vendredi, 21 janvier 2022
ROYALISTE EN 2022 ? C'EST SÉRIEUX ?
Cela commence ainsi (Le Progrès, 19 janvier 2022).
En 2000, les choses se présentaient ainsi : le jeune homme très digne et bien mis, dont on voit bien que le profil n'a rien de "bourbon", s'appelle Louis, comme par hasard (Loulou pour les intimes, tous les autres sont priés de s'incliner profondément). Il est né en 1974, paraît-il. C'est donc un de ses parents que l'on apercevra demain lors de la commémoration de la mort de Louis le seizième en l'église Saint-Bonaventure.
Ici, on est à la cathédrale Saint-Jean-Baptiste. Attention, ça rigole pas. Ce qui ne veut pas dire que c'est sérieux. On notera les gants noirs du porte-étendard fleurdelysé.
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La seule chose que je regrette, c'est de ne pas être là pour entendre les trompes de chasse de la Diane Lyonnaise : rien n'est plus beau que les harmonies produites par ces souffleurs de cor qui vous tournent le dos pour vous en mettre plein les oreilles. Vous me direz : mais vas-y donc, puisque tu aimes ça ! Pas faux. Mais qu'est-ce que vous faites de la messe ? Fût-elle "royale" ?
Ne vous faites pas de mouron : je me rabattrai sur un bel exemplaire de la sonnerie "Saint-Hubert".
Et puis je me souviendrai d'une séquence avec Jean Gabin, en peignoir, portant monocle et chantant la chasse à courre. C'était dans Le Baron de l'Ecluse.
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Ce n'est que si le p'tit Louis (de Bourbon, et "prince", s'il vous plaît) me marche sur les arpions que je lui ressortirai de vieux souvenirs de son album de famille.
De mon côté, ça fait déjà longtemps que j'ai cessé de saucissonner au vin rouge tous les 21 janvier. Paix à l'âme des rois de France, après tout. A qui couperiez-vous la tête aujourd'hui ?
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Note : c'est comme les obsèques de Paul Bocuse à Saint-Jean (en 2018, je crois) : je n'y étais allé que pour entendre le gros bourdon, vous savez, la grosse Anne-Marie, qui ne résonne qu'une quinzaine de fois dans l'année à la cathédrale : il faut se placer du côté du chevet. Une expérience sonore inoubliable. Et c'est gratuit.
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vendredi, 17 mars 2017
LA FONTAINE, LE LICENCIEUX ÉLÉGANT
UNE LEÇON DE SUBTILITÉ
Dégoûté par la grande pitié que m’inspire le spectacle du monde tel qu’il va mal et de la France politique en particulier, je m’immerge depuis quelque temps dans l’œuvre de quelques écrivains qui ont marqué le Grand Siècle. Présentement, je poursuis en parallèle la lecture des Mémoires de Saint-Simon et du cardinal de Retz, et je ne me lasse pas d’admirer la haute idée que ces deux figures marquantes de la haute aristocratie française et de la littérature se faisaient de la France, de la dignité de leur propre personne et de la langue alors en usage. Saint-Simon davantage homme de cour, généalogiste méticuleux et grand seigneur jaloux de voir conserver les prérogatives de son rang, Retz tout entier voué à la gloire et aux grandes actions héroïques que lui a insufflées dans sa jeunesse la lecture des Vies des hommes illustres de Plutarque.
Je me garderai de comparer l'altitude où se situent ces figures d'exception, tant avec la bassesse de vue de nos modernes politiques qu’avec l’aridité squelettique de la langue qu’ils pratiquent, et qui ne fait que traduire la pauvreté de leur pensée, toutes choses qui feraient presque regretter l’Ancien Régime, voire déplorer la décollation de Louis seizième, un certain 21 janvier. Venons-en au fait.
Il existe des livres dont tout le monde cite le titre, souvent sans les avoir lus. Tout le monde connaît, par exemple, quelques-unes des Fables de La Fontaine, mais qui connaît Les Souris et le Chat-huant ? Les Femmes et le Secret ? La Tortue et les deux Canards ? La jeune Veuve ? Et bien d'autres sont encore plus méconnues. Il est vrai que la plupart de celles qu'on apprenait autrefois à l'école (les apprend-on encore ?) figurent dans le premier tome, le second paraissant dix ans plus tard. Quant aux Contes et nouvelles en vers, n’en parlons pas. C’est bien dommage, car c’est se priver de plaisirs délectables et d’enseignements précieux.
C’est ainsi que dans le tome second des Contes et nouvelles, La Fontaine expose sans fard sa théorie du beau langage et de ses subtilités, sur laquelle il fonde tout l’intérêt de ses narrations. On trouve cet exposé dans le préambule, fort développé pour une fois, du récit intitulé Le Tableau. Cette belle et grande leçon de subtilité touche bien entendu au domaine éminemment sensible (sans qu’il soit besoin de préciser) dans lequel un courtisan qui ferait montre de crudité se verrait interdire l’accès des salons pour cause d'incivilité.
C’est à qui, au contraire, fera la preuve du plus extrême raffinement dans l’expression par les mots des choses qui occupent les deux sexes depuis la nuit des temps, mais une expression édulcorée, passée par le tamis de l'art de la formulation. Attention, qu'on ne me fasse pas dire ce que je ne dis pas : Agostino Carrache (1557-1602, qui est loin d'être le seul ; ci-contre Hercule et Déjanire en plein débat conjugal) a commis dès cette époque des gravures splendidement explicites pour illustrer diverses galipettes de personnages de la mythologie, et quand il s'agissait d' « aller au déduit », les plus grands seigneurs étaient bien obligés de mettre bas le masque de la mondanité et de condescendre au très concret. Il reste qu'on se devait, devant le monde, de sauvegarder les apparences, ce qui explique les détours parfois tortueux mais toujours élégants et habiles offerts par le procédé de l'allusion suggestive.
Dans le récit du Tableau, sœur Claude et sœur Thérèse ont pris coutume de se partager dans leur cellule les « qualités » d’un bachelier, qu’il a particulièrement avantageuses semble-t-il, et dont il ne demande qu’à faire bénéficier les belles qui le lui demandent. Un jour, comme il est en retard, passe un « Mazet », qui se trompe de cellule. Qu’à cela ne tienne, Claude et Thérèse, faute de la grive attendue, se rabattent sur le merle. Elles ne perdront pas au change.
« Ah, pour être dévote, on n'en est pas moins femme. »
Sur le « tableau » qui donne son titre au conte, trois personnages : deux nonnes se disputent les faveurs d’un rustre. Mais la chaise ne résiste pas (« Ou soit par le défaut / De la chaise un peu faible, ou soit que du pitaut / Le corps ne fut pas fait de plume, / Ou soit que sœur Thérèse eût chargé d'action / Son discours véhément et plein d'émotion, ... »). Claude a profité du bris de la chaise pour s’emparer du « timon » du garçon, au grand dam de Thérèse qui, dans la chute, a perdu la « tramontane » et qui voudrait bien reprendre sa place. La position de sœur Claude, soigneusement voilée par l’ampleur de l’étoffe (quoiqu'on distingue opportunément la robe bien haut levée ainsi que les braies tombées de l'homme) ne laisse heureusement rien ignorer de la raison, assurément consistante, qui a attisé la fureur de ces religieuses.
Voici comment La Fontaine introduit (si j’ose dire) son récit scabreux :
« On m’engage à conter d’une manière honnête
Le sujet d’un de ces tableaux
Sur lesquels on met des rideaux :
Il me faut tirer de ma tête
Nombre de traits nouveaux, piquant et délicats,
Qui disent et ne disent pas,
Et qui soient entendus sans notes
Des Agnès même les plus sottes :
Ce n’est pas coucher gros ; ces extrêmes Agnès
Sont oiseaux qu’on ne vit jamais.
Toute matrone sage, à ce que dit Catulle,
Regarde volontiers le gigantesque don
Fait au fruit de Vénus, par la main de Junon.
A ce plaisant objet si quelqu’une recule,
Cette quelqu’une dissimule.
Ce principe posé, pourquoi plus de scrupule,
Pourquoi moins de licence aux oreilles qu’aux yeux ?
Puisqu’on le veut ainsi, je ferai de mon mieux :
Nuls traits à découvert n’auront ici de place ;
Tout y sera voilé ; mais de gaze, et si bien,
Que je crois qu’on ne perdra rien.
Qui pense finement et s’exprime avec grâce,
Fait tout passer, car tout passe :
Je l’ai cent fois éprouvé :
Quand le mot est bien trouvé,
Le sexe en sa faveur à la chose pardonne :
Ce n’est plus elle alors, c’est elle encor pourtant.
Vous ne faites rougir personne,
Et tout le monde vous entend.
J’ai besoin aujourd’hui de cet art important.
Pourquoi, me dira-t-on, puisque sur ces merveilles,
Le sexe porte à l’œil sans toutes ces façons ?
Je réponds à cela : chastes sont les oreilles,
Encore que les yeux soient fripons ».
Michel Foucault s'est bien éreinté à à décrire de large en long les pouvoirs respectifs des mots et des choses (Les Mots et les choses, 1966), La Fontaine se contente, quant à lui, d'évoquer la "chose" en évitant de prononcer le "mot". Si ce n'est pas ça, la littérature, j'aimerais qu'on me dise ce qui en est.
On a compris : il s'agit d'exprimer les choses les plus lestes tout en sauvegardant toutes les apparences de la décence et de la bienséance. Tout un monde superbement ignoré et relégué dans nos temps soi-disant si "progressistes". Pour bien marquer la différence, en même temps que l'état de vulgarité dans lequel le vingtième siècle a plongé l'humanité (état qui ne cesse de s'aggraver), qui préfère aller droit au but plutôt que de s'embarrasser de circonlocutions (après tout, qu'est-ce que la civilisation, sinon le détour par les mots ? Cf. Boby Lapointe, L'Ami Zantrop, qui construit sa dérision créolisante sur la Célimène et l'Alceste du Misanthrope),
on trouvera ci-dessous l'interprétation graphique de la même scène trouvée dans une édition moderne des Contes et nouvelles. L'artiste s'adresse visiblement à des "non-comprenants" : l'allusion et le "poids des mots" ne suffisent plus, il faut l'explicite et le "choc des photos", du direct, du brutal. Et l'on s'étonne encore de la vogue du porno (priez porno, pauvres pécheurs, en latin : ora pornobis).
Les nonnes sont superbes, mais il faudrait que l'artiste m'explique les positions respectives de la chaise, qui paraît entière, et du "corps" (le "timon") du délit : où est passée l'assise du siège ? De deux choses l'une, soit la chaise est brisée, comme le spécifie La Fontaine, soit le "Mazet" est coupé en deux. Auquel dernier cas la "performance" exhibée par ce dernier paraît hautement improbable. Mais je chipote, je chipote : oui, je sais bien, l'essentiel n'est pas là, il est montré. Passez muscade.
Note : je n'ai rien contre les "Agnès même les plus sottes", pourvu que.
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mercredi, 21 janvier 2015
WOLINSKI SUITE
Une pensée aujourd'hui pour les régicides du 15 janvier 1793. Et puis ne soyons pas chien : une pensée aussi pour Louis Capet, monté à l'échafaud le 21 janvier suivant.
Oui, une pensée pour la période de l'histoire de France qui a installé durablement la coupure.
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Wolinski en 1970. C'est après l'interdiction d'Hara Kiri Hebdo sur ordre de Raymond Marcellin que s'instaure ce débat confus (et tellement daté) sur la confusion entre "politique" et "pornographique". J'ai oublié les détails. Wolinski ne pouvait pas louper ça. Aujourd'hui, j'ai l'impression que plus rien n'est politique. Et que le pornographique est devenu la normalité.
Cette série de six dessins est tirée de la page 2 du n°2 de Charlie Hebdo, paru le lundi 30 novembre 1970. On me dira ce qu'on voudra, bien sûr, c'est dessiné à la va-vite et à la diable, mais il y a du génial là-dedans.
Wolinski avait fait paraître la bande ci-dessous, sans doute en 2006, suite à l'incendie des locaux de Charlie Hebdo (déjà un attentat !). Je n'ai ni la date, ni le support. Je profite de ce que Le Monde (daté 9 janvier) l'a republiée. Toute la "philosophie" de Wolinski est là, je crois.
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : régicide, 1793, louis xvi, wolinski, hara kiri, hara kiri hebdo, charlie hebdo, pornographique, france, politique, société, humour, dessin humoristique, caricature, journal le monde, juif, chrétien, musulman, églises, synagogues, mosquée, rabbins, prêtres, dieu, allah
mercredi, 24 juillet 2013
JOURNAL DES VOYAGES 10
Je suis en vacances, mais ...
Pour ne pas laisser vacant tant d’espace disponible, mais le remplir de façon bien sentie, je me suis dit que la collection 1876-1899 du Journal des Voyages était parfaitement idoine.
Aujourd'hui, la Chine éternelle et sa façon efficace et sans bavure de séparer la tête du reste du corps.
Presque une banalité. A mon avis, Hergé a potassé le Journal des Voyages. Il a même dû tout réviser avant Le Lotus bleu,
et réfléchir à la méthode employée, comme le montre l'image ci-dessus, pleinement confirmée par la photographie ci-dessous. A mon avis, le tranchant affûté de la lame ne fait pas tout : il y faut aussi le poids de l'arme. A voir l'exécuteur, il me semble aussi qu'il y faut le geste du professionnel, quasiment athlétique, le geste précis qui réclame un long entraînement. Je me situe exclusivement au niveau technique, et me garde d'émettre quelque jugement de valeur, pensez !
Nous apprenons ces jours-ci que les exécutions capitales en Chine, pour lesquelles il n'existe pas de données officielles, sont évaluées par « les associations» (catégorie journalistique bien connue), à commencer par la sourcilleuse et chatouilleuse Human Rights Watch (tiens, les Américains aussi, ils font des "observatoires"), à environ 4000 à 6000 par an (marge d'erreur de 50 % quand même).
Remarquez, il fut un temps où la France pratiquait la chose, mais en beaucoup plus compliqué, puisqu'il fallait la décision d'un tribunal, et surtout il fallait une machine spécialement dédiée. Les Chinois ne s'embarrassaient pas de tels méandres, et en venaient directement au fait, sur simple décision d'un quelconque maître des lieux.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : journal des voyages, supplices, décapitation, décollation, tintin, hergé, peine de mort, chine, exécutions capitales, le lotus bleu, human rights watch, louis xvi
vendredi, 20 janvier 2012
TÊTE DE LOUIS XVI ET PENDULE DES JORASSES
Aujourd’hui, ça part d’assez loin. Mais je vous promets que j’y arrive, à mon sujet du jour. LAO-TSEU l’a dit : « La rivière de la vérité ne craint pas les méandres de la pensée qui déverse son eau de vaisselle à gros bouillons dans la mer des Sargasses à l’époque de la reproduction des anguilles qui en sont très friandes ». Après un truc pareil, je crois que j’ai mérité quelques minutes de repos, rien que pour le plaisir de contempler. Je me dis que FREDERIC DARD devait faire pareil après une page bien sentie sur Bérurier.
Alors voilà, bon, ça commence. Quand on sort de la gare du Montenvers et qu’on regarde vers le fond de la Vallée Blanche, on repère immédiatement la grande barrière rocheuse qui sépare la France de l’Italie. Cela s’appelle Les Grandes Jorasses. Respect. La pointe la plus à gauche (c’est-à-dire à l’est), c’est la « Walker » (4200 et des poussières).
LES GRANDES JORASSES
AU-DESSUS DE LA VALLEE BLANCHE
Il y a des gens, on se demande pourquoi, qui ne rêvent que d’une chose : arriver au sommet. Les plus cinglés d’entre eux ont tracé sur une photo de la face nord (côté Chamonix, celle qu’on voit) une ligne droite qui part d’en bas et arrive en haut. Quelques-uns sont parvenus à la suivre. Ils sont fous, ces Romains !
Mais on n’est pas là pour parler d’alpinisme. La voie directe comporte une particularité particulière : le « PENDULE ». Qu’ès aco ? Tout le monde connaît le professeur Tryphon Tournesol : « Un peu plus à l’ouest » est dans toutes les mémoires.
Un pendule, c’est un petit objet chargé de graviter au bout d’un fil, et dont les mouvements donnent aux initiés des informations très claires et très mystérieuses. Sur quoi ? Je répondrai que ça les regarde. Approchez voir un pendule d’une télévision (cathodique), et vous verrez la samba, plus la lambada, plus la bossa-nova ! C’est magique ! Mieux que le Carnaval de Rio.
Dans la paroi rocheuse dont il est question, le pendule, ça veut dire qu’arrivé en un certain point, tu installes la corde une longueur (30 mètres) au-dessus. Tu redescends. Tu te lances alors dans un joli balancement pendulaire. Tu prends pied sur une vire située latéralement un peu plus loin, mais juste dans l’axe vertical de la voie. A ce moment-là, réfléchis bien avant de commettre l’irréparable : tu récupères la corde !
On suppose que tu sais ce que tu fais. Parce qu’à partir de là, toute retraite est coupée, même en rappel. Ce n’est plus le temps d’avoir des regrets. Une seule solution : sortir par le sommet. Aucun retour en arrière n’est plus possible. Ça veut dire qu’il faut être vraiment sûr de toi et du copain de cordée. Ça veut dire qu’il faut oser. Voilà, c’est ça, le « pendule ».
Un certain Agathocle (Ἀγαθοκλῆς, on est en 311 avant « le » J. C.), qui menait une guerre contre Carthage, avait fait preuve de la même détermination en débarquant de Sicile sur la terre africaine : pour montrer à ses hommes qu’il avait bien l’intention d’aller jusqu’au bout, il avait fait brûler les vaisseaux qui les avaient conduits jusque-là, rendant tout retour impossible. Agathocle est sorti des mémoires, mais l’expression « brûler ses vaisseaux » est restée. C’est la même chose que le « pendule des Jorasses ».
J’allais prendre, comme troisième exemple, celui de l’homme qui, après avoir bien fixé la corde au crochet du plafond, fait tomber la chaise sur laquelle il est monté et qui reste pendu par le cou, mais s’il y a des enfants qui lisent ce blog, je ne voudrais pas risquer qu’on me fasse des reproches, alors je n’en parlerai pas (les rhétoriciens attentifs auront noté ici une prétérition). Cela n’empêche pas que le principe est toujours le même : quand tu n’a plus rien à perdre, tu te débrouilles pour te couper tout espoir de retraite. La chaise qui tombe, c’est le « pendule des Jorasses ».
Le 21 janvier 1793, c’est le geste fou qu’elle a fait, la Révolution française. Elle s’est élancée vers la Walker des Jorasses. Elle a « brûlé ses vaisseaux ». A-t-elle fait tomber la chaise ? C’est beaucoup moins sûr. C’est vrai que la décision s’était prise quelques jours avant, exactement le 17, à 21 heures : « La peine prononcée contre LOUIS CAPET est celle de mort ». C’est VERGNIAUD qui parle.
LOUIS, SEIZIEME DU NOM
Il faut dire que, comme c’est lui qui préside la « Convention », c’est à lui d’annoncer. Ils ont été 334 à s’opposer à la condamnation à mort. Mais depuis que c’est la majorité des voix qui emporte la décision (ça ne fait pas très longtemps, vérifiez), ils ne peuvent rien contre les 387 régicides.
Il est vrai que le scrutin est entaché de divers soupçons de fraude (achats de voix (déjà !), marchandages, tripatouillages divers). Il faudra en organiser un second, le lendemain. Le résultat est beaucoup plus serré : 361 contre 360. Il n’empêche, c’est bien la majorité plus une voix qui l’emporte. Le 21 janvier 1793, le roi de France, LOUIS, seizième du nom, est donc exécuté sur la place qui n’est pas encore « de la Concorde ».
Alors on me demandera peut-être comment, en partant des Grandes Jorasses, j’arrive à l’exécution de LOUIS XVI. C’est une bonne question et je vous remercie de l’avoir posée. Je réponds benoîtement que c’est la même chose. Mais si ! A partir du 21 janvier 1793, toute retraite est coupée. Il ne sera plus jamais possible de faire comme si on ne lui avait pas coupé le cou suivant le pointillé, à CAPET. Cela fera demain 219 ans que cet irréparable s’est accompli.
Ce soir, messe royaliste à l’église Saint Denis de la Croix-Rousse, rue Hénon, à 18 heures trente.
Voilà ce que je dis, moi.
Suite et fin demain.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lao tseu, frédéric dard, bérurier, grandes jorasses, alpinisme, chamonix, vallée blanche, professeur tournesol, tintin, carnaval de rio, pendule, agathocle, louis 16, louis xvi, le roi, révolution française, régicide, royaliste