jeudi, 02 février 2017
LA MÊME BAIE VITRÉE
Photo du 1 novembre 2013.
Photo du 16 janvier 2017 (le restaurant en face est fermé le lundi, et il y a un échafaudage contre la façade).
Photographies Frédéric Chambe.
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7/11
Ce fut un coup d'aile.
Il est tout seul dans son voyage.
Il porte son corps en otage,
sable autant que sablier, ça coule en délité,
il dit son vertige.
Qu'il est ténu,
le fil du frein !
C'est venu dans l'apparence,
avec ses taches,
tourné vers après.
Mais on est dans la cage,
avec la crainte qui sévit.
L'hiver est dans la poche :
où elle va, la personne ?
Couvert de vie,
tout seul avec son bruit.
Il fait son cœur.
F.C.
(Livre traduit d'un pur de langue, fragment, p. 65.)
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mardi, 31 janvier 2017
RUE D'IVRY 3/4
Photographies Frédéric Chambe.
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5/11
On a beaucoup nié,
en espérant la chair.
On a pétri du pire,
avant la bouche à mots,
avant de se frotter,
pour grossir la foule.
S'il dit : c'est vain,
ça fait violent.
Pour les diverses mères,
en équilibre à la seconde,
ça fait de l'appétit,
des bouts d'hiver,
des corps d'ennui.
L'intime est vide.
L'enfant dans le violent,
construit du désordre.
Il joue à l'ennui.
Le comédien le connaît mieux.
La foule inclut son corps,
et sa dérive en bord de vie,
et son déni, son désaxé.
Pour celle que je connais
(l'ivresse à dénoyer),
il a fallu du sel,
de l'eau violente.
Le vrai d'hiver,
c'est un corps médiocre,
au bord du vide.
Pour celle que je connais,
il faut pétrir.
J'ai vu ses mains d'ennui,
les traces, un équilibre,
mais sans vertu.
On n'a qu'un corps salé.
Celle que je connais
meurt en appétit.
Elle a fait de son corps un bruit :
un son d'artère avec des noms.
Le nombril est ouvert.
Le ciel se retient.
F.C.
(Livre traduit d'un pur de langue, fragment, p. 24-25.)
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dimanche, 29 janvier 2017
RUE DU PAVILLON 2
Photographie Frédéric Chambe.
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4/11
C'est la secousse à deuil,
pas la mémoire.
Comme une amphore,
la figure en façade.
C'est un format de l'existence :
jamais plus à comparaître.
Comment porter ?
Combien offrir ?
La naissance incurvée,
c'est un souci qui fonde.
Dans le trou de mon deuil,
j'entends claquer la voix façade,
la voile enfreinte au neuf du corps.
Jamais je n'ai.
Si je porte, j'entends.
Si j'ai voulu, c'est la mémoire.
Il y a de l'ailleurs dans l'autre,
dans l'habit de la voix.
Il a le deuil en souterrain.
Il porte les contours.
C'est le moi forcené,
lardé de matins vibrés,
à nu de lame.
On confie sa vie,
et puis on la confisque.
F.C.
(Livre traduit d'un pur de langue, fragment, p. 20.)
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samedi, 28 janvier 2017
MARCHE A L'OMBRE
Photographie Frédéric Chambe.
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3/11
Visage en roue voilée,
en vérité mourue sur quoi ?
C'est rapiécé comme un visage.
Pas de mais, rien que la glace.
Pour la galerie, ça se ressemble.
Un coup de pouce est à la peine.
C'est que ça brille à la source.
On s'incline.
Un avenir ou deux :
il faudra, tu devras.
A peine entré, c'est là qu'on va.
On a repris le cours,
ceux qui prétextaient.
On dévide.
Quand on aura vu, on rejoindra.
Dans deux temps, ça peut jouer.
Tout dépendra des comédiens.
On appuie à peine.
C'est lent.
On attend pour l'exprimer
les témoins oculaires.
On attend pour agir
la nécessité, les analyses.
Il ne faut pas dormir.
On entrevoit : ça mûrit,
beaucoup à la fois.
Il n'est pas en secret.
On veut apercevoir qui se dérobe.
Et tant de monde à ce crochet.
F.C.
(Livre traduit d'un pur de langue, fragment, p.4.)
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vendredi, 27 janvier 2017
PLACE DES TAPIS 2
Dernières feuilles qui résistent, deux silhouettes à la fenêtre.
Photographie Frédéric Chambe.
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2/11
Étrange et bas, le sûr se tait,
ça dit les bribes.
L'entier n'a pas cessé.
Le temps vient après ça.
J'entends cette existence.
Pas loin, c'est en forme de fin.
Dans le conflit, entre en parole.
On n'est peut-être pas.
Ecrit à l'endroit fort,
transparent sur l'opaque,
sans repentir entre la forme et la fin.
En action pure de langue,
forme à tout prendre.
On fait de la personne en vie.
Le foisonné, c'est la vie-vite.
C'est le cœur à l'encontre,
on doit s'y rendre.
La formule est en presque.
Ce n'est pas là, le diverti.
Qu'est-ce qu'on a ?
Ce n'est pas net.
Pourtant c'est fort aimé.
Mais dans ce cœur,
on se repasse le plat d'idée.
Qui veut ouvrir ?
Qui se tait en dedans,
en trou de forme ?
Il faudra bien nommer.
Laisser partir ?
D'après moi, ça se fait.
Quand j'ouvrirai, ça servira ?
F.C.
(Livre traduit d'un pur de langue, fragment, p.3.)
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mercredi, 25 janvier 2017
AMBIANCE SPÉLÉO
Photographie (à la frontale) Frédéric Chambe.
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1/11
Voilà, ça vient se dire
sans trop de peine.
Qui vient symboliser ?
Qui fait priorité ?
C'est que s'il faut que oui,
alors ça sort de soi,
hors du somnolé.
Oui, mais ça ne prend pas,
tout retenu dans le pli,
sans forcer la main,
sans faire esprit.
C'est une envie qui frappe.
Mais du coup, ça fait tout.
Tout vient ensemble.
On a pas mieux.
Trier, ça éternise.
Avec le temps,
ça fait du vent.
On a voulu savoir,
c'était au saut du lit.
Mais pour savoir un peu,
on fait du doute.
Dans le clair du dessin,
c'est l'attention, avec du mou.
Est-ce que ça rend heureux ?
F.C.
(Livre traduit d'un pur de langue, fragment, p.2.)
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L'ÉCOLE "PRIMAIRE"
Ça m'a traversé l'esprit. Pas longtemps, certes. Disons un instant. Je voulais déposer mon petit commentaire sur le catafalque de la déconfiture exhibée fièrement par le Parti "Socialiste" à l'occasion de la primaire de la gauche. Saura-t-on un jour la vérité sur le nombre définitif des votants ? Et puis j'ai relativisé quand quelques vers de Baudelaire me sont revenus :
« Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,
Mon esprit, tu te meus avec agilité, ...»
À ces hauteurs célestes, du cloaque où barbotent des sales gosses, plus aucun miasme ne parvient. Allons, tout cela ne vaut pas un iota de notre attention.
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jeudi, 22 décembre 2016
RUE CALAS 1
Photographie Frédéric Chambe.
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A force d’écouter aux portes de la langue
Ce que disent les nuits du parfum des étreintes ;
A force de chanter l’air blanc qui sort des bouches,
Portes de lune éteinte ou chemins de naissance ;
A force de tailler la même écorce vive
Aux formes de la main rétive aux récompenses ;
A force de recoudre, immédiate et limpide,
L’aile figée dans l’ambre au reflet du matin,
J’ai coulé dans la pierre une assemblée de pas,
Ma collection d'échecs,
Et ce qui reste moi.
F. C.
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mercredi, 21 décembre 2016
RUE CHARIOT D'OR 1
Photographie Frédéric Chambe.
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Il pleut du soir, en fumée ronde,
Sur le désir de poursuivre la route.
Il pleut un air de vieux cheval
Sur le souffle qui s’agrippe.
Il pleut des baisers pieux
Sur la peau qui ne veut rien savoir.
Il pleut des moments creux
Sur la raison désertée d’être.
Dans les gouttes des sons qui savent,
Entends la mort des mots qui vient
Derrière le front de ceux qui vivent.
F.C.
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mardi, 20 décembre 2016
RUE DE CUIRE
Photographie Frédéric Chambe.
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Pendant que la porte bat en attendant le visiteur,
Pendant que le corps s’en va dans le jardin de la nuit
Souffrir sa solitude irrespirable,
Pendant que l’armée des pensées traverse son désert
Pour venir se heurter au vent qui patrouille,
Pendant que l’inquiétude fabrique ses faiblesses,
Pendant que le stratège des confins révise la bataille,
Le sommeil mord la sentinelle
Et se répand, porté par son incandescence.
F. C.
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lundi, 19 décembre 2016
RUE DE CUIRE
Photographie Frédéric Chambe.
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De la lenteur de l’air à la pesanteur des paroles,
De l’eau des landes qui s’entrouvrent
Au troupeau des échos qui s’aventurent
Entre deux haies d’étoiles filantes,
De la grammaire qui gît entre les parenthèses
Au corps nerveux qui s’enroule,
Orvet luisant sur le dard du doigt dur,
J’ai connaissance intime de la frivolité.
F. C.
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dimanche, 18 décembre 2016
RUE DUMONT D'URVILLE
Photographie Frédéric Chambe.
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Combien je suis d’âmes de bêtes,
Avec le mauvais rêve d’une paix sans miséricorde ?
Combien je suis de frères de peu d’emphase,
Museau dans l’abreuvoir
Et sabots dans la vanité ?
Combien je suis de secrets en péril,
Combien de portraits en retard,
Combien d’arides à-peu-près,
Et pour quel texte originel ?
F.C.
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vendredi, 16 décembre 2016
VARIANTES DE LUMIÈRE
BEC, OISEAU, PLUME, VENT.
Photographies Frédéric Chambe.
***
Unter der Flut
fliegen, an
gehöhten schwarzen
Opfersteinen vorbei,
die unendlich geerdete Schwermut
in den
Fahrwerkschächten,
berauschte Flugschreiber im
Sehnsuchtsgehänge,
künftige Fundstücke, silbrig,
im
schädligen Cockpit,
Sichttunnels, in
den Sprachnebel geblasen,
Selbstzündblumen
an allen Kabeln,
im großen, unausgefahrenen
Felgenring deinen
genabten Schatten,
Saturn.
PAUL CELAN
Lichtzwang (1970).
***
Voler sous
le flux, près
des pierres levées
noires, sacrificielles,
la mélancolie infiniment mise à la terre
dans les
logements de train d'atterrissage,
des enregistreurs de vol grisés dans
la suspension de la nostalgie,
de futurs objets trouvés, argentés,
dans
le cockpit crânien,
des tunnels de visibilité, soufflés
dans le brouillard du langage,
des fleurs d'auto-allumage
à tous les câbles,
dans le grand anneau verrouilleur,
pas encore sorti, ton
ombre à moyeu,
Saturne.
PAUL CELAN
Contrainte de lumière.
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mardi, 01 novembre 2016
COMPOSITIONS NUANCÉES
Photographies Frédéric Chambe.
Pas du jaune, pas du rose, pas du gris : des surfaces, des cloisonnés de nuances.
« Car nous voulons la Nuance encor,
Pas la Couleur, rien que la Nuance ! ».
P. V.
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vendredi, 21 octobre 2016
EFFLORESCENCE
Ce qu'il advient du vivant : mou et un peu gluant dans un premier temps (voir ici 12 octobre).
Photographie Frédéric Chambe.
« Quand de la chair que trop avons nourrie,
Elle est piéçà dévorée et pourrie,
Et nous les os devenons cendre et poudre.
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre ».
F. V.
(Je n'oublie jamais que le poème commence par : « Frères humains ».)
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jeudi, 25 août 2016
BAUDELAIRE À LYON
Les amateurs des Fleurs du Mal, les spécialistes de la question, les professeurs de Lettres le savent : Baudelaire est passé par Lyon. Il y a même demeuré de 1833 à 1836 : le lieutenant-colonel Aupick, qui a épousé sa mère restée veuve, est en poste dans la ville. En 1834-1835, Charles est élève en classe de troisième, interne au Collège Royal de Lyon (aujourd’hui lycée Ampère). S’il ne brille pas parmi les « premiers-de-la-classe », il n’est pas mauvais élève. La preuve, c'est qu'à la fin de l’année scolaire, il obtient quelques récompenses (qui ne l'empêcheront pas de redoubler sa troisième l'année suivante à Paris, au collège Louis-le-Grand).
A cette époque d' "obscurantisme moyenâgeux", le romantisme dévoyé d'un Prévert n'avait pas encore élevé le cancre à la dignité de héros moderne et de modèle à suivre. A cette époque d' "arrogance élitiste", un égalitarisme intégriste et fanatisé n’avait pas encore causé les ravages auxquels on assiste depuis quatre décennies, et qui ont ruiné le système éducatif républicain. A cette époque "bourrée de stéréotypes archaïques", on craignait si peu de reconnaître les mérites scolaires des meilleurs élèves que ceux-ci étaient célébrés en fin d’année au cours de la cérémonie dite « Distribution des Prix », cette vieillerie que mai 68 a jetée à la poubelle, en même temps que les insupportables « chaires » et autres estrades, qui soulignaient par trop l'imméritée supériorité du maître sur l'élève. Le Collège Royal de Lyon avait même si peu honte qu'il faisait imprimer la liste de ceux qui méritaient le plus d’être distingués. C’était l’imprimeur Boursy, rue de la Poulaillerie (où se situe aujourd’hui le musée de l’imprimerie), qui était chargé de la fabrication de ce "tableau d'honneur".
C’est ainsi que le nom de Charles Baudelaire, en ce jour solennel du 28 août 1835, fut prononcé à six reprises, dans autant de disciplines :
« Thème »,
« Version latine »,
« Vers latins »,
« Version grecque »,
« Arithmétique »
et « Dessin » (spécialité « Figures », les deux autres étant « D'après nature » et « Académies »).
Certaines paraîtront aller de soi, d’autres sembleront plus surprenantes. Quant au dessin, il sera une évidence aux familiers de cette partie de son œuvre où le poète se livre à la critique artistique.
Ce n’est qu’un document, à peine une anecdote ; c'est, si l'on veut, de l'histoire littéraire abordée par son tout petit côté. Pourtant cela me fait quelque chose de voir imprimé noir sur blanc le nom de Charles Baudelaire adolescent (il a 14 ans), dans ce mince volume que je tiens dans la main,
où ont été reliés (demi-basane rouge) les tableaux d'honneur de 1835 et 1836 d'un grand lycée de province. Il ne me semble pas indifférent de pouvoir toucher du doigt un témoignage, si modeste soit-il, du passage d’un tel génie dans notre ville (il n'engloba pas celle-ci dans la même aversion que celle dont le nom d'Aupick était pour lui l'objet. On raconte qu'il criait, sur les barricades de 1848 : « Fusillez le général Aupick ! »). J'ai l'impression de parvenir à lui par une voie facile et proche (si j'ai obtenu un premier prix de version latine [au royaume des aveugles ...], j'ai toujours été infoutu de composer des vers latins), mais inconnue du plus grand nombre.
C'est un privilège.
Voilà ce que je dis, moi.
Note : j'aurais pu faire figurer dans ce billet les noms des trois élèves de cette classe de troisième (« Professeur, M. Carrol ») qui jouent les Usain Bolt pour truster les médailles. Je les mentionne pour mémoire : Benjamin Marcouire, de Montpellier, élève interne, vainqueur toutes catégories, qui revient à sept reprises, dont cinq sur la plus haute marche du podium (« Excellence »,« Thème », « Version », «Vers latins » et « Histoire ») ; Nestor de Songeon, de Bourgoin, élève interne, huit fois cité, mais plus souvent en position de Poulidor ; Jean-Jacques Hardouin, de Lyon, élève interne, excellent "troisième couteau", dont le nom apparaît cinq fois. On trouve encore les noms d'Auguste Blanc, Marius Ginoyer, Eugène Turin, Jean-Baptiste Gérentet, Victor Boisset, Décius Giamarchi (de Vescovato, Corse).
Figure aussi un certain Dominique Barnola (« de Lyon, pension Champavert ») qui me rappelle les monstrueux chahuts que, élèves de 2de dans les antiques bâtiments de ce même lycée Ampère, nous avions fait subir au nouveau professeur de physique-chimie, qui portait ce patronyme, pour étrenner sa première année d'enseignement (dévissage intégral des plateaux - en bois - et des pieds - en fonte - des tables, entre autres, avec les conséquences qu'on peut imaginer). Nous retrouvant à la rentrée suivante, il s'était cruellement vengé, en crucifiant dans les trois premières minutes du premier cours notre camarade Pons, beaucoup moins méchant que nous autres, mais pas assez "discret" (ce qu'on appelle "faire un exemple"). Cette année-là, il fut tranquille. Comme quoi ...
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samedi, 18 juin 2016
UN POEME
Je maquille là où je reste.
Je masque mes trésors.
J’assouplis mes humeurs amirales
Qui décomposent la frontière
Entre mon visage et le temps.
Et je compte à chaque minute
Chaque trace du pinceau qui rature
Le sillage creusé de mes traits.
J’ouvre sur hier des fenêtres,
Gouffres possessifs de reflets.
Mais voilà le miroir, jaloux de l’ombre où je le tiens,
Qui voudrait resserrer ses méandres
Autour du nombre de mes vies.
Je l'assigne à redevenir un sosie.
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samedi, 11 juin 2016
CRISTALLISATION
EN GUISE DE "FAN-ZONE" FOOTBALLISTIQUE
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Avant, j’étais l’entracte,
Je défaisais un caramel
Bref comme un effleurement.
Avant, j’étais l’étincelle,
Là-bas au fond du corridor,
J’étais une peur qui criait.
Avant, je faisais taire avec vigueur
Les animaux du dedans.
Avant, d’être fermé,
C’était copeau, le temps présent.
Avant, je faisais tenir
L’être qui bouge,
Comme l’enduit sur la peau des momies.
J’étais vivant.
17:24 Publié dans PAS PHOTOGRAPHE MAIS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photographie, poésie
jeudi, 19 mai 2016
BRASSENS ET MUSSET
À MON FRÈRE REVENANT D'ITALIE
Cette chanson ne figure pas sur les 33 tours publiés par Georges Brassens. Je ne l'ai découverte que tardivement, quand j'eus acquis, progrès technique aidant, les objets supportant les reports numériques des œuvres presque complètes de Tonton Georges : les disques compacts.
Je suis comme la France en matière de progrès sociétaux, je veux dire "en retard". Vous savez, ces farces qu'on veut à tout prix vous vendre pour le fin du fin du dernier cri. Tout juste sorti des urnes sondagières, vous savez, ces machins qui vous convainquent que vous votez pour un guignol à 50,01 %, alors que l'autre moitié de vous-même vote pour le concurrent à 49,99 %. Ensuite, c'est aux deux moitiés de se réconcilier.
Il semble que la chanson en question, non seulement est inconnue du grand public, mais reste un brin méconnue jusque dans les rangs des georgeomanes connaisseurs et autres brassensophiles diplômés. Quelle stupéfaction, quand j'avais entendu ce bijou, bien tardivement, au moment où j'avais remplacé mes vieux vinyles par des supports plus "modernes". On la trouve à la presque fin du CD "Mourir pour des idées" (avec la photo du chat au strabisme convergent carabiné). Dommage qu'une chanson-boutade vienne après ("Le roi boiteux", sur un poème de Gustave Nadaud), et rompe le charme. Enfin bon.
Cette chanson magnifique (4'54 sur écran noir, moins de 5000 vues depuis août 2012, où elle fut installée, je n'ai rien trouvé d'autre) met en musique quelques strophes d'un magnifique poème d'Alfred de Musset : « A mon frère revenant d'Italie ». Du poème, Brassens ne retient que dix strophes sur trente-deux. Le goût poétique de Georges Brassens, inné et amoureusement cultivé, fait qu'il a indéniablement choisi les plus belles stances. Le poème s'en trouve miraculeusement allégé de ses impedimenta.
Ainsi, mon cher, tu t'en reviens
Du pays dont je me souviens,
Comme d'un rêve,
De ces beaux lieux où l'oranger
Naquit pour nous dédommager
Du péché d'Eve.
Tu l'as vu, ce fantôme altier
Qui jadis eut le monde entier
Sous son empire.
César dans sa pourpre est tombé ;
Dans un petit manteau d'abbé
Sa veuve expire.
Tu t'es bercé sur ce flot pur
Où Naples enchâsse dans l'azur
Sa mosaïque,
Oreiller des lazzaroni
Où sont nés le macaroni
Et la musique.
Qu'il soit rusé, simple ou moqueur,
N'est-ce pas qu'il nous laisse au cœur
Un charme étrange,
Ce peuple ami de la gaieté
Qui donnerait gloire et beauté
Pour une orange ?
Ischia ! c'est là qu'on a des yeux,
C'est là qu'un corsage amoureux
Serre la hanche.
Sur un bas rouge bien tiré
Brille, sous le jupon doré,
La mule blanche.
Pauvre Ischia ! bien des gens n'ont vu
Tes jeunes filles que pied nu
Dans la poussière.
On les endimanche à prix d'or ;
Mais ton pur soleil brille encor
Sur leur misère.
Quoi qu'il en soit, il est certain
Que l'on ne parle pas latin
Dans les Abruzzes,
Et que jamais un postillon
N'y sera l'enfant d'Apollon
Ni des neuf Muses.
Toits superbes ! froids monuments !
Linceul d'or sur des ossements !
Ci-gît Venise.
Là mon pauvre cœur est resté.
S'il doit m'en être rapporté,
Dieu le conduise !
Mais de quoi vais-je ici parler ?
Que ferait l'homme désolé,
Quand toi, cher frère,
Ces lieux où j'ai failli mourir,
Tu t'en viens de les parcourir
Pour te distraire?
Frère, ne t'en va plus si loin.
D'un peu d'aide j'ai grand besoin,
Quoi qu'il m'advienne.
Je ne sais où va mon chemin,
Mais je marche mieux quand ta main
Serre la mienne.
Les gens informés savent ce que Musset a subi d'avanies physiques et sentimentales en Italie, du temps des orages que connurent ses relations avec George Sand (« Ces lieux où j'ai failli mourir, Tu t'en viens de les parcourir Pour te distraire »). Paul de Musset a parcouru l'Italie de long en large et de haut en bas. Alfred et lui passent l'hiver 1843-1844 à échanger leurs souvenirs au cours de longues conversations. Au printemps, il compose "A mon frère revenant d'Italie".
Georges Brassens a élagué le poème de tous les clichés, chromos et autres stéréotypes devenus nos cartes postales, pour ne garder que les évanescences splendides d'une Italie de rêve, au service de laquelle se met la guitare de Joël Favreau, dont la seule introduction de la chanson constitue un petit miracle mélodique.
Il a eu raison d'évacuer tout le superfétatoire.
Voilà ce que je dis, moi.
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jeudi, 21 avril 2016
UN POÈME
J’ai apprenti un corps terrestre
Pour fabriquer un visage expérimenté.
J’ai cuirassé dans un cerveau parjure
Des nombres nés de l’invisible
Pour forger une langue aux oiseaux.
Sous le garrot de l’écorce brune,
J’ai entendu floconner les venins
Accourus à la voix de la mémoire opaque.
C’était l’aconit de mon âme
Qui cousait sa vêture au fil du nerf optique.
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vendredi, 15 avril 2016
UN POÈME
Je me suis arrêté dans un rien
qui s’appelait nécessité.
Je me suis arrangé avec mes entraves
pour puiser un peu de violence dans mes efforts.
Je me suis accusé d’histoires décousues
qui ont réduit mon être à se conduire aveuglément.
J’ai serré dans l’ombre de mes bras
des souvenirs de griffes et de caillots.
J’ai abreuvé mes renoncements
à la source de mes parjures et de mes peurs.
Alors j’ai comblé mes attentes avec du sable sec :
c’était la vie ordinaire qui m’arrivait.
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mercredi, 13 avril 2016
UN POÈME
J’ai laissé dans mon mur hivernal
un peu de mon obscurité.
J’ai rassemblé mes yeux et mes supplices
avant de dresser le bûcher.
J’ai attablé quelques convives
autour des bruits qui me conduisent.
J’ai installé la visiteuse
dans le présent de mes étoiles.
J’ai éclaboussé la mort douce
à l’œuvre dans mon atelier.
Alors je n’ai plus cessé d’accourir au-devant
et de chanter pour appâter la certitude.
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jeudi, 07 avril 2016
UN POÈME
FIAT LUX
J’ai caché l’âme dans les sensations :
Régulière et moirée, elle était cétoine et mirage.
J’ai réfugié la loi que je respire dans la cage, après-coup :
Irrégulière et feu de paille, elle a fauté.
J’ai déguisé l’humanité en vertige besogneux :
Elle a usé ma peur jusqu’à refermer le couteau.
J’ai dissimulé un corps dans le regard des pierres :
Il a couru dans le granit, jusqu’au rire.
J’ai enterré des morts dans des bouches à nourrir :
Ils ont taillé dans mon écorce un masque de violence.
Alors, du fond de la douleur inscrite au cœur des hommes,
Ma main est remontée pour ouvrir le soleil.
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lundi, 04 avril 2016
QU'EST-CE QUE C'EST, LA POÉSIE ?
L'attente renouvelle et nourrit l'attente.
Rouvre la main, paradis.
Tout ce qui vibre est inépuisable.
Tout ce qui vit plonge en racine jusqu'au frisson.
Loué soit ce qui se dérobe,
Miracle rond, qui suce la pensée par le marasme du fond.
Que tout ce qui nous aime advienne.
09:00 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie
dimanche, 03 avril 2016
PHOTOGRAPHIE
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"TU ES PETRUS"
("Tu es pierre")
La même pierre au cou d'un corps en berne :
la forteresse de l'homme n'en finit pas de s'engloutir.
La même pierre a creusé l'amnésie dans les opulences.
La même pierre désemplit les reflets trop obéissants.
La même pierre déloge la foule trop instable des signes
à la surface intense des impératoires.
La même pierre prémédite la première cervicale :
peut-être la colonne du sens verra de nos erreurs ingénieuses
la forme élaborée d'une prison vivable.
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Pure coïncidence : ce matin, au programme de "Sacrées musiques", l'émission de Benjamin François, plusieurs œuvres portant le titre "Tu es petrus" : Mendelssohn, Fauré, Duruflé, ... Je n'en tire aucune conclusion. Benjamin François diffuse ensuite l'oratorio Historia der Auferstehung Jesu Christi, chef d'œuvre de Heinrich Schütz, dans diverses interprétations. Celle dont je dispose (35 francs à la Fnac) est dirigée, en 1980, par Louis Devos, à la tête de "Musica polyphonica". Kurt Widmer est l'Evangéliste. Sur la pochette, La Résurrection d'Albrecht Bouts (à ne pas confondre avec Dieric). Cette version me donne toute satisfaction, bien que Benjamin François ne l'ait pas inscrite à son programme. Et malgré le ton condescendant de la notice du "Guide" de Diapason : la Tribune des critiques de disques fait toujours ses ravages : je me rappelle parfaitement le 2° concerto de Rachmaninov, la première fois que je l'ai entendu. C'était par un certain Léonard Pennario. Qui connaît ce grand pianiste ?