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mercredi, 15 novembre 2023

TROIS B.D. REMARQUABLES 2

II

2003-2004, deux volumes aux éditions Le Lombard, collection "Signé".
Par LABIANO au dessin et LE TENDRE et RODOLPHE au scénario.

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Une histoire abracadabrantesque de conseiller super-extra-spécial du président américain, dont celui-ci ne saurait se passer en vue de sa réélection. Le problème, c'est que le dit conseiller roule très vite sur une petite route dans sa très belle et très grosse bagnole.

Quand les "Services" apprennent l'accident où le dit conseiller est en train de passer de vie à trépas, c'est l'affolement et le branle-bas. La consigne est : ne laisser à aucun prix mourir les masses de données contenues dans la boîte crânienne du monsieur. Quand on cherche, on trouve.

La solution — je veux dire : une boîte crânienne disponible tout de suite — elle se trouve dans la pièce où l'on exécute les condamnés à mort. L'individu est particulièrement répugnant. Il a commis des horreurs. Il est sur le point d'y passer. Personne ne le regrettera. Mais tant pis pour la morale : il faut une boîte crânienne !

La raison d'Etat permet à celle-ci d'échapper au verdict au dernier moment, mais moyennant une petite opération, toute simple quoique bien improbable : remplacer le cerveau du criminel par celui, infiniment plus précieux, du conseiller, puis placer l'individu dans une nouvelle situation qui ressemble furieusement à une réalité sociale plausible, quoiqu'entièrement fabriquée. 

Le cerveau d'un surdoué de la politique dans le crâne d'un abominable assassin, deux mondes qui ne se rencontrent jamais, il fallait y penser, il fallait oser. C'est finalement une "expérience" à laquelle se livrent ici les "Services". Mais ils y ont mis les grands moyens : recréer une petite localité peuplée d'Américains moyens et normaux. L'ensemble étant placé sous la surveillance permanente et vigilante d'agents déguisés.

Sous une identité de fantaisie, ceux-ci sont chargés de noter toutes les réactions du personnage en jouant le rôle de l'entourage familier (le "tonton", l'"épouse", le "balayeur"), et de suivre les "progrès" du cobaye, jusqu'à ce que, le cobaye ayant assimilé tout le potentiel du cerveau implanté, on puisse le réintégrer dans le tout petit cercle politique où le conseiller déployait ses talents auprès du président.

On pense au film The Truman show de Peter Weir : le petit monde dans lequel évolue "George" est complètement factice. Tout va bien, les jours s'écoulent sans heurt, jusqu'au jour où le cobaye prend conscience du rôle qu'on lui fait jouer dans ce jeu de rôle grandeur nature : qui suis-je vraiment ? se demande-t-il avec un certain à-propos. Il fausse compagnie à ses anges gardiens. S'engage alors une course-poursuite dans laquelle il est aidé par une journaliste. On se retrouve alors dans Les trois jours du condor, de Sidney Pollack.

Mais je ne vais pas raconter l'histoire. Le dessin de Labiano est tout à fait à la hauteur, en se mettant au service de l'excellent scénario de Le Tendre et Rodolphe. Une B.D. originale, servie par un dessin au diapason d'un récit fondé sur une idée finalement glaçante.

vendredi, 28 octobre 2016

NADEEM ASLAM : LA VAINE ATTENTE

2016 ASLAM NADEEM VAINE ATTENTE.jpgNADEEM ASLAM : LA VAINE ATTENTE 

Je viens de lire La Vaine attente, livre de Nadeem Aslam, écrivain d’origine pakistanaise vivant en Angleterre depuis ses quatorze ans. Ce bouquin paru en 2009 délivre un message unique et puissant : la religion musulmane est, sur le plan humain, une pure et simple aberration. Ceux qui considèrent l'islam comme une religion "comme les autres" se fourrent le doigt dans l’œil. Remarquez que l'Occident ne sort pas trop grandi de l'histoire. Pas pour la religion, mais question cruauté, ce serait plutôt un partout, avec avantage tout de même aux fanatiques islamiques.

L'islam est une aberration qui fournit à une foule de malades mentaux les éléments nécessaires pour répandre la terreur autour d’eux si la fantaisie ou l'appétit de pouvoir les prend. Première aberration qui me revienne de la lecture : quand Mahomet scellait un marché avec une femme, il avait trouvé un détour pour ne pas se "souiller" en lui serrant la main, en plongeant la sienne dans une jarre pleine d’eau, dans laquelle elle n’avait plus qu’à faire de même pour que cette sorte de signature vaille validation. Il ne serrait pas la main des femmes, mais pour assurer sa descendance, il n'a pas hésité à les toucher de près, et en profondeur. Une religion de malades, quoi.

A l'époque de l'Afghanistan ouvert, accueillant et tolérant, le vieux Marcus, dont la maison de six pièces est située non loin de la ville d’Usha, s’est converti à l’islam pour pouvoir épouser Qatrina. Tous les murs, à l’intérieur de la maison, sont peints de scènes, de paysages et de personnages, que Marcus a soigneusement couverts d’une couche de boue quand les talibans ont pris le pouvoir : il sait qu’ils interdisent toute musique et toute représentation de la figure humaine. Il a bien fait : les rares endroits laissés visibles sont mitraillés au kalachnikov.

Qatrina aime peindre. Elle a réalisé quatre-vingt-dix-neuf peintures pour honorer chacun des noms par lesquels le Coran glorifie Allah (le très miséricordieux, etc.), et les a entreposées dans une malle. Cette malle, Marcus la retrouve je ne sais plus où, et la soustrait à son voleur. Arrêté pour cela en tant que voleur présumé (il est incapable de prouver qu’elle est à lui), il est condamné à se voir trancher la main. Et c’est à Qatrina que les talibans donne le scalpel pour que la peine soit exécutée.

Elle en deviendra folle et, dans sa folie, pendant toute la durée de l’hospitalisation de Marcus, cloue au plafond tous les livres de sa bibliothèque (voir l'image de couverture), qui comporte une foule d’exemplaires précieux et anciens. Ensuite accusée d’avoir vécu des dizaines d’années dans le péché avec cet homme (un mariage prononcé par une femme n’est pas valable aux yeux d'Allah), on la condamne à la lapidation. Elle mettra huit jours à mourir, mise à croupir dans une cellule, avec les asticots qui lui tombent du nez dans la bouche.

On n’en finirait pas d’énumérer les atrocités commises par tous les « bons musulmans » qui peuplent le livre (dont le terrible « buzkashi » par lequel les « dukhi » afghans à cheval se disputent un butin nommé Benedikt, le déserteur russe frère de Lara, qui finit comme on peut le deviner : en charpie). Par le personnage de Casa (Giocante Casabianca, l’homme sans nom ainsi baptisé quand il était petit), l’auteur nous fait entrer dans l’esprit, les raisonnements et la vision du monde qui peuvent ou doivent être ceux d’un musulman pur et dur, qui a voué sa vie à la destruction des ennemis de l’islam et de l’Afghanistan. L’effet est saisissant.

Il serait injuste de ne pas mentionner la présence des Américains, en la personne de David Town, un ancien de la CIA qui, dégoûté, a quitté le service, et de James Palantine, fils de Christopher (un ami de David, qui s'est suicidé pour des raisons x), et membre actif et très opérationnel des « Forces spéciales », sans pitié pour ceux qu’il considère comme les ennemis de la sacro-sainte Amérique, celle précisément dont David Town s’est débarrassé des mythes pour ne plus voir devant lui que des personnes humaines (David tend la main à Casa en le faisant travailler à la fabrication à la façon indienne d'un canoë destiné à se promener sur le lac ; Casa le remerciera en se faisant sauter avec lui sur une mine oubliée dans le jardin de Marcus).

Pour obtenir des informations du nommé Casa, James, en effet, n’hésite pas à lui faire "travailler" un œil au chalumeau jusqu'à ce qu'il coule. « Merci pour ce moment », a-t-on envie d’ajouter.

Nadeem Aslam n’oublie pas de faire mention des rivalités tribales qui opposent les Afghans entre eux de toute éternité. J’ai évoqué Benedikt, le déserteur russe, devenu le butin convoité par deux clans rivaux, avec l’abomination qui en découle. Mais la rivalité quasi-tribale qui oppose Nabi Khan et Gul Rasool n’est pas mal non plus.

Ce dernier utilise les Américains en leur faisant croire qu’il est de leur côté, pendant que l’autre passe aux yeux de ces benêts soi-disant civilisés pour des crapules fanatisées. Rasool se garde de dire à ses protecteurs qu’il détourne à son profit une large part de l’aide alimentaire fournie par la « communauté internationale » au peuple afghan qui souffre. Nabi Khan lui enverra une dizaine d'hommes-explosifs.

Je ne parle pas des personnages absents (morts) dont les vivants sont à la recherche (Zameen, Bizhad, on ne sait plus bien de qui ils sont fils, frères ou épouses).

Tout le livre est à la recherche d’un monde définitivement perdu ; d’un temps où l’Afghanistan était le pays de la paix, de l'hospitalité et de l’accueil de l’étranger ; d’un temps où Marcus pouvait épouser (moyennant conversion) une musulmane, fonder une fabrique de parfum, exhumer sans scandale une tête monumentale de Bouddha couché, tête qui laissera couler de l’or des blessures infligées par les kalachnikovs des talibans. Depuis ces temps pacifiques auxquels les vieux pensent avec nostalgie, la religion musulmane a rallumé l'incendie de l'intolérance et de la "guerre aux infidèles".

La thèse principale de l’auteur reste en effet que l’islam, en se répandant comme une traînée de poudre au septième siècle et en conquérant presque sans coup férir des territoires gigantesques, a fait subir à des civilisations et à des sociétés avancées et prospères une régression enragée, dans un violent retour au moyen âge. Les musulmans y sont décrits comme cette perdrix mise en cage, et qui ne cesse de balancer la tête d’avant en arrière, comme ces petits musulmans que des fascistes obligent à lire le Coran pour les imprégner jusqu'à la moelle de la Vérité révélée.

Ce livre salutaire devrait, pour nous occidentaux, sonner le tocsin. Il ne faut pas confondre tolérance et aveuglement.

Un roman qui est un manifeste, un cri d'alarme poussé par quelqu'un qui vient de par là-bas, et qui doit savoir de quoi il cause.

Voilà ce que je dis, moi.

lundi, 23 mars 2015

UN TRISTE SIRE ...

… ET UN ODIEUX PERSONNAGE 

Je ne connais pas Laurent Obertone. Il vient de publier La France Big Brother, que je ne lirai pas : cela fait belle lurette que je suis au courant. Je n’oublie pas ma lecture de 1984, il y a longtemps, où apparaît le « Grand Frère », cette simple anticipation que George Orwell appliquait alors au régime stalinien, mais qui, le progrès technique aidant, est devenu le modèle de développement de grands groupes industriels (Apple, Google, etc. …), jusqu’à modeler de A à Z ce qu’il est convenu d’appeler encore une « civilisation occidentale ». 1984 apparaîtrait presque comme l'ébauche grossière et prémonitoire de ce modèle, qui s'est, depuis, merveilleusement perfectionné.

Sans même parler des « Grandes Oreilles » mises en place par la CIA, la NSA et les officines d’espionnage de tous les pays (Edward Snowden, ...), ces firmes ont substitué aux polices secrètes du « Petit Père des Peuples » (PPP, à ne pas confondre avec les Partenariats Public-Privé, ruineux pour les finances publiques, instaurés par Nicolas Sarkozy) l’ordre numérique et marchand qui surveille nos comportements grâce à des logiciels et algorithmes de plus en plus sophistiqués et intrusifs. 

Je n'apprends rien à personne : le moindre pas de la fourmi dans sa fourmilière est cartographié, mis en mémoire, retraçable, inoubliable, ineffaçable. La police n'a plus besoin de poser des questions à des personnes, plus d'interrogatoire à mener : les réponses n'attendent qu'une requête de sa part pour parvenir. 

Avouez que le profilage commercial de l’internaute consommateur et le stockage ad libitum de ses « données personnelles » dans une « ferme de serveurs » aux fins de constituer un réservoir infini de « Big Data », c’est tout de même moins terroriste que le KGB ou le NKVD de Staline. 

Est-ce moins totalitaire ? Je pose la question. Je réponds que, tout bien considéré, une autre forme de totalitarisme pointe ici le bout de l'oreille. Au moins le bout : le nec plus ultra en matière de totalitarisme, celui auquel les masses adhèrent avec enthousiasme.

Est-ce moins totalitaire ? Laurent Joffrin, lui, le cogérant et directeur de la publication et de la rédaction (tout ça !) du journal Libération, répond par une affirmative épanouie, décomplexée, et pour tout dire d’un optimisme enfin libéré de toute entrave : nos chères démocraties n'ont strictement rien à voir avec ça. Exactement ce que Philippe Muray nommait « L'Empire du Bien ». L'insupportable et invivable Empire du Bien. Précisément le fonds de commerce du « journaliste » Laurent Joffrin (il a la carte, mais ...).

Laurent Joffrin ignore de toute la hauteur de sa superbe (et de sapresse,journalistes,journal libération,laurent joffrin,laurent obertone,la france big brother,george orwell 1984,staline,stalinisme,kgb,nkvd,cia,nsa,big data suffisance satisfaite, voir le portrait, ci-contre, qu'il aime afficher dans son journal), le fichage généralisé des individus qui usent des technologies numériques en général et de l'informatique en particulier. Il n'y voit aucune atteinte aux libertés. Il doit se dire : « Ça ne me pose aucun problème, je n'ai rien à me reprocher ». S'il raisonne ainsi, il a de drôles de lunettes.

Dire que Laurent Joffrin, Mouchard de son vrai nom (on se demande bien pourquoi il en a honte, c'est un joli nom, Mouchard, pour un journaliste), n’aime pas Laurent Obertone, c’est un euphémisme. Il y a peut-être des raisons de ne pas aimer Laurent Obertone, si on se réfère à ce que j’ai trouvé sur le monsieur en pianotant devant l’ordinateur. Je n’ai ni le temps ni l’envie de creuser la question. Il faut juste retenir que Laurent Joffrin se paie une page de publicité gratuite en plantant ses ergots de coq dévasté par le multiculturalisme dans le cadavre bientôt froid de son ennemi. C'est dans son journal qu'on la trouve, sous la forme d'une "chronique des livres parus".

Donc, Laurent Joffrin n’aime pas Laurent Obertone (c’est aussi un pseudo, paraît-il). Raison ou pas, mon propos est ailleurs. Il se trouve qu’il mentionne en passant, dans son papier, « l’excellente émission d’Alain Finkielkraut » (« Répliques », le samedi matin à 9 heures sur France Culture). Inutile de dire qu'il la trouve excellente parce qu'il y est invité. Il se trouve que j’ai écouté le début de cette émission. Juste le début. 

Or il écrit, dans la « recension » (le mot « assassinat » serait plus exact, puisqu'il l'intitule d'une façon qui se veut originale et humoristique, et qui est juste infamante et grotesque, voir ci-dessous) qu’il en propose dans Libération de samedi 21 mars : « Il a, ainsi, pu expliquer, une heure durant, sur une radio nationale, que le système médiatique aux mains de la pensée unique l’empêchait de parler ». Je m’inscris en faux, monsieur Joffrin. Je vous prends ici en flagrant délit de mensonge.

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Je ne connais pas Laurent Obertone. Je doute fort, cependant, qu'il ressemble en quoi que ce soit à l'illustre chef de guerre des barbares.

Si Laurent Obertone a été empêché de parler, ce n’est pas à cause du « système médiatique », c’est parce qu’un certain Laurent Joffrin n'a cessé de lui couper la parole dès qu’il ouvrait la bouche pour exposer ses idées. Si celles-ci sont aussi nauséeuses que le pense Joffrin, la moindre des courtoisies à l'égard de l’auditeur que je suis, pour qu'il s'en rende compte par lui-même, c'est de laisser le monsieur étaler en détail ce qui fait son ignominie supposée : sinon, je n’ai aucun moyen de savoir à quoi m’en tenir, à part acheter le livre.

Laurent Obertone n’a strictement rien pu développer. J’ai dit que j’ai écouté le début de « Répliques ». En effet, quand j’ai jugé, au bout d'un quart d'heure, que, vraiment, monsieur Joffrin s’était rendu assez odieux, j’ai coupé. Comment puis-je encore acheter le torchon publié sous l'autorité de Laurent Joffrin ? Peut-être parce que j'y trouve, de loin en loin, de véritables et importantes informations. Que j'estime trop cher payées.

Non seulement l’odieux monsieur Joffrin n’a cessé de couper la parole de l’interlocuteur, mais dans l’article cité ci-dessus, il ment effrontément en affirmant qu’Obertone « a pu expliquer, une heure duant … ». Vous êtes un odieux menteur, monsieur Joffrin, je suis là pour en témoigner. Et ce faisant, vous êtes à vous tout seul une illustration exemplaire de la validité du reproche que Laurent Obertone, selon vous, fait au « système médiatique ». 

La peste soit de ces voix que leur notoriété autorise à s’exprimer sur les ondes ou dans les journaux, et à empêcher de le faire tous ceux qui ne pensent pas comme eux. Je pense à Edwy Plenel, à Caroline Fourest, à quelques autres, qui viennent jouer les professeurs de morale sur France Culture. Laurent Joffrin appartient à cette même espèce nuisible qui se cramponne aux lambeaux des valeurs qui ont fait la démocratie, la République française, et dont il ne restera bientôt plus que le souvenir.

De derrière ce rempart en mie de pain, ces petits flics de la pensée (assez minables dans leur démarche, il faut le dire) lancent incantations, imprécations et foudres sur ceux qui osent rouler un peu à côté des rails des certitudes orthodoxes, émettre le moindre doute sur la validité du modèle qui les nourrit, remettre tant soit peu en question le bien-fondé des certitudes et du modèle. 

Laurent Joffrin, avec ses semblables, tente de disqualifier, de ridiculiser l’adversaire en caricaturant son message (ici, Laurent Obertone est dénoncé pour l'amalgame qu'il fait entre nos régimes démocratiques et le totalitarisme policier élaboré par Staline). Exemple : « Dans cette société totalitaire, en effet, on a le front de penser, en général, que les hommes sont égaux en droit, que le racisme est condamnable et que les femmes peuvent prétendre aux mêmes droits que les hommes ». Un peu lourd, vous ne trouvez pas ?

Ça lui permet, et d'une, de faire ronfler une fois de plus les grands mots de la doxa, et de deux, de ne pas faire l'effort d'entrer dans les détails, le CQFD servant de point de départ à son raisonnement. En logique, cela s’appelle une « pétition de principe », le raisonnement typique du fraudeur et du démagogue, qui consiste à dénaturer les arguments de l'adversaire pour mieux les anéantir et le faire huer par le public qu'on a ainsi mis de son côté, conquis par la force de l'évidence. 

Comme ses semblables, non content de faire semblant, outrageusement semblant, Laurent Joffrin pratique allègrement la dénégation du réel, au nom, dit-il, des grands principes. L’odieux, ici, est qu’il fait semblant d’oublier que le propre d’une idéologie, c’est de se présenter comme une évidence incontestable, de ne pas se reconnaître comme idéologie, mais de s'affirmer comme vérité. Laurent Joffrin est finalement le parfait exemple de l’idéologue qui, parce qu’il en tire les moyens de sa subsistance, se tient dans le système comme un rat dans son fromage.

Encore quelqu'un qui ne doit pas aimer les livres de Michel Houellebecq.

On a compris que je n'irai pas à l'enterrement de Laurent Joffrin : je ne veux pas entendre l'éloge  que prononcera François Hollande à la mémoire de ce grand « Patron de Presse ».

Voilà ce que je dis, moi. 

jeudi, 15 janvier 2015

CHARLIE : LA VÉRITÉ SUR LE COMPLOT !

Qu’est-ce que j’apprends ? Alors, c’est vrai ? Ce serait la CIA qui aurait fait assassiner l’équipe de Charlie Hebdo ? Et on ne m’avait rien dit ? Ce sont des choses qui ne se font pas, monsieur ! On a sa « common decency » (George Orwell), quand même ! Enfin, c’est Thierry Meyssan qui l’a déclaré, vous savez, l’homme si avisé qui pensait que l’histoire du World Trade Center le 11 septembre 2001, c’est tout le monde sauf Ben Laden. C’était d’abord et avant tout la même hideuse CIA qui avait inventé Al Qaïda pour mieux masquer son horrible machiavélisme.

 

Remarquez qu’Alain Soral, un type presque aussi intelligent, cultivé et avisé que Dieudonné (à moins que ce ne soit l'inverse), sur le site de « Vérité et Réconciliation », association inventée, comme son nom l’indique, pour réconcilier « Français de souche » et « Français issus de l’immigration », suggère que « Mohammed Merah et les frères Kouachi seraient liés aux services secrets français ». Autrement dit : François Hollande a eu la peau de Charlie Hebdo, si j’ai bien compris. « Ah faut reconnaître : c’est du brutal » (Bernard Blier). « Faut quand même admettre que c’est plutôt une boisson d’homme » (Lino Ventura). C’est vrai ça, est-ce bien sérieux, messieurs ?

 

Parce que tout le monde n’est pas d’accord. Par exemple, le site « Medias-Presse-Info » soutient bizarrement que, Charlie Hebdo étant « partie prenante du système », le système ne peut qu’éliminer ses opposants. J’aimerais comprendre. L’officine « Quenel Plus » va jusqu’à faire d’Hayat Boumedienne, la femme d’Amédy Coulibally, un agent de la DGSE « envoyée en Syrie pour collecter des informations de l’intérieur sur Daech ». Je passe sur les plaisanteries annexes.

 

Et là je crie : « Halte à la désinformation ! ». Fi des foutaises ! Foin de calembredaines ! Assez de gandoises et de gognandises, les gones (ça c'est pour les Lyonnais) ! Marre de ces illuminés qui lancent les plus folles rumeurs pour se mettre à exister dans les médias ! Marre de ces affabulateurs prêts à inventer les histoires les plus abracadabrantesques pour se faire un pécule en vue de leurs vieux jours par l’exploitation de la crédulité des masses ! Place à la Vérité !

 

Car il se trouve que je suis, moi, signataire de ces lignes, en mesure de la révéler ! Farpaitement ! Il se trouve en effet que j’étais dans la confidence. Il se trouve que, un soir au bar de la gare, nous discutions, mes amis Cabu, Charb, Oncle Bernard et Wolinski, autour de boissons bien dotées en arguments éthylométriques. Nous parlions, précisément, du sort de Charlie Hebdo.

 

Tous s’inquiétaient de la baisse des ventes de l’hebdomadaire auquel ils consacraient leur vie. Ils étaient catastrophés face à cette perte d'audience. Secoués à l'idée que, peut-être, il allait falloir, dans un avenir plus ou moins proche, fermer boutique et mettre la clé sous la porte. Je fus frappé par la force du « Jamais ! » qui jaillit de leurs poitrines unanimes. « Plutôt mourir ! », ajoutèrent-ils dans un cri du cœur. Ils étaient sincères. Et sincèrement affectés par la désaffection du lectorat.

 

C’est à ce moment précis que l’idée germa. Qui la formula le premier ? Je ne sais plus trop. Je n’enfreins aucun serment en la révélant ici aujourd’hui : tous quatre m’ont, avant de mettre leur projet à exécution, demandé expressément de porter sur la place publique les éclaircissements qui vont suivre. Et je dois dire que j’accomplis ce devoir qui incombe à l’amitié que je leur portais (et qu'ils me remboursaient à un taux usuraire) avec détermination, quoiqu’avec le lourd chagrin que me laissait la perspective de leur disparition.

 

Ce qu’ils ont fait pour ce Charlie Hebdo qu’ils aimaient tant, ce Charlie Hebdo vacillant dont l’existence était menacée par la désertion de ses lecteurs, est, je dois le dire, en tout point admirable. Ce qu’ils ont fait, aucune bête au monde ne l’aurait fait.

 

La Vérité vraie, la voici. Réunissant leurs petites économies dans le but de sauver leur revue, Cabu, Charb, Oncle Bernard et Wolinski se sont mis en quête des gens qualifiés dont ils avaient besoin. Des gens expérimentés et entraînés, n’ayant peur de rien ni de personne. Par les amis d’amis de quelques connaissances, on leur a présenté deux frères. L’un s’appelait Saïd, l’autre Chérif. Deux solides. Deux durs qui n'avaient plus grand-chose à apprendre dans le domaine des compétences pour lesquelles on faisait appel à eux.

 

C’est vrai que le prix qu’ils demandaient pour la prestation pouvait sembler dissuasif, mais les compères étaient prêts à tous les sacrifices. Tout le monde fit un effort et l’on arriva à s’entendre. Saïd avait quelques scrupules : et s’il y avait des « dommages collatéraux » ? Mais Chérif assura qu’un contrat est un contrat, qu’il refusait par principe tout dépassement d’honoraires, et que s’il devait se présenter un supplément, il serait pour sa pomme. Il prenait tout sur lui. Les quatre compères apprécièrent cette façon de jouer cartes sur table et d'annoncer la couleur. Une telle éthique professionnelle forçait l'admiration. L’affaire fut faite.

 

On connaît la suite : les frères Kouachi ont accompli la besogne avec calme, sang-froid et professionnalisme. Il y eut bien quelques pertes, mais elles se produisirent à la marge. Le projet secret des quatre amis a été mené à bien, l’objectif espéré a été atteint et au-delà de toutes leurs espérances les plus folles.

 

Sur mon honneur, j'atteste que c’est ça la Vérité vraie : Cabu, Charb, Oncle Bernard et Wolinski ont insufflé à Charlie Hebdo une vie nouvelle et triomphale en faisant le sacrifice de la leur. Ils se sont offerts en holocauste pour que vive et perdure Charlie Hebdo. On peut saluer la grandeur magnifique du geste. Ça, c’est de la déontologie ! Prenez-en de la graine, messieurs les journalistes ! Vu la situation générale de la presse quotidienne en France, combien d'entre vous sont prêts ?

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

Note : ce qui m’a donné l’idée de ce billet est un article du Canard enchaîné de ce mercredi 14, intitulé « Complètement complot », auquel j’ai emprunté les éléments initiaux. Le complotisme me semble tellement un enfantillage que, très franchement, j'ai bien du mal à le prendre au sérieux. Qui est derrière l'événement ? Qui tire les ficelles ? On ne serait pas surpris d'apprendre que les frères Kouachi étaient payés par des extraterrestres. 

 

Je me suis donc permis de broder, en proposant mon propre délire d'interprétation, parce que je ne vois pas pourquoi j'en laisserais le monopole à Thierry Meyssan ou Alain Soral. La fumée un peu épaisse qui sort de ma casserole, quoique dépourvue de CO2, est produite par la combustion d’un carburant neuronal personnel dont j'ignore à ce jour la composition. Merci de votre attention.