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jeudi, 05 août 2021

LE CIRQUE HIPPARQUE

On a marché sur la Lune.

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Une plaisanterie que j'aime presque autant que le : « Jusqu'où s'arrêteront-ils ? » du regretté Coluche.

mercredi, 23 novembre 2016

HERGÉ, TINTIN ET MOI

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L’état de santé des albums témoignait de la place importante, passion paisible, qu'ils occupaient dans la maison, qui les feuilletait sans cesse. bande dessinée,bd,hergé,georges rémi,les aventures de tintin et milou,tintin au tibet,coke en stock,le lotus bleu,les cigares du pharaon,objectif lune,l'affaire tournesol,tintin en amérique,jo zette et jocko,le testament de m. pump,new york,le manitoba ne répond plus,l'éruption du karamako,l'île noire,les dupondt,on a marché sur la lune,bdm,tintin éditions originales,tintin ventes aux enchères,artcurialQuelques éditions originales devaient se trouver parmi ceux-ci mais, comme on sait, une E.O. qui ne vous serait pas présentée « à l’état de neuf » (comme disent les marchands) a une médiocre valeur vénale. Ils avaient été maniés par tant de mains, le temps leur avait fait subir tant d'avanies que, encore à peu près entiers et lisibles, ils étaient rigoureusement invendables. Autant en prendre son parti, après avoir un instant rêvé, en voyant les cotes hallucinantes atteintes aujourd'hui par les volumes, les planches et les dessins originaux, dans le BDM et les salles de ventes (commentaire d'un spécialiste de ces ventes, après celle de la planche 26 de On a Marché sur la lune : « Le marché se structure »).

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Vous remettez la planche en N&B. Maintenant, aboulez les 1,55 millions.

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Retrouvant très régulièrement le dit cousin pour les vacances dans le hautbande dessinée,bd,hergé,georges rémi,les aventures de tintin et milou,tintin au tibet,coke en stock,le lotus bleu,les cigares du pharaon,objectif lune,l'affaire tournesol,tintin en amérique,jo zette et jocko,le testament de m. pump,new york,le manitoba ne répond plus,l'éruption du karamako,l'île noire,les dupondt,on a marché sur la lune,bdm,tintin éditions originales,tintin ventes aux enchères,artcurial Beaujolais ou quelque part en Haute-Loire, nous passions des journées à courir les bois, les champs, ou à rendre visite aux vieux « Joseph et Marie » (tels ils se prénommaient), chez qui j’ai appris à traire l’une des six vaches, à boire le « lait bourru », à regarder fonctionner l’écrémeuse ou à gober un œuf tout juste pris « sous le cul de la poule ».

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Je voulais seulement dire combien l’univers d’Hergé était présent à l’esprit de toutebande dessinée,bd,hergé,georges rémi,les aventures de tintin et milou,tintin au tibet,coke en stock,le lotus bleu,les cigares du pharaon,objectif lune,l'affaire tournesol,tintin en amérique,jo zette et jocko,le testament de m. pump,new york,le manitoba ne répond plus,l'éruption du karamako,l'île noire,les dupondt,on a marché sur la lune,bdm,tintin éditions originales,tintin ventes aux enchères,artcurial la famille : François et moi passions tellement nos journées ensemble qu’on nous avait en effet surnommés « les Dupondt ». Lequel était « », lequel « », peu importait, et l’attribution fluctuait d’autant mieux que nous étions alors, et pour un bon moment, dépourvus de moustaches.

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Si j’ai bien longtemps ignoré les aventures de Quick et Flupke, je prisais fort cellesbande dessinée,bd,hergé,georges rémi,les aventures de tintin et milou,tintin au tibet,coke en stock,le lotus bleu,les cigares du pharaon,objectif lune,l'affaire tournesol,tintin en amérique,jo zette et jocko,le testament de m. pump,new york,le manitoba ne répond plus,l'éruption du karamako,l'île noire,les dupondt,on a marché sur la lune,bdm,tintin éditions originales,tintin ventes aux enchères,artcurial de Jo, Zette et Jocko, vécues par Hergé, si je me souviens bien, comme un pis-aller alimentaire et provisoire, et dont les volumes résidaient au même rez-de-plancher. Je pense à l’image très forte de la barque perdue dans le brouillard, vide de ses occupants, et à l’ « opération marchand de sable », qui permet aux bandits du sous-marin de faire main basse sur la cargaison d’or et les objets précieux des passagers fortunés (Le Manitoba ne répond plus). Au gavage des deux héros par les sauvages de l'île dans l’intention d'en faire bientôt un bon méchoui (L’Éruption du Karamako).

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Si je voulais évoquer, de la même manière, les aventures de Tintin, je n’enbande dessinée,bd,hergé,georges rémi,les aventures de tintin et milou,tintin au tibet,coke en stock,le lotus bleu,les cigares du pharaon,objectif lune,l'affaire tournesol,tintin en amérique,jo zette et jocko,le testament de m. pump,new york,le manitoba ne répond plus,l'éruption du karamako,l'île noire,les dupondt,on a marché sur la lune,bdm,tintin éditions originales,tintin ventes aux enchères,artcurial finirais pas. Je pourrais citer la scène de Tintin en Amérique où, le chauffeur de taxi ayant verrouillé les portes, on retrouve le héros au bord de la route, avec à la main la scie (trouvée où ?) qui lui a permis de fausser compagnie à son geôlier. Je pourrais citer, dans Objectif Lune, celle où le professeur Tournesol, amnésique, pète les plombs en retrouvant violemment la mémoire, quand Haddock le traite de « Zouave ».

Je pourrais citer, de Coke en Stock, la réponse du capitaine Haddock à la Castafiore, au moment où elle vient saluer les quatre naufragés, recueillis à bord du Shéhérazade, le superbe yacht du marquis di Gorgonzola (alias l’infâme Rastapopoulos) : « ’n roll, Madame Castafiole … Harrock’n roll ! ». Je pourrais citer, dans L’Affaire Tournesol, la penderie dans la loge de la Castafiore, où sont cachés Haddock et Tintin, qui en profite pour rafler, dans les poches du colonel Sponsz, les papiers autorisant la mise en liberté du cher Tryphon.

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Voilà ce que je dis, moi.

 

[1]Si quelqu’un est en mesure de révéler la solution de l’énigme figurant dans Les Cigares du Pharaon, il est le bienvenu. Que se disent Tintin et Philémon Siclone quand, chacun dans son sarcophage, ils tentent de communiquer ? Mystère (c’est en page 11). Trois vignettes, trois séquences rigoureusement incompréhensibles : « …té…oua…our…pa…ote…ère… »,  « …elle…ière…son… », « …ou…pa…pa…é…or…a…er…opel…a… ». J’ai abdiqué.

jeudi, 07 mai 2015

COCAÏNE ÜBER ALLES !

SAVIANO 2014 EXTRA PURE.jpgQuand il a publié Gomorra (en 2006, Gallimard, 2007), Roberto Saviano ne se rendait pas compte qu’il commettait une sorte de suicide. S’il dédie Extra pure (Gallimard, 2014) « à tous les carabiniers qui ont assuré [sa] protection rapprochée », c’est parce que, depuis bientôt dix ans, tous les clans de la « Camorra » qui sévissent à Naples et dans toute la Campanie se sont juré de l’assassiner. Qu’il ne compte pas trop sur Extra pure pour arranger ses affaires. Au contraire. 

Qu’est-ce qu’ils lui ont fait, les mafieux de la terre entière, pour qu’il vienne les embêter comme ça, à mettre toutes leurs combines en plein vent, sur la place publique. Et non content d’asticoter les hyènes et chacals qui règnent sur Naples et alentour, voilà qu’il remet ça, mais dans les grandes dimensions. 

Dans Extra pure, voilà donc qu’il se farcit, dans l’ordre et successivement : 1 – les pires gangs qui ont fait de l’Etat mexicain un arbre pourri des racines à la cime ; 2 – les pires cartels (et milices paramilitaires) qui ont fait de la Colombie un champ de bataille dévasté ; 3 – les pires « mafijas » parties de Russie à l’assaut du monde ; 4 – les pires clans de la N’dranghetta calabraise qui, depuis l’Italie, ont tissé leurs réseaux commerciaux de la Ruhr à l’Australie ; 5  – les pires filières africaines qui ont ouvert à la coke sud-américaine des autoroutes vers l’Europe. 

Il a même un mot de commisération pour les enfants de chœur de laSAVIANO 2007 ROBERTO GOMORRA.jpg  pauvre Camorra napolitaine, qui apparaît sur la photo comme le cousin disgracié de la famille, après être apparue comme dangereuse, infaillible et toute-puissante dans Gomorra. C’en est touchant. Peut-être qu’il est déçu que les premiers gangsters dont il a fait ses ennemis soient aujourd’hui relégués dans les profondeurs du classement criminel international. 

Cela dit, je ne suis pas sûr que son livre serve à grand-chose : y aura-t-il une prise de conscience des gouvernements du monde ? S’entendront-ils pour éradiquer le commerce de cocaïne ? L’auteur lui-même sait que non : il le dit quelque part vers la fin. Il sait qu’Extra pure est un coup d’épée dans l’eau. Un de plus. Je crois qu’il est lucide. Donc désespéré. Pour ne pas désespérer, il faut croire. Roberto Saviano ne croit pas : il sait. Les gouvernements aussi, ils savent. Mais ils ne veulent pas. On pourrait peut-être au moins leur demander pourquoi ?

Par-dessus le marché, il n’a pas choisi la facilité. D'abord l'épaisseur des 450 pages. Et puis aussi, question de style et de choix de narration. Il lui arrive trop souvent, en plein chapitre, de changer de sujet pour y revenir un peu plus loin. C’est le cas p. 391, où il abandonne soudain le « mulet » Mamadou pour énumérer les pays qui ont fait de l’Afrique un « continent blanc » (blanc de la neige qu’on devine, bien sûr), et revenir à Mamadou une fois l’énumération achevée.

Cela fait un livre à l'exposition lourdingue, souvent difficile à suivre, à cause du touffu de l’exposé. Ça m'étonnerait que ça fasse un best-seller. C'est dommage, vraiment. Avec un livre plus clair, plus "pédagogique", l'auteur aurait peut-être été plus efficace. Je regrette qu'il manifeste ici quelques prétentions littéraires. J'ai même cru, au début, qu'il se prenait pour un écrivain. J'aurais préféré un documentaire sec.

Et puis il y a aussi l’aspect « Litanie des Saints » (ou plutôt « Litanies de Satan », extension imprévue du titre de Baudelaire) : quand on a fini les chapitres consacrés au Mexique, on a passé en revue une kyrielle de noms de parrains, une ribambelle de noms de gangs, un chapelet de nom de lieux, une cascade de morts, de cruautés, de têtes coupées et de tortures toutes plus atroces les unes que les autres. On a envie de crier grâce. N’en jetez plus. Cela donne une impression si glauque et dangereuse du Mexique, que je finis par me demander si la réalité en est vraiment descendue à un tel degré de pourriture. 

On a l’impression que la drogue fait couler tellement d’argent dans les poches des « Narcos », que les gangs peuvent acheter les services de n’importe qui, à tous les niveaux des hiérarchies officielles : responsables politiques, administratifs, économiques, militaires et policiers. L’armée et la police semblent si gravement gangrenées, les bandits sont si bien organisés et informés que très peu d’opérations dirigées contre eux réussissent, et même que certaines apparaissent comme secrètement téléguidées par un gang rival pour éliminer un concurrent. 

C’est un livre qui fout la trouille, qui donne l'impression d'être passé derrière le rideau de la réalité du monde : non contents de semer la mort violente, la corruption des pouvoirs, en plus de l’addiction des clientèles à la coke, les narcotrafiquants arrivent à « blanchir » des sommes d’argent tellement astronomiques pour les réinjecter dans l’économie légale, qu’il semble désormais tout à fait impossible pour les polices financières du monde entier de faire la différence entre l’argent propre et le sale. 

Saviano, évoquant la crise financière de 2007/8, affirme même que la masse d’argent sale a sauvé quelques banques de la faillite. Le juge Jean de Maillard (voir mon billet du 9 mars) et les services « Tracfin » de toutes les polices peuvent toujours courir après les responsables du marché de la drogue mondialisée, les gangs sont organisés de façon tellement souple et ingénieuse, que ce ne sera jamais qu’une toute petite partie du trafic (la « partie émergée de l’iceberg », dit l’auteur, des circuits d'approvisionnement en coke et des circuits financiers de blanchiment) qui sera stoppée et saisie. Je veux bien le croire.

La drogue aujourd’hui, à commencer par la cocaïne, qui arrive en tête du hit parade, fait l’objet d’un commerce qui repose sur une organisation digne des entreprises transnationales les plus performantes et réactives. Certains mafiosi ont l’envergure des plus grands capitaines d’industrie. L’auteur évoque par exemple la figure de Mogilevic, « le Brainy Don », « le parrain au QI stratosphérique » (p. 314), génial organisateur. 

Tous les « métiers » de la grande entreprise sont représentés dans les gangs de la drogue par des gens talentueux, toutes les qualités des plus grands entrepreneurs sont présentes chez les personnels de ces multinationales criminelles : le sens de l’organisation, le flair dans le repérage des marchés potentiels, le sens des affaires, l’ingéniosité financière, une adaptabilité presque infinie et immédiate des circuits. Sans parler des chimistes de haut niveau qui s'occupent de toutes les phases de la transformation des feuilles de coca en poudre blanche, capables d'obtenir un produit pur à 95 %.

La structure de ce marché mondial est donc exactement calquée sur le modèle en vigueur dans l’économie capitaliste. Mieux : l’intrication de l’économie légale et de l’économie criminelle est telle qu’on ne saurait lutter contre la seconde sans nuire gravement à la première. Saviano le dit : « J'essaie de comprendre [Mogilevic] jusque dans le moindre détail, pour me démontrer avant tout à moi-même à quel point le monde des affaires est lié à celui de la criminalité » (p. 314).  

Si je mets bout à bout quelques lectures récentes a) sur le fonctionnement dément et destructeur du capitalisme actuel ;  b) sur l’effacement de la frontière entre économie légale et économie criminelle ; c) sur l’affaiblissement dramatique des puissances étatiques face aux forces qui veulent privatiser le monde (hommes, bêtes et choses) à leur profit ; d) sur l’étau policier qui se resserre autour de l’Etat de droit et de l’individu, je me dis que ça commence à faire beaucoup pour une seule humanité, et que bientôt, on ne pourra plus dire, comme le fait quelqu'un de bien connu : « On n’est vraiment bien que sur notre bonne vieille terre ». ON A MARCHE 1.jpgON A MARCHE 2.jpg

 

 

 

 

 

 

 

Voilà ce que je dis, moi. 

 

Note : demain, quelques morceaux choisis dans le bouquin pour illustrer le présent billet.  

mardi, 04 novembre 2014

L’ÉLÉPHANT CÉLÈBES

LE JOURNAL DES VOYAGES AUX SOURCES DE MAX ERNST ? 

Les visiteurs de ce blog, s’ils se souviennent ou qu’ils font un détour par ce que j’y avais mis les 1, 2 et 3 août 2013, savent à quelle profondeur de sol est enraciné mon intérêt pour la « Bande Dessinée », nourrice au sein généreux et au lait aussi riche qu’Abondant et Crésus réunis.

 

Si je cite ces trois dates, c’est que j’y braquais alors ma lorgnette sur certaines sources qui avaient pu inspirer le grand Hergé pour certaines de ses vignettes. C’est ainsi que Les Malices de Plick et Plock (Georges Colomb, alias Christophe) ont été mises à contribution dans la scène du Temple du soleil où le capitaine Haddock se transforme en énorme boule de neige dévalant une pente vertigineuse (dans les deux images, notez le pied qui dépasse).

 

Que L’Idée fixe du savant Cosinus a fourni le remède miracle capable de le réveiller de son coma (Le Temple du soleil, p. 32, et On a Marché sur la lune, p. 61), quoique sur un thème plus en accord avec son penchant pour une boisson forte distillée en Ecosse, alors que le docteur Letuber avait réveillé Cosinus en introduisant, « pour se donner une contenance », une erreur dans la formule savante que ce dernier avait écrite sur son tableau noir, inventant « la fameuse mathématicothérapie ». Moralité : Hergé s'est souvenu de Christophe, par ailleurs inoubliable géniteur du sapeur Camember (né un 29 février) et de la famille Fenouillard.

 

Et puis j’étais tombé par hasard, en feuilletant une collection du Journal des Voyages, sur un incendie de prairie qui a bien pu inspirer celui de la page 38 de Tintin en Amérique. Et que Tintin au Congo, en sa page 20, avait fort bien pu aller y chercher la locomotive Decauville, que l’autorité de Tintin - dont l'automobile avait jeté bas celle-ci - commandant la manœuvre aux Africains réussit à remettre sur ses rails (se reporter aux billets mentionnés plus haut).


Mais c’est surtout l’éléphant formant la partie centrale de ces billets qui m’intéresse aujourd’hui. Car si je n’ai rien de nouveau sur le couple (ci-contre) Hergé-Journal des Voyages, un souvenir m’est revenu, en revoyant l’image de cet éléphant soulevant le « gamin de Paris » avec sa trompe, celui d’une œuvre peinte par Max Ernst en 1921 : L’Eléphant des Célèbes (parfois nommé "L'Eléphant Célèbes").

 

On pensera ce qu’on voudra de cette grosse masse couleur d’ardoise, la question n’est pas là. J'en ai pensé pendant un temps ce que j'ai pensé : je n’étais pas encore dessillé de la grosse fumisterie surréaliste.

 

L’encyclopédie en ligne signale que l’artiste s’est servi, pour la forme principale, d’un « silo à grains soudanais ». Je veux bien, c'est sûrement vrai, et je n’ai rien contre les silos à grains soudanais. Au contraire, je les adore. Pour dire le vrai, j’en raffole. Nul ne saurait se passer d’un silo à grains, surtout soudanais, surtout en temps de disette, surtout s'il est convenablement pourvu. Je me tapote cependant le menton.

 

Mon scepticisme paraîtra peut-être suspect (voire lèche-cul) à certains, mais qu'on juge plutôt la curieuse parenté de forme qui unit l’œuvre du peintre "surréaliste" (pas encore : le Manifeste est de 1924) à la gravure du Journal des Voyages. Bien mieux même, à la réflexion, qu’à la vignette d’Hergé. Il me semble que la confrontation des deux images met en évidence une source d'inspiration de Max Ernst, de façon très vraisembable. Tout n'y est pas, certes, mais ...

 

Je n’entrerai pas dans les détails, l’analyse ou l'argumentation : que celui qui a des yeux regarde. Je me contente de me gausser : Max Ernst a fourni à plaisir un arsenal de brimborions de ce qui fera plus tard l'attirail quincaillant et fossilisé des poncifs de la verroterie surréaliste (où l'on remarque encore, soit dit en passant, des souvenirs techniques de Giorgio de Chirico - alors l'idole d'André Breton - ou de Carlo Carra).

 

Alors je ne vais pas cacher une légère déception : l'éléphant, dans le récit du Journal des Voyages, n'a rien à voir avec les Célèbes (Kalimantan, Sulawesi, Moluques, ... enfin, c'est dans ce coin-là). Les aventures de Friquet, dans Le Tour du monde d'un gamin de Paris, (racontées par Louis Boussenard) se déroulent en effet quelque part en Afrique, sans doute du côté de l'actuel Gabon, où les aventuriers ont affaire aux cruels « Osyebas », des anthropophages sans pitié (qui, soit dit en passant, si ce sont bien les mêmes, fabriquent des représentations saisissantes du visage humain). Pour les amateurs de références précises, l'illustration figure à la p.37 du tome V, dans le n°107, paru le dimanche 27 juillet 1879.

 

Résultat des courses : si « l'éléphant est irréfutable » (cela doit dire quelque chose aux connaisseurs d'Alexandre Vialatte, que diable !), je ne sais pas de quel chapeau est sorti l'archipel des Célèbes. Voilà un beau thème de recherche pour les chercheurs. En revanche, je peux dire que Vialatte a fait venir cette expression sous sa plume en écrivant sa « Chronique d'Orson Welles, de Falstaff, et de plusieurs autres éléphants », publiée dans La Montagne le 9 août 1966. Toujours pour les amateurs de références précises.

 

Ma conclusion ? Oh, elle est simple : le Surréalisme prônait une « révolution de l’esprit » (vous savez, la sempiternelle rengaine andrébretonnouillante : « Changer la vie, a dit Rimbaud, transformer le monde, a dit Marx : ces deux mots d’ordre pour nous n’en font qu’un »), et il a, au bout du compte, accouché d'un avorton minable et dévastateur : Sa Majesté la Marchandise, en fournissant à la toute-puissante Régence de Son Eminence Publicité une mine inépuisable d’images (puisées dans les couches les plus superficielles de l'inconscient), capables de déréaliser la réalité et d’élever un écran infranchissable entre l’esprit des masses consommatrices et la destruction réelle du monde concret (la formule "destruction concrète du monde réel" est également admise).

 

Voilà ce que je dis, moi.  

jeudi, 01 août 2013

HERGE ET LE JOURNAL DES VOYAGES

Je suis toujours en vacances, mais …

 

Avant de partir, je me suis bien avancé dans mon travail, ce qui permet à ce blog de ne pas rester totalement muet : il faut penser à tous les malheureux qui ne partent pas en voyage, et qui ne peuvent pas compter sur « Une journée à la plage offerte aux enfants défavorisés » par le Secours Populaire. Le Journal des Voyages offre tellement de destinations palpitantes, d’aventures mémorables, de phénomènes qui défient l’imagination, qu’il n’est guère besoin de sortir de chez soi pour frémir d’angoisse et de volupté.

J'ai évoqué, voilà déjà quelque temps, Les Malices de Plick et Plock, de Christophe, comme source d'inspiration possible d'Hergé, dans certaines aventures de Tintin.

J'ai évoqué, plus récemment, la résurrection du capitaine Haddock à son retour de la lune (mais il y a aussi celui du Temple du soleil, et toujours au son du mot "whisky"), qui est sans doute un souvenir du réveil du savant Cosinus, quand le docteur Letuber introduit une erreur dans une équation complexe figurant sur le tableau. 

Eh bien, ladies and gents, après "Hergé et Christophe", voici donc maintenant : "Hergé et le Journal des Voyages". Pour célébrer dignement, et même fièrement l'entrée dans le mois d'août, rien de tel qu'un bel incendie de prairie poussé par le vent, et poussant devant lui toutes sortes d'animaux à deux et quatre pattes.

 

On distingue assez nettement les deux cerfs, le tigre et le buffle (à moins que ce soit un bison). Je n'ai pas compté les oiseaux. Mais tiens tiens, j'ai déjà vu ça quelque part. Oui oui, ça me fait penser à quelque chose. Ne serait-ce pas Hergé qui, une fois de plus, a puisé dans ses propres souvenirs de lectures enfantines pour nourrir les aventures de Tintin ? On trouve en effet, dans Tintin en Amérique, une scène identique à celle représentée en "une" du n°66 du Journal des Voyages(13 octobre 1878). Ce n'est d'ailleurs pas le seul : on en trouve de pareils à plusieurs reprises.

Disons qu'Hergé, à destination des petits, a le souci de simplifier la compréhension de la scène, par rapport au caractère touffu et sombre de l'original : à l'aspect synthétique de celui-ci, il organise une séquence découpée qu'un esprit enfantin est à même de saisir sans autre forme de procédé.

 

Notons ensuite que la dernière vignette (en bas à droite) appartient à l'époque où, Tintin étant hebdomadaire, il fallait trouver l'hameçon capable de ferrer le poisson la semaine suivante. Notons enfin l'étonnante stabilité du quadrillage de la chemise de Tintin, toujours impeccablement orienté verticalement. Mais un enfant prête-t-il attention à si menu détail ?

jeudi, 21 mars 2013

HERGE CONNAISSEUR DE COSINUS

 

ELEPHANTIASIS 2.jpg

UN ELEPHANTIASIS DU SCROTUM, PARTICULIEREMENT SPECTACULAIRE

(même si on ne sait pas au juste ce qu'est un scrotum, on le devine ici)

 

***

Ceux qui, le 15 novembre dernier, sont venus lire mon petit billet du jour, savent qu’Hergé, pour être, d’une certaine manière un génie, ne méconnaissait pas pour autant ses grands prédécesseurs, en particulier le nommé Georges Colomb (pour l’état civil), alias Christophe, en toute modestie, son nom de plume. Ce professeur de sciences savait écrire, mais il savait tout aussi bien dessiner. Et cela dans un esprit de 'pataphysicien chevronné avant l'heure et de cousin putatif d'Alphonse Allais et de l'Alfred Jarry de La Chandelle verte et de FaustrollTout est dans Faustroll », disait le T. S. (Transcendant Satrape) Boris Vian).

 

Ces drôles de dons lui ont permis d’enfanter quatre albums qui sont autant d’enchantements. Christophe y fait évoluer des personnages aussi improbables qu’inoubliables, et qui ont noms Fenouillard, Camember, Plick et Plock et Cosinus.

 

photographie,monstres,monstruosités,freaks,bande dessinée,hergé,tintin,capitaine haddock,christophe georges colomb,cosinus,plick et plock,famille fenouillard,camember,humour,le temple du soleil,malices de plick et plock,mathématiques,on a marché sur la lune,whisky,zorrinoOn sait donc, depuis le 15 novembre 2012, que lephotographie,monstres,monstruosités,freaks,bande dessinée,hergé,tintin,capitaine haddock,christophe georges colomb,cosinus,plick et plock,famille fenouillard,camember,humour,le temple du soleil,malices de plick et plock,mathématiques,on a marché sur la lune,whisky,zorrino capitaine Haddock en boule de neige, quand il dévale une pente des Andes (Le Temple du soleil) pour s’écraser contre un rocher miraculeusement placé, est un gag trouvé par Hergé dans Les Malices de Plick et Plock, y compris les pieds qui dépassent.

 

Mais il n’y a pas que Plick et Plock. Il est temps en effet d’en venir à celui qui nous intéresse : Zéphyrin Brioché, plus tard connu sous le nom de Docteur Cosinus, qui, quand il donnait ses cours à la célèbre Ecole des Tabacs et Télégraphes, « ne manquait jamais de prendre son mouchoir pour le torchon, et réciproquement ».  

 

Quand il était entre copains, d’humeur batailleuse, il aimait le moment de la « multiplication des pains », multiplications « généralement suivies de divisions, M. Brioché père se faisant un devoir d’appliquer à son fils la règle des compensations proportionnelles », en se servant d’une simple cravache en état de marche.

 

COSINUS 3.jpgSortant de Polytechnique, Zéphyrin Brioché, dit Cosinus, est donc devenu d’une distraction proverbiale. En grand habit de soirée, devant accompagner au bal deux parentes, il est retardé par un problème intéressant qui se présente inopinément à lui, et les laisse partir : « Partez devant ! Vous ne serez pas au pont Neuf que je vous aurai déjà rattrapées ».

 

C’est ainsi que, s’étant escrimé sur son tableau noir et ayant souillé deCOSINUS 4.jpg craie son bel habit, il voit ses cousines revenir du bal à 4 heures du matin. Excédé, il s’exclame, dans un épais nuage de poussière de craie : « Dieu que les femmes sont entêtées ! Allez donc toujours, puisque je vous dis que vous ne serez pas au pont Neuf que je vous aurai déjà rattrapées ! ».

 

COSINUS 1.jpg

 

 

 

Mais je ne vais pas reconstituer l’existence du grand distrait que fut le savant Cosinus. C’était juste pour rappeler quelques traits de l’inventeur de (cf. à g.) l’illustre « Anémélectroreculpédalicoupeventombrosoparacloucycle ». Car il s’est mis dans l’idée de faire le tour du monde. C’est son « Idée fixe » (le titre exact de ses aventures). Il ne quittera guère les environs de Paris, comme bien l’on se doute, malgré des tentatives réitérées.

 

En vue de l’une d’elles, il veut se procurer un vélocipède, mais il s’y prend de telle manière qu’il tombe à plat-ventre, du fait du chien Sphéroïde, sur la piste où roule déjà Madame Belazor. On le croit mort. Le docteur Letuber s’occupe de lui, essayant d’abord de le regonfler à coups de pompe à vélo, puis de cataplasmes brûlants, puis d’hydrothérapie, puis d’électrothérapie, puis de sérothérapie, puis de chatouillothérapie, et même de la Belazorthérapie (voir ci-dessous) : peine perdue.

 

Pour « se donner une contenance », Letuber s’approche du tableau noir de Cosinus et « change un signe dans une équation ». Bingo !!! « Feu Cosinus bondit : "Mais môsieu ! Ma formule est fausse maintenant !" ». Ainsi vient d’être inventée la mathématicothérapie, « qui devait rendre si célèbre le docteur Letuber ». Ainsi Cosinus ressuscite-t-il. C’est exactement à ce point que je voulais en venir.

COSINUS RESSUSCITE.jpg

ON VOIT, DERRIERE LE BOIS DE LIT, SCHOLASTIQUE INONDER SON MOUCHOIR.

 

Car Hergé n’a pas seulement lu Christophe : il s’en est inspiré ici ou là. Cette résurrection de Cosinus ressemble de bien près à deux "résurrections" du capitaine Haddock. L’une à la fin de On a Marché sur la lune : allongé sur un brancard, le capitaine est mis sous masque à oxygène, mais donne les plus vives inquiétudes. Un médecin rappelle qu’il « fut un grand buveur de whisky ». Aussitôt, le capitaine se dresse sur son séant en arrachant le masque et réclamant la boisson dont il vient d’entendre le nom.

TEMPLE 5.jpg

L’autre résurrection a lieu à la page 32 du Temple du soleil, juste avant l’épisode de la boule de neige. Enseveli par l’avalanche qu’il a déclenchée en éternuant, le capitaine est retrouvé (grâce à Milou) le visage déjà violacé par l’asphyxie. Tintin trouve une topette de whisky dans sa poche revolver, la débouche. Le capitaine frétille du nez à cette odeur, il se dresse, arrache le flacon et le vide dans un seul élan. Le voilà sur pied, comme si de rien n’était.

 

On dira qu’une erreur ajoutée dans une équation mathématique n’a rien à voir avec du whisky. Certes. Mais la résurrection de Cosinus ne vous semble-t-elle pas, malgré l'hétérogène des contextes et des motifs, cousine de celle du capitaine ? 

 

Il y a fort à parier que l’idée de résurrection fut soufflée à Hergé par le Cosinus de Christophe.

 

Voilà ce que je dis, moi.