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jeudi, 08 novembre 2012

VOUS AVEZ DIT LACAN ?

Pensée du jour :

 

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"RUPESTRE" N°1

 

« L'indignation ne saurait en aucun cas être une attitude politique ».

 

TALLEYRAND

(à transmettre à STEPHANE HESSEL)photographie,vulgarisation,denis guedj,jostein gaarder,le théorème du perroquet,le monde de sophie,science,sciences humaines,littérature,balzac,la comédie humaine,psychanalyse,masud khan,passion solitude et folie,la main mauvaise,nouvelle revue de psychanalyse,nouvelles,maurice pons,douce-amère,les saisons,didier anzieu,jacques lacan,élisabeth roudinesco,l'auto-analyse de freud,sigmund freud,le cas aimée,paranoïa,psychose paranoïaque,jacques-alain miller,albert einstein

 

 

 

 

 

Résumé : j’ai beaucoup d’estime pour l’anthropologue, l’historien, le sociologue, bref, pour le spécialiste de « sciences humaines » quand, sans rien céder sur ce qu’il y a de « pointu » dans la doctrine, il parvient à créer une œuvre qui ait des qualités littéraires.

 

 

Je n’en ai guère pour ceux, tels DENIS GUEDJ ou JOSTEIN GAARDER, qui passent par le roman pour faire une sorte de propagande simplificatrice à la "petite semelle" (excusez-moi). Ils ne sont que des intermédiaires entre la discipline et le grand public, des « vulgarisateurs », qui peuvent bien sûr briller sur les plateaux de télévision. Ils vous disent : « Moi je sais. Je vais tout vous expliquer, voyez comme je suis bon ». Mais ils se révèlent à la fois des romanciers infirmes et de piètres professeurs. De plus, cette attitude a quelque chose de toute à fait déplaisant.

 

 

Le vrai savant qui consent à faire entrer son lecteur dans la Science par le biais de la littérature est donc un esprit supérieur. EINSTEIN disait : « Il faut s'efforcer de rendre les choses simples, mais pas plus simples ». Réciproquement, la Science contenue dans la littérature est infiniment supérieure à ces balbutiements de pédagogues empêtrés et de vulgarisateurs à succès, mais aussi supérieure aux plus arides traités austères de science pure.

 

 

S’il en est ainsi, c’est que la dite Science, dans les ouvrages que je privilégie, ceux dont je parle, n’apparaît que comme un élément parmi d’autres dans ce qu’on appelle communément LA VIE. C’est cette science-là que BALZAC a élaborée et transmise dans La Comédie humaine.

 

 

C’est pour ça que je tire mon chapeau à quelques psychanalystes. Tiens, je me rappelle une histoire de cas racontée par un monsieur MASUD KHAN (quelque suspecte que soit sa réputation par ailleurs) dans un numéro de la Nouvelle revue de psychanalyse (n° 24, « L’emprise »), repris dans Passion, solitude et folie (Gallimard, 1985), histoire intitulée La Main mauvaise.

 

 

Sans me rappeler le détail, je me souviens du drame épouvantable vécu par un artiste habité par un fantasme qu’il tâche de transformer en œuvre d’art (y a-t-il un vélo en bois ?), jusqu’au jour où le hasard d’une rencontre féminine le met face à des circonstances et un déroulement d’événements qui ressemblent trait pour trait (et de façon épouvantable) aux forces de son fantasme. J’ai oublié s’il devient fou à la fin, ou quoi.

 

 

Dans mon souvenir, ce récit ne présente guère (en dehors desphotographie,vulgarisation,denis guedj,jostein gaarder,le théorème du perroquet,le monde de sophie,science,sciences humaines,littérature,balzac,la comédie humaine,psychanalyse,masud khan,passion solitude et folie,la main mauvaise,nouvelle revue de psychanalyse,nouvelles,maurice pons,douce-amère,les saisons,didier anzieu,jacques lacan,élisabeth roudinesco,l'auto-analyse de freud,sigmund freud,le cas aimée,paranoïa,psychose paranoïaque,jacques-alain miller références proprement psychanalytiques) de différence avec les ambiances qu’on trouve dans les nouvelles, par exemple, de MAURICE PONS (Douce-amère, Denoël, 1985). MAURICE PONS, parmi les romanciers, est sûrement ce qu’on peut appeler un « petit maître ». Mais parmi les petits maîtres, c’est un bon.

 

 

Pour moi il reste le bel auteur de quelques livres qui ont tracé leur sillage indélébile (il faut le faire, non ?) dans mon imaginaire, au premier rang desquels le lent, lugubre et remarquable Les Saisons. Il y a aussi Rosa et le complètement foutraque La Passion de Sébastien N. (bêtement rebaptisé Le Festin de Sébastien pour sa réédition au Dilettante, une histoire de droits, j'imagine).

 

 

Le héros finit par dévorer une automobile, des sièges à la carrosserie, avant de s’élancer à toute allure sur les routes, carburateur refait à neuf. Mais ça finit mal. Pris en chasse par deux motards : « … il alla s’écraser, la tête en avant, contre un pylône de béton édifié au milieu de la chaussée en prévision de l’éventuel projet du futur tronçon de l’autoroute Moyenvic-Vézelise ». Alors, « une bouillie d’organes et d’ossements se répandit sur la chaussée, mêlée à des fragments d’acier et des débris de tôle ». « A l’aube, les fossoyeurs et les ferrailleurs de Verveine, accourus en hâte, se disputaient ses restes ». Comme foutraque (et comme fantasme), on ne fait pas mieux.

 

 

Je reviens à DIDIER ANZIEU, dont je vantais les mérites hier, pour la lisibilité de L’Auto-analyse de Freud. Il se trouve qu’ELISABETH ROUDINESCO parle de lui dans sa biographie de JACQUES LACAN. Et pour cause : le premier coup d’éclat de celui-ci est la thèse qu’il soutient et publie en 1932 : De la Psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité (Seuil, 1975, rééd.).

 

 

Je me fiche éperdument de ce qu’y raconte le père du « lacanisme ». Ce qui m’a interpellé, c’est que ce livre traite du cas de MARGUERITE PANTAINE. Car c’est un « cas », au sens psychiatrique. Il se trouve que cette femme, à 38 ans, est allée attendre l’actrice HUGUETTE DUFLOS à son arrivée au théâtre Saint-Georges, qu’elle a sorti de son sac un couteau de cuisine et qu’elle a tenté de l’assassiner. Après quoi elle fut solidement hospitalisée pour paranoïa.

 

 

Dans le livre de LACAN, elle est devenue « Aimée », ou « le cas Aimée ». Le peu que je retiens du livre, c’est que LACAN refuse de faire résulter la folie d’ « Aimée » d’un désordre organique. Pour lui, la folie est une composante « comme les autres » de l’existence, une donnée possible de la vie humaine (je simplifie). Et, dit-il, si tout le monde est potentiellement fou, tout le monde n’a pas la liberté de le devenir. Je trouve l’idée passionnante.

 

 

D’autant plus passionnante qu’il se trouve que MARGUERITE PANTAINE est la mère de DIDIER ANZIEU. C’est ce que la biographie de LACAN m’a appris. DIDIER ANZIEU qui est devenu ensuite un des plus importants psychanalystes français. Ces circonstances ont quelque chose d’éminemment romanesque, ne trouvez-vous pas ?

 

 

D’autant que, d’après ROUDINESCO, LACAN s’est assez mal conduit avec « Aimée », et qu’il s’est servi d’elle plus qu’il n’a eu le souci de sa santé mentale. Il s’en est servi, plus qu’il ne l’a servie, comme d’un tremplin professionnel inespéré. Aux yeux d’ « Aimée » : « … il lui avait volé son histoire pour construire une thèse. Quand il devint célèbre, elle en fut dépitée et sentit resurgir en elle un fort sentiment de persécution. Jamais elle ne lui pardonna de ne pas lui avoir restitué ses manuscrits » (p.257).

 

 

Et, après la mort du maître, ROUDINESCO eut beau intervenir auprès du tout-puissant exécuteur testamentaire de LACAN, son gendre JACQUES-ALAIN MILLER, pour faire rendre à DIDIER ANZIEU, le fils de MARGUERITE, les cahiers rédigés par celle-ci pendant son enfermement à l’asile, le gendre ne daigna même pas répondre. Ce dédain constitue une signature morale. Avec quelque chose d'une odeur infamante. Une odeur de faux-cul. Et de cynisme racinaire.

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VOUS AVEZ DIT JACQUES-ALAIN ?

 

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

samedi, 01 septembre 2012

L'ANTISEMITISME DE CELINE

Pensée du jour : « "Si tu n'aimes pas la soutane, conseille un proverbe bantou, ne mange pas le missionnaire." Ce qui prouve combien le Bantou est peu civilisé : il ne sait même pas éplucher les légumes. "Il n'y a pas de bas morceau dans le gros ethnographe", dit un autre de ses proverbes. Et, faute d'expérience, on ne peut dire s'il s'agit de discernement ou de gloutonnerie. La civilisation ne commence qu'avec la distinction juridique ».

 

ALEXANDRE VIALATTE

 

 

Je m’étendrai un peu, mais pas trop, sur l’antisémitisme (le général, mais aussi le spécifique de LOUIS-FERDINAND CÉLINE). C’est un trop gros cheval pour que je puisse espérer le monter un jour. Et je n'ai pas envie d'apprendre. Je dirai seulement que je ne comprends ni les antisémites, ni l'antisémitisme. J'ai tendance à y voir un simple instrument politique, un outil de gouvernement si vous voulez, que divers pouvoirs au cours de l'histoire ont manipulé dans un sens ou dans un autre, au gré de difficultés ou aléas particuliers.

 

 

 

Quoi de mieux, en effet pour unifier derrière soi, et pour faire adhérer, que de désigner un ennemi ? Qu’est-ce qui pousse à haïr un juif parce qu'il est juif ? Qu’un Palestinien haïsse les Israéliens pour occupation de territoire, passe encore. Il s'agit de peuples, de nations. De politique. De guerre, éventuellement. On nous raconte bien que les Français ont massivement haï les Allemands pendant l'Occupation. Mais que veut dire haïr quand on ferme sa gueule ? Ce fut peut-être vrai pour 0,5 % de Français de l'époque, ceux qui ont mis la main à la pâte. Et encore, les chiffres ne sont pas scientifiquement établis.

 

 

Mais qu’un musulman (j'aurais pu dire un chrétien, un soudeur à l'arc, un jockey, que sais-je, FRANK RIBÉRY) haïsse un juif ? J'avoue que c'est au-delà de ma comprenette. Je dois manquer d'imagination. Et pourtant, il y a des antisémites en France, aujourd’hui. Mais c’est pour l’essentiel des gens qui s’identifient aux Palestiniens qui luttent pour la création de leur Etat. Je ne vise personne, mais suivez mon regard. A ce titre, je récuse formellement l'affirmation qui consiste à prétendre que "la France" est antisémite, souvent complaisamment colportée. Non monsieur, ce n'est pas "la France" qui est antisémite.

 

 

A la limite, je me demande si l’on ne pourrait pas parler d’un "antisémitisme politique", plutôt que de se cacher derrière le petit doigt de l'antisionisme. Si je comprends bien, ceux qui se veulent, non pas antisémites, mais antisionistes ne visent rien d'autre que la destruction de l'Etat d'Israël (même s'ils prétendent le contraire). Pourquoi ? Tout simplement parce que, si le sionisme a consisté à réclamer une terre pour les juifs, et à appeler à la CREATION d'un Etat, n'est-il pas logique de conclure que l'antisionisme est un appel à sa DESTRUCTION ? Comme AHMADINEJAD ?

 

 

Mon raisonnement est taillé à la hache, je le reconnais, mais il est d'une logique aveuglante. Et son corollaire est le suivant : si vous tentez de détruire l'Etat d'Israël qui, existe depuis plus longtemps (et plus solidement) que le Sud-Soudan, vous avez la Troisième Guerre Mondiale. C'est ça que vous voulez ? Non. Alors à quoi jouez-vous, avec votre "antisémitisme politique" ? 

 

 

Vous me direz que, par bonheur, je ne comprends pas grand-chose, et vous aurez certainement raison. J'espère. Je constate simplement, en me contentant d'observer des faits, que la création de l’Etat d’Israël sur une terre longtemps ottomane, et qui, en tout cas, n’était plus juive depuis lurette, mais musulmane pour l'essentiel (avec présence multiconfessionnelle malgré tout) ne pouvait, dès l’origine, que créer du conflit. Et du conflit perpétuel. L’état de guerre date de la création d’Israël. On appelait ça le sionisme. Le sionisme est une déclaration de guerre, puisqu'il s'agit d'occuper un territoire où d'autres sont installés depuis longtemps, sans leur demander leur avis.

 

 

Un Israélien n’a-t-il pas décrit récemment l’Etat d’Israël comme un groupe de 5 millions de Juifs cerné par un milliard de musulmans ? Il faisait en passant abstraction des Arabes israéliens. La mentalité d’assiégé est consubstantielle à la création de l’Etat d’Israël. La guerre sera donc éternelle. Et peut-être, un jour, universelle. A cause du sionisme. Vous vous imaginez ? Pouvoir revenir dans votre logement 2000 ans après l’avoir quitté et en chasser celui qui l’occupe à ce moment ? Devinez s'il serait d'accord ?

 

 

A qui appartient la terre ? JEAN-JACQUES ROUSSEAU répond : « Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, que de guerres, de meurtres, que de misères et d'horreurs n'eût point épargné au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : gardez-vous d'écouter cet imposteur ; vous êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à tous et que la terre n'est à personne ». La terre n'est à personne.

 

 

En même temps, qui d'assez puissant pourrait prendre la décision de vouloir rayer Israël de la carte ? Israël existe bel et bien. Insoluble, le problème, je vous dis. On trouve ici le trou noir (en quelque sorte) de tout désir de paix. Israël est né d'un coup de force. Comment voulez-vous arriver à la paix dans ces conditions ? C'est l'ONU qui a décidé ? Et alors ? Si c'est contre la volonté des Arabes concernés par l'implantation ? Ce n'est pas la guerre ? Si, c'est la guerre. Je m'égare.

 

 

De toute façon, l’antisémitisme de CÉLINE n’a rien à voir avec le sionisme. Il date de bien avant la création de l'Etat d'Israël. Pas sûr même qu'il  a été contre : « Qu'ils aillent donc traiter d'antisémites les arabes de Palestine » (HENRI GODARD, Céline, p. 413).  Son antisémitisme est carrément, et totalement, PATHOLOGIQUE. Une bonne et grosse et grasse et grave maladie psychiatrique. Lui, ce dont il accuse les juifs en 1937, entre autres, c’est de vouloir faire la guerre à HITLER. Il s'y tiendra mordicus. Pour lui, ils sont (et restent) les fauteurs de la 2ème guerre mondiale. On hallucine évidemment.

 

 

Vous voulez savoir ce que c’est, le CÉLINE antisémite? En voilà un extrait : « J’ai rien de spécial contre les Juifs en tant que juifs, je veux dire simplement truands comme tout le monde, bipèdes à la quête de leur soupe… Ils me gênent pas du tout. Un Juif, ça vaut peut-être un Breton, sur le tas, à égalité, un Auvergnat, un franc-canaque, un « enfant de Marie »… C’est possible… Mais c’est contre le racisme juif que je me révolte, que je suis méchant, que je bouille, ça jusqu’au tréfonds de mon bénouze ! … Je vocifère ! Je tonitrue ! Ils hurlent bien eux aux racistes ! Ils arrêtent jamais ! Aux abominables pogroms ! Aux persécutions séculaires ! C’est leur alibi gigantesque ! C’est la grande tarte ! Leur crème ! On me retirera pas du tronc qu’ils ont dû drôlement les chercher les persécutions ! Foutre bite ! ». Voilà, j’arrête, c’est dans Bagatelles pour un massacre (1937). Et ce n’est pas les pires pages, loin de là, je vous assure. On le trouve sur internet. Sans commentaire.

 

 

Quand la réalité d’Auschwitz pète à la gueule du monde, il surveille ses propos médiatiques, mais ne modifiera en rien, jusqu’au bout, ses positions sur la « question juive ». Les Protocoles des Sages de Sion, ce faux grossier élaboré par la police tsariste ? Il y croit. Le complot juif mondial ? Il y croit. La mainmise des juifs sur les médias, la presse ? Il y croit.

 

 

HENRI GODARD fait toute leur place, sans rien esquiver, me semble-t-il, à ces aspects qu'il qualifie d'insupportables. N'étant pas psychiatre, il se garde d'approfondir. C'est comme en passant qu'il évoque la paranoïa. N'ayant pas autant que lui de précautions à prendre, je le dirai carrément : LOUIS-FERDINAND CÉLINE fut gravement PARANOÏAQUE. Comme le président SCHREBER qui, à part quelques internements, exerça "dignement" sa fonction dans la magistrature (SIGMUND FREUD, Le Cas Schreber).

 

 

Et selon moi on ne peut lui enlever sa folie sans le priver du même coup de son génie. Les deux sont inséparables. Si vous lui arrachez son antisémitisme, vous détruisez son oeuvre littéraire. La folie qu'il y a dans son style est intimement cousine de celle qui gouverne sa vie.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

A suivre.