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jeudi, 07 janvier 2016

CHARLIE HEBDO : DOUZE MOIS !

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In Memoriam CABU, WOLINSKI et LES AUTRES. 

« Vous qui voyez la lumière,

De nous vous souvenez-vous ? »

"Pensées des morts", Lamartine, Georges Brassens.

 

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Frédéric Boisseau, Agent d’entretien.

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Franck Brinsolaro, Policier du Service De La Protection (SDLP).

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Jean Cabut, dit Cabu, Dessinateur.

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Elsa Cayat, Psychanalyste et Chroniqueuse.

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Stéphane Charbonnier, dit Charb, Dessinateur et Directeur de Charlie Hebdo.

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Philippe Honoré, Dessinateur.

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Bernard Maris, Economiste et Journaliste.

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Ahmed Merabet, Policier.

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Mustapha Ourrad, Correcteur.

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Michel Renaud, organisateur à Clermont-Ferrand d’une exposition de dessins de Cabu, à qui il les rapportait un certain 7 janvier.

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Bernard Verlhac, alias Tignous, Dessinateur.

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Georges Wolinski, Dessinateur.

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Que des gens à peu près normaux, quoi !

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« Oui mais jamais au grand jamais

son trou dans l'eau ne se refermait :

cent ans après, coquin de sort,

il manquait encore. »

(cliquer pour 5'46" de chaleur)

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Ce n'était déjà pas joli, le défilé (en fait, 10 minutes avant de s'esbigner) de chefs d'Etat, le 11 janvier 2015, en hommage à des gens qui vomissaient, sur tous les pouvoirs en place, leurs mots et leurs traits, mais les plaques solennellement dévoilées par notre guignol présidentiel, et avec la grotesque componction et l'imbécile raideur dans lesquelles il aime tant se draper, c'est vraiment très moche. Et je ne parle pas du Y au nom de Wolinski. Il n'a pas vu, Hollande, que c'est marqué "Pas touche !" ? Non : cet homme n'a pas le sens du sacré.

Et ce d'autant plus que, plus le temps passe, plus on découvre que les services de renseignement français ont salement merdé : voir Le Canard enchaîné du 6 janvier sur la disparition du PV mentionnant la présence de Kouachi devant Charlie Hebdo, qui venait en repérage trois mois avant les attentats. Ils font koua, dans leurs bureaux, les flics ? Ils grattent du papier ?

C'est le même Hollande qui, quand il va en Arabie Saoudite, passe l'honneur de la France au kärcher pour que les Arabes lui achètent le plus possible de ses joujoux militaires, en fermant les yeux sur les décapitations, le wahabisme (la frange la plus rétrograde et rigoriste de l'islam sunnite) et la condition faite aux femmes. Et le lendemain, il n'éprouvera nulle honte à en appeler aux "Valeurs de la République". Mais qui peut croire sérieusement à ces "valeurs", quand elles sont proclamées par ce fantoche qui vire à tous les vents ?

Et pendant ce temps, Valls s'assied bonnement sur l'état de droit quand il annonce tranquillement que la démocratie n'en a plus pour longtemps, puisqu'il prépare activement l'installation d'un Etat policier et d'une société de la peur en lieu et place de la République française, en transférant toujours plus de pouvoir de la justice et des juges vers la police et les préfets, au prétexte qu'il faut "lutter contre le terrorisme". Tout en faisant mine de s'inquiéter de la "dérive autoritaire" en cours en Pologne. Les Français sont massivement d'accord, du moins selon les sondages.

Si les sondages ont raison (ça arrive quand même de loin en loin, même si c'est par hasard ou par erreur), il est temps d'avoir la trouille.

mardi, 08 décembre 2015

LES ILLUMINATIONS DE LYON

La "Fête des Lumières", à Lyon, non, je ne connais pas ce produit d'importation récente, et je ne veux pas le connaître : c'est pour les agences de voyages, pour l'invasion de la ville par les cars de touristes venus spécialement, pour les hôtels dont le taux d'occupation grimpe alors en flèche. Je suis très heureux que cette "Fête des lumières" qui n'a jamais été la mienne ait été annulée.

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Ce que je connais parfaitement, en revanche, et depuis que je suis tout gone, ce sont les "Illuminations du 8 décembre". Ce que je connais, ce sont les verres cannelés et les lumignons qui vont dedans, à cause du tremblement dont chaque branche de ces étoiles est agitée quand on les regarde du dessus. Ce que je connais, ce sont les barres lumineuses aux rebords des fenêtres, qui scintillent et dessinent leurs lignes droites en façade des nobles immeubles des rives du Rhône et de la Saône, à peine flottantes dans une vague brise de fin d'automne. Pour donner une toute petite idée, voici l'effet que donnent, dans une rue de Lyon, deux rampes lumineuses qui se font face.

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Les photos sont exécrables, mais je dédie chacune de ces étoiles à chacun des morts du 13 novembre. Aux morts du 7 janvier : l'équipe de Charlie Hebdo : Cabu, Wolinski, Bernard Maris, Charb, Tignous, ainsi qu'à tous les autres et à ceux de l'Hyper Cacher.

mercredi, 25 novembre 2015

CABU CHEZ LA VOYANTE

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On reconnaît Cabu à sa coupe de cheveux. On reconnaît Wolinski à son gros cigare. Les deux autres, j'ai du mal à les identifier. Bernard Maris ? Tignous ? Charb ? Ils sont morts en janvier dans les locaux de Charlie Hebdo, assassinés par les frères Kouachi. J'avoue que ce dessin de Dutreix m'avait échappé en janvier. Mais aujourd'hui, il me saisit à la gorge : je le trouve d'une justesse, d'un tragique et d'une drôlerie absolus. Il y a avant, et puis il y a après, sur le thème de : si on leur avait dit ...

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Quelle poilade, les copains !

Ce dessin, republié dans "Le Monde des livres" du 20 novembre fait aujourd'hui écho à ce que déclare Laurent Camax, époux de Claire, morte au Bataclan. Voici ce qu'écrit Fabrice Lhomme, rédacteur de la notice : « Laurent Camax évoqua avec sa femme le risque terroriste : "J'étais dans le déni total de ce fléau, raconte-t-il. Je me souviens avoir dit à Claire qu'on avait autant de chances de mourir à cause du terrorisme que de gagner au Loto sans y jouer. Aujourd'hui, elle se moquerait bien de moi ..." » (Le Monde, 23 novembre, pour son "Mémorial du 13 novembre"). Il y a avant, et puis il y a après.

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Claire Camax est morte, assassinée, au Bataclan, le vendredi 13 novembre 2015. Le couple avait deux enfants, de trois et sept ans.

Et merde !

Voilà ce que je dis, moi.

 

lundi, 23 novembre 2015

UN MAUDIT VENDREDI 13 ...

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Devant "Le Carillon".

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... POUR DIRE LA PLACE DE LA FRANCE DANS LE MONDE

 AU SÉNÉGAL

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EN ALLEMAGNE

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EN ALLEMAGNE

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MÊME EN ARABIE SAOUDITE !

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EN CHINE

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AU ROYAUME-UNI

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AUX PHILIPPINES

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AU LIBAN

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A HONG KONG

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EN BELGIQUE

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EN COLOMBIE

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AU JAPON

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AUX ETATS-UNIS

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AU CANADA

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EN ITALIE

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EN ALGERIE

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AUX ETATS-UNIS

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EN ESPAGNE

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Moralité : en janvier, quand Cabu, Wolinski, Bernard Maris et les autres de Charlie Hebdo, ont été assassinés, j'avais été estomaqué d'apprendre que des gens, sur la place principale d'Oulan Bator, capitale de la Mongolie, eussent disposé des bougies pour crier "Je suis Charlie" !

Aujourd'hui, je (re)découvre que le monde aime la France. Aujourd'hui, les Anglais chantent la Marseillaise, et les Corses, pour une fois, ne la sifflent pas.

Aujourd'hui, je découvre que des citoyens d'origine arabe et/ou musulmane (on peut cliquer) se déclarent fiers d'être français, ou poussent un coup de gueule (idem 2'55") pour appeler les musulmans à faire le ménage, pour que des salopards cessent de salir leur "belle religion".

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Antoine Leiris, journaliste au Monde qui a perdu sa femme au Bataclan, écrit une lettre bouleversante : "Vous n'aurez pas ma haine".

“Vous n’aurez pas ma haine”

Vendredi soir vous avez volé la vie d’un être d’exception, l’amour de ma vie, la mère de mon fils mais vous n’aurez pas ma haine. Je ne sais pas qui vous êtes et je ne veux pas le savoir, vous êtes des âmes mortes. Si ce Dieu pour lequel vous tuez aveuglément nous a fait à son image, chaque balle dans le corps de ma femme aura été une blessure dans son coeur.

Alors non je ne vous ferai pas ce cadeau de vous haïr. Vous l’avez bien cherché pourtant mais répondre à la haine par la colère ce serait céder à la même ignorance qui a fait de vous ce que vous êtes. Vous voulez que j’ai peur, que je regarde mes concitoyens avec un œil méfiant, que je sacrifie ma liberté pour la sécurité. Perdu. Même joueur joue encore.

Je l’ai vue ce matin. Enfin, après des nuits et des jours d’attente. Elle était aussi belle que lorsqu’elle est partie ce vendredi soir, aussi belle que lorsque j’en suis tombé éperdument amoureux il y a plus de 12 ans. Bien sûr je suis dévasté par le chagrin, je vous concède cette petite victoire, mais elle sera de courte durée. Je sais qu’elle nous accompagnera chaque jour et que nous nous retrouverons dans ce paradis des âmes libres auquel vous n’aurez jamais accès.

Nous sommes deux, mon fils et moi, mais nous sommes plus fort que toutes les armées du monde. Je n’ai d’ailleurs pas plus de temps à vous consacrer, je dois rejoindre Melvil qui se réveille de sa sieste. Il a 17 mois à peine, il va manger son goûter comme tous les jours, puis nous allons jouer comme tous les jours et toute sa vie ce petit garçon vous fera l’affront d’être heureux et libre. Car non, vous n’aurez pas sa haine non plus.

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Gratitude au monde : nous, citoyens français, soyons à la hauteur de cet amour. Cet amour nous oblige. Des salauds nous offrent une occasion de nous ressaisir : saisissons-la.

L'espoir renaît : allons, tout n'est peut-être pas perdu ! 

 

mercredi, 14 janvier 2015

SIGOLÈNE VINSON

Billet d'abord publié le 14 janvier 2015.

Je pense encore à l'équipe de Charlie Hebdo, évidemment. A la mort irrémédiable d'un cousin, d'un frangin, d'un vieux frère nommé CABU. La grande bringue appelée Le Grand Duduche lui ressemblait. Quasiment "au naturel". Je n'en reviens pas, qu'il soit mort. Et qu'il soit mort comme ça.

J'y pense d'autant plus que j'ai appris des choses terribles sur les blessés, quatre en particulier.  

SIMON FIESCHI est le plus gravement blessé. Il était le webmaster du site. Apparemment, il a reçu une balle dans la colonne vertébrale.

LAURENT SOURISSEAU, alias Riss, dont le dessin me tape en général sur les nerfs, aurait reçu une balle dans l'épaule.

PHILIPPE LANÇON, je connais le critique littéraire de Libération, et j'aime beaucoup en général ce qu'il écrit. Qu'est-ce qu'il faisait là ? Je n'en sais rien. Toujours est-il qu'il aurait pris une balle terrible dans la mâchoire.

FABRICE NICOLINO, j'étais à mille lieues de lui imaginer des liens avec Charlie Hebdo. Je venais de lire son bouquin Un Empoisonnement universel, que je recommande vivement à ceux qui, en plus du terrorisme, ont la trouille du monde à venir tel qu'il s'annonce dans sa composante chimique. Lui aurait été très grièvement blessé aux jambes. Le médecin a déclaré : « Il a eu beaucoup de chance ».

Je ne connais pas la vitesse initiale (V0) du projectile des Kalachnikov. Je sais que le 5,56 NATO (5 mm et demi, autant dire rien du tout), avec ses 1300 m/s de V0, entre par un trou d'abeille, mais sort par un œil-de-bœuf. De quoi imaginer ce qui se passe dans la chair et dans les os.

Dans quel état sont-ils ? Dans quel état vont-ils sortir de là ? L'inquiétude reste vive.

Nous prendrons des nouvelles.

Voilà ce que je dis, moi.

 

Note : il faut absolument lire Le Monde daté du 14 janvier, pour ajuster les informations ci-dessus. Pas forcément tout. Juste les pages 10 et 11. Lisez d'abord et surtout l'article de Soren Seelow, la journaliste qui a recueilli le témoignage de Sigolène Vinson, qui était chroniqueuse judiciaire à Charlie Hebdo. Un témoignage à vous saisir aux tripes.

Sigolène Vinson raconte en particulier son face-à-face avec Saïd Kouachi, qui « avait de grands yeux noirs, un regard très doux ». Elle ajoute : « Je ne veux pas perdre son regard car Jean-Luc est sous la table ». Jean-Luc, c'est le maquettiste. Il doit sans doute la vie à ce désir de Sigolène Vinson d'aimanter les yeux de Saïd Kouachi. 

Sigolène Vinson dialogue avec lui, qui crie à plusieurs reprises : « On ne tue pas les femmes ! » à son frère Chérif. Trop tard, Elsa Cayat y est passée. Lisez ensuite l'article de Marion van Renterghem. Elle nous apprend quelque chose sur ce qui fait l'essence, l'esprit de Charlie Hebdo. Le mauvais goût assumé, revendiqué.

Pour le génie, c'est ceux qui n'y sont plus qui le faisaient.

mardi, 13 janvier 2015

QUE S’EST-IL PASSÉ ?

 OUI : QUE S’EST-IL PASSÉ ?

Le 11 septembre 2001, je l’avoue, au moment où j’ai su l’attentat contre les USA, je me suis réjoui. Je me suis dit : « Enfin ! Voilà punie l’arrogance américaine » et sa prétention toute-puissante à gouverner le monde, au prétexte que la chute du Mur et la fin de l’Union Soviétique marquaient la victoire définitive du Capital sur le Travail.

Le 7 janvier 2015, plus rien de tout ça n’est vrai. Mais rien n’est pareil non plus. La France est la 5ème  ou 6ème puissance économique mondiale, loin derrière les deux hyperpuissances.  Ce qui fait le point commun entre le 11/9/01 et le 7/1/15, c’est le côté spectaculaire de la chose : à New York, l’arrogance américaine avec ses deux constructions de 400 mètres de haut. 

Mais à Paris, avec Charlie Hebdo, peut-on sérieusement parler d'arrogance française ? Aux yeux de certains, il faut croire que oui. Mais qui ne voit la dissymétrie radicale qui sépare le cas français de l'américain ? Au nombre de morts, à l'énorme disproportion des moyens mis en œuvre par les criminels, aux dimensions des objectifs qu'ils visaient, non, il n'y a pas photo. Et pourtant, l'émotion universelle est d'une intensité comparable. Alors oui, que s'est-il passé ?

D’un côté, je me dis qu'il y a quelque chose d'essentiel qui nous sépare, voire nous éloigne des Américains. Ben oui quoi : du côté World Trade Center, le Commerce Mondial, le Profit, la Bourse, le Dow Jones, le Cac 40, les subprimes, les actionnaires à 15% par an, des banques géantes plus puissantes que des Etats ; du côté des bonshommes formant l'équipe de Charlie Hebdo, des vapeurs et des fumées qui ont nom la liberté et l’insolence. Et puis aussi la rage provoquée par la certitude que le système en vigueur n’a qu’une seule issue : la destruction de la planète à échéance plus ou moins éloignée.

De l’autre, je me dis qu’il y a une foule de cinglés qui, ayant bien compris les tenants et les aboutissants du système, voudraient bien s’approprier par tous les moyens possibles, à commencer par la violence, les avantages et les profits qu’il génère, et pour en éliminer les bénéficiaires qui, anesthésiés par la longue jouissance des dits avantages et profits, se sont endormis avec confiance dans la certitude qu’ils dureraient éternellement. La lourde sieste européenne en est la lourde illustration. Le réveil est brutal.

Ce qui nous sépare des Américains, ce qui sépare les super-héros Marvel des simples humains de Charlie Hebdo, ce qui sépare les tours géantes du WTC de Cabu (77 ans aujourd'hui), Wolinski, Bernard Maris, Tignous, Philippe Lançon, Fabrice Nicolino, Luz, Patrick Pelloux, les morts, les blessés, les rescapés, c’est la distance qui sépare la matière de la pensée. Autant dire un gouffre.

Et ce qui m’a bouleversé, je dois l’avouer à ma honte et à mon émerveillement, c’est que le monde entier semble s’être levé pour hurler contre l’agression contre Charlie. Pensez, en Mongolie, à Oulan Bator, des lettres de feu pour dire « JE SUIS CHARLIE » ! En Mongolie ? En Mongolie ! Allons donc ! Vous imaginez ça ? Eh ben oui, c’est vrai ! Même si certains esprits malveillants suggèrent qu’avec des Mongoliens, on peut s’attendre à tout. Mais ça se passe aussi à Rio de Janeiro, à Londres, à Rome, à Tel Aviv, à Montréal, enfin bref, partout ou presque.

Oui, que s’est-il passé ? Tout d’un coup, je ne comprends plus rien. Le monde se dresse ! L’Europe entière pleure dans les bras de François Hollande ! Le monde entier manifeste sa révolte et sa compassion. Sa haine des assassins. Voilà : que s’est-il passé ? Il faut quand même que ce soit diablement important, pour que des millions d’hommes se sentent atteints jusqu’au cœur « d’une atteinte imprévue aussi bien que mortelle » (on ne se refait pas). Nous sommes dépassés par une idée plus haute que nous-mêmes, une idée dont les Français n’ont même plus idée. 

Moi, humblement, je me dis que oui, peut-être, la France forme encore une drôle de figure à la face du monde actuel. Je me dis que, peut-être, le monde attend que la France produise encore ce qu’elle a fait si bien depuis si longtemps : du symbole. Une société libre, égale et fraternelle (je ne peux plus entendre seriné le refrain Liberté Egalité Fraternité, surtout sorti des anus qui servent de bouche à nos politiciens).

Moi, humblement, je me dis que « la France dans le Monde », c’est ça : la maintenant vieille histoire de quelques pauvres symboles (crayons, bougies) qui, en France même, ont perdu leur efficace, ayant perdu leur réalité. Alors que, dans le même temps, le monde entier voudrait en assumer l’héritage. 

Il s’agirait de ne pas décevoir, vous ne croyez pas ? 

Il s’agirait maintenant de nous hisser à la hauteur de nos symboles pour, ici même, leur donner tant soit peu de substance.

Aujourd’hui plus que jamais auparavant, je suis Français. Et je peux dire que, à la lumière terrible d'un crime, oui, j’en suis fier.

Si les Français abdiquaient la haute idée qu'ils se sont faite de l'humanité, cette haute idée qu'ils ont inoculée à toute l'humanité, l'humanité ne leur pardonnerait pas.

Voilà ce que je dis, moi. 

dimanche, 11 janvier 2015

POUR CHARLIE HEBDO

Non, pas de « marche blanche ». Non, pas de forêt de crayons et de bougies brandis au-dessus des têtes. Pas de démonstration de « volonté de résistance au terrorisme », de « l'unité nationale ». Pas de manifestation, gesticulante et hurlante ou grave et silencieuse de République à Nation, comme aux plus beaux temps des 1er Mai de la CGT et du PCF conquérants. De toute façon, quelle unité nationale ? On a bien vu le feu de paille de la fiction de « l'unité nationale » lors de la victoire de l'équipe de France en 1998 et de la célébration de cette France « black, blanc, beur ».

Non, ce qu'il aurait fallu, c'est une grandiose

OPÉRATION

FRANCE MORTE.

Pas un bruit, pas une voiture dans les rues, pas un mouvement, pas un cinéma ouvert, pas une seule émission de télévision, de radio. Tous les magasins fermés. Tous les écrans noirs.

LA PARALYSIE TOTALE.

Là oui, c'est une manifestation qui en aurait eu, de la gueule. Et qui voudrait dire quelque chose.

Là, en plus, on les verrait, ceux qui n'en veulent pas, de « l'unité nationale ». Comme le nez au milieu de la figure. Une belle démonstration, ce serait. Du genre mathématique.

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C'ÉTAIT

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QU'ON PRENNE L'ÉVÉNEMENT COMME ON VOUDRA,

 

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c'est fini. Une revue, on me dira ce qu'on voudra, ressemble comme deux gouttes d'eau aux individus qui la font, qui l'animent. On ne remplacera pas les disparus.

On a définitivement changé d'époque.

Je n'oublie rien de ce qui a été.

Il faut maintenant se préparer à ce qui va arriver.

Activement.

J'ajoute cependant que tout ça n'est en aucun cas une raison pour renoncer à un baroud d'honneur de la revue : rien de ce qui a été fait ne saurait être effacé par l'action de quelques fascistes en guerre contre les démocraties.

samedi, 10 janvier 2015

POUR CHARLIE HEBDO

IN MEMORIAM

 

Frédéric Boisseau, Agent d’entretien.

Franck Brinsolaro, Policier du Service De La Protection (SDLP).

Jean Cabut, Dessinateur.

Elsa Cayat, Psychanalyste et Chroniqueuse.

Stéphane Charbonnier, dit Charb, Dessinateur et Directeur de CH.

Philippe Honoré, Dessinateur.

Bernard Maris, Economiste et journaliste.

Ahmed Merabet, Policier.

Mustapha Ourrad, Correcteur.

Michel Renaud, ex-Chef de cabinet du maire de Clermont Ferrand, Organisateur d’une exposition de dessins de Cabu, à qui il rapportait ses œuvres à ce moment précis.

Bernard Verlhac, alias Tignous, Dessinateur.

Georges Wolinski, Dessinateur. 

 

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Je n’aime pas trop le Niagara de larmes de crocodile qui vient de se déverser sur les douze morts de Charlie Hebdo. Chez les alligators, surtout les gros responsables, on a le cuir épais, l'œil sec, et l'on a appris par cœur les « éléments de langage », et l'on s'est entraîné à les proférer avec l'air de la conviction et l'œil humide les plus authentiques.

 

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Cabu, n°361 de Charlie Hebdo, 1977.

Beaucoup de gens disent tout bas, et parfois même tout haut, qu’avec leurs provocations, les agitateurs de Charlie Hebdo « l’ont bien cherché », ce qui traduit sans doute l’arrière-pensée que, somme toute, ils « l’ont bien mérité ».

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Wolinski, n°380 de Charlie Hebdo, 1978. Cécile Duflot avait trois ans.

La vérité oblige à dire que le Charlie Hebdo de Philippe Val (celui de 1992), après avoir convenablement enrichi ses actionnaires (Philippe Val, Cabu, Bernard Maris, et deux ou trois autres), le journal ne se vendait plus assez pour assurer les fins de mois et faire vivre toute une équipe.

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In memoriam Reiser (mort en 1983).

Tout le monde sent bien que quelque chose de gravissime vient de se produire, mais qu’est-ce qu’un journal que plus personne ne lit ? Pour avoir du succès, il faut : 1-Avoir quelque chose à dire. 2-Le dire avec talent. 3-Renifler l'air du temps. On me dira ce qu'on voudra : Cabu, Wolinski et Reiser, non seulement ils avaient les trois, mais en plus, dans leur genre, ils avaient du génie.

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Je ne sais même pas qui est l'auteur de ce dessin.

Ça avait bien changé. Qu'est-ce qu'on parie que, une fois retombé le flot émotionnel de solidarité, après le brandissement pathétique et impuissant de forêts de bougies et de crayons, Charlie Hebdo ne tardera pas à quitter les "unes" de la presse nationale ? Et j'entends déjà l'épitaphe murmurée par les crocodiles entre leurs crocs : « Bon débarras ! ». Qu'est-ce qu'un symbole, face à la réalité concrète et brutale d'un acte ?

Pour que le symbole symbolise, il faut une réalité réelle derrière.

Tout ce qui me reste, c'est le minuscule hommage que je peux rendre ici à trois dessinateurs, trois clowns qui ont marqué leur temps en portant sur lui leur œil pertinent, rigolard et pointu.

Voilà ce que je dis, moi.

vendredi, 09 janvier 2015

POUR CHARLIE HEBDO

Ma pile de Charlie Hebdo (attention, la première série 1970-1981, avec le n°1, un peu amoché, sur le dessus, avec le dessin de Gébé).

Une idée géniale, il vaut mieux en être l'inventeur que le repreneur, le trouveur que l'épigone, le créateur que le suiveur. Il vaut mieux en être l'origine que la continuation.

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IN MEMORIAM

Frédéric Boisseau, Agent d’entretien.

Franck Brinsolaro, Policier du Service De La Protection (SDLP).

Jean Cabut, Dessinateur.

Elsa Cayat, Psychanalyste et Chroniqueuse.

Stéphane Charbonnier, dit Charb, Dessinateur et Directeur de CH.

Philippe Honoré, Dessinateur.

Bernard Maris, Economiste et Journaliste.

Ahmed Merabet, Policier.

Mustapha Ourrad, Correcteur.

Michel Renaud, Organisateur d’une exposition à Clermont-Ferrand d’une exposition de dessins de Cabu, à qui il rapportait ses œuvres.

Bernard Verlhac, alias Tignous, Dessinateur.

Georges Wolinski, Dessinateur.

 

Je dois beaucoup à Charlie Hebdo. Je dois beaucoup, en particulier, à Cabu. A force de le fréquenter depuis si longtemps, il était devenu comme un compagnon de route.

Des fascistes nous ont déclaré la guerre.

Je ne crie pas de slogans. Je ne suis pas Charlie. Je ne suis pas Cabu. Ce que je sais, c'est que la mort de Cabu a soudain creusé un gros trou dans ma mémoire et dans ma vie.

Même si lui ne l'a jamais su, aujourd'hui je suis en deuil. 

jeudi, 08 janvier 2015

MODIANO PRIX NOBEL

 CABU,

CHARB,

HONORÉ,

MARIS,

TIGNOUS,

WOLINSKI,

MICHEL RENAUD (directeur de cabinet du maire de Clermont-Ferrand, il venait juste rendre à Cabu les dessins qu'il avait exposés dans sa ville)

DEUX POLICIERS, DONT UN AHMED,

UN AGENT DE MAINTENANCE,

UN AGENT D'ENTRETIEN,

ELSA CAYATTE, PSYCHANALYSTE.

 

 

C'ÉTAIT CHARLIE HEBDO.

 

 

C'EST LA GUERRE.

 

IL VA FALLOIR SE DÉFENDRE CONTRE LES FASCISTES, SURTOUT QUAND ILS SONT MUSULMANS.

 

 

 

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Que cela ne nous empêche pas de continuer à exister. Je poursuis donc mon petit propos sur notre dernier prix Nobel de littérature.

 

2/2

 

 

Et le discours qu’il a prononcé à Stockholm n’est pas fait pour dissiper ce sentiment d’étrangeté. Selon l’auteur couronné, par exemple, le,  rôle des romanciers se définit ainsi : « Sous leur regard, la vie courante finit par s’envelopper de mystère et par prendre une sorte de phosphorescence qu’elle n’avait pas à première vue mais qui était cachée en profondeur. C’est le rôle du poète et du romancier, et du peintre aussi, de dévoiler ce mystère et cette phosphorescence qui se trouvent au fond de chaque personne ». C’est sûr, Modiano est un écrivain du ténu.

 

Mais ce que je retiens de préférence dans les passages cités dans Le Monde daté 9 décembre 2014, c’est ce qu’il dit de la rédaction de ses romans. Il commence par avouer – ça commençait à se savoir depuis ses passages chez Bernard Pivot – qu’il a « des rapports difficiles avec la parole. (…) un romancier est plus doué pour l’écrit que pour l’oral ».

 

Et quand on visionne le film de la prestation devant le nombreux public en grande tenue réuni pour l’occasion à Stockholm, on se convainc aussitôt que l’individu est nettement plus à l’aise dans le face à face solitaire avec la page blanche que dans les salamalecs où les pouvoirs se donnent en spectacle. Modiano, tout emprunté, y est presque touchant de maladresse.

 

Quand même, « plus doué pour l’écrit que pour l’oral », je trouve que c’est bien envoyé, à destination de tous les « romanciers » familiers des « tournées de promo », et rompus à toutes les acrobaties oratoires des plateaux de radio et télévision. Je pense au médiatique, à l’horripilant, mais d’une redoutable loquacité, Emmanuel Carrère, dont j’ai vainement essayé de massacrer Le Royaume, il y a peu. Mais je ne me faisais pas d’illusion.

 

Carrère n’est d’ailleurs pas le seul à « bien parler » de ses propres écrits : j’ai entendu un certain Laurent Gaudé parler de son dernier livre. C’est très curieux, de sa bouche ne cessent de tomber des expressions comme « mon projet », « mon travail ». Au sujet d’Haïti, sujet de son bouquin, il n’a posé le pied à Port-au-Prince qu’après que son « projet » eut été structuré dans les détails.

 

Son voyage sur place était destiné au remplissage des cases de la « structure » mise en place au moyen de « chair vivante » et d’ « âme humaine ». Une belle variante « littéraire » du néo-colonialisme des armées de généreuses ONG bourrées de bonnes intentions qui ont mis le chaos dans l’organisation sociale haïtienne après le séisme qui a détruit Port-au Prince. Je reviens à mon sujet.

 

La trajectoire d’écriture que Modiano décrit pour son propre compte est plus instructive que ce coup de griffe donné sans en avoir l’air par sa patte de velours. Commencer un roman se fait toujours dans le découragement : « Vous avez, chaque jour, l’impression de faire fausse route ». L’idée est on ne peut plus juste : le vrai romancier crée sa route en écrivant.

 

C’est pourquoi il ajoute que, tenté de recommencer à zéro pour orienter différemment ses pas : « Il ne faut pas succomber à cette tentation mais suivre la même route ». On peut s’amuser, juste après, de la comparaison avec la conduite automobile sur verglas par temps de brouillard épais, l’idée reste juste : Modiano, quand il écrit, cherche son chemin, et c’est en le cherchant qu’il l’invente. J’appelle ça, oui, vraiment, la littérature.

 

Sur le corps central du livre, Modiano demeure muet. C’est là sans doute que quelque chose se passe dont l’auteur lui-même ne saurait parler. Ce n’est pas qu’il dévoilerait ainsi un secret de fabrication : ce serait simplement écrire le livre une seconde fois. Car l’auteur ne sait pas lui-même ce qui se passe dans ce qu’il écrit. Il met en place une sorte de machine dont il ignore en partie la façon dont elle fonctionne. Le lecteur en personne, quand il relit un livre favori (pour moi, c’est, entre beaucoup d’autres, L’Iris de Suse, de Jean Giono), ne lit pas deux fois le même ouvrage.

 

C’est quand il va bientôt achever son roman que Modiano a une étrange affirmation. Comme une classe dissipée la veille des grandes vacances, le livre semble échapper à l’emprise de celui qui l’écrit pour prendre sa liberté : « Je dirais même qu’au moment où vous écrivez les derniers paragraphes, le livre vous témoigne une certaine hostilité dans sa hâte de se libérer de vous ». Et l’auteur souffre alors, pendant un temps d’une sorte de « baby-blues », comme une femme après l’accouchement : « Vous éprouvez à ce moment un grand vide et le sentiment d’avoir été abandonné ».

 

C’est d’ailleurs l’insatisfaction d’avoir vu sa créature lui échapper qui pousse le romancier à écrire le suivant. Les livres, ainsi, se succèdent et s’accumulent, finissant par former ce que les autres appelleront une « œuvre », mais qui, pour Patrick Modiano, ne dessinent que la trajectoire d’ « une longue fuite en avant ». J’adore cette idée romanesque qui fait de l’écrivain, il s’en faut de peu, le personnage d’un roman potentiel.

 

Du discours du prix Nobel de littérature 2014, je retiendrai une dernière chose, qui me semble apposer sur la littérature de Modiano la marque de l’authenticité. Selon lui, l’écrivain manque de « lucidité et de recul critique (…) vis-à-vis de l’ensemble de ses propres livres ». Chaque fois qu’il attaque un roman, celui-ci « efface le précédent, au point que j’ai l’impression de l’avoir oublié ». Et il est étonné au bout du compte de voir surgir comme malgré lui « les mêmes visages, les mêmes noms, les mêmes lieux, les mêmes phrases ». Au point qu’il a l’impression d’avoir tissé « une tapisserie dans un demi-sommeil ». La littérature du demi-sommeil, c’est exactement l’impression ressentie à la lecture de Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier, son dernier opus.

 

Pour conclure, j’ajoute qu’il est réjouissant de visionner les images (youtube/comité Nobel), pour voir l’immense silhouette longiligne de l’écrivain en train de se décarcasser pour surmonter, comme encombré de sa personne, sa répugnance à s’exprimer à l’oral.

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

mercredi, 07 janvier 2015

CARTES POSTALES DU NORD

 WOLINSKI

CABU

CHARB

TIGNOUS

 

 

ILS SONT MORTS

 

BERNARD MARIS AUSSI, AUX DERNIERES NOUVELLES

 

 

 

Charlie Hebdo, aujourd’hui décapité, quelle affreuse cassure ! Oh c’est vrai, il n’a jamais remplacé son papa, le vieux Charlie Hebdo, et je ne l’achetais plus depuis fort longtemps, parce que je le trouvais inodore, délavé, insipide en comparaison. Mais cette fois,

 

C'EST LA GUERRE.

 

Il va falloir regarder les choses en face. 

 

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PAYSAGES NORDIQUES

 

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Demain, promis, suite et fin de Patrick Modiano, Prix Nobel.