samedi, 04 mai 2024
DU VIN OU DE L'EAU ? ...
... IL FAUDRAIT CHOISIR !!!
Ci-dessous les titres de deux articles parus dans le même numéro du journal Le Monde, le 27 avril 2024. Deux informations également déplorables. Simple coïncidence, n'est-ce pas.
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A l'époque où une célèbre multinationale ("nestlé" signifie "petit nid", comme l'indique le logo ci-contre )
assaisonne au caca une marque d'eau minérale pétillante ("Perrier c'est fou"), on attend le retour d'un nommé Jésus pour qu'il nous refasse le "coup des Noces de Cana" (avec modération, bien sûr), puisque le capitaine Haddock échoue dans sa tentative de miracle.
Allons, reprenons en chœur : « J'ai le hoquet, Dieu me l'a fait, Vive Jésus, Je ne l'ai plus ».
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A moins que ...
A moins que, à l'instar d'Aldebert de Beaufort, on demande à Sara, la vieille sorcière, de faire en sorte que les fontaines donnent non plus de l'eau, mais du vin. En usant simplement de "quelques formules cabalistiques".
Hélas, c'était longtemps avant les verdicts sans appel du lobby des hygiénistes fanatiques, vous savez, ces pisse-froid, prétendus scientifiques, qui se sont regroupés sous l'étendard de la "santé publique", et qui ne rêvent que d'une société rationnellement gouvernée par les statistiques, les comptables et les gens "raisonnables".
PROSIT !
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samedi, 30 mars 2024
UNE AVENTURE DE SANTÉ
Je viens de vivre une aventure de santé brutale, dangereuse et débilitante. Je ne m'en vante pas. Je tente de revenir en bon état de cet aléa vital. Pour le reste, je ne change rien à mes sujets de prédilection. En voici, j'espère, une preuve convaincante. On admirera l'inventivité, la créativité de Bianca Castafiore quand elle est mise en présence du nom du capitaine Haddock. J'adore pour ma part "Harrock'n roll, Madame Castafiole". On voudra bien excuser le désordre.
09:00 Publié dans BANDE DESSINEE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bande dessinée, tintin, hergé, georges rémi, l'affaire tournesol, les bijoux de la castafiore, coke en stock, tintin et les picaros
mercredi, 14 février 2024
L'ENFER DE MATIGNON
Ce n'est pas moi qui ai inventé l'expression "L'Enfer de Matignon". Qui fut le premier ex-premier-ministre à le dire ? Peu importe. Seule compte la réalité.
Ce qui est sûr, c'est que les témoignages se sont accumulés au fil du temps : des nuits blanches, raccourcies ou interrompues en plein milieu du sommeil paradoxal (le meilleur, paraît-il) ; jamais un moment à soi ; et pour couronner le tout, une collection de subordonnés indisciplinés pour qui être nommé ministre ne signifie pas servir dans une équipe pour servir le pays, mais mettre les doigts dans une prise qui, si le rocher est bon et franc, permettra de grimper plus haut et, pourquoi pas, d'atteindre le sommet.
On l'a donc compris, pour briguer le poste de premier ministre, il faut appartenir à la catégorie des masochistes amateurs de l'extrême, ou à celles des naïfs intégraux, des utopistes incorrigibles, des exaltés sourds à tous les conseils avisés, des apprentis-dictateurs aveugles sur leurs propres capacités, des humoristes catastrophistes, etc.
Et cela explique que la longévité du "locataire" (ironie : un des très rares locataires en France à être richement rétribué pour occuper les lieux) de l'hôtel Matignon soit en général très très très mesurée. Toujours est-il que le poste de premier ministre use prématurément le titulaire.
Ce qui fait que l'actuel occupant de l'Elysée, M. Emmanuel Macron, est constamment à la recherche de l'homme au profil impeccable, c'est-à-dire assez fort pour tenir bon face au stress ou aux agressions pendant une durée pas trop ridicule (façon Edith Cresson, de célèbre mémoire) ; mais aussi pas assez fort pour que lui vienne l'idée saugrenue qu'il pourrait prendre la place du président.
La photo ci-dessous, prise en secret par Brigitte Macron, montre Emmanuel Macron dans un de ces moments où la presse n'est pas invitée, où les nerfs du président le trahissent un bref instant, et où il confie son désarroi de façon émouvante contre l'épaule de Jacques Attali, l'homme aux cent plumes qui sait tout, qui a tout compris mais qui, dans les circonstances les plus difficiles, sait trouver les mots qui essuient les larmes les plus grosses.
Hergé, "Les Aventures de Jo, Zette et Jocko", La Vallée des cobras, p.49 (texte à peine retouché).
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vendredi, 30 juin 2023
DU CHIRAC DANS LE (PRÉ-)TEXTE ...
... OU CHIRAC REVU ET CORRIGÉ.
Tout le monde se souvient :
« Notre maison brûle, et nous regardons ailleurs »,
(Johannesburg, 2002).
Vingt ans après ce constat d'une lucidité térébrante, je me permets d'apporter un léger rectificatif en forme d'actualisation du propos.
« Notre maison brûle, et nous ne courons pas assez vite ».
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Note : Toute référence, toute allusion à quelque événement tout récent impliquant des forces de polices et des bandes de jeunes soucieuses de passer entre vieux copains quelques soirées animées autour du feu, de renouveler ici et là le mobilier urbain et de remplir gratuitement le réfrigérateur familial serait évidemment, purement et entièrement fortuite.
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mardi, 11 octobre 2022
HERGÉ FACÉTIEUX
Une vignette (en fait il y en a deux qui se suivent), deux vacheries. Cela se passe sur une colonne Morris. On peut se reporter au billet "Une facétie de Gotlib" du 11 juin 2022, où c'est encore une colonne Morris qui tient le rôle de figurant protagoniste (si l'on peut parler ainsi).
Le Trésor de Rackham Le Rouge (1945), p.2, vignette 6.
Là, c'est franchement comique : vous le voyez, le Tino Rossi, voix de ténorino sucré voué aux veillées des chaumières et aux "petit papa Noël" mielleux, dans le costume et le rôle d'une grande basse profonde russe, façon Chaliapine, qui meurt en scène de façon intense et spectaculaire : vous savez : « Tant que je respire, je suis encore le tsar » ?
Apparemment, Hergé avait aussi une dent contre Sacha Guitry (titre de la pièce et trois principaux rôles). Hergé n'a pas complètement tort.
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Bon, je sais bien que Tino Rossi et Sacha Guitry, ça ne dit plus rien à des cohortes de plus en plus serrées de Français, que tout ça ne nous rajeunit pas, que les éditions Casterman devraient veiller à réactualiser les références. Tiens, ça pourrait même être un jeu : qui mettriez-vous à la place de Tino Rossi ? Quelle œuvre à la place de Boris Godounov ? Quelle tête de Turc à la place de Sacha Guitry ? J'ai bien quelques idées, mais je m'en voudrais de passer pour un "influenceur" (un métier nouveau et très à la mode des "réseaux sociaux"), fût-ce potentiel.
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mercredi, 17 août 2022
PARLEZ-VOUS INDONÉSIEN ?
PARLEZ-VOUS INDONÉSIEN ?
Pas moi. Je suis donc obligé de m'en remettre, en cas de besoin, aux moyens offerts par les facilités techniques modernes. Mais cela pose question. En l'occurrence, quelle confiance faut-il accorder au système de traduction automatique de Google, si l'on essaie de comprendre quelques phrases qu'Hergé a placées, aux pages 15, 30 et 41, dans la bouche de "Sondonésiens" (Indonésiens des îles de la Sonde ?) dans le vingt-deuxième album des aventures de Tintin, Vol 714 pour Sidney ? Ci-dessous, une vignette de la page 15.
Bon courage à ceux qui voudraient voir le film en V.O. Pour les sous-titres, voici la traduction qu'en donne Google, selon l'ami Sylvain. Libre à chacun d'accorder la confiance qu'il veut à la machine de traduction de Google et de penser ce qu'il veut du résultat. Pour moi, c'est la cocasserie qui domine : Hergé était bien capable de telles facéties, accessibles aux seuls initiés.
09:00 Publié dans BANDE DESSINEE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bande dessinée, humour, hergé, georges rémi, aventures de tintin, vol 714 pour sidney
mardi, 18 janvier 2022
ET C'EST AINSI QU'ALLAH ...
« La vérité se trouve aux éditions du Seuil dans une ravissante collection consacrée aux signes [je me permets de corriger le "singe" imprimé p.95] du zodiaque et rédigée par de bon écrivains. Elle s'adresse aux "honnêtes gens". Elle n'indique pas le moyen de gagner à la loterie, manque d'opinion sur le chiffre 13 et n'assure nulle part que la pierre de lune vous fera aimer le mercredi par des nièces de maraîchères si vous êtes beau-frère du potier. En revanche, elle contient de remarquables études sur les grands hommes qui ont illustré le signe étudié. On y trouve des choses étonnantes : "Le chant du taureau est vénusien" ; "le Taureau et les Poissons n'arrivent pas à se comprendre" ; "la femme du Taureau s'habille avec un rien" ; "le Taureau froid use ses vieilles jaquettes". De tels détails confondent l'esprit humain. Ils s'entourent de mille images, photographies, gravures sur bois, autographes, zodiaques sur fond vert, vases grecs, tableaux de musée, bœufs mésopotamiens, cartes du ciel où traînent des dieux et où s'agitent des monstres comme des têtards dans un étang. On y voit Montherlant vêtu en picador, Turgot donnant sa démission et des demoiselles exaltées qui frappent sur des tambourins.
Je reste obsédé par le Taureau froid. Sa queue glacée sort de sa vieille jaquette. Il exhale un chant vénusien. Il s'accompagne sur la lyre. L'ablette et le poisson-scie n'arrivent pas à le comprendre. Il ne fera pas un sou de recette. Heureusement que sa femme s'habille avec un rien.
C'est également ce qui sauve de la misère les aborigènes d'Australie. Ces gens sont dénués à tel point de tout vêtement, confort, hygiène, couverture, édredon, et matelas en caoutchouc mousse qu'ils dorment debout sur une seule jambe. Depuis huit mille quatre cents ans, époque de leur apparition dans un désert nu comme la main qu'ils se partagent avec le kangourou-boxeur. Dangereuse fréquentation. Une dépêche de Londres annonce que des savants se sont lancés à leur poursuite afin de découvrir la raison de cet étrange comportement. Pourquoi l'aborigène dort-il sur une seule jambe ? Cruelle énigme. Et faux problème : il dort parce que l'homme a besoin de sommeil ; sur une seule jambe afin de reposer l'autre. Ainsi ont raisonné des savants plus sérieux. Il faut bien, ont-ils dit, dormir sur quelque chose. Comment ne serait-ce pas sur une jambe ou sur l'autre ? On ne peut pas dormir sur les deux ! C'est une position épuisante ! Quant à vivre sans nul sommeil, un tel rêve ne pourrait se loger que dans une tête sans cervelle. Le travailleur qui oublie la sieste, dit un proverbe du Centre-Afrique, est aussi fou que le poisson ouah-ouah ».
Alexandre Vialatte, Et c'est ainsi qu'Allah est grand, Fayard, 1979.
jeudi, 05 août 2021
LE CIRQUE HIPPARQUE
On a marché sur la Lune.
Une plaisanterie que j'aime presque autant que le : « Jusqu'où s'arrêteront-ils ? » du regretté Coluche.
20:56 Publié dans HUMOUR | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bande dessinée, tintin, hergé, georges rémi, on a marché sur la lune, capitaine haddock, professeur tournesol, les dupondt
dimanche, 07 février 2021
LES DISCOURS DE MACRON
Monsieur le Président de la République Française, Emmanuel Macron, s'apprête à prononcer un de ces discours flamboyants dont il a le secret aux Français prosternés qui boivent ses paroles comme des oracles.
09:00 Publié dans HUMOUR | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : france, politique, société, emmanuel macron, président de la république, humour, tintin, tintin au tibet, hergé, georges rémi, bande dessinée
vendredi, 19 mai 2017
ARTICLE TINTIN
La collection des Dictionnaires amoureux (éditions Plon) est désormais, et depuis longtemps, confortablement installée dans le paysage de la librairie française. Il en a paru une centaine. Je m'en suis procuré deux, pour la simple raison que le "concept" me rase a priori. Peut-être à tort. Aucun sujet n'est apparemment proscrit. Alain Rey a même confectionné un savoureux Dictionnaire amoureux des dictionnaires. En 2016, Albert Algoud, un fou de BD, ou plutôt tintinophile enragé, ce qui est à la fois plus restrictif et plus ambitieux, a à son tour publié, après son Petit dictionnaire énervé de Tintin (éd. De l’Opportun, 2010) un formidable Dictionnaire amoureux de Tintin : une vraie mine à ciel ouvert.
On y trouve en effet une foule de pépites. Par exemple, on apprend que le « Caramba » proféré à plusieurs reprises, entre autres, par Ramon Bada dans L’oreille cassée, en dehors de signifier « sapristi », « flûte » ou « zut », a pour étymologie un mot (« carajo ») qui « désigne le membre viril ». Il n’est pas sûr que Hergé se soit avisé de la chose avant d’en faire usage (ni d’ailleurs que dans l’affirmative il aurait choisi autre chose).
Le ton souvent personnel d’Albert Algoud convient parfaitement au sujet qu’il s’est proposé, et c’est presque naturellement qu’on voit apparaître des sujets dont la connexion à l’univers de Hergé ne saute pas aux yeux. Ainsi voit-il dans certaines vignettes spécialement surchargées de détails un discret hommage au style bien particulier du dessinateur Dubout. Il commence l’article à lui consacré par un souvenir. Ses grands-parents possédaient une gravure de Dubout, intitulée "Fête au village" : « Evidemment, j’avais remarqué tout particulièrement dans l’encadrement d’une fenêtre aux volets entrebâillés cette jeune femme à demi dénudée lutinée par un moustachu apoplectique ». Esprit de Rabelais, es-tu là ?
Albert Algoud ne dédaigne pas, pour s’amuser ou pour remplir le cahier des charges (un respectable volume de 800 pages), de glisser dans ses pages des articles qui font diversion. Par exemple, le nom de Wronzoff, un des méchants de l’Île noire (le seul à être en mesure de se faire obéir du gorille Ranko), sert de prétexte à un délire sur le nom de Voronoff, un chirurgien français célèbre dans les années 1920, qui pratiquait des opérations à partir de testicules de singe sur une clientèle masculine qui pensaient retrouver de la « vigueur », parmi laquelle il se plaît à placer le philosophe fictif Jean-Baptiste Botul (personnage inventé par Frédéric Pagès), célèbre pour avoir « enduit d’erreur » l’imbu et imbuvable Bernard-Henri Lévy en personne. On pardonnera cet excursus à l'auteur.
On dira que je cherche vraiment la petite bête, mais je ne peux m’empêcher de signaler à monsieur Algoud une erreur dans l’article Cartoffoli, l’Italien qui roule en « Lancia Aurelia B20 GT coupé de couleur bordeaux » dans L’Affaire Tournesol, et qui possède le nom le plus long de toute l'histoire de la BD (avec la kyrielle des prénoms qu'il débite au gendarme qui l'a arrêté. En effet, parmi ces noms , il cite le vieil Indien d’Oumpah-pah (Goscinny et Uderzo, avant Astérix) N’a-qu’une-dent-mais-elle-est-tombée-alors-maintenant-n’en-a-plus, mais il orthographie mal, comme je le montre ci-dessous, le nom du « chevalier prussien », l’Allemand qui fait face au Français De la Pâte Feuilletée.
Et non pas Katzen...etc., monsieur Algoud, sauf votre respect. Le nom du "chevalier prussien" vaut celui dont le savant Cosinus baptise son invention cyclable, je parle évidemment de l'anémélectroreculpédalicoupeventombrosoparacloucycle (ci-dessous). J'avoue qu'il faut un certain entraînement pour le prononcer d'une seule coulée.
Cela n’enlève rien à l’inépuisable savoir d’Albert Algoud en matière de tintinologie, qui rassemble, dans ce Dictionnaire amoureux de Tintin, une masse d’informations indispensables. J’ajoute que c’est un ouvrage d’une hospitalité et d’une convivialité hautement recommandables : s’il égratigne tant soit peu les psychanalystes de Tintin (Tisseron, Apostolidès, …), c’est qu’il ne supporte pas la sotte cuistrerie et la fatuité pédante de tous ceux qui affirment détenir le savoir. Face à la sécheresse universitaire (et au Savoir en général), il est indispensable de rester sceptique, voire narquois.
En revanche, l’auteur rend un hommage appuyé à tous les conviviaux qui ont servi humblement et fidèlement la divinité sortie de la plume et du talent de Georges Rémi : Philippe Goddin, Benoît Peeters, … Dans je ne sais plus quel article, il pousse la confraternité jusqu’à citer le nom de Renaud Nattiez, auteur d’un Mystère Tintin (que je n’ai pas lu) et qui vient de faire paraître Le Dictionnaire Tintin aux trop peu connues du grand public éditions Honoré Champion. J’admire évidemment le travail du monsieur, qui reconnaît d'entrée de jeu sa dette envers plusieurs connaisseurs de Tintin, parmi lesquels on trouve les noms de Goddin, Peeters, Algoud et compagnie. L'œuvre de Hergé a beau être vaste, on se dit que le monde est petit.
Aucun libraire lyonnais n'a été foutu de me procurer ce bouquin : nul ne connaissait en effet les éditions Champion qui, reconnaissons-le, ne sont pas spécialement connues pour être versées dans la Bande Dessinée.
Je me permets cependant de trouver superfétatoire sa manie de la définition dont il estime utile d’en affubler chacune des entrées (exemple : « Drapeaux : Pièces d’étoffe attachées à une hampe, portant l’emblème, les couleurs d’une nation, d’une unité militaire, d’un organisme, d’un groupe »). Il me semble qu’il aurait pu (et dû) s’en passer. Passons.
Tombe d'Honoré Champion au cimetière du Montparnasse à Paris (2014).
Quoi qu’il en soit, les visées des deux auteurs sont radicalement hétérogènes, et peut-être incompatibles : autant Albert Algoud s’efforce de nous apprendre le maximum de choses que nous ignorons, lecteurs moyens, quoiqu’assidus, autant Renaud Nattiez s’adresse aux néophytes, qui ne connaissent l’univers de Hergé qu’à travers ce que la rumeur publique en colporte. Nattiez se contente de rassembler, sous la double centaine d'entrées de son ouvrage, les données éparses dans les albums. Que peut-il apporter au petit peuple des élus, à la confrérie des initiés, je veux dire à ceux qui savent ?
Pour finir, une remarque tout de même sur la façon dont les deux dictionnaires sont illustrés : la dictature que fait régner Nick Rodwell, administrateur délégué de Moulinsart SA sur l’héritage de Georges Rémi, allant jusqu’à interdire à quiconque d’utiliser quelque vignette que ce soit de l’œuvre du maître a poussé nos deux auteurs à ruser. Nattiez (éditions Champion) en est réduit à confier à un certain Stanislas la couverture de son ouvrage, tandis que celui d’Albert Algoud est parsemé de vignettes signées Alain Bouldouyre.
D’ici que Tintin tombe dans le domaine public (en 2053), on peut compter sur Nick Rodwell, époux de la veuve, pour remplir plus haut que le bord le bas de laine des ayants-droits de Hergé.
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans BANDE DESSINEE, LITTERATURE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bande dessinée, littérature, dictionnaire amoureux plon, dictionnaire amoureux de tintin, dictionnaire amoureux des dictionnaires, alain rey, éditions plon, albert algoud, éditions de l'opportun, petit dictionnaire énervé de tintin, caramba, ramon bada, hergé, tintin, éditions moulinsart, dubout dessinateur, rabelais, jean-baptiste botul, bhl, bernard-henri lévy, frédéric pagès, gorille ranko, oumpah-pah, uderzo goscinny, astérix, serge tisseron, apostolidès, georges rémi, philippe goddin, benoît peeters, renaud nattiez, éditions champion, nattiez le mystère tintin, nattiez dictionnaire tintin, nick rodwell, moulinsart sa, alain bouldouyre, christophe georges colomb, le professeur cosinus
mercredi, 23 novembre 2016
HERGÉ, TINTIN ET MOI
Si je n’ai pas été baptisé à coups de bandes dessinées, très tôt l’eau m’en a coulé sur le front et j’en ai précocement goûté le sel sur ma langue. Tout a commencé avec Tintin : c’est avec Tintin que je suis né à la BD. La collection à peu près incomplète (il y en avait plusieurs encore à venir, je vous parle d'un temps ...) en était sagement rangée au rez-de-plancher d’un placard, dans la chambre de l’oncle, encore futur médecin à l'époque (comme son père), tout au bout du long couloir, au troisième étage du 39, cours de la Liberté (tél. MOncey 17-25). L’appartement des grands-parents faisait l’angle de la rue de la Part-Dieu.
L’état de santé des albums témoignait de la place importante, passion paisible, qu'ils occupaient dans la maison, qui les feuilletait sans cesse. Quelques éditions originales devaient se trouver parmi ceux-ci mais, comme on sait, une E.O. qui ne vous serait pas présentée « à l’état de neuf » (comme disent les marchands) a une médiocre valeur vénale. Ils avaient été maniés par tant de mains, le temps leur avait fait subir tant d'avanies que, encore à peu près entiers et lisibles, ils étaient rigoureusement invendables. Autant en prendre son parti, après avoir un instant rêvé, en voyant les cotes hallucinantes atteintes aujourd'hui par les volumes, les planches et les dessins originaux, dans le BDM et les salles de ventes (commentaire d'un spécialiste de ces ventes, après celle de la planche 26 de On a Marché sur la lune : « Le marché se structure »).
Vous remettez la planche en N&B. Maintenant, aboulez les 1,55 millions.
A défaut de spéculer, la famille entière s'était imprégnée (entre autres) d’une solide culture tintinophile, ce qui donnait parfois lieu à des joutes avec un mien cousin, pour trancher la question de savoir qui de nous deux était le plus érudit. Rien de tel qu'une compétition pour vous inciter à lire avec la plus grande précision et à mémoriser, par exemple les prénoms de l’obligeant « Cartoffoli dé Milano » (« Arturo Benedetto Giovanni Giuseppe Pietro Archangelo Alfredo »), qui a pris en stop Tintin, Haddock et Milou qui sont « A la poursouité dé Tournésolé mio » (L’Affaire Tournesol). Cela fait un moment que je ne me livre plus à ce genre de concurrence des vanités, mais il m’en est longtemps resté quelque chose, et il m’arrive encore d’étonner tel ami par le détail que je suis en mesure de citer.
Retrouvant très régulièrement le dit cousin pour les vacances dans le haut Beaujolais ou quelque part en Haute-Loire, nous passions des journées à courir les bois, les champs, ou à rendre visite aux vieux « Joseph et Marie » (tels ils se prénommaient), chez qui j’ai appris à traire l’une des six vaches, à boire le « lait bourru », à regarder fonctionner l’écrémeuse ou à gober un œuf tout juste pris « sous le cul de la poule ».
Il y avait aussi le père Pic, qui cuisait un énorme pain une fois par semaine (par mois ?), nous réservant, à François et moi, quand nous étions là, deux boules fourrées de raisins secs. Nous l’aidions (?) à porter la soupe aux deux cochons qui épanouissaient leur lard dans l’enclos de pierres sèches. Il fallait les voir se jeter avec force « gruik » les pieds dans la mangeoire. Mais trêve de réminiscences.
Je voulais seulement dire combien l’univers d’Hergé était présent à l’esprit de toute la famille : François et moi passions tellement nos journées ensemble qu’on nous avait en effet surnommés « les Dupondt ». Lequel était « d », lequel « t », peu importait, et l’attribution fluctuait d’autant mieux que nous étions alors, et pour un bon moment, dépourvus de moustaches.
Pour en finir avec Tintin, inutile d’insister – l’expérience étant largement partagée – sur les moments palpitants vécus au gré des aventures de ce héros, certes incolore, inodore, lisse et sans âge, mais indéracinable de l’imaginaire de ceux qui s’y sont plongés (d'ailleurs peut-être, précisément, à cause de ça). Me revient à l’occasion l’épisode où les Dupondt participent, bien malgré eux, à un concours de voltige aérienne, dont ils remportent d’ailleurs la coupe (« à l'unanimité » du jury, s'il vous plaît, mais dans quel état) (L’Île noire). C’est cet album dont je regrette encore que les studios Hergé aient publié une version redessinée et soi-disant « modernisée », trouvant un charme quasi-exotique à la première.
Si j’ai bien longtemps ignoré les aventures de Quick et Flupke, je prisais fort celles de Jo, Zette et Jocko, vécues par Hergé, si je me souviens bien, comme un pis-aller alimentaire et provisoire, et dont les volumes résidaient au même rez-de-plancher. Je pense à l’image très forte de la barque perdue dans le brouillard, vide de ses occupants, et à l’ « opération marchand de sable », qui permet aux bandits du sous-marin de faire main basse sur la cargaison d’or et les objets précieux des passagers fortunés (Le Manitoba ne répond plus). Au gavage des deux héros par les sauvages de l'île dans l’intention d'en faire bientôt un bon méchoui (L’Éruption du Karamako).
A l’incroyable vie de M. Pump, chronométrée à la seconde parce qu’il est littéralement obsédé par la vitesse et l’exigence d’augmenter la productivité de chaque instant de sa vie. Mal lui en prend : il se tue au volant de son bolide (Le Testament de M. Pump : en français monsieur Pompe). A la séance des dames réunies autour d’une table : « Esprit de mon mari, êtes-vous là ? », et au surgissement du singe Jocko, dans le même uniforme que celui du mari, dont le portrait peint est suspendu au mur, au grand dam de la dame qui se pâme (Destination New York).
Si je voulais évoquer, de la même manière, les aventures de Tintin, je n’en finirais pas. Je pourrais citer la scène de Tintin en Amérique où, le chauffeur de taxi ayant verrouillé les portes, on retrouve le héros au bord de la route, avec à la main la scie (trouvée où ?) qui lui a permis de fausser compagnie à son geôlier. Je pourrais citer, dans Objectif Lune, celle où le professeur Tournesol, amnésique, pète les plombs en retrouvant violemment la mémoire, quand Haddock le traite de « Zouave ».
Je pourrais citer, de Coke en Stock, la réponse du capitaine Haddock à la Castafiore, au moment où elle vient saluer les quatre naufragés, recueillis à bord du Shéhérazade, le superbe yacht du marquis di Gorgonzola (alias l’infâme Rastapopoulos) : « ’n roll, Madame Castafiole … Harrock’n roll ! ». Je pourrais citer, dans L’Affaire Tournesol, la penderie dans la loge de la Castafiore, où sont cachés Haddock et Tintin, qui en profite pour rafler, dans les poches du colonel Sponsz, les papiers autorisant la mise en liberté du cher Tryphon.
Je pourrais encore citer l’écharpe jaune de Tchang coincée dans un rocher, dans Tintin au Tibet, le « Toung Si Nan Peï » chanté par l’envoyé de monsieur Wang dans Le Lotus bleu, quand il est frappé par la fléchette au radjaïdjah, le poison-qui-rend-fou, le « Sur la mer calmée … » entonné par Philémon Siclone dans Les Cigares du pharaon[1], bref : la liste serait interminable. Au reste, tout le monde a la sienne propre. Je préfère m’arrêter : il est en général assez vain de prêcher des convaincus. Et ceux qui ne le sont pas ont autre chose à faire que d’écouter des harangues.
Voilà ce que je dis, moi.
[1]Si quelqu’un est en mesure de révéler la solution de l’énigme figurant dans Les Cigares du Pharaon, il est le bienvenu. Que se disent Tintin et Philémon Siclone quand, chacun dans son sarcophage, ils tentent de communiquer ? Mystère (c’est en page 11). Trois vignettes, trois séquences rigoureusement incompréhensibles : « …té…oua…our…pa…ote…ère… », « …elle…ière…son… », « …ou…pa…pa…é…or…a…er…opel…a… ». J’ai abdiqué.
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