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dimanche, 04 août 2024

MAIS IL Y A MILOSZ

LE CHANT DU VIN

Vidons les coupes, par trois fois, pour la naissance de Vesper,
Car toute tristesse est préférable à l'Ennui.
Déjà la Nuit étend ses ailes sur la mer,
Sur la mer couleur de carnage, et d'incendie, et de folie !

Vidons les coupes, par trois fois, pour la mort de Bacchus
Et des Ages qui, paraît-il, ont existé.
Nous avons vu flotter, à la dérive, au clair de lune,
Le vieux ventre du dieu des vins sur l'eau putride du Léthé.

Vidons les coupes, par trois fois, pour les malades
D'un siècle abominable entre tous, arrosons
Nos désespoirs si lourds de pesantes rasades,
Très chers dont, grâce au vin, je ne sais plus les noms !

Vidons de tout leur sang, par trois coups de glaive, nos cœurs,
Et que la Nuit se couche sur nos cadavres dignes,
Et que le vin des cœurs se mêle au sang des vignes,
Car la honte de vivre est immense en nos cœurs !

OSCAR VLADISLAS DE LUBICZ MILOSZ

Le Poème des décadences.

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