mercredi, 23 novembre 2016
HERGÉ, TINTIN ET MOI
Si je n’ai pas été baptisé à coups de bandes dessinées, très tôt l’eau m’en a coulé sur le front et j’en ai précocement goûté le sel sur ma langue. Tout a commencé avec Tintin : c’est avec Tintin que je suis né à la BD. La collection à peu près incomplète (il y en avait plusieurs encore à venir, je vous parle d'un temps ...) en était sagement rangée au rez-de-plancher d’un placard, dans la chambre de l’oncle, encore futur médecin à l'époque (comme son père), tout au bout du long couloir, au troisième étage du 39, cours de la Liberté (tél. MOncey 17-25). L’appartement des grands-parents faisait l’angle de la rue de la Part-Dieu.
L’état de santé des albums témoignait de la place importante, passion paisible, qu'ils occupaient dans la maison, qui les feuilletait sans cesse. Quelques éditions originales devaient se trouver parmi ceux-ci mais, comme on sait, une E.O. qui ne vous serait pas présentée « à l’état de neuf » (comme disent les marchands) a une médiocre valeur vénale. Ils avaient été maniés par tant de mains, le temps leur avait fait subir tant d'avanies que, encore à peu près entiers et lisibles, ils étaient rigoureusement invendables. Autant en prendre son parti, après avoir un instant rêvé, en voyant les cotes hallucinantes atteintes aujourd'hui par les volumes, les planches et les dessins originaux, dans le BDM et les salles de ventes (commentaire d'un spécialiste de ces ventes, après celle de la planche 26 de On a Marché sur la lune : « Le marché se structure »).
Vous remettez la planche en N&B. Maintenant, aboulez les 1,55 millions.
A défaut de spéculer, la famille entière s'était imprégnée (entre autres) d’une solide culture tintinophile, ce qui donnait parfois lieu à des joutes avec un mien cousin, pour trancher la question de savoir qui de nous deux était le plus érudit. Rien de tel qu'une compétition pour vous inciter à lire avec la plus grande précision et à mémoriser, par exemple les prénoms de l’obligeant « Cartoffoli dé Milano » (« Arturo Benedetto Giovanni Giuseppe Pietro Archangelo Alfredo »), qui a pris en stop Tintin, Haddock et Milou qui sont « A la poursouité dé Tournésolé mio » (L’Affaire Tournesol). Cela fait un moment que je ne me livre plus à ce genre de concurrence des vanités, mais il m’en est longtemps resté quelque chose, et il m’arrive encore d’étonner tel ami par le détail que je suis en mesure de citer.
Retrouvant très régulièrement le dit cousin pour les vacances dans le haut Beaujolais ou quelque part en Haute-Loire, nous passions des journées à courir les bois, les champs, ou à rendre visite aux vieux « Joseph et Marie » (tels ils se prénommaient), chez qui j’ai appris à traire l’une des six vaches, à boire le « lait bourru », à regarder fonctionner l’écrémeuse ou à gober un œuf tout juste pris « sous le cul de la poule ».
Il y avait aussi le père Pic, qui cuisait un énorme pain une fois par semaine (par mois ?), nous réservant, à François et moi, quand nous étions là, deux boules fourrées de raisins secs. Nous l’aidions (?) à porter la soupe aux deux cochons qui épanouissaient leur lard dans l’enclos de pierres sèches. Il fallait les voir se jeter avec force « gruik » les pieds dans la mangeoire. Mais trêve de réminiscences.
Je voulais seulement dire combien l’univers d’Hergé était présent à l’esprit de toute la famille : François et moi passions tellement nos journées ensemble qu’on nous avait en effet surnommés « les Dupondt ». Lequel était « d », lequel « t », peu importait, et l’attribution fluctuait d’autant mieux que nous étions alors, et pour un bon moment, dépourvus de moustaches.
Pour en finir avec Tintin, inutile d’insister – l’expérience étant largement partagée – sur les moments palpitants vécus au gré des aventures de ce héros, certes incolore, inodore, lisse et sans âge, mais indéracinable de l’imaginaire de ceux qui s’y sont plongés (d'ailleurs peut-être, précisément, à cause de ça). Me revient à l’occasion l’épisode où les Dupondt participent, bien malgré eux, à un concours de voltige aérienne, dont ils remportent d’ailleurs la coupe (« à l'unanimité » du jury, s'il vous plaît, mais dans quel état) (L’Île noire). C’est cet album dont je regrette encore que les studios Hergé aient publié une version redessinée et soi-disant « modernisée », trouvant un charme quasi-exotique à la première.
Si j’ai bien longtemps ignoré les aventures de Quick et Flupke, je prisais fort celles de Jo, Zette et Jocko, vécues par Hergé, si je me souviens bien, comme un pis-aller alimentaire et provisoire, et dont les volumes résidaient au même rez-de-plancher. Je pense à l’image très forte de la barque perdue dans le brouillard, vide de ses occupants, et à l’ « opération marchand de sable », qui permet aux bandits du sous-marin de faire main basse sur la cargaison d’or et les objets précieux des passagers fortunés (Le Manitoba ne répond plus). Au gavage des deux héros par les sauvages de l'île dans l’intention d'en faire bientôt un bon méchoui (L’Éruption du Karamako).
A l’incroyable vie de M. Pump, chronométrée à la seconde parce qu’il est littéralement obsédé par la vitesse et l’exigence d’augmenter la productivité de chaque instant de sa vie. Mal lui en prend : il se tue au volant de son bolide (Le Testament de M. Pump : en français monsieur Pompe). A la séance des dames réunies autour d’une table : « Esprit de mon mari, êtes-vous là ? », et au surgissement du singe Jocko, dans le même uniforme que celui du mari, dont le portrait peint est suspendu au mur, au grand dam de la dame qui se pâme (Destination New York).
Si je voulais évoquer, de la même manière, les aventures de Tintin, je n’en finirais pas. Je pourrais citer la scène de Tintin en Amérique où, le chauffeur de taxi ayant verrouillé les portes, on retrouve le héros au bord de la route, avec à la main la scie (trouvée où ?) qui lui a permis de fausser compagnie à son geôlier. Je pourrais citer, dans Objectif Lune, celle où le professeur Tournesol, amnésique, pète les plombs en retrouvant violemment la mémoire, quand Haddock le traite de « Zouave ».
Je pourrais citer, de Coke en Stock, la réponse du capitaine Haddock à la Castafiore, au moment où elle vient saluer les quatre naufragés, recueillis à bord du Shéhérazade, le superbe yacht du marquis di Gorgonzola (alias l’infâme Rastapopoulos) : « ’n roll, Madame Castafiole … Harrock’n roll ! ». Je pourrais citer, dans L’Affaire Tournesol, la penderie dans la loge de la Castafiore, où sont cachés Haddock et Tintin, qui en profite pour rafler, dans les poches du colonel Sponsz, les papiers autorisant la mise en liberté du cher Tryphon.
Je pourrais encore citer l’écharpe jaune de Tchang coincée dans un rocher, dans Tintin au Tibet, le « Toung Si Nan Peï » chanté par l’envoyé de monsieur Wang dans Le Lotus bleu, quand il est frappé par la fléchette au radjaïdjah, le poison-qui-rend-fou, le « Sur la mer calmée … » entonné par Philémon Siclone dans Les Cigares du pharaon[1], bref : la liste serait interminable. Au reste, tout le monde a la sienne propre. Je préfère m’arrêter : il est en général assez vain de prêcher des convaincus. Et ceux qui ne le sont pas ont autre chose à faire que d’écouter des harangues.
Voilà ce que je dis, moi.
[1]Si quelqu’un est en mesure de révéler la solution de l’énigme figurant dans Les Cigares du Pharaon, il est le bienvenu. Que se disent Tintin et Philémon Siclone quand, chacun dans son sarcophage, ils tentent de communiquer ? Mystère (c’est en page 11). Trois vignettes, trois séquences rigoureusement incompréhensibles : « …té…oua…our…pa…ote…ère… », « …elle…ière…son… », « …ou…pa…pa…é…or…a…er…opel…a… ». J’ai abdiqué.
09:00 Publié dans BANDE DESSINEE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bande dessinée, bd, hergé, georges rémi, les aventures de tintin et milou, tintin au tibet, coke en stock, le lotus bleu, les cigares du pharaon, objectif lune, l'affaire tournesol, tintin en amérique, jo zette et jocko, le testament de m. pump, new york, le manitoba ne répond plus, l'éruption du karamako, l'île noire, les dupondt, on a marché sur la lune, bdm, tintin éditions originales, tintin ventes aux enchères, artcurial
vendredi, 02 août 2013
HERGE ET LE JOURNAL DES VOYAGES
Je suis en vacances, mais …
… mais le billet d'hier m'a fait revenir qu'Hergé pouvait fort bien avoir puisé dans le souvenir de ses lectures enfantines une autre de ses trouvailles. Je n'en mettrais pas ma main à couper, mais je parierais bien une boîte d'allumettes que, étant enfant, il a mis le nez dans le Journal des Voyages. Il est même possible qu'il l'ait assidûment feuilleté.
Il y a eu l'incendie de la prairie, qui chasse dans le plus grand désordre et dans une panique identique tous les animaux, qui oublient pour un temps de s'entre-dévorer (voir la note d'hier). La réminiscence que je propose aujourd'hui se trouve dans Les Cigares du Pharaon. Plus précisément à la page 35.
La vignette concernée suit celle où Tintin, ayant guéri un des éléphants de la troupe, se propose de retrouver discrètement toute sa liberté. Il se trouve que, dans je ne sais plus quel n° du Journal des Voyages, est raconté Le Tour du monde d'un gamin de Paris. Je passe sur les péripéties. Voici la chose.
Les images ne sont pas les mêmes, évidemment, mais l'action de la trompe animale ne diffère pas de beaucoup. Il y a d'ailleurs beaucoup d'éléphants qui "trompent", dans le Journal des Voyages., comme on le voit dans l'image suivante.
Personnellement, je trouve le rapprochement assez concluant, y compris pour le décor végétal. Mais ne demandez pas au dessinateur s'il s'agit d'un éléphant d'Afrique ou d'Asie, lui qui est capable, d'un seul trait, de synthétiser (j'ai même envie de dire de "syncrétiser", ci-dessous) l'éléphant dans la quintessence de ses thèmes et des hantises qu'il suscite : on a d'un seul jet et en action l'éléphant blanc (la quadrature du cercle, comme Moby Dick), sa trompe et sa patte.
Tout est souverain, dans l'éléphant, quand il est blanc : il rayonne, il élève, il écrase. Il fait tout, quoi. On se demande ce qui reste au lion, ma parole. Le roi des animaux ? Vous voulez rire !
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : journal des voyages, hergé, tintin, les cigares du pharaon
samedi, 17 décembre 2011
CHE FARO SENZA BEETHOVEN ?
Vous avez certainement identifié la formule qui me sert de titre. Oui, c’est de la parodie. Moi, j’ai simplement mis BEETHOVEN à la place. A la place de quoi, blogueur impertinent ? Alors vous n’avez pas reconnu ? C’est la phrase qui fut « traduite » en français par : « J’ai perdu mon Eurydice ». On trouve ça dans l’opéra bien connu de CHRISTOPH WILLIBALD GLUCK, Orfeo ed Euridice. Si le traducteur avait été sérieux, il aurait fait dire à Orphée : « Que vais-je faire sans Eurydice ? ».
Cette bêtise me fait penser à ce que chante Philémon Siclone dans Les Cigares du pharaon : « Sur la mer calmée ». Ça, c’est dans Madame Butterfly, de GIACOMO PUCCINI. C’est supposé traduire, à l’acte II : « Un bel di, vedremo Levarsi un fil di fumo Sull’estremo confin del mare » (si j’ai bien compris : "un beau jour, nous verrons monter une volute de fumée aux confins extrêmes de la mer"). Bon, je sais bien : traduire, c’est trahir, mais quand même.
C’est vrai qu’à la page 41, Philémon Siclone entonne : « Non, mes yeux ne te verront plus ». Alors là, c’est une autre paire de manche, parce que, si on connaît le Benvenuto Cellini de HECTOR BERLIOZ, qui est au courant qu’un certain EUGENE-EMILE DIAZ DE LA PEÑA en a aussi écrit un ? C’est tiré de là. Il n’y a pas à dire, HERGÉ était vraiment très fort.
Donc, pour revenir à BEETHOVEN, je voulais dire que mon pote FRED, d’abord, c’est mon pote. Ensuite, il travaille dans la technique. Yapadsométié, comme on dit sur les bords de la rivière Saskatchewan. Mais c’est vrai qu’il touche sa bille dans sa partie. En plus, les Quatuors de LUDWIG VAN BEETHOVEN n’ont aucun secret pour lui.
Alors ça, ça me va particulièrement bien. A ce titre, on est carrément sur la même longueur d’onde. Même qu’on a assisté à l’intégrale, il y a deux ans, donnée par le quatuor AURYN. Six concerts majestueux et grandioses. Six voyages extraterrestres. Merci à la fusée de JEAN-FREDERIC SCHMITT.
Même si le public m’a un peu gâché la fête. Tirons un trait rageur sur les catarrhes tubaires. Ce n’est pas de ça qu’il s’agit. Je parle des « bis ». Quelle idée, aussi, quand le concert est fini, de taper dans les mains pour demander quelque chose en plus. Quoi ! Ils viennent d’entendre quelques chefs d’œuvre tout droit sortis du paradis, et qu’est-ce qu’ils font ? Ils trouvent le moyen de taper dans les mains en cadence pour réclamer, que dis-je, pour exiger quoi ? Un bis ! Ils étaient au paradis, et ils veulent s’en chasser eux-mêmes !
Je vais vous dire : tous ces gens ne méritent pas BEETHOVEN, voilà tout ! Quelle sotte coutume, ces fins de concerts avec bis obligés ! Coutume d’enfants gâtés ! D’éternels consommateurs, éternellement inassouvis, et qui sont à l’affût, sur le produit, de la mention « 20 % gratuits » ! Qui veulent que ce soit Noël toute l’année !
Bon, c’est vrai que la publicité les a habitués, en leur faisant croire qu’ils vivaient dans une société « père Noël ». Il n’y a pas que les enfants qui y croient, au Père Noël ! Moi, quand on me dit « cadeau » ou « 20 % gratuits », je mets un verrou au porte-monnaie, et je fais encore plus attention. Quand le produit ne triche pas, il n’a pas besoin de davantage.
Le bis est une sorte de fléau, une maladie de salles de concerts. « Encore, encore », s’exclame le gamin qui trône dans sa chaise haute, et qui jette par terre la petite cuillère pour la quarante-huitième fois parce que ça fait un joli bruit très musical et qu’il ne se lasse pas de voir maman, entre deux patates à éplucher, se baisser pour la ramasser, et la remettre dans l’assiette.
« Encore, encore », crie le mélomane averti qui ne laissera pas s’échapper comme ça la plastique irréprochable de la jeune et appétissante violoniste en fourreau lamé profondément décolleté et fendu, avant qu’elle se soit fendue, je ne dis pas de la « chaconne », mais au moins de la « sarabande » de la deuxième partita pour violon seul de JEAN-SEBASTIEN BACH, la dame eût-elle joué juste avant le deuxième concerto de PAGANINI, ce qui reflète à coup sûr la grande homogénéité et la sûreté du goût du monsieur.
Quelle différence, dites-moi, faites-vous entre le sale gosse qui joue au jeu du « fort / da » (voui, papa FREUD) et le mélomane qui vibre aux sons de la musique, quand celle-ci est si bien jouée par une si belle créature ? Je réponds : l’âge physique. Et rien d’autre. Bon, c’est vrai que le spectateur a droit à l’enthousiasme, mais on ne me fera pas croire qu’il est devenu la règle. Surtout dans des salles souvent remplies par des comités d’entreprise.
Ce n’est pas que les quatuors de HAYDN qui étaient alors donnés fussent indignes de LUDWIG VAN, mais quel besoin ces gens avaient-ils de redescendre des hauteurs ? J’étais comblé, quant à moi : j’avais obtenu ce que j’étais venu chercher. Ne l’étaient-ils pas, comblés ? N’allaient-ils pas rentrer chez eux en reprenant en eux-mêmes cette phrase initiale de l’opus 132 ? Cette lente montée de blanches, avant de débarouler en doubles croches vers le thème ?
Car il faut aussi me comprendre : les quatuors de BEETHOVEN, pour moi, c’est l’Himalaya de la musique universelle. Et l’Everest de cet Himalaya, c’est évidemment l’opus 132, le 15ème. Celui en la mineur. C’est le seul morceau, toutes musiques confondues, qui possède un pouvoir magique.
Oui, c’est le seul morceau de musique qui m’accueille de cette façon, noble et familière à la fois, et qui me dit : « Entre ici, tu es chez toi ». C’est le seul morceau de musique qui me donne à ce point l’impression de rentrer à la maison après un exil, et qui me fasse dire, dans mon for intérieur : « Enfin ! Me voilà chez moi ! ».
Pour vous dire, avant l’opus 132, j’avais le sentiment que les œuvres en plusieurs mouvements faisaient cohabiter ceux-ci parce que c’était la règle, que c’est comme ça qu’il fallait faire, point c’est tout : « vif », « lent », « vif ». En passant de l’un à l’autre, on changeait de lieu, de compagnie, de couleur, de moment, de paysage, d’horizon.
L’opus 132 m’a fait percevoir qu’il n’en était rien. Certes, les trois allegros ont chacun leur caractère propre (dans l’ordre, « sostenuto », « ma non tanto » et « appassionato »). Certes ils encadrent fermement l’inoubliable adagio de presque vingt minutes. Ajoutons le bref « alla marcia », qui est au fond moins un cinquième mouvement qu’une introduction au finale.
Donc des mouvements autonomes. Mais on me dira ce qu’on voudra, l’ensemble forme un tout, un seul corps organique vivant, avec ses membres, son tronc et sa tête, un être autonome et entier qui existe et qui marche. Très étrange et très forte impression, que rebuterait un effort trop visible de mise en mots. On m’excusera de n’être pas plus précis.
Les AURYN n’ont pas donné l’intégrale dans l’ordre chronologique, ce qui, au début, m’a un peu chagriné. En revanche, la façon dont ils s’y sont pris a jeté sur chaque quatuor pris isolément et sur ses rapports avec les autres un éclairage qui me les a fait redécouvrir. En particulier les six de l’opus 18, qui sentent encore un peu leur MOZART ou leur HAYDN, mais écoutez un peu l’adagio du numéro 1 : c’est déjà du BEETHOVEN à se couper la tête tellement c’est beau !
Un seul compositeur a fait du quatuor comme BEETHOVEN, je veux dire un point cardinal, capable d’orienter son esprit sur la durée d’une vie, c’est BELA BARTOK. Lui, il n’en a fait que six, mais c’est du concentré. BEETHOVEN, il faut se rendre compte que presque toutes ses dernières œuvres sont des quatuors à cordes, au point qu’on peut dire que le quatuor à cordes ne s’en est jamais remis.
Bon, on me dira SCHUBERT et ses quinze quatuors, MENDELSSOHN et son opus 13 écrit à 18 ans juste après la mort de BEETHOVEN. On me dira beaucoup de choses, et je dirai : « Oui, je sais, Untel a fait de très belles choses, même DEBUSSY et RAVEL s’y sont risqué. SHOSTAKOVITCH en a fait quinze aussi, impressionnants, je dois dire. Oui, je sais tout ça. Mais ça passe après, c’est tout ».
La preuve, c’est que beaucoup de gens beaucoup plus savants que moi l’ont dit et le disent, comme ANDRÉ BOUCOURECHLIEV, un fondu de BEETHOVEN. Tiens, pendant que j’y pense, vous ne connaissez pas BERNARD FOURNIER ? Un drôle d’allumé, celui-là. Qui a fait une belle conférence à l’occasion de l’intégrale AURYN. Il n’a rien trouvé de mieux que d’écrire 4.000 pages sur l’histoire du quatuor à cordes.
Eh bien, quand il arrive à BEETHOVEN, il donne tout simplement pour titre au chapitre : « L’Apogée du genre », qu’il fait suivre d’à peine 800 pages consacrées à ce seul bonhomme. Rendez-vous compte : 20 % du total, introduction, table des matières et index compris. Bien sûr, des quatuors ont été écrits en nombre incalculable. FOURNIER disait qu’il en avait écouté, pour écrire ses bouquins, je ne sais plus si c’est 2.000 ou 3.000. C’est pour vous donner une idée de ce que c’est, un génie. BEETHOVEN, avec ses dix-sept œuvres, c’est un cinquième du monde du quatuor. Incommensurable.
Alors oui : « Che farò senza BEETHOVEN ? ».
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : beethoven, musique, gluck, orphée et eurydice, puccini, opéra, tintin, hergé, les cigares du pharaon, philémon siclone, madame butterfly, berlioz, quatuor auryn, jean-frédéric schmitt, jean-sébastien bach, paganinin, freud, haydn, opus 132, bela bartok, mendelssohn, schubert, schostakovitch, debussy, ravel, boucourechliev, bernard fournier