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samedi, 28 octobre 2023

DES NOUVELLES DE L'ARCON

DE L'ART CONTEMPORAIN A L'ARCON...

Nul n'arrêtera les audaces dans l'art. Et nul n'arrêtera les artistes audacieux, vous savez, ceux qui "cassent les codes" au risque de, qui franchissent les limites au péril des, qui ont le courage de "transgresser" quitte à, qui "luttent contre les stéréotypes" au prix de leur. Nul n'arrête non plus les collectionneurs fous qui ne savent plus quoi faire de leur pognon.

Celui-ci s'est entiché de tout ce qui est bêtement refusé par tous les musées, toutes les galeries, toutes les foires internationales d'art contemporain, et autres lieux qui luttent pour rester à la pointe du combat de l'Arcon. A tel point qu'il a fait un "Musée de l'art interdit" (Barcelone). Voici la photo que Le Monde s'est procurée pour illustrer l'article de Sandrine Morel paru dans son édition datée 26 octobre 2023. L'artristecon s'appelle Jani Leinonen. Comme quoi même les Finlandais peuvent.

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... ET DE L'ARCON A L'ARCOUILLON.

Un christ déguisé en clown à hamburger [ça se conjugue : je hamburge, tu hamburges, ...] ! Fallait y penser, un hamburger en guise de pain azyme ! Cela rejoint le "Piss-Christ" de Serrano et de célèbre mémoire en force expressive, en puissance d'évocation et en sportivité de l'extrême spirituel. En matière de scandale, Bettina Rheims en avait fait pas mal en un autre temps : c'était encore un christ, mais en femme crucifiée, et ça se passait je crois à Bordeaux. Qui battra ces records-là ?

Je crains hélas que ces blasphèmes attentats à la religion catholique ne tombent carrément à plat, vu l'état de déliquescence de l'Eglise de Rome. Leurs auteurs ne risquent rien et peuvent dormir tranquilles en attendant les pépètes fournies par le sacrilège. Tiens, une idée pour les artistes qui se sentent une âme de blasphémateurs : allez-y, représentez Allah et Mahomet en clowns Ronald de McDo, tiens ! On verra combien de temps il vous restera pour parader en bonne santé en uniforme de profanateurs.

jeudi, 13 janvier 2022

ET C'EST AINSI QU'ALLAH ...

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Madame Yamila visitant une exposition d'ARCON.

***

DES NOUVELLES DE L'ARCON - 2.

« La peinture a tout essayé.
On a peint sur une toile, on a peint sur trois toiles l'une au-dessus de l'autre (le même sujet).
On a peint avec tout : les mains, la bouche,, les pieds, le gorille, la queue de l'âne, la foudre, et le mouvement de la terre ; le pistolet, l'arquebuse, la lance, la torpille et le balais de paille. Comme instruments.
Et comme matières, avec la coquille d'œuf, le gravois, le bitume ; la crotte de chèvre et le pipi de chien ; l'anthracite, le mâchefer, le yaourt, le cantal, le brie, le fromage blanc, le fromage fait ; le papier de Paris-Soir roulé en boules compactes, trempé dans l'eau de Javel et coupé au couteau.
On a peint à vélo, à cheval et en avion.
On a peint avec rien, sans pinceau et sans toile, en se contentant de vendre à prix d'or l'ampoule qui éclairait le coin de mur où il fallait se figurer la peinture.
Après tant d'exploits étonnants au visiteur de 1964 que l'artiste ait peint avec un tournevis qu'avec une clef anglaise ? Que le tiroir de la commode qui est sur la toile s'ouvre vraiment ? Et qu'on y découvre un rat cuit plutôt qu'un fer à cheval ou un bouton de culotte ? Ou que le faux bois du trompe-l'oeil exposé par conviction philosophique vaille presque celui d'un artisan spécialisé ?
Je crois qu'on prête au public des exigences mesquines auxquelles il n'a jamais songé. »

Alexandre Vialatte, Et c'est ainsi qu'Allah est grand, Fayard, 1979.

mardi, 08 décembre 2020

DE MILA À SAMUEL PATY

« Va bien te faire fourré sombre pute je te souhaite de mourir de la façon la plus atroce qui puisse exister et si jamais ça tarde. Je m’en chargerais moi-même. Je me ferais un réel plaisir de l’acéré ton corps avec mon plus beau couteau et d’aller laisser pourrir ton corps dans un bois ». Voilà le texte d’un aimable mail – parmi une foule d’autres du même acabit – reçu par une adolescente en France en 2020, tel que le journal Le Monde le reproduit – textuellement, fantaisies linguistiques comprises – dans son numéro daté du 28 novembre.

L’adolescente s’appelle Mila, et personne ne lui a encore coupé la tête. Il faut dire qu’elle n’est pas tendre avec tout ce qui est musulman, islamique, islamiste, mahométan ou coranique : « Votre religion c’est de la merde, votre dieu, je lui mets un doigt dans le trou du cul. Merci. Au revoir. » Si un adepte particulièrement susceptible lui fait « une Samuel Paty », comme le lui promettent des internautes, elle saura pourquoi, et il se trouvera certainement quelques citoyens bien français (vous savez, ces gens de gauche prompts à dénoncer l' "islamophobie") pour dire qu’elle « l’aura bien cherché », et qu’elle s’est livrée à des provocations inutiles et choquantes (mais rien d'illicite selon le procureur).

Samuel Paty, lui, ne s’est pas livré à une provocation. C’est presque pire : il a entrepris, contre toute raison raisonnable, d’expliquer à des gens inaccessibles à cette idée, pour quelles raisons il était permis en France de se moquer des religions, en prenant pour exemple l’objet de fixation des passions du moment : les caricatures de Mahomet. C’est permis, il y a même des lois pour cela. Mais dans la réalité, combien de musulmans sont assez "évolués" pour déclarer comme Tareq Oubrou, grand imam de Bordeaux (Le Monde, 2 décembre) : « Islam de France : aux laïcs la gestion administrative, aux religieux la religion » (c'est le titre de sa tribune) ? Le brave homme se trompe ou se prend à rêver : il n'y a pas de laïcs en islam, ou si peu que rien, pas de laïcité, et le vrai musulman ne comprend rien à la notion et à ce qu'elle implique. 

Combien de musulmans vivant en France sont assez évolués pour simplement admettre le principe de la laïcité, qui fait de la croyance religieuse une chose purement privée ? Pas lourd. Car dans l’islam, la vie religieuse est rigoureusement inséparable de la vie civile, de la vie sociale et de la vie politique. Ne pas oublier que "musulman" signifie "soumis à Dieu" : le bon musulman ne perd jamais de vue l’ombre d’Allah, qui le suit, l’observe et l’entend à tout moment de son existence. Pour un musulman, le religieux imprègne la totalité de la vie.

Alors que pour les « vieux Français » (on disait "vieux chrétien" en Espagne il y a quelques siècles), la loi de 1905 est une chose du passé, entendue, admise, classée, au point que plus personne n’en parlait jusqu’à ce qu’on se rende compte qu’un intrus s’était immiscé dans ce tableau tranquille, si l’on excepte quelques abcès, furoncles ou apostèmes (catholiques en 1984 et juifs par épisodes) crevés plus ou moins vite et plus ou moins complètement. Pour ce qui est des religions, la France pouvait être considérée comme un pays en paix, jusqu’à ce que certains trublions, au nom du père Mahomet, mettent très ostensiblement les pieds, la barbe, le hidjab et maintenant le poignard dans le plat.

Là-dessus, depuis les crimes de Mohamed Merah (2012), les hauts responsables politiques ou autres se sont échinés à répandre l’idée qu’il faut surtout se garder de confondre « islamique » et « islamiste radical ». Je voudrais bien que ce soit possible et réaliste, mais je me suis assez vite demandé si la distinction n’était pas de pure forme, académique et vaine. Et ce n’est pas la mort atroce de Samuel Paty, décapité en pleine rue, qui m’a amené à me reposer la question : son meurtrier est incontestablement un islamiste radical, qui s’est convaincu, entraîné, qui a soigneusement traqué la cible que quelqu’un lui a désignée et mis son projet à exécution.

Il en va tout autrement du cas de Mila, victime toujours vivante des tombereaux de haine déversés contre elle depuis qu’elle a eu l’audace de refuser de « sortir » avec un garçon qui se présentait comme musulman (si je me souviens bien). Depuis qu’elle l’a repoussé en lui disant ce qu’elle pensait de sa religion, toute une islamosphère a pris feu et menace d’y jeter l’adolescente, qui en a inconsidérément rajouté quelques couches. 

On me dira que ce sont les « réseaux sociaux », qu’après tout ce ne sont que des mots, et qu’ils sont, les uns et les autres, loin d’être l’expression de tout ce que la France compte de musulman. J’en suis d’accord. Je fais simplement remarquer que la haine à l’encontre de la jeune Mila constitue le point où se réunissent un grand nombre (combien ?) de gens, et que s’il faut qualifier tous ces gens d’ « islamistes radicaux », les Français peuvent commencer à avoir peur, parce que ça signifie que nous avons sur notre sol la tête de pont d’une armée ennemie. Or je crois justement que ce ne sont pas des islamistes radicaux qui s'en prennent à Mila, mais des musulmans plus ou moins ordinaires. Je dirais plutôt que nous assistons à une crispation forte de ces couches de la population sur la partie religieuse de leur identité.

On peut considérer que cette haine pour l’adolescente, largement partagée, exprime le sentiment, non d’un groupuscule d’extrémistes prêts à l'action violente, mais d’une partie non négligeable des musulmans de France, probablement des jeunes générations, dont le poil se hérisse dès qu’un outrage à leur dieu, à leur prophète ou à leur religion montre le bout de l’oreille.

J’en veux pour preuve les sept cent quatre-vingt-treize « signalements » parvenus sur le bureau du ministre de l’Education, suite à l’hommage rendu à Samuel Paty dans les collèges et lycées, et dont 17% ont été rangés dans la colonne « apologie du terrorisme » et 5% dans la colonne « menaces de mort ». Là encore, on me dira que ce sont des jeunes, qu’ils ne savent pas ce qu’ils disent.

Mais je répondrai par une question : pour 793 cas « signalés », combien d’autres ont été purement et simplement passés sous silence par des personnels enseignants excédés de la pression qui pèse sur eux en cette matière, et qui ne tiennent pas à charger la barque ? Et pour un imam  (celui de Villiers-le-Bel) condamné à dix-huit mois de prison pour apologie du terrorisme (Le Monde, 28 novembre), combien restent en liberté pour prêcher la haine tous les vendredis à la prière ? Et combien de musulmans ordinaires répondent aux sondeurs qu'ils placent la charia au-dessus des lois françaises ?

On l’aura compris : mon hypothèse est que la haine pour tous ceux qui critiquent l’islam si peu que ce soit n’est pas le fait d’un petit nombre d’endoctrinés fanatiques, mais qu'elle est largement partagée, constituant le socle où viennent se reconnaître d’innombrables musulmans de France. C’est une tache d’huile qui se répand dans la "communauté musulmane". Il est donc vain, et même dangereux d’ergoter à l’infini sur la nécessité de bien distinguer « islamique » et « islamiste radical », dans l’intention vertueuse de ne pas « faire d’amalgame » et pour ne pas « stigmatiser » les pauvres musulmans honnêtes qui n’ont rien à voir avec tout ça.

La raison en est que la notion de « laïcité » est vécue comme un corps étranger incompréhensible par le corps tout entier de ce qui se dit musulman en France. Pour une majorité d’entre eux, je suis d'accord : c’est une loi française, on leur dit de la respecter, ils la respectent quoique sans la comprendre et surtout sans l’intérioriser. Sans trop de risque de se tromper, on peut dire que pour un musulman, la laïcité c’est de l’hébreu.

C'est d'ailleurs dans cette mesure que certains (Houellebecq, Redeker, etc.) peuvent soutenir que l'islam est la religion la plus ... disons "mentalement attardée" : dans le vaste mouvement de l'évolution, l'islam a décidé de s'arrêter à un point "p", même s'il y a d'innombrables exceptions locales ou individuelles. L'islam dominant d'aujourd'hui (je veux dire celui qui fait le plus de bruit) propose une civilisation qui s'est arrêtée il y a quelques siècles. 

Et les psychologues, les sociologues, les anthropologues auront beau me prêcher qu’il ne faut pas ci, qu’il ne faut pas ça parce que gna gna gna, je resterai convaincu de l’incompatibilité totale entre notre laïcité et cette « culture » coranique profondément ancrée dans l'esprit des croyants depuis bientôt mille quatre cents ans : il faut se convaincre, nous autres "vieux Français", que pour qu'un musulman de bonne foi comprenne l'idée de laïcité, il doit faire un effort immense.

Il n’y a plus de problème de laïcité en France, pays déchristianisé où les messes chevrotantes du dimanche ressemblent à des voyages du troisième âge : il n'y a que le problème de l’islam, résolument hermétique à la séparation du civil (social, politique, ...) et du religieux. La laïcité est en soi une négation de l'islam, et réciproquement. De Mila à Samuel Paty, c’est le même fil de haine.

Pour une mosquée fermée, pour quelques associations dissoutes, combien d’infatigables activistes en liberté travaillent au corps la communauté musulmane pour enrôler de nouvelles énergies ? Qu’ils soient wahabites ou salafistes importe peu : leur message est infiniment plus simple et efficace que la complexité odieuse d’une loi sur la laïcité que les Français eux-mêmes ne sont pas nombreux à comprendre. Les ignorants ont besoin de messages simples, rudimentaires, schématiques, et pour tout dire binaires.

Ce qui est sûr, c’est que pour un musulman, la laïcité, c’est de l’hébreu.

Voilà ce que je dis, moi.

Note : Juste pour mémoire, un billet écrit en juin 2019.

Note ajoutée le 10 décembre : Mila a été exclue de l'institution militaire qui avait accepté de l'héberger, au motif qu'elle ne peut se passer de s'exprimer sur les réseaux sociaux et que, cela étant, elle met en danger l'institution elle-même. Mila n'a pas tout compris, hélas.

mercredi, 26 juin 2019

L'ISLAM ET SON PIÈGE 3/3

Je creuse encore le sillon que j'ai commencé à creuser sur l'islam et la place qu'il pourrait éventuellement trouver dans la culture proprement française et européenne. Je dois bien dire que plus j'y réfléchis, moins je trouve des raisons valables de laisser une place à l'islam dans la vie publique en France. Je précise que je ne suis pas un docte : je suis juste un citoyen ordinaire attentif à l'évolution de la société où il est né. Je n'ai pas de théorie ("grand remplacement" ou autre). J'observe, je ressens, et j'essaie de formuler.

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Quoi qu’il en soit, Allah et Mahomet n’exigent du croyant que des devoirs à rendre concrètement, en gestes et en actes : c’est une religion pratique, où la piété doit se montrer (et l'impiété se cacher : j'ai vu, rue Belfort, un maghrébin sortir de l'épicerie avec une grosse bouteille de Coca dans une main, tandis que, de l'autre, il dissimulait dans sa manche une fiasque d'alcool fort, sans doute pour porter discrètement un toast à la santé du Prophète une fois rentré chez lui). On peut même trouver très contraignante l'obligation des cinq prières par jour.

Vous imaginez l'angoisse du soir ? Ai-je bien coché toutes les cases ? Pour un peu, j'irais jusqu'à dire que l'islam est une religion purement formelle : petit musulman, si tu respectes les formes imposées, si tu te comportes conformément aux préceptes sous l'oeil des caméras de surveillance, Allah te promet l'éternel séjour dans "les jardins où les ruisseaux coulent". Peu importe, dans le fond, ce que tu en penses : ce qui compte, c'est ce que tu manifestes concrètement, dans tes gestes et tes comportements. Ce qui compte, c'est ce que tu montres (peut-être une raison de la crispation générale sur le voile "islamique" en France, pays où l'ostentation n'est pas bien vue).

Et cette idée qui me vient laisse à deviner, derrière toute la croyance musulmane, toute la compacité du corps social qu'elle porte et qu'elle édifie. Les gestes qu'on fait, c'est aux yeux des autres. Cela peut paraître bête à dire, mais il n'y a pas de foi musulmane sans l'intégralité organique d'une société musulmane qui observe le croyant. Je ne suis pas le premier, loin de là, à le dire : l'islam est une religion qui joue un rôle de cohésion et de structuration sociale. Les commentateurs parlent bien d'un "islam politique" : en islam, le religieux, le social et le politique semblent indissolublement liés. En insistant là-dessus, je veux juste dire que la vérité individuelle de la croyance, en importance, arrive loin derrière.

Le nombre des croyants garantit la vérité et la force de la croyance. De même, l'ostentation individuelle de la conviction musulmane garantit la validité de la société musulmane. J'ajoute que le nombre des croyants est en lui-même un extraordinaire moyen de faire pression sur l'individu : il faut un culot monstre, le goût du danger et des nerfs en acier pour oser enfreindre l'obligation du jeûne pendant les journées de Ramadan.

Le plus important, à mon avis, c'est que le musulman n'est nullement tenu de vraiment croire (comme on dit "croire" quand on est de culture chrétienne) en Allah et Mahomet : il a juste besoin de faire les gestes commandés, et impérativement en présence de tous les autres membres de la communauté. Pas besoin de croire, il faut faire. Et il faut faire aux yeux des autres, ainsi intronisés témoins et garants de la piété de l'individu qui se plie au rituel.

Moralité : l'islam est la religion la plus laxiste au plan psychologique, en ce qui concerne l'authenticité, la sincérité de la foi, parce que c'est une religion d'ostentation et de démonstration. Une religion de l'extériorité et de la pression sociale. C'est la raison pour laquelle c'est la religion la plus dominatrice qui soit : ta religion, c'est le regard des autres sur toi et sur les gestes que tu fais. Il n'y a pas de religion plus conformiste que l'islam..

Je dirai qu'à la limite, le musulman n'a pas besoin d'être musulman pour être agréable aux yeux d'Allah et de ses semblables, il doit juste se comporter conformément au texte et accomplir les gestes qu'il lui commande. Pas besoin de croire : il faut faire (la "lecture" - ou "récitation", la prière, l'aumône, le pèlerinage, etc.). Si l'on admet cette façon de voir, il devient difficile de prendre l'islam au sérieux (je parle du point de vue chrétien). Religion du concret. Religion du visible, de l'extériorité, de l'ostensible, de l'ostentatoire.

Allah est assez bon pour laisser mon esprit penser ce qu'il veut, pourvu que mes bras, mes mains, mes jambes et mon corps effectuent quotidiennement la chorégraphie exigée : je garde l'esprit libre. Si ce n'est pas complètement idiot, je dirai que l'islam est la religion qui consacre le mime (le masque si vous voulez) comme garant de la vérité. Si cette conception n'est pas fausse de l'islam comme religion de l'extériorité, on comprend aussitôt la profondeur du fossé qui le sépare du christianisme, religion où l'intériorité, la conscience, le "for intérieur" jouent les premiers rôles.

En comparaison, le dieu des chrétiens est d'une violence infiniment plus pernicieuse, qui s'introduit par effraction jusqu'au tréfonds de la conscience du croyant et qui ne cesse de torturer celle-ci pour lui faire avouer, dans un élan de sincérité, qu'elle n'est qu'une pécheresse juste bonne à s'humilier devant son Seigneur. L'islam épargne à ses croyants de telles inquisitions, pourvu qu'ils accomplissent les "gestes". Ah bon, ce n'est que ça ?

Les conditions de l'unité globale sont donc si faciles à remplir que cela ouvre un boulevard à l’ « Oumma » : il s'agit simplement d'accomplir les bons gestes au bon moment dans sa vie quotidienne. Le dieu des chrétiens est, en comparaison, beaucoup plus intrusif, en même temps qu'il laisse le croyant beaucoup plus libre, parce que plus responsable de lui-même, et en même temps beaucoup plus inquiet du fait même de cette responsabilité qui lui incombe.

Le musulman est beaucoup plus tranquille et confortable, puisque non responsable de soi, pourvu qu'il accomplisse les gestes. Si l’on n’attend des gens rien d’autre que des comportements sociaux visibles, on peut aisément se mettre d’accord. Car de toute façon, et le Coran vous le ressasse jusqu'à plus soif : quoi que vous fassiez, Allah sait, et nul ne peut lui cacher quoi que ce soit. 

Dans ces conditions, la diversité des islams peut se donner libre cours : le socle commun (Coran, cinq piliers) est tellement réduit qu'il est indestructible, et qu'il peut à loisir servir de base à une extrême hétérogénéité. Le tronc unique (Coran, cinq piliers) peut développer sans problème plusieurs branches maîtresses qui se subdivisent ensuite en branches, qui se séparent en branchettes, qui se répartissent en rameaux, eux-mêmes fractionnés en brindilles, etc.

Dans ces conditions, la « communauté des croyants » prend une existence tangible : toutes les sectes musulmanes, si différentes et opposées soient-elles, se souviennent du tronc unique dont elles sont issues (Coran, cinq piliers). Elles n'oublient jamais le lien d'étroite parenté avec l'ensemble dont elles constituent un élément. Tout ce qui se déclare musulman est donc musulman, quelles que soient sa conception et sa pratique, classiques ou bizarres, modérées ou fanatiques, de la religion.

Et c’est ainsi que l’islam n’a pas besoin d’une autorité unique (un « pape ») pour intégrer ou excommunier, contrairement au catholicisme. Le Coran et les cinq piliers une fois admis, tout est possible. S’il y a des hérésies ou des incompatibilités, on se fera éventuellement la guerre, mais on la fera avec une grenade dans la main droite et le Coran dans la main gauche. Et en respectant les cinq piliers.

Pas besoin d’un clergé hiérarchisé, de conciles pour unifier un corps de doctrine. D’où, par exemple, la répugnance des musulmans français lors des attentats de 2015 à dénoncer les criminels comme non-musulmans : qui parmi eux, s’ils sont de fervents croyants, s’érigerait en juge de ses coreligionnaires ? Pour eux, les Kouachi et Coulibaly étaient aussi de vrais musulmans. Pour les musulmans français, il était tout à fait évident que les assassins du Bataclan étaient des musulmans : comment auraient-ils pu déclarer, comme beaucoup les sommaient de le faire, que l'islam, ce n'est pas ça (les pancartes « Not in my name ! » ont été de pures velléités) ?

Car la formule « tout ce qui se déclare musulman est musulman » signifie que, du plus pacifique, du plus mystique, du plus contemplatif jusqu’aux plus cruels et sanguinaires des coupeurs de têtes de Daech, nul n'a le droit de dénier aux autres leur qualité de musulmans, pour autant qu’ils s’appuient sur le plus petit commun dénominateur du Coran et des cinq piliers. Tous les musulmans ont raison, toutes les façons d’être musulman sont valides, du point de vue de l’islam.

Il est donc très vain, il est même dangereux de soutenir mordicus, comme le font tant de bonnes âmes, tant de "responsables" et tant de politiciens, la bouche en cul de poule et la main sur le cœur : « Il ne faut pas faire d'amalgame. Il ne faut pas stigmatiser. Il ne faut pas confondre "islam" et "islamisme". » L'a-t-on assez entendu seriner, cette rengaine : "il ne faut pas confondre islam et islamisme" ! En réalité, le guerrier impitoyable ou suicidaire ("djihadiste") et le soufi mystique et inoffensif sont frères de lait. Je veux dire qu'ils ont poussé sur le même arbre, sur des branches certes éloignées, mais intimement apparentées et unies par la même sève qui coule dans leurs veines. Ils sont issus du même tronc, ils ont les mêmes racines.

L'islam est au total une religion tellement rudimentaire et schématique que tout un chacun peut y projeter ce qu'il veut. N'est-ce pas pour cette raison d'ailleurs que le héros de Soumission (Michel Houellebecq, Flammarion, 2015) finit par se faire une raison et se convertir ? « Ce n'est que ça ? », semble-t-il se dire à la fin du roman. Et Dominique Noguez, dans son Houellebecq, en fait (Fayard, 2003), cite Claude Lévi-Strauss, qui voit dans l'islam « une religion de corps de garde ». Une religion si simpliste au fond qu'elle est à la portée du premier abruti venu. Il n'est pas loin, le point où tout être sensé pourrait se dire que l'islam est "la religion la plus stupide" (procès perdu de Dalil Boubakeur contre Houellebecq, à cause de Plateforme).

Les gens de chez nous, modérés, tolérants et bien intentionnés, qui appellent à ne pas faire d’amalgame entre les bons musulmans et les djihadistes, n’ont pas complètement tort : il y a bel et bien des islams. Les pratiques religieuses des Bosniaques ne ressemblent sans doute guère à celles des Tchétchènes, des Ouïghours, des Soudanais ou des Indonésiens. Mais il est encore plus vrai qu’il y a bel et bien un islam.

Ce n'est pas pour rien que, à l'époque des caricatures de Mahomet, des musulmans d'Afrique, du Proche-Orient et d'Indonésie s'étaient violemment insurgés, brûlant au passage un consulat. Oui, l'islam est viscéralement un. On est très valablement fondé à faire des amalgames et à mettre tous les musulmans dans le même sac. Et tant pis pour ceux qui m'accuseront de "stigmatiser" les musulmans : l’islam est en mesure de présenter tous les visages, et tous ces visages sont la vérité de l’islam.

Il est légitime de considérer l'islam en bloc, et de dire qu'il n'a rien à faire en Europe, où le peu qui en a été implanté (Espagne jusqu'en 1492, Balkans) l'a été en lui faisant la guerre. L'islam est en soi totalement inassimilable dans la république ou dans la culture européenne. Son côté protéiforme fait apparaître une infinité de visages divers, aimables ou terribles, mais cette hétérogénéité n'est qu'une apparence : la base qui lui sert de socle est indestructible.

Conclusion : ce qui unit les musulmans du monde entier est infiniment plus puissant que ce qui les sépare. Ce qui fait la force de leur identité commune dépasse de très loin ce qui les différencie. C'est ce que les démocraties occidentales ont un mal fou à comprendre.

Cela veut dire que, pour les consciences européennes scrupuleuses, le problème posé par l’islam en terre de culture très anciennement chrétienne est absolument insoluble. Voilà où se situe le piège : dans la double nature de l'islam, multiple et un, indissolublement et dans le même temps, ce qui lui permet de jouer sur tous les tableaux. Il est tellement multiforme qu'il a réponse à tout et à son contraire. Car pendant que l’islam individuel, pacifique et bon enfant se fait admettre comme un acteur bien intégré dans la société, l’autre islam, l'islam collectif, l'islam global, l'islam militant (voire militaire), l'islam qui ne rêve rien d’autre que la conquête ou la destruction de ce qui n'est pas encore musulman, avance tranquillement. 

Voilà ce que je dis, moi.

mardi, 25 juin 2019

L'ISLAM ET SON PIÈGE 2/3

Avertissement (2 novembre 2019) : à force de revenir sur ce billet, d’y ajouter et d’y modifier des éléments de taille plus ou moins importante, je me vois dans l’obligation, pour une simple question de confort et de lisibilité, de le couper en deux.

2

La Communauté des croyants.

C’est la raison pour laquelle, d’après ce que j’en sais, dans l’islam, on ne touche pas à la lettre du Coran : il faut la prendre telle quelle, sans rien y changer. Il semblerait qu’un jour (au dixième ou onzième siècle ?), un calife ait décrété qu’il était formellement interdit de questionner le texte même qu’on avait eu, il est vrai, tant de mal à établir. Ce qui est demandé aux hommes, c’est seulement de se pénétrer de la parole divine en l’apprenant par cœur, et en se la récitant fidèlement.

Cette interdiction de toute interprétation est juste une hypocrisie et une lâcheté, en même temps qu’une outrecuidance et un coup de force. Car comme on pouvait s’y attendre, l’interdit n’a pas du tout empêché la prolifération des interprétations, non explicites mais traduites dans la réalité par la formation d’une multitude de communautés, tendances, sectes et courants.

Car l’islam est une religion éminemment plastique : elle prend racine rapidement et sans difficulté dans n’importe quel sol, comme l’ont prouvé les fulgurantes conquêtes arabes aux 7ème et 8ème siècles (vous savez, celles qui se sont "arrêtées à Poitiers"). Mais si l'islam s'acclimate aisément dans chaque sol où il est semé, celui-ci en retour le marque de son empreinte. D'où un paysage tout à fait composite.

Si l’on regarde le tableau d’ensemble, on voit une sorte de manteau d’Arlequin, un patchwork de traditions liées au lieu, à la coutume locale, aux individus, etc. Cela donne une multiplicité de « communautés », toutes si diverses qu’on peut s’étonner que toutes puissent, d'un seul élan, se réclamer de l’islam. Malek Chebel, grand spécialiste en la matière, musulman lui-même, le disait : « L’islam est une auberge espagnole ».

On peut s’en faire une petite idée dans un opuscule de Boualem Sansal : Gouverner au nom d’Allah (Gallimard, 2013), où l’on constate que la compartimentation de l’islam en cellules séparées confine parfois à ce qu’on observe dans les groupuscules trotskistes : la scissiparité. Tout le monde connaît le fossé qui sépare chiites et sunnites. Mais Sansal ajoute à ces deux frères ennemis le soufisme et le kharidjisme. Et il poursuit en précisant, rien que pour le sunnisme, qu’il existe quatre grands rites, et que ça ne s’arrête pas là : « Ces rites sont : le malékisme, le hanafisme, le chafiisme, le hanbalisme, chaque rite s’étant lui-même scindé en plusieurs branches et rameaux ». N’en jetez plus !

Quant aux chiites, ils ne sont pas en reste. C’est un « courant complexe, à la fois rationaliste, spiritualiste et ésotérique », c’est pire que le sunnisme : il « se divise en quatre branches se divisant elles-mêmes en de nombreuses écoles et sectes dissidentes ». Il y a les duodécimains (ou jafarites), les zaïdites (« exclusivement dans les montagnes du nord-ouest du Yemen »), les ismaéliens, parmi les nombreuses branches desquels on trouve les hétérodoxes druzes (Liban), qui rejettent la charia et croient en la métempsycose. Il y a enfin les ghoulâts, parmi lesquels la secte alaouite de Bachar El Assad. N’en jetez plus !

Et pourtant, au-delà des inimitiés, des guerres et des dissidences, il existe vraiment une « Oumma » (communauté des croyants) où tous les musulmans se rassemblent. Et je trouve incompréhensible qu’une telle hétérogénéité n’ait pas fait éclater cette « Oumma » en mille morceaux définitivement étrangers les uns aux autres, comme le sont par exemple, chez les chrétiens, catholiques romains et orthodoxes. Quel lien coud les pièces du puzzle musulman de façon à les faire tenir ensemble ? Quel facteur leur donne une telle apparence d’unité ?

N’étant ni ouléma, ni mufti, ni musulman, ni même croyant de quelque religion, j’en suis réduit à mon petit raisonnement de citoyen ordinaire. Et je me dis que pour qu’une telle salade russe soit considérée comme « une » (par ses membres comme par ceux qui n’en font pas partie), la seule possibilité, c’est que le dénominateur commun soit réduit au strict minimum. Plus l'accord repose sur un nombre réduit de clauses, plus il est solide. Plus l'accord est minimal, plus il a des chances de durer. Ce sont les pactes subtils et complexes qui sont les plus fragiles.

Vu du dehors, ce dénominateur existe : en dehors du Coran proprement dit, ce sont les « cinq piliers » (on devrait dire : les cinq commandements) : 1 – la profession de foi (s’il est horriblement long et compliqué de se convertir officiellement au judaïsme, pour devenir musulman, c’est simple comme bonjour : une formalité vite expédiée) ; 2 – l’aumône (j’ignore dans quelles conditions) ; 3 – le pèlerinage à La Mecque ; 4 – le jeûne du mois de ramadan ; 5 – les cinq prières par jour. La foi chrétienne me semble infiniment plus exigeante, puisqu'elle veut un engagement de la personne tout entière, extérieure et intérieure. Et puis, sa table de la loi compte dix commandements.

Car je note déjà un point commun : les cinq critères concernent des actes sociaux, et comme tels, ils doivent être visibles, pour ne pas dire ostensibles. Je ne suis pas sûr que les musulmans comprennent ce qui, pour les chrétiens, tourne autour de la « conscience » (cas de, crise de, scrupule de, problème de, examen de, directeur de, liberté de, etc.), je veux dire tout ce qui concerne l’intériorité individuelle, ce lieu de la délibération intime. Et chez les chrétiens, au contraire de l'islam, plus la foi est voyante, plus elle est suspecte (voir la parabole du pharisien et du publicain dans l'évangile de Luc).

Je dis peut-être une bêtise, mais il me semble que la religion musulmane est une religion de la pure extériorité et de la socialité. Le comble de cette extériorité, dans l'islam de France, est évidemment atteint par le "voile islamique". En islam, pas de « for intérieur », cette instance qui soumet le chrétien à son propre jugement et qui, avant même la confession, en attend sincérité et transparence. Allah et Mahomet tolèrent magnifiquement la dissonance entre le geste social et la pensée intime. Je veux dire que, pour eux, l'hypocrisie n'est pas un péché, pourvu que les devoirs soient rendus. L'islam ignore la "conscience", ainsi que la liberté, la délibération et le conflit éventuel qui vont avec. 

Allah considérerait cette liberté comme une offense, et Mahomet la tiendrait pour un sacrilège. Pour Allah et Mahomet, la liberté individuelle est juste une insoutenable pornographie. Cette seule idée en dit long sur la compatibilité de l'islam en général et de la démocratie à l'européenne. Allah et Mahomet conchient, compissent et vomissent la démocratie. D'ailleurs "musulman" signifie "soumis à Dieu". L'individu autonome ? Scandaleux ! Inadmissible !

lundi, 24 juin 2019

L'ISLAM ET SON PIÈGE 1/3

Avertissement : je crois que l’islam façonne la personne humaine tellement en profondeur que les données qui caractérisent la société française le rendent inassimilable. Je crois aussi que cette religion a été façonnée de telle manière par l’histoire que tous ceux qui s’en réclament le font à bon droit, quelles que soient leur conception et la pratique qu’ils en ont. J’en conclus que les modérateurs professionnels qui appellent à ne pas « faire d’amalgame » entre les musulmans pacifiques et le djihadistes fanatiques se trompent. Ils n’ont pas tort de parler de la pluralité des islams, mais on peut et on doit aussi considérer que l’islam est essentiellement un. C’est dans le piège de cette double nature (Janus de la modernité, double visage, double langue) de l’islam que tombent les partisans de l’accueil à bras ouverts et aveugles. En jouant sur tous les tableaux, l'islam gagne à tous les coups.

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Le Coran.

Le Coran est un texte sacré. Attention, on ne plaisante pas : total respect. Les musulmans sont plus que chatouilleux sur le sujet, et sont prêts à tout s’ils pensent que quelqu’un dans le monde a manqué de respect au bouquin ou à l'homme par qui celui-ci est arrivé sur terre (je devrais dire "sur omoplates de camélidés"). Gare aux infidèles qui se moqueraient de l’un ou de l’autre : on peut aller jusqu’à vous brûler quelques ambassades ou à vous couper quelques têtes de mécréants. Cela s’est vu il n’y a pas très longtemps.

Ben mon pote, c’est pas les chrétiens d’aujourd’hui qui feraient ça pour la Bible. Bon, c’est vrai, l’histoire prouve qu’ils ont énormément de sang versé à se faire pardonner. Et puis aussi, il faut dire que le chrétien, ça commence à se faire rare sous nos climats tempérés. Aujourd’hui, franchement, combien de chrétiens sont prêts à jouer les redresseurs de torts ? A mourir pour leur foi ? Pas grand-monde. A croire que la chrétienté n’a plus une grande consistance de nos jours. Bon, il faut dire qu’en termes de composition, les deux bouquins sacrés n’ont pas grand-chose à voir.

Côté Bible (je parle de l’Ancien testament), une réunion de quarante-six "livres" sans beaucoup de liens entre eux, quoique sur une thématique unique, où s’entremêlent des pages d’histoire (exode), des invocations et prières (psaumes), des prescriptions et interdictions (lévitique), etc. Côté Coran, une inspiration unique, certes, mais une inextricable compilation de petits bouts de phrases, des morceaux de paragraphes et cent quatorze chapitres (sourates) répartis du plus long au plus court.

Dans la Bible, au moins, le premier quidam venu peut suivre s’il en fait l’effort : il y a une construction narrative et une unité globale qui lui confère, par comparaison, la cohérence logique d’un traité scientifique ; dans le Coran, le coq-à-l’âne domine, il est même permanent. Ce sont sans cesse des redites et des coupures, une pulvérisation formelle telle qu’il n’est pas possible à un lecteur ordinaire de s’y retrouver. Et puis ça rabâche, ça serine, ça ressasse. Comme si l’auteur voulait enfoncer dans le crâne un petit nombre d’éléments, mais carrément à coups de marteau. Combien de mots et de pages resterait-il dans le Coran si l'on éliminait toutes les répétitions ? Pas lourd.

Résultat pour le lecteur ordinaire : tu nages, tu te noies, tu ne sais pas par quel bout prendre la chose. C’est ce que disait le journaliste Pascal Galinier, quand il rendait compte, dans Le Monde du 24 décembre 2016, de l’essai de Mahmoud Hussein, Les Musulmans au défi de Daech : « Le Livre saint est un texte hermétique pour le commun des mortels, donc sujet à d’infinies interprétations, chacun y piochant ce qu’il veut ». 

Il faut insister sur cet hermétisme du texte, qui tient à sa composition : il a été recueilli sur un nombre invraisemblable de supports divers, tessons, planchettes, omoplates de camélidés, etc. Comment faire tenir tout ça ensemble et donner un semblant de cohérence ? Le puzzle est infernal et infaisable : le comble du saucisson découpé en tranches fines. Imaginez une immense mosaïque antique dont les milliers de petits morceaux (tesselles) auraient été versés en vrac dans une grande caisse : imaginez les trésors d'orfèvrerie méticuleuse qu'il faudrait à une armée de spécialistes pour reconstituer le visage du chef d'œuvre dans son intégralité. Le Coran est dans ce cas, et les orfèvres ont échoué.

Je crois me souvenir qu’il a bien fallu deux siècles pour aboutir à un consensus à peu près général et au texte "définitif" ("définitivement provisoire" aurait été plus juste). Il ne faut pas s’étonner qu’à nos yeux celui-ci ne tienne pas debout, tant ça part dans tous les sens. Mais il est stupéfiant d’apprendre qu’un tel salmigondis sert de table de la loi à un milliard et demi d’êtres humains : ça défie toute raison.

Je n’ai pas fait une étude approfondie du Coran, je me suis contenté de le lire intégralement et avec beaucoup d'attention, en lecteur ordinaire, pour me faire une idée personnelle de la chose, et ce n’est déjà pas si mal, tant j’ai trouvé la lecture éprouvante, moi qui suis habitué à des récits reposant sur la continuité (mais je n’ai jamais pu arriver au bout d’une lecture intégrale de la Bible : je dois avoir un problème avec le sacré).

Ma conclusion est que le Coran, ce livre rebutant, n’aime pas les hommes. A se demander si Dieu en personne ne les déteste pas. C’est un livre destiné à la crème des élites qui ont fait bac+12 (et qui par ailleurs détiennent le pouvoir), et qui dit au commun des mortels : "Tu n’es pas en état d’accéder à l’essence de cet enseignement. Sois humble et fais confiance à ceux qui te disent qu'ils savent". L'islam est une religion qui légitime ceux qui ont le savoir et ceux qui sont au pouvoir, et qui fait en sorte que ceux qui n'ont ni l'un ni l'autre se contentent de leur sort. L'islam, par nature, déteste la démocratie.

Je me dis que ma lecture en vaut une autre. Pourquoi serait-on, s’agissant de ce livre, obligé de s’en remettre à l’autorité de quelque savant qui nous expliquerait que nous avons tort, et qui nous apprendrait comment il faut le lire ? C'est un peu la même chose pour la musique contemporaine : le plus grand spécialiste aura beau me bourrer le crâne d'arguments, si ça ne passe pas, ça ne passe pas. Je n'ai jamais aimé que l'on m'impose "ce qu'il faut savoir", et encore moins comment il faut le savoir. Je suis aussi habilité qu’un plus savant que moi à me faire une idée valide de ce que j’ai lu par moi-même.  Les musulmans ne sont pas logés à même enseigne, contraints qu’ils sont de s’en remettre aveuglément à des spécialistes, quand on ne les oblige pas à apprendre le livre par cœur.

Pour ce qui est du « message », je dirais que le Coran assène pesamment, de son début jusqu’à sa fin, des louanges à Dieu. Il vous assomme de prescriptions impérieuses, d’interdictions formelles et de promesses vagues : châtiments cruels aux mauvais croyants (juifs, chrétiens et mauvais musulmans) et récompenses sublimes (jardins où les ruisseaux coulent) à ceux qui se soumettent sans rouspéter (musulman = soumis à Dieu).

En dehors de ça, des allusions fugitives à l’Ancien testament, à des événements ; plus insistantes à des personnages présents dans la Bible (Moïse, Noé, Jésus), etc. Et puis le maître-mot, qui différencie radicalement l’islam du christianisme : Dieu n’a pas été engendré et n’a jamais engendré (sourate 112) ! Rien de plus autoritaire et de plus terrorisant que le Coran. Rien de plus binaire, de plus dichotomique, de plus manichéen que le Coran.

Autre différence entre Bible et Coran : le rapport des croyants au texte qui les guide. Je passe sur tous les types de chrétiens créationnistes, qui prennent la Bible au pied de la lettre, et persistent à penser que le monde a été créé en six jours, il y a environ six mille ans, et autres fadaises. Il faut le reconnaître, la chrétienté n’a pas cessé d’interroger la lettre de la Bible pour en dégager l’esprit. Les chrétiens ont passé beaucoup de temps et d’énergie en exégèses, efforts d’herméneutique, commentaires, …

Thomas Römer, professeur au Collège de France, poursuit son travail monumental : il s’efforce d’identifier, dans les chapitres de la Bible, toutes les strates dont ils sont faits : indo-iraniennes, mazdéennes, mésopotamiennes, etc. Autrement dit, sa démarche consiste à reconnaître ce qui, dans la Bible, n’est pas de la Bible, mais emprunté à des sources étrangères. Les innombrables rédacteurs réels de la Bible ont forcément, selon lui, puisé dans les textes qui circulaient déjà à leur époque.

Ce que Thomas Römer s’efforce d’établir scientifiquement, c’est l’historicité du texte de la Bible, ce à quoi se refusent l’immense majorité des musulmans, qui sont persuadés que le Coran est a-historique, puisque descendant directement de la révélation divine. Que deviendrait la « parole de Dieu » si elle redescendait dans un contexte purement terrien ? Cela risquerait de lui faire perdre son caractère d’absolu, et de la faire tomber dans un relativisme extrêmement dommageable.

Vous vous rendez compte ? Allah avec des dimensions humaines ? Tous les pékins anonymes auraient l’ambition de « devenir califes à la place du calife ». Je me demande d'ailleurs si on ne pourrait pas dire que c'est à ce résultat qu'a fini par aboutir le christianisme qui, avec la sécularisation et la démocratisation, a fait de l'individu une sorte de centre. Simple question en passant.

Voilà ce que je dis, moi.

mercredi, 16 novembre 2016

DÉSOLÉ : ENCORE L’ISLAM 3/3

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Lettre grande ouverte à ceux qui gardent les yeux grands fermés (eyes wide shut).

3 – Les agissements des islamistes en France.

L’invention récente des « phobies » morales a donc ouvert un boulevard à un certain nombre de groupes islamiques (Frères, Salaf, Takfir, Wahab, Tabligh, …), activistes très militants et missionnaires prosélytes, qui se font une concurrence acharnée pour accroître leur influence au sein de toutes les communautés musulmanes, et la surface de leur emprise sur "la communauté des croyants". Elles sont là, les forces à l’œuvre dont l’action autorise à dire que l’islam est reparti à la conquête du monde. C’est reparti comme en 632 (victoire de Mahomet sur ses ennemis, qui précède la conquête de la moitié du monde connu à l'époque) ! Daech, avec son djihad, sa férocité, ses cruautés, ses bombes humaines, n’est que la forme la plus extrême de cette guerre.

Ces forces, en France, sans le crier sur les toits, restent bien à l’abri derrière la majorité silencieuse des musulmans qui, comme toutes les majorités silencieuses, tient d’abord et surtout à sa tranquillité. Les tolérantistes à tout crin, qui crient à la moindre critique à « l’amalgame », à la « stigmatisation », ont cependant raison sur un point : la plupart des musulmans qui vivent en France veulent vivre en paix, qu'ils soient pratiquants, juste croyants ou simplement "de culture musulmane".

En revanche, les femmes qui se voilent et les barbus en longue robe qu'on voit de plus en plus dans nos rues manifestent par leur tenue vestimentaire, au minimum, le refus de s’intégrer. Le refus de la France. C'est là que commence le problème de la France : avec l'ostentation de l'islam sur le sol national, s'installe, qu'on le veuille ou non, une forme d'extraterritorialité (dans les mosquées salafistes, notamment). Les autres religions se sont fondues dans le paysage. L'islam est la seule à rester ostentatoirement visible, comme en terrain conquis.

La preuve que c'est un vrai et gros problème nous est donnée régulièrement par les empoignades féroces (dernière en date : le "burkini") que cette ostentation provoque entre différentes composantes de la société. Empoignades qui font apparaître la France comme un pays profondément divisé (ce qui ne peut que réjouir les islamistes). Empoignades qui ont surtout l'avantage, en déplaçant le débat sur les questions de tolérance et de concurrence des définitions de la "laïcité", de laisser dans l'ombre le fait que, derrière le rideau des musulmans pacifiques et plus ou moins pieux, de vrais islamistes veillent et agissent.

Entre ce point minimal et celui qui marque le départ pour le djihad, il y a une foule de points intermédiaires qui, au total, forment un ensemble très flou, aux limites indécidables et multiformes. C’est dans ce flou et ce brouillard que nagent les poissons-pilotes, les sergents recruteurs de l’islam rigoriste, de l’islam prosélyte, de l'islam qui grignote l’espace national, et qui s’installe dans la république comme dans un fromage.

Toute la mouvance reste ainsi dissimulée, bien à l’abri 1 - derrière le rempart formé par les musulmans inoffensifs, bien à l'abri 2 - derrière l'accusation d' « islamophobie » toujours prête à être dégainée et à servir à flinguer l'adversaire, et bien à l’abri 3 - derrière les « grandes valeurs » de tolérance et de laïcité qui structurent, au moins sur le papier, la société française. Essayez donc de distinguer le pacifique du militant, dans ce magma ! Le sceptique du fanatique !

La preuve que ces gens malintentionnés sont bel et bien « En Marche » (bien plus que la nouvelle PME Macron, dont "En Marche" est la raison sociale) a été publiée dans Le Canard enchaîné du 2 novembre, dans un article de page 4 intitulé « Surtension de Coran dans les Yvelines ». Le contenu de l’article, qui a de quoi donner froid dans le dos, est ainsi résumé en sous-titre : « Coups de force salafistes dans les mosquées, infiltrations de Frères musulmans, multiplication des écoles intégristes : les barbus prolifèrent dans les anciens bastions ouvriers du département ».

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L’article cite quatre villes du département : Trappes, Guyancourt, Les Mureaux et Ecquevilly. Guyancourt est la seule, pour l’instant, à avoir échappé à l’emprise : quand les salafistes ont tenté un coup de force sur l’association des musulmans de la ville, la majorité des fidèles sont partis pour fonder une autre structure avec le soutien du maire PS. Les communautés musulmanes, dans les trois autres, sont désormais tenues bien en main, parfois avec le soutien complice des mairies, qui ne veut pas perdre un tel réservoir d’électeurs.

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Dessin d'Aurel dans Le Canard enchaîné du 3 novembre.

A Trappes, « les Frères musulmans ont pris le contrôle des plus importantes » associations de fidèles : l’UMT tient la grande mosquée d’une main molle, qui « a permis aux intégristes de devenir très influents à Trappes ». Les Frères enseignent la religion à 500 personnes, dont des enfants. L’enseignement à domicile a explosé (80 familles déclarées, combien au total ?). L’Education nationale et le maire PS (Guy Malandain, 79 ans) ferment les yeux et gardent le silence sur tous ces agissements. On dirait même qu’ils se félicitent de ce que l’installation de l’intégrisme aille de pair avec « une baisse générale de la petite délinquance ». Des élus républicains délèguent donc, dans une ville française, le maintien de l'ordre aux islamistes ! Encore bravo ! 

Aux Mureaux, la mosquée peut accueillir 1500 personnes, et contrôle une école hors contrat, où le programme d’enseignement est débarrassé de matières aussi futiles que les maths, l’anglais, l’histoire-géo, les sciences, et se soucie de procurer « une éducation basée sur les principes et les valeurs de l’islam ». François Garay est le maire, il est « divers-gauche », et tient aux voix des musulmans comme à la prunelle de ses yeux.

Moralité : il est trop content de laisser faire. Et l'Education Nationale de madame Najat Valaud-Belkacem accepte lâchement l'existence de ce qu'il faut bien appeler une ÉCOLE CORANIQUE, sur le territoire d'une république qui a inscrit l'instruction obligatoire au fronton de ses principes. Mesdames, messieurs, j'ai l'honneur de vous présenter la première école coranique installée en France avec la bénédiction du gouvernement de l'Etat. La suite suivra.

Ecquevilly est logé à la même enseigne : les barbus se pressent pour écouter les prêches de Youssef Abou Anas. Un élu est inquiet de constater que le groupe est tenu par à peine quelques personnes, mais « puissantes » (le mot interroge). L’imam ci-dessus refuse de serrer la main de la maire. La nouvelle équipe municipale a mis fin à une trouvaille de l’imam : il occupait le parc de la mairie « pour y célébrer la prière de l’Aïd ».

Voilà un tout petit bout d’état des lieux. Conclusion : on est en train d'assister à l'essor irrésistible d'une offensive qui vise à enrôler les musulmans de France (y compris les convertis) dans les rangs de l'islam le plus affirmé, le plus rigoriste, le plus à cheval sur les principes religieux. Le plus conquérant.

Je pose une question : en France, combien y a-t-il de départements des Yvelines ? Et la Seine-Saint-Denis ? Et ailleurs ? Combien de villes aux prises avec cette offensive mahométane ? A ceux qui le nieraient, j'oppose 1-le cas de Gilles Kepel, 2-l'instrumentalisation islamique des "phobies", 3-la situation en Yvelines telle que rapportée par Le Canard enchaîné. Difficile, je crois, de balayer ces éléments concrets d'un revers de main méprisant, aussi ténus qu'ils puissent sembler.

Entre l'aveuglement des politiques soucieux d'éviter les vagues et les motifs de division, et de maintenir la paix civile, la lâcheté électorale de certains maires et les appels incantatoires des bonnes âmes à la tolérance envers les "différences", le ver islamiste a encore de belles perspectives pour s'empiffrer du fruit français.

D'autant que la concurrence est rude.

Voilà ce que je dis, moi.

NB : on constatera que j'ai ici renoncé à utiliser comme argument le roman Soumission de Michel Houellebecq, bien que le recours à ce roman prophétique eût été tout à fait pertinent.

lundi, 14 novembre 2016

DÉSOLÉ : ENCORE L’ISLAM 1/3

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Lettre grande ouverte à ceux qui gardent "les yeux grands fermés" (piqué à Stanley Kubrick, qui a réalisé sous le titre Eyes wide shut un très curieux film à partir de La Nouvelle rêvée d'Arthur Schnitzler).

1 – Les surprises de Gilles Kepel

Pour parler franchement, j’en ai un peu assez de parler des musulmans, du Coran, d’Allah, de Mahomet. J’ai autre chose à faire que de m’occuper de religion en général, et de l’islam en particulier. Les religions, à commencer par le catholicisme (dont je suis issu), il y a fort longtemps que je les ai abandonnées. Sans regret. Je n'ai guère de goût pour la spiritualité, pour le rituel de la messe, pour les homélies, pour les prières, pour les curés. La seule chose que j'aime dans l'Eglise, ce sont les églises. Romanes si possible : Orcival ; Saint Nectaire ; Saint Austremoine, à Issoire ; Saint Philibert à Tournus ; Vézelay ; Paray-le-Monial ... 

J’aspire quant à moi à respirer un air débarrassé des miasmes de l’encens, que ce soit dans ses variantes catholique, protestante, orthodoxe, juive, musulmane, bouddhiste, taoïste, shintoïste, animiste, mécaniste, tabagiste, bagagiste, pompiste, biologiste, motocycliste, royaliste, existentialiste, humoriste, alarmiste, séparatiste, je-m'en-foutiste, orthopédiste, dadaïste, maoïste, lampiste, harpiste, bouquiniste, récidiviste, anarchiste, conformiste, illusionniste (j'arrête là, mais je pourrais ...).

Je préfère quant à moi m’aérer les poumons quand l’air est animé, par exemple, de cet élan motorique, de cette puissante marche en avant qui habite et caractérise le choral de Leipzig BWV 656. Quand il est joué convenablement. Et pourquoi pas sur l'orgue Kern de la cathédrale de Bourges (concession au gothique).

Oui, j’en ai un peu assez des miasmes religieux qui empuantissent l'atmosphère. Seulement voilà, je lis, j’écoute, je regarde ce qui se passe alentour. Et voilà-t-il pas que ce matin (3 novembre), j’entends monsieur Gilles Kepel revenir sur la question du djihadisme en France. Kepel, je connaissais vaguement, principalement pour avoir lu en son temps La Revanche de Dieu (Seuil, 1991), qui se penchait sur ce qu’on a appelé « le retour du religieux ». Et pour l’avoir maintes fois entendu intervenir sur les antennes des médias. Comme on dit, Kepel est une « voix autorisée » pour parler de l’islam. 

Dans les débats autour du voile, de la burka, et de la présence grandissante de l’islam en France, je le rangeais parmi les tièdes, les défenseurs timides de la « laïcité à la française ». Pour tout dire, je trouvais qu’il manquait de nerf et de lucidité.

Ce matin donc, sur l’antenne france-culturelle, Gilles Kepel raconte qu’il est allé à Bondy (Seine-Saint-Denis, alias 9-3), pour participer à un débat avec les gens qui animent le « Bondy-blog », ce truc "génial" fondé en 2005 après les émeutes banlieusardes, avec l’aide, je crois, de deux journalistes suisses, pour « donner la parole » à la « jeunesse des quartiers ». Tout se passe bien dans un premier temps. Et puis, au cours du débat, il pense tomber de sa chaise quand il s’entend traiter d’ « islamophobe ». Voilà le grand mot lâché.

Islamophobe, ce grand connaisseur de l'islam, s’il en est, et des pays arabes de l’Atlantique à l’Irak, dont il a une longue pratique ! Je ne savais pas qu’on pouvait passer trente-cinq ans de sa vie à travailler sur un sujet qu’on déteste. Il n’en revient pas. C’est la sidération. Du coup, s’il a manqué de lucidité auparavant, les peaux de saucisson sont tombées de ses yeux. Il constate (enfin !) que le « Bondy-blog » s’est vu, progressivement, infiltré par des copains des Frères musulmans.

En fait, l’accusation d’islamophobie est devenue une étiquette commode dans la bouche des musulmans purs et durs à l'encontre de quiconque émet des idées qui leur déplaisent, qu’ils soient « frères », wahabites, salafistes, takfiristes, que sais-je encore. Une étiquette qui vise à disqualifier d'avance tout ce que pourra dire la personne. Il n’a sans doute pas tort : on a déjà vu ça avec, entre autres, Edgar Morin qui se fait traiter d'antisémite parce qu'il ose critiquer la politique d'Israël à l'égard des Palestiniens. Ou avec, dernièrement, Christine Boutin, qui se fait condamner en justice pour homophobie parce qu'elle a osé émettre l'opinion que « l'homosexualité est une abomination ». 

Les activistes musulmans ont vite compris tout le parti qu'ils pouvaient tirer de l'extraordinaire engouement de toutes sortes de groupuscules pour un mot qui fait des ravages dans les têtes et dans les "débats de société".

Le mot "phobie" fait rage.

Voilà ce que je dis, moi.

vendredi, 28 octobre 2016

NADEEM ASLAM : LA VAINE ATTENTE

2016 ASLAM NADEEM VAINE ATTENTE.jpgNADEEM ASLAM : LA VAINE ATTENTE 

Je viens de lire La Vaine attente, livre de Nadeem Aslam, écrivain d’origine pakistanaise vivant en Angleterre depuis ses quatorze ans. Ce bouquin paru en 2009 délivre un message unique et puissant : la religion musulmane est, sur le plan humain, une pure et simple aberration. Ceux qui considèrent l'islam comme une religion "comme les autres" se fourrent le doigt dans l’œil. Remarquez que l'Occident ne sort pas trop grandi de l'histoire. Pas pour la religion, mais question cruauté, ce serait plutôt un partout, avec avantage tout de même aux fanatiques islamiques.

L'islam est une aberration qui fournit à une foule de malades mentaux les éléments nécessaires pour répandre la terreur autour d’eux si la fantaisie ou l'appétit de pouvoir les prend. Première aberration qui me revienne de la lecture : quand Mahomet scellait un marché avec une femme, il avait trouvé un détour pour ne pas se "souiller" en lui serrant la main, en plongeant la sienne dans une jarre pleine d’eau, dans laquelle elle n’avait plus qu’à faire de même pour que cette sorte de signature vaille validation. Il ne serrait pas la main des femmes, mais pour assurer sa descendance, il n'a pas hésité à les toucher de près, et en profondeur. Une religion de malades, quoi.

A l'époque de l'Afghanistan ouvert, accueillant et tolérant, le vieux Marcus, dont la maison de six pièces est située non loin de la ville d’Usha, s’est converti à l’islam pour pouvoir épouser Qatrina. Tous les murs, à l’intérieur de la maison, sont peints de scènes, de paysages et de personnages, que Marcus a soigneusement couverts d’une couche de boue quand les talibans ont pris le pouvoir : il sait qu’ils interdisent toute musique et toute représentation de la figure humaine. Il a bien fait : les rares endroits laissés visibles sont mitraillés au kalachnikov.

Qatrina aime peindre. Elle a réalisé quatre-vingt-dix-neuf peintures pour honorer chacun des noms par lesquels le Coran glorifie Allah (le très miséricordieux, etc.), et les a entreposées dans une malle. Cette malle, Marcus la retrouve je ne sais plus où, et la soustrait à son voleur. Arrêté pour cela en tant que voleur présumé (il est incapable de prouver qu’elle est à lui), il est condamné à se voir trancher la main. Et c’est à Qatrina que les talibans donne le scalpel pour que la peine soit exécutée.

Elle en deviendra folle et, dans sa folie, pendant toute la durée de l’hospitalisation de Marcus, cloue au plafond tous les livres de sa bibliothèque (voir l'image de couverture), qui comporte une foule d’exemplaires précieux et anciens. Ensuite accusée d’avoir vécu des dizaines d’années dans le péché avec cet homme (un mariage prononcé par une femme n’est pas valable aux yeux d'Allah), on la condamne à la lapidation. Elle mettra huit jours à mourir, mise à croupir dans une cellule, avec les asticots qui lui tombent du nez dans la bouche.

On n’en finirait pas d’énumérer les atrocités commises par tous les « bons musulmans » qui peuplent le livre (dont le terrible « buzkashi » par lequel les « dukhi » afghans à cheval se disputent un butin nommé Benedikt, le déserteur russe frère de Lara, qui finit comme on peut le deviner : en charpie). Par le personnage de Casa (Giocante Casabianca, l’homme sans nom ainsi baptisé quand il était petit), l’auteur nous fait entrer dans l’esprit, les raisonnements et la vision du monde qui peuvent ou doivent être ceux d’un musulman pur et dur, qui a voué sa vie à la destruction des ennemis de l’islam et de l’Afghanistan. L’effet est saisissant.

Il serait injuste de ne pas mentionner la présence des Américains, en la personne de David Town, un ancien de la CIA qui, dégoûté, a quitté le service, et de James Palantine, fils de Christopher (un ami de David, qui s'est suicidé pour des raisons x), et membre actif et très opérationnel des « Forces spéciales », sans pitié pour ceux qu’il considère comme les ennemis de la sacro-sainte Amérique, celle précisément dont David Town s’est débarrassé des mythes pour ne plus voir devant lui que des personnes humaines (David tend la main à Casa en le faisant travailler à la fabrication à la façon indienne d'un canoë destiné à se promener sur le lac ; Casa le remerciera en se faisant sauter avec lui sur une mine oubliée dans le jardin de Marcus).

Pour obtenir des informations du nommé Casa, James, en effet, n’hésite pas à lui faire "travailler" un œil au chalumeau jusqu'à ce qu'il coule. « Merci pour ce moment », a-t-on envie d’ajouter.

Nadeem Aslam n’oublie pas de faire mention des rivalités tribales qui opposent les Afghans entre eux de toute éternité. J’ai évoqué Benedikt, le déserteur russe, devenu le butin convoité par deux clans rivaux, avec l’abomination qui en découle. Mais la rivalité quasi-tribale qui oppose Nabi Khan et Gul Rasool n’est pas mal non plus.

Ce dernier utilise les Américains en leur faisant croire qu’il est de leur côté, pendant que l’autre passe aux yeux de ces benêts soi-disant civilisés pour des crapules fanatisées. Rasool se garde de dire à ses protecteurs qu’il détourne à son profit une large part de l’aide alimentaire fournie par la « communauté internationale » au peuple afghan qui souffre. Nabi Khan lui enverra une dizaine d'hommes-explosifs.

Je ne parle pas des personnages absents (morts) dont les vivants sont à la recherche (Zameen, Bizhad, on ne sait plus bien de qui ils sont fils, frères ou épouses).

Tout le livre est à la recherche d’un monde définitivement perdu ; d’un temps où l’Afghanistan était le pays de la paix, de l'hospitalité et de l’accueil de l’étranger ; d’un temps où Marcus pouvait épouser (moyennant conversion) une musulmane, fonder une fabrique de parfum, exhumer sans scandale une tête monumentale de Bouddha couché, tête qui laissera couler de l’or des blessures infligées par les kalachnikovs des talibans. Depuis ces temps pacifiques auxquels les vieux pensent avec nostalgie, la religion musulmane a rallumé l'incendie de l'intolérance et de la "guerre aux infidèles".

La thèse principale de l’auteur reste en effet que l’islam, en se répandant comme une traînée de poudre au septième siècle et en conquérant presque sans coup férir des territoires gigantesques, a fait subir à des civilisations et à des sociétés avancées et prospères une régression enragée, dans un violent retour au moyen âge. Les musulmans y sont décrits comme cette perdrix mise en cage, et qui ne cesse de balancer la tête d’avant en arrière, comme ces petits musulmans que des fascistes obligent à lire le Coran pour les imprégner jusqu'à la moelle de la Vérité révélée.

Ce livre salutaire devrait, pour nous occidentaux, sonner le tocsin. Il ne faut pas confondre tolérance et aveuglement.

Un roman qui est un manifeste, un cri d'alarme poussé par quelqu'un qui vient de par là-bas, et qui doit savoir de quoi il cause.

Voilà ce que je dis, moi.

mardi, 18 octobre 2016

ISLAM : ENCORE UNE COUCHE !

DERRIÈRE LES FRANÇAIS MUSULMANS 

Non, l’islam, de façon radicale, n’est pas une religion ni une croyance « comme les autres », dont il faudrait tolérer la pratique, à égalité avec toutes les autres, sur le territoire européen en général, et français en particulier. N’en déplaise à tous les tolérantistes enragés, toujours prêts à dégainer l’accusation d’islamophobie, la religion musulmane est inassimilable par l'estomac de la République.

Deux exemples entre bien d'autres : 1 – En Grande-Bretagne, pays où le communautarisme est la règle, les islamistes se sont infiltrés dans les rangs du parti travailliste (la tactique typiquement trotskiste de l’ « entrisme »), ce qui leur a permis de prendre progressivement le contrôle d’un certain nombre de municipalités. J’ai envie d’ajouter : pour commencer, et en attendant mieux.

2 – Une jeune française (Leïla ?) se réclamant du féminisme ose poster sur les réseaux sociaux une vidéo dans laquelle elle déclare qu’elle considère l’islam, la religion dans laquelle elle a été élevée, comme une duperie et un mensonge, et qu’elle le rejette désormais, au même titre que toutes les autres religions, au motif qu’elle refuse de vivre dans la perspective d’un futur et hypothétique paradis, et veut vivre pleinement sa vie terrestre.

Une belle audace ! Mais que n’a-t-elle mesuré le risque avant de se lancer ? Aussitôt, en effet, elle voit déferler dans sa direction un Niagara d’insultes et même de menaces de mort. Elle se voit dans l’obligation de poster une autre vidéo, dans laquelle elle présente ses excuses à tous ceux qu’elle pourrait avoir blessés (une bande-son, entendue le 17/10 aux matins de France Culture). En matière de tolérance, messieurs les musulmans, tirez les premiers ! Mais j'ai l'impression qu'en la matière, on peut attendre qu'il pousse des dents aux poules.

Le seul musulman autorisé à quitter l’islam est le honteux qui tient surtout à ce que nul n'en sache rien : non seulement il ne se vante pas de ne pas faire le ramadan, voire de manger du jambon ou de s'envoyer un whisky, mais il ne tient pas à ce que ça se sache. En revanche, gare aux malotrus qui ont le toupet de crier sur les toits qu'il se soucient comme d'une guigne d'Allah, de Mahomet et du paradis promis. Le grand pianiste turc Fazil Say en sait quelque chose, lui qui a subi un procès pour blasphème envers l'islam parce qu'il avait osé déclarer publiquement qu'ils faisait aussi grand cas de celui-ci que de sa première chemise. Tant que les nations musulmanes laisseront inscrits à leur Code pénal les crimes de blasphème et d'apostasie, on ne pourra rien en attendre de bon. Et je ne parle pas de la "charia".

Je conclus de cette intolérance ahurissante (et potentiellement violente) que l’islam, que les Français sont invités à admettre comme une réalité banale, est une belle saloperie. J’ajoute que je dis ça d’autant plus volontiers que j’ai lu le Coran, invraisemblable puzzle fait de pièces et de morceaux sans queue ni tête, de sentences péremptoires et de rengaines obsessionnelles, et dont le message peut se résumer à cette commination : « Prosternez-vous, ou il vous en cuira ! ».

Soit dit en passant, je voudrais savoir à quoi ressemble le cerveau de tous ces enfants des écoles coraniques sommés d’apprendre par cœur un texte à ce point haché menu, et en combien de morceaux est fragmenté le dit cerveau. A ce sujet, il faudrait remettre en circulation la belle pensée de Thomas d’Aquin : « Timeo hominem unius libri » ("je crains l’homme d’un seul livre", a fortiori d’un seul Livre). Je crois fortement que les prêcheurs de tolérance sont avant tout des salopards, tout prêts à faire entrer la horde des loups dans la bergerie.

Non, trois fois non, la religion musulmane n’est pas comme les autres. Elle est organisée en réalité comme une mafia, qui punit sévèrement tous les membres qui montreraient des velléités de la quitter, comme si l’apostasie ressemblait en quoi que ce soit à la trahison d’une cause sacrée. Chez les catholiques au moins, ça fait belle lurette que l'excommunication ne défrise plus grand monde dans la population, et que l'autorité papale n'ose plus brandir cette arme devenue loufoque.

Cela dit, admettons par hypothèse désintéressée que les Français musulmans qui s’affichent comme tels sont sincères et seulement animés de bonnes intentions. Admettons. Cela ne doit pas nous amener à oublier à quoi tient l’expansion de l’islam depuis l’accession de Khomeiny au trône spirituel et temporel de l’Iran en 1979, et la transformation de la religion en instrument de conquête politique.

Cela ne doit pas nous faire oublier que, derrière tous ces bons musulmans sincères qui se disent français, s’agitent un certain nombre de forces, qui ne sont pas forcément animées des meilleures intentions du monde. Derrière les Français musulmans, on voit en effet à l’œuvre des réseaux d’influence qui ne veulent pas que du bien à l’Europe et à la France.

Ce n’est un mystère pour personne que beaucoup de mosquées construites chez nous depuis vingt ans et plus ont été financées par l’Arabie saoudite, le Qatar, le Maroc, que sais-je ; que les imams qui mènent le prêche, d’une part, le font souvent en arabe, et d’autre part, sont d’obédience wahabite ou salafiste, quand ils n’appartiennent pas à la secte des « frères musulmans ».

C’est cet islam-là, le plus rigoriste, le plus rétrograde, qui, sous couvert de piété et de stricte observance des préceptes de la foi, creuse peu à peu le fossé qui éloigne les Français musulmans des Français « de souche ». C’est cet islam-là qui, en provoquant l’adhésion des femmes, les amène à porter le voile soi-disant islamique, et à se faire ainsi, qu’elles le veuillent consciemment ou non, de simples propagandistes, de vulgaires "femmes-sandwichs" bénévoles, des militantes enthousiastes qui se chargent de faire la publicité gratuitement.

Le voile qui se répand dans nos villes n’est que le signe le plus visible de l’efficacité de la propagande conçue à l’extérieur de nos frontières, par des gens de pouvoir, calculateurs, qui se moquent bien des principes républicains en général, et de la laïcité française en particulier.

Des gens qui doivent se dire qu'il n'est jamais trop tard pour se venger de Poitiers, de 732, de Charles Martel et de toutes les « humiliations » subies au cours de l'histoire. La différence est que l'argent qui leur vient du pétrole qu'ils vendent leur donnent barre sur leurs clients, forcés d'être gentils avec eux (voir Hollande, voir Sarkozy), et leur permet, très pacifiquement cette fois, de poser une botte sur les démocraties. Quelle lâcheté, quel aveuglement, voire quelles compromissions guident ceux qui nient cette réalité qui fait pourtant tache d'huile ? 

Autant les croyances des individus sont respectables (quoique ça puisse se discuter), autant les calculs de ceux qui font de l’islam un instrument de conquête politique sont à combattre sans faiblesse, et surtout sans lâcheté. Les Français qui prêchent la tolérance à tout prix à l’égard des musulmans, qui brandissent le délit d’islamophobie à la moindre occasion, qui récitent les prières du bréviaire des bons sentiments, font semblant de ne pas voir, derrière la foi pourquoi pas sincère des individus, les manœuvres de ceux qui instrumentalisent la religion à des fins politiques.

Ils sont juste coupables de félonie envers la France.

Voilà ce que je dis, moi.

vendredi, 17 juin 2016

LONGTEMPS AVANT ORLANDO

LE MEURTRE, TRADITION FOLKLORIQUE AMÉRICAINE

L’Amérique est un fort beau pays, et les Américains sont de bien braves gens, comme le montrent très régulièrement les fusillades auxquelles ils se livrent, sans doute « pour se désennuyer un peu » (Tonton Georges, "Saturne"). On peut le vérifier en lisant dans Le Monde les statistiques établies par le site Shooting tracker ou l’organisation Gun Violence Archive. Cette dernière indique par exemple qu’en 2015, on dénombre 12.191 personnes tuées par balle au cours de 353 fusillades (une par jour ou peu s’en faut). En somme, pas de quoi s’inquiéter : dormez tranquilles, braves gens. Chers Américains : s'ils n'existaient pas, faudrait-il les inventer ? 

Le meurtrier d’Orlando, dont les médias soulignent, selon leur "orientation", les motivations terroristes, psychiatriques ou homophobes (mais on a du mal à comprendre ceux qui soutiennent cette dernière thèse, hormis le fait qu’elle leur permet de prendre la posture toujours hautement prisée et le statut quasi-sacré de la Victime - voir la longue plainte martyrologique - en fait un plaidoyer pro domo - de Jean Birnbaum dans Le Monde daté 17 juin 2016), comme tous les autres Américains, est venu d’ailleurs. Comme tous les autres Américains, il a pu acquérir une arme de guerre, grâce à la vigilance de la NRA, cette bienfaitrice de l’humanité qui monte une garde intraitable à l’entrée du deuxième amendement pour empêcher que des mains sacrilèges viennent bousiller le droit de porter des armes sur la voie publique. 

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Il suffit de se pencher sur l’histoire longue des Etats-Unis pour se rendre compte que le flingage philanthropique du prochain est une vieille tradition de cette nation d’une proverbiale piété chrétienne (quoique protestante). C’est ainsi que dans le numéro 376 du Journal des Voyages, daté du dimanche 21 septembre 1884, un certain Daniel Arnaud raconte la même manie des Américains de s’entretuer très chrétiennement. La scène se passe au « théâtre du Vaudeville » de San Antonio (Texas). Où l’on voit que les champions du progrès technique et de la prospérité matérielle à tout prix ne se lassent pas de ce passe-temps qui consiste à faire mourir autrui. 

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L’article dont l'image de « une » ci-dessus est le support et le motif est joliment et spirituellement intitulé « Les singularités américaines ». C’est vrai ça : quel peuple singulier ! Jugez plutôt : « Les Américains ont plus d’un côté original dans leur civilisation – qui est la civilisation anglo-saxonne avec une singulière exagération de la volonté individuelle. Ce qui les caractérise le mieux peut-être, c’est leur indiscipline sociale, se traduisant pas un manque absolu de déférence pour la justice, une excessive répugnance à avoir recours à sa protection et à s’abriter derrière ses décisions ». Pour l'exagération de la volonté individuelle, on serait assez d'accord, mais on se demande où l’auteur est allé chercher cette répugnance au juridique : les USA sont aujourd’hui le pays où le taux d’avocats par habitant constitue un record du monde, ce qui n'empêche nullement les armes de circuler et de faire entendre leurs aboiements. Passons. 

Il est vrai que Daniel Arnaud embraie sur l’histoire d’un Américain célèbre dont le nom propre a produit un nom commun : « C’est ainsi que, de l’autre côté de l’Atlantique, à l’exemple du juge irlandais Lynch, condamnant et exécutant de ses mains son fils coupable d’un meurtre, les populations ont pris l’habitude de se faire justice en dehors des tribunaux ».

Les sources de Daniel Arnaud sont discutées par de hautes autorités : au sujet de Lynch, qui a donné lynchage (après "Lynch's law", expression de 1782), l'encyclopédie en ligne indique « un certain Charles Lynch (1736-1796), "patriote" de l'Etat de Virginie », alors que le Robert historique explique que c'est le « Capitaine William Lynch (1742-1820) de Virginie, qui eut l'initiative de cette pratique ». Je n’ai pas cherché à en savoir davantage, même si je sais que le Journal des Voyages n'hésitait jamais devant une image un peu forte qui, à ses yeux, faisait plus « couleur locale » (et même "haute fantaisie", voir billet du 8 juin). 

Au Texas, qui est non seulement un Etat du Sud mais aussi un Etat de l’Ouest, les hommes de 1884 ne se séparent jamais de leur arme : « Les Yankees ne sauraient sortir de chez eux sans emporter dans leur poche un revolver chargé. Aussi dans la rue, dans un café, dans un théâtre, dès qu’une querelle s’envenime, des paroles on passe aux coups … de pistolet. Les passants recueillent quelques balles dans les pans de leurs habits ». Des habits en acier, sans doute. 

Le duel dont parle Daniel Arnauld n’est pas daté. La source, un journal américain, n’est pas nommée. Mais fi de ces vains détails ! Il suffit que l’essentiel soit préservé : Ben Thompson (quatre balles dans le buffet) et Ning Fisher (trois balles seulement : moralité, soit les deux visaient comme des pieds, soit les munitions manquaient de « puissance balistique ») se sont entretués alors qu’ils assistaient depuis les deuxièmes galeries au spectacle offert ce soir-là au théâtre du Vaudeville de San Antonio (Texas). Ben Thompson s’était illustré « le 18 décembre dernier », en assassinant Jack Harris, le propriétaire de la salle. Je note pourtant que personne ne lui en a interdit l’entrée le jour du duel fatal. 

Comment en est-on arrivé à ces extrémités ? Le récit est pour le moins elliptique sur les motifs de l’algarade : « Ils ont pris place dans la seconde galerie et, à peine assis, ils ont commencé à se quereller. Un autre spectateur, Joe Foster, a essayé de les apaiser et a reçu aussitôt une balle dans la jambe. Le premier coup de feu a été rapidement suivi de plusieurs autres, et la salle de spectacle fut bien vite évacuée avec précipitation, la plupart de ses occupants sautant sur le parquet et les autres s’élançant par les fenêtres dans la rue ». Un petit air de Bataclan, vous ne trouvez pas ?  

Je ne m’attarde pas sur le reste de l’article, où l’auteur évoque les bars (« sortes de boutiques de liquoristes installées à l’extérieur des grands hôtels américains », l'auteur ignorait tout du genre "western") et les « cafés chantants », où abondent les « tables de jeu », toutes circonstances si propices au langage de la poudre, surtout quand le bourreau alcool a fait son office. 

Omar Mateen, finalement, qu’il soit homophobe, mentalement dérangé, alcoolique (comme il semblerait), homosexuel (comme il semblerait) ou affilié à l’état islamique (je laisse les minuscules), est un digne héritier de cette magnifique tradition américaine qui fait de l’arme à feu un symbole absolu (il faudrait dire : "le fer de lance", voire "l'arme suprême") de la liberté individuelle. 

La définition américaine de la liberté individuelle a quelque chose d'effrayant.

Voilà ce que je dis, moi.

Note : in memoriam Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider, tués par un fou d'Allah, dans des conditions tellement terribles à voir que les propagandistes de l'état islamique ont supprimé de la vidéo faite par Larossi Abballa les images où apparaissait le petit garçon de trois ans. Une pensée pour lui, il en aura besoin.

vendredi, 22 avril 2016

UNE IGNOMINIE DU MONDE

Le Monde ne pouvait pas laisser passer l’occasion : à l’approche de la date anniversaire de la Bérézina de Jospin en 2002, le « journal de référence » (quelle blague !) ne pouvait faire moins que fêter dignement la raclée. Et je dois dire qu’en matière de célébration mémorielle, le journal Le Monde s’y connaît, et s’est dignement hissé à la hauteur de l’événement. Pour s’en rendre compte, il suffit de se pencher sur la « une » du numéro daté 21 avril. 

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En flash de gros titre, l’angoisse de voir se répéter le scénario de 2002, où Le Pen avait coiffé Jospin sur la ligne. « 21 avril », ça pète, ça claque, un peu comme « 11 septembre » ou « 13 novembre ». Mais l’attention est bientôt attirée, pour ne pas dire aimantée par le magnifique portrait photographique qui trône superbement en plein milieu de la page. Un portrait réalisé par l’Ukrainienne Olya Morvan : bravo pour la photo ! 

Mais le nom du bonhomme m’a glacé : Tariq Ramadan. Oui, oui, la figure des Frères musulmans. C'est même le petit-fils de leur fondateur. Une intelligence hors du commun, à ce qu'il semble. Le diplomate de l’islam de velours. La tête de pont en Europe de l’offensive musulmane sur le vieux continent. Le Monde lui déroule le tapis rouge de toute une double page au centre du journal. Je trouve que cette obséquiosité journalistique sent très mauvais, même si Le Monde présente le personnage comme un « intellectuel controversé ».

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 Ah, la controverse ! … C’est la même chose dans l’industrie : rien de tel qu’une belle controverse sur le tabac, l’amiante, les émanations des centrales thermiques, les OGM, pour enfumer le public et éviter de mettre les responsables politiques face à leurs responsabilités, et de les obliger à prendre des décisions qui risqueraient de nuire gravement au « climat des affaires », le grand rival du « climat du réchauffement ». 

Pour dénoncer la chose, Naomi Oreskes avait intitulé son excellent livre Les Marchands de doute. On pourrait de la même manière dire que Le Monde participe activement à cette méchante entreprise : faire que les Français doutent de plus en plus d'eux-mêmes, et que la France soit de moins en moins sûre de sa légitimité. C'est un des principaux réflexes conditionnés de la rédaction du Monde : on va traiter le problème sérieusement, et on va dire que telle personne ou tel événement "relance le débat". Vous comprenez, au Monde, on est journalisse (Céline écrivait "communisse", je crois que c'est dans D'un Château l'autre) : pour avoir une idée d'Auschwitz, il faut donner le même temps de parole au nazi et au juif. C'est peut-être cette "neutralité" qu'on apprend au Centre de Formation des Journalistes.

Le débat ! Bande de rigolos ! Exactement ce qu'attendent des gens malintentionnés, prêts à profiter d'une faiblesse de l'adversaire. Qui sommes-nous, bon sang ? La force de Tariq Ramadan, c'est précisément qu'il emprunte le masque débonnaire et imparable de l'objectivité. Ou, à tout le moins, celui d'une "neutralité bienveillante". Qu'est-ce que c'est qu'un débat imposé par l'adversaire, mais surtout admis comme tel par l'interlocuteur crédule, intègre et naïf, qui a fait du "débat" l'un des piliers de la "démocratie" ? Le "débat" sur l'islam en France ressemble comme deux gouttes d'eau à la technique du "pied-dans-la-porte", excellemment décrite par Beauvois et Joule dans leur Petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens.

Tariq Ramadan, ce type au nom si révélateur, c’est en effet l’avers suave et velouté de la médaille islamique dont Daech, Al Qaïda, le djihad et la décapitation comme mode de gouvernement sont le revers terrifiant et totalitaire. Mais l’avers et le revers, ça fait une seule et même médaille. Donner la parole sur la durée (la lecture des deux grandes pages, ça prend du temps) à Tariq Ramadan, c’est participer à l’offensive musulmane contre la France. 

Mais le pire de cette « une » du Monde vient juste en dessous : « Pédophilie : la parole se libère au sein de l’Eglise ». Attention, je ne suis pas Paul Claudel derrière son pilier un soir de Noël : je n’ai pas eu d’illumination. La foi catholique m’a quitté depuis longtemps. Il n’empêche que, quand je me demande qui je suis, toutes les réponses à la question, sans exception, me réfèrent aux racines chrétiennes, et même catholiques de la culture européenne en général, française en particulier : je suis entièrement tissé de tout cela, même si des curiosités m’ont poussé à m’intéresser à autre chose, par exemple les musiques arabes. 

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Ce n’est pas non plus parce que je prends la défense des pédophiles. J’observe malgré tout que notre époque a érigé la pédophilie en dernier rempart moral, en ultime tabou sexuel, en même temps qu’elle confère à l’enfant tous les caractères du sacré qui l’a désertée. Faire d'un enfant un objet sexuel est répugnant et punissable, nous sommes d'accord.

Ce qui me fait réagir vivement à la composition de cette « une » du Monde, c’est le caractère caricatural de la balance qu’elle présente : d’un côté l’abominable flétrissure qui se grave dans l’épaule d’une institution qui porte les traces d’une longue histoire, comme la fleur de lys marquait autrefois l’épaule des galériens. Je note au passage que le titre est un décalque de "La parole libérée", cette association fondée, entre autres, par un haut personnage du ministère de l'Intérieur, peut-être son attaché de presse, par ailleurs journaliste,semble-t-il. Tant soit peu suspect, vous ne trouvez pas ? Il en faudrait peu pour voir là une opération commando, genre "La Légion saute sur Kolwesi" (film de Raoul Coutard, 1980).

De l’autre, la glorification iconique d’un individu dont l’unique préoccupation est de faire en sorte que l’islam pousse en terre française des racines toujours plus profondes. Je l’ai déjà dit : on ne déracinera pas l’ivraie musulmane. Ce qui est fait est fait. Et comme le "bon grain" a tendance à se faire rare ...

En revanche, participer à la banalisation et à la popularisation du fait islamique sur le sol français, tout en jetant la plus vieille des institutions qui ont fait la France en pâture au mépris général, voilà une bien vilaine action. 

Je ne sais pas vous, mais moi, la juxtaposition de ces trois thèmes en « une » du Monde (21 avril, Ramadan, pédophilie catholique) ne me semble pas l'effet du hasard. Le message de la « une » du Monde daté 21 avril est clair : elle invite à mettre à la poubelle l’Eglise catholique et à se prosterner devant l'homme qui se présente comme celui qui prépare le chemin d’Allah en France. Peut-être pour contrer la montée de l'extrême-droite. Qui veut la peau de l'idée catholique ? Qui veut la peau de l'Eglise en France ? Qui veut l'extension de l'islam en terre chrétienne ? Je ne sais pas, mais j'entends la meute : « Crucifiez Barbarin ! ». Il y a des précédents.

L’hypothèse de l’élection d'un Ben Abbes à la présidence de la France en 2022, qu’on trouve à la fin de Soumission de Michel Houellebecq, devient de moins en moins farfelue, qui voit au second tour s'affronter l'islamo et le facho. Si l'hypothèse devient un jour réalité, on le devra, au moins en partie, à l’empressement déférent du Monde. 

Tout se met en place. Vivement 2022, semble-t-on se dire au Monde.

Voilà ce que je dis, moi.

mardi, 05 avril 2016

ISLAMISATION, MAIS EN DOUCEUR

Ainsi, jour après jour, l’islam trouve de nouveaux moyens de nous boucher l’horizon et de nous empuantir l’atmosphère. Quand ce n’est pas à coups de kalachnikov et de bombes humaines prêtes au « sacrifice », c’est à coups de maillots de bain « islamiques », vous savez, cet uniforme de ninja (le mercenaire féodal du Japon ancien)

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Il ne manque pas grand-chose pour en faire une guerrière (voir illustration suivante).

fabriqué exprès pour que les dames qui se réclament de la religion musulmane puissent se joindre, dans les piscines, aux femelles lubriques qui ont la coupable impudeur d’offenser les yeux d’Allah et du prophète en ne couvrant leurs parties honteuses (est-il besoin de préciser que "honteuses" désigne les seins, le pubis et le cul ?) que du triangle exigu de quelques morceaux d’étoffe, au risque d'attiser la convoitise et la concupiscence des mâles (on suppose des gens à sexualité normale). 

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Un ninja, un vrai de vrai, pour sûr. Sa tenue, masque compris, s'appelle-t-elle un "burkini" ? Se baigne-t-il ainsi vêtu ?

Après les bombes de Zaventem, donc, le tout dernier cri de la mode qui se donnera à voir sur les plages d’aussi charmants pays que l’Arabie saoudite et du Qatar. Ah, on me dit que ce sera sur nos plages ? Bah, au point où nous en sommes … Blague à part, que nous apprend la mousse médiatique qui vient de se répandre sur ce thème ? 

Je crois que c’est très simple : après le « hard power » (attentats, massacres, bombes, etc.), le « soft power ». Pendant l’offensive islamique armée, l’offensive islamique en douceur continue. Il faut vraiment se voiler la face pour ne pas voir ça. Regardez par exemple ce qui se passe sur les « réseaux sociaux » après que madame Laurence Rossignol (ministre des familles, de l'enfance et des droits des femmes) leur a étourdiment jeté des propos que les dits « réseaux sociaux » attendaient pour pouvoir monter leur mayonnaise. 

Le Monde (3-4 avril) s’est fait l’écho de la chose : « Bien sûr qu’il y a des femmes qui choisissent, il y avait aussi des nègres américains qui étaient pour l’esclavage ». Je trouve que ce n’est pas mal envoyé. Il paraît qu’on a surtout reproché à madame Rossignol l’emploi du mot « nègre ». Les flics du « politiquement correct » font régner l’ordre dans la langue. Pour un peu, ça me réconcilierait presque avec certaines féministes (pas toutes, loin de là, il ne faut pas exagérer). 

Rien de tel qu’une bonne controverse pour asseoir l’objet du débat directement en plein milieu de l’avant-scène, juste sous les feux de la rampe. L’inquiétant, dans cette affaire, c’est que des marques commerciales aient jugé une telle innovation potentiellement assez rentable pour se lancer dans l’aventure en y investissant. Je conclus de cette décision que les marques en question jugent qu’il existe un « marché » pour un tel produit. 

S’il en est ainsi, ça veut dire que le ver est dans le fruit. Que l'ichneumon islamique (à moins que ce ne soit la rhysse persuasive musulmane), perçant de sa tarière notre si fragile verni de civilisation chrétienne, a déposé ses œufs mahométans parmi les larves en lesquelles nous avons dégénéré. Et ça veut dire que notre réalité est en train, paisiblement, de se rapprocher de la fiction que Michel Houellebecq mettait en scène dans son roman « scandaleux » Soumission, paru au moment de l'attentat de Charlie Hebdo : la société française s’accoutume à la soumission à des normes qui contredisent tout ce qui définit la civilisation que son passé lui a transmise. Le simple fait qu'il y ait controverse montre notre affaiblissement "culturel". Et alors ? Où est le mal ? Il faut s’adapter, voyons, vivre avec son temps. 

Madame Badinter est sûrement bien intentionnée en appelant au boycott des marques promotrices du « burkini », mais elle se fourre le doigt dans l’œil : s’il y a un « marché », c’est qu’il y a des clients. J’attends juste de voir à quoi ressemblera la plage l’été prochain : comment réagiront les femelles honteusement dénudées face à des baigneuses vêtues de pied en cap et aux formes soigneusement effacées par la coupe vestimentaire ? 

Comme le déclare Hélène Agésilas : « La France a un retard sur la mode islamique ». La dame a créé la marque Fringadine, « qui vend des vêtements longs typiques de cette mode dite pudique. "Il y a une réelle demande des femmes", souligne-t-elle dans un entretien à l’AFP, citant une étude selon laquelle le marché mondial de la mode islamique, évalué par un cabinet à 230 milliards de dollars (202 milliards d’euros) en 2014, pourrait atteindre plus de 320 milliards en 2020 ». C’est ainsi que se conclut l’article du Monde (je passe sur "une étude" et "un cabinet" : tout ça est bien flou). J'aime beaucoup la formule "la mode dite pudique" : c'est sans danger, voyons, c'est à ranger dans les futilités de la mode. Et puis, s’il y a du beurre à se faire … 

Les mahométans n’ont pas fini de grignoter notre espace et de nous bouffer l'air que nous respirons. Les mahométans se frottent les mains en serinant à leur profit nos beaux slogans sur la "tolérance". Quand ce n’est pas brutalement, c’est tout en douceur, exactement comme dans les interrogatoires : le bon flic (la marque vestimentaire) et le flic méchant (le djihadiste) se partagent la tâche. La stratégie fait que le malfrat (le bon peuple) finit par se confier au premier parce qu’il craint le second (en se disant : "ce sera moins pire"). On peut compter sur la lâcheté et la veulerie morale de Hollande, Valls et compagnie pour leur faciliter la tâche. 

Les djihadistes de l’Etat Islamique qui commettent des attentats et les marques qui lancent la mode du « burkini » ne sont pas ennemis : ils marchent main dans la main, ni plus ni moins que, pour bien cuisiner un suspect, les flics se répartissent les rôles du bon et du méchant. 

La bombe et l’esthétique de la mode sont les deux faces de la même médaille stratégique. Au motif que la recherche vestimentaire est moins pire que l’assassinat de masse, l’Européen, le Blanc, le Français préfèrera la « non-violence » inoffensive du maillot de bain (le flic gentil) agréable aux yeux d’Allah, dans l'espoir que ça lui permettra d'échapper à la folie meurtrière (le flic méchant). 

Sarkozy a beaucoup à apprendre de tout ça : pour ce qui est d'occuper le terrain et de faire parler de soi, il n'arrive pas à la cheville des fervents de l'islam, que celui-ci se présente sous les dehors conviviaux et pacifiques de la tolérance façon Tariq Ramadan, ou qu'il brandisse d'un bras vengeur la kalachnikov ou la bombe. L'islam aujourd'hui a une seule idée en tête : la conquête. Instaurer le débat en France autour de la question de l'islam est en soi une victoire de l'islam : pendant que je discute avec les tolérants, j'avance mes pions. Les esprits européens commencent à se faire à cette perspective. Au fond, pourquoi pas, semblent-ils se dire ?

Si j’ai bien compris, c’est pour demain, l’élection de Mohammed Ben Abbes, patron de "La Fraternité musulmane", à la présidence de la République française. Réalisant point par point le scénario imaginé dans Soumission. 

Ben Abbes président. Et Michel Houellebecq est son prophète. 

Voilà ce que je dis, moi.

lundi, 28 décembre 2015

J’AI LU LE CORAN !

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Oui, parfaitement, j’ai lu le Coran ! J’ai cru que je n’y arriverais pas, mais c’est fait. Pour tout dire, ce fut un interminable pensum, surtout au moment de m'acheminer de plus en plus lentement vers la fin, vous savez, quand les sourates deviennent de plus en plus courtes. Il a fallu que je m’accroche, et je peux déjà affirmer qu’il ne faut pas compter sur le Coran pour décrocher le prochain Goncourt. Pour quelle raison ?

Voilà un extraordinaire tissu d’inepties, où le lecteur moyen bute sans arrêt sur des paquets d’obscurités, où il n'identifie jamais aucune suite logique et où, quand il a l’impression de comprendre quelque chose, c’est pour être mis en face de toutes sortes de promesses mirifiques, mais aussi et surtout d’avertissements, sommations et autres comminations : crois en Dieu (attention, celui-ci à l'exclusion de tout autre : si tu crois que Dieu a eu progéniture, gare à ton matricule !), sinon, il t’arrivera le pire que tu puisses imaginer.

Crois en Moi, et tu auras le jardin d'Eden, « de sous lequel les ruisseaux coulent ». Si tu fais partie des dénégateurs, c'est la Géhenne, les supplices, les tourments et le châtiment éternels. Accepter de prendre au sérieux le texte du Coran, cela présuppose de croire au caractère sacré de tout ce qui est écrit là. Cela présuppose qu'on a déjà cette foi-là. Nul profane, même de bonne volonté, à mon avis, ne saurait le lire sans se taper la tempe de l'index à chaque page. Obélix dirait : « Ils sont fous, ces musulmans ! ». 

Je le dis d'autant plus volontiers que ni le texte de la Bible, ni celui du Nouveau Testament ne sont pour moi des textes sacrés. La différence, c'est que ces deux livres ont le mérite de raconter de belles histoires. Ne comptez pas sur le Coran pour raconter : le Coran est fait de bribes d'histoire biblique (priorité à Moïse, Noé, accessoirement Jésus), saupoudrées dans une marmite où bouillonnent et se disputent le terrain les prescriptions et les proscriptions. L'Européen élevé dans la culture de l'humanisme, des Lumières et de la liberté individuelle est à jamais et totalement étranger à cet univers. S'il en est ainsi, c'est tout l'islam qui nous est inassimilable.

Je ne retranche pas une virgule de mon billet du 19 novembre dernier : tout cela est à jeter. Je suis catégorique : il ne saurait y avoir quelque « islam de France » que ce soit. Je vais même plus loin : dans le corps culturel qu'on appelle la France, l'islam est une tumeur cancéreuse. Et cela, quelle que soit la bonne volonté républicaine des musulmans évolués, qui ne sont, finalement, que des musulmans tièdes. Je veux dire des musulmans qui ne considèrent pas leur foi comme une identité, une arme ou une armure. Des musulmans dont la raison de vivre dépasse, et de très loin, la lettre du Coran, cet invraisemblable salmigondis.

Non mais sérieusement, ce serait le texte sacré d’un milliard et demi d’individus dans le monde ! Ils n'ont donc pas honte ? Mais qui parmi eux l’a seulement lu, le livre sacré ? Je serais curieux de savoir selon quelle structure est organisé leur cerveau. Car même s’ils savent lire, que peut-on comprendre sans l’aide d'une autorité qui va vous expliquer ce qu’il faut comprendre ? Je vais vous dire : il faut une grosse armée d’exégètes pour espérer jeter un peu de lumière sur ce magma informe.

Sans l'interprétation, le Coran est rigoureusement incompréhensible. C'est d'ailleurs ce que l'histoire montre : le traducteur Jacques Berque fait abonder en note les références à toutes sortes de commentateurs proposant toutes sortes d'interprétations. Et ces exégètes ne sont pas d'accord entre eux ! Qui est en mesure de débrouiller l'écheveau ? Le problème de l'interprétation, c'est l'interprète : qui donne le sens ? Comment est-il arrivé à ce sens ? Qui nous le dira ?

Mais, semble-t-il, tout a été prévu : « Les dénégateurs ont encore dit : "Ah ! si la descente du Coran s’était faite sur lui d’une seule venue !" / – C’est ainsi ! pour le fixer dans ton cœur ; et (dans ce but aussi) Nous en espaçons la diction » (XXV, 32). Voir aussi « ... sous la forme d'un Coran que nous échelonnons, pour que tu le psalmodies aux hommes, dans la durée, puisque Nous le faisons descendre d'une descente répétée » (XVII, 106). Si le Coran est un énorme puzzle fait de toutes petites pièces mal assujetties les unes aux autres, descendues morceau par morceau de façon interminable, c'est que Dieu l’a voulu ainsi. C’était exprès. Bien fait pour vous ! 

Et il est vrai que le traducteur précise, en note de la sourate XCVII, verset 1 : « En temps humain, le Coran a mis une vingtaine d’années à descendre » (notez "descendre"). Il explique dans sa postface que le texte, arrivé par bribes, a été noté sur « des matériaux de fortune » (dont, à ce que j'ai entendu dire, maintes omoplates de chameaux), et qu’on a commencé très tôt à procéder à des assemblages. Mahomet étant mort en 632 (d'une mauvaise grippe ?), la première version définitive, du temps du calife Uthman, date de 656, soit vingt-quatre ans plus tard. Vous imaginez, concrètement, le fatras qui peut en découler ? Moralité : on aurait voulu embrouiller le bon peuple pour l’empêcher d’en juger par lui-même qu’on ne s’y serait pas pris autrement. Il faut que ceux qui savent gardent la main.

Parce que si l’on essaie de comprendre, on entre dans la bouteille à l’encre. Une preuve ? Allons voir la sourate LVI, verset 75 : « Non, j’en jure par les positions des étoiles ». Jacques Berque signale en note qu’on pourrait tout aussi bien lire : « Je n’en jurerais pas… ». Monsieur est servi. Mais ça n’empêche pas l’auteur du Livre (Dieu en personne, évidemment) d’affirmer : « Nous avons rendu le Coran facile, en vue du Rappel » (sourate LIV, verset 17). « Facile », c’est évidemment faux, pour un lecteur de bonne "foi" tout au moins. 

Tenez, prenons les versets 83 à 89 de la sourate XXXVII : « Parmi ses continuateurs, fut certes Abraham / Lors il approcha son Seigneur d’un cœur intègre / lors il dit à son père, à son peuple : "Qu’adorez-vous ? / est-ce par imposture que vous voulez des dieux en place de Dieu ? / quelle fausse idée vous vous faites du Seigneur des univers !" / Il ne jeta qu’un regard vers les étoiles / et dit : "Je suis contaminé" ». 

Le traducteur précise, à propos du dernier élément : « Ou bien il se dit malade, mensonge gênant dans la bouche d’un prophète, ou il se sent contaminé par le seul examen des astres qu’adorait son peuple. Ou encore, interprétation subtile de Râzî, il est perturbé par les étoiles dont l’éparpillement atteste l’incohérence du polythéisme ». Trois interprétations pour le prix d’une, faut-il vous l’envelopper ? 

On ne peut certes pas suspecter Jacques Berque de minimiser le problème : ne note-t-il pas, au sujet de XXV, 77 (où il est question d’un « appel ») : « La compréhension de ce verset embarrasse l’exégèse. L’"appel" est-il celui de l’homme à Dieu, ou de Dieu à l’homme ? Faut-il entendre le "mâ" initial comme négation, ou comme interrogation ? ». Il faut croire que ça ne l’embarrasse pas outre-mesure. Les occasions d'incertitude sont multiples. Par exemple : « Verset difficile » (VII, 202) ; par exemple : « L'exégèse fournit d'autres explications encore » (IX, 122) ; « Verset largement commenté par les savants de l'Islam » (XIII, 38) ; « L'exégèse se demande à quel locuteur attribuer plusieurs de ces propositions » (XX, 87-89) ; etc.

J'en conclus qu'il ne saurait y avoir une lecture du genre de celle que j'ai faite : je ne suis ni un herméneute, ni un exégète, ni un "savant de l'islam". Je n'ai pas été initié. Toute lecture "ordinaire" est d'avance disqualifiée. Tout est fait pour convaincre le lecteur lambda (que je suis) que le Coran est tout à fait hors de la portée de sa comprenette, s'il n'est pas fermement guidé par un maître qui lui apprend ce qu'il faudra retenir de ce qu'il aura lu.

Si je n'ai pas "compris" ce que j'ai lu, c'est de ma faute : j'aurais dû m'en remettre à une autorité (mandatée par qui ?) pour ce qu'il fallait comprendre. J'en conclus que l'esprit d'un bon musulman ne peut être en aucun cas un "esprit libre" (cf. Humain, trop humain, de Nietzsche). Le bon musulman n'existe pas sans un guide. Il n'est de bon musulman que dominé par une autorité qui le surplombe. Pour lui dire ce qu'il convient de penser. L'islam ignore la liberté individuelle. L'homme ordinaire est une crotte de bique.

De toute façon, si on prend le texte au pied de la lettre, il s’agit beaucoup moins de comprendre ce que Dieu a dit (il paraît que c’est lui qui a parlé) que, en tout premier, de se soumettre, de se faire les « esclaves de Dieu » (LXXVI, 6), d’obéir, de croire que tout ce qui est écrit là est Vrai (voir plus bas) ; ensuite d’en réciter, voire d’en « psalmodier » (LXXIII, 20) le texte. Après l'avoir, évidemment, appris par cœur. Vous imaginez le pauvre sort de ces enfants qu'on envoie à l'école coranique pour apprendre par cœur les 700 pages sans queue ni tête du Coran ? Rien de tel pour apprendre à vivre à genoux.

Certaines formules sont étranges. Ainsi, dans la bouche de Pharaon : « Je jure de vous tronçonner les mains et les pieds en diagonale » (XX, 71 ; VII, 124, et ailleurs). Ou bien : « Et cependant il en est parmi les hommes pour n’adorer Dieu que de guingois ». Certaines assertions sont renversantes : « Qu’avez-vous à ne pas croire en Dieu ? Alors que l’Envoyé vous appelle à croire en votre Seigneur : aussi bien en a-t-il reçu de vous l’engagement, si vous êtes croyant » (LVII, 8). En français, on appelle ça un flagrant délit de tautologie : le serpent est sûr d’attraper sa propre queue. La tautologie semble d'ailleurs une figure de style très prisée : « Qu'à Dieu s'en remettent tous ceux qui ne peuvent que s'en remettre à Lui ! » (XIV, 12). 

Autre exemple saisissant en XXXV, 31 : « Ce que Nous te révélons du Livre est le Vrai, qui vient avérer le message en cours ». Autre exemple en XXII, 62 : « Et cela du fait que Dieu c’est le Vrai, et que ce que vous invoquez en Sa place, c’est le faux ». On pourrait continuer (voir XXIII, 72). On voit bien à quoi sert la tautologie : pour qui est dans ce « Vrai »-là, aucun problème : il est croyant, et ce qu’on lui demande c’est d’admettre, un point c’est tout. Il ne faudrait pas, n’est-ce pas que le lecteur se mette à penser par lui-même ! Malek Chebel, un musulman des Lumières s’il en est, a déclaré, le 23 décembre dernier, j'en suis témoin : « L’islam est une auberge espagnole ». J’aurais beaucoup aimé les musulmans, s’ils avaient été « des Lumières ». Mais ce n'est pas le cas. Et l'avenir, à en juger par le présent, ne permet pas de l'espérer.

Car finalement, ce que je retiens de ma lecture de ce livre aberrant, fait de fragments mis bout à bout à la diable, c'est qu'il interdit à tout jamais au lecteur d’avoir un accès direct au « Message », s’il y en a un, et l’oblige à s’en remettre à « ceux qui savent » (qui disent qu’ils savent, parce que c’est eux qui, en dernier ressort, détiennent le pouvoir).

Le message principal du Coran que je vois là pour ma part, c’est que l’islam est fondamentalement une religion faite par et pour des gens qui veulent le POUVOIR ou qui le détiennent. L'islam est une féroce négation de l’individu, de l’individu pensant, de l’individu libre, de l’individu doté d’autonomie et de libre-arbitre, de l'individu doté d'une conscience. 

Le Coran est une péremptoire affirmation de préséance de celui qui sait sur celui qui ne sait pas, au motif que c'est lui qui exerce le pouvoir. A cause du Coran, chez les musulmans, la domination des forts et la soumission des faibles sont à tous les étages. Cela fait de l'islam une religion insupportable aux yeux de tous ceux qui croient dans les vertus de la liberté individuelle.

Le fait d'avoir lu le Coran ne fait certes pas de moi un spécialiste. D'autant plus que je me suis efforcé d'aborder ce livre comme n'importe quel autre livre : pour moi, il n'y a pas de livres sacrés (excepté, peut-être le Faustroll d'Alfred Jarry - non, je plaisante). Dieu sait que je n'aime pas la religion chrétienne, mais alors l'islam, je crois que même Dieu n'oserait pas savoir ce que j'en pense. Partant de là, j’en infère que l’islam, en tant que tel, est rigoureusement incompatible avec la façon dont la France, dont l’Europe, dont l’Occident considère l’humanité de l’homme.

L’islam en France, pour moi, est définitivement un intrus. Au motif que le Coran est essentiellement un instrument de POUVOIR. Il n'est pour s'en convaincre que de regarder la carte des territoires conquis par l'islam entre 632 et 732 (Poitiers, Charles Martel, tout le toutim).

Voilà ce que je dis, moi.

Note : les lecteurs et spécialistes d'Alfred Jarry auront peut-être intérêt à se reporter à la sourate LIII, verset 14. Ils verront qu'il y est fait mention du « lotus des confins ». Quid est ? S'il se reportent à la note, ils seront peut-être surpris d'apprendre que la jolie formule « lotus des confins » est une traduction de l'arabe « Sidrat al-muntahâ ». Or on trouve cette référence exotique dans L'Autre Alceste (Jarry, Œuvres complètes I, p. 909 et suiv.), dans le "Récit de Doublemain" (« ... la feuille de laquelle pend le principe de sa vie croulera de l'arbre Sidrat-Almuntaha ... »), puis dans le "Récit de Salomon" (« ... sa feuille vitale à la branche de l'arbre Sidrat-Almuntaha. ») et dans le "Récit de Roboam" : « ... la barbe de Salomon mon père, et l'ange qui veille les yeux fixés sur l'arbre Sidrat-Almuntaha ... ». Bonjour aux éventuels lecteurs qui seraient membres de la SAAJ. Qu'il me soit permis de leur offrir ce « lotus des confins ».

mercredi, 09 décembre 2015

LE VINGTIÈME SIÈCLE ET LES ARTS 4/9

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LE VINGTIÈME SIÈCLE ET LES ARTS

ESSAI DE RECONSTITUTION D’UN ITINÉRAIRE PERSONNEL

(récapitulation songeuse et un peu raisonnée)

4/9 

De pouvoir (ou non) supporter la laideur.

Héritier fidèle, viscéral et obstiné de ces Lumières-là, je demeure un fervent partisan de la liberté en tout, mais, soit dit une fois pour toutes, une liberté régulée. Une liberté contenue dans des bornes. Une liberté qui accepte de se restreindre. Tout n’est pas permis à l’homme, qu’il soit un individu, une collectivité, une société, un Etat, une entreprise. Tous les désirs n'ont pas à être réalisés au prétexte que c'est techniquement possible, que l'occasion s'en présente ou parce que, « après tout, j'y ai droit ».

Même Dieu en personne n'a pas le droit de tout faire, contrairement à ce que serine le Coran (par exemple : « Décide-t-Il d'une chose ? Il Lui suffit de dire : "Sois", et elle est », sourate XL, verset 68). L’individu est doté de liberté, de désirs et de conscience, oui, entièrement d’accord, mais il est aussi socialisé, je veux dire conscient de ses limites et de ses responsabilités à l'égard de ce qui rend sa vie possible, car il reste conscient qu'il n'est rien sans son lien avec le corps social : ça lui confère des droits, mais sûrement pas rien que des ou tous les droits. Je ne suis peut-être pas qualifié pour énumérer les caractères de ce qui fait une civilisation, mais j'ai l'impression d'en avoir dessiné ci-dessus quelques traits caractéristiques.

Autant le dirigisme et l'autoritarisme (quand un autoproclamé se met à parler à l'impératif) sont faits pour maintenir l'individu dans la sujétion, la frustration, la peur et l'immaturité, autant la permissivité, le laxisme, la dérégulation à tout va, qu’il s’agisse d’un individu, d’un Etat, de l'économie ou d’une entreprise, sont des facteurs de déliaison, de morcellement de l'entité collective, d’atomisation des individus, de désagrégation du « corps social » en une infinité d'unités autonomes. Oui, pour qu’il y ait société, il y a des limites à ne pas franchir. 

Je dis cela en pensant à tous les fanatiques de la « transgression dérangeante », les adeptes de l’infraction innovante, de la provocation révolutionnaire et de l'outrage rédempteur, les casseurs de normes et de frontières et autres conformistes de l’anticonformisme, je veux dire ceux qui occupent en masse le haut du pavé de tous les terrains culturels subventionnés, de la danse au théâtre, en passant par l’opéra, la musique, la peinture et tout le reste. Toutes ces quilles que la boule impitoyable de Philippe Muray (il les traitait fort pertinemment de « Mutins de Panurge », cette formule géniale) n'a malheureusement pas réussi à abattre. Le pouvait-elle ?

Au surplus, j'ajoute que si je sais que l'intention prioritaire de l'artiste est par-dessus tout de me "déranger", de me provoquer ou de me choquer, je discerne la visée manipulatrice : pas de ça, Lisette ! Fous le camp ! Pauvre artiste en vérité qui se donne pour seul programme de modifier son public (c'était ce que voulait déjà Antonin Artaud, avec son "théâtre de la cruauté", Les Cenci et tout ça ... On a vu comment il a fini. Dire qu'il fascinait les élites culturelles !).

Pauvre artiste, qui se soucie moins de ce qu'il met dans son œuvre que de l'effet qu'elle produira : l'œuvre en question est ravalée au rang de simple instrument de pouvoir. Mégalomanie de l'artiste à la mode (c'était quand, déjà : « Sega, c'est plus fort que toi » ?), ivresse de puissance et, en définitive, un pauvre illusionniste qui s'exténue à chercher sans cesse de nouveaux « tours de magie » pour des gogos qui applaudissent, trop heureux d'y croire un moment, avant de retomber dans la grisaille interminable « d'un quotidien désespérant » (Brassens, "Les Passantes"). Après tout, ça leur aura "changé les idées" !

Je préfère que l'artiste ait le désir, l'énergie et le savoir-faire de créer à mon intention une forme qui me laisse libre de l'apprécier à ma guise. C'est ce que formule Maupassant dans la préface à son roman Pierre et Jean : « En somme, le public est composé de groupes nombreux qui nous crient : "Consolez­-moi. Amusez­-moi. Attristez-­moi. Attendrissez­-moi. Faites­-moi rêver. Faites-­moi rire. Faites­-moi frémir. Faites­-moi pleurer. Faites­-moi penser." – Seuls, quelques esprits d'élite demandent à l'artiste : "Faites-­moi quelque chose de beau, dans la forme qui vous conviendra le mieux, suivant votre tempérament" ». C'est parler d'or.

Voilà un programme qu'il est bon, nom de Zeus ! Je vois bien la contradiction : faut-il que l'artiste se retire dans son laboratoire pour peaufiner son grand œuvre sans se soucier de sa réception ? Faut-il qu'il cherche à plaire, à impressionner, en pensant à un public précis sur la plasticité et la réceptivité duquel il sait qu'il peut compter ? Il y a dilemme : y a-t-il pour autant incompatibilité ? J'essaie de répondre à la question dans un très prochain billet.

Vouloir agir sur le spectateur, c'est une intention de bas étage, de bas-côté, et même de bas-fond (au point que : « ... à peine si j'ose Le dire tellement c'est bas », Tonton Georges, "L'Hécatombe"). La création d'une forme, c'est une autre paire de manches. Les "transgresseurs" sont finalement des pauvres types, des médiocres, des minables destinés à disparaître au moment même de leur épiphanie. 

Pour revenir à l'atomisation du corps social, je signale accessoirement que faire des individus autant d’entités autonomes, dégagées de tout apparentement est une visée propre à ce qu’on appelle le totalitarisme. Si on n’y est pas encore, on n’en est pas loin. Le totalitarisme, tout soft, invisible et sournois qu’il soit, dont est imprégnée à son insu  notre démocratie (acharnée à nier et refouler cet inconscient-là) ; la frénésie et l’enthousiasme technicistes qui ont fait de l’innovation le seul idéal social encore agissant ; l’ultralibéralisme économique qui instaure la compétition comme seul horizon collectif et la marchandise comme unique accomplissement individuel, voilà, en gros, les  trois facettes de notre condition humaine qui ont fini par se fondre dans mon esprit en un tout où l’humanité de l’homme n’a plus sa place. Inutile de le cacher : c’est une vision pessimiste. 

Le pire, c’est que ce sont toutes les conditions de la vie collective qui me sont alors apparues comme affreuses. Ceci est assez difficile à exprimer en termes clairs : j’ai eu l’impression (fondée ou erronée, va savoir ...) d’acquérir progressivement une vue globale de la situation imposée à l’humanité par la « modernité ». J’ai acquis la conviction que les formes de ce qu’on appelle depuis plus de soixante ans l’ « art contemporain » ne sont pas une excroissance anormale de leur époque mais, au contraire, leur corollaire absolument logique. La même logique qui fait que l'arbre produit son fruit, et que l'Allemagne en crise produit Hitler. Eh oui, la difformité et l'aberration sont elles aussi produites, et ne sortent pas de nulle part.

Qui adhère avec enthousiasme à l’époque, est logiquement gourmand d’art contemporain, de musique contemporaine. Qui est rebuté par l’art contemporain, en toute logique, devrait diriger sa vindicte contre l’époque dont celui-ci est issu. J’ai mis du temps, mais j’ai fini par y venir. C’est alors que le processus de désaliénation (désintoxication si l’on veut) a pu s’enclencher : qui n’aime pas l’époque ne saurait aimer l’art qu’elle produit. Le lien de cause à effet est indéniable. Moi, je croyais aimer l’art de mon temps parce que je voulais être de mon temps. C’était décidé, il le fallait. 

L’art contemporain découle de son époque. Tout ce qui apparaît minable dans l’art contemporain découle logiquement du minable de l’époque qui le produit. Ce n’est pas l’art qui pèche : c’est l’époque. Nous avons l’art que notre époque a mérité. Quand laMCCARTHY PLUG.jpg laideur triomphe, c’est que l’époque désire la laideur : le vert « plug anal » géant de Paul McCarthy en pleine place Vendôme, précisément la place de Paris où sont fabriqués et exposés parmi les plus beaux, les plus précieux bijoux du monde, est logiquement produit par l’époque qui l’a vu naître. Les extrêmes – le sublime et la merde –  se tiennent par la barbichette (que le sublime qui n'a jamais tiré la barbichette du merdique avance d'un pas, tiens, il va voir !). Quand il y a neuf « zéros » après le « un » de la fortune, la merde et le diamant se valent. On croit deviner que c'est en toute logique que le bouchon d'anus (sens de "plug") de M. McCarthy suscite l'émoi "esthétique" de la dame qui porte la présente bague (à propos de bague, cf. l'autrement élégante histoire de "L'anneau de Hans Carvel", qu'on trouve chez Rabelais, Tiers Livre, 26, qui donne une recette infaillible à tous les maris qui ne supportent pas l'idée que leur épouse les fasse un jour cocus).

MC VAN CLEEF.jpgPaul McCarthy est l’humble serviteur de son temps : son œuvre est le revers infâme de la médaille dont la maison Van Cleef & Arpels (ci-contre) décore si luxueusement l’avers. Paul McCarthy est un artiste rationnel : il ne fait que tirer les conclusions qu’on lui demande de tirer. Son message ? "Parlant par respect", comme dit Nizier du Puitspelu dans son très lyonnais Littré de la Grand’Côte, quand il définit des mots et expressions "grossiers" : « Vous l’avez dans le cul ». 

Mais si l’on admet que c’est l’époque qui produit cet art déféqué, c’est moins l’art qui est à dénoncer que l’époque qui l’a vu et fait naître, tout entière. De fait, ce n’est pas seulement l’art contemporain, la musique contemporaine, c’est le 20ème siècle dans son entier qui m’est devenu monstrueux. J’ai compris que Günther Anders avait raison : au 20ème siècle, l’humanité a commencé à méticuleusement édifier la laideur d'un monde d’une dimension telle que nulle force humaine n’était plus en mesure d'en comprendre le sens, encore moins d’en contrôler la trajectoire, et encore moins d'y vivre heureux.

Et le raisonnement qu’il tient à propos de la bombe atomique s’applique à tous les autres aspects du « Système » mis en place : c’est le bateau Terre qui, faute de pilote, est devenu ivre. 

Voilà ce que je dis, moi.

jeudi, 19 novembre 2015

LIRE LE CORAN

ATTENTAT 8 KHEIREDDINE SAHBI.jpg

KHEIREDDINE SAHBI, musicien algérien, 29 ans, mort le vendredi 13 novembre 2015 au Bataclan, à Paris.

Sans doute Allah qui en a décidé ainsi.

 

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Drapeau-France.jpgLE CORAN : IMPRESSIONS DE LECTURE D'UN INCROYANT  

 

Cela faisait longtemps que je voulais en avoir le cœur net. J’avais déjà fait quelques tentatives, mais à chaque fois découragées par le rébarbatif de l’entreprise. Et puis, surmontant enfin ma répugnance, j’ai attaqué le monument par la face nord, je veux dire la première sourate. Cette fois c’est la bonne : je lis le Coran. CORAN 1.jpg

Et cela dans la traduction d’un éminent connaisseur de la langue et de la civilisation arabes : Jacques Berque. L’édition est belle, le papier de qualité, la reliure solide : on peut avoir confiance. Si j’en crois l’abondance et l’érudition (souvent énigmatique pour le néophyte que je suis) des notes de bas de page, je soupçonne le monsieur d’avoir au préalable épluché une bonne partie de la monstrueuse littérature (commentaire, glose, exégèse, interprétation, ...) que le bouquin a suscitée au cours de l’histoire. Et j'estime en avoir lu désormais suffisamment pour commencer à livrer mes impressions de lecture. Et je vais vous dire : si ce n’est pas triste, c’est juste parce que c’est effrayant, le Coran. 

Première impression : tout ça n’a ni queue ni tête. Le Coran se présente sous la forme d’un innommable fatras, « éparpillé façon puzzle ». Le propos est horriblement décousu, passant à chaque instant d’une idée à l’autre, d’un thème à un autre. Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’auteur, qui qu’il puisse être, aurait voulu embrouiller le lecteur, il ne s’y serait pas pris autrement. De quoi se demander d’ailleurs si ce n’est pas le but recherché. 

Il est rare qu’une sourate comporte la moindre homogénéité, la moindre cohérence, la moindre continuité de son début jusqu’à sa fin (j’excepte à la rigueur la sourate Yusuf, qui raconte à peu près, quoiqu’à sa manière – il faut suivre –, l’histoire de Joseph et de ses frères). Pour l’essentiel, ce sont des pièces et des morceaux rassemblés à la diable. Rares sont les phrases qui vont du début à la fin sans s’interrompre. Comme le dit lui-même Tarek Oubrou (imam de la mosquée de Bordeaux) invité chez Finkielkraut, c’est l’anarchie qui règne. Ce qui m'étonne c'est que ça n’a pas l’air de l’embêter. 

En plus de me dire que l'islam a quelque chose à voir avec le désordre, j’en tire la réflexion suivante : je me dis que tous les musulmans sincères et assidus, en particulier ceux qui apprennent le Coran par cœur (il paraît qu’ils sont nombreux à s’infliger le pensum), ont la tête farcie de cette bouillie intellectuelle. Comment peut fonctionner un cerveau qui a longuement baigné dans un tel jus de puzzle ? Il y a de quoi avoir peur. 

Deuxième impression : le Coran n’apporte strictement rien de neuf par rapport à l’Ancien Testament comme au Nouveau. Tout juste cite-t-il des bribes de l’un comme de l’autre, de temps à autres, sans qu’on sache à quelle logique ces parachutages obéissent. Ainsi le livre est-il parsemé de crottes plus ou moins volumineuses de la Torah et des Evangiles, avec une référence obstinée à Abraham, toujours considéré comme le « croyant originel », celui dont l’existence précède jusqu’à « la descente de la Torah comme de l’Evangile » (en contestant au passage la chronologie habituelle). 

De toute façon, le Coran vient « accomplir » ce que n’ont pas voulu accomplir les juifs et les chrétiens (appelés « les Gens du Livre ») : « Enfin Nous avons fait descendre sur toi l’Ecrit, dans le Vrai, pour avérer ce qui était en cours, en l’englobant ». Traduction : toi le mécréant, j’espère que tu as compris que le Coran est supérieur à l’Ancien et au Nouveau Testaments réunis, puisqu’il les englobe ! 

Troisième impression : l’infernal ressassement de certaines formules, de certaines affirmations, de certaines idées. Comme si le même marteau voulait vous enfoncer le même clou dans le crâne. A tous les détours des pages, on tombe sur « Dieu est Tout pardon, Miséricordieux ». On tombe aussi sur le « jardin sous lequel les ruisseaux coulent » promis à tous ceux qui adorent Dieu ; sur « Quant aux dénégateurs, eh bien ! Je les châtierai de durs châtiments dans ce monde et dans l’autre ». Bref : apprendre le Coran par cœur, c’est apprendre à rabâcher une Vérité simplissime jusqu’à vous crever les yeux. 

Jacques Berque, le traducteur, le signale d’ailleurs en note de la sourate XV : « Peut-être qu’il est seulement question des duplications et itérations de l’exposé coranique » (p.277). Va donc pour les duplications et itérations. Le plus curieux ici, c’est que cette composition extrêmement insistante dans la répétition m’a rappelé l’impression que j’avais éprouvée en ouvrant le célèbre et totalement méconnu Mein Kampf, d’un certain Adolf Hitler. Je n'en tire pas de conclusion décisive.

Une composition, en quelque sorte, organisée en spirale, où les mêmes thèmes reviennent constamment sous des habits un peu différents, comme si l’auteur passait son temps à avancer, tout en récapitulant ce qui a précédé. Jacques Berque, dans ses notes de bas de page, ne parle pas de construction en spirale, il parle d’ « entrelacs » : « Le thème du châtiment des peuples passés n’occupe pas ici la même place que dans "Les Poètes", mais devient partie intégrante d’un discours à entrelacs » (p.271). Va pour les entrelacs. 

Quant au style, on trouve très peu de phrases simplement déclaratives, mais constamment des exhortations, des impératifs. A chacun d'en tirer les conclusions.

Quatrième impression : l’humanité se divise en deux. D’un côté ceux qui croient en Dieu, de l’autre le reste de l’humanité. Parmi les composantes de ce dernier (le "reste"), un sort particulier est fait aux « Gens du Livre », autrement dit aux juifs et aux chrétiens, mais l’essentiel, qui est seriné à presque toutes les lignes, c’est l’espèce de mur infranchissable que la « Parole » élève entre les croyants et les autres, irréconciliables par essence. J'attends qu'on m'explique où l'on peut trouver des références communes entre les adorateurs de ce livre-là et les Européens enracinés dans un sol d'origine chrétienne.

Toutefois, le Coran fait une distinction : si les chrétiens sont plutôt des « égarés » (sous-entendu : qu’on peut espérer ramener dans le bon troupeau), les juifs sont quant à eux des « réprouvés ». Leur destin est tout tracé : « Tandis que les dénégateurs, à rien ne leur serviront auprès de Dieu biens ni progéniture. Ceux-là seront les compagnons du Feu : ils y seront pour l’éternité » (sourate III verset 116). 

Et pourtant, on lit ailleurs : « Ceux qui croient, ceux qui suivent le Judaïsme, les Chrétiens, les Mandéens, quiconque croit en Dieu et au Jour dernier, effectue l’œuvre salutaire, ceux-là trouveront leur salaire auprès de leur Seigneur. Il n’est pour eux de crainte à nourrir, et ils n’éprouveront nul regret » (sourate II, verset 62). Allez comprendre ! Même que Jacques Berque commente en note : « Verset œcuménique avant la lettre ! » (p.34). 

Ce qu’il faut retenir ici, c’est que cette division de l’humanité entre le camp du Bien (les croyants) et le camp du Mal (les autres) est rappelée à tout instant, martelée, serinée, parfois trois fois par page. 

Que ceci soit bien entendu : je ne dis pas que ma lecture est complète, ni qu’elle est neutre. J’ai commencé, je ne sais pas quand je finirai (il me reste à peu près la moitié à ingurgiter). De plus, ma lecture est sans doute pleine de préjugés, voire de partis pris. Mais je ne suis pas a priori islamophobe. Je l’ai dit : ce sont des impressions de lecture. Ma conclusion : imbuvable.

Je dis seulement que ce que j'ai lu du Coran ne m'encourage pas à l'islamophilie, bien au contraire.

J’ai lu la Bible. Elle me fait moins peur que le Coran.

Voilà ce que je dis, moi.

Note : j'y reviendrai sans doute quand j'aurai achevé la lecture.

mercredi, 30 septembre 2015

PHILIPPE MURAY ET L'ISLAM

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La maxime (ou sentence, ou apophtegme, ou ...), quand elle est complète, dit « Omnes vulnerant, ultima necat » (mot à mot : "toutes [les heures] blessent, la dernière tue"). On la trouvait gravée sur les cadrans solaires, à l'époque où l'on savait encore prendre la mort en considération. 

Plus de 700 musulmans, à la suite d’une bousculade à La Mecque, viennent de faire le grand voyage vers le paradis promis par Allah à tous les « fidèles ». Quelle idée aussi de masser deux millions de personnes au même endroit, même si c’est pour lapider les trois stèles censées symboliser le « Sheitan » (le démon) ! La seule chose que je dirai : ils n’avaient qu’à pas. 

Est-il vrai qu’un prince saoudien a « privatisé » une voie d’accès, avec pour conséquence de créer un goulot d’étranglement ? Quand on sait que le roi d’Arabie, l’été dernier, a obtenu la privatisation d’une plage du domaine public de la Côte d’azur, on se dit que c’est bien possible, que rien ne fait peur à ces gens-là et que, quand il s’agit de leurs caprices, ils peuvent s’asseoir sans scrupules sur les lois et les considérations morales. Ce serait assez dire la désinvolture et la cruauté des maîtres à l'égard de leurs sujets (un grand "allié" de la France capable de décapiter un jeune opposant, Ali Mohamed al-Nimr, nous pouvons être fiers). 

Au sujet de l’islam, je n’ajouterai rien (pour l’heure) à ce que j’en ai dit à plusieurs reprises. Mais il se trouve que je viens de tomber sur un passage d’Ultima necat (Les Belles Lettres, 2015), le journal de Philippe Muray, qui tombe pile à propos. Jugez plutôt. 

« "L’Inquisition musulmane". On parle toujours avec des roulements d’yeux de l’Inquisition catholique. Le livre de Péroncel-Hugoz fait magistralement le tour de la question sur l’Islam (p.44 et sq.).

         Succès de l’Islam : religion de masse. Donc promise à un grand avenir. Refus de la divinité de Jésus. Refus du péché originel. Donc aucun danger, après le plaisir et la jouissance, d’être visité par un soupçon de connaissance – celle-ci ne pouvant être assurée que s’il y a culpabilité. Cette culpabilité est la condition de possibilité de la pensée. Les pays d’Islam, depuis des siècles, sont des pays de non-pensée absolue.

         Je me souviens des amis arabes de Nanouk qui me regardaient d’un drôle d’air et affectaient de ne pas m’adresser la parole. La considérant elle-même comme arabe, ils lui reprochaient de cette façon de les avoir trahis en vivant avec un chrétien et en se faisant baiser par lui. Les sourates du Coran à ce sujet, gratinées. »

On trouve ça p.377 du volume. Je n’ai pas trouvé trace de l’ouvrage de Péroncel-Hugoz cité par Philippe Muray. 

Je retiens en priorité ce que Muray dit de la « non-pensée » musulmane, mais aussi le lien de causalité qu’il établit entre jouissance, faute, culpabilité et connaissance. L’islam (je me demande pourquoi Muray met la majuscule à ce qui reste un nom commun, tout comme on dit « la chrétienté » ou « le judaïsme ») exige de ses fidèles, en tout et pour tout, la soumission (ce que signifie d’ailleurs le mot). 

Il est crucial que le chrétien (et le juif) est celui qui a été chassé du jardin d’Eden, celui qui s’est insoumis à Dieu en allant croquer précisément à l’ « arbre de la connaissance ». Ce qui sépare la chrétienté de l’islam est bien l’attitude face à la connaissance. Il y a de l'insoumission dans l'action de penser par soi-même.

Pendant que le moyen âge européen inventait la civilisation qui s’est imposée partout, l’islam a interdit aux musulmans, autour du 10ème-11ème siècle, de continuer à interpréter le Coran, c’est-à-dire de penser par eux-mêmes, imposant la toute-puissance du dogme et de tout un tas d’interdits. Le christianisme, de son côté, s’il énonce aussi des interdits, a offert un tout autre programme de vie, ô combien plus attrayant, équilibrant la soumission à Dieu au moyen de la liberté individuelle, donc de la responsabilité, notion que, sauf erreur de ma part, le musulman ignore. 

Moralité : nous autres, Européens imprégnés de culture gréco-latine et judéo-chrétienne, sachons que tout nous sépare de la culture musulmane, et que nous n'avons rien à faire avec des gens qui mettent au premier plan leur religion. Surtout cette religion-là.

Et à ceux qui nous serinent le refrain sur le « dialogue des cultures », je réponds qu'un musulman ne dialogue pas : il plaide. Il instrumentalise l'appel à la tolérance pour imposer la présence de sa religion au premier plan de notre paysage.

Je ne me laisse pas convaincre par tous les prêcheurs "laïcs" tellement empressés à se soumettre.

Voilà ce que je dis, moi.

vendredi, 26 juin 2015

L'ISLAM NE PEUT AIMER LA FRANCE

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J’ai entendu récemment le philosophe Jacques Rancière proférer une belle connerie. Plus énorme que sa célébrité dans le milieu de son milieu. C’est à propos de l’islam (eh oui, encore !). Il disait en substance qu’il n’est pas du tout sûr que le « voile » (tchador, niqab, burka, etc.) ait une signification religieuse. Eh, tête de pomme, si toutes les filles et les jacques rancière,philosophe,philosophie,tchador,niqab,burka,religion,fanatisme,france,europe,baptême de clovis,catholique,catholicisme,edwy plenel,emmanuel todd,qui est charlie ?,empire ottoman,sublime porte,bosphore,turquie,chateaubriand,mémoires d'outre-tombe,bataille de poitiers,charles martel,bataille de lépante,croisades,l'enlèvement au sérail,l'italienne à alger,lyon,canut,nizier du puitspelu,littré de la grand-côte,laïcité,guerre de bosnie,serbie,milosevic,allah,islam,musulman,tintin,tintin au pays de l'or noir,dupont dupond,cfcm,conseil français du culte musulman,nicolas sarkozy,carla bruni,georges brassens,le pluriel brassens,boualem sansal,gouverner au nomd'allahfemmes (sans parler de la façon dont les hommes en parlent) qui se baladent en cachant leurs cheveux, voire leur visage et leurs mains, te disent que c’est à cause de leur croyance religieuse qu’elles s’habillent ainsi, qu’est-ce que tu leur réponds, gros plouc ? Et ça se prétend philosophe … Il paraît même qu'il fait autorité. Un comble.

L’islam n’a pas fini d’emmerder la France, et plus généralement l’Europe, vieux continent catholique depuis 1500 ans (Clovis). Allez, disons « continent chrétien » pour ne pas vexer les protestants, bien qu'ils aient fait beaucoup de mal au continent. Les défenseurs opiniâtres des musulmans en France (Edwy Plenel, Emmanuel Todd, ...) devraient se souvenir que, historiquement, l'hostilité a toujours existé entre islam et chrétienté. Il y a là du révisionnisme. De l'aveuglement. Voire du négationnisme.

L’islam ottoman a bien tenté, mais en vain, de s’emparer de ce continent : il a laissé des traces de son passage dans quelques pays balkaniques, mais à part le petit orteil qu’il a gardé sur la rive européenne du Bosphore, il a été prié de décamper. Je dis tant mieux. Et je suis modéré : Chateaubriand, dans les Mémoires d'outre-tombe, implore l'armée du tsar de basculer les Turcs dans le Bosphore.

Je cite pour mémoire quelques hostilités historiques : Poitiers, croisades, Lépante, siège de Vienne et autres pirateries barbaresques devenues des œuvres musicales, comme L’Enlèvement au sérail ou L’Italienne à Alger. L’histoire montre « à regonfle » (comme on disait à Lyon quand on y parlait « yonnais ») que la tradition européenne n’a que faire de l’islam. Il y a incompatibilité. Et qu'on ne me parle pas d'apprentissage de la laïcité : il faudrait encore quelques centaines d'années. Même pas sûr que ça suffirait.

L’islam qui a subsisté en Europe a mis du vin dans son Coran, comme on l’a vu lors de la guerre de Bosnie, où les musulmans du cru se foutaient allègrement de la gueule des brigadistes venus, au nom d'Allah, les soutenir contre la Serbie de Milosevic, et trinquaient au whisky pendant que les autres se prosternaient sur leurs tapis de prière cinq fois par jour. 

ALLAH AKBAR.jpg

Hergé était sûrement islamophobe.

Déjà qu'il était raciste (voir Tintin au Congo).

Alors y a-t-il un « islam de France » ? La réponse, absolument formelle, est « Non » ! Pas parce que la France refuse les musulmans, mais à cause de la façon même dont la religion musulmane est organisée. Car il faut que cela se sache : l’islam, par nature et dès l'origine, n’est pas organisé. Le CFCM (Conseil Français du culte musulman) est une aberration venue par ébullition intempestive dans l’un des "cinq cerveaux" de Nicolas Sarkozy (dixit Carla Bruni quand elle était "présidente"). 

L’islam, en réalité, a quelque chose à voir avec les groupuscules trotskistes. Il obéit aux lois de scissiparité et de la dialectique maoïste réunies : « Un se divise en deux ». Quand des trotskistes se retrouvaient à cinq, ils se remémoraient et se fredonnaient (en chantant faux) la chanson de Brassens : « Le pluriel ne vaut rien à l’homme et sitôt qu’on Est plus de quatre, on est une bande de cons ». Le destin du musulman, tout comme celui du trotskiste, est de mourir seul. La division cellulaire est la loi organique des groupuscules trotskiste et de l’islam. 

SANSAL BOUALEM GOUVERNER.jpgJ’exagère ? J'abuse ? Je galèje ? Bien sûr, mais il faut bien s’amuser. Plus sérieusement, au sujet de l’islam, lisez Gouverner au nom d’Allah, de Boualem Sansal (Gallimard, 2013). Vous trouverez une liste (sûrement incomplète) des courants, au nombre de quatre : 1 – Le sunnisme ; 2 – Le chiisme ; 3 – Le soufisme ; 4 – Le kharidjisme. Je ne suis même pas sûr qu’un autre connaisseur proposerait le même découpage. Faisons comme si. 

Parce que là où ça se complique, c’est quand ça se subdivise. Rien que pour le sunnisme, il existe « quatre grands rites ». Il faut savoir que les « dignitaires de ces rites se vouent une inimitié fraternelle ». Sansal ajoute : « Ces rites sont : le malékisme, le hanafisme, le chafiisme, le hanbalisme, chaque rite s’étant lui-même scindé en plusieurs branches et rameaux ». N'en jetez plus. Ecoutons le président Mao : « Un se divise en deux ». 

Chantons après lui : ainsi soit-il. 

Voilà ce que je dis, moi.

samedi, 31 janvier 2015

L'ISLAM N'AIME PAS LA FRANCE (2)

 2

 

Si les signes vous fâchent, combien davantage vous fâcheront les choses signifiées : je ne sors pas de là. Les mots sont inoffensifs. Ce n’est pas comme les relations entre humains : là c’est sûr, ça peut dégénérer. En fait, je vais vous dire, tout dépend du rapport que chacun entretient avec son propre langage, avec ses propres mots. Tout dépend de la façon dont on croit en eux. Dont on y adhère. Dont on s'identifie à eux.

 

Le problème surgit quand on ne fait plus qu'un avec eux, qu'on y est soudé. "Raison garder", ça veut dire mettre un peu de distance entre ses mots et soi-même. Prendre un peu de recul. Ce qui veut dire : modérer sa croyance, ne pas la prendre pour La Vérité. On dit aussi "relativiser". Or, pour prendre sa croyance pour une croyance, croyez-moi, il faut avoir fait un effort puissant sur soi-même, et sur des générations. Ce n'est pas donné à tout le monde. Alors ça c’est sûr, c’est clair et net : il y a les uns, mais il y a aussi les autres. 

 

Appelons ça « les forces en présence ». D’un côté, les fronts bas. De l’autre, les cerveaux disponibles pour autre chose que les publicités Coca Cola. Ce clivage découle de deux modes d’évolution distincts : les uns se sont arrêtés en route, les autres ont continué à avancer. Les uns ? Ceux qui voulaient installer leur pouvoir sur des terres à occuper. Les autres ? Ceux qui voulaient inventer une patrie désirable.

 

Les uns ? En gros l’Islam (de l'Indus à l'Espagne, ce fut fulgurant). Les autres ? En gros la chrétienté (ce fut un travail long, souterrain et obstiné). La fulgurance de la conquête territoriale contre l'obstination de l'extension de la connaissance : je trouve que le contraste fait diablement sens. Disons même que c'est une opposition.

 

Pour l’Islam, un beau jour, je ne sais plus quelles autorités, au 10ème ou 11ème siècle, après l'expansion foudroyante de la foi "nouvelle", ont décrété : « A partir d’aujourd’hui, il est interdit de commenter, et donc d’interpréter le Coran ». Les musulmans du monde entier se sont dès lors contentés d’apprendre le Coran par cœur, pour le réciter sans réfléchir (Coran veut dire « récitation ». D'autres disent « lecture »). 

 

Les 114 sourates (seul Corto Maltese et Hugo Pratt osent en inventer une 115ème) ont dès lors contenu la totalité de la Vérité. Besoin de plus rien d'autre : tout est là, on vous dit. Une légende prétend que l'incendiaire de la bibliothèque d'Alexandrie donna cet ordre : « Brûlez les livres conformes au Coran, ils sont inutiles ; quant aux autres, ils sont impies, et comme tels, il faut les brûler ». Totalité, totalisant, totalitaire : une seule et même famille de mots.

 

Remarquez que beaucoup d’Américains (témoins de Jéhovah et autres sectes protestantes intégristes façon George W. Bush) n’ont rien à leur envier, et croient dur comme fer que la Genèse biblique est juste un reportage fidèle et scrupuleux. Oui monsieur, la Genèse est un documentaire. 

 

Pour les créationnistes (c’est leur nom), pas d’évolution. Ils sont aussi dangereux les uns que les autres (cf. Irak en 2003, puis aujourd’hui). Sans parler de Poutine. Mikhaïl Gorbatchev, pourtant fossoyeur malgré lui de l'URSS : « L'Amérique s'est égarée dans les profondeurs de la jungle et nous entraîne avec elle » (Le Progrès, 30 janvier). Je crains fort qu'il ait raison. C'est fondamentalisme contre fondamentalisme. Si les démocrates laissent les extrémistes de tous bords prendre la direction des opérations, il faut s'attendre au pire.

 

On appelle cette maladie mentale « prendre le mot au pied de la lettre ». Ce qui veut dire : prendre les mots pour des choses. Les « speech acts », inventés pas JL Austin sont tout simplement des forfaitures : aucune parole adulte n'est un acte. Penser qu’il peut exister un quelconque « blasphème », c’est retourner à l'infantilisme de la pensée magique. A l’âge de pierre. C’est valider l’incantation comme moyen de maîtriser le réel.

 

Et il n’y a pas à tortiller : la civilisation, elle, se bâtit sur la mise à distance entre le mot et la chose. Les spécialistes appellent ça "interprétation", "exégèse", "glose", "commentaire", "scolie". Il y a même une "science" pour ça : l'herméneutique. Pour résumer : la liberté de l'esprit, et non la littéralité de la lettre.

 

Pendant les mêmes siècles, et même après, dans toute la chrétienté, l’effervescence de la foi et de la connaissance : des milliers, des millions de fourmis écrivantes ont continué à s’agiter dans l’énorme fourmilière que constituaient les innombrables monastères, et à produire de la copie, du commentaire, de la glose, de l’exégèse des textes « sacrés ». 

 

Quand la pensée, y compris religieuse, cesse de travailler, elle s’arrête. La pensée musulmane s’est arrêtée voilà des centaines d’années. La pensée chrétienne ne s’est jamais interrompue. C'est la pensée chrétienne qui a abouti, pour le meilleur et pour le pire, à la science moderne. Voilà, à mon avis, pourquoi votre fille est muette, et pourquoi une caricature du prophète Mahomet met le feu au consulat français de Karachi et à huit églises au Niger (pardon : aux dernières nouvelles, on en comptait quarante-cinq). L'islam, pas plus que le Jdanov et le Lyssenko de Staline, pas plus que les créationnistes américains, n'aime ni la science, ni les scientifiques. Il veut garder la main sur la VÉRITÉ.

 

Qu’observe-t-on, en terre d’Islam, sur la longue durée ? Que reste-t-il, en terre d’Islam, des populations qui ne se cognent pas le front par terre à l’appel du muezzin ? Si peu que rien. Quelques vagues minorités, à peine tolérées, quand elle ne sont pas carrément persécutées. 

 

Et je ne parle même pas des abominations commises par les nouveaux Robespierre musulmans sur les non-musulmans (ou les mauvais musulmans) en Irak et Syrie. La Turquie laïque elle-même a évacué les « infidèles », en commençant par les Arméniens (mais les autres, peu ou prou, y sont aussi passés). Les coptes d’Egypte doivent peut-être à leur nombre d’avoir survécu. Les Arabes chrétiens ? Combien de divisions ?

 

L’Islam, une religion de tolérance et d’humanité, vraiment ? C'est comme la météo : ça dépend s'il y a du vent et si il pleut (Fernand Raynaud, "Le Fût du canon"). Non content de manifester sa haine de l’histoire préislamique (destruction des Bouddhas de Bamiyan, bâtons dans les roues des archéologues en Arabie saoudite, …), et donc de la culture au sens large, mais aussi de la modernité, l’Islam actuel, selon toute apparence, est une religion jalousement monopolistique. L'intolérance au pouvoir.  Beaucoup d’adeptes ne veulent pas qu’on leur fasse une place : ils veulent toute la place.

 

J’entends déjà les bonnes âmes et les connaisseurs s’insurger : « Mais vous faites erreur. D’abord, il n’y a pas un Islam, mais une pluralité hétérogène. Ensuite, la plupart des musulmans sont pacifiques. Ce sont des musulmans qui sont les premières victimes ». Certes, mais observez la marche des choses. Prêtez attention à ce qui se passe sur la longue durée. Restriction. Evincement. Et finalement : processus invariable d’épuration religieuse. 

 

Pour vous faire une idée de la tendance générale de l’Islam depuis un demi-siècle, lisez par exemple les pages que Robert Solé consacre à l’Egypte de Nasser dans les années 1950-60, et regardez ce qui s’y passe aujourd’hui. Tiens, où sont-elles passées, toutes les jolies femmes maquillées, élégantes, qui déambulaient en mini-jupe dans les rues du Caire ? Et il n’y a pas que l’Egypte. Le mot d'ordre : cachez les femmes ! Dire que nos féministes exigent toujours plus d'égalité, quand les Saoudiennes aimeraient bien être autorisée à conduire une voiture ! Mais la féministe est-elle seulement un peu lucide ?

 

Pendant ce temps, le gouvernement français ânonne un "ABCD de l'égalité" destiné à la communauté musulmane de France. Mais bien sûr il ne peut pas le dire comme ça : le Conseil Constitutionnel veille au grain. Résultat 1 : lettre morte dans les quartiers où les filles qui ne s'habillent pas en vêtements amples se font traiter de putes (quand ce n'est pas violer). Résultat 2 : les milieux aimablement qualifiés d' « extrême-droite catholique » descendent dans la rue pour dénoncer, non sans quelque raison, l'indifférenciation sexuelle et l'homosexualisation rampante de la société. Quand tout le monde se sent visé par une mesure très spécifique (le machisme à tout crin en vigueur dans les quartiers à majorité maghrébine), la mesure fait chou blanc.

 

Les gens informés vous diront que les pouvoirs arabes en place sont pour quelque chose dans cette évolution vers toujours plus de fermeture et de régression. Que, pour faire leurs petites affaires à la tête des Etats, ils ont laissé les religieux prendre en charge tout le social, l’entraide, la gestion du quotidien. Pourvu qu’ils ne se mêlent pas de politique, ils ont eu les mains libres. Moubarak et Ben Ali sont même allés jusqu’à leur construire plein de mosquées. En Algérie, même tableau, cette fois au nom de l’arabisation et de la décolonisation.

 

L’Islam est-il soluble dans la République ? Ma réponse est non. Pour une raison elle-même très nette :

GUERRIN MICHEL SAM 24 01 15.jpg

la religion est omniprésente dans les esprits et dans les sociétés arabes. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est Michel Guerrin dans sa chronique remarquable du Monde daté 24 janvier.

 

Il est plus que probable qu'une collectivité européenne en grande partie déchristianisée, où l'athéisme, l'agnosticisme et l'indifférence spirituelle (c'en est au point que le mot "laïcité" a depuis longtemps perdu toute signification) se disputent la plus haute marche du podium, est incompatible avec des gens qui, quoi qu'il fassent et où qu'ils soient, se trimballent avec, cousus dans leur chair à vif, leur dieu, leur prophète, leur Livre et leur tapis de prière. Et qui, à la moindre remarque, à la moindre critique, aimeraient vous voir rôtir en enfer parce qu'ils se sont sentis « offensés » par vos « blasphèmes ». 

 

L'islam a d'ores et déjà réussi à introduire son altérité radicale dans la loi française (nécessité de légiférer sur le voile), quand ce n'est pas dans la rue (port du niqab). Et ça, on me dira tout ce qu'on voudra, ce n'est pas acceptable : c'est de l'ingérence. Combien sont-ils, au total, les Abdelwahab Meddeb, les Tareq Oubrou, capables d'adhérer à l'idée de République et d'un islam moderne ? En dehors des discours bêlants des hommes politiques, de leurs appels qui sonnent creux aux « valeurs de la république » et de leurs supplications à ne pas pratiquer d'amalgames, la France est singulièrement dépourvue d'arguments pour être un jour aimée de l'islam.

 

Et disons-le dans la foulée, si l'on en croit la tournure prise par les événements un peu partout sur la planète, l'actualité récente dans le monde arabe et le visage que cette religion s'est donné dans bien des endroits à commencer par la France, l'islam n'est pas parti pour aimer la France, la République et les Lumières. Il va falloir se faire une raison : deux représentations du monde radicalement hétérogènes, peut-être incompatibles. Il faudrait que nos responsables (mais le sont-ils ?) aient le courage d'en tirer les conséquences.

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

Note : je préviens que je dénie fermement à quiconque le droit de me traiter d'islamophobe. D'abord parce que ce n'est pas vrai. Ensuite parce que c'est faux. Enfin parce que ce serait un mensonge. Bref : une diffamation.

 

Note : comme je n'ai ni l'intention, ni la capacité d'écrire un Traité savant sur la question, on comprendra que ces propos un peu schématiques comportent quelques approximations. Je raisonne à partir de là où je me situe : porte-parole de rien et de personne. Les propos tenus dans ce blog sont de première main. Si certains jugent que je caricature, je dis : « C'est possible. Et alors ? ».

 

 

mercredi, 21 janvier 2015

WOLINSKI SUITE

Une pensée aujourd'hui pour les régicides du 15 janvier 1793. Et puis ne soyons pas chien : une pensée aussi pour Louis Capet, monté à l'échafaud le 21 janvier suivant.

Oui, une pensée pour la période de l'histoire de France qui a installé durablement la coupure.

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Wolinski en 1970. C'est après l'interdiction d'Hara Kiri Hebdo sur ordre de Raymond Marcellin que s'instaure ce débat confus (et tellement daté) sur la confusion entre "politique" et "pornographique". J'ai oublié les détails. Wolinski ne pouvait pas louper ça. Aujourd'hui, j'ai l'impression que plus rien n'est politique. Et que le pornographique est devenu la normalité.

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Cette série de six dessins est tirée de la page 2 du n°2 de Charlie Hebdo, paru le lundi 30 novembre 1970. On me dira ce qu'on voudra, bien sûr, c'est dessiné à la va-vite et à la diable, mais il y a du génial là-dedans.

Wolinski avait fait paraître la bande ci-dessous, sans doute en 2006, suite à l'incendie des locaux de Charlie Hebdo (déjà un attentat !). Je n'ai ni la date, ni le support. Je profite de ce que Le Monde (daté 9 janvier) l'a republiée. Toute la "philosophie" de Wolinski est là, je crois.

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Voilà ce que je dis, moi.

 

dimanche, 28 octobre 2012

MA PETITE HISTOIRE DE LA CURIOSITE (2)

Pensée du jour : « La femme est bien dans son droit, et même elle accomplit une sorte de devoir en s'appliquant à paraître magique et surnaturelle ; il faut qu'elle étonne, qu'elle charme ; idole, elle doit se dorer pour être adorée ».

 

CHARLES BAUDELAIRE

 

Résumé : il y a dans toute curiosité une insoumission à l’ordre du monde et à une autorité suprême (Jéhovah, Dieu, Allah, le Cosmos, ...), et le curieux est un contrevenant, immanquablement chassé du paradis de l’obéissance. Dès lors, il est obligé de se battre dans l’espoir de reconstituer le bonheur perdu. C’est ce qu’on appelle la liberté (voir l’extraordinaire chapitre des Frères Karamazov consacré au « Grand Inquisiteur »). 

 

Mais si l’on fait abstraction de la circonstance somme toute extérieure que constitue le serpent de la Genèse (le principe du Mal qui s’oppose à celui du Bien), comment expliquer la naissance de la curiosité ? Satan est une trouvaille trop commode pour expliquer quoi que ce soit, je trouve. Pourquoi Adam et Eve abandonneraient-ils le confort absolu où Dieu les a placés dans un endroit où le temps ne passe pas ? Je me dis qu’il faut au moins un début de raison, non ? 

 

Cela dit, l’image que je me fais d’un tel paradis a quelque chose à voir avec le règne animal. Ne faut-il pas être un complet abruti (je parle d’aujourd’hui) pour considérer le jardin d’Eden comme un paradis perdu ? Si Adam et Eve avaient été de bons chiens (domestiques, n’exagérons pas), ils auraient léché le nez de leur seigneur et maître quand celui-ci posait un sucre sur leur truffe pour qu’ils le chopent au commandement. Dieu ne voulait que des chiens domestiqués.

 

Il s’est donc passé quelque chose. Mais quoi ? L’animalité, c’est sûr que l’homme s’en est un peu extrait, et qu’il a tenté, tant que faire se peut, de couper les ponts. D’ailleurs, ceux qui suivent un peu l’actualité peuvent se rendre compte que les débats sur le « genre » (il faut savoir que le « genre » a remplacé définitivement le « sexe », notion reconnue par tous les savantasses un peu vieillotte et même carrément dépassée), tellement à la mode aujourd’hui, tournent finalement autour de ce qu’il reste d’animalité dans l’humanité.  

 

Dit autrement : autour de ce qu’il reste de « nature » dans la « culture ». Le « sexe » est naturel, exclusivement naturel. Alors que le « genre » est culturel, exclusivement culturel. Il est universitairement et médiatiquement dangereux aujourd’hui de risquer d’être considéré comme un visqueux « essentialiste » : vous êtes impitoyablement classé sur le rayon marqué « has been ».

 

 

Cette « vérité », c’est SIMONE DE BEAUVOIR qui l’a instaurée : dans sa doctrine, en effet, « on ne naît pas femme, on le devient ». Phrase devenue le chef d’œuvre indéboulonnable des trouvailles du féminisme actuel. Le dogme par excellence. Et l’escroquerie du siècle : l’être humain, qu’est-ce qu’il fait d’autre, femme ou homme, que devenir humain ?  

 

Je suis désolé pour la fondatrice du désastreux féminisme moderne, mais il faudrait dire : « On ne naît pas HUMAIN, on le devient ». Et qu'on ne me baratine pas sur le "moment historique". Ce n’est pas pour rien qu’il faut 18 ans pour devenir majeur. La phrase de BEAUVOIR est ce qu’on appelle, en rhétorique, un « truisme ». Et c’est là-dessus que pétaradent les « Chiennes de garde » et autres « Collectif la barbe ». 

 

 

C’est sûrement une jolie formule, « on ne naît pas femme, on le devient », mais c’est quand même une magnifique imposture, en même temps qu’une belle saloperie. Qui sert à renvoyer le bon sens dans l’archéologie, voire la paléontologie du savoir, comme un morceau de la mâchoire de Lucy. C’est vrai, une femme ne naît pas femme : elle naît juste avec un sexe fendu, au lieu de la tige qui pousse aux garçons. 

 

« Essentialiste », c’est l’équivalent moderne de la « vipère lubrique » des procès staliniens, le mot étant à prendre pour une accusation, « essence » étant synonyme de « nature ». Les « genristes » voudraient bien que l’homme soit le seul être vivant qui se fabrique entièrement lui-même. Ils ont une foi inébranlable dans un invraisemblable idéal de la liberté humaine. On peut voir exposé ce genre de problématique dans Les Particules élémentaires, de MICHEL HOUELLEBECQ.

 

 

Pour le « genriste », qu’on se le dise, le désir donne un droit. Phrase à méditer : le désir donne le droit. Quel droit ? « Tout est possible, tout est réalisable », disait une publicité pour une compagnie d'assurances. Droit à l'enfant, au mariage « pour tous » (délicieuse trouvaille pour faire avaler du n'importe quoi), à mourir dans la dignité, etc. On n'imagine pas l'énormité du gisement des « droits » qui attendent juste d'être mis au jour et correctement exploités.

 

Je me suis laissé embarquer dans ma digression. Je reviens au paradis. Pour qu’Adam et Eve aient tous deux l’ardent désir de croquer dans le fruit de l’arbre de la connaissance, il a quand même fallu autre chose que ce fantasme de serpent. Et moi, je finis par me demander si ce désir n’est pas venu du fait que le premier homme et la première femme n’avaient en fin de compte qu’une confiance limitée dans leur Créateur. On les comprend un peu, à la réflexion. Car je me dis que l’absolu de l’intégrité de la pureté de la divinité de Dieu, quand on observe le monde terrestre, il ne saute pas aux yeux.  

 

Je veux dire que, dans l’esprit des premiers homme et femme, il s’est glissé comme un léger doute. Peut-être une sourde inquiétude. Quelque chose comme une question. Bon, je crois que maintenant, on peut laisser tomber Dieu, Adam, Eve et le paradis terrestre. C’était juste un détour pour introduire ce point d’interrogation. On peut maintenant s’en passer.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

A suivre.

 

vendredi, 23 mars 2012

MOHAMED MEHRA, MUSULMAN DE FRANCE ?

Musulmans de France, avant toute autre considération, vomissez publiquement et officiellement MOHAMED MEHRA ! Dites une bonne fois qu'il n'est pas musulman. C’est une condition pour vivre en paix. 

 

Introduction 

 

En France, les homosexuels de tous les sexes, les femmes de tous les « genres », y compris le genre féministe, les musulmans de tous les islams réclament l’égalité de traitement avec les autres sexes, les autres genres, les autres religions. 

 

Tous ces gens crient à l’égorgement, voire au crime historique, quand on fait mine de s’en prendre, par exemple et au hasard, aux cinq prières de l’Islam, quand elles ont lieu dans la rue ; ou bien quand une des deux lesbiennes d’un couple se voit refuser l’autorité parentale par un tribunal ; ou encore quand une agence de publicité lance (c’était il y a déjà un moment) une célèbre campagne de publicité pour la crème fraîche semi-épaisse Candia « Babette » : 

 

« Babette, je la lie, je la fouette,

et parfois elle passe à la casserole ». 

 

Dans les trois cas, la catastrophe, mes amis ! Si vous aviez vu les chiens (et les chiennes) de garde se déchaîner en concerts d’aboiements rageurs et haineux. Le paradoxe, qui n’est pas du tout amusant, c’est que tous ces gens avaient l’énorme culot de se présenter comme des « victimes » et de hurler à la « stigmatisation ». 

 

Il est aussi arrivé que les critiques de mode ne soient pas tendres, mais alors pas tendres du tout, avec certaines manifestations publiques de la dernière mode vestimentaire coranique. Pourtant, nombreuses étaient les voix qui acclamaient les superbes modèles, inspirés par Allah, retouchés par son prophète, caractérisés par l’ampleur des lignes, la profondeur des plis, le moiré des tissus. 

 

Et cette fente dans les étoffes, si habilement conçue pour donner tout son éclat à l’intensité du regard, soulignée par le trait charbonnant du khôl du meilleur goût, ah, quelle trouvaille ! Ah, cette fente dans les étoffes, qui fait trépider le cœur du fiancé le soir des noces : « Vais-je dénuder Vénus en personne ? Vais-je tomber sur un boudin moustachu ? ». On ne dira jamais assez combien il est nécessaire de préserver le mystère de l’amour jusqu’au dernier moment. 

 

Bon, je cesse de tourner autour du pot tout en noyant le poisson, c’est de l’Islam que j’avais l’intention de parler. Pour dire mon ras-le-bol. Islam par-ci, musulman par là, mosquée par ailleurs : la nausée, je vous dis ! On nous fait bouffer de l’imam, de l’UOIF, du CFCM, du DALIL BOUBAKEUR, de l’islamisme fondamentaliste, du Frère Musulman et du salafiste jusqu’à nous en fourrer dans les trous de nez. 

 

Plus possible d’écouter la radio ou de regarder la télévision sans se faire apostropher sur le « nécessaire dialogue des religions ». Plus possible de déambuler en ville sans tomber sur ces insultes ambulantes que constituent des femmes couvertes de tissu et des hommes habillés d’une grosse barbe et d’une longue robe. Je me dis : « Il est en train de se passer quelque chose ». 

 

Je vais vous dire, moi, le « dialogue des religions », je m’en tape, pour la bonne raison que les religions, toutes les religions, déjà et d’une, je m’en tape. Et que j’estime avoir le droit de vivre et de marcher dans la rue sans me faire bassiner par des religieux, quelle que soit la mitre dont ils sont coiffés. 

 

L’Europe n’a pas réussi, après de longs siècles de travail guerrier, à se laïciser, pour que des outrecuidants, le plus souvent venus d’ailleurs (c’est le simple constat d’une vérité de fait), viennent piétiner en rangs serrés le devant de la scène médiatique. Si les outrecuidants parviennent à y rester, sur le devant de la scène, c’est qu’il se passe quelque chose. Quoi ?

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

A finir demain.

mercredi, 09 novembre 2011

ACCLAMONS LE RETOUR DU MOYEN AGE

Au nom de je ne sais quel combat sacré contre un improbable nazisme résurgent, le législateur, sous la pression de groupes, de sectes et de factions, s’efforce de museler la pensée et l’expression de celle-ci, quand il estime qu'elle sort des cadres admissibles. Ce faisant, on fait de ces opinions et de ces mots des délits. C’est cela que je trouve hallucinant : inscrire des mots au Code Pénal. 

 

J’ai aussi parlé ici du « genre », récemment. Si on parle tellement du « genre » depuis peu de temps, c’est que c’est un cheval de bataille. Le surgissement du « genre » signifie qu’une autre offensive est en cours. Celle-là est homosexuelle, et vise à conquérir la légitimité légale d’une norme. 

 

Eh bien, il se passe la même chose pour la religion. Je dirais presque, en l’occurrence, qu’il s’agit d’une guerre, vu les moyens employés, que ce soit en Tunisie (destructions consécutives à la projection de Persépolis, de Marjane Satrapi) ou à Paris (cocktail Molotov contre Charlie Hebdo). 

 

Moi, je ne dirai pas un mot pour défendre la laïcité. La laïcité, je m’en fous, je m’en tape, je m’en tamponne le coquillard, je m’en bats l’anse et même les deux. Tant que le mot jouait son rôle fictif de mur de protection contre les croyances particulières, il avait son utilité. Mais aujourd'hui, il veut dire à peu près tout et son contraire, tant il a été galvaudé, et est devenu comme le paysage de ruines de l'économie mondiale : indéchiffrable et ingouvernable. 

 

Tant que la laïcité est le mur à l'abri duquel chacun conduit sa tambouille,  mystique ou non, comme il l'entend, sans se préoccuper de ce qui se passe de l'autre côté, tout va bien. Mais si, le mur une fois tombé, les croyances choisissent l'espace public comme champ de bataille  pour se faire la guerre, comme ça en prend le chemin, croyez-moi, ça va faire très mal, et ça a un peu commencé.

 

Alors je préviens solennellement, attention : PAS TOUCHE A LA LIBERTÉ D’INCROYANCE.

 

L'incroyance, l'insolence à l'égard du religieux, de tout le religieux, est la première à être visée dans le collimateur. L'incroyance sera la première victime de la chape de plomb religieuse, quand celle-ci aura rabattu son couvercle. Les croyants des diverses religions ne se supportent pas entre eux, à l'occasion, mais quand c'est leur fonds de commerce qui est en jeu, il deviennent solidaires, c'est du réflexe défensif.

 

J’ai lu dans le journal ce titre : « Les croyants en lutte contre le "rejet" des religions ». Le lendemain cet autre titre chapeautant une tribune libre : « Le symbole du Christ doit être respecté par les artistes ». Ces titres n’annoncent qu’une chose : l’encadrement, et finalement l’enfermement de la pensée et de son expression dans le Code Pénal.

 

Ces gens veulent qu’on respecte leurs croyances et sont prêts, à terme, à les faire respecter par la force. Mais curieusement, ils n’ont aucune envie d’envisager le fait que de tels titres dans les journaux, pour utiliser leurs termes, me "choquent", "heurtent ma sensibilité", "foulent au pieds les symboles et les idées auxquelles j’adhère". Pourquoi les droits qu’ils réclament pour leur chapelle me seraient-ils refusés ?

 

Messieurs les croyants, commencez par appliquer aux autres le respect que vous exigez pour vous-mêmes : respectez ceux qui ne le sont pas, et qui sont incommodés (c'est le mot le plus gentil que j'ai trouvé) par l'odeur de vos proclamations  de foi, qui se répand impudemment dans l'air que je respire.

 

En vérité, mes bien chers frères, je vous le dis : il y a de l’offensive dans l’air. Féministes, antifascistes, chrétiens, musulmans, homosexuels, tout ce beau mélange de monde en effervescence est à la manœuvre. Et je ne veux pas paraître défendre le spectacle, probablement assez bête, de Roméo Castellucci, mais il n’y a aucune raison pour qu’on se laisse intimider par ces entreprises d’intimidation.

 

La manière de procéder, en l’occurrence, fait penser à l’air de la Calomnie dans Le Barbier de Séville, que chante Basile.

 

C’est d’abord un faible vent, une brise fort agréable

Qui, subtile, discrète, légèrement, doucement, commence à susurrer.

(…) Peu à peu elle accélère, dans les oreilles des gens, elle s’infiltre habilement.

(…) Le vacarme s’amplifie, prend force peu à peu,

Vole de lieu en lieu, c’est le tonnerre, la tempête,

(…) Enfin, tout déborde, éclate, se propage, redouble,

Et produit une explosion pareille à un coup de canon.

 

C’est exactement le même processus. On commence par les allusions les plus indirectes. On continue avec les stratégies d’influence. On poursuit par l’intimidation. Et ça finit avec le code pénal. Et j’ai comme l’impression qu’en ce moment, l’étau se resserre.

 

C’est d’ailleurs très curieux : spontanément, je n’ai aucune envie d’insulter Jéhovah, Jésus ou Allah. Franchement, pour tout dire, je m’en fous. De plus, je suis d’un tempérament doux et pacifique, vous me connaissez.

 

Mais ces cacas nerveux avec arrière-pensées politiques (le Renouveau Français), ce cocktail Molotov contre un journal que je n’aime pas, ces menaces qu’on fait courir à la liberté d’expression, je vais vous dire : tout ça me fait monter la moutarde à l'hypophyse, à l'hypothalamus, voire à l'hippopotame, et me donne justement l’envie d’injurier, d’offenser, d’outrager tous ces chéris en folie qui glapissent leurs idoles vertueuses prêtes à guillotiner, leurs dieux tout puissants et féroces, leurs prophètes appelant à la guerre sainte ou leurs « genres » autoproclamés « victimes justicières ». Les « victimes » ont tendance à se montrer avec le couteau entre les dents, vous ne trouvez pas ?

 

Si vous ajoutez « droit incroyance» à « liberté d'expression », vous obtenez « droit de blasphémer », « droit d’injurier tous les dieux ». L’Europe n’a pas vidé le ciel de Jéhovah, de Dieu et d’Allah réunis pour que les « trois imposteurs » (Moïse, Jésus, Mahomet), aidés de brigades Antisexistes, Antifascistes et Transgenres de tout pelage, viennent annexer nos bottes pour les remplir de leurs excréments dévots.

 

C’est déjà largement assez de voir mon paysage social pollué par toutes ces déjections militantes, et finalement guerrières. Le marigot commence à refouler salement du goulot.  Et tout ça, à cause de quelques bouches malodorantes qui font leurs besoins dogmatiques en plein milieu de nos trottoirs. On va finir par patauger des deux pieds dans cette crotte mentale et de plus en plus arrogante.

 

Voilà ce que je dis, moi.