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samedi, 20 mars 2021

CITIUS ALTIUS FORTIUS

"CITIUS, ALTIUS, FORTIUS" : Devise inventée par le père Henri Didon, dominicain, qui croyait aux vertus de l'athlétisme et qu'il prêchait à ses élèves. Pierre de Coubertin l'a reprise pour en faire l'étendard d'une manifestation sportive assez connue, populaire et lucrative. En BD, des continuateurs de E.P. Jacobs (Blake et Mortimer, dans L'Onde Septimus) ont mis cette devise dans la bouche d'un malfaisant appartenant à un groupuscule de fascistoïdes qui en ont fait l'étendard de leur entreprise de conquête du pouvoir mondial. Il n'est pas certain que ce rapprochement soit entièrement ridicule.

ONDE SEPTIMUS IDEAL OLYMPIQUE.jpg

Ici, "plus loin", ça veut aussi dire "plus vite". Les deux sont inséparables.

Je dis surtout "lucrative", parce que devant la majesté du spectacle et le vacarme que toutes sortes d'intérêts bien compris se précipitent pour faire autour de l'événement, tout le monde semble oublier que les J.O. sont d'abord une vulgaire entreprise de bâtisseurs d' "événementiel" (comme on dit aujourd'hui), et qui plus est une entreprise privée de droit suisse (sourcilleux comme on sait sur le secret des affaires). Et que le culte de l'athlète et du record a été beaucoup célébré en Italie entre 1925 et 1945 (si vous voyez ce que je veux dire), et que la cinéaste chérie du régime allemand entre 1933 et 1945 a intitulé un de ses films à la gloire de ces athlètes (blancs, cela va de soi) : Les Dieux du stade.

D'ailleurs, le malfaisant qu'on voit dans l'image ci-dessus n'exprime rien d'autre que la pensée profonde d'un banal capitaine d'industrie aux dents très longues tel qu'on en a vu et qu'on en voit encore des rafales mettre à sac la planète. Les J.O. ne sont que la célébration cynique de ce système prédateur. Les actionnaires — qui sont les vrais maîtres du monde qui vient — se préoccupent des "belles théories humanitaires" comme de la première dent de lait qui leur est tombée, quand ils croyaient encore au Père Noël et à la "petite souris".

J'espère donc ne pas être le seul à sauter de joie si les Jeux Olympiques de Tokyo, après avoir été "reportés", sont carrément supprimés. Et à souhaiter que ceux qui se profilent à l'horizon parisien en 2024 soient purement et simplement engloutis dans les ténèbres extérieures. Pour cela, je compte beaucoup sur le gouvernement français et sur sa façon magnifiquement cafouilleuse, inintelligible, brouillonne et désordonnée de "gérer la crise" du covid-19, dont on voit le résultat — parfaitement clair, lui — ces jours-ci dans les hôpitaux d'Ile-de-France, qui se retrouvent grâce à lui aussi engorgés qu'aux plus beaux jours de mars-avril 2020. Sans les applaudissements. Il faut donc en finir avec cette devise imbécile : "Citius, altius, fortius" ! Comme dit "la jeune personne" au "muletier" (La Périchole) : « Eh n'allons pas si vite, n'allons pas si grand train ! ».

Si ce satané virus vient à bout de ces J.O. français, j'espère ne pas être le seul à m'en féliciter. Et à adresser un solennel "MERCI" aux chauves-souris, aux pangolins, aux Chinois et autres vilains porteurs de virus.

Voilà ce que je dis, moi.

mercredi, 16 novembre 2011

L'EUROPE EST UNE SAINTE (3)

3 – L’ORIGINE DE CE MONDE

 

Non, je ne parle pas de ce tableau scandaleux que JACQUES LACAN avait acquis à grands frais, et qu’il dissimulait, dans son bureau, sous un panneau mobile, pour ne le montrer qu’à quelques élus. Tout le monde a reconnu L’Origine du monde de GUSTAVE COURBET, où l’artiste a représenté l’entrecuisse fendu, charnu et fortement velu d’un humain de sexe féminin, et qui fit jaser dans les salons bourgeois. Tiens, à propos, vous connaissez cette contrepèterie : « FRANÇOIS HOLLANDE a lâché le Congrès » ? Glissons.

 

 

Non, je n’ai pas changé de cheval : c’est toujours l’Europe, le destrier dont je chante les louanges. Le grand LEWIS MUMFORD, esprit original et fécond, fait, à la fin de son ouvrage formidable Technique et civilisation (Seuil, 1950), la liste des inventions humaines et leur époque approximative. Cette liste est très fastidieuse, à cause de la longue énumération des trouvailles et de la succession sèche des dates. Mais elle est en même temps tout à fait PRODIGIEUSE.

 

 

D’abord par le nombre, pour ne pas dire la masse des inventions techniques qui interviennent, à partir du 10ème siècle, dans tous les domaines de la vie concrète. On constate ensuite qu’au cours du temps, la liste s’allonge, c’est-à-dire que l’homme invente de plus en plus, et de plus en plus vite.

 

 

Au 10ème siècle, MUMFORD relève : l’horloge hydraulique, le moulin à eau, le harnachement efficace des chevaux, le joug bovin multiple, l’horloge mécanique (donnée comme probable) et les vitraux colorés en Angleterre. En gros une vraie innovation tous les 20 ans. Mais au 14ème, cela monte à une tous les cinq ans. Et je ne parle pas du 19ème (une tous les six mois).

 

 

Enfin, cette liste est prodigieuse par la concentration de plus en plus nette de la frénésie inventive dans le foyer brûlant de la créativité humaine : en EUROPE, évidemment, et nulle part ailleurs. C’est là que l’innovation technique a littéralement explosé. On peut affirmer que l’Europe est la mère de la technique. Ce n’est pas un cri de victoire. C’est un constat.

 

 

Certes, d’autres peuples du monde ont turbiné dans leur coin, et ont connu avant les Européens la boussole, la poudre à canon et le papier. LEWIS MUMFORD le dit : « Tous les instruments critiques de la technologie moderne : la pendule, la presse à imprimer, la roue hydraulique, le compas magnétique, le métier à tisser, le tour, la poudre à canon, le papier, (…) existaient dans d’autres cultures ».

 

 

Mais c’est en Europe occidentale que toutes ces inventions éparses (et surtout indépendantes les unes des autres) se sont coalisées, ont été mises en relation les unes avec les autres, jusqu’à former SYSTÈME. LEWIS MUMFORD ajoute d’ailleurs, à propos des « autres cultures » : « Ils avaient des machines, mais ils ne développèrent pas "la machine" ». Cela veut dire que chaque machine particulière fonctionnait à la satisfaction de tous, mais qu’elle restait « dans son coin ». Et surtout qu'elle restait en l'état, comme empêchée d'évoluer. Là, c’est la société qui est la plus forte et qui dicte ses conditions.

 

 

En Europe, c’est le contraire : l’organisation sociale et les modes de pensée intègrent la machine dans leur mode même de fonctionnement. La machine s’introduit dans le travail de l’esprit, et devient un objet privilégié, un but. Le domaine de la machine non seulement s’agrandit sans cesse, mais s’autonomise, devenant l’espace d’expansion de l’activité humaine. Si l’on veut, c’est la machine qui est la plus forte. C’est la machine qui, de plus en plus, va dicter ses conditions à la société.

 

 

Ce qui est sûr, c’est que, quand je regarde les informations à la télé (voix off : « C’est même pas vrai, il a même pas la télé ! »), je constate qu’à l’égard des techniques, le monde est aujourd’hui européen. Où qu’on aille sur la planète, on reste en Europe. A l’égard des façons de penser, il y a encore des poches de résistance, mais globalement, quand on voit comment la technique a envahi le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine, et l’Afrique du sud (pour ne parler que des BRICS, comme disent les économistes), je me dis que les mentalités du monde entier sont désormais façonnées (et fascinées), par la vision américaine, donc, à travers elle, européenne.

 

 

Quelqu’un m’objecte, au fond de la salle à gauche, oui vous, madame, en imperméable orange, que ce sont les Etats-Unis qui sont pour l’essentiel à l’origine de cette « conquête » du monde, et j’en suis évidemment d’accord. Mais je vous répondrai d’abord que l’orange vous va très bien, ensuite que les Etats-Unis ne sont une puissance que depuis le début du 20ème siècle, et que la technique ne les a pas attendus pour triompher. D’ailleurs, n'est-ce pas pour avoir des fusées que les Américains ont kidnappé l’Européen WERNHER VON BRAUN en 1945 ? 

 

Et puis après tout, on peut aussi s’interroger : sans les Européens, y aurait-il seulement des  Etats-Unis d’Amérique ? Finalement, les Etats-uniens sont pour une large part des Européens trop avides, trop protestants, trop catholiques ou trop pauvres pour rester sur le territoire ancestral. Les Etats-uniens sont une variante d’Européens, certes, pas toujours sympathique, mais c’est à la façon dont, dans les familles, on est obligé de reconnaître la parenté avec des cousins dévoyés, et de les tolérer dans les grandes réunions familiales. A cet égard, la grande réunion familiale porte aujourd’hui un nom pas facile à assumer : OCCIDENT.

 

 

Et il est parfaitement normal que le monde entier fasse aujourd’hui un gros pied de nez à la famille occidentale puisqu’il en a accepté tout l’héritage. Maintenant que le monde est devenu occidental en général, et peu ou prou européen, fût-ce à travers la variante américaine, il peut bien en remontrer au maître qui lui a tout appris. Faire des tours plus hautes, des TGV plus rapides, et tout et tout. Chercher la performance. « Citius, altius, fortius ». Elle est française, la devise du Français COUBERTIN. Qui dit : « C’est bien, les enfants, continuez comme ça ». Ça s'appelle la transmission, il paraît.

 

MORALITÉ :

 

L’EUROPE A INVENTÉ LE MONDE.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

A suivre ...