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samedi, 14 avril 2018

ECOLOGIE POUR UNE AUTRE FOIS

Ce billet du 4 décembre 2011, remis en ligne aujourd'hui, a été assez amplement remanié (comme on dit dans un autre secteur : "Edition revue et corrigée").

Résumé : ce qu'on appelle la pollution n'est rien d'autre que le produit logique de tous les objets qui nous donnent confort et facilité.  

Mais je vais vous dire une bonne chose : la pollution, on n’en parlerait pas si cette façon de vivre était restée confinée et circonscrite. La pollution, on ne saurait même pas ce que c’est. Tu te rends compte, le bonheur ? Au lieu de ça, c'est l'angoisse. Et pourquoi ça, je vous le demande ? Parce que tous les non-occidentaux en ont voulu. Rien que des jaloux. Pas de la pollution : des objets dont nous sommes si fiers. Tu te rends compte, le culot ? Mais c'est la loi : si tu veux les objets, tu prends la pollution dans la foulée, c'est logique et forcé, c'est livré avec. Et plus on se met nombreux à les vouloir, ces sacrés objets, plus grosse elle va devenir, la pollution, c'est logique et forcé. Plus tu consommes, plus tu pollues. C'est proportionnel. Peut-être même que, à certaines conditions, ça peut devenir exponentiel.  

Et c'est vrai, si l'usage des objets fabriqués avait été réservé aux habitants de leur aire de production d'origine, en gros et pour résumer, l’Amérique du Nord, l’Europe occidentale, l’Australie et le Japon, je vous le dis, on n'en serait pas là ! Ce qu’on appelait, il n’y a pas si longtemps, les « pays développés ». Mettons un milliard d’individus. Qui vivaient tranquilles à piller la planète en bons pères de familles. Ça pouvait durer encore un peu. Disons quelques siècles sans se faire trop de mouron. 

Tandis que là, si tout le monde s'y met, ça ne va plus être possible. Qu’est-ce qui leur a pris, à tous les autres, de les vouloir, ces objets ? Ils vivaient heureux (pas les objets, ballot !). Un mode de vie simple, pas de livres donc pas de littérature écrite, une alimentation frugale, des ambitions modestes pour les enfants, pas d'impôts, une existence « à l’ancienne », héritée des ancêtres. Ils avaient tout, sans avoir nos objets. Bon, ils ne gagnaient pas lourd, mais comme la vie ne coûtait rien ... (remarquez que, à la réflexion, c'est peut-être ça, notre problème : que ça ne leur coûte rien, de vivre : une piste à explorer). 

Les femmes gardaient vivants quelques enfants, sur une vingtaine de grossesses. Au moins, la mortalité infantile n’était pas faite pour les chiens. C’était le bon temps. Personne ne se plaignait. C’était comme ça. Quand on excisait, il n’y avait pas vingt clubs de tiers-mondistes huppés et de droits-de-l'hommistes magnanimes pour vous tomber sur le râble et vous faire renoncer à vos coutumes séculaires et barbares.  

Notez que, pour la mortalité infantile, c’était du pareil au même chez nous, deux cents ans avant. Je ne sais plus quel médecin anglais a fait faire un bond à la fertilité finale des femmes quand il a enseigné le lavage des mains aux accoucheuses et à ses collègues (je me rappelle, en janvier 1973, mon étonnement et ma légère incrédulité quand j'avais vu l'accoucheur de ma première fille procéder à un très long et très méticuleux lavage des mains, au savon de Marseille et à l'eau froide, dans un lavabo du large et long corridor de l'ancienne Maternité de la Croix-Rousse, désormais ultramoderne). On a appelé ça le progrès. On y a cru. Dans le fond, c’est la médecine européenne qui a inventé la « bombe démographique ». 

C’est vrai que l’occident, en même temps qu’il voyait se multiplier les sympathiques « créateurs de richesse », le dollar entre les dents, a vu proliférer les indispensables « grandes âmes » (sens du mot magnanime). Comment, se sont-ils écriés, nous allons chercher chez les sauvages les matières qui nous permettent d’avancer sur la voie du Progrès, et nous les laisserions éloignés des bienfaits de ces avancées ? C’est le moment de leur envoyer la médecine, et puis tiens, tant qu'on y est, le docteur Schweitzer à Lambaréné avec dans ses bagages Raoul Follereau pour lutter contre la lèpre. C'est comme ça et pas autrement qu'on a allumé la mèche de la « bombe démographique ». 

La Terre parvient à son 1er milliard vers 1800, à son 2ème vers 1925, à son 6ème en 1999. Elle vient d’atteindre son 7ème milliard (ce sont les chiffres en gros). Aux dernières nouvelles, la Terre, encore toute grosse, aurait déclaré : « Je suis contente, et j’espère faire mieux la prochaine fois ». On se croirait à l’arrivée du critérium de Tence (Haute-Loire) dans les années 1960, quand Fayard arrivait toujours premier. On l’encourage. Et on applaudit très fort. « Tiens bon, la Terre ! Allez, citius, altius, fortius ! », comme aurait dit Coubertin ou son copain curé. 

Donc, le monde non occidental vivait très bien comme ça. Disons qu'il vivait. Et puis le monde occidental a débarqué avec sa médecine. Accessoirement et en même temps, il a voulu apporter l’occident en personne. Autrement dit, en plus de la médecine, les objets, le goût des objets modernes, ceux qui marchent à l’électricité et à l'essence, ceux qui sortent des usines. 

C'est qu'il fallait bien apporter la médecine au Tiers-Monde pour transformer les populations démunies, d’abord en autant de clientèles en bonne santé, ensuite en clientèles solvables. Parce que les usines occidentales crachaient leurs objets à jet continu et que les marchés des pays développés étaient saturés. Il fallait élargir à tout prix. 

On a donc imaginé toutes sortes de « marchés potentiels » pour écouler tous ces surplus. Hannah Arendt explique ça très bien dans Les Origines du totalitarisme (deuxième partie, je crois, celle sur l’impérialisme). Elle intitule d’ailleurs drôlement un paragraphe « Embarras suscités par les droits de l’homme ». Vous m’excusez de la remettre sur le tapis, c’était juste en passant. De toute façon, ce n'est pas tout à fait ça qu'elle dit. 

L’occident a donc exporté l’occident, partout où c’était possible, ce qui veut dire « partout ». L'occident a implanté l'occident dans le monde. Le monde s’est occidentalisé dans la foulée. Et la foulée, qu'est-ce qu'elle a fait ? Elle a continué. Et il faut le comprendre, le monde, il a voulu « vivre à l’occidentale ». C'est-à-dire avec l'électricité, l'essence et l'eau courante. Et quand l'Amérique a pris la tête de l'occident, tout le monde s'est mis à vouloir adopter l' « american way of life ». Ben oui : un Progrès décisif, pour le coup, mais une Catastrophe. 

Surtout l'électricité. Plus de courant ? Rendez compte ? Plus de télévision ! Autant dire plus rien. L'angoisse. Moi, j'en rigole, rien qu'à l'idée de la pléiade d'empaffés qui seraient radicalement privés de montrer leur trombine dans le poste, et d'en toucher les dividendes. Sur la paille, Nagui, Hanouna, Bern, Salamé. Réfléchis : combien de temps passes-tu dans la journée avec quelque chose qui marche à l'électricité ou à l'essence ? Trop. Et l'énergie, électrique ou pétrolière, il faut la produire. Eh oui, les petits enfants, c'est produire et consommer qui se sont mis d'accord pour faire la vilaine pollution.

Vous allez demander s'il est possible de produire sans polluer ? La réponse est oui, mais à deux conditions : d'une part le nombre, la quantité, et d'autre part la simple satisfaction des besoins. Si tu produis juste ce dont tu as besoin, pas de problème. C'est quand l'homme commence à s'ennuyer qu'il se met à éprouver des besoins dont il n'a pas besoin. C'est quand il ne sait plus à quoi elle sert, la vie qu'il vit : il a besoin de se remplir de toutes sortes de choses dont il n'a rien à faire en réalité.    

Vivre à l'occidentale, ça veut dire, en réalité, un poste de télévision dans chaque pièce de la maison, des frigos et congélateurs pleins à ras bord, des voitures, des ascenseurs, des téléphones portables, des ordinateurs, et tout le reste. Bref, vous avez compris, le « confort moderne ». Vivre à l'américaine (ou à l'occidentale), ça veut dire : avoir trop.  

Y a pas de raison que vous autres occidentaux soyez seuls à posséder tout ça. Tout le monde a droit au trop. Et quand on y réfléchit, on se dit que c’est bien vrai : il n’y a aucune raison rationnelle pour priver de nos bienfaits matériels les six milliards d’hommes qui n’en disposaient pas encore. 

Vous avez compris pourquoi la énième conférence sur le climat, qui a lieu en ce moment à Durban, en Afrique du sud, est vraiment très mal partie. On nous dit qu’il faut abonder un fonds mondial pour le climat. D’abord, je demanderai : « Quel argent ? ». Mais l’argent, on en trouve toujours quand c’est important aux yeux des gens importants. 

Ensuite, je demanderai : « Au nom de quelle raison et de quel principe l’occident empêcherait les pays pauvres (et les pays avancés des pays pauvres, les désormais fameux B.R.I.C.S.) d’accéder au même degré de bonheur matériel qu’il a pour son compte atteint autour de 1900 ou 1920 ? ». 

La plaidoirie est remarquable, non ? Merci pour l'orateur. C’est entendu, tout le monde a le droit d’être trop riche et de consommer bien au-delà de ses besoins, exactement comme les occidentaux. Il n’y a pas de raison. Comme ça, l’extraction forcenée des ressources (étape nommée « au départ ») va s’élargir et devenir furieuse, puis tonitruante, et la poubelle (étape nommée « à l’arrivée ») va se rétrécir, puis devenir minable. Et l'humanité va y élire domicile, dans la poubelle. Ce qu'elle a un peu commencé à faire. 

Vous savez comment ça va finir, en toute logique ? Les étapes « au départ » et « à l’arrivée » vont se confondre. Concrètement, ça va donner quoi ? Ben, ça me paraît évident. Quand l’extraction forcenée va arriver dans le mur, eh bien c’est tout simple, elle va extraire directement ce qui se trouve dans la poubelle. C'est pour ça que le recyclage a l'avenir devant lui. Pierre Dac, alias Sar Rabindranath Duval, poursuit illico : « Mais il l'aura dans le dos chaque fois qu'il fera demi-tour ». 

Oui, elle va extraire directement dans la poubelle le carburant qui actionne la production de produits. J’appellerais volontiers ça « la planète autophage ». Sauf que c’est ceux qui s’agitent dessus qui vont creuser le sol sous leurs propres pieds. Je vois bien les dessins d’un nommé Granger qui dessinait dans les années 1970. Un genre d’humanité autophage.

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Il a même dessiné les pochettes des premiers disques du génie musical que le monde entier nous envie : Jean-Michel Jarre (ci-dessus Oxygène, 1976, 18 millions d'exemplaires vendus dans le monde). Bon, c’est vrai qu’il fait plutôt dans l’esbroufe et le spectaculaire que dans le musical, ne parlons même pas de l’artistique, mais Michel Granger, en dessin, ça reste une pointure. Je ne sais pas ce qu’il est devenu. 

L’objectif, c’est que sept, puis neuf milliards d’humains puissent vivre « à l’européenne ». Non, ce serait injuste : autorisons-les à vivre « à l’américaine ». A l'européenne, il faudrait juste trois planètes identiques pour que ça soit viable. A l'américaine, c'est cinq planètes, qu'il faudrait. Comme ça, ce sera plus net. 

C’est bien vrai, finalement, que l’occident (américanisé jusqu'à l'âme) est schizophrène. D’un côté, l’économie, la richesse, le progrès, le confort, la croissance, la technique. De l’autre, les principes, la justice, les droits de l’homme, les grandes âmes (« mahatma », en hindi), l'humanitaire et la charité publique, internationale et "sans frontières". D’un côté, la liberté (de s’enrichir). De l’autre, l’égalité et la justice. On est donc devant cette belle équation à résoudre : comment continuer à croître, tout en voulant imposer la justice ? 

Drôle de paradoxe, quand même : liberté + égalité = planète invivable. Vous ne trouvez pas que c'est bizarre ? Et si vous ajoutez le troisième terme, la fraternité, je crois que c'est plutôt une sorte de guerre qui se profile à l'horizon, vous ne croyez pas ?  

Je la vois déjà, la planète à 9 milliards d’hommes égaux en richesse à l’Américain moyen d’aujourd’hui. Allez, gardons le sourire. Plus ce sera rapide, moins ce sera douloureux. C'est déjà ça de gagné.

On pensera à l'écologie la prochaine fois. Ou alors une autre fois. Ou alors ... 

Voilà ce que je dis, moi.

mercredi, 09 décembre 2015

LE VINGTIÈME SIÈCLE ET LES ARTS 4/9

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LE VINGTIÈME SIÈCLE ET LES ARTS

ESSAI DE RECONSTITUTION D’UN ITINÉRAIRE PERSONNEL

(récapitulation songeuse et un peu raisonnée)

4/9 

De pouvoir (ou non) supporter la laideur.

Héritier fidèle, viscéral et obstiné de ces Lumières-là, je demeure un fervent partisan de la liberté en tout, mais, soit dit une fois pour toutes, une liberté régulée. Une liberté contenue dans des bornes. Une liberté qui accepte de se restreindre. Tout n’est pas permis à l’homme, qu’il soit un individu, une collectivité, une société, un Etat, une entreprise. Tous les désirs n'ont pas à être réalisés au prétexte que c'est techniquement possible, que l'occasion s'en présente ou parce que, « après tout, j'y ai droit ».

Même Dieu en personne n'a pas le droit de tout faire, contrairement à ce que serine le Coran (par exemple : « Décide-t-Il d'une chose ? Il Lui suffit de dire : "Sois", et elle est », sourate XL, verset 68). L’individu est doté de liberté, de désirs et de conscience, oui, entièrement d’accord, mais il est aussi socialisé, je veux dire conscient de ses limites et de ses responsabilités à l'égard de ce qui rend sa vie possible, car il reste conscient qu'il n'est rien sans son lien avec le corps social : ça lui confère des droits, mais sûrement pas rien que des ou tous les droits. Je ne suis peut-être pas qualifié pour énumérer les caractères de ce qui fait une civilisation, mais j'ai l'impression d'en avoir dessiné ci-dessus quelques traits caractéristiques.

Autant le dirigisme et l'autoritarisme (quand un autoproclamé se met à parler à l'impératif) sont faits pour maintenir l'individu dans la sujétion, la frustration, la peur et l'immaturité, autant la permissivité, le laxisme, la dérégulation à tout va, qu’il s’agisse d’un individu, d’un Etat, de l'économie ou d’une entreprise, sont des facteurs de déliaison, de morcellement de l'entité collective, d’atomisation des individus, de désagrégation du « corps social » en une infinité d'unités autonomes. Oui, pour qu’il y ait société, il y a des limites à ne pas franchir. 

Je dis cela en pensant à tous les fanatiques de la « transgression dérangeante », les adeptes de l’infraction innovante, de la provocation révolutionnaire et de l'outrage rédempteur, les casseurs de normes et de frontières et autres conformistes de l’anticonformisme, je veux dire ceux qui occupent en masse le haut du pavé de tous les terrains culturels subventionnés, de la danse au théâtre, en passant par l’opéra, la musique, la peinture et tout le reste. Toutes ces quilles que la boule impitoyable de Philippe Muray (il les traitait fort pertinemment de « Mutins de Panurge », cette formule géniale) n'a malheureusement pas réussi à abattre. Le pouvait-elle ?

Au surplus, j'ajoute que si je sais que l'intention prioritaire de l'artiste est par-dessus tout de me "déranger", de me provoquer ou de me choquer, je discerne la visée manipulatrice : pas de ça, Lisette ! Fous le camp ! Pauvre artiste en vérité qui se donne pour seul programme de modifier son public (c'était ce que voulait déjà Antonin Artaud, avec son "théâtre de la cruauté", Les Cenci et tout ça ... On a vu comment il a fini. Dire qu'il fascinait les élites culturelles !).

Pauvre artiste, qui se soucie moins de ce qu'il met dans son œuvre que de l'effet qu'elle produira : l'œuvre en question est ravalée au rang de simple instrument de pouvoir. Mégalomanie de l'artiste à la mode (c'était quand, déjà : « Sega, c'est plus fort que toi » ?), ivresse de puissance et, en définitive, un pauvre illusionniste qui s'exténue à chercher sans cesse de nouveaux « tours de magie » pour des gogos qui applaudissent, trop heureux d'y croire un moment, avant de retomber dans la grisaille interminable « d'un quotidien désespérant » (Brassens, "Les Passantes"). Après tout, ça leur aura "changé les idées" !

Je préfère que l'artiste ait le désir, l'énergie et le savoir-faire de créer à mon intention une forme qui me laisse libre de l'apprécier à ma guise. C'est ce que formule Maupassant dans la préface à son roman Pierre et Jean : « En somme, le public est composé de groupes nombreux qui nous crient : "Consolez­-moi. Amusez­-moi. Attristez-­moi. Attendrissez­-moi. Faites­-moi rêver. Faites-­moi rire. Faites­-moi frémir. Faites­-moi pleurer. Faites­-moi penser." – Seuls, quelques esprits d'élite demandent à l'artiste : "Faites-­moi quelque chose de beau, dans la forme qui vous conviendra le mieux, suivant votre tempérament" ». C'est parler d'or.

Voilà un programme qu'il est bon, nom de Zeus ! Je vois bien la contradiction : faut-il que l'artiste se retire dans son laboratoire pour peaufiner son grand œuvre sans se soucier de sa réception ? Faut-il qu'il cherche à plaire, à impressionner, en pensant à un public précis sur la plasticité et la réceptivité duquel il sait qu'il peut compter ? Il y a dilemme : y a-t-il pour autant incompatibilité ? J'essaie de répondre à la question dans un très prochain billet.

Vouloir agir sur le spectateur, c'est une intention de bas étage, de bas-côté, et même de bas-fond (au point que : « ... à peine si j'ose Le dire tellement c'est bas », Tonton Georges, "L'Hécatombe"). La création d'une forme, c'est une autre paire de manches. Les "transgresseurs" sont finalement des pauvres types, des médiocres, des minables destinés à disparaître au moment même de leur épiphanie. 

Pour revenir à l'atomisation du corps social, je signale accessoirement que faire des individus autant d’entités autonomes, dégagées de tout apparentement est une visée propre à ce qu’on appelle le totalitarisme. Si on n’y est pas encore, on n’en est pas loin. Le totalitarisme, tout soft, invisible et sournois qu’il soit, dont est imprégnée à son insu  notre démocratie (acharnée à nier et refouler cet inconscient-là) ; la frénésie et l’enthousiasme technicistes qui ont fait de l’innovation le seul idéal social encore agissant ; l’ultralibéralisme économique qui instaure la compétition comme seul horizon collectif et la marchandise comme unique accomplissement individuel, voilà, en gros, les  trois facettes de notre condition humaine qui ont fini par se fondre dans mon esprit en un tout où l’humanité de l’homme n’a plus sa place. Inutile de le cacher : c’est une vision pessimiste. 

Le pire, c’est que ce sont toutes les conditions de la vie collective qui me sont alors apparues comme affreuses. Ceci est assez difficile à exprimer en termes clairs : j’ai eu l’impression (fondée ou erronée, va savoir ...) d’acquérir progressivement une vue globale de la situation imposée à l’humanité par la « modernité ». J’ai acquis la conviction que les formes de ce qu’on appelle depuis plus de soixante ans l’ « art contemporain » ne sont pas une excroissance anormale de leur époque mais, au contraire, leur corollaire absolument logique. La même logique qui fait que l'arbre produit son fruit, et que l'Allemagne en crise produit Hitler. Eh oui, la difformité et l'aberration sont elles aussi produites, et ne sortent pas de nulle part.

Qui adhère avec enthousiasme à l’époque, est logiquement gourmand d’art contemporain, de musique contemporaine. Qui est rebuté par l’art contemporain, en toute logique, devrait diriger sa vindicte contre l’époque dont celui-ci est issu. J’ai mis du temps, mais j’ai fini par y venir. C’est alors que le processus de désaliénation (désintoxication si l’on veut) a pu s’enclencher : qui n’aime pas l’époque ne saurait aimer l’art qu’elle produit. Le lien de cause à effet est indéniable. Moi, je croyais aimer l’art de mon temps parce que je voulais être de mon temps. C’était décidé, il le fallait. 

L’art contemporain découle de son époque. Tout ce qui apparaît minable dans l’art contemporain découle logiquement du minable de l’époque qui le produit. Ce n’est pas l’art qui pèche : c’est l’époque. Nous avons l’art que notre époque a mérité. Quand laMCCARTHY PLUG.jpg laideur triomphe, c’est que l’époque désire la laideur : le vert « plug anal » géant de Paul McCarthy en pleine place Vendôme, précisément la place de Paris où sont fabriqués et exposés parmi les plus beaux, les plus précieux bijoux du monde, est logiquement produit par l’époque qui l’a vu naître. Les extrêmes – le sublime et la merde –  se tiennent par la barbichette (que le sublime qui n'a jamais tiré la barbichette du merdique avance d'un pas, tiens, il va voir !). Quand il y a neuf « zéros » après le « un » de la fortune, la merde et le diamant se valent. On croit deviner que c'est en toute logique que le bouchon d'anus (sens de "plug") de M. McCarthy suscite l'émoi "esthétique" de la dame qui porte la présente bague (à propos de bague, cf. l'autrement élégante histoire de "L'anneau de Hans Carvel", qu'on trouve chez Rabelais, Tiers Livre, 26, qui donne une recette infaillible à tous les maris qui ne supportent pas l'idée que leur épouse les fasse un jour cocus).

MC VAN CLEEF.jpgPaul McCarthy est l’humble serviteur de son temps : son œuvre est le revers infâme de la médaille dont la maison Van Cleef & Arpels (ci-contre) décore si luxueusement l’avers. Paul McCarthy est un artiste rationnel : il ne fait que tirer les conclusions qu’on lui demande de tirer. Son message ? "Parlant par respect", comme dit Nizier du Puitspelu dans son très lyonnais Littré de la Grand’Côte, quand il définit des mots et expressions "grossiers" : « Vous l’avez dans le cul ». 

Mais si l’on admet que c’est l’époque qui produit cet art déféqué, c’est moins l’art qui est à dénoncer que l’époque qui l’a vu et fait naître, tout entière. De fait, ce n’est pas seulement l’art contemporain, la musique contemporaine, c’est le 20ème siècle dans son entier qui m’est devenu monstrueux. J’ai compris que Günther Anders avait raison : au 20ème siècle, l’humanité a commencé à méticuleusement édifier la laideur d'un monde d’une dimension telle que nulle force humaine n’était plus en mesure d'en comprendre le sens, encore moins d’en contrôler la trajectoire, et encore moins d'y vivre heureux.

Et le raisonnement qu’il tient à propos de la bombe atomique s’applique à tous les autres aspects du « Système » mis en place : c’est le bateau Terre qui, faute de pilote, est devenu ivre. 

Voilà ce que je dis, moi.

lundi, 23 novembre 2015

UN MAUDIT VENDREDI 13 ...

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Devant "Le Carillon".

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... POUR DIRE LA PLACE DE LA FRANCE DANS LE MONDE

 AU SÉNÉGAL

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EN ALLEMAGNE

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EN ALLEMAGNE

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MÊME EN ARABIE SAOUDITE !

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EN CHINE

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AU ROYAUME-UNI

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AUX PHILIPPINES

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AU LIBAN

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A HONG KONG

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EN BELGIQUE

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EN COLOMBIE

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AU JAPON

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AUX ETATS-UNIS

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AU CANADA

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EN ITALIE

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EN ALGERIE

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AUX ETATS-UNIS

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EN ESPAGNE

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Moralité : en janvier, quand Cabu, Wolinski, Bernard Maris et les autres de Charlie Hebdo, ont été assassinés, j'avais été estomaqué d'apprendre que des gens, sur la place principale d'Oulan Bator, capitale de la Mongolie, eussent disposé des bougies pour crier "Je suis Charlie" !

Aujourd'hui, je (re)découvre que le monde aime la France. Aujourd'hui, les Anglais chantent la Marseillaise, et les Corses, pour une fois, ne la sifflent pas.

Aujourd'hui, je découvre que des citoyens d'origine arabe et/ou musulmane (on peut cliquer) se déclarent fiers d'être français, ou poussent un coup de gueule (idem 2'55") pour appeler les musulmans à faire le ménage, pour que des salopards cessent de salir leur "belle religion".

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Antoine Leiris, journaliste au Monde qui a perdu sa femme au Bataclan, écrit une lettre bouleversante : "Vous n'aurez pas ma haine".

“Vous n’aurez pas ma haine”

Vendredi soir vous avez volé la vie d’un être d’exception, l’amour de ma vie, la mère de mon fils mais vous n’aurez pas ma haine. Je ne sais pas qui vous êtes et je ne veux pas le savoir, vous êtes des âmes mortes. Si ce Dieu pour lequel vous tuez aveuglément nous a fait à son image, chaque balle dans le corps de ma femme aura été une blessure dans son coeur.

Alors non je ne vous ferai pas ce cadeau de vous haïr. Vous l’avez bien cherché pourtant mais répondre à la haine par la colère ce serait céder à la même ignorance qui a fait de vous ce que vous êtes. Vous voulez que j’ai peur, que je regarde mes concitoyens avec un œil méfiant, que je sacrifie ma liberté pour la sécurité. Perdu. Même joueur joue encore.

Je l’ai vue ce matin. Enfin, après des nuits et des jours d’attente. Elle était aussi belle que lorsqu’elle est partie ce vendredi soir, aussi belle que lorsque j’en suis tombé éperdument amoureux il y a plus de 12 ans. Bien sûr je suis dévasté par le chagrin, je vous concède cette petite victoire, mais elle sera de courte durée. Je sais qu’elle nous accompagnera chaque jour et que nous nous retrouverons dans ce paradis des âmes libres auquel vous n’aurez jamais accès.

Nous sommes deux, mon fils et moi, mais nous sommes plus fort que toutes les armées du monde. Je n’ai d’ailleurs pas plus de temps à vous consacrer, je dois rejoindre Melvil qui se réveille de sa sieste. Il a 17 mois à peine, il va manger son goûter comme tous les jours, puis nous allons jouer comme tous les jours et toute sa vie ce petit garçon vous fera l’affront d’être heureux et libre. Car non, vous n’aurez pas sa haine non plus.

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Gratitude au monde : nous, citoyens français, soyons à la hauteur de cet amour. Cet amour nous oblige. Des salauds nous offrent une occasion de nous ressaisir : saisissons-la.

L'espoir renaît : allons, tout n'est peut-être pas perdu ! 

 

mercredi, 10 juin 2015

FAIT PAS BON ÊTRE FRANÇAIS

Fait pas bon vieillir, paraît-il. Mais ça, on le savait déjà. On le sait même de plus en plus : je ne souhaite la maison de retraite à personne, même une maison super*****. Maintenant, il ne fait pas bon non plus faire un pique-nique quand on figure parmi des anciens, quels qu’ils soient. Ou alors, il faut aimer vivre dangereusement, comme le montre, ci-dessous, le passage que j’extrais d’un article du Progrès daté du lundi 8 juin 2015. Cent dix adhérents d'une association d'anciens organisent chaque année un pique-nique dans un stade. Le problème est venu des voisins.

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Bon, d’accord, les anciens n’appartiennent pas à n’importe quelle association. Qu’est-ce qui leur a pris d’adhérer à la FNACA (anciens combattants d’Algérie) ? Est-ce que les habitants le savaient ? Après tout, rien n'est dit de leur "origine". Juste retour des choses, doivent se dire certains. Si c'était des gamins, il faut supposer que les parents n'ont rien vu ni entendu, ou qu'ils étaient absents.

Ce que je retiens en premier de l’affaire, c’est que les attentats de janvier ont, semble-t-il, donné des idées à quelques-uns, peut-être même à plusieurs. Mais aussi que les propos rapportés ne font aucune allusion à l’Hyper Cacher, mais bien à Charlie Hebdo. La cible ne fait aucun doute. A quoi devons-nous nous attendre ?

Fait pas bon vieillir. Mais fait pas bon non plus être Français. Allez, reprenez après moi le refrain de nos "responsables politiques" : « Les valeurs de la république ... » (sur l'air de Chevaliers de la Table ronde, ça marche, j'ai essayé, paroles au gré de l'inspiration).

Ou alors tiens, entonnez, comme l'inénarrable Ségolène Royal à son ahurissant meeting de 2007 au Zénith, le célèbre et souriant refrain : « Fraternité-Fraternité-Fraternité ... », jusqu'à la transe extatique (la vidéo dailymotion est mauvaise, allez directement à 2' ; attention, elle est peut-être aussi pourrie : ne pas s'attarder si on n'a pas un bon firewall).

L'avenir nous sourit : allons-y en chantant : « Chevaliers de la république » ..., oh non, suis-je bête : « Les valeurs de la Table ronde ...».

Moralité : goûtons voir si le vin est bon.

Voilà ce que je dis, moi. 

 

Note : Les faits se sont produits dans la riante cité de Saint-Fons, banlieue de Lyon.

dimanche, 23 juin 2013

PARLONS DE PHILIPPE MURAY

 

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LA PHOTO EST PRISE EN 1913. LE MONSIEUR EST PAYSAN (SI !). PHOTO D'AUGUST SANDER.

 

***

Philippe Muray cherche ses références chez les ennemis de la Révolution et des Lumières. Par exemple, il se tourne de temps en temps vers Joseph de Maistre, dont il dit, par exemple : « Plus on cesse de croire au démon, prophétise-t-il, et plus il s’imprime en vous comme une séduction ». C’est, soit dit modestement, dans cette voie que s’engageaient mes balbutiements récents autour de la question : « Que faire avec le Mal ? ».

 

C’est vrai que je suis gêné aux entournures, et même davantage, face à ce problème, parce que, pour parler franchement, j’appartiens à cette race des enfants des Lumières, et j’ai grandi dans la vénération de 1789 et de 1848. Ce n'est certainement pas hérité de famille : grand-mère Croix-de Feu, Grand Oncle adepte des "Charles Martel", ...). 

 

Puisqu'il en était ainsi, je me suis mis à téter la République à la mamelle, et j’ai bien longtemps eu le culte de Marianne et de sa fière devise. J’ai frissonné au récit de la soirée du 26 août 1789 et au tableau de cet élan fraternel et généreux qui guida la main des rédacteurs de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.

 

Je l’avoue, j’ai gobé comme un œuf primordial l’espoir d’une émancipation humaine universelle et la croyance dans un Progrès ininterrompu, dans la marche opiniâtre d’une humanité pacifiée vers l’amélioration de son sort dans tous ses aspects. J’ai fait mienne toute la mythologie narrant par le menu cet avenir riant qui s’ouvrait devant l’humanité régénérée, dans laquelle tout individu est réputé en valoir un autre (Egalité), et où chacun est invité à promouvoir et à défendre si besoin la Liberté contre tout ce qui la menace.

 

C’est de là que je viens, et j’ai encore du mal à m’en défaire. Et le photographie,august sander,allemagne,hommes du 20ème siècle,philippe muray,le 19ème siècle à travers les âges,révolution,1789,lumières,déclaration des droits de l'homme,progrès,liberté égalité fraternité,cimetière des innocents,église catholique,francs-maçons,roi de france,bourbonspropos de Philippe Muray ne vient qu’appuyer le doute qui s’est glissé dans mon paysage depuis déjà quelque temps (j'en parlerai peut-être). Son 19ème siècle à travers les âges confirme diverses lectures précédentes. Je suis frappé par la justesse de considérations comme la suivante.

 

Montrant que le 19ème a réhabilité Satan et retourné le Mal en Bien (il faut extirper jusqu’au moindre germe de culpabilité chrétienne, dans le même temps qu’on arrache jusqu’aux racines de l’Eglise catholique) : « … ce qui apparaissait comme négatif se révèle comme persécuté … » (p.645). Les signes se sont inversés. Quelle formule géniale ! Le « négatif » (alias le Mal, le démon, Satan, la sorcière, les anormaux, les pécheurs, …) devient le « persécuté » (le handicapé, le sans-papiers, la femme, l’homosexuel, le musulman, …). Le porteur du Mal est transformé en victime. La Trouvaille !

 

Selon cette nouvelle grille de lecture, c’est donc la Société qui est coupable, ce qui inaugure mécaniquement l’ère du règne de la victime. L'avènement de la victime, prise dans les griffes de la Société. Corollaire immédiat : puisque la Société n'est plus détentrice de la Vérité et du Bien comme de critères normatifs intangibles, c'est elle-même qui produit le Mal dont elle pâtit. Et elle ne va cesser de se fouiller les entrailles et de se battre la coulpe à coups de Michel Foucault, pour extirper ce Mal d'un nouveau "genre". Cela rejoint finalement les préoccupations que j’exposais dans ma petite série de billets intitulée : « Qui est normal ? ». Tout cela semble donc se tenir assez bien.

 

La réponse à cette question, la conclusion logique du défroquage général (les hommes revêtus du noir de la soutane sont devenus, au sens propre, les « bêtes noires »)  et en profondeur de la Société et de l’enfouissement des restes du catholicisme dans ce qu’on espère être des oubliettes ? « Tout le monde est normal », chante la Société, dans le grand cantique de l'élan de communion universelle et de syncrétisme total dont elle se sent portée vers la Lumière apportée par les « Lumières ».

 

Et : « Il ne faut laisser personne sur le bord de la route ». Voilà le grand nouveau Credo, l’hymne supranational, la grande marche non-militaire qui doit conduire l’humanité, au prix, il est vrai, de torsions et supplices divers infligés à la langue et au sens des mots.

 

Je parle d’ « enfouissement » : c’est le sujet du premier chapitre du livre de Philippe Muray. Une idée lumineuse ! Peut-être un trait de génie, je ne sais pas trop. C’est l’histoire du déménagement officiel mais nocturne du Cimetière des Innocents. En 1786, ce n’est plus un cimetière, c’est un dangereux entassement de morts. L’espace dépasse la chaussée, par endroits, de plusieurs mètres. Les murs de certaines caves s’effondrent. Le voisinage des morts, sous la pression des « Lumières », est devenu gênant, voire incompréhensible. Pensez : depuis le moyen âge, qu’on enterre les morts dans ce lieu.

 

Muray fait du déménagement du cimetière et de l’enfouissement des restes humains qu’il contenait dans ce qu’on appela « Catacombes de Paris » le fait inaugural de ce qu’il désigne sous le nom de « dixneuviémité », d’ « homo dixneuviemis ». Muray avance le nombre de 11 millions d'individus, dont les os sont entreposés dans les Catacombes, à la fin du siècle « nécromantique ». Un précurseur de la Révolution, pas moins. En même temps qu’un aboutissement des Lumières. Et en même temps que l’offensive déterminante qui devait en finir théoriquement avec le règne de l’Eglise catholique.

 

Certains (n’est-ce pas, R. ?) pensent que ce sont les francs-maçons qui ont eu la peau de l’Eglise catholique. C’est sûr, ils font partie de  la conjuration. Peut-être même un élément moteur. Mais je suis convaincu, pour ma part, que jamais cette élite de l’élite n’aurait pu peser d’un poids suffisant pour mettre la papauté et tout son clergé hors d’état de nuire, et cela en un peu plus d’un siècle, s'il n'y avait pas eu consentement général (voir la fin peu glorieuse des Bourbons en 1830 et la farce louis-philipparde et "juste-milieu" qui s'en est suivie).  

 

Les francs-maçons, je veux bien, mais s’il n’y avait pas eu un mouvement intellectuel dans les profondeurs de très larges couches du « corps social », et si les francs-maçons avaient été seuls à la manoeuvre, l’offensive anti-catholique aurait pu durer encore des siècles.

 

C’est ce qui apparaît de façon claire dans le livre de Philippe Muray. La coalition des forces anti-pape est tout à fait hétéroclite et multiforme. A ses yeux s’esquisse une sorte de ligue : celle de tous ceux qui, à coups de théories socialistes, souvent fumeuses, parfois carrément délirantes, de plans phalanstériens et de tables tournantes, ont pour objectif de conduire, d’une main sûre, l’humanité vers les jours radieux d’un bonheur sans mélange.

 

C’est sûr que les théories, projets et utopies socialistes, voire communistes, ont fleuri au 19ème siècle comme bleuets et coquelicots en champ de blé (c’était autrefois). Heureusement, tous ces mirages sont allés jusqu’à effacer leurs propres traces, pour bien montrer qu’il n’aurait pas fallu, qu’ils n’auraient pas dû. Exactement la définition du mirage. Ils avaient eu le tort d’apparaître aux yeux de quelques Dupondt en train de traverser le désert sur une Jeep, allant se fracasser le nez sur l’étendue de sable qui leur faisait miroiter faussement les eaux d’un lac hospitalier (Tintin au pays de l’or noir, p. 20).

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NOTONS QUE DANS LA JEEP, LES DUPONDT AVAIENT LEURS MAILLOTS DE BAIN. C'EST LA FORCE D'HERGÉ.

Là où j'ai un peu de mal à suivre la thèse de Muray, c'est dans l'effort incroyable qu'il fait pour mettre l'occultisme au centre du processus. Ou plutôt dans les fondations et soubassements du processus. Comme une sorte d'impensé ou de refoulé de la rationalité révolutionnaire, sous la forme des croyances bizarres partagées par un grand nombre d'écrivains (George Sand, Hugo, Nerval, ...) : tables tournantes, revenants, esprit des morts, ectoplasmes, métempsycose, etc.

 

Mais là où je le rejoins totalement, c’est quand il pointe le lien de filiation assez direct qu’on peut établir entre les rêveurs infernaux du 19ème siècle (Saint-Simon et les saint-simoniens, Fourier, Proudhon, Marx, Engels et beaucoup d’autres) – qui avaient dressé les plans du bonheur définitif et universel de l’humanité sur leurs planches à dessin, magiques comme des tapis moins lourds que l’air et doués de motilité grâce aux « forces de l'esprit » (F. Mitterrand en personne, avant de mourir), – et les réalisateurs de ces rêves fous au 20ème siècle, qui portèrent les noms délicieux de Lénine, Staline, Hitler, Pol Pot et quelques autres.

 

Franchement, une fois le livre refermé, je ne vois vraiment pas ce que l’hypothèse occultiste − à laquelle Philippe Muray s’accroche comme Ismaël à son cercueil flottant à la fin de Moby Dick, quand le cachalot universel a détruit le Pequod particulier, le capitaine Achab et tout ce qui s’ensuit – apporte à l’histoire de la guerre menée par toute une société (ou pas loin) à la religion catholique, dans un gigantesque effort qu'on appelle « sécularisation », et qui aboutira au confinement de l'exercice catholique dans la seule sphère spirituelle. Autrement dit à la « laïcité ».

 

Voilà ce que je dis, moi.  

 

 

mardi, 11 juin 2013

QUI EST NORMAL ?

 

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DES AVEUGLES EN TRAIN DE LIRE, PAR AUGUSTE SANDER

(l'oeuvre de ce photographe vaut qu'on s'y attarde quelque temps)

***

Nous avons vu hier que tout ce qui est normal se situe sur une ligne droite, figurant le déroulement rectiligne du temps, le temps normal, où chaque minute est égale à toutes les autres, précédentes ou suivantes, et que tout segment de droite coupant cette ligne, perpendiculairement ou non, est appelé, selon les cas, « incident », « accident » ou « catastrophe ». C'est ce segment de droite, cette sécante qui personnifie, non, j'exagère, disons qui figure l'anormal.

 

Dans une vie parfaitement et perpétuellement normale, rien n'arriverait. L'ordinaire n'est pas un événement. L'ordinaire exclut l'événement. L'ordinaire, c'est : « Le petit chat est mort ». Ou alors le : « Rien », noté par Louis XVI dans son journal un certain 14 juillet 1789. Lui a-t-on assez reproché !

 

Alors c’est vrai que, jusqu’à présent, j’ai soigneusement évité d’aborder de front les questions qui fâchent. Quand on pose la question : « Qui est normal ? », ou sa frangine bessonne (si si, ça existe, même que ça veut dire "monozygote") : « Qui est anormal ? », tant qu’il s’agit de critères physiques, la réponse est tellement évidente qu’il n’y a pas trop de débats ou d’engueulades. Tout le monde est à peu près d’accord.

 

Je dis « à peu près », parce que ça va déjà commencer à réagir, si je dis que je range parmi les anormaux tous les gens qui se déplacent en fauteuil roulant. Il faudra donc que je précise, si je prends le risque de passer pour un salaud, que l’un des critères de base pour définir une personne normale, est la bipédie qui lui sert de mode de déplacement : deux jambes terminées par deux pieds en état de marche. On sera peut-être d’accord là-dessus, non ?

 

Même chose pour les membres supérieurs. Il m’est arrivé de manger, au 16, quai Tilsitt (1er étage, angle de la rue Sala, en face de l’église Saint-Georges et de la passerelle du même nom), à la table du docteur JD, dont l’épouse fut – avec une autre tante M. – la plus délicieuse vieille dame que j’aie jamais connue. Un bras du docteur JD (droit ou gauche, je ne sais plus) s’arrêtait au-dessus du coude. Pour manger sa viande, il n’avait besoin de personne, mais d’un couteau bien affûté. Un vrai rasoir, mais quand même une belle dextérité.

 

Le docteur JD était-il normal ? J’ai envie de répondre « oui », mais assorti d’un « presque ». Juste parce qu’il était obligé de faire pas tout à fait comme tout le monde. Disons si vous voulez qu’il y avait quelque chose de pas normal chez lui. Un bras en moins, qu’on le veuille ou non, ça suffit pour faire une sacrée différence.

 

Et si certains handicapés sont d’admirables virtuoses du fauteuil roulant, cela n’en fait toujours pas des gens normaux. Sinon il n’y aurait pas lieu, par exemple, d’organiser des Jeux Olympiques spéciaux. Tout simplement parce qu’il faut qu’ils trouvent des solutions, qu’ils luttent, qu’ils compensent, qu’ils surmontent. 

 

Le moindre geste, le moindre mouvement que les gens normaux accomplissent au quotidien sans même y penser, les met face à autant d'épreuves. Qu'on ne me dise pas, dans ces conditions, que les infirmes et autres handicapés sont « comme tout le monde », ou alors en l'assortissant d'un « presque ». Qu'on me comprenne : je ne parle pas d'eux en termes de valeur d'être humain, mais bien de tares (encore un mot qu'on va me reprocher, je sens) physiques. Et de différences concrètes.

 

Les gens normaux n'ont pas à penser à leur corps. Les gens normaux n'ont presque pas de corps. Dans la maladie et le handicap, le corps prend le pouvoir. Et quand c'est le corps qui commande, quand tu es sans arrêt obligé de tenir compte de ses limites, et donc de limiter tes ambitions, la vie devient difficile. Parfois impossible, comme c'est arrivé pas très loin de chez moi récemment. Dans la vie normale, le corps sait se faire oublier, et se contente du rôle ordinaire de simple objet de perception et d'action. De séduction. La vie, quoi.

 

Je signale en passant aux amateurs d’étymologie la curieuse origine du mot « handicap » : il s’agissait d’un jeu anglais consistant à se disputer des objets personnels déposés dans un chapeau, à un prix proposé par un arbitre. Traduit en français, ça donne : « Main dans le chapeau ». En anglais : « Hand in cap ». Et c’est pour égaliser les chances des parieurs que les meilleurs chevaux auraient été lestés de poids variables, « handicaper » devenant synonyme de « amoindrir les chances des meilleurs, pour donner leurs chances aux moins bons, pour donner du palpitant aux paris et faire battre le palpitant des parieurs ». Les sources semblent sérieuses.

 

L’amusant de l’histoire est un éclairage original : l’ « égalité » (à la française) n’est pas exactement l’ « égalité des chances » (à l’anglaise). Chez les uns, l’affaire est politique, donc grave ; chez les autres, c’est de l’ordre du jeu et du plaisir aristocratique. Ah, parlez-moi de l’ « égalité des chances », dans l’Ecole française ! Vincent Peillon, Grand Sorcier, verse-nous ton Mana quotidien d’ « égalité des chances » !

 

Bref, une personne handicapée physique n’est « pas exactement comme tout le monde », c’est-à-dire qu’elle n’est pas normale. Et cela se mesure à son degré de dépendance des autres. Plus elle a besoin des autres, moins elle est normale. Est-ce qu’une telle phrase est obscène ? Alors qu’on me dise ce que c’est, un malade.

 

Une personne handicapée physique est anormale, juste parce qu’elle a une maladie définitive. Juste parce qu’elle n’est pas dans la norme, c’est-à-dire qu’elle se situe hors de l’immense majorité statistique, quelle que soit son habileté dans le maniement du fauteuil roulant.

 

Plus elle dépend des autres, plus elle est anormale, puisque nous raisonnons sur la base de l’autonomie personnelle des individus. Depuis la Révolution de 1789, et plus exactement le 26 août : « Article I : Tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux ». C'est une Déclaration qui a fait du bruit, paraît-il.

 

Un socle en basalte, en porphyre, en granit, en ce que vous voulez, mais de toute façon sculpté dans une roche inusable, indestructible. Plus tu es libre, moins tu dépends. Plus tu dépends, moins tu es libre ; moins tu es libre, moins tu es normal. Pas de liberté sans un corps qui sait se faire oublier.

 

Message en passant à tous les adeptes du SM, ces malades de dominer ou de soumettre, qui le prendront comme ils voudront, et qui pourront toujours me répliquer qu’une déviance est une preuve de créativité par rapport à la norme, donc une preuve de liberté. Ouais. Pourquoi pas ? Bien sûr. Certainement. Si vous y tenez.

 

On ne m'enlèvera pas de l'idée qu'il est anormal d'être incapable d'avoir un orgasme sans infliger ou se faire infliger des souffrances physiques ou morales, à coups de fouet ou d'humiliation. Disons le mot : c'est une déviance. Osons le mot "perversion". J'espère que les gens qui s'adonnent à ces « plaisirs » le font comme s'ils étaient dans un jeu de rôles. Mais cela n'est pas certain. Ce n'est d'ailleurs pas exclusif. 

 

Loin de moi l'idée de faire je ne sais quelle police des moeurs, mais je n'aime pas qu'on veuille me faire prendre ma vessie pour une lanterne. « Et alors ? - Et alors il se brûle » (Pierre Dac et Francis Blanche, Le Sâr Rabindranath Duval).

 

Consentants, certes, légalement majeurs, certes, mais pour accéder à la qualité de "humainement majeur", l'âge administratif ne suffit pas. Et puis "majorité humaine", ça ne figure ni sur la carte d'identité, ni dans le casier judiciaire. Nulle part. Est-ce un tort ? Et qui aurait l'autorité et la hauteur de vue pour en décider ? L'égalité, qu'elle soit un but, une condition préalable ou un processus administratif, exclut de son champ la condition humaine, puisque, formulée ainsi, c'est-à-dire philosophiquement, elle est strictement la même pour tous. Mais je me dis que la notion de "majorité humaine" n'est pas complètement vide de sens.

 

Accessoirement, je note que, de nombreuses années après que l'homosexualité a été supprimée de la liste des affections mentales, l'APA (American Psychiatric Association) vient de pondre un dictionnaire des désordres mentaux (DSM 5). Je crois bien avoir lu qu'ils en ont trouvé 500. Coluche aurait dit : « Jusqu'où s'arrêteront-ils ? ». Je pose la question : les psychiatres de l'APA sont-ils normaux ? Beaucoup de psychiatres français semblent penser que non.

 

Il y a des jours où je me félicite d'être né sur le « Vieux Continent ». Jusqu'au jour, si je ne meurs pas avant, où je serai devenu le « Vieil Incontinent ».

 

Quoi, ça ne vous fait pas rire ? Moi si. Positivement, vous ne me voyez pas, mais là, je me marre.

Voilà ce que je dis, moi. 

dimanche, 13 janvier 2013

VERS L'ANDROGYNIE TRIOMPHANTE !

Pensée du jour :

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GUERRIER CHEYENNE, par EDWARD S. CURTIS

« Avant de revenir à la littérature, aux pièces, aux films dont l’homme a si inextricablement encombré le mois de janvier qu’une chatte n’y retrouverait pas ses petits, il sied peut-être de le considérer encore un peu à l’état pur, tel qu’il sortit de la main de Dieu. L’homme le voit venir avec tant de joie qu’il tombe pour l’accueillir dans mille extravagances. Il se répand en gestes arbitraires. Roseau pensant, il se conduit au premier de l’an comme un roseau qui ne penserait pas ».

 

ALEXANDRE VIALATTE

 

Résumé : les homosexuels vont pouvoir se marier. La messe est donc dite. Je finissais sur diverses considérations touchant la bague au doigt et sur l'histoire, racontée par RABELAIS, puis reprise par LA FONTAINE, de Hans Carvel, qui n'a d'autre solution, pour s'assurer de la fidélité de sa femme, que de faire du sexe de celle-ci un anneau permanent. Le Ciel en soit loué, nous ne vivons plus dans l'ère préhistorique de l'hétérosexualité monopolistique et triomphante.

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OÙ SE PORTE LA MAIN DE HANS CARVEL, POUSSEE PAR LE DIABLE ?

Car ces temps obscurantistes seront très bientôt balayés. Pour le plus grand bénéfice de la société, nous dit-on. « La France est rance, la France est en retard », nous serine la propagande homosexuelle à longueur de médias, enjoignant à l’ensemble de la population, qui n’en peut mais, d’enfourcher ce nouveau dada de la modernité. « Regardez, même la très catholique Espagne s’y est mise », entend-on.

 

 

Hier matin, dans l'émission Répliques, d'ALAIN FINKIELKRAUT, il faut avoir entendu le ton méprisant d'évidence péremptoire de madame IRÈNE THÉRY, qui ne cessait de couper la parole à ses deux interlocuteurs, sur le mode : « Mais voyons, vous n'y êtes pas, a-t-on idée ? » sans doute du haut de l'autorité de la science qu'elle professe (la sociologie, si j'ai bien compris).

 

 

C’est donc l’ÉGALITÉ républicaine qui se trouve aujourd’hui convoquée devant le tribunal parlementaire. Passons sur la nouvelle confiscation de valeur que constitue cet abus de langage. Passons sur le fait que les personnes concernées représentent une minorité de la « communauté » homosexuelle (puisque communauté il y a, paraît-il). Je connais un certain nombre d'homos à qui la simple idée de "se marier" apparaît tout à fait farfelue, pour ne pas dire ridicule.

 

 

Passons aussi sur l'incroyable chamboulement symbolique qu’impose (il n’y a pas d’autre mot) cette infime minorité à la totalité d’une population de 64 millions d’individus. Si c'est une loi de clientèle qui doit être votée, pourquoi ne le dit-on pas ? Car ce qui est sûr, ici, c'est que c'est une offre légale générale qui se propose de satisfaire une demande sociétale particulière. C'est bien l'ordre des choses symboliques pour tous qui change, au bénéfice de quelques-uns. Et c'est aux Etats-Unis que nous devons l'importation en France de l'idée de loi minoritaire, instaurant ainsi une sorte de privilège réservé.

 

 

 

Et la volonté générale s'incline devant le désir particulier. La nouvelle gagne à être connue : le Parlement est désormais un supermarché où les lobbies peuvent venir faire leurs emplettes. Pour y faire voter ce que les juristes appellent des « lois spécifiques », peut-être ? Des lois « ad hoc » ? Remarquez, je me suis laissé dire que c'est à peu près ainsi que fonctionne la machine administrative de la Communauté Européenne, où les lobbies du chimique, de l'agroalimentaire, du biotechnologique se bousculent entre les rayons avec leurs chariots.

 

 

Attardons-nous seulement sur l’idée que le mariage homosexuel constitue une avancée, un PROGRÈS. Il me semble que le simple fait de le présenter ainsi éclaire la scène d’un jour particulier. Car il repose sur l’idée implicite que l’homosexualité, dès qu'elle est traitée à égalité avec l’hétérosexualité, acquiert la même valeur, la même dignité que celle-ci, ce qui reste à démontrer.

 

 

Que les deux sexes soient égaux en droits et en dignité, comment ne pas en être d'accord ? Mais cela autorise-t-il à décréter les différentes sexualités (ou pratiques sexuelles) elles-mêmes égales en droits et en dignité ? Qui, s'il est de bonne foi, ne reconnaîtrait pas ici un abus de langage, un coup de force sémantique, bref, un MENSONGE ?

 

 

 

Dit autrement : la sexualité de la personne érigée en marqueur incontestable de sa dignité. L'identité de la personne se définirait par sa sexualité ? Je vois là quelque chose d'un peu hallucinant tout de même. Assez obscène, même. C'est peut-être inactuel, voire toute à fait virtuel, mais je vivais sur l'idée (toute archaïque peut-être) que la façon dont je prends mon pied ne regarde que moi.

 

 

 

Formulé autrement, je dirais que la lessive « homo » exige d'être placée juste à côté de la lessive « hétéro », dans la vitrine du magasin et sur le rayon du supermarché. « Quoi ! Tu connais pas le nouvel homo ! », aurait glapi COLUCHE. Les deux lessives sont affichées au même prix. Et ça ne vous semble pas louche ?

 

 

Soit dit en passant, une pléiade d'autres sexualités, d'autres orientations et pratiques sexuelles attendent à la porte de la loi une reconnaissance pleine et entière. Je ne vais pas énumérer : où finit le goût personnel ? Où commence la perversion ? Les lobbies n'ont pas fini de faire la queue aux caisses du supermarché parlementaire. 

 

 

Tout ça parce que le « client » est roi et qu’il doit avoir le choix. Dès l’enfance (je pense au projet de diffusion, sous couvert d'éducation à la tolérance, d’un film sur ce thème dans les écoles primaires), l’individu doit pouvoir se dire qu’il a le choix entre deux voies égales, et que c’est à lui de décider.

 

 

Alors qu’il faudrait savoir : l’homosexualité, qu’est-ce que c’est ? Résulte-t-elle d’un choix ? Est-elle la résultante d’une éducation ? D'une structure psychologique ? Une anomalie ? Une déviation ? Un destin ? Une fatalité ? Est-ce qu’on est (ou naît) homosexuel ? Est-ce qu'on le devient ? Est-ce qu’on le décide ? Il faudrait savoir. Des partisans du mariage gay pensent qu'on est homo.

 

 

Et je n'ouvre pas un nouveau front du côté des psys, parce que ça ferait beaucoup trop long. Certains (CHRISTOPHER LASCH, peut-être, mais il n'était pas psy, mais il faut impérativement avoir lu son livre La Culture du narcissisme) diraient sans doute que la loi sur le mariage homosexuel constitue l'irruption du narcissisme au coeur de nos institutions. Alors ?

 

 

Alors je crois que c’est exactement dans le fait de présenter l’homosexualité comme découlant d’un choix que se situe la PROPAGANDE. Autrement dit le MENSONGE. Il faut dire que le lobby (le "réseau", si vous préférez) fait le forcing depuis des lustres. Un forcing insidieux, peut-être, mais qui touche au but. Mon ami R. voit ici l'action des francs-maçons contre ce qu'il reste chez nous de chrétienté. Peut-être. Ce qui est sûr, c'est que la loi instaurant le mariage homo sera une loi votée sous influence.

 

 

 

L'entreprise qui trouve son aboutissement légal aujourd'hui vise, sous prétexte de déculpabiliser les franges marginales (ben oui, quoi, qu'on le veuille ou non) de la population qui se sentent attirées par le même sexe (ce qu'il ne me viendrait pas à l'esprit de vouloir interdire, évidemment, ni même contester), à installer en tête de gondole, à égalité de sens, de droit et de dignité, la lessive « homo » juste à côté de la lessive « hétéro » sur les rayons du supermarché qu'est devenue l'existence dans la société de consommation. Comme une alternative, quoi. Elle est là, la confiscation de l'idée d'égalité républicaine.

 

 

Et au bout du bout du raisonnement, qu’est-ce qu’on trouve ? L’idée que l’homosexualité constitue un progrès décisif par rapport à l’hétérosexualité. Examinez l’évolution de la question depuis les années 1970, vous y trouverez la recette pour qu’un dogme particulier finisse pas s’instaurer en vérité universelle, comme une avancée vers des lendemains qui chantent.

 

 

 

Le processus ne se restreint pas à la France. De même que le député doit transposer en droit français les directives européennes, de même, aujourd'hui, il se soumet à telle ou telle directive mondiale. Il y avait autrefois (paraît-il) une vingtaine de boîtes gay à San Francisco, elles sont (paraît-il) plus de 20.000 aujourd'hui. Qui fut premier, l'oeuf ou la poule ? L'offre ou la demande ? Curieuse évolution du sens de l'expression « société de consommation ». Le mariage homo marque le triomphe de l'idée de consommation comme seule boussole de l'existence humaine.

 

 

S’il en est ainsi, il est temps d’abolir les frontières entre les sexes. L'affaire suit son cours. Des différences faisons table rase, aurait dit EUGENE POTTIER, auteur de L’Internationale. Applaudissons à l’homosexualisation du monde ! Vive le « genre », aussi varié, divers et bigarré qu’il soit ! Longue vie à l’androgynie qui s’annonce à grands sons de trompette, comme avenir de l’humanité enfin rénovée ! L’horizon se dégage ! Pas trop tôt ! On en avait soupé, de la différence des sexes !

 

 

 

Ce qui change, dans l'histoire ? Oh, pas grand-chose. Juste ce qu'on appelait, dans des temps désomais révolus, obsolètes et archéologiques, le SENS DE LA VIE. Pardonnez ma ringardise, mon passéisme et mes gros sabots.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

vendredi, 09 novembre 2012

VOUS AVEZ DIT LACAN ? (2)

Pensée du jour :

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"SILHOUETTE" N°7

 

« L'homme est un étrange animal. Ses activités sont charmantes. Les spécialistes voient en lui une espèce d'insecte sautillant. Il fonde des villes, il dans se jerk, il sonde les mers, il chante en choeur et il boit à la ronde, il se coiffe au caranaval de chapeaux en papier. De temps en temps, il détruit la Bastille pour construire des prisons moins belles mais plus nombreuses, il tue ses rois pour avoir un empereur et le remplacer par un monarque, il adore la Raison, il se repaît de chimères, il massacre ses prisonniers. En un mot, il est libre, égal et fraternel ».

 

ALEXANDRE VIALATTE

 

 

Résumé : on a compris, j’espère, qu’il y a une recette pour me faire monter la moutarde et pour que je prenne en grippe le coupable, c’est, comme on dit, de « ramener sa science ». Certains disent plus simplement : « Celui-là, il la ramène ». Ipso facto, on a compris que la prose de JACQUES LACAN n’est pas ma tasse de thé. C’est qu’avec le « vulgum pecus » auquel j’appartiens, le « maître »(que ROUDINESCO appelle parfois « Sa Majesté », du moins il me semble) sait faire preuve d’un dédain souverain.

 

 

Mais je crois, après lecture de la biographie d’ELISABETH ROUDINESCO, que LACAN a vite compris que ce dédain était un moyen de se poser en seigneur. En un mot, comme le dit l’auteur, LACAN est avant tout un SEDUCTEUR (de femmes, de disciples, …). Or le séducteur est celui qui a par-dessus tout besoin de s’ériger en objet de désir.

 

 

Il semble avoir adopté la maxime prêtée à CESAR : « Plutôt le premier dans mon village que le second à Rome », et la démarche induite par la logique du « tout seul », pourvu que ce soit « à la tête ». Ce qui l’a conduit à se couper de toutes les organisations et autorités professionnelles, pour fonder sa propre institution. Il est ainsi sûr de rester sans rival. Dans cet ordre d’idées, ajoutons sa hantise du plagiat : se considérant (sans doute à juste titre, bien qu’il ait « emprunté » quelques-unes de ses idées de départ) comme un inventeur, il redoutait d’être dépossédé de ce titre, au cas où des petits malins auraient eu l'idée d'un pillage en règle.

 

 

Toute sa virtuosité passe dans la tactique adoptée pour se faire désirer. Se faire désirer par qui ? LACAN, pour sa part, a réussi à mettre nombre de femmes dans son lit. Il n’est ni le premier, ni le dernier : un homme qui sait s’y prendre en fait autant, ou mieux. Et puis somme toute, ça le regarde, ainsi que les femmes qui ont bien voulu. Mais là où il a été très fort, et peut-être un génie, c’est qu’il a réussi à mettre nombre de disciples dans son séminaire. Et ça, c’est beaucoup plus impressionnant que les conquêtes féminines. Comment devient-on chef d'école ?

 

 

C’est aussi assez drôle, dans le livre, de suivre (de pas trop près) les trajectoires de frôlement, d’entrecroisement  et d’interaction de tous les poissons plus ou moins gros qui évoluent dans le bocal parisien de l’intelligentsia intellectuelle et artistique des années 1930. Sur la paranoïa, par exemple, il est probable que LACAN a reçu une part de ses idées de SALVADOR DALI.

 

 

Ce qui est sûr, c’est qu’il a fréquenté les surréalistes, et qu’il s’est lié d’amitié avec le peintre ANDRÉ MASSON, l’auteur (entre autres) de l’emblème de la revue Acéphale, de GEORGES BATAILLE, un antirationaliste passionné de pulsions et de passions primitives, dont la compagne (SYLVIA BATAILLE) devint celle de JACQUES LACAN.

 

 

Passons rapidement sur une coquille marrante qui figure à la page 271 de mon exemplaire : « … la toute-puissance de l’analyste, placé en position d’interprètre dans la relation transférentielle ». De là à la position dite « du missionnaire », il n’y a qu’un pas, que je me garderai de franchir, pour garder intacte la réputation de sérieux qui est celle de ce blog. Est-ce une facétie ? Un lapsus ?

 

 

Alors finalement, quel portrait de JACQUES LACAN trace l’ouvrage d’ELISABETH ROUDINESCO ? Elle ne fait à coup sûr pas partie des dévots de l’Eglise lacanienne (certains disent la secte), où certains sont tombés dans le culte de l'idole. Mais elle reconnaît tous les apports dont il a enrichi la doctrine freudienne, en n’hésitant pas à s’opposer frontalement à des institutions (on n’imagine pas le continent que ça représente) qui, à ses yeux, avaient tendance à figer, voire à momifier la pensée du fondateur de la psychanalyse.

 

 

Elle essaie de faire le départ entre les lumières et les ombres. Et le résultat est bon. Du côté de ces dernières, je compte évidemment le style, même si des gens très compétents en la matière m’ont affirmé que la pensée de LACAN repose avant tout sur un effort de précision et d’exactitude. Je veux bien.

 

 

Un style au vocabulaire, disons, courant (à part les concepts élaborés par lui), mais à la syntaxe inspirée du MALLARMÉ le plus alambiqué, voire le plus obscur. Pour ceux qui ne connaissent pas, ça donne des phrases qu’il faut relire plusieurs fois pour en discerner la construction grammaticale, les relations entre les parties, en un mot ce que ça peut bien vouloir dire. C’est un choix, évidemment.

 

 

L’obstacle de l’obscurité, devait-il se dire, est une condition de la naissance du désir de comprendre : à l’amateur de faire l’effort d’entrer dans son système de pensée (puisque système il y a, selon ROUDINESCO), pour comprendre le raffinement et la profondeur de l’agencement des concepts mis en place par le « maître ». On se dit qu’il y a du gourou chez cet homme. Eh bien, son obscurité pour initiés, qu'il la garde !

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

Tant pis, je comptais finir ici, mais ce sera pour demain.


 

mardi, 19 juin 2012

LA DIVERSITE A L'ASSAUT

Je parlais, il n’y a pas très longtemps, de l’enfer intellectuel et moral, que certains groupes, au nom indu de notre sacro-saint principe d’EGALITE (qu’ils confondent allègrement avec l’égalitarisme à la mode sans-culotte, ROBESPIERRE et guillotine), ont réussi à introduire chez nous en revendiquant à hauts cris des « droits », en général ceux des « minorités », et en hurlant à la « discrimination ». Au besoin en inventant, en inaugurant, en s’efforçant d’imposer des « droits » à tour de bras. En général, les leurs, ni plus ni moins. Chaque inventeur de ses propres « droits » semble doté d’une imagination débordante. Des « droits » comme s’il en pleuvait.

 

 

C’est vrai, de nos jours, pour commencer à « exister », il est particulièrement recommandé à tout un chacun de brandir son petit drapeau particulier, le noir (celui du CRAN, bien sûr, présidé aujourd'hui par LOUIS-GEORGES TIN), le blanc (ah non, pardon, celui-là, il est « réac »), le féminin (le drapeau de Vénus, qui faisait déjà des manifs féministes, dans un temps que les moins de 2000 ans ne peuvent pas connaître),  l’arc-en-ciel (vous savez, la couleur – c’est selon – de la fraternisation (« PACE ») ou des militants homosexuels), franchement on ne sait plus où donner du drapeau. Ils ont tous la « DIVERSITÉ », à la bouche. Il y en a marre. Quand ce n’est pas la diversité, c’est la « PARITÉ ».

 

 

La parité, c’est simple : quand vous avez plus d’hommes que de femmes quelque part, il faut s’en convaincre, CE N’EST PAS NORMAL. Voyez, par exemple, dans une salle d’accouchement, ça devrait être 50/50. Le malheur, c’est que les accoucheurs sont le plus souvent des accoucheuses. Même qu’on les appelle des « sages-femmes », y compris quand c’est un homme qui exerce. Et qui y est venu de son plein gré, apparemment.

 

 

La « parité », c’est simple : que tu sois de gauche ou de droite (mais il paraît que c’est obligatoire à gauche ; si c’est comme ça, moi, je suis forcément de droite, peut-être pire, va savoir), et que tu sois mâle ou femelle (avec les variantes fournies par la modernité des idées et la chirurgie plastique, celle qui fore des vagins aux mecs et fait pousser des bites en érection aux nanas), c’est l’égalité étendue au sexe (je ne dis jamais « genre » ailleurs que dans la grammaire).

 

 

Et comme ce n’est pas normal, il faut redresser les torts, euh, je veux dire, résoudre le « problème », si « problème il y a. Et la solution, que dis-je, l’élixir miraculeux des militants de la « parité », c’est le QUOTA. Et que je te sors mon pourcentage de femmes chez les députés, mon taux de féminisation de la caste des sénateurs, ma proportion de femmes dans les conseils d’administration des grandes entreprises : partout, il faut que ça se claironne : « La France est en retard ».

 

 

Accessoirement, je me demande pourquoi les militantes féministes ne s’attaquent pas, a contrario, au nombre pléthorique des femmes chez les instituteurs (pardon, il faut dire « professeurs des écoles »), chez les professeurs, chez les infirmières, les assistantes maternelles, les secrétaires, etc. C’est partout qu’elles devraient réclamer la parité, ou alors j’y perds mon latin. Ce serait logique (et équitable). Parce que, si vous regardez bien, c’est d’un côté pas assez de femmes, et de l’autre pas assez d’hommes. Mais que ce monde est donc mal fait !

 

 

Pour la « diversité », c’est du pareil au même, on vous le dit, on vous le serine : on ne voit pas assez de noirs à la télévision, les grands partis ne font presque aucune place aux arabes de France, c’est intolérable ! Insupportable ! Inacceptable ! Inadmissible ! Inconcevable ! Odieux ! Scandaleux ! Inique (oui, même « inique », ça fait très bien dans la liste, « inique ») ! Bon, la liste, je ne l’ai pas épuisée, mais je m’arrêterai là.

 

 

Vous avez compris : c’est la bonne manière de dénoncer l’injustice. Parce que c’est évidemment une injustice, n’est-ce pas. « Il y a 1,8 % de Noirs (je ne suis pas sûr de la majuscule, ce n’est pas un nom propre), d’Arabes et d’Asiatiques parmi les députés, alors qu’ils représentent 10 % de la population » (source : le site du Conseil Représentatif des Associations Noires (sic, pour la majuscule)).

 

 

Par parenthèse, notez l’habileté diabolique de ceux qui ont trouvé ce sigle, qui commence par les deux mêmes lettres (C et R) qu’une structure représentant les Juifs (le CRIF de l'exalté RICHARD PRASQUIER, Conseil Représentatif des Institutions (mot qui, facétieusement, s'il avait été retenu par le CRAN aurait donné CRIN) Juives de France, au banquet duquel, par mesure de précaution, nos hommes politiques se gardent de ne pas participer chaque année).

 

 

Le sigle indique assez le genre de filiation et d’analogie dont les noirs de France se réclament (sous-entendu : les juifs ont connu la Shoah, les noirs ont été réduits en esclavage par ces salauds de blancs ; oubliant au passage tout ce que les noirs doivent, en matière d’esclavage, aux Arabes, et sur une durée bien supérieure ; oubliant que si les blancs achetaient des esclaves aux potentats africains locaux, c'est que les dits potentats étaient vendeurs de leurs « frères » de couleur ; et oubliant par-dessus le marché que les noirs ont été les premiers esclavagistes des noirs, et que ça continue, par exemple au Niger ou au Mali, alors qu'on est aujourd'hui !).

 

 

Je ne sais pas vous, mais moi, si j'aime bien manger de la salade, en revanche les salades, je n'aime pas trop qu'on m'en raconte, surtout par tombereaux entiers. Avis à Madame CHRISTIANE TAUBIRA, l'auteur d'une loi pleine de louables intentions moralisatrices à l'égard des blancs, qui sont les invités exclusifs à se battre la coulpe jusqu'à l'os. J'invite les noirs, pressés de hurler contre les anciens colonisateurs, à balayer devant leur porte, comme on dit.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

A suivre.

 

vendredi, 16 mars 2012

BESOIN D'EPOUVANTAILS

Résumé : nous avons assisté au défilé de mode de dictateurs de générations différentes, plus ou moins à la page pour ce qui est du sang sur les mains, et surtout à leur désignation très smart, par le soin de puissances occidentales avides de convaincre le monde, y compris à coups de bombes, qu’elles constituent le seul « camp du Bien® » présentable et disponible sur le marché, pourvu qu'on y mette le prix. Pour le camp du Bien®, rien de tel qu'un bon Diable pour exister.  

 

 

Qu’on se le dise, le « Bien® » est une marque déposée à l’INPI et appartient au monopole qui a lancé le produit sur le marché mondial. Il ne saurait être partagé. Il est huniversel (avec « h » aspiré). Dans le temps, comme disait FERNAND RAYNAUD : « Ça eût payé ! Mais ça paie plus ».

 

 

Ouvrons la parenthèse et illustrons notre propos.

 

 

Regarde comment ça s’est passé, pour KHADDAFFI. La France a la chance ingrate de posséder un archange exterminateur en la personne de Saint BERNARD-HENRI LEVY (ingrate, parce qu’elle refuse de reconnaître la dette de gloire et de prestige qu’elle a contractée envers lui). Ce n’est pas à lui seul qu’on doit la chute du colonel libyen, mais sans lui, rien n’eût été possible. Enfin, c’est ce qu’il dit.  

 

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SAINT BHL EN TRAIN DE SIGNER

LA CREME DE LA TARTE QU'IL VIENT DE

PRENDRE SUR LA FIGURE

 

Et regarde, maintenant que la Libye est débarrassée de son tyran, à qui toutes les puissances du continent et d’ailleurs devaient une part de leur fortune, comme tout va mieux : la liberté la plus grande règne, et l’on en a fini avec le carcan policier et militaire ; l’égalité la plus totale s’est imposée dans tous les rapports sociaux, en particulier entre les hommes et les femmes ; la fraternité la plus merveilleuse est de mise dans les relations entre les individus, qui n’en sont pas encore, cependant, à se laisser déposséder de leur kalachnikov, qu’ils gardent sous l’oreiller la nuit, au cas où.

 

 

A part ça, on peut claironner à la face du monde que le Mal a disparu de la surface du territoire libyen. De la surface seulement, car en dessous de la surface, il y a, ne l’oublions pas, de fantastiques réserves de Bien, dont l’unité de mesure est le baril (159 litres environ).

 

 

Ce n’est pas encore le paradis, mais pas loin. Oh, pour ceux qui chipotent, c’est vrai que les tribus de Cyrénaïque ont décrété que la province était autonome du pouvoir central. C’est vrai qu’une ville du sud, occupée par des partisans de l’ancien dictateur (on se demande vraiment où les journalistes vont chercher tout ça), a fait mine de se rebeller, mais le pouvoir central va résoudre l’incident dans les plus brefs délais.

 

 

A part ça, on vous jure, tout baigne. Le monde est débarrassé d’une sale engeance, et ceux qui ne sont pas morts sont heureux. C’est NICOLAS SARKOZY qui vous le dit, lui qui a joué son coup de poker susurré par son archange exterminateur Saint BERNARD-HENRI LEVY.

 

 

Les mauvaises langues diront que les compères, après avoir mis le pays à feu à sang, le laissent dans l’anarchie et dans la charia (c’est du moins ce qu’a décrété un des chefs au lendemain de la mort de KHADDAFFI).

 

 

Et accessoirement que, grâce à l’intervention occidentale, tout le Sahara est désormais inondé d’armes de tout calibre, y compris des « orgues de Staline » et des missiles de plus longue portée. C’est Al Qaïda qui se frotte les mains. Et regardez les Touaregs en Mauritanie. Le camp du Bien sait ce qu’il fait, on vous dit. Le camp du Bien ne peut pas se tromper.

 

 

Moralité ? Il n’y en a pas. Il a l’air malin, le camp du Bien, maintenant que l’ennemi personnifié dans le Grand Diable KHADDAFFI est effacé des tablettes. Qui peut dire aujourd’hui quelles sont les forces qui foutent la pétaudière en Libye ? Pas moi. L’Occident a cependant bonne conscience.

 

 

Fermons pudiquement la parenthèse.

 

 

Ah non, quand même, pas tout à fait, car un autre Grand Diable est né entre-temps, en Syrie, c’est dingue, ils se reproduisent comme la vermine. Mais que fait NICOLAS SARKOZY ? Que fait BERNARD-HENRI LEVY ? Alors, messieurs, on tire un coup, et après plus rien, rideau, on remballe ?

 

 

Bobonne elle-même, dans son lit conjugal, qu’elle s’appelle ARIELLE DOMBASLE ou CARLA BRUNI, a droit à son deuxième service, non ? Et pourquoi pas à son troisième ? Ou alors, ces messieurs laissent leurs épouses se palucher pour se finir ? « Nuits de Chine, nuits câlines, ... ». 

 

 

Dis-nous, CARLA, alors, c’était pour la frime, ce qu’il disait, NICOLAS : « Les Français sont contents d’avoir un président qui en a et qui s’en sert » ? C'est vrai qu'on a toujours l'impression qu'il plastronne, le petit, qu'il se vante. S'il tient aussi bien ses promesses conjugales qu'électorales, j'espère que ces dames trouvent ailleurs de quoi combler leurs attentes.

 

 

Bon, c'est pas tout ça, messieurs, mais vous avez un BACHAR EL ASSAD sur le feu. Et plus vite que ça.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

A suivre.