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jeudi, 19 mars 2015

ROLAND THÉVENET, AUTEUR

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THEVENET LA QUEUE.jpgJe viens de lire un roman fort intéressant. Son auteur s’appelle Roland Thévenet. Un livre qui claque, dès son titre : La Queue (éditions du Bug). Je ne dis pas ça parce que l’auteur est un ami ou parce qu’il m’a été donné d’assister, dans une petite mesure, à la conception, à l’élaboration et à la mise en place des éléments, mais parce que je le pense.

Disons-le tout de suite, ce livre est profondément actuel en même temps que totalement inactuel. Actuel, parce qu'il nous parle du monde d'aujourd'hui, tel que, sous nos yeux impuissants, il tourne mal. Inactuel, en ce qu'il célèbre (a contrario) des éléments vitaux d'une façon de vivre (pour faire vite : la campagne autrefois, mais pas seulement) et de références (catholiques, entre autres) que la modernité a rejetées dans les bas-fonds de la ringardise passéiste. 

Le projet de Roland Thévenet est ambitieux : au travers d'une fiction développée comme une grande métaphore, à l'aide de personnages et de situations adéquats, peindre le cloaque spirituel, moral, esthétique et marchand dans lequel baignent aujourd’hui le monde en général, l’Europe et la France en particulier, et la déréliction dans laquelle les dirigeants de tous horizons ont laissé glisser la civilisation d’un occident encore matériellement arrogant mais agonisant dans tout le reste, à commencer par l'utilité de soi dans le corps social et par, osons les grands mots, le « sens de la vie ». 

Le vieillard sur lequel s’ouvre la narration s’appelle Félix Sy. Il a bâti la fortune et la puissance de son empire sur la veulerie et le snobisme d’une humanité assez futile et inconséquente pour s’enticher de gadgets ridicules qu’une propagande bien orchestrée suffit à présenter sous les dehors du supplément d’âme nécessaire, définitif et insurpassable, à même de combler le désir éternellement frustré et renouvelé du consommateur-à-perpétuité. 

Le supplément d’âme, en l’occurrence, n’est autre que l’appendice caudal que la station debout a fait perdre à l’être humain au cours de l’évolution vers la bipédie, et dont Félix Sy a eu l’idée géniale de restituer l’ornement à son postérieur sous la forme d’un marqueur social de classe. Il y a là un régressisme réjouissant, dans lequel la planète entière a plongé avec délectation.

La queue dont il s’agit, elle existe sous de multiples formes, aspects, consistances, matériaux : les bureaux d’études du milliardaire en ont imaginé et dessiné une infinité de modèles, du plus prolétaire au plus surchargé de diamants. Les hommes comme les femmes s'accrochent ainsi, si j'ose dire, à la queue, au point d'en faire parfois collection, pour être en mesure de répondre à la diversité des sollicitations possibles, de la plus humble et intime à la plus officielle et sophistiquée.

Tranchons le mot : arborer sa queue en toute occasion et en tout lieu est devenu la norme universelle. La queue, grâce au génie de Félix Sy, s’est imposée comme le symbole suprême de la mondialisation marchande en régime capitaliste : inconcevable de sortir dans la rue (pour monsieur tout le monde) ou de se rendre en grande tenue à la réception mondaine la plus huppée sans exhiber sa queue. 

La première partie du livre raconte en quelques tableaux, de Bruxelles à New York en passant par Athènes, le vide existentiel, frénétiquement affairé, dans lequel évoluent les humains vibrionnaires et perdus du temps présent. Les enfants de Félix Sy ont pris le relais du patriarche à la tête de l’empire : Romain disjoncte et erre quelque part dans une Grèce déconfite et ruinée, Richard s’ennuie à New York, en compagnie de son amant Caïto. Quelque chose, dans la transmission des « valeurs », n’a pas fonctionné. 

Seule la bru de Félix Sy tient, envers et contre tout, la barre du navire familial. Anne-Laure a été assez avisée et habile pour se rendre indispensable. Elle est Commissaire Européen. C’est dire si sa vie est futile. Je vois quant à moi dans ce personnage de « maîtresse-femme » le centre névralgique de la problématique telle qu’elle se présente au début. L’araignée au centre de sa toile méticuleuse, à l’affût, veillant au grain, réactive, concrète, cerveau d’ « executive woman » (comme on ne dit plus). 

Le grain de sable, c’est la disparition de Félix Sy, le vieillard fondateur, à la veille d’une rétrospective promise au retentissement le plus international et universel qu’on ait jamais vu. « Grand branle-bas dans Landerneau » (tonton Georges B.). L’empire Sy tremblera-t-il sur ses bases ? 

Voilà pour la toile de fond. 

Voilà ce que je dis, moi. 

NOTE : dans la blogosphère, Roland Thévenet est connu sous le nom de Solko (voir dans les "blogs à visiter").

lundi, 19 mars 2012

LA SAINTE TRINITE DES ECOLOGISTES

Aujourd'hui, le Père auto-fouettard.

 

 

Je me suis permis récemment de brocarder le « Fils », celui qui est « descendu sur Terre », je veux dire « revenu à la terre », pour la raison que « la terre ne ment pas ». Je l’ai appelé le « moine-ermite ». Je parlerai prochainement du « Saint Esprit ». Après l’un et avant l’autre, je voudrais aujourd’hui me farcir le « Père », et plus précisément le « Père Fouettard ».

 

 

Mais un père fouettard à la TERENCE, cet auteur latin rendu célèbre par sa pièce L’Héautontimorouménos, titre que BAUDELAIRE donne à l’un de ses poèmes. On peut traduire ce mot savant par « le bourreau de soi-même ».

 

 

Je veux parler de l’écologiste de la repentance. L’écologiste qui part en guerre contre lui-même, celui qui refuse, celui qui dit non, mais comme une sorte de CHARLES DE GAULLE à l’envers après la défaite de 1940.

 

 

Ce père fouettard de soi-même, en l’occurrence, il est, de trois choses l’une, soit  chrétien, soit de gauche, soit les deux. En tout cas, c’est un altruiste, un tièrmondosphérique, un solidariste, un confit en dévotion devant les miséreux du monde entier, et prêt, pour se faire pardonner, à faire crucifier tous les pays occidentaux, et lui avec, en juste châtiment de leurs infâmes turpitudes passées.

 

 

En particulier, il parle de « DETTE ECOLOGIQUE » (France Culture, RUTH STEGASSY, émission « Terre à terre » du 11 février). Selon ces bonnes âmes au grand cœur et au masochisme certifié d’origine, les occidentaux ne doivent pas cesser de se frapper la poitrine en signe de contrition, de pénitence, de repentance et, disons le mot, de résipiscence.

 

 

Dans le monde, bien sûr, « l’occident » forme la figure idéale et commode du grand méchant loup, du conquérant dominateur, du colonisateur impuni. Nous sommes d’accord, mais je fais juste remarquer que ce sont des occidentaux qui ont dénoncé cette infamie les premiers.

 

 

Et j’espère qu’on me pardonnera de faire remarquer aussi que les écologistes tièrmondosphériques mènent ce combat au moment précis où tous les peuples du monde ne désirent qu’une seule chose : adopter le mode de vie occidental, coûte que coûte, contre vents et marées et le plus tôt sera le mieux.

 

 

Par ici, la voiture, le frigo, la télé, les diverses prothèses portables sans lesquelles on ne peut plus vivre. « Nous voulons vivre comme dans les feuilletons américains, bollywoodiens, brésiliens ou égyptiens dont nous nous gavons », clament les peuples du monde. Et au nom de quel principe le leur interdirait-on ?  

 

 

Et il faudrait que les Occidentaux renoncent à leur façon de vivre au moment précis où des milliards d’hommes veulent l’adopter ? Qu’on me pardonne, là encore, mais ce serait pousser le paradoxe un peu loin.

 

 

C’est vrai ça, tous les pays du monde ont désormais le droit de vivre comme des Américains. C’est d’ailleurs l’avis des économistes régulièrement réunis sur France Culture par DOMINIQUE ROUSSET. Citons-les, ces braves gens : PATRICK ARTUS, NICOLAS BAVEREZ, OLIVIER PASTRÉ, JACQUES MISTRAL, DOMINIQUE PLIHON, XAVIER THIMBEAU, DAVID THESMAR.

 

 

Entre parenthèses, ils se félicitent des « transferts de technologie », or quand on parle de « transferts de technologie », il faut se dire que ce n’est qu’une entreprise de pillage de la puissance industrielle productive de l’Europe, et rien d’autre, soit dit en passant, et uniquement pour des motifs de rentabilité financière et actionnariale. Si l’Europe se retrouve à genoux, il ne faut pas chercher ailleurs.

 

 

Ces économistes, très contents d’eux-mêmes, fiers de leurs diagnostics toujours contredits par les faits, et riches de leurs erreurs infaillibles, notent que les « pays émergents » représentent des « marchés en pleine expansion », et attendent le moment mirifique où la population chinoise dans son ensemble consommera autant qu’un Américain.

 

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

A finir demain.  

 

 

 

 

mercredi, 23 novembre 2011

PROGRES TECHNIQUE ET BATEAU IVRE

J'inscris cette note dans l'aura de l'auréole de SAINT ARTHUR RIMBAUD, comme le laisse suppposer le titre ci-dessus. N'est-il pas, en effet, le poète par excellence de l'ère technique ? De l'enthousiasme industriel ? De la créativité concrète ? Quand VERLAINE lui écrit de Paris : « On vous attend, on vous espère ! », n'est-ce pas parce qu'il a la certitude intime de s'adresser à ce messie technologique rêvé par tout le dix-neuvième siècle, comme le pressent PHILIPPE MURAY dans son XIXème siècle à travers les âges ?

 

 

2

 

Résumé de l’épisode précédent : la technique vient de flanquer une gifle à l’humanité. La situation est tendue.

 

 

Face à la gifle, il y a deux réactions. Soit tu tends la joue gauche, si tu es européen, donc chrétien, soit tu lui envoies un bon uppercut dans la figure, ce qui implique que tu es resté un « primitif ». A cet égard, les Chinois, les Egyptiens, les Grecs, les Romains, les Mayas, ils sont tous des « primitifs ». Quand l’animal technique se rebiffe et regimbe contre le maître qui le nourrit, le « primitif » commence par bien l’assaisonner à coups de trique, et surtout, il le tient à la niche, avec une laisse courte.

 

 

Alors l’animal technique, empêché de folâtrer à son plaisir et de poser la truffe sur toutes les odeurs prometteuses qui se présentent pour en tirer on ne sait quelle invention, il cesse d’avancer, il se couche au pied de son maître plus fort que lui, et il attend.

 

 

C’est à ce moment-là que la société « primitive » peut prendre toute son ampleur, et exister à fond, avec toute la force et la plénitude des lois qui la font fonctionner. C’est la Chine ancienne et l’incroyable raffinement de ses « lettrés » et de ses porcelaines. C’est les Mayas et l’incroyable raffinement de leur astronomie. C’est le royaume Ashanti et l’incroyable raffinement de son artisanat d’or.

 

 

Cet animal technique rendra les services pour lesquels il a été conçu et fabriqué : point barre ! Et il a pas intérêt à se montrer trop gourmand ou trop curieux, l’animal technique ! Gare à lui s’il lui prend l’envie de pointer l’oreille. Et l’animal technique, là, il se tient coi. Sans doute pour la raison qu’il y a beaucoup de sacré qui flotte dans l’air. La force n’est pas de son côté. Eh oui, il y a le sacré !

 

 

En effet, dans le combat que se livrent le prêtre et l’ingénieur, c’est l’ingénieur qui, chez les « primitifs », baisse le nez, courbe le front et s’incline devant le maître des forces obscures de l’univers. Une sainte horreur saisit l’animal technique quand le sourcil du prêtre s’arque furieusement avant que s’abatte la colère du dieu. L’ingénieur reste un humble serviteur de l’ordre. Tout le monde craint la fin du monde. Et tout le monde a raison.

 

 

Car il faut parler d’ordre, et même d’ordre du monde : tout cela se passe dans un monde – ça nous paraît inimaginable aujourd’hui – HOMOGÈNE, un monde qui A DU SENS. Le monde du « c’est comme ça ». Un monde où personne ne parle d’individu, d’égalité entre les hommes, de liberté humaine. Un monde où chacun a sa place, même le lépreux ; où chacun est à sa place et a intérêt à y rester. Un monde où seule la Nature (ou le Cosmos) est éternelle. Où les hommes admettent qu’ils ne font que passer.

 

 

Dans un monde comme ça, on préfère la permanence à l’innovation. On sait ce qu’on perd, on ne sait pas ce qu’on gagne, dirait le brave Sancho Pança, qui parle par proverbes. La gifle « innovation », c’est même diabolique. Pour une raison très simple : ça modifie les relations entre les gens, ça perturbe le lien social, donc ça fait vaciller l’ordre du monde. Rien de moins. Tout ce qui est inconnu est redouté, parce que redoutable pour tout le monde.

 

 

Il suffit de voir comment les tribus « primitives » se sont elles-mêmes détruites au simple contact des conquistadors, cette nouveauté radicale pour elles, cette gifle. Entre la guerre et la déliquescence interne, leurs chances de sauvegarder leur être organisé sont dès le départ bien minces. N’était-ce pas chez les Sioux Oglalas qu’il suffisait de toucher l’ennemi du bout de je ne sais quel bâton pour que celui-ci soit considéré comme hors de combat ? Bizarrement, les Blancs, avec leurs pétoires ô combien modernes, sont restés imperméables à cette symbolique « primitive ».

 

 

Tout ce qui est nouveau est maudit, parce que ça rompt l’harmonie. C’est pour ça qu’ici et là, les hommes qui considéraient que leur harmonie personnelle était rompue pouvaient se suicider sans sourciller, ce qui effraie et horrifie tant nos sensibilités occidentales. Tout ce qui appartient à cette mentalité est rigoureusement hors de notre compréhension. Une sorte d’ « Alien », quoi. C’est pour ça que l’occidental qui vire bouddhiste ou « primitif » me fait bien marrer. Même RENÉ GUÉNON ou JÉROMINE PASTEUR. L’occidental illuminé par la lumière orientale ou « primitive » n’a aucune chance.

 

 

Dans ce « primitif »-là, qui peut donc être très savant, raffiné et subtil, tout ce qui est nouveau est donc porteur d’une malédiction. Pour tous les peuples du monde, depuis le début. Il faut les comprendre : quelle société peut survivre au chamboulement permanent des points de repère ? N'y a-t-il pas quelque sagesse à concevoir le changement comme une désintégration ? L'innovation comme un cancer ?

 

 

A cet égard, que penser de ce slogan dont on nous rebat les oreilles, dont on nous transperce les tympans, qu'on nous serine à longueur de pages de journaux, dont les émissions de radio et de télévision sont bourrées à craquer ? CHANGEZ ! BOUGEZ ! DEVENEZ ! REMETTEZ-VOUS EN QUESTION ! Et tout ça au prétexte fallacieux que, quand on ne bouge pas, c'est qu'on est mort !

 

 

 

A suivre vaille que vaille ...

 

 

mercredi, 16 novembre 2011

L'EUROPE EST UNE SAINTE (3)

3 – L’ORIGINE DE CE MONDE

 

Non, je ne parle pas de ce tableau scandaleux que JACQUES LACAN avait acquis à grands frais, et qu’il dissimulait, dans son bureau, sous un panneau mobile, pour ne le montrer qu’à quelques élus. Tout le monde a reconnu L’Origine du monde de GUSTAVE COURBET, où l’artiste a représenté l’entrecuisse fendu, charnu et fortement velu d’un humain de sexe féminin, et qui fit jaser dans les salons bourgeois. Tiens, à propos, vous connaissez cette contrepèterie : « FRANÇOIS HOLLANDE a lâché le Congrès » ? Glissons.

 

 

Non, je n’ai pas changé de cheval : c’est toujours l’Europe, le destrier dont je chante les louanges. Le grand LEWIS MUMFORD, esprit original et fécond, fait, à la fin de son ouvrage formidable Technique et civilisation (Seuil, 1950), la liste des inventions humaines et leur époque approximative. Cette liste est très fastidieuse, à cause de la longue énumération des trouvailles et de la succession sèche des dates. Mais elle est en même temps tout à fait PRODIGIEUSE.

 

 

D’abord par le nombre, pour ne pas dire la masse des inventions techniques qui interviennent, à partir du 10ème siècle, dans tous les domaines de la vie concrète. On constate ensuite qu’au cours du temps, la liste s’allonge, c’est-à-dire que l’homme invente de plus en plus, et de plus en plus vite.

 

 

Au 10ème siècle, MUMFORD relève : l’horloge hydraulique, le moulin à eau, le harnachement efficace des chevaux, le joug bovin multiple, l’horloge mécanique (donnée comme probable) et les vitraux colorés en Angleterre. En gros une vraie innovation tous les 20 ans. Mais au 14ème, cela monte à une tous les cinq ans. Et je ne parle pas du 19ème (une tous les six mois).

 

 

Enfin, cette liste est prodigieuse par la concentration de plus en plus nette de la frénésie inventive dans le foyer brûlant de la créativité humaine : en EUROPE, évidemment, et nulle part ailleurs. C’est là que l’innovation technique a littéralement explosé. On peut affirmer que l’Europe est la mère de la technique. Ce n’est pas un cri de victoire. C’est un constat.

 

 

Certes, d’autres peuples du monde ont turbiné dans leur coin, et ont connu avant les Européens la boussole, la poudre à canon et le papier. LEWIS MUMFORD le dit : « Tous les instruments critiques de la technologie moderne : la pendule, la presse à imprimer, la roue hydraulique, le compas magnétique, le métier à tisser, le tour, la poudre à canon, le papier, (…) existaient dans d’autres cultures ».

 

 

Mais c’est en Europe occidentale que toutes ces inventions éparses (et surtout indépendantes les unes des autres) se sont coalisées, ont été mises en relation les unes avec les autres, jusqu’à former SYSTÈME. LEWIS MUMFORD ajoute d’ailleurs, à propos des « autres cultures » : « Ils avaient des machines, mais ils ne développèrent pas "la machine" ». Cela veut dire que chaque machine particulière fonctionnait à la satisfaction de tous, mais qu’elle restait « dans son coin ». Et surtout qu'elle restait en l'état, comme empêchée d'évoluer. Là, c’est la société qui est la plus forte et qui dicte ses conditions.

 

 

En Europe, c’est le contraire : l’organisation sociale et les modes de pensée intègrent la machine dans leur mode même de fonctionnement. La machine s’introduit dans le travail de l’esprit, et devient un objet privilégié, un but. Le domaine de la machine non seulement s’agrandit sans cesse, mais s’autonomise, devenant l’espace d’expansion de l’activité humaine. Si l’on veut, c’est la machine qui est la plus forte. C’est la machine qui, de plus en plus, va dicter ses conditions à la société.

 

 

Ce qui est sûr, c’est que, quand je regarde les informations à la télé (voix off : « C’est même pas vrai, il a même pas la télé ! »), je constate qu’à l’égard des techniques, le monde est aujourd’hui européen. Où qu’on aille sur la planète, on reste en Europe. A l’égard des façons de penser, il y a encore des poches de résistance, mais globalement, quand on voit comment la technique a envahi le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine, et l’Afrique du sud (pour ne parler que des BRICS, comme disent les économistes), je me dis que les mentalités du monde entier sont désormais façonnées (et fascinées), par la vision américaine, donc, à travers elle, européenne.

 

 

Quelqu’un m’objecte, au fond de la salle à gauche, oui vous, madame, en imperméable orange, que ce sont les Etats-Unis qui sont pour l’essentiel à l’origine de cette « conquête » du monde, et j’en suis évidemment d’accord. Mais je vous répondrai d’abord que l’orange vous va très bien, ensuite que les Etats-Unis ne sont une puissance que depuis le début du 20ème siècle, et que la technique ne les a pas attendus pour triompher. D’ailleurs, n'est-ce pas pour avoir des fusées que les Américains ont kidnappé l’Européen WERNHER VON BRAUN en 1945 ? 

 

Et puis après tout, on peut aussi s’interroger : sans les Européens, y aurait-il seulement des  Etats-Unis d’Amérique ? Finalement, les Etats-uniens sont pour une large part des Européens trop avides, trop protestants, trop catholiques ou trop pauvres pour rester sur le territoire ancestral. Les Etats-uniens sont une variante d’Européens, certes, pas toujours sympathique, mais c’est à la façon dont, dans les familles, on est obligé de reconnaître la parenté avec des cousins dévoyés, et de les tolérer dans les grandes réunions familiales. A cet égard, la grande réunion familiale porte aujourd’hui un nom pas facile à assumer : OCCIDENT.

 

 

Et il est parfaitement normal que le monde entier fasse aujourd’hui un gros pied de nez à la famille occidentale puisqu’il en a accepté tout l’héritage. Maintenant que le monde est devenu occidental en général, et peu ou prou européen, fût-ce à travers la variante américaine, il peut bien en remontrer au maître qui lui a tout appris. Faire des tours plus hautes, des TGV plus rapides, et tout et tout. Chercher la performance. « Citius, altius, fortius ». Elle est française, la devise du Français COUBERTIN. Qui dit : « C’est bien, les enfants, continuez comme ça ». Ça s'appelle la transmission, il paraît.

 

MORALITÉ :

 

L’EUROPE A INVENTÉ LE MONDE.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

A suivre ...