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jeudi, 08 mai 2025

LE PONT DE LA BOUCLE ...

... SOUS DEUX ASPECTS HAUTEMENT IMPROBABLES.

PONT BOUCLE .jpg

PONT BOUCLE 1910.jpg

Photos prises en 1910 (et pourquoi pas par Jules Sylvestre ?), peu d'années après la construction (achevée en 1902, me semble-t-il). Le pont de la Boucle : le plus beau pont de Lyon, d'où l'on pouvait, appuyé à la rambarde, regarder les eaux puissantes du Rhône filer à toute vitesse vers le sud, et en recevoir l'impression saisissante de reculer. Je vous parle du temps d'avant que le barrage de Pierre-Bénite (inauguré par Pompidou en 1967) ne vienne "assagir" le sauvage.

Mais l'ouvrage a été détruit par d'innommables gougnafiers obsédés par l'absolue priorité qu'il était impératif de donner à la bagnole. Résultat : le rationnel pont Alphonse Juin et l'épouvantable trouée autoroutière de la Montée de la Boucle (à subir de préférence aux heures de pointe pour se rendre vraiment compte, et je ne parle pas des urgences destinées à l'Hôpital de la Croix-Rousse). En passant, une bonne partie du quartier Bissardon a été rayée de la carte.

Heureusement, l'excellent René Dejean, graphiste publicitaire de son état et amateur de photographie, a immortalisé l'ouvrage d'art avant sa disparition. Les diapositives qu'on trouve de lui sur le site de la B.M.L. n'ont pas toutes été débarrassées des impuretés. C'est dommage.

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Note : Au sujet de la Montée de la Boucle, le journal Le Progrès a rendu compte de l'accident arrivé à la structure de la chaussée, suite aux fortes précipitations récentes. Résultat, une jolie excavation qui a obligé les responsables à fermer la voie purement et simplement. Question ensuite posée par le quotidien : "Par où passe-t-on ?".

Judicieuse interrogation, parce que la colline de la Croix-Rousse, c'est un peu une forteresse – ce qu'elle fut en effet pendant longtemps –, dont les voies d'accès pour les véhicules à moteur sont rares. En dehors de ces issues de secours, les accès sont assez escarpés pour permettre à tous les amateurs de pratiquer l'escalade le long de vrais rochers en pierre.

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Côté Saône, la large montée des Esses, la tortueuse montée de la Butte (ci-dessus une des deux "épingles", derrière les "Subsistances"), le "balcon" du cours Général Giraud, qui aboutit, par la rue Terme, soit à hauteur de la passerelle Saint-Vincent pour le vulgum pecus, soit, si on est le 6, le 13, le 18 ou le taxi, sur Tobie Robatel et les Terreaux. La montée des Carmélites et les petites rues des pentes dégorgent au même endroit. Côté Rhône, la somme toute récente montée de la Boucle. Juste à côté, l'entrée de la tortueuse rue Eugène Pons, puis il faut se taper tout le cours d'Herbouville pour trouver la montée Bonafous.

Ah, évidemment, descendant la face sud de la colline, mais cette fois dans la partie "est" (la rue Terme est plutôt "ouest") : la montée Saint-Sébastien (la Grande-Côte étant hors-course depuis lurette). Et là, il y a un os. Car les écologistes doctrinaires qui ont en main les destinées de la Métropole et de la Ville sont partis en croisade contre l'automobile, frappant d'estoc et de taille dans les privilèges indécents accordés au moteur thermique, avec en ligne de mire la piétonnisation complète de la presqu'île (si, si, c'est dans les cartons). Oui, je sais ce que j'ai écrit plus haut, mais la bagnole n'est-elle pas à la fois la pire et la meilleure des choses ? Alors les riverains de Saint-Sébastien et alentours s'entraînent dur à la marche à pied. 

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Le bas de la Saint-Séb. en 1970. Ça ressemblait parfois à un piège.

Bonafous est fermé "sine die" depuis le 30 avril 2020, l'incendie, l'immeuble effondré (ci-dessous).

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Quoi qu'il en soit, la capacité d'écoulement des véhicules et d'absorption du surplus est ici très limitée. Même chose montée de la Butte, aux épingles acrobatiques en cas de croisement. Restent deux ou trois voies de fuites vers le nord (Caluire, Rillieux, Sathonay), mais le quotidien ne tolère pas trop de tels détours.

Alors quoi, puisqu'on ne peut plus compter sur la montée de la Boucle pour un bon moment ? Restent les Esses et l'entonnoir de la rue Terme. Je vous dis pas le caca sur le boulevard de la Croix-Rousse, qui débouche au choix sur les Esses, ou Général Giraud et rue Terme, ou sur la montée de la Butte.

Pour conclure ces quelques considérations, je voudrais suggérer aux grands responsables, mais aussi aux irresponsables, aux entrepreneurs fous et autres crânes bouillonnants, de se replonger dans les papiers où figurait le projet de monsieur Ed. Guillon qui, dans un élan de son génie à coup sûr flamboyant, avait sur le papier prolongé la rue de la République jusqu'à l'emplacement actuel de notre "Gros-Caillou". Voir ci-dessous ce que cela aurait pu donner. Vous vous rendez compte ? Direct de Bellecour au Gros-Caillou ? 

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mercredi, 15 septembre 2021

NOUS SAVONS DÉTRUIRE CE QUI EST BEAU !

L'HOMMAGE D'UN INCONNU AU PLUS BEAU PONT DE LYON AVANT SA DESTRUCTION.

PONT BOUCLE 1983 D.jpg

Chapeau l'artiste !

Photo de René Dejean prise en 1983.

On aperçoit quelques éléments des préparatifs de la démolition et, avec de bons yeux, des bribes du prochain pont Winston Churchill, une espèce de modernité banale, aride et fonctionnelle, destinée à remplacer le vétéran magnifique aux formes généreuses, et à servir dans l'axe la toute nouvelle "Montée de la Boucle", tranchée inhabitée, profonde, excessive et violente qui, pour les Croix-Roussiens, a fait de Caluire une ville étrangère (j'exagère, heureusement). J'ai sévèrement coupé la belle diapositive de René Dejean pour mettre en évidence la performance du monsieur perché. Ci-dessous la version complète.

PONT BOUCLE 1983 D FUNAMBULE RENE DEJEAN.jpg

Le monsieur ici perché a réalisé la promesse que se faisaient régulièrement une bande de lycéens d'autrefois ("Ouaaah ! t'es même pas cap. !") sans jamais oser la réaliser : franchir le pont sur les arches. La rouille qui a craquelé la peinture et rendu le métal croûteux  — on n'allait plus faire des frais d'entretien pour un machin bientôt détruit ! — a sans doute rendu plus aisée la bravade de l'aventurier, il n'en reste pas moins que le geste est joli.

PONT BOUCLE 1983 A RENE DEJEAN.jpg

J'aime à penser que le livre ouvert par le monsieur qui fait semblant de le lire est au moins du genre de La Montée de l'insignifiance, de Cornélius Castoriadis (c'est un exemple). Même en faisant semblant, cela aurait eu de la gueule. Car on aura beau me traiter de passéiste nostalgique et me mettre sous le nez les nécessités de la circulation des automobiles (il faut voir l'actuelle montée de la Boucle aux heures de pointe !), rien ni personne ne pourra me convaincre que cette merveille de pont n'était pas le plus BEAU de Lyon. J'augure mal d'une civilisation qui tend avec obstination à réduire les hommes et les choses à leur misérable utilité, à leur pauvre fonction de rouages dans la Machine Société.

Voilà ce que je dis, moi.

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AU SUJET DU PHOTOGRAPHE RENÉ DEJEAN (1926-1999) : un article de Robert Luc.

René Dejean, graphiste, décorateur, enseignant, amoureux de Lyon, conteur de rues, auteur de Traboules de Lyon et de Balade à travers Lyon insolite fut aussi l'initiateur des randonnées pédestres citadines. Il a organisé - et collaboré - à de nombreuses expositions comme graphiste et affichiste.

Avant d'être un infatigable piéton de Lyon, René Dejean fut diplômé de l'École Nationale des Beaux Arts de Lyon et débuta sa carrière dans l'atelier de son père Marius, peintre et dessinateur en plein coeur de la Croix-Rousse. Très créatif, il multiplie les domaines de ses interventions.

Affiches, logos, plaquettes se succèdent. Grand sportif et voyageur, on le retrouve aussi bien sur les glaciers alpins que dans les dunes sahariennes. Mais, c'est un amoureux de Lyon, un amoureux exigeant. Un érudit des traboules qui publiera aux éditions Le Progrès" l'ouvrage qui deviendra la bible du promeneur "Traboules de Lyon". En 1978, il imagine un parcours à travers Lyon. Quatre heures trente de marche, dans le calme d'un dimanche matin à travers Lyon insolite au rythme d'une cinquantaine de rues, places, quais et ponts. Le parcours des "Cinquante" est né. Plus de 18000 personnes retrouvent le goût de la promenade citadine. Il vient d'ouvrir une voie qui est aujourd'hui poursuivie avec talent par des "gones" comme Jean-Luc Chavent.

En janvier 1999, René Dejean confie aux Éditions des Traboules un manuscrit achevé, ce Parcours des 50. Il désirait accompagner ce livre de dessins. Hélas, il disparut prématurément laissant les Lyonnais dans la peine. Son dernier livre sera sans aucun doute, comme celui des traboules, un ouvrage de référence. Clair, pratique, riche en anecdotes, brillamment illustré de photos de l'auteur, il permet seul ou à plusieurs de découvrir ou redécouvrir une ville merveilleuse.

"Et si l'on reparlait de René Dejean",, article de ROBERT LUC in Le Progrès, 5 novembre 2002.

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Il faudrait que j'ajoute une note en souvenir de Robert Luc (1943-2017), lui-même journaliste, infatigable Lyonnais, co-fondateur de la galerie "Vrais Rêves", rue Dumenge, organisateur et animateur de mémorables "bambanes" sur le plateau et les pentes de la Croix-Rousse.

jeudi, 13 juin 2019

LYON 1992

L'ancien Palais de la foire juste avant disparition.

PALAIS FOIRE 1992.jpg

Ci-dessous, au début des années 1960, le Palais de la Foire au temps de sa splendeur, entre Rhône et Tête-d'or, avant même la création de la Roseraie sous le maire Pradel. Au fond, le sublime et défunt pont de la Boucle.

photographie,lyon,palais de la foire

Ci-dessous, les lieux entièrement et luxueusement privatisés (sauf - et encore ! - le vaisseau spatial de la "salle 3.000", tout en bas), tels qu'ils se présentent aujourd'hui, sur une image gogol polluée par plein de hideuses petites crottes sans doute fort lucratives.

photographie,lyon,palais de la foire