dimanche, 19 mai 2024
MACRON, ATTAL, DARMANIN, FAUTEURS ...
... DE GUERRE CIVILE EN NOUVELLE CALÉDONIE !!!
La démonstration sera rapide et simple.
Années 1986-1988 : la cohabitation, Jacques Chirac Premier ministre, Bernard Pons ministre des D.O.M.-T.O.M., la grotte d'Ouvéa, le bain de sang, triomphe de la "raison d'Etat".
1988 : Rocard Premier ministre : arrive au pouvoir une forme d' "intelligence de la situation". Résultat : les Accords de Matignon, qui ramènent la paix dans l'archipel, dans un équilibre précaire mais rassurant.
1998 : Jospin Premier ministre. Signature de l'Accord de Nouméa, qui instaure des transferts de compétences, mais aussi des transferts de propriétés foncières en direction des Kanaks. On accepte de reconnaître « les ombres de la période coloniale, même si elle ne fut pas dépourvue de lumière ».
Kanaks et Caldoches semblent pouvoir partager une "souveraineté" sur le territoire. Dans 20 ans, on décidera de la suite à donner. A cet effet, on organisera trois consultations (référendums) à l'issue desquelles le statut définitif de l'archipel sera défini et adopté par une majorité. Seuls seront admis les électeurs inscrits depuis 1994 (certains disent 1998).
2018 premier référendum : 56,67 % s'affirment contre l'indépendance. Le taux de gens favorables au maintien dans la République française tombe à 53,3 % au deuxième référendum, qui a lieu en 2020.
Tout le monde attend donc fébrilement le résultat du troisième référendum, qui doit avoir lieu en 2021 : la barre des 50 % de "oui à l'indépendance" sera-t-elle franchie ?
Mais catastrophe : en 2021, le COVID 19 s'abat sur la Nouvelle Calédonie. Les Kanaks sont les premières victimes : on compte environ 300 morts dans leurs rangs. Ils demandent par conséquent le report de la consultation. On les comprend.
Hélas, le gouvernement de monsieur Macron, contre toute logique de santé publique, maintient fièrement le référendum. C'est la première (et grossière) faute politique majeure dans le dossier.
Car les Kanaks (un peu plus de 40 % du corps électoral), tout entiers et légitimement préoccupés par les devoirs qu'ils doivent rendre à leurs morts, refusent de se rendre dans les bureaux de vote. Certains ne veulent pas pour autant qu'on les accuse d' "appeler au boycott". On les comprend.
Evidemment, le résultat de ce référendum-croupion écrase comme prévu les espoirs des Kanaks d'exister pleinement dans la future Nouvelle-Calédonie.
Et puis arrive 2024. La présidente de la "province du sud" (c'est-à-dire Nouméa avec la région la plus prospère) est une cinglée qui, par exemple et entre autres, demande carrément la départementalisation (genre Mayotte, vous voyez d'ici le sac de nœuds). Elle s'appelle Sonia Backès. Dans le même camp, qu'on peut appeler de droite de la droite, on trouve Nicolas Metzdorf, député.
Comment ont-ils eu l'oreille d'Emmanuel Macron et de ses amis du gouvernement ? Je l'ignore. Toujours est-il que tout ce petit monde s'entend pour faire adopter très vite une loi instaurant le « dégel du corps électoral de Nouvelle-Calédonie ».
Autrement dit, le gouvernement français a décidé d'entrer en conflit ouvert avec tout ce qui aspire à l'indépendance. Disons même que, contrairement à la règle d'impartialité que l'Etat français s'était imposée dans le but de laisser l'initiative aux acteurs locaux, Macron a purement et simplement pris parti pour le maintien du "Caillou" dans la République, et contre l'indépendance (donc contre les Kanaks). Ce raidissement soudain est chose faite début mai. Mais c'est quoi, le "dégel" dont on parle ?
Rien de plus et rien de moins que la deuxième (et peut-être pas la dernière) faute politique majeure du gouvernement Attal. Comme l'annonce le journal Le Monde daté 16 mai 2024.
Alors on aimerait pourtant comprendre le pourquoi de cette ébauche de guerre. Très simple et direct : le "dégel du corps électoral", sorte de déclaration, ça revient à renvoyer les Kanaks à leur "minorité".
Pour expliciter : à réduire à néant l'espoir pour eux d'obtenir un jour une majorité dans les institutions du territoire et d'arriver à un "rééquilibrage" qui rende à ce peuple une souveraineté relative sur sa propre terre. Qui lui donne l'impression de s'appartenir, au moins en partie.
Car le "dégel", ça consiste à introduire entre 25.000 et 30.000 nouveaux électeurs sur les listes. Alors que le "gel du corps électoral" de 1998 (sur la base de 1994, ou de 1998), ça consistait à établir une paix institutionnelle entre les blancs ("coloniaux") et les autochtones au sein de l'état de droit, en figeant la situation.
Dans cette perspective, le "dégel" est un geste brutal, une dénonciation unilatérale d'un modus vivendi obtenu laborieusement sous la houlette des responsables de 1988 et 1998 (Rocard et Jospin) tiens, des gens de gauche !). Le "dégel" voulu par Macron est donc en soi une violence.
Alors, moralité et conclusion ? Pourquoi Macron, Attal et Darmanin ont-ils décidé de jeter à la poubelle le travail et les efforts déployés par les prédécesseurs pour arriver à une paix honorable pour toutes les parties ? J'hésite. Est-ce de l'incompétence ? Du caprice d'enfant gâté ? De l'inexpérience ? De la bêtise brute ? De l'acharnement dans le sentiment de toute-puissance ? De la rage d'imposer une volonté ?
Visiblement, si le sinistre trio a compris la situation, cela veut dire qu'il a choisi consciemment de mettre de l'huile sur le feu aux poudres où il est assis. Après l'envoi de troupes en Ukraine, j'ai l'impression que Macron a de la suite dans les idées et dans sa politique de coups de menton.
Il y a de quoi se demander quelle image il se fait du monde des hommes dans sa propre tête. Et de quoi, pour les Français, s'inquiéter de l'avenir.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : emmanuel macron, président de la république, gabriel attal, premier ministre, gérald darmanin, ministre de l'intérieur, france, politique, société, nouvelle calédonie, indépendantisme, guerre civile, jacques chirac, bernard pons, dom-tom, grotte d'ouvéa, raison d'état, michel rocard, accords de matignon, jean-marie tjibaou, lionel jospin, accord de nouméa, kanaks, caldoches, référendums nouvelle calédonie, pandémie covid 19, sonia backès, nicolas metzdorf, mayotte, départementalisation, dégel du corps électoral
jeudi, 02 novembre 2017
UNE VICTOIRE CATALANE
NOTULE EN PASSANT
L'affaire catalane nous apporte une nouvelle preuve de la puissance des médias sur les esprits, et spécialement, en l'occurrence, sur ceux des journalistes chargés de rendre compte des événements, heure par heure, dans la succession palpitante de rebondissements dont les gens raisonnables se disent déjà que certains envoyés spéciaux seront sur les rotules bien avant l'épilogue.
Mais cette affaire catalane a déjà obtenu un résultat tangible. Je veux dire un résultat audible. A la façon dont tous les gens de presse s'expriment, on est obligé d'admettre qu'ils sont doués pour les langues étrangères : à l'occasion du déchaînement catalaniste, en effet, ils se sont tous mis au catalan. La preuve ? L'effort qu'ils font pour prononcer le nom du président de la Catalogne à la façon des Catalans.
Il s'appelle Carlès (attention : ne dites surtout pas Carlos) Puigdemont. Attention, ça ne se pronnonce pas comme c'est écrit. Son nom n'a l'air de rien, comme ça, vu de France, mais les gens avertis savent désormais qu'il faut articuler « puitchdemonntt ». Le drôle de la chose, c'est que tous les journalistes que j'ai entendus parler de ça s'y sont mis comme un seul homme, le doigt sur la couture du pantalon, même les femmes attachées à la mode aujourd'hui vieillotte de la jupe. La Catalanie a gagné ! Comme quoi la langue est bien la meilleure des choses, tout au moins quand ce n'est pas la pire, comme disait je ne sais plus quel fabuliste bègue, bossu et grec. Bravo, la Catalanie ! En avant vers d'autres victoires, comme disait Ségolène Royal après s'être fait battre en 2007.
Moi qui avais eu du mal à prononcer « redjep tchossia » pour Rexhep Qosja (l'auteur albanais de La Mort me vient de ces yeux-là), ou « bichennté lizarazou » pour Bixente Lizarazu (footballeur basque, à ce qu'on m'assure), je me dis que la vie va devenir compliquée pour les journalistes des actualités internationales.
Rendez-vous compte : si les conférences de presse se déroulent non plus dans les quelques langues nationales avec lesquelles ils ont fait l'effort de se familiariser, mais dans les centaines de langues régionales que compte le territoire européen (comme il est arrivé récemment à Barcelone, où le chef de la police régionale, comme une réponse en bras d'honneur, a quitté la salle quand un journaliste téméraire a eu le culot de lui demander pourquoi il tenait à s'exprimer systématiquement en catalan, et non en espagnol), il va falloir que les fabricants de logiciels de traduction automatique investissent des fortunes pour se mettre en mesure de satisfaire les marchés qui s'ouvrent à eux.
Moi, j'appelle ça une exceptionnelle campagne de communication. Ce qui était peut-être, tout bien considéré, le principal but recherché.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : catalogne, carlès puigdemont, mariano rajoy, barcelone, catalans, ségolène royal, politique, espagne, indépendantisme, journalistes, conférence de presse, rexhep qosja, la mort me vient de ces yeux-là, albanie, bixente lizarazu