exécute sans état d'âme une batterie de décisions brutales, pour comprendre tout ce que les écolos font payer aux gens ordinaires qui, en dehors des "petits gestes" devenus rituels ou pas loin, n'en peuvent mais.

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Journal Le Monde, 19 juin 2024. Autre cause, effet identique ? Même à Lyon, plusieurs bureaux de poste ont été fermés. Alors il faut imaginer les "territoires" (c'est comme ça qu'il faut dire, paraît-il), parfois isolés, abandonnées de toutes les manifestations de présence de l'Etat (droite et gauche confondues). Les gens devraient pourtant réfléchir : par exemple, Bardella a bien fait comprendre que les services publics audiovisuels seraient promptement privatisés en cas de victoire. Y a pas de raison que les autres services publics ne suivent pas le même chemin.

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Journal Le Progrès, 15 juin 2024. Point de vue ma foi intéressant de M. Luc Rouban, sociologue de son état. Cela compte sûrement, mais difficile de dire dans quelle mesure.

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Journal Le Monde, 14 juin 2024. A ce sujet, je veux bien croire que l'écologie, entre les mains de Bardella-Le Pen, ça ne fera pas un pli : direction les oubliettes.

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Le Canard enchaîné, 12 juin 2024. Comme l'indique le sous-titre de l'article, tous les Hauts Fonctionnaires de l'administration française ne sont pas des Jean Moulin, et loin de là. Il y aura sans doute pas mal de Maurice Papon, tous serviteurs dociles de l'Etat légal.

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Journal Le Progrès, 11 juin 2024. Il n'y a pas de raison que notre belle ville soit épargnée par la vague, n'est-ce pas. C'est une photo de l'horloge de Tassin qui illustre l'article du Progrès, mais la commune (que je connais assez bien) est loin d'être la seule dans cette misère.

***

Dernier arrivage (de ralliements, bien sûr).

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Journal Le Monde, 22 juin 2024.

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Journal Le Monde, 22 juin 2024. 

Quand tous les rats s'y mettent pour quitter un navire que nul homme d'Etat n'est en mesure de piloter désormais. Et Diogène a beau en chercher un digne de ce nom, il désespère de tomber un jour sur un oiseau de cette espèce en voie d'extinction.

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samedi, 22 août 2020

UN JUIF CHEZ MAIGRET

J'ai emporté un peu de lecture récréative sur mon île déserte.

Georges Simenon a écrit Les Caves du Majestic pendant l'hiver 1939-1940, à Nieul-sur-Mer (Charente Inférieure à l'époque). C'est l'histoire, sordide comme souvent, d'un brave garçon qui se fait piéger par un méchant. Prosper Donge, responsable de la "caféterie" de l'hôtel Majestic, est accusé de deux meurtres : Mrs Clark alias Mimi et Justin Colleboeuf, portier de nuit de l'hôtel. C'est Ramuel, le comptable, qui est le coupable : très doué pour l'imitation des écritures et des signatures, il a mis de côté une somme importante soutirée de Mrs Clark en reproduisant l'écriture de Donge (elle a dit à Clark que l'enfant était de lui, alors qu'il est rouquin comme son vrai père : Donge), et s'apprête à quitter la France pour en jouir. Il se faisait adresser les chèques à une fausse adresse, d'où le courrier était réexpédié dans une boîte postale privée, du genre douteux qui accepte que ses clients se présentent sous de simples initiales. C'est de cette agence qu'il s'agit ici, et en particulier de son "directeur". C'est l'inspecteur Lucas, bien connu des amateurs de Maigret, qui prend la parole. C'est moi qui souligne certaines expressions.

« Regardez ... Vous voyez cette sorte de boutique étroite, entre le marchand de valises et le coiffeur pour dames ? ... C'est ça, l'Agence Jem ... C'est tenu par un vieux bonhomme répugnant, de qui je n'ai pu tirer le moindre renseignement... Il voulait fermer sa boutique et aller déjeuner en prétendant que c'était son heure... Je l'ai forcé à rester... Il est furieux... Il prétend que, sans mandat, je n'ai pas le droit...

Maigret entra dans la boutique à peine éclairée, coupée en deux par un comptoir en bois noir. Des petits casiers de bois, noir aussi, garnissaient les murs, et des lettres emplissaient ces casiers.

– Je voudrais bien savoir ... commença le vieux.

– Si cela ne vous fait rien, grogna Maigret, c'est moi qui poserai les questions. Vous recevez, n'est-ce pas, des lettres à des initiales, ce qui est interdit à la poste restante, si bien que vous devez avoir une assez jolie clientèle ...

– Je paie patente ! se contenta de riposter le vieux.

Il portait des lunettes épaisses sous lesquels s'embusquaient des yeux larmoyants. Son veston était malpropre, le col de sa chemise élimé et gras. Une odeur rance se dégageait de sa personne et devenait l'odeur de la boutique. 

– Je désire savoir si vous tenez un registre où, en face des initiales, vous notez le nom véritable de vos clients ...

Le vieux ricana.

– Vous croyez qu'ils viendraient encore ici s'il leur falait donner leur nom ?... Pourquoi pas leur demander des pièces d'identité ?

C'était un peu écœurant de penser que de jolies femmes entraient furtivement dans cette boutique qui avait servi d'officine à tant d'adultères et à tant d'autres tractations malpropres.

– Vous avez reçu hier matin une lettre adressée aux initiales J.M.D.

– C'est bien possible. Je l'ai déjà dit à votre collègue. Il a même tenu à s'assurer que la lettre n'était plus ici...

– Donc, on est venu la retirer. Pouvez-vous préciser quand ?

– Je n'en sais absolument rien et, même si je le savais, je ne crois pas que je vous le dirais ...

– Ignorez-vous qu'il se pourrait qu'un de ces jours je fasse fermer votre boutique ?

– Il y en a d'autres qui m'ont dit la même chose, et ma boutique, comme vous dites, est à sa place depuis quarante-deux ans... Si je faisais le compte des maris qui sont venus faire du bruit ici, et même me menacer de leur canne ...

Lucas n'avait pas eu tort d'affirmer qu'il était répugnant

– Si cela ne vous fait rien, je vais mettre les volets et aller déjeuner...

Où pouvait déjeuner ce cloporte ? Etait-il possible qu'il eût une famille, une femme, des enfants ? C'était plutôt un célibataire, et sans doute avait-il sa place retenue, sa serviette dans un anneau, dans quelque restaurant miteux des environs. »

Le portrait du tenancier de la boutique ne laisse guère de place au doute. J'avoue que les qualificatifs (vieux bonhomme répugnant, yeux larmoyants, ce cloporte) dont Simenon assaisonne le personnage m'ont mis mal à l'aise et la puce à l'oreille. Il se trouve que, vingt pages plus loin, on a confirmation des craintes lorsque l'individu décline volontiers son identité, au moment précis où il apprend qu'une assez forte récompense sera accordée à ceux qui contribuent à l'élucidation des deux meurtres. Le tenancier, en effet, déclare : « Je soussigné Jean-Baptiste Isaac Meyer ... ». C'est donc bien ça : monsieur est juif. Sa personne est repoussante, et il aime l'argent. 

Cette caricature de juif suffit-elle à faire de son auteur un antisémite ? Bon, Simenon a écrit ça pendant l'hiver 1939-1940. Bon, l'air du temps portait à cette époque des odeurs assez fortement antisémites. Bon, Simenon a peut-être eu un moment de faiblesse. Mais quand même ...

Voilà ce que je dis, moi.

Note : On trouve Les Caves du Majestic dans le volume X (les Maigret sont notés en chiffres romains) des œuvres complètes de Georges Simenon publiées par les éditions Rencontre en 1967-1973. Le passage concerné se trouve aux pages 269-270.

vendredi, 30 décembre 2016

RUE DU PAVILLON 1

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Photographie Frédéric Chambe.

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COLONISATION DE LA CISJORDANIE

L'Etat d'Israël ne veut pas la paix : le projet à long terme de l'Etat d'Israël est de chasser de Palestine tout ce qui n'est pas juif, à commencer par ceux qui portent le nom de la région : les Palestiniens. La colonisation en Cisjordanie montre que l'Etat d'Israël, non seulement veut la guerre, mais encore fait la guerre. C'est une guerre de conquête territoriale (Jérusalem-est, destruction de maisons, destruction de champs d'oliviers, ...). Une guerre qui fait sentir jusqu'en France ses effets secondaires.

mercredi, 21 janvier 2015

WOLINSKI SUITE

Une pensée aujourd'hui pour les régicides du 15 janvier 1793. Et puis ne soyons pas chien : une pensée aussi pour Louis Capet, monté à l'échafaud le 21 janvier suivant.

Oui, une pensée pour la période de l'histoire de France qui a installé durablement la coupure.

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Wolinski en 1970. C'est après l'interdiction d'Hara Kiri Hebdo sur ordre de Raymond Marcellin que s'instaure ce débat confus (et tellement daté) sur la confusion entre "politique" et "pornographique". J'ai oublié les détails. Wolinski ne pouvait pas louper ça. Aujourd'hui, j'ai l'impression que plus rien n'est politique. Et que le pornographique est devenu la normalité.

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Cette série de six dessins est tirée de la page 2 du n°2 de Charlie Hebdo, paru le lundi 30 novembre 1970. On me dira ce qu'on voudra, bien sûr, c'est dessiné à la va-vite et à la diable, mais il y a du génial là-dedans.

Wolinski avait fait paraître la bande ci-dessous, sans doute en 2006, suite à l'incendie des locaux de Charlie Hebdo (déjà un attentat !). Je n'ai ni la date, ni le support. Je profite de ce que Le Monde (daté 9 janvier) l'a republiée. Toute la "philosophie" de Wolinski est là, je crois.

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Voilà ce que je dis, moi.

 

mercredi, 21 mai 2014

HENRI GODARD ET CELINE

CELINE LE PESTIFÉRÉ

 

Henri Godard n’a pas eu de chance dans la vie. Etudiant en Lettres, il aurait pu tomber sur les sonnets de Louise Labé, la poésie de Jean-Baptiste Rousseau ou les œuvres de Jean-Baptiste Gresset. Autrement dit, des sujets pépères, tranquilles, sans risque. Mais non, à vingt ans, la marmite de potion magique dans laquelle il se précipite n’est autre que celle des écrits de Louis-Ferdinand Céline.

 

Et pas n’importe quel titre. Tout de suite c’est D’un Château l’autre. Toute de suite l'essentiel. Vous savez, le bouquin où le pestiféré raconte Sigmaringen (qu'il orthographie « Siegmaringen » par dérision), Pétain fini. Accessoirement, le bébé Philippe Druillet (il raconte ça dans son récent Délirium) y a été soigné par le docteur Destouches (= Céline), parce que son nazi de père s'y était aussi réfugié. 

 

On est alors en 1957. Godard a vingt ans. Résultat, quand, en 2011, Henri Godard propose le nom de Céline et qu’une main administrative, ne voyant aucun obstacle à la chose, inscrit ce nom parmi les célébrations culturelles nationales prévues (c'est alors le cinquantenaire de sa mort), monsieur Serge Klarsfeld, brandissant l'étendard de la « lutte contre l'antisémitisme », obtient en deux jours de Frédéric Mitterrand, alors ministre de la culture, qu’il le raie d’un trait de plume. Rien que le nom de Céline est honni des juifs. Henri Godard n’a pas de chance. Qu'on se le dise : monsieur Serge Klarsfeld est au nombre de ceux qui font la police de la pensée.

 

Remarquez, ça finira par devenir une habitude chez les amateurs de pestiférés : tout récemment, une vente aux enchères d’objets nazis n’a-t-elle pas été interdite par le conseil des ventes, sur recommandation d’Aurélie Filipetti, ministre de la culture, elle-même interpellée par le vice-président du « Conseil Représentatif des Institutions Juives de France » (Crif), monsieur Jonathan Arfi qui, la vente étant tout à fait légale, se référait à des « valeurs morales ».

 

Rebelote et censure identique il y a quelques jours, mais cette fois à la demande du responsable d’un « Comité de vigilance contre l’antisémitisme » ! Aux chiottes la légalité ! Vive les « valeurs morales » ! Celles qui sont du bon côté, évidemment ! Ah mais ! Quand on met ces choses bout à bout, ça finit par faire beaucoup. En période d'Inquisition, tout le monde ouvre le parapluie (« barabli », comme on dit en alsacien). 

 

Il ne me viendrait pas à l’idée de me porter acquéreur d’un objet au motif qu’il porte une croix gammée. Il faut être un brin azimuté pour aimer ça. Mais l’idée d'interdire aux amateurs confits dans le culte nostalgique du troisième Reich de satisfaire leur goût bizarre ne peut, à mon avis, germer que dans des cerveaux aussi malades que ceux-ci. Il faut déjà être vigoureusement cintré de la voûte pour avoir l'idée de créer quelque « comité de vigilance » pour protéger les juifs en France aujourd'hui ! Vive la paranoïa au pouvoir ! Pour être une bonne victime, il faut le crier le plus fort possible.

 

C’est fou quand on pense au nombre de cinglés/victimes qui ont comme principale raison de vivre (dont ils ont fait une raison sociale : « les associations ») de passer leur temps à scruter les mouvements de leurs ennemis (les réacs, les fachos), de pousser les hauts cris dès qu’ils voient le plumet d’un cimier s’agiter au vent et d’appeler les autorités, au nom du Code Pénal et de la Morale, à faire peser la griffe de la Loi (ou plutôt des gens au pouvoir) sur les téméraires qui osent les défier.

 

Dieudonné est une autre victime récente de cette folie punitive. Je ne cultive aucunement le Dieudonné, ni en pot ni en plein champ, mais ces fulminations haineuses me laissent ahuri et pantois (au fait, quelqu'un a-t-il des nouvelles de la "quenelle" ?). C'est à se demander de quel côté est le Bien, de quel côté le Mal.

 

Qu’on se le dise, les flics des brigades « ANTI- » (anti-islamophobes, anti-homophobes, anti-antisémites, anti-sexistes, anti-fascistes, etc.) n’ont pas les yeux qui se croisent les bras, ils veillent de toutes leurs antennes et montent au créneau comme un seul homme à la moindre alerte. Et les autorités n’ont rien de plus pressé que de céder à leurs demandes, faites en l’occurrence au nom de la mémoire de l’Holocauste.

 

Henri Godard était bien gentil, finalement, en ne dénonçant, en 2011, qu’ « une forme de censure ». Je doute quant à moi que cette vigilance chatouilleuse et que cette intolérance exacerbée soient d’une quelconque efficacité contre une montée éventuelle du racisme et de l’antisémitisme. Je ferme la parenthèse.

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S’intéresser à un pestiféré comme Céline comme l’a fait Henri Godard, c’est aimer vivre dangereusement. Roland Thévenet (un homme exaspérant et carrément indispensable) en a fait l’expérience, mais lui, c’était à propos de Henri Béraud, autre pestiféré de la Libération, injustement accusé de « collaboration », condamné à mort, gracié in extremis, que je ne place pas – littérairement, s’entend – au niveau de l’auteur de Voyage au bout de la nuit. Alors que le génie de Céline brille dans la collection Pléiade, le talent indéniable de Béraud croupit dans les oubliettes de l’histoire.

 

LIVRE HENRI GODARD BIOGRAPHIE.jpgDire que Henri Godard a consacré sa vie à Céline serait exagéré, mais enfin, il ne dira pas que l’auteur n’a pas occupé une place centrale dans son travail universitaire. J’ai lu, lorsqu’elle a paru, la biographie (ci-contre) qu’il lui a consacrée (Gallimard, 2011) : c’est juste excellent. Je conseille à tous ceux qui sont curieux de savoir à quoi s’en tenir cette lecture roborative, rigoureuse, et même intransigeante avec Céline lui-même. 

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Et puis je viens de lire A Travers Céline, la littérature (Gallimard, 2014). Le propos est évidemment tout autre. Henri Godard y raconte comment Céline est devenu inséparable de son parcours personnel. C’est là qu’il raconte la stupéfaction qui fut la sienne à la lecture de D’un Château l’autre (en 1957). Une stupéfaction du Tonnerre de Dieu. Je sais, pour l’avoir vécu, que certaines lectures, faites à un moment décisif, peuvent faire bifurquer une trajectoire individuelle. Ici, Godard peut dire que D'un Château l'autre a décidé de l’orientation de son existence.

 

Godard n’hésite pas à intituler son premier chapitre « Coup de foudre ». Il n’y a aucune raison de douter que c’en fut un véritable. Quand ça vous arrive à vingt ans, ça ne pardonne pas. Mais il raconte aussi comment, dix ans plus tard, il reçut un choc aussi violent en découvrant par le menu la substance de Bagatelles pour un massacre, long pamphlet de 1937 débordant d’une stupéfiante rage antisémite. Il compte le nombre d’occurrences du mot « juif » : « A eux tous, ils ne surgissaient pas moins de trente-sept fois en à peine quatre pages » (p. 75).

 

J’ai mis le nez dans les Bagatelles … Eh bien honnêtement, je trouve surtout que c’est de la bien mauvaise littérature. Et puis c’est quoi, ces arguments de « ballets-mimes » dont le bouquin est parsemé ? Je sais bien que Lucette Almanzor-Destouches, son épouse, était danseuse, et qu’elle donnait des cours dans la maison de Meudon, mais je ne vois pas bien l’intérêt, sauf le fait que la traduction en mots des ambiances et des mouvements des danseurs prend un aspect ridicule. Je n'y peux rien. Disons-le, Bagatelles ... m'est tombé des mains.

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Alors je comprends bien que Henri Godard se soit senti tiraillé : d’un côté neuf chefs d’œuvre de la littérature française ; de l’autre la traînée d’immondices que le grand écrivain a incontestablement laissée derrière lui. Est-ce que celle-ci est une raison d’occulter ceux-là ? Je dis que non. Il faut savoir ce que l’on regarde. Et ce qu'on garde. Et regarder ce qui en vaut la peine. Appelons cela un clivage si vous voulez.

 

Je pense à Jean Richepin et à ses « Oiseaux de passage », que Georges Brassens a mis en musique : « Ce qui vient d’eux à vous, c’est leur fiente ». Voilà : les pamphlets sont à considérer comme autant de déjections excrétées de l’anus de Céline. Sans aller jusqu’à appeler « fouille-merde » les horrifiés et les scandalisés qui répugnent à Céline dans son ensemble au seul motif de ses pamphlets antisémites, j’ai envie de percevoir dans l'affichage de ce dégoût un prétexte à justifier une médiocrité de béotien. Le béotien est une figure de la bêtise. Et une bonne conscience à bon compte. Et le conformisme qui tient compagnie à la lâcheté.

 

Si j'écrivais, des lecteurs aussi fatigués, aussi paresseux, je n'en voudrais à aucun prix ! Et ne parlons pas de la mauvaise foi et de l'hypocrisie.

 

De toute façon, je garde cette idée formidable de Henri Godard, qui dit quelque part que Céline écrit pour mettre celui qui ouvre son bouquin au défi de le lire et, quand il l'a ouvert, d'aller au bout de sa lecture. Pas de meilleure définition de l'œuvre : Céline écrit à rebrousse-poil de son lecteur. 

 

Le tigre de la provocation est tapi dans le moteur profond des ténèbres de l'écriture de Louis-Ferdinand Céline.

 

Voilà ce que je dis, moi.  

 

Je mentionne pour mémoire La Mort de L.-F. Céline, l'excellent petit livre, beaucoup plus militant, que Dominique de Roux avait consacré à Céline, après avoir été le maître d'œuvre, me semble-t-il, de deux Cahiers de l'Herne qu'il avait élevés à son grand homme.

LIVRE DE ROUX DOMINIQUE.jpg 

 

samedi, 28 décembre 2013

IRRECUPERABLE 2

LE MAUVAIS SUJET NON REPENTI (suite)

J’en étais resté à l’ordre moral que s’efforcent de faire régner « les associations », à l’autorité qu’elles tentent d’acquérir, d’une part, en faisant pression sur les responsables politiques pour en obtenir des législations favorables à leurs intérêts, d’autre part, une fois la loi modifiée en leur faveur, de porter les coupables d’infractions à cette loi devant les juges correctionnels pour qu’ils soient dûment punis d’avoir osé attenter aux dits intérêts.

Le plus ancien de ces groupes de pression est peut-être la LICRA : d’après M. Wikipedia, elle est née en 1932, après deux ébauches de 1927 et 1931. C’est un assassinat commis par un juif en plein Paris sur un responsable supposé des pogroms qui affectaient alors l’Ukraine, qui a servi de motif à un certain Bernard Lecache. L’association ainsi créée s’est d’abord appelée Ligue Contre l’Antisémitisme, le mot « racisme » fut ajouté ensuite, sans doute pour élargir l’action de défense à d’autres que des juifs, pour qu’elle paraisse moins unilatérale, donc plus impartiale.

Je ne suis pas prêt à suivre des gens comme Dieudonné M’Bala M’Bala ou Alain Soral sur la piste glissante où ils font la danse du ventre en tendant le bras droit vers le bas et posant la main gauche sur l’épaule. Il paraît que ça s’appelle le « salut de la quenelle » ou, encore plus simplement, « la quenelle ». Le geste est-il antisémite ? Je n’en sais rien et, à la limite, je m’en fiche.

Toujours est-il que certains individus de confession juive l’interprètent ainsi, au point d’organiser des expéditions punitives musclées contre des individus qu’ils ont vu (ou dont on leur a dit que) faire le geste sur les réseaux sociaux. Six d’entre eux viennent d’être mis en examen à Villeurbanne. On en est là.

Mais si je trouve le geste stupide et ridicule, cela reste un simple « geste ». Je veux dire que ce n’est pas un « acte ». Il faut différencier les deux. C'est à la rigueur une provocation. L’expédition punitive menée par des gens qui se présentent comme des « justiciers » de la communauté juive, en revanche, est un acte. C’est même un délit.

Tout ça pour dire que je trouve étonnant, au point d’en être éberlué, qu’on puisse incriminer des auteurs de gestes et de paroles, aussi bêtes et méchants que soient ces gestes et ces paroles. C’est vrai que la « quenelle » n’est pas interdite par la loi, mais le « bras » ou le « doigt d’honneur » le sont-ils ? Tiens, essayez d’en faire un en public face à un haut responsable (préfet, président,…), pour voir.

Les paroles maintenant. Faites comme Edgar Morin (accompagné de Sami Naïr et Danielle Sallenave), signez une tribune dans Le Monde daté 4 juin 2002 intitulée Israël-Palestine : le cancer, où vous dénoncez l’attitude de l’Etat israélien à l’égard des Palestiniens, adoptant à leur égard les procédés mêmes utilisés à l’encontre des juifs au cours de l’histoire, singulièrement sous le règne des nazis : ghettoïsation, persécution, …

Apprêtez-vous alors à subir l’accusation infamante d’ « antisémitisme », portée par deux « associations » : France-Israël et Avocats sans frontières. Il vous faudra aller jusqu’en Cour de Cassation pour être enfin blanchi. Heureusement. C'est un petit exemple du pouvoir de nuisance des « associations ». Leur caractère nuisible est lié à ce qui a motivé leur création : l'arbitraire et le capricieux de leurs dirigeants est à la à la fois leur origine et un corollaire.

Maintenant, quant à moi, je me demande si je ne suis pas antisémite. Non que j’aie quoi que ce soit à reprocher aux juifs en tant que juifs. Pas plus que je n’ai à m’en féliciter. J'ai lu les Bagatelles pour un massacre de Louis-Ferdinand Céline, et j'ai la conviction que l'antisémitisme féroce qui dégouline à presque chaque ligne est le symptôme aigu d'une maladie mentale. Mais ne suis-je pas, comme Edgar Morin, effaré d'observer la volonté d’une partie non négligeable du peuple israélien de perpétuer la guerre qui dure depuis plus de soixante ans en Palestine ?

Ben oui quoi, c’est bien l’électeur majoritaire d’Israël qui porte très régulièrement au pouvoir des gens cramponnés à l’idée que toute cette terre leur appartient. Les plus intégristes de ces malades sont convaincus qu’il est légitime de coloniser la Cisjordanie, et de dégoûter ses habitants arabes au point de les faire déguerpir jusqu’au dernier.

Chaque implantation de colonie juive en territoire arabe est à considérer comme une déclaration de guerre. Peut-on encore rêver un gouvernement israélien modéré ? Peut-on rêver, symétriquement, un Hezbollah pacifique, un Hamas non-violent, si ce ne sont pas des oxymores ? Ecoutez les cours précis et désespérants de monsieur Henri Laurens au Collège de France, où il reconstitue méticuleusement l’histoire du Proche Orient depuis la 2ème guerre mondiale, et vous serez persuadé de l’inextricabilité de l’écheveau et de l’insolubilité du problème.

En attendant, je persiste à trouver profondément injuste l’attitude d’Israël. Si c’est ça, être antisémite, alors … ça voudrait dire que ce sont « les associations » qui ont raison. Ce serait quand même fort de café, non ?

Voilà ce que je dis, moi. 

 

 

lundi, 21 janvier 2013

ELIAS CANETTI ET LA GUERRE DE 14

Pensée du jour :

 

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C'EST LE JOUR D'OUVRIR LE KIL DE ROUGE ET D'ENTAMER LE SAUCISSON (DE LYON)

 

« Un professeur, d’une façon générale, ne devrait épouser que ses meilleurs élèves. Après le bachot ; et non avant. Pour créer une émulation ».

 

ALEXANDRE VIALATTE

 

 

Je viens de lire un passage, à propos, encore et toujours, je n'y peux rien, de la guerre de 1914-1918, passage qu’il faut absolument que je partage séance tenante. Il se trouve que je suis plongé dans les Ecrits autobiographiques d’un monsieur qui a reçu le prix Nobel. L’auteur s’appelle ELIAS CANETTI. Le livre est publié à la « Pochothèque ». 

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En l’ouvrant, je m’attendais à trouver quelqu’un qui raconte sa vie du haut du piédestal où a été édifiée sa statue de son vivant, parce que je garde en mémoire ELIE WIESEL, autre prix Nobel (de la Paix), qui parle sur un ton qui me l’a rendu antipathique. Jusqu’au son de sa voix, son timbre et son élocution m’agacent dès que je l’entends. Le ton de quelqu’un qui s’écoute lui-même quand il parle, et qui s’adresse à lui-même des congratulations pour l’effet qu’il se produit. On dirait qu'il n'arrête pas de se prendre pour un "Prix Nobel".

 

 

Eh bien, ELIAS CANETTI, pas du tout ! Selon toute vraisemblance, ELIAS CANETTI ne s’appelle pas ELIE WIESEL, ce qui est heureux. Il faut se féliciter de ce hasard et remercier le sort qui, finalement, fait bien les choses. Et je pense que l'oeuvre écrite d'ELIAS CANETTI consiste davantage que celle d'ELIE WIESEL.

 

 

WIESEL ELIE.jpgJe ne sais pas vous, mais moi, je ne supporte pas le ton de ce personnage qui se donne un tel air de sérieux quand il ouvre la bouche, puis qui parle sur le ton pontifiant de la componction propre au personnage de Tartufe dans la pièce de Molière, quand celui-ci se met à admonester et à faire la leçon autour de lui. ELIE WIESEL (ci-contre, avec sa façon de pencher la tête), a su intelligemment faire fructifier le petit capital offert par son statut de rescapé des camps de la mort. Je suis sûrement très injuste avec quelqu'un qui est devenu un icône unanimement célébrée.

 

 

J’ai lu La Nuit. C’est son témoignage sur ce qu’il a vécu en déportation. Le malheur veut que je l’aie lu après d’autres ouvrages sur le même sujet. A commencer, évidemment, par Si c’est un homme, de PRIMO LEVI, que j’ai reçu comme un coup à l’estomac. De lui, on connaît moins La Trêve. Eh bien on a tort. Toujours est-il que Si c’est un homme impose le respect. Alors que La Nuit me touche un peu, et m’agace davantage, sans que je sache bien pourquoi. Peut-être à cause de la façon - immodeste selon moi - d'apparaître dans les médias.

 

 

ELIE WIESEL, tout le monde lui doit le respect dû à ceux que le nazisme a voulu faire disparaître de la surface de la planète. Mais personne n’est obligé de se soumettre au magistère du haut duquel il distribue les bons et les mauvais points d’un humanisme révisé par l’Holocauste. 

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DELBO 4.jpgParce que, sur les camps de la mort, j’ai aussi lu CHARLOTTE DELBO. Franchement, si j’avais un choix à faire, c’est devant le souvenir de cette femme admirable que je m’inclinerais, et devant les trois petits livres publiés aux éditions de Minuit sous le titre Auschwitz et après.

 

 

Quand on a refermé le dernier, même Si c’est un homme apparaît un peu « littéraire », c’est vous dire. Je ne peux lire cinq pages d’affilée sans être parcouru de secousses violentes. Il faut lire CHARLOTTE DELBO (1913-1985, collaboratrice de LOUIS JOUVET, avant et après la guerre), dont on fête le centenaire de la naissance.  

 

 

Mais j’en reviens à ELIAS CANETTI, né dans une famille juive sépharade espagnole émigrée en Bulgarie. En fait, j’avais l’intention d’écrire la présente note en réaction à un passage de La Langue sauvée, lu ce matin et, comme d’habitude, je me suis laissé distraire en route.

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ELIAS CANETTI EN 1919

La scène se passe à Zurich, en 1917. Les Français et les Allemands envoient en convalescence en Suisse des officiers plus ou moins gravement blessés, après les avoir échangés contre des prisonniers. Mme CANETTI et son fils marchent dans la rue, quand ils voient s’approcher un groupe d’officiers français, « dans leurs uniformes voyants ». Ils marchent lentement, calquant leur allure sur celle des plus lents. Beaucoup s’appuient sur des béquilles.

 

 

Soudain, un groupe d’officiers allemands, pareillement blessés et béquillants, avance à leur rencontre, tout le monde marche très lentement, se réglant sur les pas des moins valides. Le garçon s’affole et se demande ce qui va se passer. Il sait que la guerre fait rage, et que sa mère rejette passionnément jusqu’à l’idée que des hommes puissent s'entretuer pour des motifs incompréhensibles. Or, avec sa mère, il se trouve au milieu des deux groupes. Que va-t-il se passer ? Vont-ils en venir aux mains ?

 

 

Non, rien ne se passe, et l'adolescent reste stupéfait : « Ils n’étaient pas crispés de haine ou de colère comme je m’y attendais. Les hommes se regardaient tranquillement, amicalement, comme si de rien n’était ; certains se saluaient. Ils avançaient beaucoup plus lentement que les autres gens et le temps qu’ils mirent à se croiser me parut une éternité. L’un des Français se retourna, brandit sa béquille vers le ciel et s’écria : « Salut ! ». Un Allemand qui l’avait entendu l’imita ; il avait lui aussi une béquille qu’il remua au-dessus de sa tête, renvoyant à l’autre son salut en français ». Voilà. C’est tout. Cela aussi, c’est la guerre de 14.

 

 

Quand la scène se termine, le jeune ELIAS voit sa mère, face à la vitrine du magasin, qui tremble et qui pleure. Elle met du temps à se ressaisir, elle si soucieuse d'habitude de ne rien laisser paraître de ses états d’âme. C'est la seule occasion où le garçon verra sa mère verser des pleurs en public. La scène est racontée aux pages 198-199 du volume.

 

 

La grande hantise des chefs militaires des deux camps était de voir leurs hommes FRATERNISER avec l'ennemi. Tout simplement inacceptable. C’est la raison pour laquelle les unités stationnées par exemple au mont Linge (crêtes des Vosges) « tournaient » rapidement : comme les « ennemis » pouvaient quasiment se serrer la main, vu l’ahurissante proximité des deux tranchées, cigarettes et boîtes de conserves ne tardaient jamais à traverser la « ligne ». Très mauvais, dans un contexte belliqueux. Quand on a vu le visage d'un homme, quand on lui a serré la main, on n'a plus envie de lui tirer dessus.

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LA FLEUR AU FUSIL

TROIS FRANÇAIS ONT FRATERNISÉ AVEC UN "BOCHE" : UN SCANDALE !

Je ne sais pas si l'excellent JACQUES TARDI (C’était la guerre des tranchées, Putain de guerre !, Varlot soldat, La Fleur au fusil, La Véritable histoire du soldat inconnu) connaît ce passage d’ELIAS CANETTI. Peut-être qu'il lui ferait plaisir autant qu'il m'a fait. J’imagine que ça ne calmerait pas sa rage, au moins égale à la mienne (voir mes notes dans la catégorie "monumorts"), devant l’indicible absurdité de la catastrophe qui a presque détruit l’Europe.

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LA HONTE ! C'EST UN FRANÇAIS QUI PARLE !

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

lundi, 19 novembre 2012

MAUVAIS GOÛT ET LIBERTE D'EXPRESSION

Pensée du jour :

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"SOUPIRAIL" N°6

 

« On s'occupe beaucoup de gagner du temps. A-t-on raison ? C'est autre chose. Tout le monde sait l'histoire du Chinois qui demandait au policeman le chemin de la gare : "Première à droite, deuxième à gauche, lui répondit le policeman. Mintenant si vous voulez passer par les petites rues, vous pouvez gagner vingt minutes." "Et qu'en ferais-je ? " demanda le Chinois qui se hâta lentement de passer par le plus long ».

 

ALEXANDRE VIALATTE

 

 

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N°418 - 1978

HARA KIRI fut une grande revue du paysage français, de son n°1 (septembre 1960) à son n°291 (décembre 1985). Les moutures suivantes (jusqu'à la sixième !) ne furent que des survivances, d'abord portées par le Professeur CHORON (GEORGES BERNIER), qui s'éteignirent doucement, même si le titre paraît toujours. Les cibles préférées ? Le SEXE, la RELIGION, la RACE.

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CHARLIE HEBDO N°73 - 1972

Enfin pas exactement : je devrais dire tous ceux qui se prenaient très au sérieux sur chacun de ces sujets, autrement dit les militants dans leur ensemble, à commencer par les militants du SEXE (tout ce qui gravite autour du féminisme et de l'indifférenciation sexuelle), les militants de la RELIGION (là, ils s'en donnaient à coeur joie, que ce soit le croissant, la croix ou l'étoile), les militants de la RACE et des grands sentiments antiracistes, tiermondistes et masochistement universalistes. Et principalement sous l'angle de la BÊTISE qui en accompagne les manifestations dans les discours de ceux qui ont accès aux médias.

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N°179 - 1976 

Je me rappelle distinctement la publicité pour Hara Kiri diffusée à la radio (Europe 1) à une époque : « Si vous ne voulez pas l'acheter, eh bien volez-le ! ». C'était gonflé, mais ça ressemblait trait pour trait à l'esprit de la revue. Et puisqu'on parle publicité, c'est à l'équipe d'Hara Kiri qu'on doit ce slogan définitif, qui a le compact, le brillant et le tranchant de la pierre d'obsidienne : « La publicité nous prend pour des cons ! La publicité nous rend cons ! ». 

 

 

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1975

Pour donner une idée de ce que fut le ton Hara Kiri, et surtout ce qui en sépare l’époque de la nôtre, je me propose juste, aujourd’hui, de montrer quelques couvertures du mensuel (1ère et surtout 2ème génération), dans sa version initiale, et dans sa version hebdomadaire, qui s’y est substituée quand il a fallu remplacer dans l’urgence le défunt HKH (Hara Kiri Hebdo), étranglé pour cause de crime de « lèse-général-DE-GAULLE ».

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N°205 1978

 Posez-vous juste la question : combien y aurait-il de procès pour « diffamation, antisémitisme, islamophobie, outrage à la pudeur, incitation à la haine raciale, incitation à l'alcoolisme, incitation à la discrimination,  incitation à la violence, etc ... », si de telles couvertures étaient publiées aujourd'hui ?

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1977 

HKH 94 1970.jpgJ’imagine d’ailleurs que l’équipe de CAVANNA, CHORON et compagnie ont dû sacrément se fendre la pipe en conférence de rédaction, quand la formule assassine est sortie : « Bal tragique à Colombey : 1 mort ». DE GAULLE est mort le 9 novembre 1970. 

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N°203 1978

Or il faut savoir que le 1ernovembre 1970, une boîte de nuit a brûlé à Saint-Laurent-du-Pont (Isère), au milieu de la nuit. Bilan : 146 morts quand même, ce qui n’est pas négligeable et fit donc les gros titres.

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N°1 - 23 NOVEMBRE 1970

Tout le monde aurait oublié le drame si une équipe d’hurluberlus n’avait eu l’idée de mettre en couverture de leur hebdomadaire contestataire une sorte de synthèse des deux événements, dans la formule ramassée désormais immortelle : «  BAL TRAGIQUE A COLOMBEY : UN MORT ».

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1979

Le dernier numéro de la revue Hara-Kiri Hebdo est donc sorti le 16 novembre 1970. L’équipe, pour remplacer aussitôt le titre défunt, se tourna vers le cousin – exclusivement consacré à la bande dessinée – Charlie (mensuel), lui accola le suffixe « hebdo », et le tour fut joué : l’aventure pouvait se poursuivre. On ne changeait rien.

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1980 : COLUCHE CANDIDAT A LA PRESIDENTIELLE DE 1981

L’équipe a pété des flammes pendant une vingtaine d’années. La plupart des membres en sont connus : CAVANNA le rital, REISER, mort trop tôt, GÉBÉ (GEORGES BLONDEAUX), CABU, WOLINSKI, DELFEIL DE TON, WILLEM et, last but not least, GEORGES BERNIER, alias Professeur CHORON. Il y avait aussi un certain PIERRE FOURNIER, qui mérite de rester dans les manuels d’histoire comme fondateur d’une revue fondatrice, j’ai nommé La Gueule ouverte.

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N°416 1978 WOLINSKI

Tous les « écologistes » actuels doivent, qu’ils le sachent ou non, quelque chose, d’une part, à RENÉ DUMONT, et d’autre part à PIERRE FOURNIER. Je salue la mémoire de cet homme, mort brutalement (si je me souviens bien), qui fut un élément moteur dans les débuts de l’écologie (que j’appellerai « combative » plutôt que « militante », une écologie de conviction, et pas encore de parts de marché électoral). Passons.

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N°248 1975 WOLINSKI

Moi, si on me demandait de résumer l’esprit Hara Kiri, je dirais « déconnade et provocation », d’un côté, et de l’autre « imagination et liberté ». J'ajouterais : « transgression», parce qu'à cette époque, le mot avait encore une signification.

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N°335 1977 REISER

L’éteignoir qui s’est abattu depuis deux décennies sur l’expression libre a creusé une sorte de « Fosse des Mariannes » entre les extensions policières (extérieures et intérieures) de notre présent et les effervescences de l’époque Hara Kiri.

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N°242 1975 GÉBÉ

Tout le « mauvais goût », c’est-à-dire tout ce qui a quelque chance de heurter la sensibilité bourgeoise, assimilée au conformisme le plus sourcilleux, constitue la pâture privilégiée de l’équipe Hara Kiri. Je passe sur le cynisme de CHORON, qui a profité de la naïveté des autres en ce qui concerne les affaires pour s’approprier la marque.

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N°303 1976 REISER (EN 2012, IL N'Y A RIEN A CHANGER)

Mais DELFEIL DE TON a raconté quelque part par quels détours malpropres CHORON, dans les débuts, se procurait l’argent nécessaire auprès d’une vieille et riche rombière, séances dont il avait la lucidité de revenir dégoûté. En matière de mauvais goût, CHORON était un connaisseur, un praticien, un expert. J’imagine que c’est à lui qu’on doit les pires « visuels » publiés dans la revue.

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N°266 1975

Le mauvais goût a, par bonheur, été rayé par la « Raison morale » de toutes les tablettes de toutes les publications illustrées offertes à l’appétit des chalands friands, obligés de se rabattre sur les « créneaux spécialisés » et autres ghettos, souvent payants, voire clandestins. Sans doute de façon à retrouver les joies de la transgression, j’imagine.

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N°366 "COMMENTAIRE", SI L'ON VEUT, DE LA VISITE DE SADATE A BEGIN EN 1977

C’est le tableau d’une époque qui fut. Et qui n’est plus. Qu’on se le dise, l’heure est à l’égalité de TOUS devant TOUT. RENÉ GIRARD, dans son analyse de La Violence et le sacré, fait de l'indifférenciation généralisée une étape préalable à la généralisation de la violence. S'il a raison, ça promet ! 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

lundi, 12 novembre 2012

MONUMORTS A LA CHAÎNE

Pensée du jour :

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"MUR" N°11

 

« Je méprise profondément ceux qui aiment marcher en rang sur une musique : ce ne peut être que par erreur qu'ils ont reçu un cerveau ; une moelle épinière leur suffirait amplement ».

 

ALBERT EINSTEIN

 

 

Voyez comme le hasard fait bien les choses (en fait le hasard n’y est pas pour grand-chose) : hier je célèbre à ma façon le 11 novembre, en publiant une note sur le monument aux morts de la ville de LyonMONUMORT LYON COULEUR.jpg, dans la petite île du parc de la Tête d’or, et voilà-t-il pas que Le Progrès daté du même 11 novembre donne en pages locales (6ème arrondissement) des nouvelles de sa restauration.

 

 

Tiens, soit dit par parenthèse, c’est très "tendance" de mettre tout dans le même sac : après l'imposture du « mariage pour tous », voici la forfaiture de la « commémoration pour tous », depuis la loi qui fait du 11 novembre la date de commémoration de tous les « morts pour la France ».

 

 

Pourtant, est-ce qu’il est « mort pour la France », le soldat de métier qui tombe en Afghanistan, qui a choisi de risquer de mourir ? Quoi de commun avec le grand massacre de la paysannerie française en 14-18 ? Demandez à un juif s'il peut renoncer à proclamer le caractère UNIQUE de l'holocauste, et vous verrez. C'est du même ordre : la partie massacrée de la population en 14-18 était composée de civils.

 

 

Revenons au Progrès. Non seulement on est tenu au courant de l’avancement des travaux, mais on apprend des choses. D’abord, que la pierre de 1920 était du calcaire, que l’acidité des pluies a vite fait de défigurer, comme l’acné qu’un adolescent perturbé ne cesse de labourer à coups d’ongles.

 

 

Ensuite, que les nouvelles plaques (toujours au nombre de 76) sont en pierre de Hauteville, assez dure pour que les Américains aient eu l’idée de s’en servir pour construire l’Empire State Building. Croisons les doigts. Lyon, à l'époque, a sans doute reculé devant la dépense d'une pierre résistante.

 

 

On apprend aussi que le « temple » – je ne vois pas d’autre mot pour désigner l’ensemble de la construction, soubassement, plaques portant les noms, bas-reliefs, « crypte » à ciel ouvert (!), monument proprement dit – est l’œuvre de TONY GARNIER, qui est aussi l’auteur de la Halle qui porte son nom à Gerland (les anciens abattoirs, où je faisais des livraisons dans d'autres temps) et des "Gratte-Ciel" de Villeurbanne.

MONUMORT LYON NOMS.jpg

ET MOI QUI DISAIS "QUASIMENT HAUTEUR D'HOMME" !

EN FAIT, C'EST LARGEMENT HAUTEUR D'HOMME

(état après restauration)

 

On apprend enfin que c’est DAVID PENALVA (MOF 1997) qui a été retenu pour graver les 10.600 noms (augmentés de ceux que les historiens ont rétablis dans leurs droits), à la micro-meuleuse, dans cette pierre très dure, à raison de 40 à 50 lettres romaines par jour, qu’il s’est attelé à la tâche pour une première tranche de 2004 à 2005, et que la seconde a débuté en 2007 (j’imagine que la municipalité n’a pas voulu tout engager d’un seul coup et voulait juger sur pièce), pour s’achever en 2014, juste à temps pour fêter le centenaire de la première grande boucherie industrielle de l’histoire.

 

 

Que l’on puisse de nouveau lire distinctement tous les noms des morts, voilà enfin, parmi plusieurs autres moins reluisants (quartier Grolée sinistré, Hôtel-Dieu bradé, …), monsieur le Maire GÉRARD COLLOMB (que j'ai croisé à la glorieuse époque de la "Salle 3"), un acte digne pour lequel les Lyonnais vous devront un minimum de reconnaissance.

 

 

J’en arrive à mon sujet du jour. Dans la décennie 1920, la France a érigé, dans ses moindres patelins, bleds paumés et trous perdus, 36.000 monuments aux morts. Enfin, pas tout à fait, car il faut retrancher les quelques communes qui, n’ayant envoyé au combat aucun de ses hommes ou nul n’y ayant perdu la vie, ont échappé à la règle générale.

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PALAZINGES, SA MAIRIE, SON EGLISE : POURQUOI MOURIR ? ON SE DEMANDE

 

Parmi elles, citons Palazinges (Corrèze, 115 habitants au recensement de 1990), et Les Plans (Hérault, 265 habitants en 1999). Cette dernière municipalité a la particularité de n’avoir eu aucun mort à déplorer, pas plus en 14-18 qu’en 1870 ou en 39-45. Il y en a sûrement d'autres, mais combien ?

 

 

Il a donc fallu que, dans 36.000 conseils municipaux, ait lieu une délibération au sujet du budget à consacrer à cette édification et de la façon dont on allait s’y prendre. Dans pas mal d’endroits bénéficiant de la présence d’un sculpteur (ou tailleur de pierre) local, les gens se sont arrangés pour que leur monument soit unique. La plupart du temps, ce fut vite vu, pour des raisons pécuniaires, et l’on se contenta d’un obélisque, souvent orné d’une palme, d’une croix de guerre ou d’un coq. C’est ce qu’on voit dans l’immense majorité des localités françaises.

 

 

Mais cette flambée d’érections sur la totalité du territoire suscita l’imagination et l’appétit d’un certain nombre d’entrepreneurs avisés, qui virent là un formidable marché potentiel. Se mettant au travail, ils furent rapidement en mesure de proposer un véritable catalogue aux 36.000 maires de la nation, au point qu’on peut vraiment parler d’une industrie du monument aux morts. 

 

 

Ce catalogue comportait différents modèles dus à des sculpteurs professionnels, et ils y étaient déclinés en plusieurs versions, de la fonte de fer ciselée et bronzée (« absolument inaltérable ») à la pierre reconstituée, que les communes choisissaient en fonction du budget alloué et du montant qu’avait rapporté la souscription municipale.

 

 

Et les affaires marchaient du tonnerre de Dieu : « L’âge d’or, mon cher ami, l’âge d’or. Jamais vu ça, depuis les Grecs, depuis les cathédrales.Même ceux qui ont une main de merde ont de la commande. Vous vous rendez compte ? Un monument par village. 35.000 communes pour 300 sculpteurs ! Tout le monde veut son poilu, sa veuve, sa pyramide, ses marbres. On ne fournit pas. La ronde-bosse, le bas-relief, la lettre, tout ça ronfle comme une usine. Mieux que la Renaissance, mon cher, la Résurrection. – Grâce à nos morts. – Ouais, grâce à nos morts, merci à eux ». C’est le sculpteur Mercadot qui dit ça à PHILIPPE NOIRET, dans le poignant La Vie et rien d’autre, de BERTRAND TAVERNIER (1989).

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Il faut avoir vu ce film, tout en lumières vaguement bleues ou grises, en clartés humides ou brumeuses, où NOIRET et SABINE AZEMA font merveille, et où TAVERNIER touche très juste.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.


 

samedi, 01 septembre 2012

L'ANTISEMITISME DE CELINE

Pensée du jour : « "Si tu n'aimes pas la soutane, conseille un proverbe bantou, ne mange pas le missionnaire." Ce qui prouve combien le Bantou est peu civilisé : il ne sait même pas éplucher les légumes. "Il n'y a pas de bas morceau dans le gros ethnographe", dit un autre de ses proverbes. Et, faute d'expérience, on ne peut dire s'il s'agit de discernement ou de gloutonnerie. La civilisation ne commence qu'avec la distinction juridique ».

 

ALEXANDRE VIALATTE

 

 

Je m’étendrai un peu, mais pas trop, sur l’antisémitisme (le général, mais aussi le spécifique de LOUIS-FERDINAND CÉLINE). C’est un trop gros cheval pour que je puisse espérer le monter un jour. Et je n'ai pas envie d'apprendre. Je dirai seulement que je ne comprends ni les antisémites, ni l'antisémitisme. J'ai tendance à y voir un simple instrument politique, un outil de gouvernement si vous voulez, que divers pouvoirs au cours de l'histoire ont manipulé dans un sens ou dans un autre, au gré de difficultés ou aléas particuliers.

 

 

 

Quoi de mieux, en effet pour unifier derrière soi, et pour faire adhérer, que de désigner un ennemi ? Qu’est-ce qui pousse à haïr un juif parce qu'il est juif ? Qu’un Palestinien haïsse les Israéliens pour occupation de territoire, passe encore. Il s'agit de peuples, de nations. De politique. De guerre, éventuellement. On nous raconte bien que les Français ont massivement haï les Allemands pendant l'Occupation. Mais que veut dire haïr quand on ferme sa gueule ? Ce fut peut-être vrai pour 0,5 % de Français de l'époque, ceux qui ont mis la main à la pâte. Et encore, les chiffres ne sont pas scientifiquement établis.

 

 

Mais qu’un musulman (j'aurais pu dire un chrétien, un soudeur à l'arc, un jockey, que sais-je, FRANK RIBÉRY) haïsse un juif ? J'avoue que c'est au-delà de ma comprenette. Je dois manquer d'imagination. Et pourtant, il y a des antisémites en France, aujourd’hui. Mais c’est pour l’essentiel des gens qui s’identifient aux Palestiniens qui luttent pour la création de leur Etat. Je ne vise personne, mais suivez mon regard. A ce titre, je récuse formellement l'affirmation qui consiste à prétendre que "la France" est antisémite, souvent complaisamment colportée. Non monsieur, ce n'est pas "la France" qui est antisémite.

 

 

A la limite, je me demande si l’on ne pourrait pas parler d’un "antisémitisme politique", plutôt que de se cacher derrière le petit doigt de l'antisionisme. Si je comprends bien, ceux qui se veulent, non pas antisémites, mais antisionistes ne visent rien d'autre que la destruction de l'Etat d'Israël (même s'ils prétendent le contraire). Pourquoi ? Tout simplement parce que, si le sionisme a consisté à réclamer une terre pour les juifs, et à appeler à la CREATION d'un Etat, n'est-il pas logique de conclure que l'antisionisme est un appel à sa DESTRUCTION ? Comme AHMADINEJAD ?

 

 

Mon raisonnement est taillé à la hache, je le reconnais, mais il est d'une logique aveuglante. Et son corollaire est le suivant : si vous tentez de détruire l'Etat d'Israël qui, existe depuis plus longtemps (et plus solidement) que le Sud-Soudan, vous avez la Troisième Guerre Mondiale. C'est ça que vous voulez ? Non. Alors à quoi jouez-vous, avec votre "antisémitisme politique" ? 

 

 

Vous me direz que, par bonheur, je ne comprends pas grand-chose, et vous aurez certainement raison. J'espère. Je constate simplement, en me contentant d'observer des faits, que la création de l’Etat d’Israël sur une terre longtemps ottomane, et qui, en tout cas, n’était plus juive depuis lurette, mais musulmane pour l'essentiel (avec présence multiconfessionnelle malgré tout) ne pouvait, dès l’origine, que créer du conflit. Et du conflit perpétuel. L’état de guerre date de la création d’Israël. On appelait ça le sionisme. Le sionisme est une déclaration de guerre, puisqu'il s'agit d'occuper un territoire où d'autres sont installés depuis longtemps, sans leur demander leur avis.

 

 

Un Israélien n’a-t-il pas décrit récemment l’Etat d’Israël comme un groupe de 5 millions de Juifs cerné par un milliard de musulmans ? Il faisait en passant abstraction des Arabes israéliens. La mentalité d’assiégé est consubstantielle à la création de l’Etat d’Israël. La guerre sera donc éternelle. Et peut-être, un jour, universelle. A cause du sionisme. Vous vous imaginez ? Pouvoir revenir dans votre logement 2000 ans après l’avoir quitté et en chasser celui qui l’occupe à ce moment ? Devinez s'il serait d'accord ?

 

 

A qui appartient la terre ? JEAN-JACQUES ROUSSEAU répond : « Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, que de guerres, de meurtres, que de misères et d'horreurs n'eût point épargné au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : gardez-vous d'écouter cet imposteur ; vous êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à tous et que la terre n'est à personne ». La terre n'est à personne.

 

 

En même temps, qui d'assez puissant pourrait prendre la décision de vouloir rayer Israël de la carte ? Israël existe bel et bien. Insoluble, le problème, je vous dis. On trouve ici le trou noir (en quelque sorte) de tout désir de paix. Israël est né d'un coup de force. Comment voulez-vous arriver à la paix dans ces conditions ? C'est l'ONU qui a décidé ? Et alors ? Si c'est contre la volonté des Arabes concernés par l'implantation ? Ce n'est pas la guerre ? Si, c'est la guerre. Je m'égare.

 

 

De toute façon, l’antisémitisme de CÉLINE n’a rien à voir avec le sionisme. Il date de bien avant la création de l'Etat d'Israël. Pas sûr même qu'il  a été contre : « Qu'ils aillent donc traiter d'antisémites les arabes de Palestine » (HENRI GODARD, Céline, p. 413).  Son antisémitisme est carrément, et totalement, PATHOLOGIQUE. Une bonne et grosse et grasse et grave maladie psychiatrique. Lui, ce dont il accuse les juifs en 1937, entre autres, c’est de vouloir faire la guerre à HITLER. Il s'y tiendra mordicus. Pour lui, ils sont (et restent) les fauteurs de la 2ème guerre mondiale. On hallucine évidemment.

 

 

Vous voulez savoir ce que c’est, le CÉLINE antisémite? En voilà un extrait : « J’ai rien de spécial contre les Juifs en tant que juifs, je veux dire simplement truands comme tout le monde, bipèdes à la quête de leur soupe… Ils me gênent pas du tout. Un Juif, ça vaut peut-être un Breton, sur le tas, à égalité, un Auvergnat, un franc-canaque, un « enfant de Marie »… C’est possible… Mais c’est contre le racisme juif que je me révolte, que je suis méchant, que je bouille, ça jusqu’au tréfonds de mon bénouze ! … Je vocifère ! Je tonitrue ! Ils hurlent bien eux aux racistes ! Ils arrêtent jamais ! Aux abominables pogroms ! Aux persécutions séculaires ! C’est leur alibi gigantesque ! C’est la grande tarte ! Leur crème ! On me retirera pas du tronc qu’ils ont dû drôlement les chercher les persécutions ! Foutre bite ! ». Voilà, j’arrête, c’est dans Bagatelles pour un massacre (1937). Et ce n’est pas les pires pages, loin de là, je vous assure. On le trouve sur internet. Sans commentaire.

 

 

Quand la réalité d’Auschwitz pète à la gueule du monde, il surveille ses propos médiatiques, mais ne modifiera en rien, jusqu’au bout, ses positions sur la « question juive ». Les Protocoles des Sages de Sion, ce faux grossier élaboré par la police tsariste ? Il y croit. Le complot juif mondial ? Il y croit. La mainmise des juifs sur les médias, la presse ? Il y croit.

 

 

HENRI GODARD fait toute leur place, sans rien esquiver, me semble-t-il, à ces aspects qu'il qualifie d'insupportables. N'étant pas psychiatre, il se garde d'approfondir. C'est comme en passant qu'il évoque la paranoïa. N'ayant pas autant que lui de précautions à prendre, je le dirai carrément : LOUIS-FERDINAND CÉLINE fut gravement PARANOÏAQUE. Comme le président SCHREBER qui, à part quelques internements, exerça "dignement" sa fonction dans la magistrature (SIGMUND FREUD, Le Cas Schreber).

 

 

Et selon moi on ne peut lui enlever sa folie sans le priver du même coup de son génie. Les deux sont inséparables. Si vous lui arrachez son antisémitisme, vous détruisez son oeuvre littéraire. La folie qu'il y a dans son style est intimement cousine de celle qui gouverne sa vie.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

A suivre.

lundi, 09 avril 2012

ALORS, L'ISLAM : TOTALITAIRE ?

L’Islam est-il totalitaire par nature ? Evidemment non, mais il faudrait y regarder de plus près. Y a-t-il des musulmans qui ont des visées totalitaires ? La réponse est : oui.

 

 

Rien qu’à la façon dont se sont instaurées les trois religions du « Livre », tiens, on peut s’en apercevoir. Je ne vais pas remonter aux origines de la religion juive. Ici, le peuple se confond avec la religion qu’il pratique. Et si je ne me trompe pas, il n’y a jamais eu de prosélytisme juif. Aucun juif, sauf erreur de ma part, n’a jamais essayé de faire que d’autres se convertissent au judaïsme.

 

 

Il me semble même plutôt que les juifs (à la fois en tant que peuple et que croyants) ont toujours cherché à préserver l’homogénéité (la « pureté », si l’on veut, du « peuple élu ») de leur communauté et de leurs dogmes. La philosophe HANNAH ARENDT insiste assez sur cette caractéristique des juifs (vivre entre soi) dans sa préface au monumental Les Origines du totalitarisme.

 

 

Il est de notoriété publique que le mariage entre des hommes ou des femmes juifs et des « goyim », c’est compliqué (je pense à la modeste comédie La Vérité si je mens). La ligne directrice des juifs, c’est plutôt la logique du « vase clos » : restons entre nous, ne nous mélangeons pas. Une preuve en est donnée par la floraison d’établissements confessionnels (Ozar Hatorah, entre autres) réservés aux juifs.

 

 

En passant, je signale que le seul concept d' « école coranique » me fait frémir. Mais pas plus que celui d' « école catholique » : en France, pourtant, les écoles catholiques ensiegnent autre chose que la Bible, et sont obligées de respecter les programmes imposés par le ministère de l'Instruction Publique (je déteste l'expression "éducation nationale").

 

 

La façon dont le christianisme est arrivé et a fini par s’imposer dans l’antiquité est toute différente : Jésus, c’est l’homme de la paix et de l’amour, jusqu’au sacrifice de soi. Bon, qu’il soit « fils de Dieu », pourquoi pas ? L’essentiel est que le message du christ est essentiellement pacifique.

 

 

A cet égard, certains analystes vont jusqu’à le considérer comme le seul vrai chrétien dans l’histoire. Car le véritable fondateur du christianisme, c’est un soldat qu’on appellera plus tard Saint Paul. Qui prendra au pied de la lettre l’expression : « Allez enseigner toutes les nations ». Ce premier prosélytisme massif se déroule de façon pacifique pendant plusieurs siècles. C’est la période des persécutions et des martyrs.

 

 

Le christianisme change de nature en devenant avec Constantin un rouage de l’Etat, un instrument du pouvoir, en quelque sorte. Dès lors, il a eu vocation à s’étendre par le prosélytisme et la conversion. Le christianisme, pacifique au départ, est devenu guerrier, quand le temporel et le spirituel se sont fondus pour exercer le pouvoir. Inutile de revenir sur les conversions forcées, massives qui ont accompagné les conquêtes coloniales, par le « bois » et le « fer » (la croix et l’épée). La terreur, quoi.

 

 

Pour l’Islam, c’est différent, dès le départ. Les Kuraïchis (tribu bédouine à laquelle appartenait Mahomet) persécutèrent celui qui prétendait parler au nom d’Allah, et le chassèrent de La Mecque en 622 (début de l’hégire, qui est aussi celui du calendrier musulman).

 

 

Mais le 10ème jour du mois de ramadan de l’an 8 de l’hégire (= 11 janvier 630), il se met à la tête d’une armée de 10.000 hommes et conquiert la ville, dont il fait le centre absolu de la nouvelle religion. L’Islam a donc démarré dans l’histoire par un acte de guerre, même si la légende prétend que la bataille s’acheva sans qu’une goutte de sang eût été versée. Il y a du guerrier potentiel dans tout musulman. Il ne faut jamais l’oublier.

 

 

Aujourd’hui, les musulmans qui interprètent au pied de la lettre l’appel au « djihad » formulé dans le Coran sont nombreux. Cela donne les massacres de chrétiens dans le nord du Nigéria. Cela donne les violences contre les coptes dans l’Egypte « révolutionnaire ».

 

 

Cela donne diverses persécutions dans les pays du Proche et du Moyen Orient, en particulier en Irak, où les chrétiens préfèrent s’exiler. J’aurais tendance à en conclure que les musulmans, en général, n’aiment pas les chrétiens. Et je ne parle pas de l’antisémitisme, largement partagé parmi les musulmans.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

A suivre.

jeudi, 05 avril 2012

BOUALEM SANSAL CONTRE L'ISLAMISME

Là commence l’errance du frère aîné, qui veut refaire tout le père-iple du père, parce qu’il veut comprendre. Comprendre qui c’était, comment il a fait pour devenir ce qu’il fut, rouage dans une machine à exterminer pour commencer, pour finir « cheikh » respecté dans un minuscule bled algérien, où il est finalement massacré.

 

 

Le livre n’est pas seulement raté parce qu’il est « à thèse », mais aussi à cause de la forme de « journal » que l’auteur a choisie : le frère aîné, doué et brillant, rédige le journal de sa quête à la recherche du père dans une langue très maîtrisée ; mais le cadet, qui a failli virer voyou, en tenant lui-même son journal, ne peut espérer fournir au lecteur des outils d’analyse un peu sophistiqués, sous peine que le récit perde totalement en crédibilité : son niveau d’instruction l’interdit. Il en reste à l’instinct, aux réflexes primaires.

 

 

Ce qui manque donc au livre, pour devenir satisfaisant, c’est un point de vue englobant, plus élevé, capable d’entrer dans la question avec un peu de subtilité et d’intelligence. C’est tout à fait regrettable, car du coup, le récit reste à l’état de rudiment.

 

 

L’aîné, qui découvre la Shoah, a mené un recherche jusqu’au bout, pour « comprendre », comme dit le commissaire du quartier, Com’Dad, une recherche qui l’a conduit au suicide par asphyxie aux gaz d’échappement dans son propre garage. Il doit, comme il dit, « payer sans faute », pour son salaud de père.

 

 

Il faut bien dire que l’exposé de la découverte du nazisme du père par le fils a quelque chose de terriblement scolaire. L’auteur nous inflige ce que tout le monde sait sur des pages et des pages, et ne craint pas de donner l’impression d’un cruel ressassement.

 

 

Là où le récit acquiert de la force, à peu près au centre du livre, c’est quand Rachel explique la logique des nazis « de l’intérieur », comme un processus industriel rationnellement mis en place et en œuvre. L’examen froidement méthodique des capacités respiratoires d’un bébé et d’un adulte pour calculer les quantités de gaz « zyklon b » et le temps qu’ils mettront à mourir dans la chambre à gaz a quelque chose d’hallucinant, et pour tout dire, de très « culotté ».

 

 

Mais la thèse de BOUALEM SANSAL est découpée à la hache : que ce soit en Algérie ou dans les banlieues françaises, les islamistes djihadistes préparent pour l’humanité un système comparable à celui que les nazis ont fait subir au peuple juif, aux tziganes et à toutes sortes de « dégénérés » et d’ « Untermenschen ».

 

 

L’équation « islamistes = nazis » est aussi carrée que ça. Ce que confirme BOUALEM SANSAL lui-même, interviewé sur Youtube ou Dailymotion. On en pense ce qu’on veut évidemment. Par exemple, en Tunisie, RACHED GHANNOUCHI, le chef du parti islamiste Ennahda, a annoncé qu’il renonçait à inscrire la charia dans la constitution. En Egypte, ce n’est pas gagné, loin de là.

 

 

En tout cas, ce qui est clair, ce qui est sûr, c’est que, dans de nombreux pays musulmans, et à un moindre degré dans certaines banlieues françaises, des individus fanatiques, des groupes de musulmans extrémistes s’efforcent de grignoter du terrain jour après jour sur le territoire de la République. Et je n’ai qu’à moitié confiance, pour ce qui concerne la France, dans un gouvernement quel qu’il soit pour faire face au problème.

 

 

S’il y a un problème, ni MITTERRAND, ni CHIRAC, ni JOSPIN, ni SARKOZY ne l’ont résolu. Et ça fait trente ans que ça dure. Ça a commencé quand l’Etat français a démissionné de ses responsabilités en abandonnant la gestion « sociétale » (religion, activités culturelles ou sportives, etc.) des populations musulmanes aux « associations ». C’est-à-dire aux musulmans eux-mêmes. Les gouvernants auraient voulu entretenir un bouillon de culture anti-français, ils ne s’y seraient pas pris autrement. Appelons ça de la lâcheté, et puis n’en parlons plus.

 

 

Et Monsieur NICOLAS SARKOZY a la mirobolante idée de fusionner les Renseignements Généraux et la DST pour faire la DCRI (donnée à son pote SQUARCINI) en même temps que des économies, deux services qui n’avaient ni la même finalité, ni le même mode de fonctionnement, ni la même « culture ».

 

 

Cela donne la catastrophe policière du groupe dit « de Tarnac », et cela donne la catastrophe policière et humaine de MOHAMED MEHRA, à Toulouse et Montauban. Encore bravo. Au fait, pourquoi le tireur d’élite a-t-il reçu l’ordre (on ne fait pas ça sans en avoir reçu l’ordre exprès) de viser la tête ? Est-ce que ça ne serait pas pour l’empêcher de parler ?

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

samedi, 24 mars 2012

L'ISLAM DE FRANCE : UN MYTHE ?

Résumé : l'espace public, en France, est envahi par des controverses autour de l'islam. Pour le citoyen ordinaire (et athée) que je suis, l'air est contaminé par des débats de nature insupportablement religieuse.

 

 

J’entends déjà les chiens de garde, souvent de gauche, hurler à l’islamophobie. Fausse route, selon moi, les amis ! Il n’y a pas d’islamophobie en France, qu’on se le dise. Et ce n’est pas les profanations de tombes musulmanes (mais surtout juives, soit dit en passant) qui me feront changer d’avis.

 

 

Ou alors, pour être équitable, et puisque le joli terme de phobie a tant de succès de nos jours, si certains disent qu’islamophobes nous sommes, il faut qu’ils reconnaissent la part de christianophobie, voire de francophobie (siffler la Marseillaise lors d’un match de football France-Algérie), et même de sémitophobie, qui anime ces islamophiles et un certain nombre de musulmans. C'est une vraie question : les musulmans de France sont-ils antisémites ou non ? Combien y a-t-il de francophobes ?

 

 

C’est une histoire de réciprocité. Au moment où les Européens sont mis en demeure de construire des mosquées, j’attends qu’on me dise combien d’églises catholiques, combien de temples protestants, combien de synagogues ont été construits en terre d’Islam depuis cinquante ans. Il me semble que dans les pays à majorité musulmane, tout ce qui est chrétien a tendance à être pourchassé (même racine latine que persécuté). Le nombre de chrétiens qui en ont été chassés me laisse augurer le pire. De quel côté est l’intolérance, nom de dieu ?

 

 

Si les européennes qui vont visiter l’Arabie saoudite sont obligées de se couvrir, qu’attendent les Européens pour exiger que les femmes arabes qui débarquent en Europe enlèvent leur voile, montrent leurs cheveux ou portent un chapeau ? Qu’attendent les Européens pour exiger l’application de la très simple règle de la RÉCIPROCITÉ ? Je ne vois aucune raison pour la refuser.

 

 

Les musulmans, dans cette circonstance, adoptent – et je trouve ça révélateur d’un « mode d’être » – la même stratégie que les homosexuels et les féministes : d’une part la revendication de droits, souvent agressive, et d’autre part les hurlements d’orfraie face à des « phobies » supposées, le plus souvent purement imaginaires, mais bien commodes quand on est devant les tribunaux, pour prendre la posture de la victime.

 

 

Car c’est un autre point commun, que PHILIPPE MURAY nommait très justement « l’envie du pénal », qui pousse tous ces gens à demander que justice leur soit publiquement et officiellement rendue par l’autorité judiciaire. Une justice où les dédommagements pécuniaires sont rarement refusés. 

 

 

J’aimerais cependant que tous ces gens qui crient qu’ils souffrent collectivement de l’injustice qui leur est faite, aient quelque chose de positif à proposer. C’est vrai ça, ils demandent, réclament, revendiquent, se répandent sur les ondes en considérations fielleuses, en proclamations atrabilaires, en protestations négatives. Vous n’avez pas remarqué l’uniformité de ce ton agressif et mécontent ? Ceux qui exigent du respect de la part d'autrui devraient s'attendre à ce qu'autrui exige, là aussi, la RÉCIPROCITÉ.

 

 

J’aimerais demander à tous ces individus (ne parlons pas du caractère le plus souvent collectif et « identitaire » (nous les …) des revendications) qui s’estiment lésés de quelque manière dans la façon dont les autres les considèrent dans la société, s’ils ont si envie que ça de vivre avec ces autres. Ils réclament beaucoup de ces autres, mais eux, qu’ont-ils à leur offrir ? Quel est leur projet de vie en commun avec eux ? Que souhaitent-ils leur apporter dans l’existence collective ? En quoi de concret consiste leur projet de vie en société, s’ils en ont un ?

 

 

J’aimerais à l’occasion entendre sortir de leur bouche des propos enfin POSITIFS. Il faut dire que c’est lassant, à la longue, d’entendre seriner, de « débat » d’idées en « débat » de société, les aigreurs d’estomac de ces soi-disant « mal-aimés ».

 

 

Dans la circonstance présente, où je retiens quand même que c’est un homme qui s'appelle MOHAMED qui a commis les crimes, il ne s’agit évidemment pas de « stigmatiser » tous les basanés musulmans de France. Les responsables de tout bord savent trop le risque qu’ils prendraient à allumer une mèche qui ferait exploser quatre millions de personnes, où quelques allumés du bulbe jouent le rôle d'étincelle à retardement.

 

 

Il est important de ne pas étendre à tous les musulmans de France l’horreur qu’inspirent les crimes de MOHAMED MEHRA. Comme disent avec componction, la mine grave, les « responsables » politique, « il ne faut pas faire d’amalgame ». Quelques dizaines, sans doute pas beaucoup plus, la veulent, la guerre. Mais éviter de mettre tous les musulmans de France dans le même sac, ça ne suffit pas. Il faut de l'explicite, du concret, du positif.

 

 

MUSULMANS, vous voulez vivre en paix avec tout le monde ? MONTREZ-LE. Plutôt que de sauter comme des cabris en « mettant en garde contre les amalgames », allez-y, dénoncez MOHAMED MEHRA, proclamez qu’il contrevient au Coran, qu’il n’est pas musulman, je ne sais pas, mais dites, affirmez clairement que celui-ci n’est pas des vôtres, que vous ne faites pas partie de cette engeance. Dénoncez les extrémistes, salafistes ou djihadistes qui appellent à la guerre de civilisation.

 

 

Vous adhérez au mode de vie à l’européenne ? MONTREZ-LE. Désolidarisez-vous publiquement, collectivement et en masse de tout de qui en est la négation. Tiens, et si vous organisiez, pour tous les musulmans de France, une grande manifestation nationale à Paris, de Bastille à République, ou de République à Nation, pour affirmer que l’Islam est une religion de paix. Et pendant qu’on y est, que les Arabes de France ne sont pas des sémitophobes. Tiens, chiche !

 

 

Dites-le, que vous aimez la France et les Français. Et pour faire bonne mesure, dites-le, que vous aimez les juifs. Tiens, chiche ! Sacré défi, non ?

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

mardi, 24 janvier 2012

AU FIL DE "LA RECHERCHE" (5)

Résumé : La façon dont PROUST conduit « Un amour de Swann » est donc un chef d’œuvre par sa progressivité.

 

 

***

 

 

On admire que tout se passe indépendamment de la volonté de Swann. Odette ne lui plaît pas. C’est elle qui a décidé de se placer dans son champ de vision, d’y cultiver la rémanence de son image. C’est par effraction que le sentiment amoureux s’introduit en lui. Et il entre dans l’amour à reculons. Il en jouit naïvement, tout en se permettant de courir toujours la cuisinière et la couturière. La leçon est claire : l’amour rend bête. Il dit le plus grand bien des Verdurin, l’idiot.

 

 

L’histoire commence à devenir drôle quand Odette s’éloigne de Swann. PROUST se débrouille qu’on n’ait pas plus que ça de sympathie pour ce presque « grand seigneur » juif, ami des princesses et du boulevard Saint-Germain, qui se dévoie avec des parvenus et des nouveaux riches. L’auteur détaille minutieusement les soupçons qui commencent à se glisser dans son esprit, les efforts et démarches qu’il fait pour rester dans les bonnes grâces d’Odette.

 

 

 

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Il narre par le menu les allées et venues qu’il fait dans sa voiture, conduite par Lorédan (ainsi nommé parce que dans l’esprit de Swann, il ressemble au doge de Venise peint par BELLINI), puis par un remplaçant, quand Odette lui dit qu’elle ne supporte plus celui-ci. Il raconte cette soirée où, bourré de soupçons sur des infidélités qu’elle lui fait avec Forcheville, il va toquer au carreau qu’il croit être de sa fenêtre, et où ce sont deux vieux très surpris qui ouvrent, à sa grande confusion.

 

 

Bref, il se ridiculise. L’épisode amoureux dure (sans que ce soit nettement précisé) quand même quelques années. Il se termine ainsi : « Dire que j’ai gâché des années de ma vie, que j’ai voulu mourir, que j’ai eu mon plus grand amour, pôur une femme qui ne me plaisait pas, qui n’était pas mon genre ! ».

 

 

EPISODE 3 : NOMS DE PAYS : LE NOM

 

 

Ce « chapitre » clôt le livre sur la juxtaposition de trois thèmes : la rêverie du garçon sur les noms, les rencontres avec Gilberte Swann aux Champs Elysées, et le Bois des femmes, autrement dit le Bois de Boulogne.

 

 

Pour lui, le nom de Balbec, d’après ce que Legrandin et Swann lui en ont dit : l’un en parle comme de la partie terminale de la civilisation, à moitié sauvage, habitée par des pêcheurs, des brouillards et des tempêtes ; l’autre parle de la petite église de Balbec, « le plus curieux échantillon du gothique normand, et si singulière ! on dirait de l’art persan ». Du coup, la rêverie « mêlait en moi le désir de l’architecture gothique avec celui d’une tempête sur la mer ».

 

 

L’indicateur des chemins de fer soutient sa rêverie du nom de toutes les gares de Bretagne dont les sonorités se parent de couleurs particulières (MESSIAEN affirmait voir un bleu outremer dans telle harmonie, etc.). On apprend aussi que les chambres de Combray sont « saupoudrées d’une atmosphère grenue, pollinisée, comestible et dévote ». Cette liste est extraordinaire, ne trouvez-vous pas ?

 

 

Un des intérêts de ce « chapitre » est que le narrateur parle de ce qu’il est « avide de connaître » : « ce que je croyais plus vrai que moi-même ». Il y revient plusieurs fois.

 

 

Il imagine ensuite Venise et Florence (« le Ponte Vecchio encombré de jonquilles, de narcisses et d’anémones » : le pauvre, s’il y allait aujourd’hui, il y verrait surtout les fabricants d’objets en or). Il imagine les peintres dont il a vu des reproductions.

 

 

 

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CANALETTO

 

 

 

On assiste ensuite à ses rencontres avec mademoiselle Swann aux Champs Elysées, son amour pour elle, et les tourments qu’il éprouve quand il sait qu’elle sera absente tel jour. Chacun de ces gamins est doté d’une bonne. C’est là qu’on retrouve Françoise, d’ailleurs. Les enfants « jouent aux barres ».

 

 

J’ai eu la très curieuse impression de revoir les affres amoureuses de Swann pensant à Odette. Il s’ingénie à analyser ce qui se passe en lui. Son œil est aiguisé, et appuie sur le contraste irréductible entre l’image intérieure qu’on se fait d’une personne et la réalité objective de cette personne.

 

 

On lit dans ce passage une phrase assez ahurissante. Swann vient parfois attendre et chercher sa fille, sans toutefois daigner saluer le narrateur, avec la famille duquel une brouille s’est installée depuis le mariage avec Odette.

 

 

Gilberte et lui vont jusqu’à une baraque où une dame vend des friandises. Elle est particulièrement aimable avec eux « – car c’était chez elle que M. Swann faisait acheter son pain d’épice, et par hygiène, il en consommait beaucoup, souffrant d’un eczéma ethnique et de la constipation des Prophètes – ». J’avoue que la phrase me laisse sur le cul (pardon pour l’élégance). « Eczéma ethnique », « constipation des Prophètes » ? C’est du brutal.

 

 

Il pousse parfois ses promenades avec Françoise jusqu’au Bois de Boulogne, où des gens distingués se croisent, et où surtout Mme Swann se promène, parfois en voiture, parfois à pied, « dans une polonaise de drap, sur la tête un petit toquet agrémenté d’une aile de lophophore, un bouquet de violettes au corsage ».

 

 

Odette, de sa voiture, envoie aux messieurs qui la saluent au passage des sourires, dont l’un veut dire : « Je me rappelle très bien, c’était exquis ! », l’autre : « Comme j’aurais aimé ! ç’a été la mauvaise chance », le suivant : « Mais si vous voulez ! Je vais suivre encore un moment la file et dès que je pourrai, je couperai ». Non, Odette ne se refait pas.

 

 

La fin est consacrée à l’aspect artificiel et composé du Bois de Boulogne, qui : « répondait à une destination étrangère à la vie de ses arbres ». On trouve répété de page en page le mot « factice ». En fait, l’essence du Bois est de servir de cadre aux évolutions des belles promeneuses.

 

 

Quelques phrases à relever, quand il considère le passage du temps et la disparition de la beauté dans le passé : « Quelle horreur ! me disais-je : peut-on trouver ces automobiles élégantes comme étaient les anciens attelages ? Je suis sans doute déjà trop vieux, mais je ne suis pas fait pour un monde où les femmes s’entravent dans des robes qui ne sont même pas en étoffe ». « Quelle horreur ! Ma consolation, c’est de penser aux femmes que j’ai connues, aujourd’hui qu’il n’y a plus d’élégance ».

 

 

Ainsi finit Du Côté de chez Swann. Que me reste-t-il de la lecture ? Pas facile à dire. La première chose qui me frappe, c’est que j’ai lu déjà deux fois A la Recherche du temps perdu, et j’ai l’impression, aujourd’hui, que je n’avais jamais ouvert le livre.

 

 

Il y a bien des éléments qui m’étaient restés, Swann et Odette, la maison de Combray, etc. Mais d’une manière générale, en l’ouvrant pour la troisième fois, c’est comme si c’était la première. Peut-être que c’est toujours la première fois, après tout.

 

 

Ce que je trouve incommensurable et inextricable, c’est l’infinité des détails qui composent le récit, une matière tellement foisonnante, une végétation tellement luxuriante qu’il est impossible à l’observateur de tout saisir, de tout retenir. Impression que MARCEL PROUST a fait le choix de cette  syntaxe hors du commun pour se donner la capacité d’embrasser un vaste univers de sensations, d’aperçus.

 

 

Syntaxe hors du commun : je n’apprends rien à personne. Les phrases de MARCEL PROUST sont construites de manière à ce que le lecteur, quand il arrive au milieu, doit revenir au début pour rétablir mentalement la structure grammaticale. Je comparerais ça à la marche dans une forêt vierge encombrée de lianes : on avance de quelques mètres, on se retourne, et il est impossible de seulement discerner le point où l’on était auparavant. Oui, c’est inextricable.

 

 

PROUST ne s’y prendrait pas autrement, s’il voulait se donner les moyens d’envisager la vie subjective et le monde extérieur dans leur complexité et jusque dans les plus subtiles de leurs interactions. Autant dire que la lecture de ce monument littéraire est par définition et définitivement inépuisable : l’auteur s’est ingénié à entrelacer considérations et données comme des ronces inermes grimpant autour du lecteur, sinon jusqu’à l’étouffer, au moins à l'étourdir. Dans La Recherche, le lecteur est forcément perdu (pardon pour le jeu de mot, trop évident pour que je m’en prive). En réfléchissant un peu, je comprends mieux cette histoire de « première fois ».

 

 

Faut-il aimer la musique de RICHARD WAGNER pour aimer La Recherche du temps perdu ? C'est probable. Songez que pour aller d'un bout à l'autre de la Tétralogie, il ne faut pas moins de quinze heures et quinze minutes, sans compter les trajets, les entractes et les collations. Non, je rigole, mais il y a de ça. Combien d'heures, quand même, pour aller d'un bout à l'autre de La Recherche ?  J'arrête.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

 

 

 

dimanche, 01 janvier 2012

AU FIL DE "LA RECHERCHE" (2)

COMBRAY, EPISODE 2

 

 

Le deuxième chapitre commence sur « madame Octave », la tante Léonie du petit Marcel, qui ne quitte plus sa chambre, voire son lit, qui demande sans cesse à la bonne de monter pour lui dire qu’elle a vu passer dans la rue un chien ou une jeune fille qu’elle ne connaissait pas. La bonne, c’est Françoise, qui fait alors des hypothèses auxquelles la tante réagit par des « je crois bien ! » quand elle n’y croit pas du tout, et des « à moins de ça ! » quand elle pense que la solution est là, à laquelle elle n’avait pas pensé. J'aime beaucoup ce "à moins de ça".

 

 

Tante Léonie est visiblement un personnage de caricature. Comme Françoise la cuisinière. D’ailleurs, en dehors du père et de la mère, quels personnages ne sont pas caricaturaux d’une manière ou d’une autre ? MARCEL PROUST est un écrivain féroce, dont les longues caresses syntaxiques et stylistiques sont enduites de curare (à comprendre au sens de BOBY LAPOINTE : « Ben, si c'est rare, j'aime mieux les yeux rares de Lydia que le "cu-rare" de Lucrèce Borgia ».

 

 

Françoise qui ne fait que des asperges au déjeuner ! On saura plus tard pourquoi. Marcel fait l’éloge de cette domestique qui a une sorte de vénération pour la famille de ses maîtres. Puis il décrit minutieusement et amoureusement l’église de Combray, du 11ème siècle roman, avec des vitraux, une crypte, un porche, enfin tout ce qu’il faut pour faire une église. Il décrit en particulier des pierres d’angles bizarrement sculptées par le temps, comme j’en ai vu en Bretagne.

 

 

Il en parle ensuite de l’extérieur, quand on arrive par le train, quand on la voit de loin, quand le petit Marcel la voit de sa chambre (juste la base du clocher). Enfin bref, on aura mangé de l’église de Combray comme s’il en pleuvait. PROUST est certainement un monument, mais ses comparaisons à la manière de L’Iliade, ça lasse vite. On sait qu’il la connaît à peu près par cœur, ou pas loin.

 

 

Ou alors c’est moi qui passe à côté de l’essentiel. Tiens, goûtez-moi cette formule : « Mais (surtout à partir du moment où les beaux jours s’installaient à Combray) il y avait bien longtemps que l’heure altière de midi, descendue de la tour de Saint-Hilaire qu’elle armoriait des douze fleurons momentanés de sa couronne sonore, (…) ». Vous n’avez pas l’impression qu’il en rajoute ? Moi, je dis : trop, c’est trop.

 

 

Il revient ensuite à tante Léonie, dont tout le monde, y compris dans le village, a renoncé à corriger l’hygiène de vie, considérée comme désastreuse, car limitée à son lit d’observation. « Est-ce que madame Mézerat est arrivée à la messe avant l’Elévation ? », c’est la grande question qu’elle brûle de poser à Eulalie, quand ce satané curé sera reparti, après sa foutue leçon d’étymologie sur les noms de lieux du coin. Elle aurait bien voulu le refuser, mais ce sont des choses qui ne se font pas ! Du coup, elle est tellement fatiguée qu’elle est obligée de demander à Eulalie de partir aussi, avant d’avoir posé sa question, la seule chose importante qu’elle avait à lui dire.

 

 

On a l’histoire de l’oncle Adolphe et de sa brouille avec la famille de Marcel. En train de lire dans le jardin, à côté d’une petite bâtisse où cet oncle logeait quand il venait à Combray, il se souvient d’une visite impromptue qu’il lui avait rendue un jour à Paris. Trouvant une voiture attelée devant chez lui, il sonne quand même. Et c’est une voix féminine qui demande à l’oncle de le laisser entrer.

 

 

C’est une « cocotte ». L’oncle n’est pas très content, mais le laisse entrer. Il aime en effet le milieu du théâtre et les petites femmes qui y évoluent. Il demande à Marcel, au départ de celui-ci, de ne rien dire. Marcel raconte évidemment tout dans le moindre détail, ce qui provoque évidemment un clash, car les parents sont à cheval sur la morale.

 

 

On revient dans la cuisine de Combray. La fille de cuisine est enceinte jusqu’aux yeux. S’ensuivent diverses considérations sur des fresques de Padoue et des commentaires de Swann sur le ventre enceint des femmes des dites fresques, et la manie d'esthète qui amène Swann à voir dans les fresques de la Renaissance italienne des « plagiats par anticipation », comme l'OU. LI. PO. nomme en les inversant certaines résonances entre passé et présent.

 

 

Retour à la lecture, et à la façon dont la littérature fait exister le réel autrement mieux que la vie réelle, trop lente et discontinue. Pages fort intéressantes : le romancier synthétise en quelques pages, voire en quelques mots un personnage ou autre chose, ce qui confère à la vie elle-même un sens dont elle serait démunie autrement. C’est ici qu’apparaît la silhouette de Bergotte, un écrivain estimé des connaisseurs, qui mange à la table de Swann une fois par semaine.

 

 

Histoire avec Bloch, à qui la famille fermera sa porte pour des raisons diverses : il est juif, et le père y fait allusion en chantant par exemple un air connu : « Oui, je suis du peuple élu ». Il est par ailleurs assez cavalier dans ses manières, qui heurtent le souci des convenances de la famille. Marcel regrette la rupture, car Bloch a de l’intelligence et de la culture.

 

 

On perçoit la sensibilité extrême et extrêmement féminine de PROUST dans les descriptions de fleurs, des aubépines, des épines roses (sic), des pommiers, etc. Quel luxe d’images ! Un tel raffinement finit par en être étouffant et, de mon point de vue, cela frise le ridicule à force de « faire des magnes et du flafla » (ARISTIDE BRUANT).

 

 

« La haie formait comme une suite de chapelles qui disparaissaient sous la jonchée de leurs fleurs amoncelées en reposoir ; au-dessous d’elles, le soleil posait à terre un quadrillage de clarté, comme s’il venait de traverser un verrière ; leur parfum s’étendait aussi onctueux, aussi délimité dans sa forme que si j’eusse été devant l’autel de la Vierge, et les fleurs, aussi parées, tenaient chacune d’un air distrait son étincelant bouquet d’étamines, fines et rayonnantes nervures de style flamboyant comme celles qui à l’église ajouraient la rampe du jubé ou les meneaux du vitrail et qui s’épanouissaient en blanche chair de fleur de fraisier. » Ouf, n’en jetez plus. On comprend que sa maladie ait touché l’appareil respiratoire.

 

 

« C’est ainsi qu’au pied de l’allée qui dominait l’étang artificiel, s’était composée sur deux rangs, tressés de fleurs de myosotis et de pervenches, la couronne naturelle, délicate et bleue qui ceint le front clair-obscur des eaux, et que le glaïeul, laissant fléchir ses glaives avec un abandon royal, étendait sur l’eupatoire et la grenouillette au pied mouillé les fleurs de lys en lambeaux, violettes et jaunes, de son sceptre lacustre. » Trop, c’est trop, PROUST en fait des tonnes.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

La suite une autre fois.