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samedi, 30 mai 2015

LE FOOTBALL BAS LE MASQUE

L'extraordinaire ferveur populaire qui porte les grandes cérémonies sportives depuis quelques décennies, aidée par la massification de la retransmission médiatique, y est sans doute pour quelque chose. Parce que les foules ferventes qui se pressent autour des petits écrans qui retransmettent, toutes compétitions confondues, les spectacles sportifs de la planète, ces foules sont avides de « beaux gestes », de performances, d’exploits physiques, et qu’elles se moquent bien de savoir dans quelles conditions morales toutes ces belles choses sont produites. 

L’affaire Festina n’a pas tué le Tour après 1998. Le bouquin de Willy Voet (Massacre à la chaîne, Calmann-Lévy) pas plus que celui d’Erwan Menthéour (Secret défonce, Jean-Claude Lattès) n’a dégoûté les spectateurs qui se massent dans les vingt et un lacets qui mènent à l’Alpe d’Huez.

Les spectateurs d’OM-VA (Tapie et Mellick sont plus insubmersibles que le pauvre Glassmann : « Le premier qui dit la vérité … ») n’ont pas été dégoûtés par la grosse magouille et continuent à venir adresser au stade leurs prières au dieu football.

Et les savants calculs d’Antoine Vayer, qui ont eu leur heure de gloire dans quelques journaux, ont beau démontrer par A + B qu’au-delà d’une certaine puissance développée (mesurée en watts : de 410 à 450 watts, le dopage est mathématiquement prouvé, et à partir de 350, il peut y avoir des doutes ; cf Jan Ullrich, 1997, la croix-de-Chaubouret : 494 watts sur 29 minutes), il n’est pas possible à un cycliste de ne pas avoir été « aidé » dans sa performance, les compétitions succèdent aux compétitions comme autrefois, circulez y a rien à voir, the show must go on. 

Tout le monde sait forcément que toutes les messes sportives, à commencer par les plus grandes, sont le lieu idéal de toutes les corruptions (triches, dopage, trafics, enrichissements, blanchiments, ...), à cause des masses astronomiques d’argent capables de s’abattre comme des griffes sur tous les acteurs et animateurs du spectacle. Le public, s’il ouvre tout grand les yeux, se bouche le nez sur les remugles qui émanent de l’arrière-cour de la plupart des milieux sportifs (le sport amateur n’est pas indemne). 

On s'étonne que le téléspectateur moyen, qui gratte le sol de sa basse-cour comme tout le monde, se moque de savoir par quel miracle Zlatan Ibrahimovic, dans sa stratosphère, perçoive un « salaire » ultraluminique de quinze millions d’euros par an, lui-même battu à plate couture par Thiago Silva (vingt-trois millions). Ce qu’il veut, c’est voir « du beau jeu ». Il veut voir des buts. Ça suffit à son bonheur. Il se dit qu’il y a le Qatar, comme si le Qatar sanctifiait tout. 

Tout le monde se moque en vérité de savoir que le sport est devenu un « vase d’expansion » pour l’affolant surplus de liquidités que dégagent les activités humaines, et plus particulièrement certaines, plus « spécifiques ». Le terrain de jeu de toutes sortes de mafias, des plus respectablement installées aux plus clandestines et criminelles. Ces terrains de jeu portent les doux acronymes d’UCI, CIO, UEFA, FIFA, ASO (l'entreprise qui possède la marque "Tour de France") et autres honorables confréries. 

On sait parfaitement que le Comité International Olympique n’a plus rien à voir avec les grands idéaux de monsieur de Coubertin, et qu’il est depuis lurette une simple entreprise privée (de droit suisse), occupée de ses profits et de contrats juteux, devant laquelle les Etats du monde entier font des courbettes. On sait que Juan Antonio Samaranch a désigné lui-même son successeur (Jacques Rogge), fait coopter son fils au CIO, tué l'amateurisme olympique et ouvert les vannes au règne de l'argent. On sait aussi que la justice américaine l'a soupçonné de corruption lors de je ne sais plus quels JO : malheureusement, il était protégé par son statut. 

BLATTER & AL THANI.jpg

Larrons en foire (j'ai un peu agrandi la légende).

 

Alors la FIFA, maintenant ? Mais bien sûr, voyons ! Jusqu’aux sourcils ! Combien font semblant de s’offusquer et de prendre des airs outragés ? Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Guido Tognoni, ancien cadre de la Fédération (1984-95 et 2001-03) et ex-conseiller de « parrain Blatter » : « La FIFA, c’est une mafia, d’une certaine façon. On résout les problèmes en famille » (Le Monde, 28 mai). Tous ceux qui connaissent un peu la question disent que tous ceux qui connaissent la question le savent. Bref, tout le monde est au courant. La FIFA ? Une « Association à but non lucratif » assise sur des réserves de plusieurs milliards de dollars !!! Un "association" de quoi, en réalité ?

Se demander si la FIFA peut faire elle-même la police dans ses rangs (oui, il y a un « Comité d’Ethique »), c’est comme demander à BNP-Paribas (quelqu'un me souffle qu'il s'agit de la Société Générale : dont acte, mais qu'est-ce que ça change sur le fond ?) d’empêcher Jérôme Kerviel de miser des sommes déraisonnables : quand le jackpot est au bout, aucun « n+1 » n’y regarde de trop près. C'est comme demander au type qui tient une machine à cash d'empêcher un employé zélé de lui faire gagner le pactole. C'est comme demander au voyou de faire la police. Si Havelange a légué son territoire à Blatter, ce n'est pas sans raisons : on s'arrange entre membres de la « famille ».

Et si ça rate, il y aura toujours les lampistes (Kerviel). Ou des « individus », comme l’a déclaré Joseph Blatter le 28 mai (étant entendu que la « structure » en tant que telle est parfaitement saine). Le truc des « brebis galeuses » (d’autres, en d'autres temps, disaient « vipères lubriques »), ça marche toujours.  En s’offrant des gros responsables, les Américains viennent de taper fort (peut-être pas sans arrière-pensées à l’horizon 2018, suivez mon regard). 

En vérité, la FIFA est conçue exactement pour faire ce qu’on lui reproche aujourd’hui. Elle a assez d'argent pour acheter ce qu'elle veut et qui elle veut. A charge de revanche. Il en est strictement de même du CIO, de l’UCI, etc. Le problème survient quand ça devient vraiment trop voyant, et que ça saute aux yeux d’un plus large public. Platini n’a-t-il pas révélé avoir voté en faveur du Qatar pour la coupe du monde 2022, au grand dam d’une bonne partie du milieu ? Il a brisé l'omerta.

La FIFA est une entreprise florissante faite pour vendre au plus offrant une occasion unique d’acquérir un prestige géopolitique incomparable. La FIFA est en situation de monopole : elle peut dicter sa loi à tous les puissants qui veulent passer une peu de strass et de brillant sur leur pouvoir. Il est au fond normal qu’il se passe dans le football la même chose que dans le reste d’un monde capitaliste déchaîné et férocement dérégulé. Comme le dit Roberto Saviano dans Extra pure, si l’on en reste au plan économique, rien ne distingue un circuit honnête et normal d’un circuit criminel. Est-ce que ça donne envie de regarder des matchs ? 

Ce n’est pas le foot qui est laid, c’est ce qu’en a fait le capitalisme. Pourquoi voudriez-vous que ça change, tant que le public, béat et baba, applaudit les bandits ? Puisque tout le monde voit clair ? Et que tout le monde en redemande ?

Voilà ce que je dis, moi.

samedi, 04 août 2012

QUOI DE NOUVEAU DANS LES NOUVELLES ?

C’est vrai, quoi, on nous cache tout, on nous dit rien. Non, ça, c’est une vieille chanson yéyé. Bon, c’est pas tout ça, mais il faut rattaquer, on dirait. Allez, à la mine. Alors voilà : quoi de neuf ? C’est ce que disait invariablement mon père en rentrant le soir à la maison. Cela semblait vouloir dire : « Quoi de neuf dans le nouveau des nouvelles ? », mais ce n’était pas une question.

 

 

Après tout, la réalité temporelle n’est jamais ancienne. Au contraire, vous avez sûrement remarqué qu'elle se renouvelle à chaque instant. On appelle ça des « événements ». Il y en a pour tous les goûts : des petits, des moyens, des grands, et même des historiques. En ce moments, les « historiques », c’est tous les jours, voire plusieurs fois pas jour.

 

 

 

EMBLEME OLYMPIQUE.jpg

 

 

 

Tenez, en ce moment, il y a des « Jeux Olympiques », une vague espèce de foire aux événements « historiques », où il s’agit, pour des jeunes gens et des jeunes filles apparemment très bien et convenablement formés aux usages, de se dégourdir les jambes sous l’œil des caméras et des chronomètres. Je résume.

 

 

Il y a beaucoup de gens qui trouvent ça très intéressant, et qui passent le plus clair de leur temps avachis, comme des bouses fraîchement tombées du cul de la vache, devant un rectangle lumineux animé, couramment appelé « récepteur de télévision ». C’est assez drôle, je trouve, mais après tout on trouve son plaisir où l’on peut.

 

 

J’entendais dernièrement, accoudé à un comptoir, un individu qui, de toute évidence, se laissait pousser la graisse (jamais vu des omoplates pareilles, ma parole, ça voulait déverser le flot écumant d’un Niagara de gras double hors du "marcel" forcément trop étroit !) lancer dans un grand hoquet d’enthousiasme sportif un éloge éructé de l’exploit « historique » d’un nageur français qui a fait honneur à la nation en humiliant ses adversaires américains, uzvarèches et moldo-valaques.

 

 

Je n’en disconviens pas : cet enthousiasme a pour moi quelque chose d’énigmatique. Et c’est d’autant plus vrai que, par-dessus le marché, j’ai entendu, de la bouche même de CYRILLE GUIMARD (qui a failli être un champion cycliste, dans le temps), que la grande vertu de l’athlète de haut niveau se situe dans sa « capacité à se faire mal ».

 

 

Autrement dit, plus l’athlète se fait mal, plus la graisse dégouline d’enthousiasme hors du marcel du spectateur conquis. C’est la loi des vases communicants. Ce qui reste étonnant, c'est qu'il y a peut-être 30.000 athlètes à Londres et qu'en face, les bouses avachies devant le poste se comptent par milliards. J'espère que personne ne se sent visé ou insulté : telle n'est pas mon intention.

 

 

Vous voulez que je vous dise pourquoi je n’ai que mépris pour le soi-disant « olympisme » des Jeux Olympiques ? Parce que c’est une vaste farce : combien de gens savent que le Comité International Olympique (C.I.O.) n’est pas une Institution, une sorte d'O.N.U. dédiée au Sport, une entité abstraite et désintéressée, située très loin au-dessus des appétits de toute sorte, très loin au-dessus du panier de crabes ?

 

 

Car ce que très peu de gens osent dire en public, c'est que le C.I.O. n'est pas cette structure idéale, neutre et au-dessus des partis, mais une vulgaire entreprise privée. Combien de gens savent que le dit C.I.O. obéit, pour son fonctionnement, aux règles du droit suisse ? « Farpaitement ! », s’écrie Obélix, dans Astérix chez les Helvètes.

 

 

Les Jeux Olympiques, s’ils ont porté, il fut un temps, l’idéal de la gratuité de l’effort humain et de l’abnégation, sont depuis longtemps une simple machine à cash, construite dans la plus parfaite opacité de fonctionnement. Depuis 1980, pour être précis. Quand le C.I.O. fut pris en main par un certain JUAN ANTONIO SAMARANCH. Qui fit prendre à l'entreprise le virage enthousiaste de la mondialisation marchande.

 

 

Rappelons que le nommé JUAN ANTONIO SAMARANCH, mort en 2010, fut ministre des sports sous FRANCO, et se fit aider, pour accéder à la présidence du Comité, par ANDRE GUELFI, alias DÉDÉ LA SARDINE, accessoirement condamné par la justice française pour avoir mis les doigts dans de la confiture peu légale, celle qui rapporte donc un maximum.

 

 

Tiens, une petite question : en échange de quoi le C.I.O. a-t-il autorisé une judokate saoudienne à concourir la tête couverte d'un voile ? Comment circule l'argent olympique ? Où trouve-t-on le bilan financier de l'entreprise olympique ?

 

 

On le voit, l’idéal olympique est guidé par de « vraies valeurs ». Comment voulez-vous, dans ces conditions, qu’on puisse s’intéresser à l’olympisme quand on n'a pas une vie ennuyeuse ? N'y a-t-il pas, à la base de l'intérêt des masses humaines pour le spectacle olympique, le sentiment de s'ennuyer dans l'existence ? A la rigueur, en 1964, à Tokyo, quand vous avez vu que MICHEL JAZY, au lieu de placer son accélération irrésistible, se faisait lâcher, vous avez éprouvé une vexation. En vous, c’est le drapeau français qui se trouvait froissé, humilié, piétiné.

 

 

 Mais aujourd’hui ? Où est-il, le drapeau français ? Où est-elle, la nation ? Il n’y a guère qu’en Suisse qu’on voit le drapeau rouge à croix blanche dressé dans les jardins des maisons. Très curieux, ne trouvez-vous pas ? En France, le drapeau tricolore est sifflé, la Marseillaise n’est chantée que par le sportif égaré. Combien y a-t-il de patriotes véritables, en France, aujourd’hui ? Ne parlons plus de la nation, s’il vous plaît. Parlons d’affaires à faire. De marché. De transactions. La marchandise a avalé l’ordre des valeurs. La marchandise est l’ordre du monde. Parlons donc de Mafia olympique, et tirons l’échelle.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.