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samedi, 20 mars 2021

CITIUS ALTIUS FORTIUS

"CITIUS, ALTIUS, FORTIUS" : Devise inventée par le père Henri Didon, dominicain, qui croyait aux vertus de l'athlétisme et qu'il prêchait à ses élèves. Pierre de Coubertin l'a reprise pour en faire l'étendard d'une manifestation sportive assez connue, populaire et lucrative. En BD, des continuateurs de E.P. Jacobs (Blake et Mortimer, dans L'Onde Septimus) ont mis cette devise dans la bouche d'un malfaisant appartenant à un groupuscule de fascistoïdes qui en ont fait l'étendard de leur entreprise de conquête du pouvoir mondial. Il n'est pas certain que ce rapprochement soit entièrement ridicule.

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Ici, "plus loin", ça veut aussi dire "plus vite". Les deux sont inséparables.

Je dis surtout "lucrative", parce que devant la majesté du spectacle et le vacarme que toutes sortes d'intérêts bien compris se précipitent pour faire autour de l'événement, tout le monde semble oublier que les J.O. sont d'abord une vulgaire entreprise de bâtisseurs d' "événementiel" (comme on dit aujourd'hui), et qui plus est une entreprise privée de droit suisse (sourcilleux comme on sait sur le secret des affaires). Et que le culte de l'athlète et du record a été beaucoup célébré en Italie entre 1925 et 1945 (si vous voyez ce que je veux dire), et que la cinéaste chérie du régime allemand entre 1933 et 1945 a intitulé un de ses films à la gloire de ces athlètes (blancs, cela va de soi) : Les Dieux du stade.

D'ailleurs, le malfaisant qu'on voit dans l'image ci-dessus n'exprime rien d'autre que la pensée profonde d'un banal capitaine d'industrie aux dents très longues tel qu'on en a vu et qu'on en voit encore des rafales mettre à sac la planète. Les J.O. ne sont que la célébration cynique de ce système prédateur. Les actionnaires — qui sont les vrais maîtres du monde qui vient — se préoccupent des "belles théories humanitaires" comme de la première dent de lait qui leur est tombée, quand ils croyaient encore au Père Noël et à la "petite souris".

J'espère donc ne pas être le seul à sauter de joie si les Jeux Olympiques de Tokyo, après avoir été "reportés", sont carrément supprimés. Et à souhaiter que ceux qui se profilent à l'horizon parisien en 2024 soient purement et simplement engloutis dans les ténèbres extérieures. Pour cela, je compte beaucoup sur le gouvernement français et sur sa façon magnifiquement cafouilleuse, inintelligible, brouillonne et désordonnée de "gérer la crise" du covid-19, dont on voit le résultat — parfaitement clair, lui — ces jours-ci dans les hôpitaux d'Ile-de-France, qui se retrouvent grâce à lui aussi engorgés qu'aux plus beaux jours de mars-avril 2020. Sans les applaudissements. Il faut donc en finir avec cette devise imbécile : "Citius, altius, fortius" ! Comme dit "la jeune personne" au "muletier" (La Périchole) : « Eh n'allons pas si vite, n'allons pas si grand train ! ».

Si ce satané virus vient à bout de ces J.O. français, j'espère ne pas être le seul à m'en féliciter. Et à adresser un solennel "MERCI" aux chauves-souris, aux pangolins, aux Chinois et autres vilains porteurs de virus.

Voilà ce que je dis, moi.

vendredi, 10 février 2017

L’IDÉAL OLYMPIQUE

La vignette qui suit est tirée de L'Onde Septimus (2013), sorte d'hommage de l'éphémère trio Jean Dufaux, Antoine Audin, Etienne Schréder à Edgar Pierre (E.P.) Jacobs, père du tandem BD formé par le capitaine Francis Blake, l'impeccable soldat des services de renseignement, et le professeur Philip Mortimer, le savant émérite connu dans le monde entier, tandem dessiné de la dichotomie philosophique classique, qui oppose "l'Action" et "la Pensée", bien qu'il arrive à Blake de penser et à Mortimer d'agir (je blague).

ONDE SEPTIMUS IDEAL OLYMPIQUE.jpg

Celui des trois auteurs qui a écrit les dialogues a, dans cette vignette, eu un éclair de génie, en mettant dans la bouche d'un des méchants de l'histoire une formule très proche d'une autre bien connue (à une variante près) : "citius, altius, fortius", la devise offerte par le père Henri Louis Rémy Didon (1840-1900), le Dominicain qui l'a inventée, à Pierre de Coubertin, fondateur de l'olympisme moderne.

"Plus loin, plus haut, plus fort", dit le méchant, membre d'un quatuor de fascistes qui n'ont qu'une obsession : réhabiliter la mémoire du professeur Septimus (l'alias du docteur John Wade), le génial et diabolique inventeur de l'oméga wave, apparu et disparu dans l'album La Marque jaune (« Nous nous repentons, oui, nous nous repentons. »). "Plus vite, plus haut, plus fort", disait le père Didon. 

Il faut être culotté pour mettre un quasi-clone de la devise olympique dans la bouche d'un fasciste. Et pourtant, à bien y regarder, c'est assez astucieux. Car cette devise est en soi un éloge de la performance. Or le monde économique n'attend rien d'autre des individus, des entreprises et des Etats que le même dépassement de soi attendu des sportifs dans les stades où ils s'efforcent indéfiniment d'accroître la productivité de leurs muscles. L'esprit olympique est la traduction dans le sport de l'esprit de l'ultralibéralisme, qui a fait de la performance et de la compétition le modèle absolu (et exclusif) du fonctionnement des sociétés.

Quand on réfléchit à la place néo-divine du sportif dans l'imaginaire contemporain, au fait que Leni Riefenstahl, la cinéaste d'Adolf Hitler, avait intitulé son film Les dieux du stade (le titre allemand était Olympia), et au rôle que les nazis avaient assigné au stade , on se dit que dans la formule "plus vite, plus haut, plus fort" il est permis d'apercevoir en filigrane un souvenir vaguement fasciste. Certains proposeraient même d'y voir davantage qu'un souvenir.

Note : la pertinence du propos tenu dans la vignette ne sauve malheureusement pas l'album du trio Dufaux-Audin-Schréder, dont le scénario dépasse les bornes de l'abracadabrantesque (un vaisseau spatial façon L’Énigme de l'Atlantide dans les tréfonds du sous-sol londonien, une armée de professeurs Septimus envahissant les rues de Londres, ...).  

vendredi, 16 septembre 2016

MISE AU POINT

Les curieux qui se hasardent sur ce blog avec une certaine régularité ont peut-être remarqué que les billets traitant de « l’actualité » et du monde comme il va se sont raréfiés, et même, plus généralement, que les billets « rédigés » ont presque disparu depuis le début de l’été, et même avant, le plus souvent remplacés par des photographies (qui valent bien sûr ce qu’elles valent, sans plus quoique sans moins). C'est parce que j'ai l'impression d'achever un tour de piste, et que je n'ai guère envie de recommencer en me répétant ad vitam aeternam, ad libitum et même usque ad nauseam.

Je l’avoue : j’ai de plus en plus de mal à me lancer dans des diatribes contre tout ce qui cloche en France, en Europe et à travers le monde. Et pourtant ce ne sont pas les occasions qui manquent, à commencer par les farces sportives qui se sont relayées pendant les derniers mois pour empêcher les gogos de penser à leur propre destin. Roland-Garros, Tour de France, Jeux Olympiques (et pire : les paralympiques, avec leur rugby-fauteuil (quid des placages ?) et leur sprint pour aveugles). Je précise que je n'ai strictement rien contre les handicapés, que je connais d'assez près : j'en veux juste au spectacle omniprésent, omnipotent, asservissant.

Ne parlons pas des grands « débats » soigneusement montés en mayonnaise par les sphères médiatique et politique (une déclaration de candidature à la primaire de la droite, une non-déclaration très attendue à la primaire de la gauche, une rixe sur une plage corse, la démission surprise d’un jeune loup du gouvernement, etc.). Toujours le spectacle ahurissant d'acteurs qui se démènent sous les yeux de foules invraisemblablement prosternées devant des "exploits" de plus en plus micrométriques. 

Oui, je l’avoue : j’ai de plus en plus de mal. Oh ce n’est pas que la colère ait disparu, bien au contraire : elle est intacte, et même renforcée par certains avis qui convergent (l'extraordinaire phrase de Bernard Moitessier à la fin de La Longue route : « Je porte plainte contre le Monde Moderne ») et aiguisée par les nouvelles qui nous viennent d’à peu près partout, que ce soit de la politique (de plus en plus petite et dérisoire), de l'état de la société française (de plus en plus disloquée), du système économique (de plus en plus dans l’aliénation mentale), du diagnostic posé sur la santé de la planète (de plus en plus de mains sur le signal d’alarme, mais paralysées par des forces de plus en plus contraires).

C’est plutôt une sorte de lassitude : tout le monde (ou à peu près – je parle des gens de bonne foi) est d’accord, tant qu’on en reste au diagnostic : les démocraties sont en danger, et pas seulement pour des raisons extérieures (Daech, Al Qaïda, …), mais aussi à cause d’un essoufflement physiologique qui remet en cause jusqu’à leur existence. C'est quand il s'agit d'adopter des solutions que le consensus vole en éclats et que la Bête "moderne" freine des quatre fers.

Le changement climatique, la pollution, la dévastation de la nature conduisent avec une tranquille certitude et une bonhomie placide l’humanité vers son cataclysme. Quant à l’économie, elle est impatiente de régner sans partage et sans contre-pouvoir, entre les griffes de mastodontes financiers hallucinés et de mastodontes industriels plus puissants que des Etats (les fameux GoogleAppleFacebookAmazon, le colosse Bayer dévorant le mammouth Monsanto), le tout exerçant impunément sa dictature. Je ne parle pas de l’infinité des moyens de contrôle des individus pour les traquer dans tous les moments de leur vie (avec leur consentement empressé), et pour leur imposer la consommation de marchandises comme ultime raison de vivre.

Et pour dire le degré de lassitude, je viens même de cesser d’acheter et de lire la presse écrite, qui était pourtant depuis lurette une habitude invétérée, quasi-addictive. Ce n’est pas qu’on ne puisse trouver quelque article intéressant dans Le Monde, touchant les sciences, l’écologie, quelque interview d’une personne qui a vraiment, pour une fois, quelque chose à dire, quelque chronique nourrie d’un propos consistant, quelque reportage en des contrées plus rares.

Mais le tout-venant de l’actualité politique, le pêle-mêle de l’actualité économique, ajoutés à l’insupportable suffisance et la prétendue « neutralité » journalistique qui, à travers le filtre déformant de son langage expurgé, catégorisé, stéréotypé, jette sur le monde la myopie de ses regards « informés », et interdit de soumettre les propos des responsables et des élus au crible de la critique, tout cela finit par donner la nausée.

Ras-le-bol.

Alors, pour ne pas perdre tout espoir, je me replonge l'esprit dans La Comédie humaine, du Cabinet des antiques à Ursule Mirouët, de "Deux jeunes mariées" à mademoiselle de Cinq-Cygne (Une Ténébreuse affaire), de la demoiselle Cormon de La Vieille fille à M. Bonnet, dans Le Curé de village ; je me baigne l'oreille des harmonies sonores écloses pour le plaisir de l'auditeur, de Janequin, Certon et Sermisy, jusqu'à Mahler, Reger et Messiaen, en passant évidemment par Monteverdi, Bach et Beethoven ; et je me rafraîchis le regard en découpant dans le visible (vieilles plaques photographiques comprises) quelques îlots de choses plaisantes pour mon usage.

Voilà ce que je dis, moi.

vendredi, 07 février 2014

24 BALZAC : ADIEU (1830)

Il y a quelque temps (« quelque temps » est une expression très pratique, du fait du brouillard compact qu’elle répand sur le sentiment de l’écoulement du temps), j’ai fait l’erreur d’acheter, un volume de la collection « Bouquins » (Robert Laffont, 29 euros). Sous le nom de l’auteur, imprimé en très gros caractères, cette mention : « Œuvres ». Sont rassemblés dans ce volume quinze livres de Françoise Sagan. L’erreur, elle est là, dans le nom de l’auteur. Je n’aurais pas dû.

 

Studieusement, j’ai lu les cinq premiers titres (Bonjour tristesse, Un Certain sourire, Dans un mois dans un an, Château en Suède, Aimez-vous Brahms ...), à la file et dans la foulée. Au milieu du sixième (Les Merveilleux nuages), j’en ai eu tout d’un coup assez, j’ai refermé. Je ne l’ai plus jamais rouvert. Ce verre de tisane dans lequel trempe l’âme exténuée de quelques personnages blasés, je m’en suis débarrassé en le vidant moralement dans le pot du Ficus Benjamina. Apparemment, ça ne lui a fait ni chaud ni froid : il a continué comme avant à se déplumer de ses feuilles. C’est une image.

 

Tout ça pour dire que Sagan est restée pour moi une sorte de sirop fade, l’image d’un univers délavé où les protagonistes se regardent mutuellement vivre dans leurs désillusions, où tout le monde en a assez de la réalité de la vie. Un univers en bout de course, où l’individu est limité à lui-même, et où la personne qui lui fait face a pour mission de renouveler le reflet de lui-même où il se complaît, mission jamais accomplie, espoir toujours déçu.

 

Tout ça pour dire que ça ronronne et que ça tourne en rond. Tout ça pour dire que Françoise Sagan est l’écrivain d’un seul sujet. Tout ça pour dire que Sagan épluche dans les moindres détails l’existence de gens peu intéressants, de gens sans projets, le plus souvent désœuvrés, souvent débarrassés de tout souci matériel, et qui ne savent pas quoi faire de leur existence inutile.

 

Des gens que le simple fait de vivre semble en soi ennuyer prodigieusement. J’ai donc abandonné. J’ai peut-être eu tort, allez savoir. Je n’ai pas envie d’explorer plus avant. Dans la littérature française d'après-guerre, Sagan est un peu l'étalon-or de ce qui est devenu dans nos années plus récentes le fin du fin de l' « écriture du moi » : l'abominable et autosatisfaite « auto-fiction ».

 

Je ne sais pas pourquoi, en train de lire des œuvres de Balzac, je suis parti sur Françoise Sagan. Le plaisir du contraste, peut-être. Mais c’est vrai aussi que, après la douzaine de romans et nouvelles du grand homme que je viens de lire, essayant de situer le lieu où se produit l’intensité que j’ai trouvée à retourner à des livres qui, soit dit pour résumer, ont amplement contribué à structurer et façonner ma sensibilité, je viens de repenser à ces œuvrettes de celle qui fut l’auteur "prodige" de Bonjour tristesse (autour de 18 ans, ce qui est en soi un aveu).

 

Ce titre de Françoise Sagan, épèle mot à mot et lettre à lettre le programme de toute son œuvre, enfin pour la partie que je peux en connaître, c’est-à-dire l’initiale. C’est carrément idiot, je sais, de mettre en présence Sagan face à Balzac, elle aurait bien rigolé, je pense. Mais je prends mes idées comme elles se présentent, et là, c’est Sagan qui s’est présentée. Allez comprendre.

 

Par rapport au vaste monde qui respire profondément, qui avale gloutonnement la vie et qui jouit à chaque instant de ce qu'il a devant les yeux et dans l'oreille, les œuvres de Françoise Sagan me semblent aussi étroites que les parois de verre du bocal où agonise le poisson rouge.

 

Je viens donc de lire Adieu. Balzac a écrit ça en 1830. Très curieux, très surprenant. Par l’organisation du récit, par le thème. Le récit s’ouvre sur une scène de chasse, où les deux amis, messieurs de Sucy et d’Albon, reviennent bredouilles après avoir parcouru beaucoup trop de kilomètres, d’Albon suant et pestant du fait de son embonpoint nettement plus remarquable que son ami, qui semble au contraire efflanqué comme Rossinante, tout en montrant la vigueur de l’ancien militaire qu’il est. Mais son visage porte la marque d’un grave souci, qui semble le ravager de l’intérieur. Cette entame ne laisse rien augurer du reste.

 

Car les deux amis ont hâte de trouver avant la nuit le gîte et le couvert. Le hasard fait qu’ils passent devant les grilles d’un domaine qui semble à l’abandon. C’est l’ancien couvent des « Bons-Hommes », comprennent-ils en entendant les grognements plus ou moins articulés par une femme plus ou moins restée dans l’animalité, du nom de Geneviève.

 

Déjà surpris par la scène, ils aperçoivent au loin une autre femme, qui grimpe aux arbres, saute, fait mille cabrioles. Elle a visiblement perdu la raison. Appelée par « Geneviève », elle s’approche de la grille et, en voyant les deux hommes, elle prononce le mot qui ouvre sur le drame : « Adieu ! ». D’Albon, très étonné, se tourne alors vers de Sucy, mais c’est pour le voir évanoui sur le sol.

 

Appelant à l’aide, il voit s’approcher obligeamment la voiture de M. et Mme de Grandville, ses voisins, qui le laissent volontiers en disposer pour ramener son ami au château. On a appris que la femme s’appelle la comtesse de Vandières, que de Sucy a semble-t-il reconnue, pour être une certaine Stéphanie. Son âme s’est soudain violemment déchirée.

 

Quand de Sucy est rétabli, il prie son ami de courir aux Bons-Hommes pour s’enquérir de tout ce qui concerne la comtesse. Il est accueilli par l’oncle de la dame, médecin de son état, qui le fait entrer et, apprenant l’existence de Philippe de Sucy, lui raconte l’histoire terrible et lamentable que la comtesse et lui ont vécue sur la Bérésina (sic) au moment de la retraite de Russie.

 

La suite au prochain numéro.

 

Voilà ce que je dis, moi.

vendredi, 05 octobre 2012

REVENIR AU BEL CANTO ?

Pensée du jour : « Si les élections permettaient vraiment de changer les choses, il y a longtemps qu'elles auraient été interdites ».

BERTOLT BRECHT

 

 

Qu’est-ce que je reproche, principalement, à la « musique contemporaine » ? Pourquoi, en fin de compte, me suis-je détourné de la création la plus actuelle, dont j’ai si longtemps été un adepte ô combien fidèle, voire exalté, et que, pour cette raison, je connais assez bien ? C’est très simple : je lui reproche de ne plus pouvoir être chantée par n’importe qui, n’importe où, dans la rue, dans la voiture, sous la douche. Une musique produite par un corps humain.

 

 

J’en ai tiré un enseignement, qui ne vaut certes que ce qu’il vaut, mais qui vaut aussi tout ce qu’il vaut : ce qui n’est pas CHANTABLE en dehors d’un "bac + 12" obtenu au Conservatoire Supérieur, même adoubé par les pairs, même validé par l’institution, même décrété par les autorités médiatiques, n’est pas de la musique humaine. C’était devenu pour moi une conviction. J’en ai fait un principe. Ai-je tort ? C'est possible.

 

 

Je me suis dit un jour que c’était bizarre, en définitive. Quoi, pendant tant de siècles, des gens extrêmement savants ont composé de la musique dans l’unique but de procurer du plaisir à ceux qui devaient l’écouter ? De leur flatter l'oreille ? Et puis un jour l’artiste, promu chercheur scientifique, a décidé, du fond de ce qui était devenu son laboratoire, que l’auditeur devait désormais se plier à sa volonté à lui ? Au nom du Progrès ? Au nom de l’Histoire (qui forcément avance, comme on sait) ?

 

 

Et ne venez pas me rappeler que BEETHOVEN avait déjà fait le coup (« Est-ce que je me soucie de vos boyaux de chat, quand l'inspiration me visite ? », lançait-il furibond à SCHUPPANZIGH, le violoniste qui a créé la plupart de ses quatuors, et qui se plaignait de certaines difficultés). Chez BEETHOVEN, qu'on se le dise, ça chante sans arrêt, même si, dans ses oeuvres pour voix (prenez Christus am Ölberg, par exemple) l'écriture va toujours se percher assez haut.

 

 

L’injustice faite à l’artiste par la société bourgeoise, dès ce moment, révulse les bonnes âmes. Le premier « Salon des Refusés » remonte à 1863, la première exposition impressionniste à 1874, la première édition des Poètes maudits, de PAUL VERLAINE (« pauvre lélian ») à 1884. Une trouvaille digne d'un grand publicitaire, entre nous, ce "maudits".

 

 

 

Le fanatisme de la technique fonctionne comme une idéologie, dont la propagande s’empare pour mieux s’emparer des esprits. JULES VERNE laisse libre cours à son enthousiasme technophile dès l’année 1863 (Cinq semaines en ballon). GUSTAVE EIFFEL, avec le même enthousiasme, envahit le ciel de Paris en 1888.

 

 

Il n’est plus possible de ne plus courber la tête devant le Dieu Progrès. L’inventeur devient la figure privilégiée du bienfaiteur de l’humanité. Ce qu’il trouve, du moment que c’est nouveau, ne saurait apporter que le Bien. L’innovation fait figure de sacrement laïque. Le brevet industriel devient l’emblème privilégié et prioritaire du Génie Humain.

 

 

Et ce qui vaut dans les techniques et l’industrie se transporte sans difficulté dans les arts : musique, peinture, sculpture, poésie, tous les arts sont sommés de se soumettre à la dictature de l’innovation. Il faut, sous peine de disparaître dans les profondeurs abyssales de la poubelle du passé, adhérer au mouvement qui porte irrésistiblement l’humanité vers le PLUS, selon le précepte bien connu : « Plus qu'hier et bien moins que demain ».

 

 

C’est en 1896 qu’ont lieu les premiers « Jeux Olympiques » modernes, qui proclament fièrement : « citius, altius, fortius » (plus vite, plus haut, plus fort, ça interroge salement, je trouve). Ce que le très vulgaire (je parle du vulgarisateur) FRANÇOIS DE CLOSETS traduira plus tard par « toujours plus ! ».

 

 

C’est quand j’ai compris la logique de cette Histoire que je me suis mis à regimber, à renâcler, à me soustraire à la musique "contemporaine". Cela m’a demandé un effort épouvantable. Pensez que j’ai été nourri au lait de l’Humanisme et des Lumières. L’humanisme de RABELAIS, de MONTAIGNE, de RONSARD. Les Lumières, principalement, de DIDEROT et de ROUSSEAU. Le Progrès, oui, parlons-en, du "Progrès".

 

 

Ajoutez, je veux bien, la prise de la Bastille et l’Egalité des citoyens devant la loi. C’est tout cet édifice qui est tombé en ruine, quand j’ai compris la logique de cette Histoire. Cette logique d’une certaine idée du « Progrès ». Je ne m'en suis pas remis. La faute à HANNAH ARENDT, JACQUES ELLUL, PHILIPPE MURAY et quelques autres lectures, beaucoup trop tardives.

 

 

L’artiste est donc sommé de faire du neuf, sous peine de ne pas exister. Le nouveau ne sera plus jamais fortuit : le nouveau est désormais le Saint Graal. Le but ultime. La Pierre Philosophale. Depuis, on n’arrête plus. On est harcelé par le nouveau. Quelque chose qui est là, du seul fait qu’il existe, est désormais vieillot. Ce qui est d’hier ne saurait être d’aujourd’hui. Ce qui est d’"avant" est interdit de "maintenant". Périmé. Sans parler du mouvement de "dynamisme" économique imprimé par l' « obsolescence programmée », théorisée dans les années 1920.

 

 

C’est sûr, je réhabiliterai un jour prochain ce qu’un « vulgum pecus » nuisible et inconscient appelle un « stéréotype ». Car si l’on y réfléchit un moment, qu’est-ce qui nous impose de « changer » (notez la construction « absolue », je veux dire le verbe sans complément) ? « CHANGEZ », entend-on de toute part. En même temps, il est amusant d'entendre le refrain exactement contraire : « SOYEZ VOUS-MÊME » ("venez comme vous êtes", serine une publicité).

 

 

J’ai oublié le jour où est apparue, dans le ciel des démocraties européennes, l’exigence de « réforme ». Mettons trente ou quarante ans. « La France est incapable de se réformer », entend-on constamment. Mais réformer quoi ? Dans quel but ? Avec quelle intention ? Qui le sait ? Personne, je crois bien. Qu’est-ce qu’elle recouvre, finalement, cette haine du stéréotype ? Peut-être bien la haine de ce qui est, vous ne croyez pas ? Mais c'est vrai : comment pourrait-on aimer ce monde, tel qu'il est ?

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

jeudi, 13 septembre 2012

OLYMPISME ET PARALYMPISME

Pensée du jour : « Le hasard est plus docile qu'on ne pense. Il faut l'aimer. Et dès qu'on l'aime, il n'est plus hasard, ce gros chien imprévu dans le sommeil des jeux de quilles ».

RENÉ DAUMAL

 

 

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Je vois, dans ce choix du masochisme athlétique, une sorte de dénirené daumal,poésie,littérature,sport,jeux olympiques,jeux paralympiques,compétition sportive,nicolas sarkozy,barack obama,handicapés,technologie,usain bolt,1789,fauteuil roulant,propagande,cyborg radical du handicap (en même temps que d'exaltation, sur la base du « tout devient possible » d'un certain NICOLAS SARKOZY, comme du « yes we can » d'OBAMA). L’homme humain refuse, non pas d’être diminué, mais de le paraître. Avec le secours de la technologie (voir les espèces de rames incurvées dont s'affublent des hommes sans pieds). Les Paralympiques sont les Jeux du narcissisme triomphant, de la négation du Mal, du délire impoétique dont vibrent les dithyrambiques de la technologie. En route vers le cyborg.

 

 

rené daumal,poésie,littérature,sport,jeux olympiques,jeux paralympiques,compétition sportive,nicolas sarkozy,barack obama,handicapés,technologie,usain bolt,1789,fauteuil roulant,propagande,cyborgCeci pour dire que j’ai du mal à comprendre mon époque. Pour un peu, elle ferait du handicapé un modèle à suivre. Et pourquoi pas une norme, tant qu’on y est ? Une statue ? C’est encore un coup, c’est sûr, du feu égalitaire qui consume la France depuis 1789, et qui tend à tout brûler sur son passage. Enfin, tant qu’il ne s’agit pas d’empêcher USAIN BOLT  de se doper allègrement …

 

 

Au fait, je n’ai entendu au cours de ces Paralympiques aucunerené daumal,poésie,littérature,sport,jeux olympiques,jeux paralympiques,compétition sportive,nicolas sarkozy,barack obama,handicapés,technologie,usain bolt,1789,fauteuil roulant,propagande,cyborg interrogation au sujet de substances dopantes quelconques qui circuleraient dans les veines des athlètes. Pourtant, ce serait un bon moyen de les considérer à égalité avec les gens normaux, non ? Passons.

 

 

Je vais vous dire un truc : l’un des êtres les plus pervers que j’aie jamais rencontré se déplaçait en fauteuil roulant. Son handicap, il le faisait payer à toute la classe (tous des majeurs, pourtant), et avec une délectation évidente. Un sourire mauvais. Sardonique. 

 

 

 

rené daumal,poésie,littérature,sport,jeux olympiques,jeux paralympiques,compétition sportive,nicolas sarkozy,barack obama,handicapés,technologie,usain bolt,1789,fauteuil roulant,propagande,cyborgLe fauteuil lui servait d’armure et d’arme. A l’abri de ce talisman invincible, le bourreau satisfait torturait moralement trente-cinq personnes paralysées de trouille, qui n’auraient pas osé toucher un cheveu du sadique. Il faisait ce qu’il voulait, à commencer par la loi. Il régnait. Potentat. On ne se doute pas de ce que ça peut être méchant, un handicapé.

 

 

Mes collègues pétaient de terreur face à ce tyran. Lui, tranquille, il avait compris ça jusque dans les ultimes ramifications. Et il en profitait, puissant ! A lui seul, je ne sais pas comment, il faisait régner dans la classe un état de tension glaciale étrange et terrible. Permanent. Et je suis désolé : il s’appelait KHALED. Moi, j’avais la moutarde qui me montait dans les orifices.

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Un jour, j’ai enfin éclaté : « Ecoute, KHALED, ce n’est pas parce que tu es dans un fauteuil roulant que je ne vais pas te foutre dehors ». A peine lui avais-je jeté mon ire dans la figure que j’entendis distinctement, à l’instant même, les viscères de la classe entière se dénouer, se détendre d’un commun accord, commencer à sourire : « Enfin, fredonnaient, soudain soulagées, les tripes unanimes, enfin quelqu’un qui ose ».

 

 

Ce soupir de soulagement, messeigneurs ! Ce moment de détente ! Ce fut du brutal, je vous jure. Du merveilleux majestueux. Jamais je n’ai senti une telle adhésion immédiate, une telle unanimité. Et le gaillard est devenu doux (pour un temps). Je n’ai oublié aucun détail de ce moment unique et puissant. Moralité : le handicapé est potentiellement aussi méchant, d'odeur aussi vomitive, et de consistance aussi coliqueuse que le valide. Mais il y a dans la valorisation sociale du handicapé, disons-le, de l'intimidation. Le handicap fait d'abord taire le valide.

 

 

Le handicap ne sanctifie strictement rien. Il est là. Il intimide, donc. Il culpabilise, il dégoûte éventuellement. Mais qu’on ne me fasse pas croire que, en dehors de quelques exceptions, une personne ordinaire peut éprouver en présence du handicap des sentiments aussi ordinaires que face à une personne complète.

 

 

 

Les grandes déclarations face aux Paralympiques, non seulement me laissent sceptique, mais me semblent d'une belle hypocrisie, en même temps qu'une adhésion au processus global de culpabilisation des valides. Que la société fasse une place au handicapé, comment ne serait-on pas d'accord ? Mais que celui-ci fasse l'objet d'une sorte de sacralisation, comment être d'accord ? Respect, tant qu'on voudra. Dévotion quasi-religieuse, non merci.

 

 

Je crois être une personne ordinaire, ni particulièrement vertueuse, ni foncièrement mauvaise. Une personne pas trop anormale, quoi. Eh bien, soit dit en toute franchise, la présence d’un handicapé produit en moi une attitude, disons, "spécifique". Suis-je le seul ? Une exception ? J’attends que quelqu’un me dise que je suis inhumain. C’est quoi, après tout, cette pression qu’on fait peser sur les valides, du seul fait qu'ils sont valides ?

 

 

Je suis désolé, mais s'il faut célébrer le handicapé parce qu'il se produit dans une arène olympique, c’est qu’il y a quelque chose qui cloche. Entrez dans le pavillon P4 que je connais, tiens, juste pour voir. Je défie quiconque de regarder « normalement » M., dont le visage coule à la moindre émotion en larmes, en morve, en bave et en gémissements. Elle tord encore plus ses poignets tordus. Et on ne voit pas les orifices cachés !

 

 

Car ces corps pissent, chient, et demandent à jouir (parfaitement : à jouir sexuellement !). Moi je veux bien éprouver des bons sentiments, mais c’est à condition qu’on ne m’écrase pas sous la propagande antinazie d'un moralisme édifiant aux intentions vaguement terrorisantes. Qu'on ne me mette pas un pistolet sur la tempe. Car c'est vrai, la culpabilité est un trop bon outil de bourrage de crâne.

 

 

Et franchement, faire « normalement » le métier de s’occuper d’eux, je m’avance peut-être, mais s'il faut bien du courage, il faut aussi, sans doute, avoir subi quelque rebuffade ailleurs. Comment s'opère un tel choix professionnel ? Vocation ? Je serais curieux de connaître les vraies raisons.

 

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

A suivre.

 

 

mercredi, 12 septembre 2012

DU BON USAGE DU HANDICAPé

Pensée du jour : « Si le soleil ne s'éteint pas sur mes Etats, c'est que mon règne est d'un seul jour ».

RENÉ DAUMAL

 

 

Ainsi, voilà-t-il pas, mon bon, que les Jeux Paralympiques 2012 ont pris fin à Londres. Voyons-en les résultats. Ils sont excellents. 1522 médailles ont été distribuées, ce qui fait, réparties en or, argent et bronze, 507,3333 médailles de chaque métal. Je ne me moque de personne. Je cite ma source : wikipédia. Curieusement, on y annonce, en fait de médailles, 503 or et argent, mais 516 bronze. Passons. J'observe, soit dit par parenthèse, que le logo des Paralympiques change à chaque manifestation, contrairement aux immuables cinq anneaux "olympiques".

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LONDRES 2012 

 

La Chine emporte le pompon, et de très loin : 231 médailles au total. C’est normal, avec 1,4 milliard d’habitants, le handicapé augmente en masse et peut-être en proportion (à cause de l’entassement). "Certains" se désolent que la France n’ait obtenu que 45 récompenses, soit un petit 19,48 % du palmarès de l’ « Empire du Milieu ».

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PEKIN 2008 

 

Certes, cela paraît peu, mais en fait c’est énorme, car la population française, c’est à peu près 4 % des Chinois (si ce taux avait été respecté, ce n'est pas avec 231 médailles qu'ils auraient dû repartir, mais avec 5775 !!!). Mais peut-être aussi, proportionnellement, avons-nous davantage de handicapés dans la population. Allez savoir, entre les accidents de la route, ceux du travail, ceux du sommeil, les crimes inachevés, les blessures de la vie et les automutilations en milieu carcéral … Mais envoie-t-on des prisonniers automutilés aux Jeux Paralympiques ? Bref.

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Les mêmes "certains" en concluent donc à tort que nos handicapés sont de moins bonne qualité que les autres. Moins bien fabriqués. Je ne vois pas sur quelles bases ils osent proférer de pareilles inepties. Le handicapé français serait-il inférieur aux autres ? Qui donc ose prétendre qu’ils ne sont qu’une bande de « bras cassés » ? Qu’au lieu de mettre leurs deux prothèses dans le même sabot, ils auraient intérêt à se mettre à niveau ? Et d’ironiser. De persifler. C’est facile.

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SIDNEY 2000 

 

Moi je dis que nous avons les meilleurs handicapés du monde. D’abord, ils sont élevés en plein air et nourris au grain. Ils ont l’appellation d’origine, ce qui, juridiquement au moins, les protège de toute contrefaçon. Pas comme les handicapés chinois, élevés en batterie et gavés d’on ne sait trop quoi.

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Simplement, ils sont mal entraînés. Mal encadrés. Mal suivis. Ils ne sont donc pas sur un pied (bot) d’égalité. Je suis prêt à le soutenir (« jusques au feu exclusivement », disait Maître Alcofribas). Qu’on nous en donne les moyens, et vous verrez : le monde n’a qu’à bien se tenir. La France souffre en la matière d’un indéniable handicap. Bon, d’accord, je change de ton. Je redeviens consensuel. Tant pis. J’étais bien parti.

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BARCELONE 1992 

Aucune épreuve des jeux paralympiques n’a donc été transmise en direct à la télévision. Les salopards de crocodiles journalistiques font semblant de se lamenter sur cette carence, et font mine de s’interroger gravement sur les raisons d’une telle désaffection. Vous ne la trouvez pas écœurante, cette hypocrisie ? Personnellement, je ne la trouve pas écœurante, mais carrément répugnante.

 

 

La raison de la désaffection ? Mais il ne faut pas être sorti de Polytechnique ou des Ponts et chaussées : ce ne sont pas des Jeux Olympiques. Point c’est tout. C’est aussi net que ça. Ce sont des Jeux Olympiques « spécial handicapés ». « Para », en grec, ça veut dire exactement ça : « à côté ». Comment ça, quelle différence cela fait-il ? Vous n’allez pas aussi vous y mettre ! Soyez sincère : la pratique sportive n’est pas la même. L’intérêt du spectacle est rigoureusement différent. La performance n'a pas le même sens.

 

 

Je suis désolé : si l’on peut trouver du plaisir à suivre un 100 mètres d’USAIN BOLT,jeux paralympiques,jeux olympiques,performance sportive,sport,sportif,handicap,handicapé,londres 2012,médaille d'or,wikipédia,chine,empire du milieu,france,palmarès,alcofribas nasier,usain bolt,téléthon,vénus de milo,victoire de samothrace,ésope,antiquité grecque,société qui a tous ses membres bien en place, quel plaisir éprouvent ceux qui s’extasient devant cet athlète qui court sur deux prothèses ? Quel est le sentiment vrai qu’ils éprouvent ? Je doute radicalement de leurs grandes déclarations et de leurs grands sentiments. jeux paralympiques,jeux olympiques,performance sportive,sport,sportif,handicap,handicapé,londres 2012,médaille d'or,wikipédia,chine,empire du milieu,france,palmarès,alcofribas nasier,usain bolt,téléthon,vénus de milo,victoire de samothrace,ésope,antiquité grecque,sociétéPour moi, ce sont des hypocrites fieffés.

 

 

Car les Jeux Paralympiques, excepté la collecte de fonds, sont d'abord une manifestation CARITATIVE. Exactement comme le Téléthon. S'il s'agit de trouver du courage à ces athlètes, c'est évident. Mais non, ne me dites pas que le sentiment esthétique est du même ordre. Car l'athlète normal dissimule dans sa prestation les efforts qu'il a fournis pour y arriver. L'homme sans pieds, lui, c'est le destin qu'il a dû vaincre, pour arriver là. Et c'est cela qu'on trouve admirable. On entre forcément dans les considérations MORALES.

 

 

Pourquoi s’il vous plaît, à l’origine (1896), a-t-on appelé cette manifestation « Jeux Olympiques » ? C’était une référence directe et explicite aux Jeux de l’antiquité grecque. Or je suis désolé, prenez toute la statuaire grecque : pas un seul handicapé. Que des athlètes parfaitement conformés. Et je suis encore plus désolé, s’il manque des membres à la Vénus de Milo ou à la Victoire de Samothrace, ce n’est pas dû à d’éventuels handicaps. D'ailleurs, elles ne concouraient pas.

 

 

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Jamais les Grecs n'auraient eu l'idée saugrenue d'inclure des athlètes incomplets ou diminués dans des compétitions destinées à glorifier les perfections du corps humain. Notre époque dégouline de confiture altruiste et généreuse. C'est cette confiture que je trouve définitivement indigeste et répugnante. Après le hideux "devoir de mémoire", voici l'infect "devoir de compassion", d'autant plus contestable qu'il s'accommode fort bien des égoïsmes les plus noirs.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

A suivre.

 

 

 

 

lundi, 20 août 2012

REFERMONS L'OLYMPISME A JAMAIS !

Pensée du jour : « Il y a deux sortes d'hommes : ceux qui pensent qu'il y a deux sortes d'hommes, ... et les autres ». CHARLES DE GAULLE

 

 

 

Nous en étions restés à la performance hallucinée du relais 4 x 100 féminin, gagné par l’équipe américaine, et au triomphe de l'industrie chimique dans le sport.

 

 

Et les quatre clowns Jamaïcains du 4 x 100 messieurs ? BOLT, BLAKE, CARTER et FRATER, ils s’appellent. Record du monde pulvérisé, là encore. Enfin, de seulement 16 centièmes, mais quand même. Bon, c’est vrai que YOHAN BLAKE a été contrôlé positif en 2009. Mais là, trois médailles pour lui, pas une de moins. Et, certes, avec les pieds, mais sans les mains, admirez le travail de bipède ! Chapeau l’artiste ! C'est bien le moins, pour un qui a sûrement renoncé à se doper. Sûrement. 

 

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De toute façon, soit dit par parenthèse, à propos d'USAIN BOLT, j'aimerais qu'on m'explique à quoi ça sert de courir à plus de 36 kilomètres à l'heure si c'est pour s'écrouler au bout de 100 mètres. Qu'est-ce qu'il apporte à l'humanité ? Plutôt qu'aux sprinteurs, bourrés de muscles aptes à exploser, intéressons-nous aux athlètes du demi-fond et du fond, bien plus utiles, parce que plus près d'une physiologie normale (je ne parle pas de leurs performances). Passons.

 

 

L’ancien champion CARL LEWIS, lui-même asticoté naguère par les autorités antidopage, émet quelques points d’interrogation à propos d’USAIN BOLT. Pudiquement, Le Nouvel Observateur (le site) pose la question : « Faut-il douter des performances de BOLT ? ». C'est retors, pour le moins. D'une pierre deux coups : on répond subtilement à la question qu’on fait semblant de poser. Tout en évitant un procès en diffamation.

 

 

Derrière les Jamaïcains, qui trouve-t-on ? Les Américains. Tiens donc. Avec 37,04 secondes, ils égalent l’ancien record du monde. Quoi de plus normal, après tout ? L’ancien est fait pour être dépassé par le nouveau. C’est même inscrit dans la définition des mots. Parmi les Américains, un certain JUSTIN GATLIN. Un jeune homme de 30 ans.

 

 

Quoi, il a purgé quatre ans de suspension pour dopage ? Il a purgé sa peine, oui ou non ? Tout homme a droit au rachat, tout de même ! Quoi, 30 ans, c’est l’âge où les performances diminuent ? Mais c’est qu’il a su se maintenir au  top de la condition, voilà tout ! Regardez ALBERTO CONTADOR. Eh bien il les a faits, ses deux ans de suspension pour taux excessif de clenbutérol dans le sang. Qui oserait douter de la pureté de son retour dans la Vuelta (tour d'Espagne) ? Mais le public, lui, est un juge indulgent, tant qu'on n'a pas égorgé ou violé une enfant (cela veut dire : on a des valeurs, NOUS !) : il a déjà oublié, puisqu'il applaudit.

 

 

Pendant ce temps, les nageurs olympiques ont battu neuf records du monde. Pendant ce temps, DAVID RUDISHA, Kenyan de métier, se contente quant à lui de transformer le 800 m. en sprint : il bat son propre record du monde. Pendant ce temps, les foules énamourées se prosternent devant la divinité nommée « EXPLOIT SPORTIF». Je n'en reviens pas.

 

 

Les milliards de pions humains, vous savez, ces petites machines aux performances productives sinon  douteuses, du moins ordinaires, endoctrinés à coups de slogans du genre : « Indignez-vous ! », « Engagez-vous ! », « Surpassez-vous ! » (le dernier prout éditorial, la dernière bouse de vache éructée par l'anus de STEPHANE HESSEL (un « moteur à injonctions », selon le mot génial de PATRICK BESSON, dans Le Point) porte le titre hallucinant de : Vivez !), sont béats de vénération devant des machines humaines optimisées, applaudissent à tout rompre les mutations génétiques chaque fois que les mutants battent un record, et se peignent les moustaches en bleu-blanc-rouge. Tout cela est très seyant.

 

 

Conclusion : les Jeux Olympiques sont bien la fête par excellence de la fraternité humaine, n'en doutons plus. C'est prouvé par le carnet de chèque, le compte en banque et les contrats d'exclusivité. Sans compter les « à-côtés ». Comme quoi une entreprise privée peut apporter le bonheur à l’humanité entière. L'idéologie ultralibérale vous l’avait bien dit.

 

 

 

Le pire n’est pas toujours sûr, mais le COMITÉ INTERNATIONAL OLYMPIQUE est le sublime signe annonciateur du Progrès Humain : la GRANDE PRIVATISATION DE L’HUMANITÉ. Je traduis : faire enfin (après 200.000 ans d'homo sapiens gratuit) de l'entreprise humaine quelque chose de rentable. Jusque-là, homo sapiens sapiens travaillait à fonds perdus. Être homme, mes bien chers frères, deviendra PAYANT. On mettra des péages à la sortie de tous les utérus. Gare aux fraudeurs !

 

 

Déjà qu'à l'autre bout de la vie, les Grecs avaient Charon pour traverser le Styx vers le royaume des morts, contre monnaie. Chacun sera aussi désopilant que la Soeur Anne de GOTLIB (c'est dans le "Barbe-bleue" de La Rubrique-à-brac) : « Soeur Anne aux deux berges raque ». Je ne donne aucun indice.

 

 

 

C'est une condition de survie de l'humanité nantie. Car on a bien compris, dans l'affaire des Jeux Olympiques, qu'il y en a deux, d'humanités : les lites et l'émasse. Euh non, je me trompe : l'élite et les masses. Et attention, quand je parle de l'élite, c'est 200.000 personnes grand maximum dans le monde, qui sont capables de payer les armées chargées de les protéger. La vision olympique de l'humanité a quelque chose à voir avec une double perspective : BANCAIRE et MILITAIRE.

 

 

 

J'aime bien, chez RABELAIS, l'histoire suivante : un portefaix est assis dans la rue, mangeant son pain après l'avoir laissé s'imprégner des fumées qui sortent de chez le rôtisseur. Celui-ci s'avise de lui faire payer sa fumée. Une altercation s'ensuit. Joan le fou arrive, et accepte de rendre sa "justice" au moyen de la pièce d'or du portefaix.

 

 

Il fait sonner celle-ci et prononce sa sentence : « La Cour vous dit que le portefaix qui a mangé son pain à la fumée du rôti a payé le rôtisseur au son de son argent ». Ce fou est un nouveau Salomon. J'aimerais que l'humanité paie les Jeux Olympiques avec cette monnaie incroyable : AU SON DE SON ARGENT. Vous l'imaginez, une corruption accomplie au SON de l'argent ? Moi je suis pour ce bling-bling-là.

 

 

Le Comité Olympique, vous savez, cette ONG désintéressée et même philanthropique, remplie d'un idéal humain de toute pureté, est en réalité une société privée, une simple entreprise juridiquement assujettie aux règles du droit privé suisse. Je l’ai déjà dit, je me répète, mais c’est exprès. Car il faut que ça se sache.

 

 

Et ce n’est pas le solennel (mais pathétique) appel que PATRICK CLASTRES (chercheur rattaché au Centre d’histoire de Sciences-Po) adresse au CIO pour lui demander de modifier ses fondements mêmes qui va y changer quoi que ce soit. Il ne l’ignore sans doute pas, et ne se fait guère d’illusion sur la faculté du CIO de se réformer lui-même. Il fait ça « only for fun ». Ou alors pour justifier un budget alloué. Je ne sais pas. De toute façon, pour réformer le CIO, il faut commencer par le détruire. Avant sans doute de ne pas le reconstruire.

 

 

PATRICK CLASTRES critique le fonctionnement actuel du CIO. Entendons-nous bien : il n’accuse personne. C’est vrai qu’il a affaire à forte partie. Une partie qui peut le réduire en bouillie en moins de rien. Il aurait vite fait de se faire corriger le portrait. Et pas sur photoshop. Il la joue donc en douceur. Son angle d’attaque repose sur le souhaitable et le désirable. Sur le « il faudrait », c’est assez dire qu’il rêve tout éveillé.

 

 

Il s’efforce de ne pas piquer trop fort le monstre qui sommeille (c'est juste une image, pas une réalité). Mais enfin, il émaille son texte de mots qui finissent par dessiner un tableau assez nettement crasseux, pour ne pas dire puant, de l’univers olympique : « corruption, scandales des athlètes dopés, tricheries récurrentes, menacé de gangrène par les mafias, … ».

 

 

Ses propositions de réforme (vouées aux oubliettes) contiennent en creux des critiques féroces du fonctionnement actuel. Il faudrait changer le mode de recrutement (opaque ; je traduis : les membres actuels sont-ils corrompus ? notez que je garde la tournure interrogative), modifier la charte (sans dire sur quels points ; là, j'ai du mal à traduire), rendre les comptes financiers transparents (tiens, tiens !). En bref, il faudra changer la façade une fois qu'on aura fait disparaître l’intérieur.

 

 

Le CIO actuel ? Payez, et on vous déroule le tapis rouge. Tiens, qu’a payé l’Arabie Saoudite pour faire admettre la judokate en bonnet de bain islamique (qui vaut le burkini, ci-contre) ? stéphane hessel,indignez-vous,engagez-vous,vivez,patrick besson,le point,charles de gaulle,jamaïque,usain bolt,sprint,4 x 100,record du monde,dopage,le nouvel observateur,américains,justin gatlin,performance,alberto contador,tour de france,vuelta,espagne,david rudisha,exploit sportif,jeux olympiques,cio,olympisme,humanité,société,culture,rabelais,ong,patrick clastres,sciences-po,bertrand delanoë,arabie saoudite,attila,jean guisnel,corruption,propagande,optimisme,gotlib,rubrique-à brac Ce serait une information intéressante. Le CIO, cette machine à profits, est devenu sensible à un seul argument : avoir les moyens de toucher sa « sensibilité ».

 

 

Je vais vous dire ma conviction : si le Paris de BERTRAND DELANOË n’a pas eu les Jeux Olympiques 2012, c’est parce que DELANOË n’a pas assez arrosé. Et je le remercie pour cette raison même. Vous imaginez l’état de la France aujourd’hui, après trois semaines de cette chevauchée d’Attila ? De ce rouleau compresseur aveuglé et fanatisé par l’enthousiasme ?

stéphane hessel,indignez-vous

LA PLUS BELLE AVENUE DU MONDE, VRAIMENT ? 

 

Pourquoi croyez-vous que la France n’a pas vendu un Rafale depuis qu’elle a signé je ne sais plus quel protocole de moralisation du commerce mondial des armes, et surtout qu’elle le respecte ? Fini, les « commissions », les « rétrocommissions » et autres outils d’enrichissement personnel (lisez, pour en savoir plus, Armes de corruption massive, de JEAN GUISNEL (La Découverte, 2011), je vous assure que ça, c’est du journalisme d’excellence).

 

 

Soit dit en passant, JEAN GUISNEL révèle que l’Allemagne, la si vertueuse Allemagne, corrompt à tout va les individus capables d’influer sur les décisions des gouvernements acheteurs. Pour exporter, il faut arroser. Si la France veut les Jeux, il va falloir qu’elle accepte d’enchérir. Sur fonds secrets. Les Jeux Olympiques ? D’abord et avant tout, une affaire, de gros intérêts, de grosses affaires à faire. Avec risques et périls : voyez la Grèce et ses Jeux Olympiques, en 2004, et puis huit ans après.

 

 

En fait, et pour être franc, en plus et en dehors de l'horrible fable olympique, je n’aime AUCUN des bobards que les médias déversent à tombereaux ouverts dans nos yeux et nos oreilles, jour et nuit : si l’on fait un peu attention, on en arrive à comprendre comment fonctionne la nouvelle dichotomie « MYTHE / RÉALITÉ ».

 

 

Plus je regarde la réalité, plus je suis effrayé de ce qui attend l’humanité (je ne reprends pas l'énumération, je n'entonne pas la litanie des calamités observées et attendues). Plus je regarde la télé, plus je deviens optimiste (tout le monde rit, tout le monde est heureux, sauf aux informations, et encore ...). Vous ne trouvez pas ça bizarre ? Ah bon ? C’est donc ça qu’on appelle PROPAGANDE ? Bourrage de crâne ? Endoctrinement ? Eh bien dans quel état sont nos esprits, les amis ?

 

 

Conclusion : LA PESTE SOIT DES OPTIMISTES ! Il faudrait les amputer de la télé. C'est à bon droit qu'on pourrait alors les traiter de : « Amputé de ta mère ! ». Parce que les amputés aussi ont droit aux Jeux Olympiques !

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

dimanche, 19 août 2012

ON A ENFIN REFERME L'OLYMPISME

Question du jour : « Faut-il réagir contre la paresse des voies ferrées entre deux passages de trains ? ».

MARCEL DUCHAMP

 

 

Enfin, l’écume olympique est retombée. Enfin, vient de s’ouvrir une nouvelle olympiade. Olympiade veut dire : « Ouf, quatre ans sans Jeux Olympiques, c'est pas trop tôt, il était temps que ça s'arrête ». Oui, je sais de quoi je parle. Pour les mal informés et les ignorants, je signale que le mot olumpias (ỏλυμπιάς), en grec, désigne, en plus des nymphes du mont Olympe, séjour des dieux, la période de quatre ans qui sépare deux Jeux Olympiques, autrement dit pendant laquelle les cités grecques de l’antiquité pouvaient allègrement se faire la guerre.

 

 

Car c'était ça, le SENS des Jeux Olympiques : la trêve des armes. Clin d'oeil (façon de parler) à la Syrie, au Soudan, au Kivu, etc. « Olympiade » n’est donc pas du tout synonyme de « Jeux Olympiques ». Avis aux journalistes en général, et aux journalistes sportifs en particulier (les ânes que je préfère, à cause d'un braiement particulièrement distingué).

 

 

Alors, les Jeux Olympiques de Londres ? Furent-ils une grande réussite comme le claironne l’unanimité des organes de presse ? J’ai lu quelque part que Monsieur GORDON BROWN attend 16 milliards d’euros (ou de livres ?) de retombées financières dans les quatre ans qui viennent. C’est une bonne nouvelle, si ça se réalise, mais ce n’est pas encore fait.

 

 

En tout cas, ce qu’on sait, c’est ce que ça a coûté : au départ, la prévision était de 6 milliards, mais – et on a vu la même chose avec l’extravagante élucubration architecturale du Musée des Confluences, qui trônera bientôt tout en pointe de la presqu’île lyonnaise (voir ci-dessous) – on est arrivé à 12 milliards. Je n’ai aucune idée concrète de ce que ça fait, comme somme, 12 milliards. J’observe que les spécialistes chargés de creuser les déficits et les dettes doivent détester commettre des impairs, puisqu’ils sont des adeptes des nombres pairs (6, 12, 16). Au moins quelques-uns qui sont pour la parité, me dis-je dans mon for intérieur qui n'en pense pas moins.

 

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LA FUTURE POINTE DE LA PRESQU'ÎLE LYONNAISE.

ÇA NE VOUS RAPPELLE PAS "RENCONTRES DU 3ème TYPE" ?

 

Tout ça a donc coûté très cher. Qu’est-ce qu’on ne ferait pas, n’est-ce pas, pour faire oublier aux masses humaines l’effondrement de la Grèce, l’ensanglantement de la Syrie, la flambée spéculative des denrées alimentaires et les prochaines émeutes de la faim qu’elle devrait provoquer dans le monde, comme en 2008, la corruption qui fait sans doute du Mexique (mais il y a de la concurrence) le premier Etat gouverné par la Mafia (même si la façade de l’immeuble donne les apparence du flambant neuf) et la montée de l’extrême-droite en Europe ?

 

 

Puisque l’Empire romain s’effondre, donnons aux masses humaines du pain et des jeux. Notons que, si les Jeux Olympiques ne se passent pas dans un Cirque, ça y ressemble diablement. Comme dit le capitaine Haddock aux Dupondt : « Le Cirque Hipparque n’a pas besoin de deux clowns. Vous ne pouvez donc faire l’affaire ». Ah ça, des clowns, il y en a eu, dans le bordel olympique. Mais c’est peut-être grâce au tartan orangé de la piste d’athlétisme.

 

 

Comme les vitesses mutantes (le dopage mutant dont parle ANTOINE VAYER)  atteintes lors du Tour de France : c’est grâce aux nouveaux bitumes des routes, on vous dit. Le sport moderne a inventé le frottement qui accélère. Tous les physiciens vous le diront : la vitesse augmente en proportion de l'intensité du frottement !!!

 

TINTIN VIGNETTE DUPONDT.jpg

LES CLOWNS DU CIRQUE HIPPARQUE

(MAIS C'EST LA FAUTE DES COMPRIMES N 14) 

 

Car ils ont accompli des performances de clowns, à croire qu’ils se sont inspirés des coureurs du même Tour de France, véritable modèle en matière d’exploit ... disons « sportif ». Prenons le 4 x 100, par exemple. Priorité aux dames, n’est-ce pas. Elles sont américaines. Elles n’étaient pas au mieux de leur forme : « Personne dans l’équipe n’était fraîche. On a enchaîné les courses, mais on voulait ce record ». C’est ALLYSON FELIX qui parle, déjà médaille d’or sur 200 m.

 

 

Traduction ? On était crevées, alors on est allées plus vite. Quasiment du SARKOZY dans le texte : au départ, je fonce, et en vue de l'arrivée, j'accélère.sport,jeux olympiques,marcel duchamp,athlétisme,athlètes,olympiade,londres,gordon brown,déficit,dette,grèce,syrie,mafia,mexique,extrême droite,tour de france

 

 

Résultat ? En plus de la médaille d’or, le record du monde (WR, sur la photo) pulvérisé de 55 centièmes de seconde. Oui madame. Un journaliste ose même parler de « chrono irréel ». Quelle audace dans le vocabulaire ! Un record qui tenait depuis 1985, rendez-vous compte ! Tout le monde le disait imbattable. Mais Sony en a rêvé, et elles l’ont fait ! Les anciennes recordwomen ? Des clowns d’Allemagne de l’Est. Les lanceuses de marteau, les sprinteuses, les nageuses étaient formatées comme KORNELIA ENDER (ci-dessous).

 

ENDER 1 KORNELIA.jpg

PREMIERE AU CONCOURS "MISS DEMENAGEURS BRETONS" 

 

Oui, vous savez, ces femmes en forme de déménageurs bretons (un copain m'a soufflé « armoire normande », mais j'ai mon éthique, nom de diable) auxquelles il poussait de la moustache, des poils entre les seins et je ne sais quoi d’autre, à force de petites pilules roses ou bleues gentiment offertes par leurs « entraîneurs ».

 

 

Comment rester femme tout en allant à des vitesses stratosphériques ? Faites comme les quatre clowns Américaines de 1997, les seules depuis 1985 à approcher de juste quelques centièmes le record des déménageuses bretonnes d’Allemagne de l’Est. Les Américaines de 2012 ont enfin trouvé la recette du cocktail gagnant. Sans trop se bousculer le brushing.

 

 

Quand je pense que le record du monde de la perche, à 6,14 mètres, est détenu, depuis 1993 par l’inamovible SERGUEI BUBKA (l’homme qui se laissait pousser la mâchoire inférieure à coups d’hormones de croissance), et que RENAUD LAVILLENIE, médaillé d’or en 2012, franchit à peine 5,97. Dix-sept centimètres de moins. Quel minable, finalement.

 

 

Je n'évoque même pas (ceci est une prétérition) le saut en longueur du siècle de BOB BEAMON en 1968 (à 8,90 mètres !!! soit 55 cm de plus que l'ancien record, en une seule fois, que ça sortait du cadre mesurable prévu !!!), qui ne fut battu que 23 ans après (POWELL).

 

 

 

Que fait le Progrès Humain, pendant ce temps ? Il se prélasse sur une plage des îles Caïman, l’oreille collée à son smartphone, en train d’écouter l'effet des variations du cours du maïs à la bourse de Chicago sur les comptes secrets qu'il a dans le paradis fiscal. BUBKA aurait pu faire passer la recette, quand même, au lieu de la stocker dans un coffre-fort.

 

JAZY 1 MICHEL.jpgBEN JOHNSON.jpg

 

 

 

Ça ne vous a jamais intrigué, l’évolution morphologique des athlètes, au cours du temps ? Ne parlons pas de l’haltérophilie, archétype et parangon du sport anabolisé. Mais comparez le corps humain de MICHEL JAZY (1955 à 1965, à gauche) et le corps anabolisé de BEN JOHNSON (JO 1988, à droite). Comparez CHRISTINE CARON (années 1960, à gauche), l’est-allemande KORNELIA ENDER (1976, voir ci-dessus) et l'invraisemblable torse de Monsieur Muscle d'ALAIN BERNARD (à droite).

 

CARON 1 CHRISTINE.jpgBERNARD 2.jpg

 

 

Comparez les VILLEPREUX, GACHASSIN ou CAMBERABERO du rugby à l’ancienne (je veux dire normaux) et les monstres du Gévaudan australiens ou néo-zélandais (JONAH LOMU, 1,96 m., 119 kilos) poussés à la créatinine qui règnent aujourd’hui. Ça ne vous saute pas aux yeux, cette évolution dans le GABARIT ? Moralité ? Ce n’est plus le sportif qui gagne, c’est l’industrie chimique, c’est tout. Alors franchement, les « valeurs de l’olympisme » ? Ne me faites pas rire, j’ai les lèvres gercées.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

A suivre.


samedi, 11 août 2012

METEO DES JEUX

Pensée du jour : « Les Sioux ont l'accent chinois, leur manière de vivre est celle des Tartares.» (ABBE FLEXIER DE REVAL, 1735-1802).

 

 

Résumé : nous disions donc : « La chaussure, voilà l’ennemi ».

 

 

C’est ce que se disait DENIS DUFOUR, compositeur attachant que j’ai rencontré du temps où je ne manquais rien de ce qui se faisait en musique contemporaine. Lui, son truc, c’était la musique électro-acoustique. Ne pas confondre avec HUGUES DUFOURT, adepte d’une musique moins contemporaine, puisqu’elle se joue avec de vrais instruments fabriqués par des ébénistes. DUFOUR 1 DENIS.jpg

 

 

 

DENIS DUFOUR marche pieds nus, qu'on se le dise (Notre besoin de consolation est impossible à rassasier, extraordinaire texte de KNUT HAMSUN, Dix portraits, …). Parce que, m’a-t-il dit – et ce n’est sans doute pas dénué de vérité –, ne pas avoir de semelle permet de ressentir des vibrations physiques que ne perçoit pas l’oreille. L’avantage, c’est que, vu la couleur de ses pieds le soir, il ne risque pas qu’un quelconque lèche-bottes vienne lui faire des compliments sur sa musique, puisqu’il n’en a pas, de bottes. Le pied nu constitue, en quelque sorte, le fin du fin du retour à la nature.

 

 

Ce qui prouve par a + b que l’homme, en inventant la chaussure, s’est séparé de la nature il y a 4000 ans, quand il interposa entre lui et le sol une lamelle de cuir plus ou moins épaisse. De plus en plus perfectionnée. Pour s’épargner les injures faites à son pied par les cailloux du chemin. Nous sommes devenus trop sensibles, voire hypersensibles.

 

 

 

Un rien (qu’est-ce que 15 cm de neige ?) nous pousse à l'émeute contre nos dirigeants. Plus nous avons perfectionné et accru notre confort, plus nous sommes devenus vulnérables, craintifs et vindicatifs. Peut-être voudrions-nous reconstituer les conditions de la maternation originaire. Attendons-nous, dans ce cas, à quelques déconvenues funestes.

 

 

Ce qui prouve accessoirement que les travaux d’Hercule (qui vainquit Antée, en le privant de tout contact avec la Terre, qui n'était autre que sa mère Gaïa, et on considère encore aujourd'hui que ce fut un progrès) HERCULE ANTEE JEAN DE BOLOGNE.gif ont accéléré le mouvement de rejet de la Nature. A mon avis, Hercule avait  des chaussures aux pieds. Ah, qui dira le joli temps des écuries d’Augias (« les deux pieds les deux mains dans la merde ») ? Hydre de Lerne, reviens parmi nous !

 

 

Cela nous en dit long, soit dit en passant, sur les chances que l’homme industriel a de se réconcilier avec sa planète. C’est vrai que j’ai perdu pas mal de mes capacités à lover mes côtes et mes vertèbres entre les cailloux et les racines des terrains de camping. J’ai noté, en particulier, que les racines de pin sont résolument invincibles.

 

 

C’en est même un brin paradoxal, vous ne trouvez pas ? Ben oui, quoi, plus nous nous fleurbleuisons, plus nous nous écologisons, plus nous nous renaturisons sous l'égide de MAMÈRE NOËL (je ne peux pas croire que les parents ne lui ont pas joué un tour en lui donnant ce prénom) et CECILE DUFLOT (qui ne s’est pas risquée à accepter un poste de ministre de la Nature), plus nous avons peur que la Nature nous fasse du mal (tsunami, éruption, cyclone …).

 

 

Mais allez marcher pieds nus sur les trottoirs de nos villes, aujourd’hui ! Nos trottoirs rendraient indispensables et obligatoires, d’une part, le pédiluve (dans le temps, on disait « bain de pieds »), du fait de la caniphilie urbaine généralisée, et d’autre part la boîte à pharmacie, pour réparer les dégâts commis par les débris de bouteilles de bière. Il faut savoir que la merde de chien et la bouteille cassée sont le principal apport de la modernité au trottoir urbain macadamisé. Vivre sans chaussures en milieu aussi hostile, c’est accepter de vivre dangereusement. La Nature s'éloigne de l'homme inexorablement. A moins que ce ne soit l'inverse.

 

 

N’empêche que, quoi qu’on dise, courir sans semelle entraîne une flexion accrue : l’amorti en devient articulaire ! Je n'invente rien. Courir pieds nus permet d’éviter les ampoules et de limiter les risques de tendinites. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est scientifique. Les mêmes scientifiques affirment que si la fantaisie vous prend de vous mettre au « freedom running », mieux vaut y aller doucement.

CHAUSSURE 32 FIVE FINGERS.jpg

 

 Progressivement. Fiez-vous aux marques : elles ont d’ores et déjà inventé la chaussure minimaliste, semelles fines comme des crêpes et « five fingers » pour ganter les doigts de pieds.

 

 

PIED 2.jpg

MAIS POUR CE PIED, QU'EST-CE QU'ON FAIT, DOCTEUR ?

ON APPELLE CELA POLYDACTYLIE : IL Y A ENCORE PLUS FORT

 

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SEIZE ORTEILS A LA NAISSANCE : QUI DIT MIEUX ?

 

En six ou douze mois, quand vous aurez usé huit paires de semelles fines et de « five fingers », vous pourrez passer au « barefoot » et au « freedom running ». Les marques ont même inventé les « barefoot shoes ». Comme disait ALEXANDRE VIALATTE, « le progrès fait rage ».CHAUSSURE 16.jpg

 

 

Vous pourrez même, suprême raffinement, vous passer de toute chaussure. Après avoir, nous l’espérons, contribué de vos deniers au redressement productif des entreprises spécialisées dans la semelle fine et dans la « barefoot shoe ». Pendant six à douze mois. Mais restez prudent. Oui, à ce moment, il est alors possible d’effectuer quelques sorties pieds nus. Et rendez-vous compte, vous verrez de la corne, carapace naturelle de la peau, se développer autour du pied afin de le protéger. Comme disait ALEXANDRE VIALATTE : « On n’arrête pas le progrès : il s’arrête tout seul ». C’est fort bien dit.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

vendredi, 10 août 2012

METEO DES JEUX

Pensée du jour : ce n'est pas seulement à cause de la loi de la pesanteur que 100 % (ou presque) des femmes portent un soutien-gorge.

 

 

Le sprinteur est par principe vaniteux, égocentrique et dur. Sa cheville enfle. C'est mécanique. C'est même scientifique. En tout cas, c'est une condition de la réussite d'USAIN BOLT, vous savez, le bonhomme qui est parvenu, devant des milliards de témoins, à parcourir la distance surhumaine de 100 mètres, et qui était tout essoufflé après. Celui-là, il va falloir qu'il s'entraîne un peu s'il veut vivre vieux.

 

 

 

Car il s'agit d'abord d'être le plus raide possible pour conserver la vitesse acquise. Plus le ressort est raide, plus grande est la vitesse. C'est scientifique. C'est pour ça que les haltérophiles sont mous de la cheville et ne savent pas courir. La raideur est essentielle. Chez le sprinteur. Sans doute aussi chez la sprinteuse.

 

 

 

On utilisera de petits accéléromètres, qui ne sont en réalité que les vulgaires myotests que chacun peut se procurer dans le commerce. On privilégiera, pour s'améliorer, la pliométrie.

 

 

Il faut savoir, par ailleurs, que réduire la fréquence des jambes diminue la vitesse. En fait, je l'aurais parié, et pour une raison simple : quand l'amplitude de la foulée diminue, la fréquence du cycle augmente. C'est scientifique. On voit par là combien importe le fait de connaître bientôt le tour de cheville d'USAIN BOLT.

 

 

 

COURIR : porter des chaussures amène le corps, à chaque pas, à prendre appui sur le talon. Laissez tomber la chaussure, très vite vous allez vous appuyer soit sur le milieu, soit sur l’avant du pied. Moi qui ai pratiqué le judo pendant une dizaine d’années (et sans bonnet de bain sur la tête, c’était au J.C.R., Judo Club du Rhône, sous l’égide du fabuleux Maître MIDAN, 9, rue de l’Epée, Lyon 3, j'en parlerai peut-être), je peux confirmer que, quand on se déplace pieds nus sur le tatami, on prend vite l’habitude d’effacer le talon et de tendre la pointe du pied. C’est encore plus vrai sur le sol nu.

 

 

La raison est évidente : attaquer du talon nu sur une surface dure, ça vous le nique en moins de rien, comme le montre le schéma ci-contre, où l'on voit bien que la moitié du calcanéum est en porte-à-faux. sprinteur,usain bolt,jeux olympiques,vitesse Il faut donc avancer avec le pied en extension, pour que le gras du dessous soit le premier point de contact. Conditionnés par l’usage de la chaussure, ce n’est finalement pour nous qu’une habitude à prendre. Ou plutôt à reprendre : après tout, ça ne fait que 4000 ans, selon des sources bien informées, que l’homme a inventé la godasse.

 

 

On nous raconte que la mode du pied nu est née aux Etats-Unis en 2009. « Barefoot runners », on dit. Quelle fable ! Quel orgueil démesuré ! Quelle injustice ! C’est bien la prétention étasunienne qui est ici à l’œuvre, une fois de plus. Ma parole, pour un peu, ils se prendraient pour l’origine du monde, sprinteur,usain bolt,jeux olympiques,vitesse si L’Origine du monde n’était pas un tableau qui scandaliserait les Américains, si religieux quand ils ne sont pas pornographiques. « Ils sont fous, ces Ricains ! », dirait qui vous savez, qui est tombé dedans quand il était petit.

 

 

D’abord, s’il y a mode, c’est plutôt celle de la chaussure. Ensuite, qui a gagné le marathon olympique de Rome, en 1960 ? Je vous le demande. sprinteur, usain bolt, jeux olympiques, vitesse, Un certain ABEBE BIKILA – un Ethiopien de la Garde Impériale du Négus, le Roi des Rois, HAÏLÉ SÉLASSIÉ – qui courait pieds nus sur les chemins pierreux de son pays, et qui a couru ses 42,195 km sans rien aux pieds. En 1960. Les doigts (de pied) dans le nez. Il a en quelque sorte fait un pied de nez à tous les fabricants de grolles qui remuent les méninges surréalistes de leurs bureaux d’études, et qui ne savent plus quoi inventer pour vendre toujours plus et toujours plus nouveau.

 

 

Il en est de même à la Réunion, qui organise la « Diagonale des fous ». Je ne sais pas si vous connaissez. Je ne vais pas vous refaire la liste des 208 sortes de FOUS qu’énumèrent par alternance Pantagruel et Panurge (RABELAIS, Tiers Livre, XXXVIII), mais les cinglés qui font cette course parcourent 162 kilomètres. Cent soixante-deux.  

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JE N'AI PAS CALCULE LE DENIVELE TOTAL,

MAIS IL DOIT Y AVOIR PAS LOIN DE 7000 METRES EN MONTEE.

Ne parlons pas de l’Ultra-Trail du Mont Blanc, 166 kilomètres, 9400 mètres de dénivelé, et tout ça en moins de 46 heures. Le genre de truc qui implique forcément les « médecines » les plus en pointe, si vous voyez ce que je veux dire, et qui finit mal.

 

 

Dans la région, on connaît le Lyon-Saint-Etienne (ou l’inverse), 63 km qui se courent de nuit, début décembre. C’est quelque chose de pas très ordinaire. Mais à la Réunion, déjà que la physiologie du marathonien n’a pas grand-chose à voir avec, mettons, au hasard, la mienne, je vous laisse imaginer celle qu’il faut pour courir le quadruple de la distance (40 x 4), et en pleine nature tropicale, par-dessus le marché. Quand on apprend des choses pareilles, on se dit que « le sport, c’est la santé », c’est un aussi gros mensonge que la petite souris ou le Père Noël (à ne pas confondre avec MAMERE NOËL). Avec un préjugé favorable (… de lapin) pour la petite souris.

 

 

J’ai croisé un ancien participant de la «  Diagonale des fous », dans un petit patelin d’Alsace (on trouve TOUT, en Alsace, exactement comme à la Croix-Rousse, qui est une sorte d’Alsace en réduction) : je n’aurais pas aimé être ses genoux, vu la capilotade où ils étaient. Bref, plusieurs de ces anormaux (des « locaux », nous dit-on) courent pieds nus. Eh bien, réjouissons-nous, leurs pieds arrivent en meilleur état que ceux de certains porteurs de chaussures. La chaussure, voilà l’ennemi.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

Suitetfin demain.

jeudi, 09 août 2012

TINTINOPHILE OU TINTINOLOGUE ? (fin)

Météo des Jeux : l'aviron, avant même d'être une épreuve olympique, est un problème scientifique. Allonger la pelle de huit centimètres coûterait moins d'énergie, mais demanderait plus d'efforts. Ce n'est pas moi qui le dis. C'est scientifique.

 

 

Résumé : les récalcitrants au culte tintinesque qui, à l’issue de leur scolarité, ne sauraient pas par cœur les 22 volumes de cette moderne « récitation » (ou « lecture » : je rappelle que « Coran » signifie l’un ou l’autre), seraient envoyés dans des lieux d’accueil jeux olympiques,tintin,aventures tintin,tintinophile,tintinologue spécialisés destinés à leur apprendre à se concentrer sur l’essentiel, lieux appelés « camps favorisant la concentration ».  

 

 

 

 

 

 

 

Un seul cri du cœur, un seul hymne : « Tintin, Tintin über alles », entonné à pleine voix au saut du lit. Et des questions à l’improviste, avec lumière en plein dans les yeux, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit : « Allez, avoue, qui est Foudre Bénie ? » ;  « Tu vas cracher le morceau, je te jure, qu’est-ce que tu trafiques avec Rodrigo Tortilla ? Si tu refuses, c’est simple, on te renvoie chez les Arumbayas ! » ;

 

jeux olympiques

 

« Qui c’est, ce Viracocha dont tu parlais dans ton sommeil ? » ; « C’est où, sa planque, à ce Rascar Capac ? » ; jeux olympiques,tintin,aventures tintin,tintinophile,tintinologue« Et ce 26 rue du Labrador, c’est le repaire de la bande ? » ; « C’est quoi, cette histoire entre Babaoroms et Matouvous ? » ; « Et ce Harrock’n roll, qu’est-ce qu’il est allé faire, sur le Ramona ? » ; « Et c’est quoi, comme message, "La marque que fume Boris", prononcé par un certain professeur Topolino ? » ;

 

 

« Et tu me crois assez naïf pour croire que ce Rotule est docteur en ostéologie ? » ; « N 14 ? Qu’est-ce que c’est encore, ce code secret ? » ; « Et qui c'est, ce Ridgewell ? ».

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On peut dire que le programme d’étude est copieux. Je dirais même nourrissant. Je vous garantis, les adjudants ont les moyens de faire parler les plus regimbeurs. Impitoyables, ils sont. Vous êtes prévenus.

 

 

Vous voilà dans le meilleur des mondes. Big Brother Tintin is watching you. Vous ne pourrez pas dire que vous n’étiez pas prévenus.

 

 

Avec élimination impitoyable des tièdes et des récalcitrants. Il serait donc formellement interdit de récalcitrer à Tintin sous peine d’une mort infamante, infligée après de longues tortures morales, comme dans Orange mécanique (ci-contre), sauf qu’au lieu du finale de la 9ème, on infligerait tout le cursus tintinique au son de : « Tintin, Tintin über alles ». Soyez sûrs qu'Alex Delarge, le personnage de STANLEY KUBRICK, mourrait ignominieusement. jeux olympiques,tintin,aventures tintin,tintinophile,tintinologue N’ayons pas peur des mots : c’est même au-delà d’un enjeu culturel, c’est carrément un enjeu de civilisation.

 

 

Mais s'il faut tout dire, il existe une sorte de Docteur MENGELE, l'inventeur de ce programme de « redressement productif », et même moral, que dis-je, le HEINRICH HIMMLER de ce protocole éducatif. Cet homme porte un nom. Il s’appelle FRANÇOIS HÉBERT. Son idée remonte à 1983. Il fut secondé dans son énorme tâche par RENÉE-HELOISE (sic) GIROUX. L’œuvre s’intitule Êtes-vous tintinologue ? et a été publiée aux éditions du Royaume de la bande dessinée. Son idéologie est irréprochable.

 

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C'EST UNE REEDITION 

 

L'oeuvre consiste, à propos de chaque album de cette nouvelle Torah, à poser 50 questions. Le questionnaire est donc composé de 1100 demandes plus ou moins précises, portant sur les éléments importants de la Bible (+ Torah + Coran, ne mégotons pas), mais aussi les détails du dogme. Le dit questionnaire est globalement assez bien fait, et permet de faire le tour du corps de doctrine.

 

 

Mais pour parler franchement, leurs questions sont parfois oiseuses. C’est vrai, quand ils demandent de compléter « araignée du matin … », quand ils posent des questions comme : « Qu’est-ce qu’un piranha ? » ou « Qu’est la Grande Ourse ? », on sent qu’ils diluent leur sujet, qu’ils le noient dans les connaissances générales, dont le besoin ne se fait vraiment pas sentir. Pourquoi élargir l'horizon ? On sent chez eux une forme insidieuse de culturgénéralisme désuet, qui offre des relents vaguement hérétiques. On sent que le bûcher n'est pas loin. A tant faire que d'avoir la VRAIE FOI, que diable, autant être INTEGRISTE. Et impitoyable. Etroit.

 

 

Ils auraient dû s’inspirer du génie du khalife OMAR qui, autour de 642 après J.C., a ordonné à son général AMR IBN AL AS de brûler la bibliothèque d’Alexandrie, la plus énorme bibliothèque qui eût jamais existé, au motif que si les livres qu’elle contenait reprenaient ce qui est dans le Coran, ils étaient inutiles, donc à jeter au feu. Quant à ceux qui s’écartaient du Coran, ils étaient forcément impies, donc à jeter au feu.

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Je propose donc de faire des 22 albums sacrés le socle de la civilisation à venir. Pour commencer, ils tiendront lieu de CONSTITUTION de la REPUBLIQUE. Pour continuer, ils serviront de base au prochain (et inébranlable, cette fois) TRAITE EUROPEEN. Et pour finir, on y trouve une matière suffisante pour en faire la CHARTE DEFINITIVE de l’Organisation des Nations Unies, en même temps que le texte incontestable de la Charia Mondiale. Je le déclare solennellement : j’en ai eu la révélation sur la montagne sacrée (c’est la Croix-Rousse, qu’on se le dise), Tintin sera le Coran de l’humanité tout entière. TINTIN SERA LE GENRE HUMAIN.

 

 

Comme dit le Professeur Itard de GOTLIB, à la fin de la rééducation de Victor, l'enfant sauvage (c'est dans La Rubrique-à-brac taume 3) :

 

« HALLELOUYA GLORIA ».

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

mardi, 07 août 2012

TINTINOPHILE OU TINTINOLOGUE ?

Météo des Jeux : bonne nouvelle, USAIN BOLT et quelques autres sont enfin parvenus à parcourir 100 mètres. Certains en doutaient. Les voilà rassurés. Ils s'en félicitent. Moi je dis : peut mieux faire. J'espère qu'ils pourront aller un peu plus loin, parce que, franchement, quand tu as fait 100 mètres, tu n'as rien fait, ou si peu que rien. Ils n'ont plus qu'à persévérer s'il veulent arriver au bout.

 

 

Prêts pour une Grande Digression Symphonique, en forme d’entrée en matière ?

 

 

« Tintinophile », qu’est-ce que ça veut dire ? D’abord et déjà, je ne sais pas si tout le monde sait ce qu’est un « colombophile ». Si vous pensez que c’est un fan de l’acteur PETER FALK (lieutenant Columbo), tintin,les aventures de tintin et milou,jeux olympiques,usain bolt,digression,colombophilie,pigeons,christophe colomb,peter falkun continuateur de la mémoire de CHRISTOPHE COLOMB, un habitant de Saint-Colomban (c’est en Loire-Atlantique) ou un amateur de voyages en Colombie, vous avez tout faux. C’est quelqu’un qui aime les pigeons, en particulier les pigeons voyageurs. N’en tirez aucun jugement péremptoire.

 

 

Le colombophile fait travailler les pigeons pour lui, pour son compte, pour son seul plaisir, gratuitement. C'est une sorte de maquereau, quoi. Sauf que ses putes lui rapportent nib de nib. Disons qu'il s'est fait souteneur pour soutenir la cause. C'est du dévouement, je me tue à vous le dire. La preuve ? Il offre gratuitement le gîte et le couvert à ses gagneuses et à ses gagneurs. C'est bien le moins, vous avouerez.

 

 

Pour ce qui est du gîte, certains colombophiles fanatiques, voire enragés, n’hésitent devant aucune folie dispendieuse, comme en témoigne cette photo d’un authentique pigeonnier, digne d'être  homologué hôtel cinq étoiles (quoique sans ascenseur ni salle de bains), quelque part dans le nord-est de la France. On peut dire que R. n’a reculé devant aucun sacrifice pour offrir à ses oiseaux le luxe le plus tapageur et le plus extrême.

 

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DANS UN PAREIL 5 ETOILES, TRES PEU DE PIGEONS SE PLAIGNENT DE LEUR SORT

(ET LES ROUCOULEMENTS DE MASSE, IL PARAÎT QU'ON S'Y HABITUE)

 

Mais en contrepartie, disons carrément que R. exploite honteusement la capacité innée que ces volatiles ont de retrouver leur nid après en avoir été honteusement éloignés à dessein. Au top départ, toutes les cases du camion collecteur s’ouvrent brusquement, dans la région de Narbonne, libérant les pauvres bêtes, dès lors obligées de se creuser la cervelle (sans carte et sans boussole, s’il vous plaît !) et de se rapatrier par leurs propres moyens vers les brumes du nord-est. Le taux de réussite est généralement bon, mais l'aventure connaît parfois quelques ratés, on est obligé de le reconnaître.

 

 

Il m’est en effet arrivé de convoyer jusqu’à son point d’origine (enfin, disons pas loin) un de ces malheureux oiseaux qui s’était égaré pas trop loin de chez moi (à 600 km de chez lui, quand même !), pour le restituer (gratuitement, s’il vous plaît, mais combien volontiers !) à son propriétaire. Il lui manquait beaucoup, paraît-il. Pourtant, les 399 autres qu’il possède (authentique, évidemment) devaient l’occuper largement. Que voulez-vous, aurait dit LAMARTINE, « un seul pigeon vous manque, et tout est dépeuplé », n’est-ce pas, R. ?

 

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LUI, C'EST "RED CHAMPION"

(c'est un vrai de vrai, bien sûr)

 

Le colombophile, c’est donc celui qui aime les volatiles de course (y compris à table, farcis, à condition qu’ils soient jeunes, et là, à table, je me suis aperçu que moi aussi, j'avais des tendances colombophiles), qui gagne des trophées à la sueur de leur front (qu’ils ont fort étroit, par bonheur), qui les laisse régulièrement se dégourdir les ailes pour s’entraîner, en priant cependant le dieu des pigeons qu’aucun autour des palombes, qu’aucun faucon pèlerin ou autre nuisible ne rôde par là ou ne s’est mis à l’affût dans le coin. En un mot, c’est quelqu’un qui ne compte ni son temps, ni son argent, ni son énergie pour perpétuer une espèce qui, par bonheur et pour cette raison, n’est pas en voie de disparition.

 

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EN PLUS, ILS SONT BEAUX, NON, LES CHAMPIONS ?

CE N'EST PAS DU PIGEON DE VULGUM PECUS !

 

Bon, pour un préambule, ça commence à faire très long. Je me suis encore laissé entraîner, ma parole. Aucune rigueur, tout dans les « arabesques ». Vous pourriez me le signaler, quand ça se produit ! M'arrêter ! Pourtant, je vous jure, j’essaie de me refréner. Mais à chaque fois, ça y est, le démon me reprend, la digression me tend les bras, et je m’y jette avec emportement. Il ne faudrait pas, avec ça, que l’envie me prenne, un de ces jours prochains, d’enseigner ou de devenir professeur. Vous voyez d’ici la catastrophe ?

 

 

Imaginez-moi en professeur qui commencerait sur « Mignonne allons voir … » et qui déboucherait sur le burnous trop vaste de RENÉ CAILLÉ, premier blanc arrivé à Tombouctou. C’était le 20 avril 1828. Il profitait de ses larges manches pour griffonner des notes au crayon sur son petit carnet. Là-dessus, vous avez bien compris que je pourrais embrayer sur les djihadistes actuels d'AQMI qui détruisent des mausolées musulmans. Décidément, l'Islam est de plus en plus énigmatique. Mais ici, comme vous le constatez, je résiste à la digression.

 

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Vous voyez ? Une digression, c’est si vite fait. Presque pas le temps de s’en apercevoir. Je tâcherai donc de m’orienter, pour gagner mon pain, dans une autre branche professionnelle que l’Education Nationale. Cela vaudra mieux pour tout le monde. Si Dieu et le Conseiller d’Orientation n'en décident pas autrement.

 

 

Cela donnerait aux rabat-joie de l’anti-France (quand reviendras-tu, Super Dupont ?) une occasion nouvelle de crier au déclin des valeurs, des brosses à dents et du confit de canard. J’éviterai par conséquent de prêter le flanc. De toute façon, je ne suis guère prêteur. Surtout du flanc. Ah si, pourtant : je ne sais plus à quel ami j’ai prêté mon coffret Catalogue d’oiseaux d’OLIVIER MESSIAEN, auquel je tiens tant. Si vous l’apercevez, merci de me tenir au courant.

 

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En revanche, j’ai retrouvé (par hasard) la personne à laquelle j’avais prêté Antiquité du grand chosier d’ALEXANDRE VIALATTE. Et si à ce jour je n’ai pas recouvré mon livre, j’ai du moins retrouvé le sommeil. Conclusion ? J’admire les gens qui, contre vents et marées, savent résister à la digression. Quelle fermeté d’âme est la leur ! Vous avez ci-dessus un compendium de ce qu'il ne faut pas faire, quand on prétend avoir de la fermeté dans l'âme.

 

 

Remarquez, je me rappelle les cours du vendredi à 14 heures, avec Monsieur DELMAS, alias Le Baron. C’était, au moins sur le papier, de l’histoire-géographie. Mais c’était une matière qui pouvait aller du montant d’un salaire à consacrer au loyer par un jeune ménage aux souvenirs bretons de vacances de rêve remontant à l’été dernier, en passant par l’immense intérêt qu’il y a pour la jeunesse à apprendre les langues étrangères. Le vendredi à 14 heures, Monsieur DELMAS était le roi de l’ « arabesque » ainsi entendue.

 

 

Car, contrairement aux cours qui avaient lieu tôt le matin, la figure de Monsieur DELMAS, à ce moment de la journée, arborait une teinte qui variait, suivant les semaines, et selon les menus et les quantités absorbés au restaurant voisin en compagnie de quelques collègues, du rubescent à peine marqué, au cramoisi le mieux venu, en passant par toutes sortes d’enluminures cuivrées, de pourpres congestifs et de flammes incarnates. Il n’y a pas à en douter, le gras double, le tablier de sapeur et le Chiroubles du patron de « La Meunière », rue Neuve, à deux pas du lycée Ampère, avaient le don d’inciter Monsieur DELMAS à l’arabesque.

 

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LES SALLES D'HISTEGEO ETAIENT AU DERNIER ETAGE, DROIT DEVANT

 

Promis, après cette « mise en bouche », dès demain, j’en arrive à Tintin.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

samedi, 04 août 2012

QUOI DE NOUVEAU DANS LES NOUVELLES ?

C’est vrai, quoi, on nous cache tout, on nous dit rien. Non, ça, c’est une vieille chanson yéyé. Bon, c’est pas tout ça, mais il faut rattaquer, on dirait. Allez, à la mine. Alors voilà : quoi de neuf ? C’est ce que disait invariablement mon père en rentrant le soir à la maison. Cela semblait vouloir dire : « Quoi de neuf dans le nouveau des nouvelles ? », mais ce n’était pas une question.

 

 

Après tout, la réalité temporelle n’est jamais ancienne. Au contraire, vous avez sûrement remarqué qu'elle se renouvelle à chaque instant. On appelle ça des « événements ». Il y en a pour tous les goûts : des petits, des moyens, des grands, et même des historiques. En ce moments, les « historiques », c’est tous les jours, voire plusieurs fois pas jour.

 

 

 

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Tenez, en ce moment, il y a des « Jeux Olympiques », une vague espèce de foire aux événements « historiques », où il s’agit, pour des jeunes gens et des jeunes filles apparemment très bien et convenablement formés aux usages, de se dégourdir les jambes sous l’œil des caméras et des chronomètres. Je résume.

 

 

Il y a beaucoup de gens qui trouvent ça très intéressant, et qui passent le plus clair de leur temps avachis, comme des bouses fraîchement tombées du cul de la vache, devant un rectangle lumineux animé, couramment appelé « récepteur de télévision ». C’est assez drôle, je trouve, mais après tout on trouve son plaisir où l’on peut.

 

 

J’entendais dernièrement, accoudé à un comptoir, un individu qui, de toute évidence, se laissait pousser la graisse (jamais vu des omoplates pareilles, ma parole, ça voulait déverser le flot écumant d’un Niagara de gras double hors du "marcel" forcément trop étroit !) lancer dans un grand hoquet d’enthousiasme sportif un éloge éructé de l’exploit « historique » d’un nageur français qui a fait honneur à la nation en humiliant ses adversaires américains, uzvarèches et moldo-valaques.

 

 

Je n’en disconviens pas : cet enthousiasme a pour moi quelque chose d’énigmatique. Et c’est d’autant plus vrai que, par-dessus le marché, j’ai entendu, de la bouche même de CYRILLE GUIMARD (qui a failli être un champion cycliste, dans le temps), que la grande vertu de l’athlète de haut niveau se situe dans sa « capacité à se faire mal ».

 

 

Autrement dit, plus l’athlète se fait mal, plus la graisse dégouline d’enthousiasme hors du marcel du spectateur conquis. C’est la loi des vases communicants. Ce qui reste étonnant, c'est qu'il y a peut-être 30.000 athlètes à Londres et qu'en face, les bouses avachies devant le poste se comptent par milliards. J'espère que personne ne se sent visé ou insulté : telle n'est pas mon intention.

 

 

Vous voulez que je vous dise pourquoi je n’ai que mépris pour le soi-disant « olympisme » des Jeux Olympiques ? Parce que c’est une vaste farce : combien de gens savent que le Comité International Olympique (C.I.O.) n’est pas une Institution, une sorte d'O.N.U. dédiée au Sport, une entité abstraite et désintéressée, située très loin au-dessus des appétits de toute sorte, très loin au-dessus du panier de crabes ?

 

 

Car ce que très peu de gens osent dire en public, c'est que le C.I.O. n'est pas cette structure idéale, neutre et au-dessus des partis, mais une vulgaire entreprise privée. Combien de gens savent que le dit C.I.O. obéit, pour son fonctionnement, aux règles du droit suisse ? « Farpaitement ! », s’écrie Obélix, dans Astérix chez les Helvètes.

 

 

Les Jeux Olympiques, s’ils ont porté, il fut un temps, l’idéal de la gratuité de l’effort humain et de l’abnégation, sont depuis longtemps une simple machine à cash, construite dans la plus parfaite opacité de fonctionnement. Depuis 1980, pour être précis. Quand le C.I.O. fut pris en main par un certain JUAN ANTONIO SAMARANCH. Qui fit prendre à l'entreprise le virage enthousiaste de la mondialisation marchande.

 

 

Rappelons que le nommé JUAN ANTONIO SAMARANCH, mort en 2010, fut ministre des sports sous FRANCO, et se fit aider, pour accéder à la présidence du Comité, par ANDRE GUELFI, alias DÉDÉ LA SARDINE, accessoirement condamné par la justice française pour avoir mis les doigts dans de la confiture peu légale, celle qui rapporte donc un maximum.

 

 

Tiens, une petite question : en échange de quoi le C.I.O. a-t-il autorisé une judokate saoudienne à concourir la tête couverte d'un voile ? Comment circule l'argent olympique ? Où trouve-t-on le bilan financier de l'entreprise olympique ?

 

 

On le voit, l’idéal olympique est guidé par de « vraies valeurs ». Comment voulez-vous, dans ces conditions, qu’on puisse s’intéresser à l’olympisme quand on n'a pas une vie ennuyeuse ? N'y a-t-il pas, à la base de l'intérêt des masses humaines pour le spectacle olympique, le sentiment de s'ennuyer dans l'existence ? A la rigueur, en 1964, à Tokyo, quand vous avez vu que MICHEL JAZY, au lieu de placer son accélération irrésistible, se faisait lâcher, vous avez éprouvé une vexation. En vous, c’est le drapeau français qui se trouvait froissé, humilié, piétiné.

 

 

 Mais aujourd’hui ? Où est-il, le drapeau français ? Où est-elle, la nation ? Il n’y a guère qu’en Suisse qu’on voit le drapeau rouge à croix blanche dressé dans les jardins des maisons. Très curieux, ne trouvez-vous pas ? En France, le drapeau tricolore est sifflé, la Marseillaise n’est chantée que par le sportif égaré. Combien y a-t-il de patriotes véritables, en France, aujourd’hui ? Ne parlons plus de la nation, s’il vous plaît. Parlons d’affaires à faire. De marché. De transactions. La marchandise a avalé l’ordre des valeurs. La marchandise est l’ordre du monde. Parlons donc de Mafia olympique, et tirons l’échelle.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.


 

vendredi, 20 mai 2011

ARCHITECTURE : HITLER A GAGNE

Il faudra bien qu’un jour on cesse de faire de Staline et Hitler des épouvantails, des incarnations d’un Mal définitivement enterré à des années-lumière de notre monde si heureusement né au chef d’œuvre qu’est la démocratie, dans l’histoire des sociétés humaines. Il faudra cesser de mettre les deux grands totalitarismes du 20ème siècle dans des parenthèses, comme des parois étanches qui en font des sortes d’exceptions historiques, des espèces de dérapages du flux normal de la grande Histoire : finalement des erreurs. Non :  Staline et Hitler ne sont ni des dérapages, ni des exceptions, ni des erreurs. Ils sont l’expression, la conclusion logique, l’aboutissement « normal » d’un système né avec l’Europe industrielle (ça fait 150 ans, ou à peu près).

 

Qu’ils en aient été de sinistres caricatures ne change rien : Staline découle en pire du terrorisme d’Etat mis en place par Lénine (après tout, il a commencé sa carrière en attaquant des banques avec la bande qu’il dirigeait) ; Hitler découle en pire des traités qui ont suivi la guerre de 1914-1918 et des errements de la République de Weimar. Alors, c’est vrai : les doctrines de l’un et de l’autre, dûment condamnées, sont enfermées dans les placards, dans les caves et dans les archives. Mais elles ne sont pas restées sans postérité, sans descendants, sans héritiers dans notre monde très moderne, très actuel, pour tout dire. Le monde que nous héritons du passé doit aujourd'hui beaucoup à Staline et Hitler, comme j’ai essayé de le montrer pour l’eugénisme dans ma note du 12 mai dernier.

 

Pour voir si je ne délire pas, je me tourne vers un témoin irréfutable : Albert Speer, l’architecte de HITLER, son seul confident, paraît-il. Evidemment inscrit au Parti nazi, dont il devient rapidement l’architecte en chef, il a une conception de l’architecture qui épouse étroitement les visions du Führer, mais celui-ci va y insuffler toute l’ampleur de sa démesure. Et c’est quoi sa conception ? Par exemple, il invente « la valeur des ruines » : dans 1000 ans, il faudra que les ruines laissées soient aussi belles que celles, visibles aujourd’hui, de l'antiquité grecque. Dans leurs cartons, qu’est-ce qu’ils ont comme projets, les deux complices ? Le Reichstag, paraît-il (cf. Wikipédia), une coupole treize fois plus haute que Saint Pierre de Rome (131 mètres, ça nous porte à 1703 mètres : étrange). L’arche triomphale aurait pu contenir dans son ouverture l’Arc de Triomphe de l’Etoile (49,54 mètres). Pour le futur stade des « jeux aryens » à Nuremberg (après suppression des Jeux Olympiques), 400.000 places prévues. Bref, l'architecture nazi, c’est de l’impérial, du monumental, du triomphal de masse. Bref : surenchère, démesure, volonté de puissance (tiens tiens !).

 

Il faut dire que Mussolini a tenté de rivaliser avec Hitler, mais il n’avait pas les moyens. Consolons-le en lui répétant, sur son bulletin scolaire, que l’intention y était : « Bien, mais doit mieux faire, s’il veut accéder à la plus haute marche ». Côté Staline, c’est pas mieux, à voir les palais soviétiques, la magnifique Loubianka, à Moscou, vous savez, le palais du KGB de sinistre mémoire, remplacé par le moderne et riant FSB, et diverses autres grandioses réalisations dans les « démocraties populaires ». J’ai vu de mes yeux, en 1990, ce que Ceaucescu avait prévu de construire en plein Bucarest : un immeuble-ville, après avoir détruit sans sourciller quelques dizaines d’églises, dont certaines du 18ème siècle. Dans le même temps, il projetait de rassembler la population roumaine dans quelques dizaines de méga-villes, pour restituer à l’agriculture toute la surface disponible, moyennant la destruction pure et simple de quelque 5000 villages. Quand je me tue à vous dire que Hitler, il est pas mort. Est-ce que le gouvernement roumain d’aujourd’hui, forcément démocratique, on vous dit, sait désormais quoi faire de ce machin (je ne vois pas d’autre terme) ?

 

Mais du côté de chez nous, les pays « libres», comme toute le monde dit, qu’est-ce qu’on voit, éberlué ? Qu’est-ce que c’est, l’Empire State Building ? Qu’est-ce que c’est, les tours de Kuala Lumpur ? Burj Khalifa à Dubaï (828 mètres) ? Le stade de Maracaña ? Qu’est-ce que c’est, le plus grand pont du monde ? Le plus gigantesque barrage du monde (en Chine : le « Trois gorges ») ? Le tunnel le plus long du monde (en Suisse : le « Gothard »)? Etc., etc., on n’en finirait pas. Bon, vous avez compris : surenchère, démesure, volonté de puissance. Quand je vous disais que Staline et Hitler ne furent que l’expression caricaturale d’un système industriel voué par nature au gigantisme et à la compétition illimitée du gigantisme !

 

Je vais aggraver notre cas, à nous autres, les sociétés « démocratiques », qui se donnent en spectacle désirable à « toutes les dictatures antédiluviennes » (qu’on se demande comment elles ont pu se perpétuer). C’est à propos d’une autre trouvaille architecturale, vous savez, celle qui, moyennant finance, vous permet de gagner la Côte d’Azur le plus rapidement (sauf en cas de bouchon, d’accident ou de chute de neige un peu imprévue). Allez, lecteur, ne te fais pas plus bête que tu n’es. C’est évidemment l'autoroute. Tu sais, estimable lecteur, de quand ça date, l’autoroute ? De 1924 (77 kilomètres entre Milan et la région des lacs). Et tu ne devineras jamais où ça a été inventé ? Allez, je te le dis : Italie. Et qui est au pouvoir ? Mussolini. Et qui va se mettre à en fabriquer à n’en plus finir ? Adolf Hitler. Et à quoi ça devait servir prioritairement ? Acheminer les armées, les camions, les blindés, les canons, les chars. Evidemment, aujourd’hui, plus personne ne se pose la question : l’autoroute, c’est tellement plus pratique (tiens, c’est comme l’ordinateur, l’internet, le téléphone portable, la musique portable, etc.). L’autoroute, on l’emprunte (et on la rend à la sortie).

 

Moralité ? Toute le monde a compris : l'architecture et l'autoroute, qui structurent de fond en comble l’espace et le territoire de nos si désirables démocraties, nous ont été léguées par Hitler.

 

L’excellent Philippe Muray (y avait longtemps…) parle quelque part des fameuses tours du World Trade Center. Il parle, à leur propos de cataclysme architectural. Je trouve que c’est bien vu. Mais si l’on va par là, il faut bien dire que la tour Eiffel s’inscrit dans la lignée, au chapitre de l’archéologie des cataclysmes architecturaux (tour qui, au passage, a été prolongée « ad vitam aeternam » en 1909, année prévue de sa démolition, quand ce sont des militaires qui se sont rendu compte qu’elle pouvait rendre d’éminents services). La Tour Eiffel inaugure l’ère des exploits architecturaux. Ils ne cesseront plus. Je passe sur les projets que Le Corbusier, heureusement, n’a pas eu le temps ou l’occasion de concrétiser, restés à l’état de dessins : Paris rasé, sauf les monuments touristiques, pour dégager l’espace et y construire de gigantesques tours pour y mettre les masses ; Rio de Janeiro réduit à un gigantesque immeuble continu (sur des kilomètres), avec, évidemment, l’autoroute passant sur le toit.

 

Surenchère, démesure, volonté de puissance. Vous vous rappelez la devise si sublime des Jeux olympiques ? « Citius, Altius, Fortius ». Je n’ai même pas besoin de traduire, je pense ? Ce que nous condamnons aujourd’hui dans les camps de concentration, c’est l’espace même dans lequel nous vivons. Un espace concentrationnaire. La seule différence, c’est que pour nous, c’est payant.

 

Staline et Hitler sont les paroxysmes de la civilisation industrielle. Nous en sommes les continuateurs. Les héritiers, en quelque sorte. 

 

Alors, vous croyez toujours qu’ils sont des aberrations de l'histoire ?