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dimanche, 04 octobre 2020

L'ETAT DE LA FRANCE

Pour avoir une petite idée de ce qui attend les gens les plus vulnérables de la société française, branchez-vous sur les propos d'Henriette Steinberg (présidente du Secours Populaire), tenus le samedi 3 octobre après les infos de 9 heures, dans une émission souvent agaçante et dont je ne raffole guère : Les Matins du samedi, conduite par Caroline Broué. 

Quelques extraits.

***

Alors que la crise sanitaire a fait basculer nombre de Français dans la précarité, plusieurs associations de lutte contre la pauvreté ont rencontré vendredi le Premier ministre, qui a promis un "Acte II" du plan pauvreté. Entretien avec Henriette Steinberg, Secrétaire générale du Secours populaire.

« C’est l’une des conséquences indirectes de la crise sanitaire et du confinement qui a duré deux mois au printemps : le nombre de pauvres dans notre pays a bondi, comme en témoigne le dernier baromètre du Secours populaire qui a été dévoilé mercredi. Les associations de lutte contre la pauvreté ont été reçues à Matignon hier pour « un rendez-vous de la dernière chance », ont-elles été entendues ?

Cela fait des mois que nous voyons arriver des populations que nous n'avions jamais vu arriver au Secours Populaire. Nous n'allons pas les chercher : il s'agit de travailleurs qui ont perdu leur emploi. Chacun de nous peut le voir. Dans nos villes lorsque nous marchons, nous voyons des rideaux métalliques qui ne se lèvent plus.

Nous avons été écoutés par Matignon. Pour ce qui concerne le Secours populaire, nous avons proposé une solution : celle de créer des marchés populaires solidaires, dont les contenus seraient proposés par les agriculteurs de la région et qui permettrait aux populations de se fournir à des tarifs qu'ils peuvent payer. En partant de la proximité, on crée du lien, de l'emploi, du développement durable et cela permettrait aux familles de pouvoir manger. 

On sort, parfois de la pauvreté. Mais cela prend du temps. L'un des moyens consiste à donner de l'argent et des produits. Mais cela consiste aussi à ce que chacun prenne en main, non seulement son destin, mais aussi celui de son voisin. L'idée selon laquelle on résout le problème en prenant une fraction de la population sans regarder les autres est catastrophique. Au Secours populaire, nous regardons l'ensemble de la population. Et si nous le faisons, les pouvoirs publics peuvent aussi le faire. » (texte copié-collé sur le site de l'émission – excepté quelques corrections orthographiques)

***

On savait déjà que la France, un des pays les plus riches du monde, paraît-il, comptait, avant la crise du Covid-19, plus de 9 millions de pauvres. Madame Henriette Steinberg, personne énergique et combative, explique dans cette émission, avec une netteté tranchante, que les bénévoles qui animent le Secours Populaire ont été éberlués de voir arriver, depuis le confinement et plus encore ensuite, des sortes de gens qu'ils n'avaient jamais vus frapper à leur porte. Ça veut dire que la marée de la pauvreté prend des proportions inédites. On le voit dans les régions avec l'explosion des bénéficiaires du RSA.

La voilà, la vraie France, la France des gilets jaunes, la France qui souffre, hors de vue du gouvernement en général et d'Emmanuel Macron en particulier.

Car pendant ce temps, le fringant président de la même France, dont l'arrogance ne connaît décidément plus de limites, pérore sur le "séparatisme islamiste" (avec quels effets dans le réel ?) ou fait la leçon aux dirigeants libanais, au dictateur biélorusse, et même à Vladimir Poutine – qui doivent bien se marrer.

https://www.franceculture.fr/emissions/linvitee-actu/henr... 

mercredi, 21 mars 2018

THERMOMÈTRE HUMANITAIRE

25 octobre 2016

Lettre ouverte à ceux qui pensent que ça va aller mieux.

Pour avoir une idée de l'état de santé du monde, je propose de prendre sa température. Pour cela, pas de meilleur thermomètre que de constater la prolifération des lieux en état d'urgence humanitaire.

Quand il a fondé les « Restaurants du cœur », en 1985, cette structure reposant pour la plus grande part sur la générosité de la population et sur le bénévolat militant, Coluche rêvait du jour où ils seraient appelés à disparaître. Il pensait que ce jour-là, on n’aurait plus besoin de cette béquille conçue pour apporter à ceux qui n’ont presque rien de quoi manger.

Coluche rêvait en effet. Dans sa naïveté (!), il ne voyait pas (ou plutôt faisait semblant) que ce qui était en train de se mettre en place, c’était un système global, pour dire vite, ultralibéral et impitoyable, faisant du commerce des biens le nec plus ultra de la civilisation mondialisée, et de la dérégulation de tout ce qui pouvait l’entraver une nécessité absolue.

Résultat, trente ans après, le nombre des gens qui ont besoin des Restos du cœur a explosé. Plus fort encore : d’autres associations s’y sont mises, comme la Banque alimentaire, en plus de celles dont c’était déjà le « métier » (Secours populaire, Secours catholique, Emmaüs, etc.). La pauvreté en France n’a cessé de croître, pour atteindre en 2013, selon l’INSEE (vérifié sur le site), le nombre ahurissant de 8,6 millions. Et François Hollande nous déclare "les yeux dans les yeux" que « la France va mieux ». Pour s'assurer de la justesse du diagnostic du docteur Hollande, il suffit d'imaginer ce qui se passe le jour où les associations qui s'occupent des pauvres cessent de fonctionner. Pas besoin, j'espère, de faire un dessin.

Même chose dans tous les pays riches : l’anglais a inventé l’expression « working poors » pour désigner ces gens qui parfois ne gagnent pas de quoi payer un logement, et qui habitent dans leur voiture. Résultat, les urgences se multiplient, les intervenants (plus ou moins désintéressés) prolifèrent, les appels aux dons affluent de tous les horizons. Et il suffit de se promener sur le plateau de la Croix-Rousse pour constater que les mendiants de toutes sortes sont de plus en plus nombreux.

Il n’y a pas besoin de lire les 900 pages de Le Capital au 21ème siècle de Thomas Piketty (ce que je ne suis pas mécontent d'avoir pourtant fait) pour savoir que les inégalités entre les plus riches et les plus pauvres sont de plus en plus criantes, quoi qu’en disent les moyennes obtenues par le moyen des statistiques, qui voudraient nous convaincre que, globalement, « la pauvreté a reculé dans le monde ».

Voilà donc le thermomètre que je propose pour prendre la température de l’état du monde : regarder le nombre des associations humanitaires qui se sont fondées dans le monde, les effectifs des gens qui agissent en leur sein, la taille des populations au secours desquelles elles interviennent. Les humanitaires se démènent comme des diables en Grèce, à Lampedusa, à Calais, et ne savent plus où donner de la tête. Le bénévolat (ce travail gratuit dont Le Monde a souligné récemment qu'il est "créateur de valeur") est en plein essor. J'imagine le jour où un tiers de l'humanité viendra au secours d'un autre tiers, exclusivement composé de victimes d'un troisième tiers, celui des bourreaux. Belle répartition des rôles en perspective.

S’il fallait mesurer la bonne volonté des hommes sur terre, il n’y aurait apparemment aucun souci à se faire, il suffit de regarder le Téléthon, et les innombrables opérations à visée altruiste (par exemple "courir pour elles"). Trois références suffiront à le prouver : 2004 à Sumatra, 2010 à Haïti, 2015 au Népal. La bonne volonté des hommes sur terre est si grande que les canaux acheminant les secours se retrouvent engorgés et les secours eux-mêmes passablement désorganisés. Haïti, à cet égard, fait office de caricature, tant les ONG, les associations humanitaires, l’ONU et autres se sont marché mutuellement sur les pieds dans un désordre proche de l’anarchie.

Ce n’est donc pas un problème de bonne volonté, et l’altruisme a de beaux jours devant lui, quoi qu'on en pense. Mais s’il en est ainsi, il est permis de se demander comment on en est arrivé là.

Comment il se fait que les associations à visée humanitaire ont continué à pulluler et les grandes ONG humanitaires à croître comme des start-up, jusqu’à devenir des multinationales puissantes, opérant leur recrutement de cadres dirigeants dans les grandes écoles, et managées comme des entreprises entrées en concurrence, jusqu’à rendre quasi-automatique aujourd’hui le recours des journalistes à un vocabulaire devenu facile parce qu’il semble évident, mais qui ne l’est pas du tout (« humanitaire », « associations », « ONG »). Et jusqu’à rendre haïssable le vocable même d’ « humanitaire » par saturation.

Comment en est-on arrivé là ? Mais c’est juste que le monde, ignorant superbement les appels à la « fraternité » (ah qu'elle est belle, la campagne pour la « fraternité générale » lancée actuellement !), à la « solidarité », à l’interdiction de toute « discrimination », de tout « amalgame », de tout « racisme », de toute « xénophobie », en gros toutes les pommades verbales qu’on répand sur les plaies ouvertes dans l’espoir de bâillonner les souffrances, ce monde, qui a pour tort unique d'être le monde réel, persiste dans sa volonté de faire le mal et, contre toute raison, d'étendre, d'approfondir et d'accentuer ce mal.

Moralité : les incantations comminatoires à base de grands mots et de « nos valeurs » sont devenues des gadgets, des hochets puérils, totalement déconnectés de la réalité, ce qui est après tout le propre de l’incantation. Le pire, c’est que ceux qui, refusant de manier la pommade consolante, s’entêtent à mettre les vrais mots sur les choses, sont renvoyés d’office aux poubelles de l’histoire, notés d’infamie sous les appellations aussi aisées qu’indémontrées de « conservateurs », de « réacs », quand ce n’est pas de « fachos ».

Le compassionnel est devenu un aboiement d’adjudant. L’émotion est devenue un mode de gouvernement (de domestication) des masses. Plus le monde va mal, plus ceux qui disent qu’il va mal se muent en boucs émissaires, qu’une magie sémantique métamorphose sous nos yeux en « bourreaux » de « victimes » innocentes. Il faudrait pourtant voir les choses en face, et se demander pourquoi le monde a de plus en plus besoin de l'humanitaire.

La vraie fonction de l’humanitaire est, en fin de compte, de cacher aux foules la nature épouvantable du monde qui est en train d’advenir. C’est une sorte de division du travail : aux uns (Monsanto, Apple, E.I., Assad, Poutine, …) la Terreur et le Mal, aux autres (ONG, humanitaires, altruistes, tous les Pangloss, tous les "rassurants", tous les "consolants", …) les pansements sur les jambes de bois. Les infirmiers de la catastrophe prennent le plus grand soin à « ne jamais prendre parti ». Au prétexte que ça les disqualifierait auprès des belligérants, qui les accuseraient de travailler pour leur ennemi. Comme si on admonestait Satan parce qu'il fait le Mal, alors que c'est précisément ce pourquoi il existe : « C'est pas bien, mon petit, de faire le Mal. Allez, ça ira pour cette fois, mais ne recommence pas. ».

C’est-à-dire qu’ils se condamnent à ne jamais nommer les causes du Mal. Ils s’interdisent par principe toute analyse un peu politique. Ils ont la tête dans le guidon et le nez au ras des pâquerettes (ils ont un dos d'une souplesse à toute épreuve). Ils s'en tiennent au service d'urgence, de plus en plus saturé. Cette façon de faire a pour effet de s’en tenir au traitement de la conséquence (les souffrances), en ne se mêlant surtout jamais de la cause (la cruauté, la guerre). 

Le monde humanitaire est un hôpital. « Surtout ne nous mêlons pas de ça ! », geignent-ils sur les plateaux de télévision. Et d'en appeler au « crime de guerre » chaque fois qu'un hôpital est pris pour cible très intentionnelle par les bombardiers. Ils en sont ainsi réduits à l’imprécation incantatoire : « Comment peut-on être d’une telle cruauté ? ». Avec gémissements aigus et suppliques à Poutine (qui se marre bien, sous son masque d'impassibilité). Une variante sans doute des Suppliantes (Euripide). Aujourd'hui le beau rôle.

Les associations et ONG humanitaires, en s’interdisant d’intervenir sur autre chose que les malheurs, la souffrance des gens, se coupent les bras face à l’origine du Mal. Réduites à l’impuissance, réduites au traitement des urgences, elles assistent, comme nous tous, à la montée de la violence dans le monde. A cet égard, l’humanitaire constitue un thermomètre crucial. Un symptôme si vous voulez. Car pendant qu'on nous bombarde de cris d'alarme, les causes du malheur bombardent les populations. Et moi, qu'est-ce que j'y peux ?

C'est certain, la prospérité des organisations humanitaires est directement proportionnelle à celle des malheurs dans le monde. De quoi se demander si les situations seraient pires si les ONG et autres associations caritatives n'existaient pas. Car cette prospérité seule devrait, en soi, alerter les gens ordinaires. Qui devraient se dire qu'il y a de la dénégation du réel dans le réflexe humanitaire.

Faire appel à l'émotion, à l'empathie et aux bons sentiments, comme nous y invite l'humanitarisme à tout crin (« Mais on ne peut pas rester là à savoir ça et à ne rien faire ! Il faut faire quelque chose ! »), c'est nier la réalité bien concrète des intérêts et de la géopolitique.

C'est vouloir vider l'océan à la petite cuillère pour le vider dans le tonneau des Danaïdes.

Il faut redire ce que disait Coluche au début des Restos du cœur : c'est quand toutes les associations humanitaires seront devenues inutiles et amenées à disparaître que l'humanité pourra se dire sans risque d'erreur qu'elle « va mieux ». En attendant, il y a du mouron à se faire.

Voilà ce que je dis, moi.

mercredi, 07 février 2018

DOCTEUR, COMMENT VA LE MONDE ?

Des nouvelles de l’état du monde (18).

Le monde va-t-il bien ? Le monde va-t-il mal ? Le débat fait rage (un de plus, dira-t-on, voir au 2 février). Les uns ne voient, selon les autres, que le côté heureux des choses, sont heureux du monde dans lequel ils vivent et disent du mal de Michel Houellebecq. Les autres souffrent, selon les uns, d’une sinistrose chronique aiguë, trouvent inquiétant tout ce qui arrive et sont allergiques à Michel Serres, le « ravi de la crèche ».

Bien entendu, « les uns » et « les autres » se toisent, s’affrontent, s’invectivent et ne peuvent supporter de voir applaudir leurs adversaires. Pour « les uns », « les autres » sont d’insupportables pessimistes, tandis que l’optimisme des premiers apparaît aux seconds comme d’indéfendables béatitudes. « Les uns » détiennent des richesses actives de créativité, « les autres » possèdent la sagesse imperturbable de la lucidité. Peut-être une version modernissime de la concurrence entre les partisans de l'"action" et le adeptes de la "connaissance" (vieilles catégories de la philo en classe de terminale) ? Une nouvelle mouture du combat des Voraces contre les Coriaces ? Comment savoir qui a raison ?

Je crois que c’est assez simple. Comme dans la médecine, il s’agit de mesurer assez objectivement une température ou une pression artérielle : plus la température augmente, plus la pression monte, plus il faut s’inquiéter, c’est proportionnel. On est à l'affût de la moindre anomalie ; on guette l'AVC, l'infarctus, la rupture d'anévrisme ; on scrute les appels à l’aide, on entend les cris des lanceurs d’alertes. On a l’œil sur les signaux, on note leur fréquence et leur intensité. Dès lors, on a une idée approximative de l’amélioration ou de l’aggravation de l’état du malade. Je propose de limiter notre étude à quatre symptômes.

1 – Le symptôme humanitaire.

Tout le monde a l'air de trouver normal qu'il existe aujourd'hui des organisations qui se sont donné pour but de sauver les humains auxquels il arrive des malheurs. J'en déduis que tout le monde trouve normal qu'il arrive des malheurs. Il faut pourtant le dire bien fort : il n'est pas normal qu'il y ait de l'humanitaire. L'existence même des organisations humanitaires, et surtout leur omniprésence sur toutes sortes de terrains et dans tous les canaux médiatiques est un très mauvais signe.

L’idée est simple : plus vous avez d’intervenants humanitaires, d’associations de bénévoles, d’ONG plus ou moins puissantes engagés sur le terrain, plus ça veut dire qu'il y a urgence : le nombre des sauveteurs permet de mesurer le malheur. Mais la taille des camps de réfugiés répartis sur la surface du globe et l’importance des populations contraintes ou désireuses de quitter leurs terres pour des ailleurs moins sombres sont également de bons indicateurs.

Prenez la Birmanie, charmant pays exotique bourré de bouddhisme et de bouddhistes qu’on nous présente en général comme des modèles de tolérance et de pacifisme. Résultat : 650.000 réfugiés dans des camps au Bangla Desh voisin. L’aimable junte birmane, incitée par une grande humaniste qui a eu le prix Nobel de la paix, leur promet qu’ils peuvent rentrer chez eux, à condition qu’ils puissent prouver leur identité et leur lieu d’habitation, étant entendu que les éléments de preuve et les lieux ont été soigneusement détruits au préalable, par le fer et par le feu.

Prenez le Yemen, charmant pays bourré d’islams divers et de corruptions variées qui s’opposent militairement, qu’on présentait il n’y a pas si longtemps comme un paradis pour touristes (il est vrai que certains étaient invités à prolonger leur séjour jusqu’à paiement d’une rançon). L’ambiance éminemment fraternelle qui règne aujourd’hui dans le pays a ouvert la porte à une société principalement fondée sur le choléra et, dans un avenir très proche, sur la famine.

Prenez le Kasaï, province congolaise, où se commettent allègrement découpages à la machette de fœtus extraits du ventre de leur mère, plantages d’objets tranchants ou contondants dans le vagin des femmes, dévorations et autres cruautés. On avait lu les mêmes choses en 2012 (cf. 30 novembre), quand le naïf docteur Mukwege (« l'homme qui répare les femmes ») avait installé une maternité dans le nord-Kivu, autre province congolaise, qui était très vite devenue, par la force des événements, un atelier de réparation des femmes torturées et violées. Il y a depuis 1999 des casques bleus de l’ONU en mission (MONUC, puis MONUSCO) quasi-humanitaire en RDC (17.000 actuellement). En pure perte : il y a trop d’appétits voraces sur ces terres et trop de coltan (ou d'or, ou de niobium, ou d'étain, ...) en dessous pour que la paix puisse régner. Il y a même des casques bleus qui paient cette paix-là de leur vie.

Prenez les camps ouverts au Tchad pour les plus de 200.000 réfugiés définitifs du Darfour (trois provinces à l’ouest du Soudan). Prenez les camps de Dadaab au nord du Kenya, où s’entassent 500.000 réfugiés définitifs venus de Somalie pour échapper à la guerre. Prenez les 2.000.000 de Palestiniens installés au Liban ou en Jordanie avec le statut de réfugiés définitifs. Prenez les îles de Nauru et Manu, qui servent au gouvernement australien de poubelles à migrants. Prenez la Turquie, la Syrie, l'Irak, l'Afghanistan, mais aussi la Jordanie, le Liban, la Libye, le Sinaï, le Sahel, la Somalie, … Prenez … Prenez … Prenez ...

Prenez, en France à présent, face à la foule de ceux qui n’ont pas assez d’argent pour manger tous les jours, se démener les foules caritatives et humanitaires du genre Banque alimentaire, Secours Populaire, Secours catholique et autres associations. Prenez les Restos du cœur, dont Coluche espérait, en les fondant, les voir disparaître un jour, et qui n’ont cessé de croître et embellir avec le temps, passant de 8,5 millions de repas distribués en 1985-1986, année de fondation, à 136 millions en 2016-2017.

J’hésite presque à parler de Calais, où les Anglais laissent la France, avec un flegme imperturbable, patauger dans l’innommable merdier qu’ils ont réussi à lui refiler (accords du Touquet, 2003, Chirac-Sarkozy), déclenchant au passage une petite guerre civile où s’affrontent les troupes humanitaires françaises et les troupes françaises du ministre de l’intérieur, pendant que s’affrontent à coups de feu passeurs érythréens et afghans. La France porte injustement le fardeau de ce merdier (ne pas confondre avec le "fardier de Cugnot") légué par l'Angleterre.

Je note que ce ne sont pas les bonnes volontés qui manquent pour intervenir sur le terrain, que ce soit en Europe (Grèce, Italie, Espagne, France), en Afrique, au Proche-Orient : plus le nombre des gens qui ont besoin qu’on leur porte secours augmente, plus la générosité populaire se manifeste (du moins on le souhaite). Plus s'allongent les colonnes de réfugiés, malheureux, démunis, misérables, SDF dans le monde, plus prospèrent les rangs des troupes humanitaires. Aussi est-ce moins cette générosité qui m’inquiète que les situations et événements qui l’ont rendue à ce point nécessaire : l'humanitaire n'est qu'un effet induit des situations et événements. Quel est le degré maximum d'urgence humanitaire que l'humanité est capable de supporter ?

Alors, docteur, comment va le malade ? Votre diagnostic sur le symptôme humanitaire ?

A suivre prochainement : les symptômes 2-planétaire, 3-inégalitaire, 4-mercenaire.

lundi, 09 février 2015

AUDINCOURT, MORNE PLAINE !

Du beau travail, vraiment. Audincourt, Audincourt, Audincourt, morne plaine ! La République a eu chaud aux fesses, paraît-il.

 

Depuis qu'il n'y a plus de Clergé, la France n'a plus que deux Ordres : la Noblesse (caste politique, caste économique, caste médiatique) et le Tiers-Etat. La répartition des forces est à peu près la même qu'en 1789 : 1 % / 99 %. La répartition des pouvoirs est à peu près la même qu'au doux temps de l'Afrique du Sud d'avant Nelson Mandela et Frederik de Klerk. 

 

Pour en finir avec l'angoisse du Front National, ce parti aussi pourri et plus incompétent que les autres, le premier article de la recette est économique et lumineux : rétablir la justice dans l'accès aux ressources, autrement dit dans la redistribution des richesses. Regardez où va la courbe de la population qui, pour simplement se nourrir, a recours aux Restos du Cœur, au Secours Populaire, aux Banques Alimentaires, et vous verrez que la France n'est pas sortie de l'auberge. Plus vous aurez de pauvres et de chômeurs en France, plus le Front National croîtra et embellira sur son fumier.

 

Pour en finir avec l'angoisse du Front National, le deuxième article est politique et encore plus simple : reconnaissance du vote blanc comme suffrage exprimé, interdiction totale du cumul des mandats, limitation à deux  mandats dans le temps, instauration de la proportionnelle. Quand le personnel politique qui gouverne la France cessera d'être sélectionné, comme dans n'importe quelle profession, pour « faire carrière dans la politique », et ressemblera à la population de la France, quand les bobines de ces gugusses changeront régulièrement, on commencera peut-être à voir le bout d'un de nos tunnels.

 

Pauvreté

+ Chômage

+ Personnel politique incompétent ou impuissant

+ Accaparement des pouvoirs par quelques castes

+ Turpitudes diverses des responsables 

= Front National.

 

Car en lui-même, le Front National, c'est une baudruche. Eliminez les raisons de son succès apparent : la baudruche éclate. Seulement voilà, les autres en face (le "Front Républicain") auraient honte d'avoir l'air de se déjuger. Et ils tiennent trop à l'os qu'ils tiennent entre leurs crocs.

 

Voilà ce que je dis, moi.